sun and illusion (azriel)

Les jambes étendues sur le sable, adossé contre un rocher étonnamment confortable au vu de sa condition de caillou, Az s'adonnait à une activité qu'il aimait particulièrement, mais qui en interloquait plus d'un. Un livre entre les mains, il parcourait les pages tranquillement, relevant parfois ses jambes pour n'avoir que les pieds dans le sable et poser le livre contre ses cuisses. Il fallait connaître intimement Az pour savoir qu'il aimait lire, et sans doute que ça ne se devinait pas au premier abord, quand on le voyait passer son temps sur son skate ou à fumer un joint, ou même à s'évader à travers d'autres drogues, ou encore quand il bossait derrière le bar. Mais voilà, le brun adorait lire, tout simplement, et il l'assumait sans problème.

Un joint posé dans un cendrier improvisé, un grand coquillage vide, il profitait de la fin d'après-midi et d'un coin tranquille de la plage pour avancer dans un livre qu'il avait commencé quelques semaines plus tôt. Plutôt psychologique, bien écrit, assez long, mais captivant. Il fit une pause pour reprendre son joint en main et le rallumer, profitant de cette interruption pour relever la tête hors de son bouquin, laissant son regard vagabonder sur la plage tandis qu'il tirait une longue bouffée de cannabis, verdure attrayante et relaxante.

Az regarde les gens passer, son joint glissé entre ses doigts, déconcentré de son livre. Parfois, il aime juste rester assis quelque part et observer les passants, détaillant leur comportement, leur expression, leur voix. De loin, il voit quelques personnes encore dans l'eau en cette fin de journée. D'autres rangent leurs affaires de l'après-midi et s'apprêtent à partir. Certains viennent seulement d'arriver, profitant du beau coucher de soleil pour une balade en amoureux ou en famille au bord de l'eau. La silhouette élégante et aux courbes bien dessinées d'une jeune femme attire son regard derrière ses lunettes de soleil, et il s'attarde quelques secondes sur elle, avant de baisser la tête sur son bouquin, tirant une nouvelle latte du spliff. De toute manière, il n'est plus à fond dans son livre et il compte bientôt rentrer. Le jeune homme se lève donc, laissant son skate et son bouquin près du rocher, et emporte son joint avec lui pour aller tremper ses pieds dans l'eau, son regard couleur chocolat perdu sur l'horizon.

HJ:

L'attention d'Azriel fut détournée de l'horizon lorsque la jolie jeune femme de tout à l'heure vint à sa rencontre. Étonné, mais guère hostile, il se tourna vers elle, constatant sa silhouette parfaite et son sourire plus que charmant. Il haussa un sourcil, écoutant son entrée en matière d'une oreille attentive. C'était assez inhabituel de se faire aborder de la sorte, et Az fut encore plus surpris quand elle désigna son joint d'un signe de tête, demandant s'il en avait un en stock. En tout cas, elle n'avait pas froid aux yeux, c'était certain. C'était une démarche assez audacieuse et une demande directe, mais le brun ne s'en formalisa pas, se contentant d'afficher un visage indéchiffrable, mais décontracté. « Malheureusement, pas ici. Mais on peut partager celui-là. » Si la désinvolture de la jeune femme pouvait à la limite passer pour de l'impolitesse, elle pointait aussi vers une confiance en soi remarquable. Et puis, il ne voyait pas de raison pour refuser. C'est la raison pour laquelle il accepta de bonne grâce, tendant le cône fin à la dénommée Malia. « Enchantée Malia. Moi c'est Az. » se présenta-t-il à son tour avec un sourire en coin que la plupart qualifiaient de craquant.

Az n'était pas du genre à juger les gens sur leur comportement, principalement parce qu'il se moquait bien de la façon d'interagir des gens. Forcément, certaines lui plaisaient moins que d'autre, mais cela donnait juste des relations moins proches que d'autres, ou pas de relation du tout. Dans le fond, les gens faisaient ce qu'ils voulaient, ça plaisait ou non. Az, c'était plus le genre à laisser couler, à ne pas se prendre la tête, ne pas trop réfléchir au pourquoi du comment du comportement des autres, et il était rarement déboussolé. Il se liait avec ceux qu'il aimait bien, laissait tranquille ceux qu'il aimait moins, point barre.

La jeune femme brune saisit le pétard entre ses doigts qu'elle glissa entre ses lèvres, tandis que le garçon avait reposé son regard sur l'horizon, le temps qu'elle inspire quelques bouffées de thc. Elle était très jolie, certes, sans doute un peu joueuse et manipulatrice aussi, de ce qu'il pouvait voir en surface. Mais après, il n'en savait rien, il lui parlait depuis vingt secondes. Et il n'allait pas se creuser la tête pour découvrir ses intentions, elle les dévoilerait à un moment ou à un autre, ou bien elle était simplement très spontanée et pas prise de tête, et il n'y avait rien à découvrir. Alors il laissait faire, sans se soucier d'où ça menait et de ce qu'elle voulait réellement. « Azriel, en vérité. Mais on m'appelle Az le plus souvent. » précisa le jeune homme en hochant la tête pour confirmer la supposition de Malia. Il ne savait pas trop quoi ajouter d'autre. Pas très bavard de nature, plutôt secret et introverti comme type, il n'avait rien contre le fait qu'on l'aborde, mais ce n'était pas lui qui allait essayer de meubler les silences, qui de toute manière ne le mettaient absolument pas mal à l'aise.

Az sourit, habitué à ce genre de remarques sur son prénom qui n'était pas des plus communs. C'était rare qu'on l'appelle autrement que par son diminutif, d'ailleurs. « C'est possible, ça vient de l'hébreu. » répondit le brun avec un petit haussement d'épaules. Plus jeune, il s'était déjà demandé pourquoi diable ses parents avaient été pêcher un tel nom. Surtout qu'il n'avait pas été l'enfant le plus angélique qui soit. « Je ne suis pas sûr que j'ai l'air d'un ange. Si ? » souleva-t-il, tournant deux iris chocolat vers la belle brune, une expression enjouée tirant les traits de son visage. Az n'était peut-être pas la personne la plus extravertie qui soit, mais il restait quelqu'un de sociable et de bonne compagnie. Si la jeune femme était venue l'aborder, peu importe la raison, il n'allait pas agir froidement envers elle, il ne l'aurait pas fait avec n'importe qui d'autre, aussi étrange soit la situation. « Ouais, ça fait un bail que je vis ici. Mais j'ai vécu en Italie jusqu'à mes douze ans. » révéla-t-il pour répondre à la question de Malia. Il en oubliait parfois ses origines italiennes, depuis le temps qu'il vivait ici. « Et toi ? » demanda-t-il à son tour, fumant lentement le joint qu'il tenait entre ses doigts, avant de le passer à nouveau à la brunette.

Az se contenta d'un sourire malicieux en guise de réponse, après la remarque de Malia sur le fait qu'il ne semblait en effet pas spécialement angélique. Il dévoila ensuite ses origines, ce qui sembla avoir pour effet d'attiser la curiosité de la brune, mais aussi de la laisser se confier sur son propre parcours. « Par ma mère, oui. Mon père est australien. » expliqua-t-il à la jeune femme en acquiesçant de la tête. « Oh, ça devait être une sacrée aventure. J'ai jamais mis un pied sur le continent américain, perso'. Qu'est-ce qui t'as décidée à venir par ici ? » fit le jeune homme après les révélations de Malia sur ses familles d’accueil et les changements réguliers d'environnement. Il reprit la cigarette magique que la jolie jeune fille lui rendit, la suivant hors de l'eau pour retrouver le sable croustillant sous ses pieds. Il termina le joint tout en se dirigeant vers le rocher où il avait laissé ses affaires. « Je suis ouvrier, je travaille sur des chantiers la plupart du temps. Et à côté de ça je suis barman, certains soirs de la semaine. Les horaires sont flexibles pour les deux, donc je m'arrange un peu de semaine en semaine. Et toi ? »

Malia lui conta une partie de ses péripéties, et le jeune homme essayait de suivre comme il le pouvait, même si de l'extérieur, il comprenait juste que la belle brune avait dû mener une existence pour le moins chaotique. Il fronça les sourcils lorsqu'elle parla de son père adoptif, ne sachant pas trop quoi répondre. C'était assez flou, comme histoire, mais il ne voulait pas s'immiscer en posant des questions indiscrètes. « Ça doit pas être facile. » lâcha-t-il pour tout commentaire, esquissant un demi-sourire. Malia ne dégageait pas spécialement l'image d'une jeune fille abandonnée et détruite par son parcours, cependant. Ça ne voulait rien dire, bien sûr, Azriel en était conscient, il ne connaissait rien d'elle. Mais elle n'avait pas l'air traumatisée, en tout cas. « Oh, bras droit du patron, ça ne rigole pas. Mon collègue et moi on est plutôt bien vus aussi par le boss, on gère le bar plus que lui, j'suppose qu'on peut se donner le titre de bras droit aussi ? » fit-il sur le ton de l'humour, feignant de se mettre à sa hauteur comme si cela avait la moindre importance. « Ton père est à Bowen aussi ? » demanda-t-il quand la brune parla de surveillance. Il était un peu confus et ne souhaitait pas qu'elle rentre dans les détails si elle n'en avait pas envie, mais il essayait de comprendre la situation tant bien que mal.