troublemaker (scarlie)

Charlie baissa les yeux et esquissa un faible sourire, espérant que le rose de ses joues ne se remarque pas. Elle laissa échapper un petit rire, relevant ses yeux gris-bleu vers le jeune homme. « Si c'est ce qu'il faut pour t'empêcher de péter des cases, je suis partante. » dit la jeune brune d'une voix mi-ironique, mi-sérieuse. Au fond, elle était contente de savoir qu'elle était une des rares personne à savoir calmer Scar. Pour lui, d'abord, mais aussi avec une certaine part d'égoïsme, parce que c'était gratifiant, qu'elle se sentait spéciale à ses yeux. Elle préférait éviter de l'admettre, toutefois. « Je sais pas comment le prendre ! » rit-elle quand il la compara elle aussi à un primate, mimant un air offusqué. Elle reçut un message de Collin, prévenant de son arrivée imminente. Scar s'était détendu, mais un éclair angoissé passa rapidement sur son visage quand elle le mentionna. Elle réfléchit, plongeant son regard dans celui de son ami, qui avait déjà moins l'air d'un délinquant maintenant qu'elle avait nettoyé le sang de son visage et de ses mains. En vérité, elle n'en savait rien, de si tout allait rentrer dans l'ordre avec l'intervention de son frère, mais elle préférait éviter de laisser transparaître ses doutes. « Je gère, t'en fais pas. » le rassura-t-elle avec un petit sourire. Elle avait bien quelques idées, mais aucune idée de ce que ça valait au niveau légal et elle n'était pas certaine de jusqu'où Collin pouvait intervenir en sa faveur. Ce dernier pénétra dans la pièce, les saluant tous les deux, et Charlie se releva pour aller à sa rencontre, lui expliquant rapidement la situation à mi-voix et exposant son plan. "Le gars est à l'hôpital, il est stable. Techniquement, ils se sont battus à deux, il n'y a pas qu'Oscar qui est en tort, n'est-ce pas ? Et tant que le gars ne porte pas plainte, ça devrait aller ? Je pourrais lui parler..." L'étudiante interrogeait son frère du regard, qui lui expliqua les détails juridiques. Après cette entrevue, Collin quitta la pièce et Charlie se tourna vers son ami. « Bon. La bonne nouvelle, c'est que Collin est parti voir pour te faire libérer maintenant, vu les circonstances. La garde à vue peut pas dépasser vingt-quatre heures et le type est pas en état de porter plainte pour l'instant, tant que y a pas plainte, y a pas de problème. Par contre, il aura des frais d'hospitalisation, donc je sais pas trop comment ça va se passer, ça dépend du gars mais ça m'étonnerait qu'il laisse tomber vu l'état dans lequel tu l'as... Vu son état. Peut-être que ça peut s'arranger à l'amiable, j'en sais rien... Mais vous êtes deux à vous être battus, donc il est en tort aussi quelque part, il laissera peut-être tomber. » La jeune femme tentait de mettre autant de conviction que possible dans sa voix. Les nouvelles n'étaient pas si terribles et il y avait de quoi avoir de l'espoir. Elle s'approcha plus près de son ami, baissant la voix. « Écoute, tu peux pas aller voir ce type, ce serait considéré comme mettre la pression sur la victime. Moi par contre, si je suis discrète... Je peux aller voir à l'hôpital ce qu'il en est et l'étendue des dégâts sans éveiller les soupçons. Et essayer de lui parler si lui ou sa famille veut porter plainte. » Elle se mordit la lèvre, elle savait que ce qu'elle proposait là manquait cruellement d'éthique, mais elle chassait cette pensée dérangeante. Elle était prête à faire un petit écart de conduite si c'était pour sauver les fesses du brun. Et en soi, elle ne faisait rien de mal, si ? L'hésitation se lisait dans son regard, et elle s'efforça d'afficher un visage confiant. Si ça se trouve, ce type n'avait pas de famille, personne qui voudrait porter plainte, il laisserait tomber pour ne pas entamer une longue procédure juridique. Peut-être même que ses blessures n'étaient pas si graves. « Et si on imagine un scénario moins optimiste, Collin m'a dit que si les blessures n'entraînent pas une incapacité de travail d'un certain nombre de jours, tu risquais rien à part une grosse amende. » ajouta-t-elle en évitant de mentionner que si ce mec se retrouvait effectivement en incapacité durant plus longtemps ou portait des séquelles de la bagarre, et qu'il décidait de poursuivre Scar au pénal, ce dernier pourrait bien se retrouver en prison.

Charlie fronça les sourcils à la réponse de son ami. Certes, une amende n'était jamais accueillie avec le sourire, mais c'était tout de même mieux que de croupir dans une cellule pendant des années. Elle n'entra toutefois pas dans ce débat, ils n'en étaient pas encore là et son objectif premier était de rassurer le brun, autant qu'elle se rassurait elle-même. « On verra plus tard, c'est seulement un des scénarios possibles. » coupa la jolie brune en secouant ses boucles, avant de reposer son regard sur Scar. « Arrête de t'en faire et laisse-moi gérer, je risque rien. » affirma-t-elle en assenant une petite tape sur le crâne du jeune homme, une pointe d'amusement animant ses traits. La situation n'avait rien de drôle, mais elle faisait son possible pour ne pas alarmer Scar et pour se conforter elle-même dans l'idée que ce n'était pas si grave. Elle ferait juste un détour par la chambre de ce type pour grappiller quelques informations et intervenir si c'était en son pouvoir. C'était sûr, il valait mieux ne pas se faire prendre, mais qui donc allait se poser des questions sur une interne qui passe voir un patient ? L'hôpital était grand, personne ne se demanderait si elle avait quelque chose à faire là, elle aurait même très bien pu faire partie de l'entourage du garçon hospitalisé. Et le gars voulait engager des poursuites, un petit coup de bluff parviendrait peut-être à le faire changer d'avis. Charlie était prête à faire au moins ça pour Scar. Ce n'étaient que des mots, elle ne risquait rien, ou elle tentait tout du moins de s'en persuader.

La jeune fille s'en voulut pour son choix de mots en voyant la mine de Scar s'assombrir et rectifia le tir en parlant de l'état du type, plutôt que de l'état dans lequel son ami l'avait mis, phrase qui avait failli lui échapper des lèvres entièrement avant qu'elle ne se reprenne. Ce n'était pas le moment de l'accabler encore plus. « Je... Je sais pas trop. » esquiva la jeune femme en regardant ailleurs, faisant mine d'attendre avec impatience le retour de Collin ou de quelqu'un pour faire sortir son ami d'ici. Le silence lourd qui suivit ramena Charlie à la franchise et elle reposa son regard iceberg sur le brun, prenant ses mains dans les siennes, s'approchant tout près de lui. « Je l'ai vu à la sortie du bloc. Au moins, il est pas en danger de mort. Il semblait stable. Mais... Ouais, il était pas mal amoché, de ce que j'ai vu. Après, je l'ai pas vu longtemps, j'ai pas eu le temps de bien regarder ou d'avoir des infos... Je passerai le voir en retournant à l'hôpital, et je te tiens au courant. » soupira-t-elle finalement. Un policier vint enfin leur annoncer que Scar était libre de partir. Ils sortirent tous les deux de la cellule de garde à vue, arpentant les couloirs du commissariat. La brunette demanda à Scar de l'attendre une minute, le temps d'aller remercier son frère en vitesse par un brusque câlin sorti de nulle part, avant de repartir comme une fleur pour rejoindre son ami et sortir à l'air libre.

Charlie hocha la tête quand Scar la chargea de transmettre ses remerciements. De toute façon, son frère ne manquerait pas une occasion de lui rappeler qu'elle lui devait une fière chandelle, la prochaine fois qu'il l'estimerait trop chiante et intrusive. Elle sortit du commissariat en sautillant presque, toute trace d'inquiétude envolée pour les quelques prochaines minutes à venir, passant son bras autour de celui de son ami. « Franchement, j'me le demande. » répliqua la jeune interne en levant les yeux au ciel, mimant l'exaspération, avant de coller un bisou sur la joue du brun, ses traits animés d'une étincelle amusée et respirant l'énergie positive. Il en fallait peu pour la mettre de bonne humeur, au moins sur le court terme, et le fait d'avoir pu faire sortir Scar de chez les flics était une petite victoire qui permettait à sa joie de vivre naturelle de refaire surface, au moins pour le moment. « Bon, je dois retourner à l'hôpital. T'évites de faire des conneries pendant ce temps-là, si c'est pas trop te demander. » reprit-elle en plongeant son regard iceberg dans celui du jeune homme, mi-accusatrice, mi-moqueuse.