the winner takes it all (jude)

Un mois que ses yeux avaient croisés son regard azur, que l'étudiante avait sentie une douleur énorme dans sa poitrine, que son souffle s'était coupé alors qu'une chaleur avait parcouru l'entièreté de son corps. La peur avait pris possession de son être en quelques secondes et la honte s’en était venue ensuite, sentant le poids des regards inconnus sur sa personne. Un mauvais souvenir qui passait en boucle dans sa tête. Anka se souvenait de ce bruit assourdissant, de ses yeux se relevant vers la personne qui se trouvait à ses côtés alors que les regards accusateurs se tournaient vers eux. Elle s’était enfuit après avoir croisé le regard d’une blonde qu’elle connaissait pour les mauvaises raisons. Elle avait laissée cet inconnu se faire emporter par la sécurité, persuadée qu’elle n’avait rien à voir dans l’histoire, mais se sentant sale d'avoir été prise comme coupable par certains de ces hommes. Tout dans son comportement la rendait coupable. En dehors du magasin, il ne lui avait pas fallu longtemps avant qu’elle accélère le pas sans s'en rendre compte, s’essoufflant jusqu’à arriver à son appartement. Ce n’était qu’en vidant ses affaires de son sac à main qu’elle se rendit compte de son erreur. La voleuse c’était elle. Et elle l’avait fait sans s’en rendre compte. Mais le pire était de se rendre compte que ça ne pouvait pas être un accident, parce que rien n’aurait pu tomber dans son sac. Pendant des journées entières la sud-africaine s'était détestée, elle n'avait pas croisé son propre regard dans un miroir, puis au lieu d'aller se dénoncer, elle avait étouffée l'affaire. Et sans se rendre compte, elle recommençait cette erreur, dans les magasins ses doigts parcouraient des articles futiles et discrètement glissaient dans sa sacoche.

Une matinée d'été, elle s'était retrouvée seule à attendre sur un lit d'hôpital. À respirer l'air trop propre des pièces désinfectés, espérant un retour rapide de son mari parti téléphoner pour ne pas avoir à confronter une infirmière seule. Après qu'il ai appris son agression passée, il l'avait reprise sous son aile, la surprotégeant de trop, puisqu'il la forçait à se faire examiner des mois après pour vérifier que toutes ses blessures s'étaient évanouies avec le temps. Ses pupilles étaient tournées vers la porte lorsque le cliquetis de la poignée se fit entendre, mais sa joie se déguisait en amertume lorsqu'elle découvrit le visage de celle qui venait de passer le palier. Ces yeux bleus qu'elle avait fuit parce que ce qu'ils avaient possiblement vus était plus impactant que le mensonge qu'Anka avait inventé il y a plus d'un an pour s'amuser lorsque son humeur la détruisait.