stay in drugs, eat your school, don't do vegetables ▽ (milo)

stay in drugs, eat your school,
don't do vegetables

Son carnet de notes dans son sac en bandoulière ainsi que de multiples crayons aux extrémités rongées, Effy avait sorti son skateboard qui prenait la poussière depuis un moment dans un coin de son appart'. Elle s'était pointée au bureau de la rédaction, incroyable mais vrai, ses cheveux noirs attachés en deux tresses africaines collées contre son crâne, son maquillage noir entourant ses yeux et un rouge à lèvre bordeaux soulignant le fait qu'elle ne souriait pas. Elle avait fait un effort, tentant de paraître moins paumée qu'elle n'en avait l'air. La journaliste avait pas mal bossé aujourd'hui, sous l’œil circonspect de ses collègues qui s'étaient cependant abstenu de tout commentaire. Pas comme si elle en avait quelque chose à foutre, de toute manière.

Après cette journée qui avait représenté pour elle un défi de la taille d'une météore, la jeune fille avait vagabondé en ville sur son skate, son petit attirail de camée caché quelque part dans les recoins de son sac. Elle avait fini par sortir du centre-ville, s'éloignant un peu de tout ce brouhaha qui lui donnait mal au crâne et l'oppressait bien trop pour qu'elle ne le supporte plus longtemps. Son casque sur les oreilles, elle se grillait une clope, en équilibre sur la planche, en direction du terrain vague, lieu qu'elle avait toujours particulièrement affectionné. Déjà du temps de son premier passage à Bowen. Pas mal de choses avaient changé, depuis cette époque. S'étaient carrément écroulées, même. Eff' secoua la tête, sautant de la planche pour la récupérer sous son bras et envoya un message à Milo pour qu'il la rejoigne, mentionnant ses deux petits sachets adorés, l'un contenant de la poudre, l'autre quelques pilules. Elle était restée sobre toute la journée, ne se fumant que quelques joints avant de partir au boulot. Rien d'autre. Et elle comptait bien remédier à cette situation au plus vite, avec le seul qui ne la jugeait absolument pas. Celui qui l'accompagnait dans sa descente aux enfers, qui se fichait bien de ce qu'elle pouvait faire de son corps et de sa vie, tant qu'ils étaient là l'un pour l'autre pour se flinguer à deux.

Après un appel de ton père, tu avais été dévasté. C'est fou comme la distance peut faire mal, des fois. Même si vous étiez toujours en bons termes, tu savais très bien qu'il vivait mal ton départ à Bowen. C'était amèrement que tu avais raccroché ce téléphone, après cette longue discussion. Parler avec lui te faisait un bien énorme, même si tu lui cachais la plupart de tes activités qui sont légèrement douteuses. Tu avais passé tellement de temps loin de lui, loin de ton pays natal, que tu en avais oublié comment on parlait français, et ça en faisait rire ton père d'ailleurs. Mais il t'arrivait de le parler de temps en temps sans le vouloir, balancer quelques mots comme ça à tout va, et ça amusait tes potes. Comme quoi, les langues s'emmêlaient des fois dans ton cerveau. Mais ton mal du pays avait été vite oublié, lorsque tu avais eu un message de la part de ta brune préférée. Effy. Elle te proposait de là rejoindre sur un terrain que vous connaissiez plutôt bien tous les deux. Puisque c'est là bas que vous vous perdez dans les méandres de la drogue. Elle était comme toi, à fond dans ce qu'elle faisait, mais elle avait besoin de ce moment de légèreté et d'avoir son cerveau qui plane. Ton skate board sous le bras, tu attrapais quelques bières dans le frigo que tu mettais dans ton sac avant de détaler vers la sortie.

Tu ne mis pas longtemps à rejoindre ton anglaise préférée à quelques pâtés de maison. Lorsque tu arrivais, elle était assise sur un petit muret, et tu ne tardais pas à la rejoindre. Une fois à son niveau, tu t'assis près d'elle avant d'embrasser sa tempe d'un signe affectif. « Salut, beauté » dis-tu avant de poser ton sac à côté de toi. Tu sortais alors deux bières que tu avais récupéré à ton appartement et tu lui en donnais une. « Je me suis dis que ça pourrait être sympa, en plus de ce que tu as » finis-tu par dire en adressant un clin d'oeil à la brune. Il n'était pas rare de vous voir tous les deux à cet endroit, c'était limite devenu une habitude maintenant, entre vous. Votre coin secret, où vous faisiez ce que bon vous semblez.

HJ:

Effy fumait sa clope en attendant l'arrivée du garçon, ses doigts tapotant nerveusement tantôt sa cuisse, tantôt la brique du muret sur lequel elle s'était assise. Elle avait envie qu'il se dépêche, qu'il soit là bientôt, mais elle l'aimait suffisamment pour avoir le respect de l'attendre avant de prendre quelque chose. Finalement, il arriva, le son de sa voix alertant Effy qui tourna la tête, à temps pour réceptionner le baiser qu'il déposa sur sa tempe. Un sourire pâle mais authentique illumina le visage de la jolie brune. Elle ne savait pas pourquoi Milo arrivait à la faire sourire. C'était bien un des seuls. Cela faisait longtemps qu'elle affichait ce masque imperturbable, vide d'émotions, indéchiffrable. Sans doute parce qu'il était son pote de défonce, celui sur lequel elle pouvait toujours compter, peu importe ce dont elle avait besoin. Contrairement aux apparences, la jeune fille se préoccupait des autres. Elle avait sans doute un air las et indifférent au quotidien, avec une pointe d'ironie dans son regard azur, mais certaines personnes comptaient réellement pour elle. Le brun en faisait partie, pas seulement parce qu'ils se camaient ensemble. Certes, elle utilisait son entourage pour remplir les vides de son être, satisfaire les besoins qui la rongeaient, mais n'était-ce pas ce qu'on faisait tous ? Chercher chez l'autre comment il pouvait combler nos manques, effacer nos angoisses. Milo était la personne qui remplissait le mieux ce rôle auprès de la jolie brune. Elle n'aimait pas l'admettre, mais elle avait besoin de lui, et le voir ravivait une petite flamme joyeuse et sauvagement folle en elle. Même si leurs activités n'étaient pas des plus saines, il était la personne auprès de laquelle Effy se sentait elle-même, moins paumée, moins malsaine, moins déglinguée par la vie, plus heureuse. Heureuse. C'était un mot qui ne franchissait que rarement ses lèvres. « Salut toi. » répliqua-t-elle avec une touche de malice dans la voix, une étincelle animant son regard lorsqu'elle croisa celui de Milo, un sourire en coin enjoué sur le visage. « T'as géré. » fit-elle quand il lui tendit une des bières, qu'elle ouvrit avec son briquet avant de trinquer avec lui, buvant une gorgée par la suite. Elle la posa sur le muret ainsi que sa cigarette, le temps de trouver dans son sac les deux sachets qu'elle montra à son ami, les montant jusqu'à hauteur de son regard, un dans chaque main. « Alors ? La coco ou la MD ? » Elle l'interrogea de son regard espiègle, attendant qu'il se décide entre les pilules ou la poudre blanche.

Lorsque tu avais reçu le message de ta brune préférée, tu n'avais pas hésité à la rejoindre à votre QG. Sur ton skate board, tu avais roulé à la vitesse lumière pour la rejoindre. Avec elle, la vie semblait beaucoup plus facile, elle était comme ce calmant dont tu avais besoin sans cesse. Et sa présence t'apaisait grandement. Même si vous faisiez des choses illégales tous les deux, même si vous vous enfumiez le crâne avec des immondices, tu ne pouvais t'empêcher d'aimer sa compagnie et vos activités quelque peu douteuses. Tu avais grimpé sur la rambarde en lui embrassant la joue, pour la saluer. Lorsque tu lui tendit une bière que tu avais caché dans ton sac, elle sourit et te remercia. « Ca m'arrive de faire des trucs biens, de temps en temps » répondis-tu à Effy en riant légèrement. Vous trinquiez ensemble, avant de porter les bouteilles à vos lèvres. Cela te faisait du bien, ce liquide qui te traversait le corps et qui te rendait encore plus libre, enfin qui te faisait te sentir plus libre. La brune sortit de ses poches deux pochons. Un était rempli d'une poudre blanche et le deuxième de deux/trois cachets. Alors tu optais pour le deuxième. « La MD, je préfère » répondis-tu à la brune avec un mince sourire. Depuis quelques temps, tu te sentais mal dans ta peau. Tu avais maigris, tes cernes faisaient la moitié de ton visage. Mais de l'autre côté, tu ne t'étais jamais senti aussi vivant de toute ta vie. Et tu ne comprenais pas comment cette balance pouvait se faire dans ton corps. La drogue, c'était ça. Et avec Effy à tes côtés, c'était encore mieux. Parce que vous faisiez ce que vous vouliez ensemble, sans vous prendre la tête. Juste, tu te sentais réel près d'elle.

« C'est vrai que j'avais oublié que t'étais un type bien. De temps en temps. » fit la jolie brune avec un petit sourire espiègle, lui adressant un regard moqueur mais empreint d'affection. Sans doute qu'ils faisaient pas des choses bien. Mais Milo, c'était quelqu'un de bien, rien ne pourrait enlever cette certitude à Effy. C'était sans doute une des rares choses qui les différenciait. Parce qu'elle, elle ne se considérait pas comme quelqu'un de bien, c'était tout le contraire. Elle n'était qu'un poison destructeur qui n'était plus capable de construire quoi que ce soit de positif. Juste un rejet de la vie, qui errait dans son existence comme dans une putain de tragédie de Racine. Mais avec le garçon, quand il était à ses côtés, rien de tout ça n'avait d'importance et ses démons ne pouvaient plus l'atteindre, pendant un court laps de temps dont elle se délectait. Milo ne les repoussait pas, il l'aidait simplement à les noyer, dans toutes leurs substances hautes en couleur. « Va pour la MD, bébé. » acquiesça Effy avec un petit élan d'énergie sorti de nulle part. Elle rangea le sachet de poudre, récupéra un cacheton dans l'autre, qu'elle posa sur le bout de son index préalablement humidifié, avant de le tendre juste devant les lèvres de Milo, un éclair félin dans son regard. Elle voyait bien qu'il semblait épuisé, maigri. Mais elle s'en moquait pas mal, pas parce qu'elle ne s'inquiétait pas pour lui, mais parce qu'il était un reflet d'elle-même. Et qu'ils étaient des survivants. Il en fallait plus que quelques kilos en moins pour leur faire peur. Leurs vies étaient de toute façon à la dérive, et Effy avait envie de célébrer ça avec lui, plutôt que de pleurer. Ils étaient là pour ça, l'un comme l'autre, l'un pour l'autre.

https://www.youtube.com/watch?v=1b0Eh4iELqQ

La réflexion de la brune te fit rire légèrement. « Tout le temps tu veux dire » ajoutas-tu suite à ce qu'elle venait de dire. Tu aimais la compagnie d'Effy, comme si elle t'apaisait. Et c'était une des seules personnes qui arrivaient à t'offrir ce sentiment de bien-être en ce moment. Tu te réconciliais doucement avec ton meilleur ami, mais il ne voulait rien entendre suite à tes addictions et ce que tu faisais de ta tête. Même si doucement, tu essayais de quitter cette spirale infernale, tu y étais encore coincé malheureusement. Ce n'était pas si facile de s'en défaire. Mais tu aimais ce sentiment de liberté, comme si des ailes poussaient le long de ta colonne vertébrale et que tu allais t'envoler vers de nouveaux horizons. Une belle métaphore mais qui venait de la tête d'un mec complètement high et perdu. Tu avais choisis les cachetons de MD plutôt que la poudre blanche que tu t'étais mise dans le nez plus récemment. En portant ta bière à tes lèvres, tu regardais chaque faits et gestes de la brune, sans vergogne. Lorsque la jeune femme posa le cachet sur son doigt, tu ne pu t'empêcher de sourire de plus belle et tu attrapais ce dernier directement avec tes lèvres pour le prendre. Tu avalais une gorgée de bière pour faire passer le tout et tu regardais ton amie faire de même. Au fond, vous étiez un reflet simple de l'autre. Deux jeunes adultes perdus dans des corps d'adolescents, à la recherche du bonheur et de la simplicité. « Qu'est-ce que tu me racontes ? » demandas-tu simplement en portant ton regard vers l'horizon qui semblait des plus intéressant. En attendant que la drogue fasse son effet, tu continuais à boire gentiment ta boisson, te disant que peut-être les effets seront multipliés de par l'alcool qui se trouvait à l'intérieur de cette dernière.

Un sourire pensif et affectueux pris place sur les traits tirés de la brunette. « Je sais. » dit-elle, toute trace d'humour envolée pour ne laisser place qu'à une sincérité implacable. Ils avaient beaux faire tout ce que leurs parents leur avait appris à ne pas faire, aller à l'encontre de toutes les règles du système, ils n'étaient pas des gens mauvais pour autant. Surtout Milo. Il avait raison, même s'il l'avait dit à la rigolade, il était tout le temps quelqu'un de bien. Bien plus qu'elle, sans doute, qui n'était qu'un ouragan détruisant tout sur son passage, emportant des gens qui ne le méritaient pas. Elle ne pouvait rien y faire, c'était ce qu'elle était, inévitablement. Toxique. Pas le genre de personne qui vous tire vers le haut. Mais elle l'avait accepté, avec le temps. Et Milo était un des rares à l'accepter aussi, elle et tous ses travers foireux et ses délires tordus. Son ami prit la pilule de son doigt, l'avalant avec une gorgée de bière, et Effy fit de même tout de suite après. Elle avait hâte de partir surfer sur la ride de la défonce avec son ami, à multiplier les conneries et les rires. Elle avait envie de ne plus penser à rien, et c'était bien parti, comme toujours lorsqu'elle était en compagnie du garçon. Juste s'éclater en toute spontanéité sans s'inquiéter de l'après. « Rien de spécial. Deux-trois princes pas si charmants sur la journée. Puis j'ai pas été au bureau, j'avais pas envie. » relata simplement la jeune femme au regard azur, buvant une gorgée de bière avec détachement. Inutile de préciser les quelques crasses qu'elle s'était enfilée sur la journée et la demi-bouteille de vodka au matin, il le savait déjà, ça faisait partie du quotidien d'Effy, ou presque. Parfois elle se calmait un peu sur la bouteille, ou sur la drogue. Parfois même les deux en même temps, mais ça, ça se produisait autant que d'apercevoir une étoile filante. Elle se rappelait à peine des clients qu'elle avait eu ce matin, ceux qui avaient joui de son corps sans même se rendre compte qu'elle était à moitié dans une autre dimension. Ou peut-être qu'ils l'avaient remarqué, mais ils s'en fichaient sûrement, c'était pas pour ça qu'ils la payaient. Peut-être qu'ils vérifiaient juste le creux de ses coudes quand même, juste pour voir si elle prenait pas de l'héro tant qu'elle y était, ce qui aurait été plus répulsif, avec les risques de transmission de maladies par les aiguilles, tout ça. Après, ils étaient protégés, elle aussi, sans doute que la plupart n'y auraient pas vu d'objection. Milo savait tout aussi bien que les revenus de sa prostitution du matin signifiaient qu'elle avait été rechercher de la came, comme souvent. Celle qu'ils consommaient en ce moment, entre autres. Mais il était inutile de préciser les détails à voix haute. « J'ai été voir Sacha l'autre jour, aussi. C'était un peu le seul truc fun de ma semaine. » ajouta-t-elle en se remémorant sa soirée avec le russe. Malsaine, mais vivifiante. Tout ce qu'elle aimait. « Et toi alors ? Ton téléphone arrête pas de sonner depuis tantôt, tu te fais harceler par une groupie ou quoi ? » reprit la brunette en relevant un regard pénétrant et inquisiteur vers son ami. Elle avait remarqué qu'il répondait discrètement sur son portable, ce dernier ne cessant de vibrer. La curiosité d'Effy était piquée.

Précisant que tu étais un mec bien tout le temps, ton amie appuya tes dires pour confirmer. Et cela te faisait légèrement rire. Si seulement tu étais un gars bien, tu n'aurais pas perdu la fille qui t'a fais découvrir l'amour, tu n'aurais pas déçu tes amis. Mais bon, tu la laissais croire que c'était ainsi. Après tout, tu n'avais jamais été une mauvaise personne avec Effy, au contraire. Parce que tu l'aimais beaucoup, cette fille et qu'elle représentait beaucoup de choses pour toi. Vous vous acceptiez tous les deux, vous saviez qui vous étiez. L'ombre l'un de l'autre. Le triste reflet dans un miroir des deux âmes perdues que vous étiez. Tu demandais alors à la brune ce qu'elle avait à te raconter, depuis le temps que vous ne vous étiez pas vu. « Des princes pas si charmant... J'peux être ton prince trop charmant pour la journée si tu veux » dis-tu en bombant la poitrine fièrement avant d'éclater de rire. Tu n'étais même pas convaincant là dedans. De temps en temps tu jetais un oeil à ton téléphone, et tu répondais à la va-vite. C'était Bella qui envoyait ces messages. Tu ne voulais pas encore une fois agir comme un connard, a jerk. Alors tu répondais, comme tu pouvais. Mais elle persistait. Tu écoutais quand même ce que ton amie te disait d'un veille et tu relevais. « Ce bon vieux Sacha. Je l'ai vu aussi y'a pas longtemps » dis-tu à la brune avec un léger sourire. Même si votre rencontre n'avait pas été des plus plaisante pour toi, c'était plus une leçon de morale. Mais peu importe, vous aviez pu avoir une tranche discussion. Effy avait remarqué que tu étais sur son téléphone sans arrêt, dans tes pensées. « C'est Bella... Mon ex » dis-tu simplement en rangeant ton téléphone dans ta poche. « Elle n'arrête pas de me faire des avances pour qu'on se remette ensemble. Mais tu me connais, quand je me dis que quelque chose est fini, j'reviens pas en arrière. Je sais pas quoi faire pour ne pas lui briser le coeur une seconde fois... » dis-tu en posant ton visage dans tes mains. Ca te faisait chier de faire du mal à la costaricaine, mais tu ne pouvais pas laisser filer ça comme elle l'entendait.

Un rire doux et cristallin s'échappa d'entre ses lèvres pour remplir le terrain désaffecté quand Milo lui proposa d'être son prince charmant du jour. C'était clair que ça la changeait des mecs qu'elle "côtoyait" en général. Milo était sans doute une des personnes les plus saines de son entourage, c'était dire. « Deal. » fit elle en cognant son poing contre l'épaule du garçon. Elle but quelques gorgées de bières, balançant ses pieds dans le vide tout en attendant patiemment la montée de leur petite pilule, discutant de choses et d'autres avec son pote en attendant. Un nuage de bonne humeur éclairait son visage d'une lumière faible mais bien présente. C'était si rare que la brune au corps frôle montre de tels signes de joie, une joie authentique, dénuée de cynisme, ancrée dans l'instant, tout simplement. Y avait que Milo pour la mettre d'une telle humeur, sans morale et sans inquiétude, juste à traîner avec elle sans aucun jugement ou non-dits. La journaliste hocha la tête, fallait croire que Sacha passait voir tous les cas désespérés du coin. Après, il en était un aussi. Ils l'étaient tous. Sans doute pour ça qu'ils se retrouvaient entre eux.

La jeune femme haussa simplement un sourcil, une expression impassible animant ses traits. Les histoires d'ex. Ça donnait jamais rien de bon, l'amour. Elle en était convaincue à un point viscéral. « Pourquoi tu te tortures avec ça ? Son cœur il est déjà brisé, tu peux plus rien y faire. Toi encore moins qu'un autre, d'ailleurs. » rétorqua machinalement Effy sur le ton de celle qui établit un simple fait. Elle ponctua ses paroles d'un haussement d'épaules, reprenant une gorgée de bière. Elle savait ce que c'était de crever de mal. De sentir des poignards de feu vous déchirer le cœur en lambeau. Elle savait tout aussi bien qu'au final, c'était la faute à personne. Juste à ces foutus sentiments de merde qu'étaient là que pour vous pourrir l'existence. Raison pour laquelle elle détestait voir Milo se sentir mal et essayer de réparer une chose qu'il ne pouvait pas réparer. C'était juste toxique. Et la brunette s'y connaissait bien, en matière de toxique. Elle était la première à tout détruire autour d'elle tel un ouragan inarrêtable. Elle était persuadée que le brun n'était pas pareil. La preuve, il faisait de son mieux pour que tout le monde soit content. Et il devait savoir que ça, ça n'arriverait pas. On peut pas rendre les gens heureux.

Effy c’était la meilleure personne avec qui passait du temps comme tu avais besoin de décompresser. La drogue vous avez rapproché, et puis tu pouvais parler de tout et de rien sans avoir de jugement. Le sexe était aussi dans votre relation, mais sans prise de tête, sans rien, sans promesse et sans relation fixe. Tu aimais juste être avec elle, dans n’importe quelle situation que ce soit. « J’vais faire de mon mieux alors » dis-tu en riant légèrement alors qu’elle venait cogner ton épaule pour confirmer tes dires. Vos visages changeaient au fur et à mesure du temps, parce que la drogue commençait à monter jusqu’à vos cerveaux et tu te sentais de mieux en mieux. C’était surement un échappatoire, pour changer vos vies, pour pouvoir donner du piment à ces dernières. Puis la journaliste remarqua que ton téléphone ne faisait que vibrer. C’était Bella, ton ex. Celle à qui tu avais brisé le coeur en la quittant. Mais celle qui avait été ton premier amour. « Je sais que j’ai déjà briser son coeur mais… » dis-tu en laissant ta phrase en suspens un instant. Tu ne savais pas mettre des mots sur ce que tu ressentais encore pour cette fille, c’était encore délicat pour toi. « Mais je sais pas, Eff’ ! C’est dur à oublier, un premier amour » dis-tu simplement en balançant ta tête de gauche à droite. La brune était encore dans ton esprit, même si tu avais rencontré d’autres filles, que tu avais couché avec d’autres nanas. C’était toujours dans un coin de ta tête, sans oublier. Mais tu faisais ton possible pour. Après tout, tu l’avais quitté, tu n’étais plus amoureux, mais tu étais toujours tourmenté par ça. « Arrêtons de parler de ça, hein » avouas-tu à la jeune femme alors que tu sortais une cigarette de ton paquet. Tu calais la clope entre tes lèvres et tu regardais l’horizon.

Effy haussa un sourcil, le regard fixé sur ses mains tandis qu'elle écoutait Milo lui expliquer que la situation était plus compliquée que ça. Du côté de l'anglaise, l'amour était un sujet qu'elle avait abandonné définitivement et qu'elle ne compliquait plus. Elle n'était plus capable de supporter la complexité de certaines relations et des sentiments, alors elle n'en éprouvait tout simplement plus, comme elle l'avait déjà fait plusieurs fois dans sa vie, rendue amère par les expériences précédentes. C'était pourquoi elle comprenait totalement ce que le garçon lui disait. Elle se rappelait de son premier amour, à Bristol. De ceux qui avaient suivi, aussi. Mais elle s'empressa de les dégager de son esprit, cherchant plutôt à oublier le concept entier de l'amour et à ne plus jamais le trouver sur son chemin. Et fallait dire qu'elle était plus douée pour ne pas s'attacher aux gens de cette façon. Douée pour les rejeter. Parfois les détruire, au passage. Alors elle savait très bien ce que Milo pouvait ressentir. Mais elle n'aimait pas le voir se torturer pour ça. Elle n'aimait pas voir quiconque se torturer pour quelque chose de toxique et pourri qui au final, nous faisait plus de mal que de bien. « Je sais. » dit-elle simplement, le regard perdu dans les irrégularités du sol. « On est plutôt doués pour briser les gens, nous deux, hein. » ajouta-t-elle sur un ton sans joie, relevant les yeux vers le brun. Ils étaient vraiment un beau duo de bras cassés. Pas foutus de faire les choses comme tout le monde et de trouver le bonheur sans pilules. Mais ils embrassaient cette personnalité, surtout quand ils n'étaient que tous les deux, sans personne autour pour juger. Le jeune homme décréta qu'ils arrêtaient d'en parler et Eff' acquiesça, se relevant d'un bond et saisissant son skate au passage. Elle sentait l'ecstasy monter et elle avait envie de bouger. Un sourire naquit sur son visage tandis qu'elle croisait les pupilles dilatées de Milo, et sautait sur sa planche, avec cette envie irrépressible de faire quelque chose, n'importe quoi, mais de bouger et d'apprécier chaque chose et chaque personne qu'elle croiserait.

L’amour était un sujet très sensible pour toi. Tu l’avais connu une fois, une seule fois. C’était beau et vrai. Mais l’anglaise n’avait pas le point de vu que toi sur ce sujet et tu le savais. Et c’est pour ça que tu ne t’étalais jamais vraiment sur le sujet lorsque tu étais avec elle. Et tu avais rarement évoqué Bella avec elle, parce que tu savais ce qu’elle en pensait. « Briser les gens, briser des coeurs. C’est un peu notre spécialité, nan ? » dis-tu avant de rire. C’était un rire un peu nerveux, mais c’était vrai en soi. Vous étiez surement né pour ça. Et puis vous morfondre dans la drogue, ça n’aidait pas. Tu commençais à fumer ta cigarette et la jeune femme se leva et prenant son skate. « Tu vas où, Eff ? » demandas-tu à la jeune femme qui s’éloignait sur son skate. Tu attrapais le tien et tu la suivais de prêt. La drogue commençait à faire son effet, tu le sentais et tu ne te prenais plus la tête, tu avais envie de faire tout et n’importe quoi. Toujours la cigarette à la bouche, les cheveux au vent, tu suivais ton amie. « T’as pas faim ? » demandas-tu à la jeune femme alors que vous passiez devant une rue où il y avait pas mal de fast-food. Et puis qui dit drogue dit fonce-dalle. Et ton ventre commençait à gargouiller à faire comprendre qu’il fallait que tu manges. Déjà, tu mangeais plus trop avec la drogue, mais quand tu mangeais tu pourrais dévorer un macodnald’s tout entier.

Un sourire cynique étira les lèvres de la brunette, pour appuyer les paroles et le rire de Milo. Ouais, il avait pas tort. Ils le vivaient pas bien, comme beaucoup de choses d'ailleurs, mais c'était tellement facile d'ignorer tout ça et de vivre dans le déni avec quelques pilules sous la main. Pour se donner l'illusion d'avoir hâte d'un lendemain. Se mentir, encore et encore. Anesthésier la douleur, le rejet de soi-même, masquer toutes leurs failles et leurs épines. Tout ça avec un peu de poudre, d'alcool, ou peu importe ce qui pouvait les faire penser à autre chose et les aider à faire semblant de se sentir bien. Ils finissaient par y croire, d'ailleurs. Quand Effy décida soudainement de monter sur sa planche, elle ne répondit pas à la question de Milo, lui accordant juste un regard espiègle par-dessus son épaule, avant d'éclater de rire, attendant qu'il la rattrape. Elle avait aucune idée d'où elle allait. Sur la route comme dans la vie. Elle n'en avait jamais la moindre fucking idea. Tout ce qui comptait, c'était sentir le vent lui fouetter le visage, et entendre son meilleur ami rouler à ses côtés. « Moi ? Tu me connais. Mais j't'accompagne. » répliqua Eff' quand Milo lui demanda si elle avait faim. C'était rarement le cas, pour l'anglaise. De base, elle n'avait jamais été une grande gourmande, et la drogue n'avait pas vraiment arrangé ça. Un rail de coke en guise de petit-déjeuner, ça faisait l'affaire.

Avec Effy tout était plus simple. C’est comme si la vie n’avait pas de soucis, comme si tout devenait plus facile. Avec quelques pilules en plus, il faut avouer. Mais t’étais plus à l’aise avec elle qu’avec n’importe qui. Peut-être parce que vous étiez dans le même monde, dans le même univers parallèle qui vous fait planer pendant toutes ces sorties. Voilà aussi pourquoi tu aimais tant ces drogues que tu prenais. Elles te faisaient planer, elles te faisaient partir dans un autre univers dans lequel il n’y avait pas de problèmes, pas de personnes pour te dire que ce que tu faisais était mal. T’en avais pas conscience de toute facon. Pas encore. Vous preniez tous les deux la route, sur vos planches qui vous menaient dans la ville. La drogue faisait son effet, et tu commençais à avoir faim. Alors tu demandas à Effy si elle aussi, même si tu connaissais déjà la réponse. « Oui, je sais. Mais viens avec moi ! » dis-tu alors que vous rouliez toujours. Sur ce point là, vous avez toujours été différent. Toi, tu avais une fonce-dalle de l’espace mais elle n’avait jamais faim. Alors vous vous dirigiez vers le premier fast food où tu allais pour commander un menu XL vu que tu étais vraiment affamé. Vous vous posiez sur une table et tu commençais à imager comme un porc. « Si tu veux un truc, prends le hein. J’ai toujours les yeux plus gros que le ventre » proposas-tu à la jeune anglaise avant de croquer dans ton hamburger tout chaud.

hj:

Effy n’avait jamais eu de mal à admettre à quel point Milo comptait dans sa vie, de façon assez étonnante, elle qui avait une fâcheuse tendance à repousser tout le monde et à bien intérioriser ses émotions et ses sentiments, jusqu’à les barricader aux tréfonds de son cœur et à les ignorer totalement. Avec le français, ça n’avait jamais été un problème. Sans doute parce qu’ils se connaissaient si bien qu’ils étaient incapables de se mentir. La brunette aurait pu tenter de feindre n’importe quelle émotion, il aurait aisément deviné ce qui se passait réellement dans ses pensées. C’était sans doute ce qui faisait l’unicité de leur relation. Simple, sans non-dits et sans faux-semblants. Libératrice et sans jugements. Et peu importe s’ils se tiraient vers le bas. Ils étaient très bien comme ça. Un sourire joyeux et amusé étira les lèvres de l’anglaise quand Milo insista pour aller manger un morceau, demandant de l’accompagner. Évidemment qu’elle l’accompagnerait. Partout où il irait, toujours. Cheveux au vent, Eff’ suivit son meilleur ami, qui choisit le premier fast-food venu. Elle leva les yeux au ciel discrètement, sans se départir de son sourire amusé. Sans blague qu’il déciderait de s’arrêter dans ce type d’endroit. Prenant tous deux leur skate sous le bras, ils entrèernt pour s’installer à une table après que Milo ait commandé. « Tu peux essayer de m’engraisser autant que tu veux, tu sais que ça fonctionnera pas. » plaisanta Effy en braquant son regard d’un bleu intense dans celui du brun. Y avait bien qu’avec lui qu’elle arrivait à retrouver un semblant d’énergie saine et un sourire authentique. Et avec l’aide des pilules, quand même. Mais c’était surtout Milo, fallait pas se mentir. Eff’ saisit quelques frites, jouant avec un instant avant de les porter à sa bouche. La nourriture, ça avait jamais été son truc. Mais bon. Une ou deux frites par-ci par-là, c’était pas la mort. Surtout quand elle était de bonne humeur, comme maintenant. « Milo ? » demanda-t-elle soudain, quelques minutes plus tard, après qu’une conversation plus légère se soit éteinte. Elle s’était faite plus sérieuse, son expression presque grave, douloureuse. Elle reposa les deux frites qu’elle avait en main sur la table. « Tu m’abandonnes pas, hein ? » La question sortait de nulle part. Mais on pouvait lire dans ses grands yeux azur que la réponse était d’une importance capitale. Que même si elle était évidente, pour la jeune fille, elle avait force de loi. Un pacte.