after school visit (fede)

« J’ai oublié ma carte, est-ce que je peux quand même… » L’air blasé de la conductrice de bus t’empêche d’en dire davantage. Elle sait. « Désolée… » que tu lui soupires d’un air tout aussi blasé mais quelque peu angoissé avant de te faufiler dans le long couloir étroit de la ligne 177 censée te déposer pas très loin de chez Fede. Parce qu’en plus d’avoir oublié ta carte de bus, t’en as fait autant pour tes clés… Ton père est au travail, ta petite sœur est en train de se faire dorloter chez Charlie. T’as merdé, et tu ne pourras pas rentrer chez toi avant que Perry ne rentre, c’est-à-dire dans une heure ou deux, dépendamment de la pile de boulot dont il s’occupe au travail. Aller chez le meilleur-ami de ton père avant qu’il rentre fait partie de l’une des premières options qui te sont venues.

T’aimes pas prendre le bus, surtout seule. Ça pue toujours un peu, puis les gens que t’y croises ne sont pas toujours des plus charmants. Mais t’es de ceux qui pensent qu’il vaut mieux prendre le bus que de se farcir des kilomètres à pied… et tu penses avoir raison. Assise avec ton sac sur les genoux près d’une grand-mère qui n’arrête pas de te sourire et qui, tu le sens, a les mains qui lui démangent à l’idée de te toucher les cheveux, tu comptes les arrêts qui te séparent de l’appartement de Fede & Letícia que tu ne connais que trop bien avant d’arriver à destination, quelques minutes plus tard.

T’as quand même la politesse de lâcher un timide « merci » avant de bondir hors du bus et de le voir reprendre sa route, direction le prochain arrêt. Toi, t’as ton téléphone à la main et tes écouteurs dans les oreilles… à un volume suffisant pour te permettre d’entendre ta musique mais surtout les sons environnants qui pourraient t’empêcher de te faire percuter par la première voiture qui ne s’arrêtera pas au prochain feu rouge. Tes baskets récoltent un peu de l’humidité qui couvre une partie des trottoirs de Bowen après l’averse de la veille, tes cheveux suivent le rythme des quelques petits coups de vent qui cherchent à se faire entendre malgré la météo estivale. En un rien de temps, t’es sur le pas de la porte de chez le meilleur-ami de ton père. Ton poing tape faiblement sur la porte. Une fois, deux fois. Puis t’appuies sur la poignée pour ouvrir et te glisser à l’intérieur comme t’en as l’habitude… Tu n’as même pas encore vu les propriétaires des lieux que t’es déjà en train de faire glisser les lanières de ton sac le long de tes bras après t’être débarrassée de tes écouteurs. « Fede ? Letícia ? » t’appelles sans trop savoir qui est présent, même si tu te doutes que l’homme l’est.

Tu te débarrasses de tes chaussures et les laisse traîner dans l’entrée avant de te diriger tout droit vers la cuisine où t’entends un peu de raffut. « Ciao, bello ! » Tu l’accueilles avec l’un de tes sourires bien contagieux, heureuse de le voir même s’il est certainement la personne la plus chiante (mais dans le bon sens !) que tu connaisses. Tu lâches ton sac au pied de la table de cuisine avant de t’approcher de l’homme sur la pointe des pieds pour lui embrasser la joue. « J’ai oublié mes clés et Papa est pas encore rentré, c’était soit ici… soit au CDI, et comme tu sais que je te préfère à la vieille documentaliste du collège… »

La fille de Perry venait de t’envoyer un message pour savoir si tu étais chez toi. Par chance, c’était le cas. Tu avais décidé de travailler à la maison aujourd’hui, sur des nouveaux dessins et des nouveaux flashs à proposer à tes clients. Depuis que tu avais récupéré le salon de Blanche, tu avais aussi pas mal de paperasse à faire. Mais tu étais heureux, c’était exactement ce que tu voulait après tout. Tu étais épanoui dans ta vie professionnelle mais aussi dans ta vie personnelle parce que tu étais maintenant fiancé à la femme de ta vie. Et puis le mariage se profilait vite, parce que tu ne voulais pas passer un instant loin de cette femme et que vous ne soyez pas uni pour la vie. Alors tu entendais la porte claquer de l’entrée, tu étais dans la cuisine entrain de bosser sur un dessin. Quand tu avais reçu les messages de la petite, tu avais préparé un goûter pour vous, et ça te faisait une petite pause sympathique pour toi aussi. Penny était vraiment une fille adorable et elle passait pas mal de temps avec Leti et toi. Tu sentais qu’elle était derrière toi et elle arrivait pour poser un baiser sur ta joue pour te saluer. « Tête de linotte, va ! » dis-tu en ébouriffant ses cheveux. « J’espère que j’suis mieux que la vieille dame du CDI quand même » dis-tu légèrement offusqué avant de reprendre. « Et puis j’suis sûr que la documentaliste elle a pas des cookies cachés dans son placard » dis-tu en lui montrant la boite des yeux. Tu la laissais s’assoir près de toi et tu verrouillais ta tablette pour reprendre ton dessin plus tard. C’était le moment de lever les yeux vers autre chose que cette dernière. « T’as dis à ton père que t’étais là quand même ? » demandas-tu légèrement inquiet à la brune. Même si tu savais que Perry s’en doutait, tu te devais de lui demander. Il pourrait s’inquiéter pour elle mais heureusement, elle est entre de bonnes mains dans ta maison plutôt que dans la rue à trainer avec on ne sait qui.

« Tu sais qu’une linotte, c’est juste un oiseau ? Donc que t’es en train de m’insulter d’oiseau… ? » que tu rétorques à ce surnom que t’entends pourtant bien trop souvent. Avoir une tête d’oiseau, c’est pas vraiment un compliment. Ils ont des yeux perçants parfois flippants, un bec à la forme tordue et ils mangent des trucs franchement pas appétissants… Les mains de l’ami de Perry t’ébouriffent les cheveux et te poussent à te libérer très rapidement de l’emprise du l’italien qui t’a ôté la moindre chance de ressembler à quoi que ce soit, encore plus après les rafales de vent que tu t’es prises dans la figure à l’extérieur.

Les salutations faites, tu tires l’une des chaises qui traînent autour de la table pour t’installer et te reposer un peu après ces longues minutes passées dans les rues froides et humides de Bowen. Tu pourrais être bien au chaud à la maison, mais Papa n’est pas là… et en grande tête de linotte que t’es, t’as oublié tes clés avant de partir ce matin. Si tu pouvais oublier ta tête, t’es sûre qu’ça pourrait tout autant arriver… et c’est peut-être le plus flippant dans cette histoire de tête en l’air. « Elle a plein de trucs dans son placard… mais tu vois, contrairement à toi, je sais que c’est pas forcément safe de croquer dans les trucs que n’importe quel vieux est capable de t’offrir… » Tu relies un peu ça aux coups de balais qui ne sont pas souvent passés au CDI, ainsi que toutes ces araignées que t’as déjà vu se balader sous les tables. La dame du CDI, faut lui faire autant confiance qu’aux p’tits vieux qui se baladent avec des vans blancs et des gros sachets d’bonbons ! C’est peut-être l’un des meilleurs conseils que Perry ait pu te donner, d’ailleurs.

En apercevant la fameuse boite à cookies de Fede, tu lèves les bras dans sa direction en bougeant les mains pour lui faire signe d’abouler la marchandise. Tu sors d’une longue journée de cours, tu pourrais avaler tout et n’importe quoi… Ces cookies, tu n’en feras qu’une seule bouchée. Et c’est ce que tu fais en te saisissant de la boîte pour en prendre déjà un. « Nan… nan, il s’en fout de toute façon, il est au boulot. » que tu lui réponds en machant comme un animal qui touche à de la nourriture pour la première fois après une longue hibernation.

De ton autre main, tu te saisis de ton sac à dos dont tu sors (avec un peu de difficulté) l’un de tes cahiers de cours pour le faire glisser sur la table. « Et j’ai un service à te demander… un truc super simple pour un tatoueur ! » que tu t’exclames en te saisissant d’un autre cookies alors que t’as même pas encore terminé de manger celui que t’as dans la bouche. Un devoir d’art-plastique, un travail de réalisme basé sur la reconstitution au crayon d’une photo qu’on aime beaucoup. « Et vu qu’tu me kiffes, ça va pas te déranger d’le faire sans l’dire à mon père, hein… ? » Tu lui fais les yeux doux avec ton sourire le plus mignon... Il t'résistera pas, Fede ! Personne ne te résiste.

« Exactement, sale petit oiseau ! » dis-tu en lui tirant la langue. Rapidement, elle venait te prendre dans ses bras pour te saluer et tu te contentais de lui ébouriffer les cheveux en même temps, chose qui ne lui plaisait jamais en général, mais bon tu ne pouvais pas t’en empêcher. L’adolescente prit une chaise pour s’assoir autour de la table à manger et elle t’expliquait que son choix s’était limité à toi ou à la vieille dame du CDI aigrie. Pas étonnant qu’elle ait choisi de venir chez toi. « Ouais, je comprends. Et puis, si elle a des gâteaux dans son tiroir, ils sont surement périmés depuis 5 ans » affirmas-tu à la jeune fille. C’était pas de sons souvenirs que tu avais de la vieille documentaliste quand tu étais au collège, en Sicile. Et malheureusement, elles étaient toutes pareilles dans le monde. Et puis, on va pas se le cacher, tu préfères qu’elle soit là plutôt qu’à trainer dans la rue avec n’importe qui. Tu allais chercher la boite à gâteaux dans le placard et tu lui emmenais sur la table. Tu voyais qu’elle était déjà entrain de saliver à l’idée de manger quelque chose. « T’as pas mangé aujourd’hui ou quoi ? » demandas-tu avec un rire. Puis tu posais la boite sur la table et Penny se jetait dessus pour prendre un cookie qui était à l’intérieur. Ça te faisait rire. T’en prenais un toi-aussi et tu t’asseyais à côté d’elle. Tu lui demandais si son père était au courant de sa visite. « Oui, enfin ça serait bien qu’il soit au courant quand même ! » dis-tu en prenant ton téléphone qui était dans ta poche. Tu prenais le temps d’écrire un petit message à Perry pour lui dire que sa fille était chez toi et tu rangeais ton portable. « Mâches le cookie, le gobes pas ! » dis-tu avec un rire. Puis c’est là qu’elle sortait quelque chose de son sac. Tu n’avais pas le temps de voir ce que c’était qu’elle te demandait un service, assez facile pour un tatoueur à ce qu’il paraît. « T’as besoin d’aide pour un devoir d’arts plastiques ? » demandas-tu avec un petit sourire en coin, et un regard de jugement. Tu attrapais la feuille qu’elle venait de sortir et tu lisais les consignes qui étaient écrites. En effet, c’était pas un truc compliqué pour toi qui avait fait des études d’arts appliqués. « Comment te résister ? » dis-tu en lui attrapant la joue. Tu te levais pour aller chercher tes crayons et ton nécessaire pour dessiner tu te tournais vers elle. « C’est quelle photo que tu veux dessiner ? Enfin que je dois dessiner » demandas-tu ensuite, avec un petit sourire.

« Ouais, y a un garçon qui a vomi la dernière fois en mangeant l’un d’ses bonbons, donc… vaut mieux pas tenter ! » Toi, en tout cas, t’as toujours refusé ce qu’elle pouvait bien te proposer. Avec un sourire désolateur et des yeux souvent paniqués, parce que tu sais à quel point les vieux et la bouffe, c’est du sérieux. Tu te souviens encore de l’air embarrassé de ta mamie qu’était presque déçue de pas te voir finir ton gratin d’endives au gruyère… Et en parlant de bouffe, tu rabats cette fin que tu te traînes depuis ce matin avec ces quelques cookies que Fede laisse à disposition comme le bon « tonton » qu’il est. « Nan, j’ai pas eu le temps de déjeuner ce matin… et le sandwich que Papa m’a fait paie pas de mine. » que tu lui réponds simplement sans réellement oser le lui montrer (puis de toute façon, il a terminé à la poubelle). T’aimes gratter quelques minutes de sommeil le matin et partir à la dernière minute, ce qui a souvent le don de te forcer à aller à l’école sans avaler quoi que ce soit ou au minimum un simple biscuit… Et t’es complètement cassée le reste de la journée. Alors tu te venges sur les gâteries de l’italien sans trop faire de manières. Si tu devais y faire une critique, tu lui diras qu’ils manquent peut-être un peu de sucre… mais il est l’hôte et t’es l’invitée. C’est pas des choses à faire. Puis ils sont tout de même bons !

« Je lui enverrai un message tout à l’heure, si tu veux. » Que tu lui promets sans trop le faire, avant de le voir saisir son téléphone pour le faire lui-même… Peut-être que ça le rassurera de savoir que t’es chez Fede au lieu de trainer les rues comme t’as de plus en plus l’habitude de le faire dernièrement, que ce soit avec Arthur ou Charlotte. Mais Perry ne s’inquiète pas, il te connait. T’es la fille la plus sage qu’il connaisse et t’es vraiment pas du genre à enchainer les conneries… T’es un cadeau du ciel !

Tu continues de te goinfrer sans grand gêne, les cookies s’enchainent dans ta bouche. La remarque de l’adulte te fait rire, tu n’y réponds pas et profite déjà de l’occasion pour choper ton sac et en sortir les instructions de ce devoir pour lequel tu nécessites son aide. « Ouais… un truc de dessin, tu sais ? J’ai essayé de faire un truc avec du calque, mais… » T’es mauvaise. Tu sais pas dessiner autre chose que des bonhommes bâtons, c’est la honte. Et arriver à l’école pour rendre un truc dessiné par Fede, c’est quand même vachement cool… et ça te promet une très bonne note. « … Tu peux pas. »

T’as un sourire légèrement gêné quand il t’attrape la joue comme on le ferait à n’importe quel nourrisson… Tu sors tes propres crayons mais te rends compte qu’il préfère les siens, peut-être plus professionnels. « Oublie pas que c’est moi qui suis censée l’avoir fait, donc… ‘faut surtout pas que ce soit trop parfait non plus. » lui dictes-tu en continuant de trifouiller dans ton sac, sur tes genoux.

Au final, t’en sors un petit album photo qui a pris des chocs. L’album photo que ta mère tenait quand elle était encore là. Tu le poses sur la table, fait basculer chaque page jusqu’à trouver une vieille photo sur laquelle t’étais encore une gosse, un bébé. Une photo prise à la plage avec ta mère, un beau souvenir que tu t’en veux parfois de commencer à oublier. « Je voulais, genre… essayer de mixer celle-ci avec celle-ci… » Tu glisses une photo de Perry hors du bouquin, une photo plus actuelle. T’as pas eu la chance d’avoir une photo de famille, une vraie. T’aimerais bien en avoir une. « Tu penses que c’est faisable… ? » lui demandes-tu finalement timidement avec l’un de tes plus doux sourires. « Et s’il est assez beau, tu m’le tatoueras quand j’serai majeure ! »

Penny venait de se jeter sur les gâteaux que tu avais emmené sur la table. En la voyant, tu ne pouvais pas t’empêcher de rire en lui demandant si elle ne se nourrissait pas. Tu savais que c’était faux, son père devait même surement trop lui donner à manger voir même trop la gâter. Sauf sur le sandwich de ce midi, apparemment. « Bon, manges-en autant que tu veux alors. Mais te fait pas mal au ventre non plus » dis-tu avec un léger rire. Il ne fallait pas que tu la rendes à son père avec une indigestion de chocolat ou bien parce qu’elle avait mangé trop de sablés. En parlant de Perry, tu lui demandais s’il était au courant que sa fille avait fait un détour chez toi parce qu’elle n’avait pas ses clefs pour rentrer. « Très bien » dis-tu avec un petit sourire. Tu ne voulais pas qu’il rentre et qu’il la cherche pendant des heures non plus ! La trouille que ça lui ferait. Bon, tu prenais quand même les devants en envoyant un petit texto à ton meilleur ami pour le rassurer et pour te rassurer toi aussi. « S’il finit trop tard, tu mangera avec Leti et moi et on te ramènera chez ton père, deal ? » proposas-tu à la jeune fille. Perry pourra faire surement plus de choses à son travail sachant que sa fille était entre de bonnes mains et tu savais à quel point Leti et Penny s’entendaient bien, alors il n’y avait pas de problèmes. Lorsqu’elle venait te demander de l’aide pour son devoir d’arts plastiques, ça te faisait rire. Tu n’allais pas la laisser comme ça quand même, mais c’était peut-être pas la meilleure des solutions de lui faire son devoir. Alors qu’elle t’expliquait son devoir et qu’elle te disait que tu ne pouvais pas le faire, tu pris une mine faussement offusquée. « Comment ça je peux pas ? Je peux tout faire ma p’tite » dis-tu fièrement. Bon, peut-être que tu ne pourrai vraiment pas mais tu ne voulais pas faire de mal à ton égo pour l’instant. Tu vas chercher ton matériel pour dessiner même si la jeune Peach te donne les siens. T’es plus à l’aise avec les tiens. « Ok, donc faut pas que j’y mette toute ma volonté non plus » dis-tu en hochant la tête. Tu attendais patiemment qu’elle te montre la photo que tu devais reproduire pour son devoir. Tu voyais qu’elle sortait une photo de sa maman et d’elle quand elle était enfant, tu trouvais ça tellement adorable. Et puis elle te demandait d’ajouter Perry sur la photo. « Oui j’peux te le faire. Si tu veux, j’te fais la version pas ouf pour ton devoir, pour que ça soit toi qui l’ai fait et que ta prof dise rien. Et pour toi, j’te fais un vrai beau dessin que tu pourra garder. Ça te va ? » proposas-tu à la petite. Tu allais lui faire le dessin du devoir de suite, mais l’autre prendrait plus de temps parce qu’il sera plus travaillé. Mais c’était un cadeau que t’avais envie de lui faire. « Alors ça, j’suis pas sûr que ton père soir d’accord » dis-tu avec une léger rire quand elle te proposa de lui tatouer si le dessin est beau et bien fait.