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C’était peut-être un peu tôt pour poster des petites annonces. Pour se trouver du personnel. Mais Devan voulait faire les choses bien, il ne voulait pas trouver son équipe au dernier moment. Son restaurant n’ouvrirait pas avant quelques mois, et ça lui permettait d’être exigeant, mais aussi de donner la chance à des gens qui n’ont peut-être pas le profil recherché de base. Aujourd’hui, n’importe qui pouvait suivre une formation. Ce qu’il recherchait ce n’était pas forcément l’expérience, mais plutôt la motivation et l’envie. Devan savait ce que c’était que de faire un boulot qu’on n’aimait pas. Et il ne voulait pas d’une ambiance pareille dans son restaurant. Bon, il ne serait pas un patron toujours facile, mais il n’avait pas non plus envie de ressembler à un tyran. En fait, il prenait pour modèle son ancien patron. Celui-là même qui lui avait fait confiance malgré son passé, qui l’avait cru quand on l’avait accusé à tort d’avoir volé la caisse du restaurant. Alors il ne voulait pas forcément quelqu’un de surdiplômé. Simplement quelqu’un à qu’il pouvait faire confiance. Et pour le reste, ça s’apprenait. C’était peut-être une erreur, peut-être qu’il fonçait droit dans un mur en agissant ainsi. Mais il avait été gay et délinquant, la différence, la discrimination, tout ça il connaissait. Bon, cela dit, il ne pourrait pas se permettre d’être aussi laxiste sur les formations des cuisiniers. A ce niveau-là, il voulait vraiment de l’expérience, un savoir-faire qu’ils pourraient apporter au restaurant – quitte à l’améliorer par la suite.

Il avait déjà reçu pas mal de candidatures pour le poste de comptable. Devan ne savait pas trop qui choisir alors il avait organisé des entretiens. Aujourd’hui, il recevait un candidat qui l’intéressait tout particulièrement. Un de ceux qui n’avait pas la formation adéquate certes, mais qui était prêt à apprendre et qui avait tout l’air d’un battant. Devan ne savait pas encore s’il allait l’embaucher ou non mais il avait hâte de le recevoir dans les locaux dont l’aménagement était en bonne voie.

Enea & Devan

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Désespéré, c'était l'état d'esprit d'Enea en envoyant sa candidature à un patron qui cherchait du personnel pour son restaurant qui allait bientôt ouvrir. Il ne pensait pas ce jour-là, que sa candidature allait être retenue. Il avait promis qu'il allait faire une formation dans le milieu de la comptabilité afin d'être apte pour le poste. Ses parents ont acceptés de payer la formation, ces derniers étant heureux qu'il puisse enfin passer un entretient sans qu'il se fasse jeter comme une vieille chaussette lorsque les autres patrons lisent qu'il est handicapé. C'est un battant, Enea. Jamais il ne lâchera l'affaire aussi facilement, s'il doit passer nuits et jours pour réussir la formation, il le fera. Il veut travailler, c'est un besoin mental et aussi une façon d'avancer dans sa vie monotone. Si ça peut également l'aider à accepter son handicap, ce serait parfait. En partant pour l'entretient, ses parents ont posés énormément de questions concernant le job. Est-ce qu'il est sûr de lui ? Est-ce une bonne idée ? Enea ne sait pas, mais il fonce tête baissée. Quitte à se faire recaler, il aura tenté sa chance. Il ne met pas longtemps avant d'arriver aux locaux du futur restaurant. Ces regards, dans la rue, il déteste ça. Ces gens qui essaient de l'aider, ça l'horripile. Il refuse systématiquement, affirmant pouvoir se débrouiller seul, sans aides, malgré qu'il galère. Ouvrant la porte, il rentre dans le bâtiment puis cherche du regard le patron du restaurant. Il pousse les roues de son fauteuil pour s'avancer vers un homme, il déglutit légèrement, ressentant une petite peur au fond de lui. « Excusez-moi ! » affirme-t-il en premier temps. « Savez-vous où se trouve monsieur Matthews ? Je-... Hum, je suis ici pour... le poste de comptable... » une pointe traverse son cœur, quelle horreur ! C'est plus difficile que ce qu'il pensait, il se sent si vulnérable. Et si l'homme qu'il avait interpellé allait se foutre de sa gueule ? Il ne sait pas, mais maintenant que c'est fait il n'y a plus de retour-arrière.  

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Devan était trop occupé avec ses papiers pour entendre qu’on entrait dans le restaurant. Il ne releva la tête que lorsqu’il entendit une voix l’interpeller, quelqu’un qui cherchait à parler à Monsieur Matthews. Devan eut un petit sourire. Monsieur Matthews. Il aimait plutôt ça. Ca faisait un drôle d’effet d’être le patron, c’était assez cool en fait. Si on mettait de côté tout le stress qu’il pouvait ressentir de par ce rôle bien sûr. « C’est moi ! Devan Matthews. Vous devez être Enea c’est ça ? » Une forte envie de le tutoyer, parce que Devan ne voulait pas être ce genre de patron hyper strict qui ne se permettait aucune familiarité. Lui il voulait une bonne ambiance, que tout le monde se soutienne et s’entende. C’était sûrement trop idyllique… Tout comme le fait d’engager quelqu’un qui n’y connaissait rien. Peut-être qu’il allait droit dans le mur mais il tenait absolument à se démarquer, parce que des restaurants il y en avait déjà plein. « Enchanté ! » Il lui tendit la main, toujours souriant pour le pousser à se détendre. Le pauvre devait être stressé, ce qui était totalement normal car se présenter pour un poste alors qu’on n’avait pas les compétences, c’était sacrément osé. Et c’est ce qui plaisait à Devan. Il se releva pour aller derrière le bar et lui offrir un verre d’eau. Ce n’était pas grand-chose, il y avait encore des travaux à faire par ici mais c’était histoire de l’accueillir un peu correctement. « C’est la première fois que je fais passer un entretien… Je vous avoue que c’est assez satisfaisant d’être de ce côté ! Alors… Je crois que je vais vous laisser commencer par une rapide présentation, votre parcours, pourquoi vous avez postulé pour ce poste. »