i can feel your vibrations, your energy’s out of control (chaz)

Elle a de la chance. Je suis encore là, à lui parler. Parce que mine de rien, j'ai une putain de fierté. Heureusement pour elle, elle est en couple avec une autre femme. Si ça avait été un mec, je me serais tiré, sans me retourner. Le fait que ce soit une femme me donne toujours un petit espoir. C'est con mais c'est comme ça. Je me raccroche à l'idée qu'elle préfère les frites aux moules. La patate aux mollusques. Pour ma part, c'est l'inverse et elle le sait. Je suis accroc aux moules. Pour moi, elle est une huître, perlée. Le genre d'animal rare qu'on ne croise pas assez de fois dans sa vie pour s'en défaire facilement. Perdu dans mes pensées, je la complimente. C'est involontaire mais si naturel que je me surprends tout seul. Je me dois de me justifier, en vain. Elle est assez intelligente pour me cerner. Savoir que ce n'est pas des paroles en l'air. « Ce n'est plus à moi d't'en faire. » C'est vrai, et logique. Öz est beaucoup mieux placée, à présent. Un peu trop bien placée, selon moi. J'enchaîne avec la carte de l'indifférence. Bonne pioche. Est-ce que je vais avoir le cœur à aller chasser ailleurs ? Franchement, je pense pas. Rester sur une défaite, c'est la meilleure chose qui puisse m'arriver, ce soir. Toutefois, je lui fais croire. Je teste encore ses réactions. Et ça matche. Sa deuxième remarque me fait rire, et me fait tilt. Une brune. Pourquoi pas. Ça me permettrait de l'oublier et de passer à autre chose. Je suis pas du genre à m’apitoyer sur mon sort. Je me connais, et elle aussi. Je sais que si on prend nos distances, je vais finir par l'oublier. « Une rousse... ou une métisse, ouais, ça peut l'faire ! » C'est plus pour moi que pour elle. Je bois une énième gorgée et je me tourne vers elle. Le temps des retrouvailles fut court, mais intense. « J'me tire. » lui lâchais-je en reposant le verre sur le bord de ma lèvre. « Promis, j'te ferai pas l'honneur d'te présenter la remplaçante. » Je finis par me lever et je pose ma main sur son épaule en approchant ma bouche de son oreille. Les mots qui suivent ressemblent à un murmure. « Et j'te souhaite pas non plus beaucoup de bonheur ! » Un petit baiser à côté de l'oreille et je me détache, définitivement. Dans ma tête, c'est plutôt clair. J'ai cerné quelques failles mais pas assez pour pouvoir insister et espérer un résultat. Je passe mon tour. Mes doigts sont déjà mordus. C'est trop tard pour regretter. Je me dirige vers la sortie. Je ne chasserai pas ici, ni ailleurs. Je rentre.