Mi casa es su casa

Après que Blue lui soit tombée dessus au parc, Kaï s'était refait une santé en une semaine. Il s'était même rasé, sachant que son ex qui comptait toujours pour lui, non, qui comptait vraiment pour lui maintenant, n'aimait selon lui pas spécialement sa barbe. Se voir dans la glace sans sa pilosité faciale lui avait fait un choc tellement ça le rajeunissait. Il avait l'air d'avoir au moins dix ans de moins. Il faisait un effort … Le jeune homme pouvait aussi enfin se reposer vu que sa peine avait pris un terme subitement après le départ de Blue. C'était un coup de main d'une pote. Kaï n'avait pas énormément de filles potes. Rectification, Kaï n'avait qu'une fille pote. Celle qui lui avait tiré cette épine du pied. Or, tout a un prix.

*Keskispasse ? C'la fin du monde ?*

Ce matin, c'était le matin du grand jour, celui où Kaï avait invité Blue pour le dîner du soir. Il avait fait le ménage chez lui, du moins il avait essayé. Bonne volonté, tout ça. En tout cas, pas un détritus en vue, un exploit. Il devait être sept heures quand un bruit d'eau le réveillait. Quelqu'un se douchait … Chez lui … Pendant un moment, il se demandait où il était avant de réaliser qu'il avait couché sur le divan du salon. Pourquoi aurait-il fait ça ? Il s'étirait et s'asseyait en se grattant la barbe, du moins les quelques poils qui avaient repoussé dans la nuit. Il tentait de rassembler ses pensée éparses quand une tornade vêtue d'une de ses chemises et à priori de rien d'autre faisait irruption dans le salon en direction de la cuisine américaine.

J'aime bien pioncer dans le lit des autres. Puis alors, tout me va, je suis une pionceuse tout terrain, oui, ça se dit. Du matelas mou, dur, moyen, du mémoire de forme ou du futon, tout me va. Ok, j'ai tendance à m'envoyer en l'air mon hôte ou mon hôtesse mais pas toujours non plus. Genre pas avec Kaï. C'est un pote. D'ailleurs, c'est un peu de la discrimination parce que j'ai tendance à coucher avec mes copines, amicalement pour ne pas dire sportivement. Sauf Lin parce que c'est pas vraiment une copine. Je lui fais risette mais je la déteste. Enfin bref ! J'ai pondu un bon article récemment et j'ai aidé Kaï alors je squatte chez lui. J'ai pioncé dans son lit, c'normal après tout ! Je me lève de bonne heure et je me douche. Ca a l'air propre chez lui mais je me méfie ! Gratter sous la surface, c'est le taff de tout bon journaliste qui se respecte alors je vais gratter. Je sors de la douche, m'essuie avec une serviette propre ? C'est louche tout ça, puis j'enfile une chemise de mon hôte et je passe en trombe devant lui.
"Kaï, debout feignasse ! J'vais faire le kawa, il faut tout faire ici !"
Oui, je me marre. Moi sans gêne ? Si peu ! Après tout, c'est lui qui m'a dit que chez lui, c'était chez moi. Je prépare donc le café et bientôt son arôme embaume la piaule. Miam, il y a même des croissants, je prends. Ils étaient plus ou moins planqués mais rien ne reste caché avec moi. Je me pose à coté sur le divan et allume la téloche pendant que Kaï occupe à son tour la salle de bains. Je mate les news, c'mon boulot de me tenir au courant. Je trempe le croissant dans le café en écoutant la télé d'une oreille et en lisant le journal d'une autre. Rubrique, les potins, les rumeurs.
"Oh tiens, une rumeur sur Aslander, un pote. Sa sœur voudrait se le taper, ho les mauvaises langues, il a un beau petit cul mais c'pas le genre de sa sœur, l'inceste."
Merde, quelques gouttes de café sur le canapé, il est noir, ça se verra pas.
"T'étonne pas si y a bientôt une rumeur sur ta réconciliation avec Blue. Tu me la présenteras hein. Non, pas de plan à trois, pas avec toi en tout cas."
Je dis ça en rigolant mais c'est sûrement une hétéro coincée du cul, Kaï n'a jamais fréquenté que ça, quel gâchis ! C'tout de même moins dur de convertir une fille hétéro qu'un mec hétéro.
"Tiens, on parle du scandale des travaux d’intérêt général à Bowen. Ton vieux est bien impliqué. On va le faire casquer, ton compte en banque sera joasse. T'inquiète, je prendrai mon pourcentage. Les bons comptes tout ça, les bons amis tout ça tout ça. Y a même ta photo au journal télé, t'as moins une tête de cul en photo."
Je rigole mais c'est pour le faire venir fissa.
"Je t'ai apporté une tasse de kawa et un croissant. Si je suis pas une invitée de marque."
Que je conclue sur un ton volontairement guindé. Un croissant pour lui, trois pour moi, tout à fait équitable ! En disant ça, je découvre d'un regard avisé les placards intégrés dans les murs. Quelque chose me dit qu'ils sont pleins à craquer !

La tornade Mei allait donc faire du café. Kaï avait du mal à réfléchir alors il plongeait sous la douche. A cause de l'eau, il manquait une partie des paroles de sa pote, les captant à partir de "… En tout cas".

"C'pas faux."

Ca ne devait pas être important. Kaï enfilait un caleçon, puis un jean et un t-shirt noirs et il entendait la jeune femme évoquer le "scandale", rho tout de suite les grands mots et il ne se précipitait pas quand elle évoquait sa photo éventuelle, sachant qu'elle exagérait. Comment ça son père impliqué ? Comment ça lui soutirer des sous ? Comment ça un pourcentage ? Sa pote était vraiment un phénomène.

"Invitée de marque, je suis pas sur que ce soit la bonne formule."

Le jeune homme se rasait rapidement avant de venir avaler le café dans le salon, grimaçant en voyant les croissants. Il les avait prévus pour Blue et lui, comment les avait-elle trouvés ? Les miettes, sûrement les miettes. Cette donzelle avait un don pour dénicher ce qu'on cachait. Puis il grimaçait encore plus en la voyant si peu vêtue.

"J'attends Blue ce soir mais je la connais, elle peut débarquer à tout moment. Si tu pouvais t'habiller vraiment. Moi même je te trouve ambiguë alors … En plus regarde, j'ai mis du rangement comme jamais alors ça serait bien que tu sabotes pas mon grand soir avec ma chérie."

Kaï se demandait s'il rendrait service à Maddox s'il lui présentait Mei. Bah, au pire ils s'enverraient en l'air, ça leur changerait les idées. En tout cas, à son ami, certainement !

J'écoute Kaï me faire son speech de "monsieur propre". Il y a anguille sous roche mais la vérité éclatera au grand jour et je sens que je n'aurai pas à gratter beaucoup ! Je me lève en faisant à peine relever la chemise et je vais me changer dans sa chambre.
"Gaffe Kaï, tu t'embourgeoises. Bientôt le chien et les ballades en cheval le dimanche."
Si ça se trouve, sa chérie a les deux. Je reviens vêtue d'un bas de survêt' et d'un débardeur, puis j'ouvre les placards un par un avec un grand sourire sadique. Un par par un, ils vomissent toutes les affaires qu'il a entassées pêle-mêle pour donner l'illusion du rangement.
"Tu as quel âge Kaï ? Cinq ans ? Et si tu avais un tapis, tu cacherais la poussière dessous ? Ok, sors un grand sac poubelle, je vais t'aider à faire le tri dans toutes ces saletés. Plutôt deux grands sacs ! Tu gardes un réveil cassé ! Sérieux ?"
Dis-je en voyant les choses qui se sont déversées un peu partout. Je noue un carré de tissu avec un crane de pirate très design et m'en fais un bandana. C'est la guerre mon colonel ! Je retrousse mes manches au sens figuré parce ce que je n'ai pas de manches et me voilà prête à rendre cet endroit vraiment impeccable. Ok, je vais surtout superviser mais que ne ferais-je pas pour mon pote !

Kaï rigolait quand Mei lui parlait sans le savoir du chien de Blue et de sa passion pour l'équitation. S'embourgeoiser, il y avait encore de la marge. Elle revenait plus habillée et le sourire amical du jeune homme devenait une grimace quand sa pote dispersait toute la parodie de rangement qu'il s'était donné tant de mal à camoufler. Sur le moment, il avait envie de lui tordre amicalement le cou mais deux éléments l'en empêchaient.

D'une, Mei allait l'aider à ranger vraiment. Ca c'était une amie.
De deux, Blue aurait fatalement découvert le pot aux roses et elle lui en aurait probablement voulu.
Et trois, Mei était une amie. Oui, ben ça faisait trois, pas deux.

"Et alors ? Et si j'arrive un jour à le réparer ? Qu'on invente dans dix ans une colle magique qui le recolle."

Le jeune homme allait chercher deux grands sacs poubelle et fatalement, le réveil matin cassé finissait dedans, comme le punching-ball éventré irrécupérable qu'il gardait au cas ou et plein d'autres merdouilles. Résultat des courses, trois sacs remplis que Kaï allait jeter dans la grande poubelle au bout de la rue, en deux fois, il n'avait que deux bras pendant que Mei regardait sa décoration avec un air qui ne lui disait rien de bon.

"Tu touches pas à mes sacs de frappe, ils sont placés strat … Strat … ils sont bien à leur place là où il faut."

En somme, ils occupaient chaque coin de sa maison, comme ça il pouvait de défouler dessus où qu'il se trouve chez lui, ce qui avait évidemment ses avantages mais aussi ses inconvénients.

Je passe l'aspirateur pendant que Kaï va jeter les sacs, parce que ces saletés étaient aussi poussiéreuses. Mais pas seulement ! Quand il revient après ces trois trajets finalement, j'affiche mon sourire le plus sadique.
"Trop. Tard."
Puis je continue et lui montre LA pièce.
"J'ai tout mis dans une salle de sport, tu fais trois mètres et tu peux cogner tes sacs. Pense à ta chérie. Tu as l'air de faire un caprice quand tu tapes à n'importe quel moment. Ou d'un fou furieux. Puis on laisse de la place à ta moitié, pour qu'elle y laisse ses affaire si elle veut. T'as vraiment rien dans le crâne. Tiens moi ça."
Je désigne un sac de frappe et envoie quelques directs bien sentis dedans. Lui doit les sentir. C'est bien ce que je pensais.
"Tu t'es ramolli, une vraie guimauve."
Je le chahute un peu le Kaï mais je l'aime bien, c'est pour ça que je le chahute un peu sinon je m'en foutrais. En attendant, sa maison ressemble vraiment à quelque chose, son ex moins peut-être bientôt le mot ex devrait aimer. Me voila Cupidon, si ça continue je vais aussi gérer le courrier du cœur. Ouais …. Non. Vraiment, sans façon. On fait le tour de la baraque, c'est rapide.
"Ben voilà, c'est devenu viable. Et ne mets pas la zic à fond quand tu la reçois, ça donne l'impression que tu t'en fous de ce qu'elle te dit."
Je me permets parce qu'il m'a demandé le jour où je lui ai tiré cette épine du pied. Il avait l'air d'une vraie loque. Ah ces mecs ! Ils jouent les durs mais ils sont si fragiles !

Quand Kaï découvrait que Mei avait viré ses sacs de frappe, il se disait d'abord qu'elle était vraiment culottée mais ce qu'elle disait est vrai. Et puis il ne contrarierait pas une copine capable de l'étaler d'une droite ! Par peur non mais recevoir Blue avec un œil au beurre noir, ça ne le ferait pas ! Et puis elle avait raison, c'était cool d'avoir une pièce dédiée au sport. Sans oublier le fait qu'il ressentait chacune de ses frappes jusqu'aux tréfonds de ses os, et sa chair tremblote en effet comme de la guimauve à chaque impact ! Ca ne rigolait pas avec Mei.

"Je me remets sérieusement à la muscu et je te plierai au bras de fer."

Ca, c'était loin d'être gagné, même au top de sa forme ! Puis il écoutait ses conseils sur la musique, sur son volume. Quoi, ne dit-on pas que la musique adoucit les mœurs ? Là encore, c'était pourtant bien vu. Ils pourraient toujours augmenter le volume s'ils écoutaient vraiment une chanson, pas en musique d'ambiance qui empêcherait blue de s'exprimer et elle en aurait sûrement besoin. Kaï répondait néanmoins à Mei sur un ton un rien sardonique comme pour défendre son ego :

"Ouais c'est ça, tu ne veux pas me donner des conseils sur la sexualité pendant que tu y es ? Je débute … Sérieusement, je devrais mettre des bougies, une musique romantique, tout ça ?"

Sous ses airs de squatteuse sans gêne, son amie était là pour l'aider et c'était cool mais pourvu qu'ils ne se bagarrent pas ! Surtout parce que la jeune femme gagnerait !

Je souris en entendant le défi de Kaï. Mais bien sur ! Et puis elle est excellente mon idée et il le reconnaît. Mon sourire s'élargit quand mon pote défend qu'il n'a pas besoin de conseil en sexualité puis me parle de quelque chose dont il ignore tout : Le romantisme.
"Si tu savais, tu pourrais être surpris ! Et les bougies, vraiment, je te conseille plutôt de rester toi-même. Une musique d'ambiance douce à la rigueur mais pas soporifique non plus. Reste toi-même ou elle va penser que tu souffre d'un dédoublement de personnalité."
Je le regarde attentivement avant de poursuivre :
"Il te manque deux choses pour être à peu près comestible. Des fringues adéquates et le truc le plus dur à atteindre : L'équilibre entre le bon gars et le mec mauvais."
Je passe la demi-heure suivante à lui faire essayer toutes sortes de fringues. Il y en a qu'elle a du lui acheter et qu'il n'a jamais mis. On tombe d'accord sur une tenue estivale, pas trop décontractée, pas guindée non plus.
"C'est pas mal, on peut donc passer à la dernière étape. Tu dois rester en partie toi-même parce qu'il y a forcément quelque chose de toi qu'elle aime. Une belle gueule de rebelle, un air impertinent, ce petit quelque chose d'irrespect qui attire les filles et tu y ajoutes une dose de cœur, d'écoute. Tu l'écoutes et tu lui balances des piques mais pas pour te moquer, pour l'aider. En gros, tu la chahutes mais tu tiens à elle. Et la tendresse bordel ! Des sentiments, c'est pas que pour les homosexuels. Et évidemment ne lui force pas la main pour le sexe, ça doit venir d'elle. Ce soir, demain, dans une semaine, laisse-lui le temps. Si elle refuse, tu la perdras pour un long moment. Si elle accepte sans le désirer, tu la perdras pour toujours."
Un Kaï averti en vaut deux !
"Compris ?"
Que je conclue volontairement nez à nez avec lui en lui faisant les "gros yeux".

HJ:

La rousse tournait dans ce foutu appartement, ses colocataires étaient tous de sortit et elle avait refusée de les suivre, comme une idiote. Elle devait retrouver Kaï le soir, mais elle aurait eut largement le temps de passer l'après midi avec eux. En y repensant, elle avait débarqué chez son ex à l'improviste plus d'une fois.

Actuellement, elle hésitait. Soit il avait vraiment changer, soit elle rentrerait encore une fois dans un appartement qui puait la mort et lui aussi d'ailleurs. Elle soupira, au pire, elle était habituée.

Elle finit par se préparer sans oublier son fameux rouge à lèvre rouge habituel et prendre la direction de la maison de son idiot d'ex petit ami. Sur la route elle se demandait bien pourquoi est ce qu'elle voulait tellement lui redonner une chance ? Est ce que c'était une bonne idée ? Elle allait tellement décevoir certains de ses proches. Mais en même temps, ils ne lui souhaitaient que son bonheur donc c'était un peu contradictoire si son bonheur à elle c'était Kaï.

Arrivée devant la maison, elle prit une grande inspiration avant de sonner. Elle ne savait pas comment il allait le prendre qu'elle vienne plutôt. Elle espérait au fond d'elle même que cela ce passe bien, elle n'avait aucune envie qu'il gâche tout encore une fois. Au fond, elle voulait vraiment y croire. Elle jouait avec ses mèches de cheveux, attendant que le brun daigne de bien vouloir lui ouvrir. Stressée ? Peut être un peu oui. Après tout, c'était la dernière chance du jeune homme. Au moindre faux pas, il n'y aurait plus de retour en arrière.

Mei préférait que Kaï reste lui-même. Ok, il n'était pas romantique mais on ne se refait pas, elle avait donc encore raison. Il grimaçait quand son amie lui disait que Blue penserait qu'il souffrait d'un dédoublement de la personnalité s'il ne restait pas lui-même. Elle l'avait non seulement pensé mais envoyé à la figure alors il vaudrait mieux en effet que ça n'empire pas !

"Comment ça, comestible ? Oh !"

Evidemment il n'avait rien compris à la remarque de Mei, il y voyait une allusion sexuelle. Il essayait ensuite plein de tenues en ayant l'impression que sa pote s'amusait un petit peu à ses dépens. Elle était comme ça et on se refait pas. Kaï ne savait même pas qu'il avait autant d'habits dans sa penderie, il avait l'habitude de tourner sur deux-trois vêtements. Blue avait du être déçue qu'il ne porte pas ce qu'elle avait acheté avec lui, à l'époque.

"Comment tu me cernes trop bien toi !"

Mei le connaissait trop bien, c'en était effrayant mais pas tant que son regard quand elle concluait ses conseils.

"Ouais, je crois. Merci Mei. T'es cool."

C'est là que quelqu'un sonnait à la porte. Or, Kaï n'attendait la visite de Blue mais plus tard.

"Ca ne peut pas être Blue mais si c'est elle, je te la présente."

Il la regardait un bref instant, que Blue la voit chez lui ne le dérangeait pas mais sa pote avait bien fait de remettre ses habits de ville avant les essayages, trainer en survet' aurait fait mauvais genre. Kaï ouvrait la porte et souriait en voyant blue.

"Salut ! Je ne m'attendais pas à ce que tu viennes aussi tôt mais entre, je t'en prie. Welcome home."

Le jeune homme se retentait d'embrasser la belle rousse de justesse parce que quelque soit l'endroit du visage qu'il viserait, il atteindrait fatalement ses lèvres.

"Comment vas-tu ? Tu dois noter comme un changement, j'ai été aidé par une amie il faut dire. Je te la présente."

Ils arrivaient dans le salon où Mei était adossé au comptoir de la cuisine et regardait ses emails.

"Blue, Mei. Mei, Blue."

Mei étant ce qu'elle était, imprévisible, Kaï redoutait un peu sa réaction mais elle ne ferait rien contre son pote, n'est-ce pas ? N'est-ce pas ?

Kaï est content, y a intérêt avec le mal que je me suis donnée pour lui ! Puis on sonne, c'est Blue. Alors ça, c'est génial ! Une bonne surprise ! Premier point positif, mon pote n'a pas honte de ma présence ici. Deuxième point positif, je suis sur le point de rencontrer sa chérie, son âme sœur. Je serais partie avant l'heure du rendez-vous galant mais je suis trop contente qu'elle soit venue plus tôt. Je regarde mes emails quand ils arrivent et Kaï nous présente à sa façon donc mal !
"Halala, même pas un petit mot gentil sur elle et sur moi, il faudrait revoir toute ton éducation."
Je relève alors les yeux de mon écran, je la vois et je retiens un sifflet d'admiration. Education oblige. Surtout, je ne siffle pas une hétéro pure jus parce que soit ça la gêne, soit ça la contrarie, soit les deux, ça la gêne et ça la contrarie. Je l'ai déjà vue en photo mais en vrai, elle en jette. Ca ne m'étonne pas que Kaï se plie en quatre pour ses beaux yeux.
"Salut Blue !"
Je lui colle quatre bises sonores sur les joues, deux sur chaque joue, ça c'est du calcul mental, avant de lui faire un clin d’œil malicieux.
"Je me présente un peu mieux que lui. Mei Li Lilov, journaleuse. Kaï est un pote, il m'a beaucoup parlé de toi et je me doute, lui pas du tout, le petit cachottier. Tu aimes la nouvelle déco ? Tu prendras un verre ? C'est Kaï qui offre. Y a du coca et du coca."
Je regarde Blue toujours aussi amicalement pour ne pas le mettre mal à l'aise, elle ne s'attendait certainement pas à tomber sur un phénomène comme moi. L'air de rien, je suis bien sur avide de la moindre de ses réactions !

La rousse sourit malgré elle quand le brun finit par lui ouvrir. Elle lui fit tout de même un léger baiser sur la joue. Après tout il s'était rasé pour une fois, elle pouvait bien en profiter. Elle fronça les sourcils légèrement quand il mentionna une amie mais s'avançait dans l'appartement incroyablement propre sans dire un mot. C'est... propre ? dit-elle étonné et un peu sur la réserve, chez Kaï amie rimait souvent avec plan cul mais, peut être que cette fois ci elle se trompait ? Je vais bien, t'as l'air d'aller mieux. répondit-elle simplement. Il la présenta alors à son amie. Enchantée Mei. dit-elle en souriant. Non en effet, il ne m'a jamais parlé de toi. Elle avait un peu de mal à suivre la jeune femme qui était beaucoup trop énergique pour elle. Elle se demandait bien comment Kaï pouvait supporter une boule d'énergie comme elle. Oui je veux bien un verre si c'est lui qui sert. dit-elle en riant. Il m'a jamais rien servit alors j'en profite. ajouta-t-elle en lançant un regard au brun. Il fallait bien qu'elle le taquine un minimum après tout. Après tout ce qu'il lui avait fait subir elle avait bien le droit à ça. Et puis, qui aime bien châtie bien parait-il.

Kaï appréciait le baiser de Blue sur sa joue et le lui rendait, sur la joue aussi. La jeune femme n'avait plus l'air de le détester, c'était un bon début. Elle s'étonnait de la propreté de sa maison, heureusement qu'il n'avait pas camouflé la saleté finalement.

"C'est grâce à toi si je vais mieux."

Avait-il répondu avant de présenter les deux jeunes femmes … Sommairement en effet !

"Jamais ? Si, je t'ai parlée d'elle, quand je disais la tornade allait revenir à Bowen, je parlais de Mei, elle est bien plus ravageuse qu'une vraie tornade. Tournée de coca, bien sur que je vous sers, installez vous sur le canapé, je reviens tout de suite."

Blue jouait visiblement avec lui et Kaï se demandait ce qu'elle lui préparait pour la suite. Surtout, il se disait que Mei n'allait pas rester très longtemps du coup. Il la voyait mal tenir la chandelle, ou le chandelier … Le problème, c'est que le jeune homme allait préparer le repas et que du coup, avec l'arrivée de Blue un peu plus tôt que prévue, il ne l'avait pas encore cuisiné. Alors sa pote pourrait papoter avec Blue le temps qu'il s'active en cuisine.

"Voila. Bien frais."

Disait-il en posant un plateau avec trois verres de soda sur la table basse en face d'elles avant de s'asseoir à coté de Blue.

"Je ne reconnais pas ma baraque. Les sacs de frappe me manquent mais il paraît que ça fait fou furieux d'en placer dans tous les coins."

Disait-il en regardant brièvement Mei par dessus l'épaule de Blue, attendant qu'elles se servent avant de vouer à sa belle son regard séducteur.

"Tu es plus canon que jamais. Tu es plus une bombe que jamais. A coté de toi, Atomic Blonde, c'est un pétard mouillé."

Kaï ou comment en faire des tonnes sans même s'en rendre compte.

Je note que Blue est un peu sur la défensive en me rencontrant. Evidemment, j'aurais du y penser. Kaï a sauté amicalement la plupart de ses "amies" alors une véritable pote qu'il ne touche pas, ça doit lui sembler surnaturel. On lui dirait qu'Elvis serait toujours en vie et qu'il serait en tournée sur Alpha du Centaure avec Marylin Monroe, elle y croirait sans doute plus !
"Fais donc ça mon pote. Quoi, jamais servie ? Et pas de petit dej' au lit ? Pas de petits cadeaux à l'improviste, d'anniversaires fêtés pour des moments qui te tiennent à cœur ? Les mecs, je te jure."
Je note dans un coin de ma tête la date d'aujourd'hui, c'est le jour de ma rencontre amicale avec Blue. Je ne la drague pas, d'abord pour Kaï et aussi parce que je me prendrais un râteau, je sens ce genre de choses. Je m'assois à coté d'elle sur le canapé, de sorte qu'elle est entre Kaï et moi. Je prends mon verre mais je ne trempe pas encore mes lèvres dedans parce que je sens que je vais m'étouffer d'ici très peu de temps en entendant "le mâle dans toute sa splendeur". Or, un reflux de coca dans les narines est tout sauf agréable. C'est même très désagréable ! Et en effet, ça ne coupe pas. Je passe sur la décoration qui n'est vraiment pas le fort de Kaï et je m'étrangle à moitié quand il tente un compliment que je trouve lourd, mais lourd ! Citer un tel navet caviardé de séquences imposées semblant sorties tout droit de l’imagination d’un ado pas franchement maître de ses montées d’hormones, quelle maladresse !
"L'Enfer est pavé de bonnes intentions mais après on se demande pourquoi il y a tant de femmes déçues par les mecs. On trinque ?"
Je propose en levant mon verre.