Mi casa es su casa

En voyant la tête que faisaient Mei et Blue, Kaï comprenait qu'il avait une boulette pas une petite. Son ex le prenait bien au final mais lui il se sentait un peu ridicule et il n'aimait pas ça. Il voulait traiter les femmes comme des égales et pour un macho comme lui, ce n'était pas facile. Il ne faisait pas ça uniquement pour coucher à nouveau avec sa belle mais pour tisser des liens plus profonds, plus durables avec elle. Au final, il ne savait pas trop comment se comporter avec une femme à part en lui servant de son baratin pour la draguer, pour l'enfumer en quelque sorte et se la faire. Elevé sans l'amour d'une mère, sans exemple de couples autour de lui, les premiers rapports entre hommes et femmes qu'il avait vu, c'étaient dans des films porno. Tu parles d'un exemple !

"Ben je connais ton anniversaire … Ok ce n'est pas ça."

Il comprenait qu'elle parlait de détails comme le jour de leur première rencontre, le jour de leur premier dîner en tête à tête, celui où ils avaient fait un vœu en voyant passer une étoile filante ou le premier black friday qu'ils avaient passé ensemble et qui faisait passer le débarquement en Normandie pour une promenade de santé. Evidemment, il n'avait aucun souvenir de ces dates mais ça comptait pour les femmes. D'ailleurs, Kaï regardait alors Mei avec suspicion et ne répondait pas tout de suite à la question de Blue.

"Trinquons parce que là, y a que moi qui trinque, haha."

Faisait-il comme s'il le prenait avec humour mais après tout, encore une fois Blue et même sa pote pouvaient bien se défouler sur lui.

"Ce que tu me trouves ? Je suis un beau gosse, j'ai un charme fou et je passe les détails coquins. Au final, c'était peu quand on était ensemble mais je désire tout faire pour que tu sois heureuse cette fois. Sinon Mei, c'est vraiment sympas de m'avoir aidé mais tu ne serais pas en train de faire du gringue à ma chérie avec ton si léger cassage des hommes ? Non parce que je te le dis amicalement, tu es ma pote mais t'es pas son genre. D'abord tu dois déjà l'épuiser avec ta vitalité. Moi je m'y suis fait mais au début, tu me donnais le tournis ! Et là ce n'est rien, c'est comme si tu étais en stand-by mais quand tu "exploses", une bombe H c'est un pétard mouillé à coté. Blue a un tempérament de feu mais vous êtes tellement différentes ! Et puis pardonne-moi si je me trompe, Mei mais je te connais, même quand tu ne dragues pas les jolies filles, tu les dragues quand même inconsciemment et Blue est une hétéro pure jus, un éléphant aurait plus de chances de passer par le chas d'une aiguille que toi de … De l'embrasser sur la bouche."

C'était osé, un baiser sur la bouche. Le jeune homme réalisait alors qu'il venait une nouvelle fois de de tourner en ridicule, ce qui le faisait rougir "jusqu'aux oreilles".

"Heu, je pense que je vais aller préparer notre dîner en tête à tête. Vous pouvez papoter  … Et on a dit pas la tête hein."

La dernière réplique était pour Mei mais peut-être pas seulement elle en fait. Il ne le disait pas à voix haute mais "il irait voir la-bas s'il y était" !

Blue est tendue et pas à cause de Kaï malgré le fait que c'est un mec, quoi. C'est moi qui la met dans cet état. Elle me supporte mais je pense que je ne vais pas m'attarder davantage. Non, ce n'est pas seulement parce quelle préférerait être seule avec son ex qui a quand même fait de gros efforts pour lui plaire, l'un de ces efforts étant de me supporter ! Non, je suis trop remuante pour elle, je sens ces choses et ça me fait de la peine. La fofolle devrait se calmer, ça veut dire ça. Si Kaï n'était pas là, la belle rousse, je l'aurais volontiers chahutée mais je me contiens pour mon pote. Le mâle n'a bien sur pas pensé à ces "détails" qui n'en sont pas pour nous, les femmes, quelque soit notre orientation sexuelle.
"On fêtera peut-être l'anniversaire de notre rencontre l'année prochaine."
Dis-je amicalement à Blue qui apprécie la nouvelle décoration mais le contraire m'aurait étonnée. Elle manque s'étouffer avec son coca devant la pitoyable tentative de compliment du jeune homme. C'est vrai que ça craint un maximum. Je tapote le dos de la rousse pour lui faire passer, au minimum pour la distraire de la sensation du soda dans ses narines. Puis là, je suis aux anges : Elle lui demande en riant ce qu'elle lui trouve et je sais qu'il va répondre. Non, je sais qu'il va répondre n'importe quoi ! On trinque et je me prépare mentalement au tsunami qui arrive bientôt. Je l'écoute bouche bée, avec un regard rond de surprise, ce qui est particulièrement saisissant sur une bridée comme moi ! Je n'ai pas dragué Blue, même inconsciemment, du moins je ne crois pas ! Je n'ai fait qu'énoncer des vérités sur les mecs. Si je l'avais draguée, devinant son caractère passionné, elle m'aurait mis une paire de gifles et je ne l'aurais pas volée ! Donc le mâle vexé vient de se tourner en ridicule. Encore une fois. Je l'ai fait passer de l'état de morveux à celui d'ado pré-pubère, il y a du mieux … J'éclate de rire.
"Je suis prise."
Je réponds ceci en croisant le regard de Blue avec amusement et puis je ne désire pas enfoncer davantage Kaï. Et puis je suis prise.

La rousse soupira de désespoir quand Kaï s'auto complimenta. Il serait peut être irrécupérable finalement. Elle fronça les sourcils quand il insinua que son amie la draguait. Non mais cherche pas, il se fait toujours des films le jaloux compulsif. dit-elle en levant les yeux au ciel. Il a déjà été jaloux de mon chien donc c'est pour dire. Elle ne s'était pas senti draguer, sinon elle aurait mit les voiles en pétant sa crise. Le délire lesbienne ce n'était pas son truc à elle. Libre à Meï de faire ce qu'elle voulait de sa vie, mais au grand jamais ça n'arriverait à Blue. Le brun finit par partir cuisiner au grand étonnement de la rousse. C'était pas une blague, tu commandes pas un truc ? demanda-t-elle en haussant la voix comme il avait pris la direction de la cuisine. Elle doutait vraiment de ses talents de cuisinier, mais, peut être pourrait-il l'étonner ? Ou pas, c'était mal partit pour le moment en tout cas. Et sinon le journalisme c'est comment ? demanda-t-elle à Meï, faisant un effort pour apprendre à la connaître un minimum. Après tout, elle n'avait pas l'air méchante. Elle était juste débordante d'énergie et puis elle n'avait surtout pas l'air intéressée par Kaï et c'est plutôt un bon point. Du moins, du point de vue de la rousse. Elle était moins jalouse que lui, mais il l'avait déjà trompé et ça avait suffit à anéantir le peu de confiance qu'elle avait en lui.

Kaï se disait qu’il était toujours aussi maladroit mais cette fois il essayait de bien faire, ce qui n’était pas vraiment une excuse. Il essayait de montrer à Blue qu’il tenait à elle alors que ce n’étaient ni en paroles adéquates qu’il fallait le prouver, ce qui n’était de toute façon pas ce qu’il avait fait, mais en actes.

"Je suis pas jaloux, j’aime pas te partager. Je ne voulais pas vous vexer ni l’une ni l’autre mais je suis pas adroit avec les mots comme vous."

Voila, il venait d’ajouter le terme possessif à sa liste de défauts, bravo Kaï.

"Bientôt, tu pourras dire, tu m’épates avec tes pâtes. Je vais cuisiner là-bas si j’y suis."

Le jeune homme laissait donc les jeunes femmes et se mettait à cuisiner les pâtes au saumon. En fait, il s’était déjà organisé donc ça devrait aller vite et surtout bien se passer. D’accord, il avait globalement guidé par Mei, sa copine et il était soulagé de ne pas l’avoir vexée, ni contrariée ! Il se demandait si elles allaient parler de lui dans son dos mais venant de Mei, il n’avait rien à craindre. Comment avait-il pu croire un instant qu’elle faisait du plat à Blue ? Pourquoi ne lui avait-elle pas dit non plus qu’elle était prise ? Mei prise ? Mei qui collectionnait les coups d’un soir, surtout avec d’autres filles ? Mei qui se qualifiait il n’y avait pas si longtemps de célibatarde ? Ca, c’était un "scoop" !

J’observe Blue attentivement. Son soupir de désespoir. Ses froncements de sourcil. La façon dont elle lève les yeux au ciel. Son étonnement quand elle comprend que Kaï a vraiment l’intention de cuisiner. J’attends que son ex soit en cuisine pour lui parler.
"Si ça peut te rassurer, j’ai un peu montré à Kaï comment s’organiser dans une cuisine et quelques bases. Les risques d’intoxication alimentaire sont infimes. C’est un bon gars, gauche, maladroit, je le considère comme un petit frère. Un petit frère turbulent qu’on doit recadrer trop souvent, on a bien vu qu’il reste des progrès à faire mais ce n’est que pour toi qu’il évolue plutôt bien."
Elle me demande comment c’est, le journalisme. Alors là, je la regarde avec un grand sourire.
"C’est ma passion, j’adore. Rencontrer de nouvelles personnes, le relationnel, les témoignages, démêler le vrai du faux, enquêter, écrire des articles, le poids des mots, le choc des images, la vérité mise à nue. Pour moi en tout cas, c’est le pied. Ma devise, ça serait "à bas la corruption et la monotonie", si j’en avais une."
Un regard vers Kaï en cuisine et je dis deux tons plus haut parce que je suis sure qu’il a déjà oublié.
b]"Les spatules sont dans le tiroir du fond, tout à gauche. Là où tu rangeais tes revues scientifiques."[/b]
Je pourrais le balancer mais ce serait vache. J’aurai ma petite vengeance plus tard ! Je lève les yeux au ciel puis contemple Blue toujours aussi amicalement avant de continuer :
"Tu es cavalière, c’est une belle passion. Le cheval est noble, il incarne la liberté, je n’ai pas assez le temps de pratiquer, j’écrirai un papier dessus bientôt pour faire un peu de pub aux centres équestres, ça ne fait pas de mal. Si ça te dit, je t’interviewerai. Alors, c’est comment l’équitation ? Tu es tombée dedans quand tu étais petite ? Zut, je commence à t’interviewer, déformation professionnelle."
Je conclue en riant et bois une autre gorgée. Il sera bientôt temps de les laisser seuls.

La jeune australienne sourit malgré elle. Il était possessif et c'était tout de même mignon. Elle secoua la tête en riant et le laissa aller à sa cuisine. En espérant qu'il ne la fasse pas exploser, chose qui n'était pas gagné. Elle rit en écoutant Meï. Tu lui as quand même dis d'éteindre le gaz après ? J'ai pas envie qu'il fasse exploser la maison, je suis trop jeune pour mourir. Le fait qu'il évolue que pour elle, elle le prenait comme un compliment mais il évoluait forcément aussi pour lui. Du moins elle l'espérait sinon il risquait de se perdre lui même. Elle grimaça. La vérité mise à nue c'est bien, la vie privée c'est important aussi. The Writers m'a déjà inventé une vie. dit-elle en soupirant. Elle s'en souvenait comme si c'était hier. Elle rit quand la journaliste s'emportait un peu. L'équitation c'est mon monde à moi, ça me permet de m'évader et oui, j'en fais depuis que je suis toute petite. Elle sourit à l'amie de son ex petit ami et porta son verre à ses lèvres, sirotant une gorgée. Tu t'en sors ? lâcha-t-elle assez fort à l'intention de Kaï. Elle doutait réellement de ses talents de cuisinier. Est ce qu'il savait au moins que les pâtes se faisaient cuir dans de l'eau ? Parce que sinon, on était pas sortie de l'auberge.

Kaï faisait donc la cuisine pendant que les jeunes femmes faisaient ce qu’elles savaient faire le mieux, papoter entre elles. Mei était très sociable et il ne doutait pas qu’elles sympathisent même si la journaliste avait l’air au premier abord d’une surexcitée hyperactive. Au deuxième abord aussi mais elle était super sympas aussi, même si elle avait ses têtes ! L’homme mettait de l’eau à bouillir, se demandant pourquoi Mei avait insisté pour qu’il change sa gazinière pour des plaques à induction. Il cherchait ensuite les spatules, jusqu’à ce que Mei lui rappelle qu’elles étaient dans un endroit où il n’aurait jamais songé à chercher ses ustensiles là où il rangeait il n’y a pas encore si longtemps … ses magazines scientifiques avec de très belles chercheuses en petites tenues … Du coup, il fronçait les sourcils avec un temps de retard.

"Heu, et elles sont où, mes revues scientifiques ?"

Elle les avait jetées. Comme ça, jetées, toutes ? Ah la peste, elle tenait déjà sa vengeance. Ok, il le prenait finalement bien mais si Blue le jetait, c’est la journaliste qu’il mettrait dans l’eau bouillante la prochaine fois ! Puis il retournait à sa tambouille et fronçait les sourcils, perplexe quand Blue lui demandait s’il s’en sortait.

"Heu, les pâtes ça va mais le saumon a l’air d’avoir muté. Ca ne te dérange pas si on mange des pâtes au saumon sans le saumon ?"

Non parce que là, il y avait un risque non négligeable d’intoxication alimentaire avec ce … Truc qui ressemblait encore à du saumon la veille.

Je n’ai pas menti quand j’ai dit que j’étais prise. Je suis prise par mon travail, nuance. Si j’avais une chérie aujourd'hui ou même depuis peu, je n’aurais pas pioncé chez Kaï cette nuit, soyons logique. Je fais les "gros yeux" quand Blue me parle de son inquiétude pour le gaz.
"Ne t’inquiète pas, il ne risque pas de faire sauter la maison vu que je lui ai fait remplacer la gazinière par des plaques à induction."
Je toussote genre "j’ai un chat dans la gorge" quand Blue évoque mes confrères et potes The Writers. Je ne sais pas quoi répondre, surtout que j’étais là quand l’article a été écrit, mentionnant un certain Aslander et je me doutais qu’ils n’étaient que potes sinon la rencontre de Blue et d’Aisling aurait été au moins mentionnée dans les faits divers ! Heureusement, Kaï me "sauve" en me demandant où j’ai mis ses revues. J’ai alors un grand sourire carnassier même s’il ne me voit pas mais son ex, oui.
"Je les ai jetées, on n’a plus besoin de science quand on a d’autres priorités dans la vie."
Blue aura sûrement compris, elle connaît aussi le loustic après tout mais s’il croit que je vais me contenter de ça pour satisfaire ma vengeance après ses paroles de mâle dominant, il se met le doigt dans l’œil jusqu’au trognon ! Bien sur, ça ne sera pas méchant, pas comme avec la princesse. Elle, je vais comme la nasuler : La "sodomiser" par le nez. En quelque sorte. Le plat est bien assez froid pour elle, je vais me régaler. Blue parle de sa passion pour l’équitation puis demande à Kaï s’il s’en sort. La réponse ne me surprend pas trop, il s’en sort à moitié, un exploit venant de lui. Je tapote la main de la rousse.
"Je vais vous laisser, vous avez plein de choses à vous dire."
Ca va, je ne vais pas tenir la chandelle ! J’embrasse Blue sur une joue et en profite pour lui murmurer à l’oreille avant de me lever.
"J’espère que ça ira entre vous deux, vous formez un si joli couple mais sans jouer les donneuses de leçons, trouvez-vous une activité commune autre que le sexe ou vous vous déchirerez à nouveau et ce sera bien pire cette fois."
Puis une fois levé, sur un ton normal.
"Ca a été un plaisir de te rencontrer Blue, j’espère qu’on se reverra bientôt."
Puis à Kaï que je rejoins brièvement dans le coin cuisine.
"J’y vais Kaï, on se téléphone, Blue va venir te porter secours, comme dirait le guide du voyageur galactique, pas de panique. A bientôt mon pote."
Une bise à lui aussi, il fait le navré de me voir partir mais je sais qu’il est content de rester seul avec Blue. Je vois la reconnaissance dans son regard et je lui pardonne presque ses maladresses. Presque ! Je ne suis pas le christ moi, si je tends l’autre joue quand on me gifle, c’est pour détourner l’attention pendant que je mets un coup de genou dans les parties. Je suis partie, croisons les doigts, touchons du bois et envoyons quelques fers à cheval dans la face de quelques véreux pour porter chance à ce couple si mignon !

La rousse soupira, c'était vraiment pas gagné. Laisse tomber le saumon. dit-elle en riant. Meï lui avouait qu'elle lui avait fait changer les plaques et ce n'était pas plus mal au final. L'australienne ne releva pas quand l'ami de Kaï ne renchérit pas sur The Writers. Elle soupira cependant quand Kaï parla de ses revues scientifiques. Bien évidemment, elle savait de quoi il parlait, elle les avaient vu plus d'une fois. Il n'était pas possible. Finalement Meï annonça son départ Blue lui fit alors la bise. Ravie de t'avoir rencontré. dit-elle en souriant, bien qu'un peu stressée d'être toute seule avec son ex petit ami. Elle leva un sourcil, elle n'avait certainement pas besoin de ses conseils pour savoir ce qui clochait chez eux. Ça, ça ne regarde que nous par contre. dit-elle assez froidement. Elle laissa la brune s'éloigner, ne voulant pas se prendre la tête maintenant, elle avait d'autre chat à fouetter. Elle resta sur le canapé, attendant patiemment que la jeune femme soit sortie.

HJ:

Mei était partie. C'était calme d'un coup mais pas trop calme non plus et puis il y avait Blue. Elle restait malgré les maladresses de Kaï. Cette fois-ci, ce n'était pas pour la blesser donc quelque part le jeune homme était en progrès. Deux minutes après le départ de Mei, Kaï retournait voir avec l'air de quelqu'un qui n'a finalement même pas réussi à cuisine les pâtes.

"Tu me donnes un coup de main ou on dîne dehors, tu as une préférence ?"

Il demandait ça parce que l’air de rien, les pâtes n’étaient pour l’instant pas une franche réussite mais peut-être qu’avec le soutien de la belle rousse en cuisine, ils en feraient quelque chose de pas mal, sauf bien sur si la jeune femme préférait qu’ils aillent manger à un restaurant et dans ce cas, il lui laisserait choisir. Italien, chinois, mexicain … Voire français, ce qui ferait une bonne transition avec ce dont il lui parlerait pendant qu’ils seraient attablés.

"On peut aussi commander une piz … Ou pas."

Il se dirait qu’une pizza ne serait peut-être pas très glamour, pas très propice à une réconciliation amoureuse et tout. En même temps, des pâtes au saumon …

La rousse se retrouvait donc seule avec son ex petit ami qui visiblement était un cuisinier horrible. A ces paroles elle se leva et alla dans la cuisine pour voir l'état des pâtes. Elle grimaça. Pizza, ça me va dit-elle en rigolant. Elle n'avait pas envie d'aller dîner dehors, parce que si ça devait partir en cacahuète entre eux, au moins ils ne s'afficheront pas devant tout le monde, à crier dans tout les sens. Mais pizza au saumon pour moi alors. dit-elle avec un grand sourire. Il avait déjà fait un grand effort en essayant de cuisiner, alors ce n'était pas grave si ils mangeait du tout près. Elle retourna dans le salon en attendant que le brun commande les pizzas. Elle ne savait pas comment finirait la soirée et ça la stressait un peu à vrai dire. Elle ne savait pas trop quoi dire, comment réagir face à lui. Elle ne voulait pas craquer tout de suite, mais elle se demandait combien de temps elle lui résisterait. Elle se doutait bien qu'elle décevrait beaucoup de ses proches en lui pardonnant mais elle croyait aux secondes chances. C'est comme ça qu'elle avait été élevée.

Blue avait raison, les pâtes n’avaient pas bonne mine. Il aurait du faire du riz, mais du riz, ça n’étaient pas des pâtes au saumon. Peut-être que sa belle pourrait lui enseigner un peu quelques trucs, il pourrait l’assister aux fourneaux si ça se passait bien entre eux ce soir, ou dans la semaine même si ça ferait loin, voire dans le mois même si ça ferait encore plus loin. En tout cas, Cool le choix de la pizza, rien de tel qu’une réconciliation avec de la pizza, comme April et … Mauvaise référence. Kaï commandait donc une deux pizzas au saumon, il ne connaissait pas et verrait donc si ça lui plaisait.

"On sera livrés au plus tard dans quinze minutes où elles seront offertes. En même temps, la pizzéria est à cinq minutes à pieds, ça devrait aller vite. Alors, quelles sont les nouvelles ? J’ai revu Maddox récemment, il m’a parlé de toi, votre amitié me fait plaisir. Sincèrement. Alors il m’avait dit au début qu’il allait bien mais finalement pas tant que ça. Je l’ai écouté et je lui ai même donné un ou deux conseils amicaux qui me semblaient de mise dans sa situation. Les potes sont là pour ça."

Disait-il en essayant de ne pas trop dévorer Blue des yeux et sans tenter de la toucher même si elle était plus désirable que jamais. Il était prêt à l’écouter et à vraiment l’écouter parler de ses joies et de ses soucis éventuels. Blue, Maddox, Mei, voire Ana, il les écoutait mais le jeune homme ne le ferait pas pour tout le monde parce que ça le gonflerait prodigieusement, il faudrait pas déconner non plus.

Kaï avait donc pris initiative de commander les pizzas et de prendre la même chose que la rousse ce qui la fit sourire. Elle lui sourit quand il lui demanda qu'elles étaient les nouvelles et qu'il lui parla de Maddox. A part mon boulot ou je suis très prise par lui, pas grand chose tu sais. dit-elle avec un petit sourire. C'est vrai qu'on s'entend bien, il m'a beaucoup aidé. Tu sais, quand t'es partit. dit-elle en détournant le regard. La rancune étant encore présente même si elle espérait grandement que les choses s'arrangent. Elle le regarda intriguée quand il dit qu'il avait donné des conseils a Maddox. Toi t'as donné des conseils ? dit-elle en riant, se moquant un peu de son ex petit ami. Tu ferais mieux de t'occuper de ta vie amoureuse qui est désastreuse plutôt que de celle des autres. dit-elle plus sèchement qu'elle ne l'aurait voulu. Elle avait lancé le pique avec tellement de naturel, c'était plus fort qu'elle. Désolée, c'est l'habitude. s'excusa-t-elle cependant auprès du brun, ne voulant pas mettre de froid entre eux.

Elle soupira en le regardant, un jour ou l'autre il faudrait qu'ils se parlent sérieusement de toute façon. Ecoute, je te remercie pour tout tes efforts, je suis pas aveugle, je les vois bien. Elle fit une pause en plantant son regard noisette dans le sien. Ne change pas trop non plus pour moi. J'ai appris à t'aimer comme ça. Tu m'as fais beaucoup de mal, il me faudra du temps pour digéré tout ça c'est tout. Mais je ne te demande pas de devenir une autre personne.

En écoutant Blue, Kaï avait le sentiment qu’elle ne lui pardonnerait jamais. Il espérait simplement qu’elle ne culpabilise pour avoir avorté vu qu’il l’y aurait encouragée si elle lui en avait parlé. Il n’avait pas la fibre paternelle, il ne voulait pas d’enfant et n’en aurait pas. Si son ex voulait un enfant, ce ne serait pas avec lui. Du coup, il trouvait ironique qu’elle lui demande de ne pas devenir une autre personne alors qu’elle n’avait au final pas supporté ce qu’il était. Ce qu’elle disait était donc contradictoire. Le jeune homme la regardait avec un air neutre :

"Alors, je suis bagarreur, violent, bad boy, obsédé sexuel, aimant vivre dangereusement, dealant de la drogue, impertinent avec une mauvaise foi totale, crâneur, bordélique, vulgaire. Qu’est-ce que j’oublie … Ah oui, égoïste, carnivore, mauvais cuisinier et je ne veux pas de gosse. Des aspects de ma personnalité sont restés … Je n’essaie pas de changer, parce qu'on ne change pas, j’évolue. C’est pour toi que je fais le maximum pour devenir meilleur."

Ils entendaient alors la sonnette de la porte.

"C’est sûrement les pizzas. Si tu pouvais trouver ce que tu aimes en moi, ça aiderait. Peut-être le coté bad boy, impertinent ? Je reviens tout de suite."

C’était le livreur de pizzas, Kaï les réglait et revenait au salon.

La rousse soupira, il ne comprenait pas ce qu'elle voulait dire visiblement. Devenir une autre personne et faire des efforts c'était totalement différent. C'est vrai que tu aurais été un horrible papa. dit-elle en riant doucement malgré elle. Parfois, il lui arrivait de regretter le bébé, mais il est vrai que d'autre fois elle aurait aimé pouvoir le garder. La sonnette de la porte finit par retentir dans l'appartement. Elle leva la tête et rit en secouant la tête quand il partit chercher les pizzas. Son ventre commençait à gargouiller et elle sentait l'odeur du saumon d'ici.

Quand le jeune homme revint avec elle s'empressa d'ouvrir son carton de pizza et de croquer dans une part, savourant ce qu'elle avait en bouche. Elle finit par reporter son attention sur le brun. La conversation n'était pas finis après tout. Le côté bad boy m'a toujours un peu attiré, je peux pas le nier. Mais ce que j'aimais aussi, c'était quand tu me regardais comme si j'étais la huitième merveille du monde. Même si c'était rare et que le moment durait deux seconde chrono. dit-elle en soupirant. Tout ce que je voulais c'était que tu m'aimes autant que moi je t'aime. Elle avait fait exprès de ne pas dire le mot "aimais" au passé, parce qu'il fallait se l'avouer elle ressentait encore beaucoup de chose pour lui. En revanche, elle n'était pas sur qu'il est vraiment fait attention à sa façon de parler.