Sujet commun ~ La Quarantaine

Décidément, il y avait de bien meilleurs moments pour faire des rencontres, mais là au moins, il n'y avait aucune barrière, ils étaient tous dans la même galère. Tahlia adressa donc un sourire à Milo et Jules quand les présentations furent faites, avant d'avancer dans le couloir afin de retrouver le cousin de Milo. Ce n'était pas simple de passer parmi les personnes affolées, les patients mal en point, les brancardiers et les médecins pressés. Mais ils n'eurent pas besoin de chercher bien longtemps puisqu'une voix appela Milo. Tahlia tourna la tête et vit Léo, qui interpellait son cousin. Tahlia suivit Milo et Jules jusqu'à rejoindre le jeune Emerson. Le jeune Emerson qui était accompagné de... "Concho !" Tahlia grimaça en voyant son colocataire. Elle aurait préféré le savoir bien tranquille à l'appartement. Elle hocha la tête quand il demanda si elle avait contracté le virus, elle aussi. "Y a des chances, oui." Avant de reprendre doucement : "Je n'ai pas croisé Freja et Florian. Ils sont sûrement plus solides que nous." Un léger sourire illumina brièvement ses traits tirés par la fatigue, avant de regarder Léo. "Salut Léo ! Tu sais, on était à deux doigts de retourner l'hôpital pour essayer de te trouver." Le principal, c'était que Milo ait retrouvé son cousin. Milo qui semblait un peu plus serein, à présent. Mais elle n'eut pas l'occasion d'en dire davantage puisque Concho interpella la brune, quand il se réinstalla sur sa chaise. "ça va ?" s'enquit-elle, inquiète. "Tu as une sale mine..." Et pour une fois, elle ne disait pas ça pour l'embêter !

Si Concho était vexé que Léo ait écorché ses origines, l'australien ne le remarqua même pas, il était trop mal en point pour relever une quelconque tentative d'humour douteux. Mais alors t'es irlandais ? C'est un pays sympa. Il y avait séjourné durant un de ses voyages en Europe, il avait fait le tour des îles britanniques et adoré les paysages autant que la population, l'une des plus festives et accueillante qu'il ait eu à rencontrer. Oui, je l'avoue, je vis un rêve éveillé. C'est vrai qu'il y a quelques contreparties, des reportages dans des pays en guerre ce n'est pas forcément le plus drôle, mais j'aime ça, j'adore les photos sur le vif. Je vis pour mon job en fait alors autant que je l'aime ! Beaucoup de personnes enviaient la vie de Léo et pour tout dire il ne les contredisait pas, certains passaient leur vie à l'usine ou dans un métier qui ne leur plaisait pas, simplement pour payer le loyer, lui il n'avait pas besoin d'argent pour vivre et il se payait en plus le luxe d'avoir un job de rêve qui lui offrait une grande liberté. Il savait le reconnaître et il était tous les jours conscient de sa chance. Ouais, je travaille souvent avec le journal local alors j'ai lu un ou deux articles sur tes ateliers et l'association. Tout ce qui peut aider les jeunes, c'est important, il faut les soutenir. Et surtout si ça vient avec l'art, la musique, la danse, le dessin, n'importe quoi, faut qu'ils s'expriment. Voilà qu'il se lançait dans une conversation profonde avec presque 40° de fièvre, on aurait tout vu. Quoi que ce genre de sujet passionnait réellement le photographe qui adorait partager sa passion lui aussi. Le hip-hop ! Ca doit leur parler, aux ados ! Il leur manquait juste le café et les petits gateaux et on aurait dit deux personnes qui prenaient le goûter ensemble ! Ou pas, sûrement qu'ils auraient fini par ne plus rien avoir à se dire, ou bien Concho aurait vomi sur Léo, ou inversement, ce qui aurait scellé à jamais leur amitié naissante. Bref, ils ne le sauraient pas, puisqu'Emerson venait d'apercevoir Milo passer devant lui, suivi de deux demoiselles. Il écouta son cousin s'expliquer et ne put réprimer un petit rire. Tu vas chercher à manger et tu reviens avec des filles ! Puis pas n'importe qui en plus ! Il se retourna vers Wates Tahlia, la plus belle, même avec le teint blafard tu restes sublime. Tu t'inquiétais pour moi ? C'est gentil. Il reconnu Jules aussi, la fidèle camarade de Milo. Tous ils formaient une belle brochette de bras cassés. Tahlia n'avait pas tort, Concho était de plus en plus blême. Tu veux ma place ? Je te dirais bien d'aller aux toilettes mais je crois qu'il y a déjà la queue. Allonge-toi. Et déjà Léo se levait pour que l'autre puisse s'étendre.

Avant de partir de la maison, Nora avait vérifié son agenda comme elle avait l'habitude de faire tous les matins. Sa journée était déjà toute tracée. Elle avait rendez-vous à l'hôpital avec son diabétologue à onze heure, elle devait ensuite déjeuner avec une de ses amies et son après-midi était consacrée à travailler. Ce jour-là, rien ne s'était passé comme prévu puisqu'elle n'était jamais ressortie de l'hôpital. Dans la hâte, après son rendez-vous, on lui avait demandé d'aller s'installer dans une salle d'attente sans daigner lui expliquer ce qu'il se passait. Elle s'était exécutée, de toute façon elle n'avait pas vraiment eu le choix. La salle d'attente était pleine de monde et certaines personnes avaient l'air vraiment mal en point. Nora s'installa sur l'une des rares chaises libres, agacée parce que sa journée se voyait chamboulée. Elle sortit son téléphone pour prévenir son mari et surtout lui préciser de ne pas s'inquiéter, puis à son amie avec qui elle était censée déjeuner. Un homme vint s'asseoir à côté d'elle, elle lui jeta un regard furtif avant de se reconcentrer sur son téléphone. Une fois terminé, elle se pencha légèrement vers l'homme pour lui demander, d'une voix basse : « Vous savez ce qu'il se passe vous ? » Elle était tellement agacée qu'elle en avait oublié la politesse.

La jeune femme a côté de lui avait relevé les yeux un bref instant lorsqu’il s’était assis avant de retourner à son téléphone. Carlisle n’avait pas sorti le sien pour l’instant. Il avait déjà prévenu un de ses fournisseurs qu’il ne pourrait sûrement pas venir et c’est tout, personne d’autre à prévenir. Et surtout à quoi bon ? A part les inquiéter cela ne changerait pas grand-chose. A la place, il gardait le regard fixé sur le sol avant de sortir un petit bouquin de son sac. Il en a toujours un sur lui, pour s’occuper. Il n’y a rien d’autre à faire qu’attendre dans ce genre de situation. Surtout ne pas commencer à paniquer, à stresser, à psychoter. Quelques instants plus tard, la jeune femme à côté de lui se pencha et lui demanda en chuchotant s’il avait quelques informations sur la situation. Il n’en a pas beaucoup mais on dirait bien qu’il en possède un peu plus qu’elle tout de même. « Je crois qu’il y a un virus qui se balade mais j’en sais pas vraiment plus. » répondit-il en haussant les épaules, puis il ajouta « Mais si ça peut vous rassurer, je ne me sens pas mal donc je ne pense pas que je vais vous contaminer. » Même si après tout il n’a aucune idée de comment se transmet le virus et de sa forme. C’est peut-être elle qui va le contaminer après tout.

@Nora Graham-O'Connor

Elle espérait avoir des réponses, peut-être que les personnes déjà présentes dans la salle d'attente avaient eu plus d'informations qu'elle. En effet, le jeune homme à qui elle posa la question était un peu plus au courant qu'elle même s'il ne semblait pas vraiment savoir de quoi il parlait. Nora fronça les sourcils en l'écoutant, s'il y vait vraiment un virus et que tout l"hôpital était en quarantaine, elle n'était pas prête de sortir de cet endroit. « Ils nous font attendre pour nous faire passer des tests ou des trucs du genre ? » demanda-t-elle en l'interrogeant du regard même s'il n'avait pas vraiment l'air d'en savoir plus. Elle fut soulagée lorsqu'il lui dit qu'il ne se sentait pas mal avant de réaliser qu'elle pouvait tout de même être contaminée puisqu'il y avait pas mal de monde dans cette salle d'attente et que certains d'entre eux pouvaient avoir contracté le virus. En tout cas, elle aussi se sentait bien alors elle soulagea à son tour le jeune homme. « Je me sens bien aussi... Enfin je crois. » Il y avait une boule qui commençait à se former dans son estomac mais c'était sans doute dû à l'agacement et au fait qu'elle n'aie pas plus d'informations précises sur ce qu'elle faisait ici. Elle avait quand même bonne mine par rapport à certaines personnes qu'elle avait pu croiser plus tôt. « S'il y a une attaque de zombies vous ferez équipe avec moi ? Je fais de la boxe je peux vous être utile. » finit-elle par dire sur le ton de l'humour. Quel fan de séries n'aurait pas pensé à The Walking Dead dans une ambiance pareille et à entendre parler de virus ? Elle essayait surtout de se détendre elle-même parce qu'elle savait bien qu'elle allait passer une partie de sa journée ici, voire plus. « Comment vous vous appelez ? »

J’hochai la tête lorsque Léo me parla de l’Irlande, un sourire se dessinant sur mon visage. « Ouais, un très beau pays. Je n’y suis pas allé assez souvent à mon goût. » En même temps, j’avais peut-être un peu de famille là-bas, mais personne de qui j’étais vraiment très proche. J’y étais un touriste autant que n’importe qui d’autre, lorsque j’y allais. Et ça se faisait rare, d’ailleurs. Je ne voyageais pas énormément, du moins beaucoup moins que Léo visiblement. Je grimaçai tout légèrement lorsqu’il me parla de ces pays en guerre qu’il visitait parfois pour les reportages. « Ça doit être terrible. » J’aurais constamment la trouille. Je ne pense pas que je serais capable ; ça prenait une dose de courage, quand même, de se rendre dans ces pays où les conflits régnaient. Heureusement que par chez nous c’était plutôt tranquille, certaines personnes en avaient assez de leurs problèmes personnels, un peu comme mes jeunes de Head Ahead dont on parla brièvement. « C’est exactement ma vision ! Alors j’essaie le plus possible de les ouvrir à différents types d’art, en allant chercher des bénévoles puisque moi j’m’y connais pas vraiment dans d’autres choses que la danse. » Ça m’avait changé les idées, de parler avec ce Léo, à tel point que j’avais presque oublié mon état un peu amorphe. On me ramena rapidement les deux pieds sur terre lorsque Tahlia et les deux autres vinrent à notre rencontre et que je me levai pour saluer ma colocataire. J’avais la tête qui tournait, tout d’un coup. « Plus solides, ou plus têtus. » Je m’imaginais Freja et Florian en train de se vider le corps dans la toilette sans admettre qu’il y avait un problème. Alors que Léo s’adressait à ses amis, je fus pris d’une bouffée de chaleur qui m’obligea à me rasseoir. « Nop', ça va pas là … » Avais-je soufflé à Tahlia, qui lui affirma qu’il avait une sale mine. « Thanks Tahl'. » Répondis-je avec un demi-sourire, trop faible et surtout trop dans le brouillard pour réellement en rire. Je relevai la tête pour réaliser que toute l’attention était sur moi, y’avait Léo qui s’extirpait de son lit pour me proposer de m’asseoir, et Jules qui acquiesçait à cette proposition en me proposant à manger ou à boire. Je secouai doucement la tête. « Non, j’crois que je serais incapable de garder quoi que ce soit en-dedans … » Je me relevai quand même lentement de la chaise afin de m’allonger dans le lit délaissé par Léo. Je mis ma main sur son épaule juste le temps de dire : « Thanks, man. », avant de poser mon dos contre l’oreiller. La rouquine s’approcha de moi en me disant que j’étais peut-être en hypoglycémie ou déshydraté. Ou les deux, j’sais pas. « Peut-être que de l’eau … » Puis je la regardai. « Vous êtes infirmières ? » Parce qu’elle utilisait de beaux grands mots auxquels je n’aurais pas songé.  

@Léo Emerson @Milo Putskowski @Tahlia Wates @Jules Craig

La jeune femme lui posa encore une question, comme s’il avait réponse à tout. Carlisle haussa les épaules, il n’est pas médecin, il n’en sait pas beaucoup plus qu’elle. « Aucune idée, faudrait leur demander mais j’crois qu’ils sont plutôt occupés. » En effet, des personnes en blouse blanche passaient et repassaient à toute vitesse, des feuilles dans les mains et l’air pas franchement rassuré. Carlisle prit une nouvelle inspiration pour se calmer. Il aurait bien aimé la rassurer mais il n’était pas bien plus confiant qu’elle. Peut-être qu’il allait tous y passer et que ça serait la fin du monde, l’épidémie se répandent sans épargner personne, tel le scénario d’un film catastrophe.
La demoiselle le rassura à son tour, lui indiquant n’avoir aucun symptômes bizarre qui pourrait trahir la présence d’un étrange virus. Il la crut mais tout comme lui, ils n’étaient pas à l’abri, ne sachant pas ce qui déclenchait la maladie qui affolait tout le monde. En tout cas il avait fait le bon choix en s’asseyant à côté d’elle puisqu’elle lui demanda s’il ferait équipe avec elle en cas d’attaque, sachant qu’elle pratique la boxe. Pas sûr qu’il soit utile pour la défense, pratiquant surtout le yoga et la méditation. Il est malgré tout musclé et peut servir à escalader des parois ou pousser des obstacles dans un milieu hostile. « Pas de soucis, j’sais me débrouiller dans des situations assez extrêmes donc on fera une super équipe ! » annonça-t-il en repensant à son enlèvement, aux mois passés dans la jungle en ayant quasiment rien à boire ou à manger, mais aussi à son tour du monde où il a vécu quelques situations compliquées, même si rien ne s’approche de l’apocalypse. Finalement elle lui demanda son nom. « Carlisle et vous ? Votre tête me dit quelque chose mais je n’arrive pas à savoir où j’ai pu vous voir. » dit-il alors que cela le perturbait beaucoup. Il était persuadé de la connaître, de l’avoir déjà vue, plusieurs fois même. Seulement il ne retrouvait pas où.

@Nora Graham-O'Connor (Carlisle a été ami avec Ayden au lycée du coup il a dû voir Nora deux trois fois à cette époque)

C'est si grave que ça ? À vrai dire, elle ne savait pas vraiment. Elle haussa les épaules en regardant l'homme, Daemon. Je ne veux pas me prononcer, mais je pense que c'est assez paralysant pour l'hôpital. C'est peut-être que préventif, je ne peux dire. C'est vrai, elle ne savait pas grand-chose, seulement qu'on l'avait confiné ici et qu'elle ne pouvait pas venir en aide à ses petits patients, tous ces enfants dont le système immunitaire était déjà bien faible et qui contracterait certainement la maladie. Des enfants qui avaient besoin d'elle, beaucoup plus que les gens non atteints par le virus qui trainaient ici, dans cette salle,à l’écart des autres de l'hôpital, l'aile des non-malades. La discussion divergea vers un aspect personnel de la vie d'Andreas. Comme il lui avait jeté un regard noir et que son ton avait été glacial quand elle lui avait dit d'où elle avait retenu son prénom, Cleo se retira laissant les deux amis discuter. Elle écoutait à demi, pas assez loin pour être coupée totalement de ce qui se passait entre eux, mais curieuse elle scrutait la salle et pouvait y lire tantôt la panique sur le visage des gens, tantôt l'impatience. Elle soupira longuement : dans quelle galère Bowen s'était mise ? Et à cet instant, elle fit interpelée par les mots d'Andreas. Son instinct de médecin refit surface, le corps en alerte. Elle s'avança vers l'ambulancier, posant sa main sur son front. Merde, Andreas, t'es brûlant. La fièvre venait de frapper. I faut te sortir d'ici, t'as peut-être rien, mais il faut pas affolé les patients qui sont hors de danger, ici. Elle lui sourit. Tu me fais confiance ?


@andreas eriksen @daemon macintosh