power of books (azriel)

La bibliothèqque était plutôt vide, quelques personnes habillaient l'une ou l'autre table d'un peu de vie entre les rayons de livres, mais la période des examens semblait encore loin dans les esprits. En général, Azriel préférait traîner à l'appart', à lire ses bouquins à la fenêtre ou travailler quelques croquis. Mais cela faisait plusieurs jours que les gens passaient chez eux comme dans un moulin et l'appart' n'était jamais silencieux plus d'une dizaine de minutes. Pas que ça dérange particulièrement le garçon, mais il s'offrait des moments loin de tout régulièrement et il avait besoin de se retrouver seul, juste un moment, pour se retrouver avec lui-même et si possible loin du brouhaha de visites incessantes. Son skate sous le bras, Az flânait entre les rayons, laissant glisser ses doigts sur la couverture de certains livres de son choix, avant de les reposer, parfois parcourir le papier lisse qu'il aimait sentir sous sa peau. Lorsque finalement il se décida sur un livre psychologique basé sur la seconde guerre mondiale, il s'installa à une des grandes tables en bois massif, presque en face d'une jeune femme qu'il remarqua à peine. Il s'installa et posa son skate, ouvrit son livre, tout prêt à se plonger dans un autre univers, la joue appuyée contre son poing. C'était sans compter le sol pas totalement plat et la loi de la gravité. Son skate roula silencieusement vers le bord opposé de la table, près de la jeune fille, les roues en caoutchouc lisse ne provoquant aucun son, jusqu'à ce que le skate ne saute par-dessus bord, s'écrasant au sol en faisant sursauter la moitié de la bibliothèque, dont Az lui-même.

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Sursautant au bruit de l'impact, Az releva brusquement le regard, et eut à peine le temps de se lever que la jeune fille occupant la même table l'apostrophait sèchement. « Sorry. » répondit-il sans s'offusquer du ton employé par la brune, tout en faisant le tour de la table pour venir récupérer son skate, qui par chance se portait bien. Il retourna à sa place et le posa à ses pieds cette fois, histoire d'être certain qu'il se tienne tranquille. Il comprenait que ça ait dérangé la brunette, mais d'un autre côté, il n'en pouvait rien et n'allait pas se confondre en excuses comme un enfant pris en tort. Il se contenta d'adresser un sourire d'excuses totalement détendu à la jeune femme. Azriel allait reporter son attention sur le livre qu'il n'avait pas eu le temps de commencer, mais son interlocutrice semblait vouloir continuer son petit jeu de commentaires acides. Relevant calmement la tête vers elle, le garçon soutint le regard aussi piquant qu'espiègle de la brunette, écoutant attentivement ce qu'elle avait à lui dire. Il fronça légèrement les sourcils. S'il se moquait bien de se faire enguirlander comme un gosse, il n'appréciait pas ce genre de remarques absurdes qui catégorisait les gens sur les apparences. « Je vois que tu aimes coller des étiquettes. » rétorqua-t-il, cynique, se retenant de souligner le sexisme de son dernier commentaire. « Je savais pas qu'on était plus difficiles à instruire que les meufs, mais j'ai hâte que tu me prouves cette théorie. » Finalement, il ne put pas s'empêcher. Son ton n'était en aucun cas agressif, mais son calme apparent laissait entrevoir une exaspération sous-jacente qu'il contenait dans ses mains croisées devant lui, le menton appuyé sur celles-ci, sans quitter son interlocutrice du regard. Non mais c'était quoi, ce genre de remarques infondées, sérieusement ?

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Azriel hocha la tête avec un sourire jovial et chaleureux pour montrer qu’il acceptait les excuses de la jolie brunette. Il n’allait pas s’emporter pour une broutille pareille. Et puis, il en fallait vraiment beaucoup pour le faire sortir de ses gonds, plus que quelques remarques déplacées. « Pas de souci. » Il esquissa un petit sourire en coin quand elle expliqua les activités de ses frères, son regard noisette plongé dans celui de son interlocutrice. Ce n’était pas lui qui allait juger le choix de vie des autres, ayant abandonné ses études il y avait un bon moment de cela pour mener une vie moins stable et gratifiante, mais satisfaisante. Sans doute pas des plus épanouissantes, mais il s’en accommodait très bien. « Je vois. » commenta Az quand la jeune fille révéla qu’elle étudiait la psychologie. Choix intéressant, même si ce n’était pas l’italien qui se serait dirigé vers ce type d’études. Pas qu’il trouvait cela inintéressant, mais il n’était pas fait pour ça, déjà peu perspicace à la base et pas du genre à se prendre la tête à analyser le comportement des autres. « Je suis pas étudiant, j’aime juste lire au calme dans mon coin. Et ma colocation est pas toujours appropriée pour lire tranquillement. » expliqua-t-il avec un haussement d’épaules, désignant le livre ouvert devant lui d’un signe de tête. Il n’avait pas de truc, pour tout dire. Enfin si, il aimait le dessin, il en était même passionné, mais c’était une autre histoire. Cela faisait belle lurette qu’il avait abandonné ses études en art et il ne comptait aucunement en reprendre, ni même exposer au monde ses croquis.

Az sourit à la jeune femme, qui semblait avoir relâché la tension et était soudainement plus amicale que sur la défensive. Il ne lui en tenait pas rigueur, certaines personnes étaient plus explosives que d'autres, lui étant de nature calme et posée au quotidien. La petite poussée d'agressivité de l'étudiante n'avait duré que quelques secondes et était déjà redescendue. « On peut dire ça. » répondit Azriel à la question de son interlocutrice. Il était vrai qu'il aimait beaucoup lire, se perdre dans des pages et se couper du monde pendant un moment. Comme quand il dessinait. Ou même parfois quand il était sur son skate, même si c'était une activité moins solitaire et moins calme. « Pas spécialement, j'ai tout mon temps. C'est plutôt toi que je voudrais pas déranger dans ton étude. D'autant plus après mon skate. » dit-il avec un touche d'humour. Il supposait que c'était bien ce qu'elle faisait, étudier, avant que la chute de son skateboard n'interrompe sa concentration. Lui n'était pas étudiant et il n'avait aucune matière à emmagasiner, lire son livre tranquillement n'était pas d'une importance capitale, en tout cas moins que les potentielles révisions de l'étudiante qui lui faisait face.

Etudier, elle passait sa vie à ça, alors un peu de répit ne ferait pas de mal à la jeune russe. Et puis, il ne lui restait que qu'un seul examen avant d'être en vacances, alors elle pouvait bien relâcher la pression un petit peu. Même si elle l'avait agresser au départ, le jeune inconnu tombait plutôt bien, finalement. Elle avait tendance à s'emporter vite, c'était de famille. Le caractère des Kheinov faisait assez souvent parler d'eux en général. Du coup, elle ne se faisait pas toujours des amis, mais elle s'en fichait bien. Elle aimait la personne qu'elle était. Elle rit en secouant la tête, elle aimait bien le caractère du jeune homme, ça aurait été bête de se le mettre à dos pour une histoire de calme. Non mais du coup c'est bon, tu me déranges plus. dit-elle en gardant son sourire. Moi c'est Nastya, au fait. dit-elle alors qu'elle venait juste de penser, qu'elle ne connaissait même pas son nom. J'suis toujours ici et c'est la première fois que je te vois, tu viens pas souvent ou d'habitude, t'es plus discret ? lui demanda-t-elle en ironisant avant de rire doucement. Il est vrai que la bibliothèque c'est comme sa deuxième maison. Quand elle n'est pas de sortie et que l'on veut la trouver, on peut être sûr que la demoiselle est ici.

L'italien réprima un rire quand son interlocutrice affirma que finalement, il ne dérangeait plus. Ce revirement était assez comique après le savon qu'elle lui avait passé quelques minutes plus tôt, mais il se contenta de hocher la tête. Ou bien c'était juste son caractère facile qui était apprécié. Plus que son skate qui avait fait sursauter la moitié de la bibliothèque, en tout cas. « Azriel. » se présenta-t-il à son tour avec une lueur joyeuse dans ses iris marron. « Europe de l'Est ? » demanda-t-il ensuite à la jeune femme, l'interrogeant du regard quant à ses origines. Peut-être qu'elle était d'ici, après tout, lui-même n'avait pas tellement un prénom à consonance italienne. Sans parler du nom de famille qui lui venait de son père, australien pure souche. Néanmoins, rien n'empêchait de poser la question et Az était plutôt doué pour reconnaître les origines des gens. « Je viens pas super souvent, mais je suis également discret. Ou peut-être que tu as simplement une mauvaise vue. » taquina Azriel avec un clin d’œil. Pour sa part, quand il venait ici, c'était uniquement pour lire au calme lorsqu'il y avait trop de bruit ou de passage à la coloc' et qu'il avait envie d'être réellement seul. Du coup, il gardait le nez plongé dans un bouquin et ne remarquait quasiment pas ce qui se passait autour de lui, encore moins le visage des gens.

La pression étant redescendue, elle pouvait faire connaissance tranquillement avec le jeune homme. C'est sympa comme prénom, j'aime bien. dit-elle en souriant. Elle hocha la tête quand il lui pocha la question sur ses origines. Russie pour être précise. Elle était assez fière de ses origines, elle avait une réputation de fille à caractère avec une bonne descente et c'était le cas. Nastya passait la moitié de son temps en boite et l'autre moitié à étudier, que ce soit ici ou chez elle, elle traînait rarement les rues pour simplement faire du shopping. Elle se mit à rire quand il lui dit qu'elle avait une mauvaise vue. Ça c'est impossible, j'ai un radar à beaux mecs, je ne t'aurais pas loupé. dit-elle avec un petit sourire. Il est vrai que les hommes c'était un peu sa deuxième passion. Surtout les hommes plus vieux qu'elle, elle ne pouvait pas le nier et ce, pour le plus grand désespoir de ces frères. C'était plus fort qu'elle, elle ne pouvait pas s'en empêcher et puis, après tout, elle ne faisait de mal à personne en ce faisant plaisir à elle même. Pour le coup, elle avait le jackpot, un beau mec en face d'elle et ses bouquins, que demander de mieux ?

« Mes parents aiment l’originalité, faut croire. » admit l’italien avec un sourire et un petit haussement d’épaules innocent. Nastya lui précisa ensuite ses origines, elle venait de Russie. « Ah ouais, c'est pas la porte à côté, comme moi. Et qu'est-ce qui t'as fait venir ici ? » commenta le jeune homme, tout en écoutant attentivement la jeune fille. Rencontrer des gens, c’était toujours sympa, même s’il était relativement calme et discret, Azriel restait quelqu’un de sociable qui aimait beaucoup discuter tranquillement et faire connaissance. Nastya n’eut pas l’air satisfaite de son explication quant au fait qu’elle ne l’avait jamais vu dans cette bibliothèque, et l’italien dut retenir un rire pour ne pas perturber le silence qui régnait sur les lieux, uniquement perturbés par leur conversation à mi-voix. « En fait tu fais croire que tu viens ici pour étudier, mais c’est juste pour mater, avoue. » plaisanta-t-il en lui adressant un clin d’œil malicieux. Il acceptait néanmoins le compliment avec grâce, ça faisait toujours plaisir. Pas qu’il eut un quelconque besoin d’être rassuré envers son physique, ce n’était pas le genre de choses qui accaparait son attention, mais un compliment c’était toujours sympa à entendre.

La jeune femme sourit, c'est vrai que c'était un prénom original et peu répandu, du moins elle n'en avait connu aucun autre que lui jusqu'ici. Elle grimaça quand il lui demanda ce qui l'avait fait venir ici. C'est compliqué. avoua-t-elle en soupirant. Histoires interminables de famille. rajouta-elle en haussant les épaules avant de rire doucement. Au fond, ça lui faisait du bien de faire des rencontres et d'être un minimum sociable avec les gens, ça lui permettait un peu de lâcher prise face à ses innombrables problèmes. La remarque du jeune homme la fit rire un peu trop fort, ce qui lui attira quelques regards tueurs de certaines personnes dans la bibliothèque. Elle leva les yeux au ciel avant de remettre son attention sur le jeune homme. J'avoue, tu m'as percé à jour. dit-elle en chuchotant avant de rire plus doucement. Elle finit par soupirer, lasser de réviser et de ne pas pouvoir parler comme elle le souhaitait. Ca ne te dit pas de décaler boire un verre ? Ou de faire autre chose mais d'aller n'importe ou sauf ici ? Elle savait très bien qu'on était en plein milieu d'après midi pour boire quelque chose mais, pourquoi pas après tout ? Peut être qu'il refuserait mais elle, était lassé d'être studieuse et elle mourrait d'envie de s'amuser. Chasse le naturel, il revient au galop, il parait.