until we meet again (izzy)

Lui accorder une visite. Ça lui paraissait complètement fou, totalement insensé, elle qui ne savait rien de lui, s'accrochant à ces quelques mots qu'il avait griffonné sur ces lettres sans trop de conviction. Et pourtant, les mots qu'il avait lus sur cette dernière lettre étaient clairs, sans la moindre bavure, laissant entendre qu'elle souhaitait vraiment le voir en personne et en apprendre plus sur lui. Ça faisait quelques mois que Niels échangeait avec cette jeune étudiante australienne, contacté après avoir reçu une demande de sa part, lui confiant qu'elle était intéressée par son histoire, par ses déboires pour l'écriture de son article. Ça faisait une éternité qu'il n'avait pas reçu de contact extérieur, refusant la plupart du temps de se faire remarquer après ce procès qui avait bouleversé son existence, lui faisant perdre toute dignité. Et il ignorait comment elle, cette jeune femme sortie de nul part, s'était débrouillée pour réussir à le convaincre, parvenant à entrevoir un peu plus que ce qu'il acceptait de montrer en temps normal. Sans savoir pourquoi, il avait accepté, peinant probablement à croire qu'elle traverserait le monde pour venir le voir lui, un criminel qui se faisait oublier dans le fin fond d'une cellule d'une prison londonienne. Et finalement, le jour j était arrivé, et rapidement, on lui confirma qu'elle s'apprêtait à débarquer au parloir pour lui rendre visite, comme prévu. Il n'aurait su dire depuis combien de temps il n'avait pas ressenti autant d'émotions, comme un shoot d'adrénaline qu'il venait de recevoir dans les veines, faisant palpiter son cœur à une allure folle. « Chapman, au parloir. » Cria l'un des surveillants, l'emmenant jusque dans la salle où les prisonniers recevaient leur visite. Il tendit ses poignets avant de quitter la cellule, connaissant la procédure habituelle, celle d'être menotté dés lors qu'il passait un pied hors des barreaux de sa chambre. Il prit place sur une chaise, le regard rivé sur la porte qui menaçait de s'ouvrir à n'importe quel instant, perdu entre l'excitation et l'appréhension de rencontrer cette fille dont il ignorait tout, même le visage.

Il avait le cœur qui battait à une allure folle, les mains devenant moites alors que la porte menaçait de s'ouvrir à tout instant. Il n'aurait su dire combien de temps il était resté sans ressentir toutes ces choses, l'appréhension, le stress, ces sentiments engendrés par le fait qu'un regard extérieur s'était intéressé à lui, sans qu'il ne comprenne encore pourquoi. Il avait l'impression qu'il allait rencontrer quelqu'un qu'il avait toujours connu, tant son esprit se rattachait à ces quelques lettres qu'ils avaient échangé, son seul lien avec le monde extérieur. Il était pourtant conscient que ses sensations étaient décuplées par le fait qu'il passait sa vie derrière les barreaux, coupé du monde, de chaleur humaine, comprenant qu'il avait probablement noué un attachement pour cette jeune étudiante qui s'était intéressée à lui, redonnant un souffle d'espoir à son existence. Et alors qu'il se perdait à penser trop bruyamment, il se prit à sursauter légèrement en entendant la porte métallique s'ouvrir, laissant place à cette jeune femme au regard pur, presque innocent, comprenant qu'elle était celle qu'il attendait. La gorge nouée, il la regarda s'installer face à lui, peinant à soutenir son regard, probablement parce-qu'il avait appris à baisser les yeux dans cet endroit où chaque regard pouvait être mal interprété. Pourtant, lorsqu'elle prononça son prénom, d'une voix trop douce pour être vraie, il releva doucement les yeux vers elle, hochant légèrement la tête. Il la laissa se présenter à lui, son regard déviant un instant vers son badge qui mentionnait son identité. Il observait son langage corporel, percevant sa nervosité à travers sa façon de lui parler, sa manière de se tenir. « Vous avez peur ? » Finit-il par dire, ne prenant pas le temps de se présenter, conscient qu'elle devait bien être informé de qui il était. « Désolé... j'crois que je suis autant stressé que vous. C'est pas mon but de vous faire paniquer. » Souffla-t-il, comprenant que cet endroit ne respirait pas la sérénité, qu'il était même plutôt impressionnant. « Est-ce qu'on pourrait au moins se tutoyer ? Ça me mettrait déjà un peu plus à l'aise. » Ajouta-t-il, lui faisant savoir qu'il était prêt pour ses questions, si elle le désirait.