changing winds (izzy)

De l’air frais, du vent, de l’oxygène, un peu de nature, de soleil et de bonne compagnie. Tout ça, tout ça ensemble, pour me changer les idées, pour apaiser cette tête dont les pensées tournaient et tournaient comme une girouette. La bonne compagnie, c’était qui ? C’était Izzy, Izzy qui arborait présentement une teinture blonde, ce qui au moins arriverait à calmer mes pensées parce que s’il avait fallu qu’elle soit rousse comme elle l’était parfois, alors là, tout aurait été perdu. Ça ne m’empêchait certes pas de me l’imaginer rouquine, avec aisance puisque ce n’était pas improbable, mais au moins là et maintenant ce n’était pas le cas. Mais qu’est-ce que j’avais avec les rousses, bordel ? Je m’arrêtai pour reprendre mon souffle, à peu près au milieu de la randonnée, à mi-chemin entre le stationnement et le belvédère à trois cent soixante degrés qui offrait une vue imprenable non seulement sur la ville, mais aussi sur les plages et la mer. Je posai mes mains sur mes hanches, me tournant pour regardant Izzy qui s’arrêta à ma hauteur. « J’aurais dû mettre un chapeau, une casquette, n’importe quoi. J’vais avoir un de ces maux de tête en rentrant. » Ou peut-être un coup de chaleur, ce qui était encore pire. C’était pas trop le moment de me mettre à vomir en haut de la montée ; je doutais fortement qu’Izzy puisse me porter pour redescendre. Je pris une grande inspiration, puis j’expirai. J’attrapai ma bouteille d’eau dans mon sac et bu quelques grosses gorgées, sans trop me soucier d’avoir de la classe se faisant, alors les gouttes tombaient sur mon menton puis sur mon chandail. Je tendis ma bouteille à Izzy. « Agua ? » Dis-je dans un espagnol très approximatif. Je ne savais pas si elle avait prévu quoi que ce soit, je l’avais un peu invitée à partir en randonnée avec moi, out of nowhere, ce matin même. J’avais au moins eu l’idée et la gentillesse de nous préparer de quoi se faire un pique-nique pour tous les deux, une fois en haut. Et de l’eau, beaucoup d’eau – ça compensait pour ma tête complètement à la merci du soleil à son zénith.

Cette journée n'avait pas été planifié. Depuis quelques jours, tu bossais d'arrache-pieds sur ton blog ainsi que pour le magasine pour lequel tu travaillais en tant que journaliste. Des articles sur des défilés, les dernières collection de grande marque de haute couture et encore plus. Mais tu avais reçu un message dans la matinée. Ton ami Concho t'avait proposé de passer la journée avec lui et d'aller faire une randonnée à l'improviste. Pourquoi pas ! Ca te permettrait de sortir de chez toi, déjà, au lieu de rester enfermé dans cet endroit. Et lui, ça lui permettrait de se changer les idées. Tu savais que depuis quelques temps, son couple battait de l'aile alors tu n'avais pas envie de le laisser déprimer tout seul. Il était venu te chercher, peu de temps après que tu ai accepté sa proposition. Pour la journée, tu avais enfilé un débardeur et un short pour ne pas transpirer de trop non plus. Ta casquette sur la tête, à l'envers, tes lunettes de soleil, et ton sac sur le dos tu étais fin prête pour aller à l'aventure. Ton ami s'arrêta un instant, pour admirer la vue et sa phrase te fit légèrement rire. « J'aurais pu t'en filer une à la maison, mon cousin doit en avoir des cachés ! Pourquoi tu m'as pas dis ? » dis-tu en riant légèrement. Il faisait très chaud, en faut de cette colline. Plus que d'habitude. Malgré ta peau pale, la chaleur ne te dérangeait pas tant que ça. L'australien attrapa une bouteille d'eau dans son sac pour en boire quelques gorgées et te proposa dans un espagnol assez limite. « Por favor » répondis-tu de la même façon que lui. Vous n'étiez pas doué dans cette langue. Heureusement, vous étiez australien. Alors tu attrapais la bouteille lorsque le brun te la tendait et tu bus à ton tour pas très élégamment. Mais tu n'étais pas là pour être élégante, après tout. Après avoir bu, tu essuyais ta bouche d'un coup de bras de manière nonchalante et tu remis la bouteille dans le sac du jeune homme. « Comment ça va, Concho ? » demandas-tu innocemment au jeune homme, alors que tu étais plantée devant lui.

À peine avais-je relevé le fait que j’aurais un sacré mal de tête en raison de ma tête complètement exposée au soleil, qu’Izzy commençait à rire. Un sourire étonné et niais se dessina sur mon visage alors que je la regardais, perplexe mais amusé. « J’sais que je fais souvent des blagues, mais c’était pas destiné à te faire rire, ça. » Je secouai la tête, faussement exaspéré par la jeune femme, avant de l’écouter me réprimander de ne pas le lui avoir dit, puisqu’elle aurait pu me prêter quelque chose pour me couvrir. « Parce que j’y ai pas plus pensé à arrivant chez toi qu’en partant de chez moi ! » Et sur ce, je posai mon index sur le front d’Izzy, la poussant tout légèrement. Je pris finalement ma bouteille d’eau de mon sac, parce que si je voulais tout faire pour éviter le coup de chaleur, à présent, il était primordial de m’hydrater suffisamment. Voulant réserver un même sort à mon amie, je lui tendis ma bouteille qu’elle accepta sans hésiter, dans un aussi bel espagnol que le mien. Ça me fit sourire qu’elle embarque volontiers dans mes bêtises, et aussi qu’elle se soucie si peu des gestes qu’elle posait en ma présence. Elle avait autant de classe que moi, c’est-à-dire très peu, et je la trouvais plutôt charmante pour cette raison-là, Izzy. Je me tournai légèrement dos à elle lorsqu’elle revint vers moi afin de ranger la bouteille d’eau dans la pochette latérale de mon sac. Lorsque je lui fis face à nouveau, je plissai légèrement les yeux en la regardant, alors qu’elle me demandait comment j’allais, avec sa petite gueule d’ange. « Ça va … et toi ? » Suspicieux, suspicieux. Puis, après sa réponse et voyant bien que ce n’était pas une question si désintéressée, je soupirai tout légèrement. Après tout, j’avais déjà parlé à Izzy de mes problèmes sentimentaux, alors aussi bien boucler la boucle de cette histoire. « Zelda et moi, on n’est plus vraiment ensemble. Alors non, c’est pas vrai, c’est pas forcément la forme. Enfin, c’était mon choix, t’sais … mais ça m’empêche pas d’être perdu. » J’hésitai un moment, et en me disant qu’Izzy ouvrait la porte à la conversation d’elle-même, je me permis d’essayer d’obtenir quelques conseils de sa part. « Quand j’dis plus vraiment ensemble, c’est qu’on a décidé de prendre une pause, en quelque sorte. De prendre du temps pour nous, seuls, pour faire le point, tout ça … Tu crois que ça veut dire quoi, ça, exactement ? Genre … qu’est-ce qui est permis, qu’est-ce qui l’est pas ? » J’avais un point de vue masculin, elle féminin, sa perception rejoindrait sans doute davantage celle de Zelda, alors je serais peut-être fixé. Même si j’avais sans doute déjà dépassé la barrière de l’interdit, avec Athéna …