Close to me + Elijah et Salomé

Bowen connaissait un jour de chaleur, une bonne occasion pour siroter une limonade ou un thé glacé. Les rayons du soleil reflétaient sur la baie vitrée. Chez Salomé, où chaque objet reposait à sa place, une jolie table de collation était dressée. Désastreuse en cuisine, elle préféra acheter une variété de gâteaux à Imogen. Elle en prit un, échangeant des banalités avec Elijah, son invité.

Après de longues années sans contact, ils avaient beaucoup de temps à rattraper. Salomé l'a toujours considéré comme un ami très cher à son coeur, car il avait grandit à ses côtés. Bien qu'Elijah s'était enfui sans donner aucune nouvelle, leur amitié semblait intacte. Il avait un peu vieilli, certes, mais elle avait l'impression de revoir ce même regard espiègle quand il était enfant. Le retrouver la rendait nostalgique.

Et ta maison de couture, ça se passe bien? ils avaient au moins ça en commun, tous deux des acharnés du travail. Pourtant depuis son escapade à Népal avec Léo, Salomé relâchait la pression. Elle refusait de participer aux grandes conférences et s'est alliée à un pédiatre remplaçant. Son projet d'adoption se présentait compliqué car étant une femme célibataire et veuve, l'examen psychiatrique émettait de grosses réserves.

Salomé et Elijah, sur le papier deux opposés que leurs naissances dans deux milieu totalement différents auraient pu ne jamais se faire rencontrer. Pourtant ils s'étaient connu gamins, sur les bancs de la cours d'école, un peu par hasard, lui le petit garçon un peu solitaire qui ne voulait pas jouer au ballon avec les autres, elle la petite fille trop gentille qui allait vers les autres. Et ça avait marché, malgré leur éducation différente et le faut que lui venait d'une classe bien plus modeste qu'elle, ils s'étaient bien entendu, c'était la magie de l'enfance, il n'y avait pas encore de jugement à cette époque là. Amis, à la vie à la mort, durant quelques années, ils avaient pourtant fini par s'éloigner, du moins Eli avait pris ses distances, pas forcément avec Salomé elle-même, la pauvre n'avait rien à se reprocher, il s'était juste éloigné de tout son entourage, parce qu'il savait qu'il allait partir, tôt ou tard, alors à quoi bon s'attacher. Et il était parti, sans rien dire, sans plus donner de nouvelles, durant de longues années. A présent qu'il était de retour à Bowen, Stuart ne se faisait pas de grandes illusions, le monde ne s'était pas arrêté de tourner en son absence, personne ne l'avait attendu. Certains avaient entendu parler de son ascension dans l'univers de la mode, ceux qui s'y intéressaient, pour les autres il avait juste changé de vie, point final. Pourtant depuis qu'il avait réaménagée il n'avait que de bonnes surprises de la part de ses anciens amis, à commencer par Tahlia qui l'avait accueillit à bras ouverts comme s'il n'était jamais parti, mais il n'en attendait pas moins d'elle. Et puis Salomé, la petite fille si douce était devenue une femme, superbe malgré le chagrin qu'elle portait sur elle comme un masque indélébile, mais elle restait cette personne foncièrement douce et gentille, ouverte, qui n'avait pas rejeté son ancien ami le jour où il avait enfin osé frapper à sa porte pour annoncer son retour. Depuis ils rattrapaient le temps perdu. A présent qu'il évoluait dans le même monde qu'elle, celui dans lequel on ne s'en faisait plus pour les fins de mois, il se sentait étrangement plus à l'aise en sa présence, même s'il ne la bernait pas, au fond il restait toujours le petit Elijah solitaire, mais il avait pris beaucoup plus de caractère.
On a bien avancé la future collection, je suis content, le projet est beau, il me plait. Et puis moi qui ne croyais pas forcément au fait de s'implanter dans une si petite ville, je suis surpris, ça fonctionne bien à Bowen ! On sentait dans sa façon de parler qu'il était passionné, animé par son travail, la couture c'était sa vie, toute sa vie. Et toi, regarde-toi, tu es rayonnante. Tu ne m'as pas parlé de ton voyage, je suis certain que tu étais dans ton élément là-bas. Les voyages humanitaires ce n'était clairement pas son truc à Elijah, il donnait volontiers aux œuvres caritatives, mais mordre la poussière et se confronter aux populations démunies il n'en avait pas le courage, pourtant il ne pouvait nier qu'il admirait celui de son amie.

Perdre une amitié pendant plusieurs années, entraine, bien souvent, une certaine retenue. Salomé, pas rancunière pour un sou, n'a pas tenu pas rigueur de l'absence volontaire d'Elijah. Les deux amis prenaient le temps de se retrouver. Ils sont à présents adultes avec des vies bien différente. Néanmoins ils s'accordaient pour apporter une grande importance à leur travail. Lorsqu'ils étaient jeunes, Salomé était convaincue qu'il mènerait une belle carrière. Élijah est raffiné avec le flair de la tendance, Bowen ne pouvait qu'être séduit par son don de la mode. Elle le questionna sur l'avancement de sa maison de couture. Sans surprise, tout se passait bien. Génial commenta-t-elle.  Elle marqua une pause, un peu émue. Ils ont partagé une belle partie de leur enfance et maintenant elle voyait Elijah tel un homme accompli. Son souvenir d'un petit garçon aux yeux bleus était loin, très loin. Je suis tellement fière de toi finit-elle par dire, sincère.

Il sembla avoir exactement cette image d'elle : une femme accomplie. Il est vrai que depuis sa mission humanitaire au Népal, Salomé était une toute autre femme. Elle était heureuse, rayonnante. Oui c'était incroyable. Une expérience unique. Je me suis beaucoup attachée à tous ces enfants. C'était très dur de partir avoua-elle d'une voix grave. En effet le retour à la vie normale a été difficile. Personne ne l'attendait à la maison. Pas de mari, pas d'enfant. Elle qui avait l'habitude de vivre avec la solitude, elle était désormais convaincue que cette situation ne pouvait plus durer. Même si elle avait du mal à l'admettre, elle est une jeune veuve qui portait le deuil de son mari depuis trop longtemps. C'est ainsi qu'elle eut ce déclic. L'adoption ou l'insémination artificielle. Salomé  veut devenir mère et sera prête à tout pour atteindre son rêve.

Elijah ne doutait pas que Salomé le soutiendrait dans ses projets, elle était ce genre de femme qui avait à cœur d'encourager les autres et qui s'oubliait elle-même. Ce qui était dommage, selon son ami. Pourtant elle avait bien réussi professionnellement et pour lui c'était le plus important, sur ça il s'accordaient parfaitement.Merci. On m'a dit que tu étais passée à la boutique la semaine dernière, j'espère que tu as trouvé ton bonheur. Lui était rarement en magasin, seulement pour s'assurer que tout était en ordre et pour encourager les équipes, sinon ce n'était pas son job et il savait que les vendeurs étaient compétents. Il écouta Salomé lui parler de son voyage, sentant à quel point elle avait été touchée par ce séjour qui semblait l'avoir changée. Comme si quelque chose s'était passé en elle, même s'il ignorait quoi. Elle lui parlait d'enfants, en même temps en tant que pédiatre il était logique qu'elle les aime, les mômes, sinon elle n'aurait pas choisi ce métier. Il faut te dire qu'il y a d'autres enfants ici qui ont tout autant besoin de toi. Mais visiblement il ne prenait pas toute la mesure du message qu'elle cherchait à faire passer. Il ne se doutait pas de ce besoin de devenir mère, elle qui lui semblait continuellement en deuil de son mari, comment aurait-il pu imaginer qu'elle voulait avoir un enfant toute seule. Lui-même, n'avait encore jamais pensé avoir des enfants, ça lui semblait loin, ou simplement pas pour lui, il était épanoui dans sa vie d'homme, dans son travail qui représentait à peu près tout son quotidien finalement. Alors tu vas repartir, c'est ça ? A présent que tu as été contaminée par le virus du voyage ! Il l'avait demandé sur le ton de la plaisanterie mais il serait triste de voir son amie quitter Bowen alors qu'ils s'étaient à peine retrouvés.

Tout comme Elijah, Salomé était une mordue de la mode. En effet elle était passée à sa boutique la semaine dernière. Oui! J'ai craqué pour une robe de soie, bleue pervenche. Délicieuse complimenta-t-elle de son talent.  Pourtant son style n'avait - habituellement -  rien de transcendant. Plutôt succombé par la qualité que la modernité. Pas de décolleté, pas de robe courte. Depuis peu Salomé s'adonnait aux couleurs lumineuses, elle qui était souvent vêtues de nuances froides. Décidément elle s'était comme métamorphosée!

Léo a beaucoup (pour ne pas dire complètement) contribué à son changement. C'est lui qui l'avait aidé à se sentir femme. Lui encore qui l'avait poussé à se lancer dans cette mission humanitaire. Bien sûr j'ai retrouvé mes patients. D'ailleurs le pédiatre qui collaborait avec elle a très bien assuré en son absence. En se partageant les rendez-vous, cela permettait à Salomé d'avoir plus de temps pour elle. Elijah n'a pas vu juste. Même si elle a vécut une expérience exceptionnelle, elle ne comptait pas repartir. Non, non j'ai un autre projet lui dit-elle d'un air énigmatique. Allait-elle lui dire?

Avoir un enfant, c'était ça SON grand projet. Ce périple au Népal lui a fait prendre conscience qu'il était temps de prendre sa vie en main. Louis était son âme-soeur mais elle ne pouvait plus continuer à s'oublier. Désormais elle n'était plus réticente à entamer une relation amoureuse - à condition, bien sûr, qu'elle rencontre un homme qui en vaut la peine. Une rencontre qui pourrait bien se faire dans plusieurs années. Alors elle s'est posée cette question fondamentale. Devait-elle attendre? Son horloge biologique ne faisait que la rappeler à l'ordre. Le désir de devenir mère grandissait en elle, un désir qui la rongeait jour après jour. Tandis que l'acceptation de son agrément pour adopter, s'éloignait.

Alors voilà, elle a prit cette décision. Faire un bébé toute seule. Était-ce le moment opportun pour le confier à Elijah? Elle hésita, fuyant son regard, mais avec l'envie débordante de partager son secret. Je vais faire recours à l'insémination artificielle. Soudainement elle parut implacable, déterminée. Elle n'était pas prête à entendre un avis divergent, peu importe qu'il vienne de son ami. Salomé avait besoin de soutien.

La robe bleue, il la voyait très bien, avec un tombé droit, sobre, col bateau très légèrement décolleté dans le dos, une coupe classique, élégante, qui irait parfaitement à Salomé. Il l’avait dessiné pour la collection capsule de la région et il était heureux qu’elle la porte, cette femme pleine de charme était une parfaite ambassadrice pour ses créations. C’est une couleur parfait pour toi. Puis ça change du noir. Il roula presque des yeux, Elijah avait horreur du monotone, il aimait la gaieté, il aimait les couleurs chatoyante qui sublimaient une personne. Il n’avait rien contre le noir, c’était un bon classique, mais Salomé était belle, jeune, elle avait tout le temps pour ne porter que ça, il fallait qu’elle s’amuse, au moins avec ses vêtements. Cependant il se voyait mal lui donner des leçons de morale, lui qui tentait encore de se voiler la face quant à ses sentiments pour un garçon. Plus il regardait son amie puis elle lui semblait différente, certes il ne l’avait pas vu depuis durant des années, mais depuis son retour à Bowen ils s’étaient retrouvés plusieurs fois jusqu’à son voyage, mais il semblait que celui-ci l’ait réellement changée, en bien, elle était rayonnante. En plus de mystérieuse. Si je ne te connaissais pas je dirais que t’as rencontré quelqu’un… Il sourit en coin. Non ! Salomé Korshia, il y a un homme dans ta vie ?! On pourrait croire un adolescent en crise d’hystérie en voyant à présent le grand sourire qui se dessinait sur les lèvres du couturier aux aboies face aux futures révélations de son amie. Mais non, ce qu’elle avait à lui dire était tout autre que ce qu’il pensait. Il ouvrit de grands yeux et un Oh… presque déçu, sortit de sa bouche. Non pas qu’il ne soit pas content pour elle, enfin dans une certaine mesure, mais il aurait préféré un peu de ragot. Surtout, il imaginait déjà le parcours du combattant auquel la brune allait s’attaquer en essayant de faire un enfant toute seule.
Toi et moi, envers et contre tout. Si à trente ans, quand on sera vieux, on n’est pas mariés, on fait un bébé tous les deux. Ces mots d’enfants oubliés, comme un pacte conclu des décennies plus tôt, revinrent à la mémoire de Stuart. Il sourit presque à ce souvenir sorti des tréfonds de son enfance. Tu te souviens, quand on était gamin on pensait que trente ans c’était très vieux… On y est pourtant aujourd’hui. Il attrapa sa main et la serra avec bienveillance. Alors tu vas faire quoi ? Tu vas dans une banque de sperme et tu choisis sur papier l’homme le plus beau, le plus sportif et le plus intelligent, tout ça ensemble si possible ?!

Le noir était sa couleur de prédilection. Elle hocha la tête d'un air entendu. Elijah remarqua que quelque chose en elle avait changé. Il pensait qu'elle avait rencontré quelqu'un. Il n'avait pas vu juste. Non! s'exclama-t-elle, toute confuse. Inévitablement, elle pensa à Léo. À ce moment où elle s'est laissée aller dans ses bras et dans ses draps. Il avait réveillé en elle son statut de femme, et non de veuve. Durant ce séjour au Népal, ils n'en ont pas reparlé. Ils étaient d'accord là-dessus, et surprise, cela a renforcé leur lien. Léo était devenu un ami exceptionnel mais il n'était pas Elijah.

Car Elijah, lui, a partagé un gros morceau de sa vie. L'entendre l'appeler par son nom de jeune fille, la chamboulait. Salomé Korshia, petite fille timide, première de la classe, réservée, avec peu d'amis. Elle collectionnait les plus belles billes avec Elijah, qui avait déjà un goût prononcé pour les jolies choses. Il a toujours eut ce côté précieux, qui le rendait unique à ses yeux. Salomé tenait énormément à Elijah et l'avoir perdu lui a brisé le coeur. Parfois il y a des gens qui sortent de notre vie, mais on s'en fiche, on avance sans se retourner. Quand elle l'a perdu lui, elle a eut l'impression que son monde s'effondrait. L'amitié lui semblait si fragile depuis.

Alors imaginez la joie actuelle de le retrouver aujourd'hui.  On a fait une couronne de marguerites pour nos bagues se souvint-elle en étirant ses doigts. Il prit sa main et elle sentit l'émotion s'envahir en elle. Ils avaient fait un pacte, celui de rester ensemble si ils finiraient seul à trente ans. Qu'ils étaient jeunes, innocents, puériles de faire une telle promesse!

Salomé n'avait plus peur d'être seule désormais. Elle était prête à faire recours à l'insémination artificielle. Elijah, non loin de la vérité, comprit grossièrement ce qui allait se passer. Elle ira à une banque du sperme et choisira, selon ses critères, son donneur. Un grand châtain aux yeux bleus  s'esclaffa-t-elle. Sans se rendre compte qu'elle faisait une description d'Elijah. Avec plus de sérieux elle reprit : Je vais avoir 34 ans, je n'ai pas envie d'attendre plus longtemps. Je veux un enfant. C'est physique. Je veux porter la vie, j'en ressens le besoin. Je veux aimer et être aimée en retour. C'est très important pour moi, tu comprends? Elle avait l'air désespérée, or, ce n'était pas ce qu'elle voulait refléter. Son désir ardent d'être maman la consumait jour après jour.

Elijah ne connaissait pas réellement la vie amoureuse de Salomé, il la connaissait romantique, fleur bleue, il avait su, même à distance, qu'elle s'était mariée puis qu'elle avait perdu tragiquement son époux. Il s'était éloigné d'elle mais il n'avait jamais totalement perdu le contact, même discrètement, avec les réseaux sociaux ces dernières années c'était plus simple, même si l'impression de connaître quelqu'un était tout à fait superflue. Ceci dit il se doutait bien qu'après la mort de son mari elle avait eu du mal à se relever, peut-être n'avait-elle d'ailleurs pas connu d'autres hommes depuis Louis, ça ne surprendrait pas Elijah, mais en fin de compte ça ne le regardait pas et il ne la jugeait pas dans tous les cas.
Ils étaient en pleine nostalgie aujourd'hui et voilà qu'ils reparlaient de leur enfance, cette époque où ils étaient inséparables, quand ils pensaient encore qu'ils passeraient leur vie ici, l'un avec l'autre, à se soutenir, à se voir grandir, vieillir, jusqu'à la fin. C'était une belle utopie que d'y croire, mais ils étaient gamins. Stuart sourit en repensant à ces bagues en marguerite qu'il avait oublié. Il fallait croire en tout cas qu'aucun des deux n'ait oublié ce pacte et l'importance qu'il avait pour eux à l'époque. Eli serra alors la main de Salomé comme pour lui dire silencieusement qu'il n'avait presque rien oublié et qu'elle était toujours aussi important à ses yeux. Quand ils étaient mômes ils pensaient naïvement que les adulte devaient obligatoirement se marier, avoir des enfants et un métier convenable pour réussir leur vie, pour être heureux. Et regardez-les aujourd'hui, elle, veuve, en deuil perpétuel, qui tentait de cacher sa tristesse avec ses grands sourires et ses bonnes manières alors que son regard fuyait toujours un peu face au bonheur des autres. Lui, le soit disant grand couturier qui n'avait en fait que son métier dans sa vie vide de toute relation sociale, lui qui s'inventait une histoire avec une femme qu'il avait quitté en laissant sa vie derrière lui pour mieux se mentir à lui-même concernant ses relations amoureuses. Leur vie était un naufrage finalement seuls leur carrières respectives étaient importantes. Il rit à sa réponse, d'autant plus qu'elle s'esclaffait déjà. On est pas mal à être brun aux yeux bleus mon chat, tu n'auras que l'embarra du choix ! J'aurais dû donner mon sperme, ça aurait pu intéresser quelqu'un en fait... Il fit mine de réfléchir alors qu'elle redevenait sérieuse. Mais il repris vite le fil de la conversation en serrant davantage la main de son amie. Je comprends oui. Je crois... Mais il ne faut pas faire un enfant parce que tu veux être aimée, Salomé. C'est d'un homme dont tu as besoin pour ça. Mais il t'aimera ce gosse et je sais que tu as tout l'amour du monde à lui offrir.

 Tu ne voudrais pas te lancer dans une collection layette? ajouta-t-elle sur le ton de la plaisanterie. C'était aussi sa façon de lui demander son soutien.

Gamin, Elijah avait l'âme fleur bleue, un peu romantique, un peu rêveuse. Il était doué de ses mains et dessinait de jolies fleurs sur ses carnets de croquis, ou déjà l'esquisse de tenues élégantes, il maquillait sa sœur avec grande délicatesse et s'occuper de démêler les cheveux de ses poupées parce qu'il trouvait qu'elle n'était pas assez soigneuse avec. Il confectionnait des bouquets de fleurs sauvages pour sa mère parce qu'il estimait que son père ne lui en offrait pas assez. Et il était doué pour faire les couronnes de pâquerettes, oui. Il était doué de ses dix doigts et il avait cette sensibilité qui n'appartenait qu'à lui, le faisant souvent passer pour un petit garçon bizarre. Avec le temps il s'était endurci, il avait laissé de côté ces futilités qui le faisaient remarquer, il n'avait gardé que son coup de crayon et en avait fait sa force, sa raison de vivre, développant son amour pour la mode et son talent pour devenir l'homme qu'il était. Pourtant il n'oubliait pas ces moments emprunts de douceur et d'amitié avec Salomé, la seule qui ne l'ait jamais jugé. Moi ? Je suis bourré e défauts et de tocs, ce ne sont pas mes gênes qu'il faut à ton enfant ! Ils riaient de bon cœur dans une apparente légèreté mais dans leurs têtes à tous les deux ça gambergeait pas mal. Cette histoire d'enfant ça faisait tout bizarre à Stuart. Peut-être que la brune avait raison, d'une certaine façon, si elle attendait trop longtemps il serait peut-être trop tard et puis il se doutait que remplacer l'homme de sa vie, perdu dans de si tragiques circonstances, ce n'était pas chose facile. Bien capitaine ! Compte sur moi pour te soutenir et aller te chercher des fraises à n'importe quel moment du jour ou de la nuit si l'envie t'en prend ! Il était parti assez longtemps mais à présent qu'il était de retour, Elijah comptait bien être présent pour son amie, bébé ou non. Je les dessinerai moi-même, exclusivement pour toi. Il passa sa main avec tendresse sur la joue de son amie, reprenant soudain son sérieux. Tu es sûre, tu es prête à ça ? Le chemin sera long et peut-être difficile. Dis-moi en quoi je peux t'aider, vraiment ? Pardonne-moi de t'avoir abandonné si longtemps, de ne pas avoir été là quand... Elle savait ce qu'il voulait dire, c'est lui qui aurait dû la soutenir, la prendre dans ses bras lorsqu'elle s'est écroulée à la mort de Louis. Je suis là maintenant.