Si tu sautes, je saute + Violence (hot)

Dix-sept heure passé, alors que le soleil commençait doucement à descendre dans le ciel, il restait encore un moment de répit au jour avant de laisser place à la nuit, à cette période de l’année les journées étaient plus courtes et c’était pour cette raison que Terrence aimait se lever tôt. Les pieds dans l’eau, vêtu seulement d’un short de bain, il profitait de la quiétude du rivage presque désert, la plage était à lui et la mer avait chauffé toute la journée. C’était le moment idéal pour une baignade, chose qu’il redoutait bien plus que d’autres, depuis des années déjà. Il n’était allé que rarement à l’eau depuis qu’il avait ouvert sa boutique sur Grays bay et à chaque fois il l’avait fait parce qu’il n’avait pas le choix. Ce soir il laissait volontiers les vagues lui chatouiller les orteils, renouant avec des sensations oubliées, agréables. Fixant l'étendue bleue il semblait perdu dans ses pensées, patient, il attendait, il avait rendez-vous, du moins il espérait qu’elle répondrait présente, Violet. Il lui avait envoyé un message voilà deux jours, lui demandant de la rejoindre près de son magasin, à cette heure, sans plus de détails. Il n’avait jamais eu de réponse. Mais il ne perdait pas espoir, peut-être aurait-elle la folie de venir, par curiosité, par amour, ou pour lui demander d’arrêter de la soliciter une bonne fois pour toutes. La vérité étant qu’il n’arrivait pas à s’éloigner d’elle, à l’oublier, à la rayer de sa vie. Lors de la soirée où Cox avait surpris son ex dans sa boutique, qui remontait à quelques semaines déjà, elle avait lancé l’idée qu’ils se jettent ensemble à l’eau pour défier leur peur commune. Depuis ils s’étaient revu le jour de l’inauguration de son magasin et il fallait avouer que ce n’avait pas été une grande réussite en matière de communication ou de rapprochement, de quelque nature que ce soit. Terrence aurait dû s’en tenir à ça, à la requête de celle qu’il aimait, celle de la laisser tranquille s’il ne souhaitait pas lui donner de réponses à ses questions. Mais il avait toujours en tête cette proposition qu’elle lui avait fait, d’affronter les vagues et qu’il avait failli décliner au départ. C’était néanmoins l’occasion parfaite de la revoir et puis surtout, sans lui il savait qu’elle n’oserait pas se lancer seule dans l’eau et c’était bien trop dommage. Finalement, alors qu’il n’y croyait plus, il vit se profiler sa silhouette à l’horizon, il prit son temps pour l’observer arriver doucement, sandales à la main alors qu’elle foulait le sable sec. Elle était belle, Violet, dans la lumière dorée qui donnait de jolis reflets à ses cheveux au vent, avec sa peau dorée par le soleil. Elle était belle malgré sa mine fermée et son air suspicieux. Elle s’arrêta à bonne distance, refusant visiblement de s’approcher du bord. Terrence lui sourit, espiègle, comme s’ils s’étaient quitté en bon terme la dernière fois, refusant de retomber dans cette gêne qui les avait paralysé tous les deux. Tu as un maillot de bain j’espère ?

Elle avait hésité à se rendre à son rendez-vous, ce soir. Après avoir réception ce message qui ne disait finalement pas grand-chose, Violet avait fermé son téléphone portable. Elle se déclarait hors service pour les prochains jours. Depuis la réouverture, elle avait été occupée. Terrence avait dit vrai, les journées chargées qui suivirent l'ouverture avaient eu raison de son corps qui, épuisé, avait fini par trouver le sommeil rapidement. Elle tombait de fatigue vers vingt heures, juste après avoir mangé, sur son canapé, son chiot à ses pieds. Elle passait une bonne partie de la nuit sur le canapé jusqu'à ce qu'elle se réveille en sueur, prise de mauvais rêves tantôt illustrant son accident, tantôt le braquage de la boutique, tantôt sa rupture avec Terrence. Elle finissait par se traîner dans son lit, suivi de sa boule de poil, mais le sommeil ne venait plus.
Ce matin, elle était convaincue que rejoindre son ex sur la plage était une mauvaise idée. La brune avait été claire dans ses demandes et comme elle avait toujours tenté de respecter les siennes, Violet s'attendait à ce que Terrence fasse de même. Pourtant, il avait brisé sa promesse en lui envoyant un message, lundi dernier. Plus la journée avançait, plus la décision n'était plus définitive. Ambivalente, elle chevauchait entre le désir de le voir et de tenir à poing ferme ses convictions. La tentation était mauvaise, elle ne créerait rien de bien entre eux ; incapables de s'aimer, incapables d'être amis, à présent que deux simples connaissances dans une petite ville qui connaissait leur secret. Violet ne savait pas vraiment ce qui l'avait conduit jusqu'à Grays Bay. Peut-être un peu d'envie, un peu de curiosité, un peu d'amour bien caché. Mais elle s'y était rendue, sandales dans les mains alors que ses pieds caressaient le sable chaud de la fin de journée, sa robe t-shirt marine qui bougeait avec le vent. Au loin, le soleil aveuglant ses iris, elle plissait les yeux en cherchant les traces de Kelly qui était bien loin d'être sur le porche de sa boutique. Au loin, elle l'aperçut, pieds dans les vagues. Le coeur qui battait dans sa cage thoracique, un peu à la vision de son ex, beaucoup à la vision de la mer dont elle s'approchait dangereusement pour la première fois depuis son accident, elle s'avançait vers lui le visage plus froid qu'elle ne le voulait réellement. Ce n'était pas son intention, elle voulait se montrer pimpante comme à son habitude, mais trop autour d'elle l'en empêchait. Lui, la mer, leur passé. Terrence, quant à lui, semblait oublier la façon dont ils s'étaient laissés la dernière fois. Sourire aux lèvres, il l'accueillait avec douceur. Pas vraiment, tu m'avais pas demandé d'en apporter un. Lâcha-t-elle en guise de salutation, les yeux froncés par la question qu'il lui avait posée. Ses yeux divaguèrent vers la mer, son corps se crispa, elle fit un pas vers l'arrière sur le sable sec, s'empêchant d'aller plus loin. De toute façon, y'a aucune chance que je mette un pied dans l'eau aujourd'hui. Elle croisa ses bras contre sa poitrine, sa robe remontant sur ses cuisses nues. Elle n'était pas prête, la peur l'envahissait encore trop.

Le spectacle était saisissant, celui d’une Violet effrayée par cet élément qu’elle aimait pourtant tellement, hésitante, réticente. Terrence en avait entendu parler par ses amis et connaissances de la plage, on disait que quelque chose n’allait plus chez elle, qu’elle avait perdu la passion. Peu de personnes savaient qu’elle avait manqué de se noyer et on pensait juste qu’elle vivait un traumatisme à cause de l’incident à la boutique. Alors qu’il y avait une autre raison à son soudain désintéressement vis à vis de l’eau. Mais les gens parlaient beaucoup, sans savoir, Terrence le savait, depuis le temps qu’il était la cible de bien des commérages. Violet n’était pas habituée à ça, même si, depuis qu’elle le fréquentait sérieusement, elle avait été elle aussi prise en grippe par quelques articles et rumeurs bien senties. Il n’apportait pas grand chose de bon dans sa vie, il fallait bien l’avouer, si on pesait le positif et le négatif de leur relation, le premier ne pesait pas bien lourd sur la balance, comme si Kelly avait la poisse, comme s’il n’était bon qu’à attirer les ennuies au lieu de vraiment lui faire du bien. C’était donc une raison suffisante pour qu’il s’éloigne d’elle. Même s’il avait du mal à tenir ses engagements, voilà qu’il l’accaparait encore ce soir. Si je te l’avais demandé tu ne serais pas venue. Il ne faisait aucun doute que si Terrence avait précisé la raison de leur rendez-vous il aurait reçu une réponse négative de la part de Violet, sa réaction de recule le prouvait. Ce n’était plus dans les habitudes de l’américaine de se montrer si froide et distante envers son amant, depuis quelques mois elle était toujours celle qui les tirait vers le haut tous les deux. Ce soir pourtant elle avait perdu sa lumière et Terry peinait à savoir si c’était à cause de lui ou simplement à cause de l’eau. C’est ce soir ou jamais Violet. L’eau est calme, il n’y a personne sur la plage, tu  n’as rien à craindre alors maillot ou pas ce n’est pas bien grave. Au pire il lui en décrocherait un de son rayonnage si vraiment elle insistait. Mais la question n’était même pas là. Il s’approcha doucement de la belle effrayée et attrapa ses mains pour qu'elle se détende, il la sentait totalement figée. Tu m’avais proposé qu’on fasse ça ensemble, tu t’en souviens j’imagine, tu n’oublies jamais rien. Alors c’est maintenant, il est temps, si tu attends trop il sera trop tard. J’suis là, avec toi, même si j’ai tout autant la frousse que toi. Terrence s’approcha encore, osant combler une distance qu’il s’interdisait pourtant, mais ce soir c’était pour la bonne cause. Il descendit ses mains jusqu’au bas de la robe et entreprit de la lui retirer doucement sans brusquer Violet. N’y voyez aucune démarche d’ordre sexuel, même s’il aimait évidemment la vision de ce corps dévêtu, parce qu’il s’agissait d’elle et qu’il ne pouvait pas lui être indifférent, Kelly était à des année lumières du rentre dedans. Tu veux bien me faire confiance ? Il délaissa la robe sur le sable et lui tendit la main, quand il eut le feu vert de Cox ils s'avancèrent ensemble sur le bord de l’eau. La mer était d’huile et le soleil couchant lui donnait une teinte orangée, le moment choisi était idéal pour se jeter dans le bain.

La Violet courageuse que l’on connaissait n’était plus. Face à l’océan, elle était muette, gelée sur place, incapable de faire un pas vers l’avant alors que l’eau avait toujours été sa source d’énergie. Elle ne foulait plus les plages, pas même la sienne. Elle se contentait de se lever, machinalement, tous les matins avec le devoir de se rendre au travail. On ne pouvait dire qu’elle n’éprouvait pas de plaisir, le surf demeurait sa passion première, mais elle était beaucoup moins impliquée. Elle vendait, avec passion, avec douceur, comme elle savait bien le faire, mais elle ne participait plus à la vie active et culturelle du sport. Au loin, au travers de la grande baie de sa boutique, elle espionnait les surfeurs domptés le Pacifique avec jalousie. Maintenant qu’elle était devant, cette jalousie s’était transformée en peur. Phobie qui la paralysait, qui l’empêchait de raisonner. Et cette paralysie déformait sa personnalité, la rendant froide, fermée, peu réceptive pour l’aventure. Peut-être que son absence faisait parler, en vérité la brune n’en savait pas grand-chose et si on lui demandait son avis, elle s’en fichait. Les gens pouvaient bien parler, raconter des ragots sur elle et sa passion fanée, elle était déjà brisée sans même entendre ce que l’on racontait.
Terrence avait vu juste, s’il lui avait présenté leur rendez-vous en annonçant ce qui se cachait derrière sa tête, elle aurait refusé. Violet n’était pas assez solide pour affronter ce qui lui faisait peur, pas maintenant, pas de son plein gré. Or, aujourd’hui, elle se trouvait confrontée à cette peur qu’elle repoussait tant. Il renchérit sur son idée ferme de vaincre leur peur, à tous les deux, de vivre ce moment qu’elle avait bêtement lâché dans l’air le soir où elle avait découvert l’implication de son ex dans la reconstruction de sa boutique. Elle l’avait lancé dans l’univers, sans vraiment penser que, rapidement, il prendrait sa parole aux mots. C’est maintenant ou jamais, disait-il, et chaque pas qu’il faisait en sa direction servait à calmer la peur qu’on pouvait lire dans ses yeux. Le visage de Violet était toujours froide, fermée, incapable d’accepter, incapable de s’imaginer plonger, jusqu’à ce qu’il ose prendre ses mains qui tremblaient. Violet baissa les yeux vers la proximité qu’il leur avait imposée. Son corps arrêta de trembler, comme si la chaleur de Terrence était assez réconfortante pour tout apaiser. Le sourire de la brune apparut enfin quand le militaire amena à la blague sa mémoire qui ne faisait jamais défaut. Il avait raison, elle n’avait pas oublié. Et elle fut finalement attendri quand il avoua, lui aussi, être autant pétrifié qu’elle. On avait inversé les rôles, Violet qui, naturellement, parlait beaucoup se trouvait maintenant silencieuse alors que Terrence, lui, trouvait les mots pour apaiser leurs maux. Ses mains glissèrent vers le bas de la robe, lentement, comme s’il tentait d’apprivoiser une bête sauvage apeurée. Terrence retira d’un geste le bout de tissus marine et l’envoya reposer sur le sable avant de plonger son regard dans celui de la brune. Violet sourit, joues empourprées. À la limite de l’indécence, elle se trouvait à présent en petite tenue, le regard dans celui de l’homme qui lui demandait de lui faire confiance, les yeux embrouillés de larmes. Elle voulait, elle aurait aimé lui faire confiance aussi facilement, mais elle ne pouvait. Il avait brisé sa confiance en l’abandonnant au moment où elle était le plus vulnérable, au moment où elle avait le plus besoin de lui. Le commerçant se montrait patient, compréhensif, de son regard doux qui attendait une approbation jusqu’à ce que la belle lui donne le feu vert pour qu’ils puissent avancer, au même rythme, vers l’eau calme en cette fin de journée. Au bord de la rive, l’écume rencontra les pieds de la surfeuse. Instantanément, elle ferma les yeux. Figée, incapable d’aller plus loin, elle osa enfin parler. Je peux pas.. Chuchota-t-elle. L’eau sur ses chevilles avaient la sensation de feu qui brulait sa peau, qui ravageait son corps. Autrefois comme du coton, cet élément n’avait rien d’agréable présentement. J’ai trop peur… Ajouta-t-elle sur le même ton, les yeux toujours fermés, complètement crispés. Mais dans ses pensées, le noir de ses yeux comme image de fond, se projetait les souvenirs de ce matin-là, ce matin où l’océan lui avait arraché cruelle sa passion. Les vagues qui l’emportaient, la respiration qui se coupait, sa vision qui s’éteignait, son cœur qui arrêtait de battre. Si un bateau passe et qu’une vague se créé, tu seras à l’eau avec moi.. Il y aura personne pour nous sauver. Sur l’expression d’une de ses peurs, Violet ouvrit enfin les yeux et posa son regard sur son ex. Je ne veux pas que tu disparaisses à cause de moi…

C’était facile pour Terrence de se donner ce rôle là face à Violet, celui qui donne des leçons de courage alors que des deux il était celui qui en manquait cruellement. Il lui avait montré plusieurs fois sa lâcheté face à leur relation et à ses sentiments qu’il n’assumait pas. Mais ce soir il faisait ce pas vers elle, pas pour chercher un rapprochement, puisqu’il pensait que leur histoire était vouée à l’échec, mais bien parce que son affection pour elle était plus forte que tout. il ne voulait pas la laisser dans cette détresse qu’il ressentait, qu’il prenait comme si elle faisait aussi partie de lui. C’était une sensation étrange que de ressentir ça, peut-être parce qu’il avait été témoin de la scène, il en avait même été acteur, malgré lui, par cette matinée mouvementée. Il se sentait même coupable, quelque part, parce que c’était qui l’avait confrontée ce jour là sur la plage, sans qu’il vienne à sa rencontre elle ne se serait pas fait emporter par cette vague destructrice. C’était la première fois que Violet se montrait si faible face à Terrence, elle qui était une force de la nature pour lui, ce petit bout de femme qui déplaçait pourtant des montagnes, il l’admirait, tellement, que c’était bien trop douloureux pour lui de la voir effrayée face à cette eau qu’elle aimait tellement avant l’accident et de se heurter à son mutisme, alors qu’elle savait être si bavarde. Alors il la prenait par la main, au sens propre comme au figuré, comme une petite fille qui avait besoin d’être guidée pour une première fois, il l’aidait, l’encourageant de ses gestes, la guidant doucement. Il retirait sa robe, presque aussi fébrile qu’elle. Et découvrit son sourire alors que ses cheveux retombaient sur ses épaules et que ses joues rougissaient. Il sourit à son tour, tout aussi gêné qu’elle, comme s’il la découvrait pour la première fois, pourtant il ne chercha pas à regarder sa lingerie ou ses formes, il ne quittait pas ses yeux, ces grands yeux ronds, effrayés et surpris de le voir si tendre et si prévenant envers elle. Elle devait peiner à se souvenir que Terrence pouvait être un homme soucieux des autres sous ses airs bourrus et rabougris. Les yeux de Violet s’emplirent de larmes et alors son amant pris peur d’être allé trop loin, de se montrer trop brusque alors qu’elle n’était clairement pas prête à se jeter à l’eau. Pourtant elle pris sa main pour qu’il la mène vers l’écume. Dans une marche lente, parce qu’il ne voulait pas la brusquer, mais aussi à cause de sa jambe qui lui faisait toujours défaut, ils s’avançaient doucement. Avec son simple short de bain, Terrence dévoilait les cicatrices de sa blessure, les stigmates bien visibles de ce traumatisme qu’il subissait encore aujourd’hui, ces grandes balafres qui lui faisaient honte et dont il ne se débarrasserait jamais. Ils étaient tous les deux blessés, handicapés à leur façon et chacun pouvait alors servir de béquille à l’autre, Kelly voulait y croire. Mais il sentit la main de Cox se figer dans la sienne et tout son corps s’arrêter face au mur qu’elle avait face à elle. Il chercha son regard mais elle avait fermé les yeux. On a tout notre temps, rien ne presse. De son pouce il caressait sa main sans s’en rendre compte, pour la rassurer, il était là, ils étaient ensemble. Ouvre les yeux Violet, il n’y a aucun bateau. Et si quoi que chose se passe, fais moi confiance, je ne te laisserais pas te noyer. Plutôt mourir. Il lui sourit avec une grande douceur, elle paniquait, elle disait n’importe quoi. Il encadra alors son visage de ses grandes mains rassurantes. Et si ça devait arriver crois-moi je n’hésiterais pas. Mais tu ne te débarrasseras pas de moi si facilement Cox, j’suis solide qu’est-ce que tu crois. Il tentait de faire un peu d’humour pour dédramatiser cette conversation qui tournait au mélo.

Sur la plage, où d'ordinaire les vagues s'agitaient, régnait un calme absolu. Ils étaient seuls, tous les surfeurs avaient pris congé, toutes les familles étaient rentrées. Ils ne restaient que leurs deux coeurs esseulés sur le sable chaud de fin de journée. C'était comme si Terrence avait tout prévu, comme s'il avait loué la plage pour la soirée, interdit aux voyeurs. Comme s'il avait appelé dame nature, supplié pour qu'elle soit clémente, qu'elle leur accorde un moment de répit. Tout ça pour que Violet retrouve son amour pour la mer. C'était difficile à comprendre, difficile à accepter, alors que leur relation s'était montrée en dent-de-scie depuis les derniers mois, mais il se montrait encore attentionné à l'égard de son ex. Même si elle lui avait demandé de l'oublier, à son tour, même si elle avait coupé leur dernière rencontre drastiquement. Et pourtant, il se montrait adorable avec elle, respectant son rythme, respectant ses pas. Il prenait sur ses larges épaules tous les problèmes que la brune supportait, il se montrait fort pour deux alors qu'ils étaient, tous les deux, terrifiés à l'idée d'affronter l'océan. De sa carrure d'homme solide, il acceptait d'être son pilier, d'être sa lumière au bout du tunnel, de sauver la femme qu'il aimait du ravin dans lequel elle s'était plongée. C'était pourtant la nature de son ex, sous ses airs caractériels et froids, il était cet homme rempli de douceur. Il cachait bien son jeu, Terrence, mais à l'égard de son ex, depuis qu'il s'était donné la chance d'aimer, il s'était toujours comporté de la sorte. Et c'était surement parce qu'il avait eu raison d'elle, parce qu'il se comportait si compréhensif avec elle, que Violet lui donna le feu vert, qu'elle attrapa sa main pour le suivre vers l'eau jetant ses sandales près de sa robe sur le sable. Ils s'étaient avancés, silencieux, vers la mer encore chaude. Plus la commerçante avançait, plus la vision bleutée et orangée miroitait dans ses yeux, plus elle sentait son coeur se serrer, plus elle sentait sa respiration coupée. Son corps tremblait quelque peu à l'idée de faire un pas de plus, sa main se resserra dans celle de son ex et d'un coup sec elle fût incapable d'avancer, paralyser par la peur qui rendait son discours décousu et vide de sens. Terrence tenta de rassurer la surfeuse, son pouce caressant doucement la peau hérissée de la brune. Et lorsqu'il lui demanda d'ouvrir les yeux, Violet s'exécuta. Elle plongea ses yeux dans ceux de son ex, le coeur remplit d'émotions qui s'entremêlaient, elle paniquait et il parlait de mourir pour elle. Violet secoua la tête. Non, non, c'est exactement ça. J'veux pas que tu meures pour moi. C'était insensé, c'était irraisonnable. Ils de disputaient presque pour des paroles qui pourtant auraient dû l'attendrir. Et dans d'autres circonstances, elles l'auraient fait. Mais à cet instant, devant cette Violet affolée à l'idée de faire un pas de plus dans l'océan, même les plus beaux mots ne pouvaient l'apaiser. Terrence changea de tactique, tentant l'humeur pour décrisper son corps qui se tenait rigidement. Violet roula ses yeux vers le ciel, un petit rire s'échappa de ses lèvres. Tu as raison, j'arrive pas à me débarrasser de toi... Elle caressa, à son tour, sa main qui n'avait toujours pas lâché celle de l'homme. C'est juste que je n'arrive pas à effacer les images de l'accident de ma tête... Chaque fois qu'une vague frappa mes chevilles, je me sens submergée, étouffée, asphyxiée. J'arrive pas à me débarrasser de ce cauchemar, ça hante mes nuits. Elle osa le regarder dans les yeux, lui qui faisait tant d'efforts pour elle. Il s'était mis en short de bain, il avait exposé ses blessures de guerre, il avait pris son courage à deux mains, alors qu'elle le laissait tomber, qu'elle reculait alors qu'il faisait deux pas vers l'avant. Du bout des doigts, elle se permit de caresser les cicatrices sur la jambe de Terrence, de les regarder, elles qui étaient ordinairement camouflées. Tu te montres courageux alors que moi je ne sais pas avancer... J'suis là, au beau milieu de la plage, en sous-vêtements, alors que tu veux convaincre ta peur avec moi... J'suis folle, j'suis pas possible.. Elle soupira longuement avant de reposer ses yeux sur lui. Si tu peux, je peux...

C’était un coup de chance, ou un coup de pouce du destin. Terrence s’était levé ce matin en ayant mal dormi, pensant à Violet, froissant ses draps à force de tourner dans son lit, il savait qu’en fin de journée ils se verraient, si elle répondait présente à son invitation. Il avait fini par regarder la météo et il s’avérait que la journée serait particulièrement calme, très peu de vent et un coefficient de marée assez faible, le temps idéal pour une baignade comme celle qu’il prévoyait. Alors il n’avait rien commandé, il n’avait pas choisi, mais tous les éléments s’étaient accordés pour que son plan fonctionne. Encore fallait-il qu’elle se laisse fairE. Pour le moment c’était presque trop simple, la belle américaine fébrile, fragile, tremblant comme une feuille se laissait pourtant faire docilement par son ancien amant. Elle lui offrait une confiance aveugle qui désarçonnait presque le grand brun. Mais Terrence ne se démonta pas, il avait une idée en tête, il avait ravalé sa fierté, mis son orgueil de côté et il se dévoilait à celle qu’il aimait. Il l’aidait puisqu’il ne voulait pas la voir devenir comme lui, désabusé par une vie qui avait pourtant tellement de belles choses à offrir, elle avait tout le temps de se renfermer sur elle-même ou d’avoir peur, elle ne devait pas tomber dans ces travers-là sous peine de perdre sa lumière. Kelly ne parlait pas vraiment de mourir pour elle, il n’avait pas l’âme aussi chevaleresque, du moins ce qu’il pensait, mais s’il fallait qu’il risque sa vie pour sauver celle de Cox, il n’hésiterait pas, il le lui avait déjà prouvé. Son existence à lui était tellement décevante, parfois il lui semblait devoir gravir des montagnes pour simplement pouvoir se regarder dans une glace, à cause de ses mauvais choix, à cause de son mauvais jugement, il avait plongé dans un monde qui ne lui ressemblait pas et les seules choses qui lui donnaient encore un minimum d’estime de lui-même à présent c’était sa boutique, sa fierté, son bébé et Violet, seule femme à ne pas avoir baissé les yeux devant lui et à avoir cherché à voir plus loin que les apparences. Pour autant il avait une autre raison de se battre à présent, une raison bien plus profonde, plus personnelle, puisqu’il avait retrouvé sa fille, Lena et qu’il avait à cœur de rattraper le temps perdu sans elle durant dix-huit ans. Il n’y a que nous et l’océan, Violet, rien qui pourrait nous mettre en danger ce soir, je te promets qu’il n’arrivera rien. C’était le genre de promesse qu’il ne pourrait pas tenir parce qu’il ne commandait pas les éléments, malgré tout il le sentait, tout irait bien, si elle acceptait de lui faire confiance pour cette fois. Il l’écouta en hochant régulièrement la tête, comprenant ô combien ce qu’elle voulait dire, lui qui avait revécu durant des années ce jour où il s’était fait tiré dessus et où sa vie avait basculé dans l’horreur. En parlant de ça, il sursauta presque lorsqu’il remarqua qu’elle tendait la main pour parcourir ses blessures du bout de ses doigts, il n’aimait pas qu’on y touche, ou seulement qu’on les remarque, elles étaient une abomination pour lui, une véritable honte. Mais il laissa Violet faire, il prenait sur lui, tout comme elle prenait sur elle ce soir, chacun ses faiblesses, chacun ses blessures, visibles ou non. Il m’a fallu des années pour que je me décide. Je ne suis pas plus courageux que toi, au contraire. C’est toi qui m’a donné cette force. Et si la jeune femme était lucide elle saurait qu’il disait vrai, qu’il avait raison. Elle se redressa et plongea son regard dans celui de Terrence, il osa un sourire timide. Alors on se lance. Ferme les yeux. Il la laissa faire, s’avancer doucement puis il la pris dans ses bras, soulevant ses jambes dans les airs, se servant de toutes ses forces pour ne pas vaciller sur ses jambes fragiles, il parcouru quelques mètres avant de plonger dans l’eau, Violet accroché à son cou, ensemble, il s’immergèrent tous les deux. Maintenant ouvre les yeux. Tu as réussi. Il lui sourit avec douceur, à présent qu’elle avait fait le plus difficile elle pouvait profiter de cette eau qu’elle aimait tant, nager, flotter, plonger,... Il était le seul témoin de sa renaissance alors que le soleil se couchait sur l’horizon.

Si Violet avait vu son accident comme un signe que les disputes entre elles et Terrence avaient assez duré, elle ne voyait pas cette journée de la même façon. Le scénario donnait l'impression que tout avait été parfaitement orchestré pour faciliter la réunion avec leurs vieilles passions, mais en réalité elles n'avaient que de ressorts que du hasard. Un hasard pur et dur qui avait mené, suite de conséquences logiques, à cette soirée calme sur la plage, sans spectateur pour les épier. Et même si elle avait peur, même si elle bloquait sur les efforts qu'il voulait la voir faire, Terrence en respectait chaque parcelle de cette réconciliation avec l'océan. C'était son idée, elle avait lancé la pierre dans son camp, elle lui avait promis qu'elle recommencerait, avec lui, ses sorties en mer. Au final, c'était sa faute. Alors, il l'avait dénudé, retirant sa robe qui créait une barrière entre elle et l'eau et il l'avait confronter au plongeon, supporter ses lenteurs comme ses hésitations. Il lui fit une promesse qu'autant elle que lui savait impossible à contrôler, mais Violet l'accepta, hochant la tête docilement. Cette soirée, elle était incontrôlable. Elle demandait du laissé-aller, du relâchement, de l'acceptation que rien ne pouvait être totalement prédéfini à l'avance. La brune acceptait ce doux mensonge comme un baume sur ses peurs et ses craintes qui auraient pu grandir, grossir et devenir inconsolables. Il avait su faire, Terrence, en l'écoutant, mais sans tomber dans la valorisation de ses fausses phobies, sans leur donner l'importance qu'il ne leur appartenait pas et qui pourrait les entretenir. Il les avait cassés, gentiment, de son ton ferme, mais rassurant. Et parce qu'il semblait si confiant, parce que Terrence montrait qu'il serait là, assez fort pour deux, la commerçante se sentie plus à l'aise à se détentendre et à vouloir faire un pas de plus. C'est ce qui la poussa à parler ouvertement de ses craintes, à mettre des mots sur ce qu'elle ressentait quand l'eau la frappait, quand elle recevait les vagues ou quand elle les entendait au loin. Les images qu'elle revoyait, elles n'avaient rien de ce que lui avait dû enduré toutes ses années après la guerre, après son accident, après que son corps soit meurtri pour toute une vie des traces de son passage en Irak. Violet caressait ces traces qui pour elle représentait bien plus qu'une abomination. C'était le courage de se lever chaque matin et de continuer à vivre malgré le passé. Bien évidement, aujourd'hui Terrence avait beaucoup dans sa vie. Il avait Stan, sa boutique et, plus récemment, sa fille qui le motivait à se lever chaque matin. Mais elle pouvait se mettre dans sa peau alors qu'il semblait tout avoir perdu, en prison, coupé de tout, à se réveiller tous les matins tout de même et à affronter ce que la vie avait à lui offrir. Elle, de son côté, elle n'avait rien. Certes, il y avait Frankie qui était un nouvel ajout à sa vie et peut-être sa boutique, si la passion des vagues revenait, mais elle n'avait pas une personne qui la motivait à se lever chaque matin. Il y avait eu Terrence, pourtant à présent il était un lointain souvenir de sa bonne humeur au réveil. Elle était terne sans lui, vide de sens, au même titre que sa passion l'était sans l'océan. Mieux vaut tard que jamais... Commença la brune, toujours en caressant les blessures de guerre. Elle savait pourtant qu'il ne les aimait pas, ce n'était pas la première fois qu'elle les touchait et chaque fois il le lui avait mentionné. Lorsqu'elle prit conscience de son geste, elle s'arrêta puis reposa son regard sur lui. Ne dis pas de bêtise... Elle secouait la tête, assurée qu'il plaisantait. T'as pas besoin de moi pour avoir de la force. T'es Terrence Kelly, celui qui ne s'écroule jamais, peu importe ce que l'on raconte. Et c'était vrai. On avait sali sa réputation à maintes et maintes reprises et jamais il n'avait sourcillé, jamais il ne s'était effondré. Il s'était toujours montré droit et fier, sûr de lui, alors qu'il aurait pu se montrer vulnérable, atteint par les mensonges dont on l'accusait. Les armes dans son arrière-boutique, les rapports avec des personnes peu fréquentables, les intentions malhonnêtes envers Violet, tous ses mensonges qu'il n'avait ni affirmé ni contredit mais qui ne l'avait jamais fait tombé. Si tu peux, je peux. Et il prit ses paroles aux mots, l'encourageant. Violet avança un pied, puis l'autre, elle s'enfonçait les chevilles dans l'eau qui ne bronchait pas. Puis, le militaire s'avança près d'elle et lui demanda de fermer les yeux ce à quoi elle répondit docilement. Sans qu'elle le voit venir, il prit la belle dans ses bras avec toute la force qui l'habitait pour la téléporter dans l'élément qu'elle craignait. Pour lui faciliter le transport, Violet enroula ses jambes autour de ses hanches. Il put poser ses mains sous les fesses de l'Américaine et stabiliser ses pas. Elle avait entouré son cou, instinctivement, imaginait sans le voir le paysage qui se dessinait alors qu'il avançant dans l'eau juste avant de réaliser qu'ils étaient, tous les deux, plongés. Elle ouvrit enfin les yeux, un sourire sur le visage alors que, pour la première fois depuis sa noyade, sur cette même plage, elle ne faisait qu'un avec sa passion, Terrence comme seul témoin. Elle aurait pu le lâcher, nager, explorer, mais son corps restait accroché à celui du trentenaire. Incapable de bouger, incapable de se détacher. Sur ses joues coulèrent des larmes d'émotions mélangeant la joie à la tristesse, la fierté à la confusion. Toi aussi, tu as réussi... Lui adressa-t-elle, lui qui n'avait pas mis un pied à l'eau depuis que sa jambe le tourmentait. Au même moment, leur regard se croisa. Ils étaient près, beaucoup trop près, l'eau saline comme seule barrière. C'était dangereux, c'était risqué. Violet s'en rendit compte. Elle baissa les yeux vers le menton de l'homme, malaisée. Je vais m'éloigner de toi maintenant... Affirma-t-elle, même si elle n'en avait envie le moins du monde. Elle commença par défaire l'étreinte de ses bras autour du cou de l'homme qui la soutenaient toujours par les cuisses, cuisses qui étaient enroulées autour de sa taille. Puis, lentement, elle décroisa ses jambes laissant un vide entre eux. Terrence fut forcé de briser leur rapprochement, lâchant ses cuisses au moment où elle prenait pleine connaissance de l'eau. Elle flottait, elle nageait, elle était libre. En un instant, Violet était sous l'eau. Elle remonta à la surface, les cheveux complètement mouillés, le mascara qui coulait sur son visage, le soutien-gorge presque transparent : mais qu'est-ce qu'elle se sentait vivante.

L’australien jouait avec le feu en initiant ce rapprochement avec Violet ce soir. Il savait qu’il était difficile pour chacun d’entre eux de résister à l’attraction, que ce serait cruel pour elle que de la prendre dans ses bras sans rien faire de plus et qu’il serait horrible pour lui de sentir sa peau contre la sienne en réprimant l’envie de la caresser. Mais il tenait bon, parce que ces retrouvailles n’avaient pas vocation à ce qu’ils se retrouvent réellement, physiquement, Kelly se cachait derrière son grand projet de remettre sa légendaire concurrente à l’eau, cette idée presque héroïque d’un certain point de vu, en essayant de déjouer l’une de ses plus grande appréhensions. Derrière tout ça il cachait sa peur à lui bien plus grande, démesurée, de se laisser aller dans une vraie histoire d’amour avec elle, d’enfin tout lui dire, de mettre cartes sur tables, tous ses travers, tous ses mensonges pour qu’elle sache la vérité et qu’elle ait enfin le choix, celui d’aimer ce Terrence qu’il était vraiment, en toute connaissance de cause, ou de s’éloigner de lui parce qu’elle jugerait qu’il n’était pas quelqu’un de bien. Mais il n’y arrivait pas, il préférait se dérober pour qu’elle ne sache pas, de ce fait c’était lui qui prenait la décision, parce qu’il était encore incapable d’assumer le fait qu’elle puisse le fuir, qu’elle puisse réellement le détester pour ce qu’il était. Il refusait de lire une nouvelle fois la peur dans ses yeux comme quand elle avait découvert l’arme qu’il cachait chez lui. Il préférait qu’elle le déteste pour des raisons erronées quitte à foutre en l’air cette chance, même infime, qu’elle l’aime malgré ses mensonges, envers et contre tout. C’était pourtant contradictoire parce qu’il leur refusait tout rapprochement, mais il se montrait malgré tout charmant, prévenant envers elle, comme s’il cherchait perpétuellement à la séduire, comme pour s’assurer qu’elle ne tombe pour aucun autre homme puisqu’elle serait éperdument éprise de lui. C’était alors d’autant plus fourbe, même s’il ne se rendait pas compte de son comportement. Il s’esclaffa à la réflexion de Cox. C’est vrai, tu as raison. “Je suis Terrence Kelly”, sans peur et sans reproche. Il en bombait presque le torse, même si c’était idiot, il se moquait de lui-même. Des peurs il en avait tellement, sûrement bien plus que beaucoup, mais il avait aussi une fierté et un orgueil suffisants pour ne pas flancher, pour se tenir toujours droit malgré les critiques et les épreuves, il tenait bon depuis des années, alors il n’allait pas craquer maintenant. Néanmoins Violet avait tort, il avait bien besoin d’elle, sans elle il n’aurait jamais osé se tenir face à l’océan ce soir, ni même avancer dans les vagues sans ciller, il puisait en elle une sorte de sagesse qui le poussait à avancer. Et ensemble ils se jetèrent finalement à l’eau, elle avait enroulé ses jambes autour de sa taille dans un geste des plus sensuels qui aurait pu le clouer sur place s’il n’était pas focalisé sur son objectif en fixant l’horizon. Terrence la soutenait de toutes ses forces mais il marchait en douceur, pour qu’elle ne soit pas trop tétanisée une fois arrivée dans les vagues. Et quand ils furent totalement immergés Terrence proposa à Violet d’ouvrir les yeux. Il l’observa alors, il avait le privilège de n’avoir ce spectacle que pour lui tant leurs visages étaient proches, il remarqua son émotion, ces larmes qui coulaient sur son visage, qu’il pris pour un signe de délivrance et toute la confusion qui passait dans son regard. Kelly fut pris d’une folle envie de l’embrasser pour fêter cette petite victoire mais elle le désarma avec sa réponse. En pensant à elle il s’était presque oublié lui-même, il avait réussi lui aussi, il avait dépassé sa peur. Un mince sourire s’étira alors discrètement sur son visage tandis que leurs regards brûlants se retrouvaient, ils plongeaient l’un dans l’autre comme leurs corps avaient plongé dans la grande bleue et le temps s’arrêta. Dire qu’ils étaient si proches, Violet enlacée autour de Terrence, leurs souffles se mêlant, ils pourraient simplement s’approcher, ils pourraient combler ce vide et faire tomber les barrières que le surfeur avait égoïstement monté entre eux. Mais la brune rompit la magie de l’instant en affirmant qu’elle allait s’éloigner, il aurait pu la retenir, la serrer tout contre lui pour lui faire comprendre qu’il n’avait aucune envie qu’elle se détache de lui. Mais il n’opposa aucune résistance et la sentit doucement se défaire de leur étreinte puis glisser dans l’eau, seule. Et ce fut un spectacle différent que celui de leurs deux corps qui se retrouvent, celui de voir Violet retrouver son élément, plonger, nager, profiter d’avoir la plage rien que pour eux deux, la voir sourire, c’était beau, touchant. Malgré tout, Terrence ne se sentait pas à l’aise, les vague se fracassaient sur son torse alors qu’il restait immobile, elles le tourmentaient, lui rappelant tant de mauvais comme de bons souvenirs, le clouant sur place, c’était peut-être un peu trop pour un seul homme. Si Violet paraissait retrouver ses sensations perdues, ce n’était pas encore le cas pour lui. Il était probable qu’il ait attendu trop longtemps avant de retourner à l’eau ou peut-être lui fallait-il se forcer plus d’une fois, demander du temps au temps, il n’en savait rien, mais petit à petit il s’éloigna de l’eau pour retourner sur le rivage. Rabattant ses cheveux en arrière il s’assit sur le sable mouillé, laissant les vagues qui terminaient leur course venir s'abîmer doucement sur ses pieds alors qu’il regardait Violet profiter de sa liberté retrouvée. Il avait tout de même le sourire aux lèvres, Terrence, il était heureux pour l’américaine, heureux de la voir sourire à nouveau, heureux d’avoir réussi, de façon la plus désintéressée, à l’aider au moins un peu.

Il n'avait pas besoin d'elle, elle en était convaincue. Violet ne se voyait pas indispensable à la vie de Terrence. Il n'en lui donnait pas l'impression, non plus. Homme fier, égo masculin gonflé à bloc, il ne lui laissait pas voir qu'au-delà de tout ça, il avait des craintes. La brune n'était pas dupe, elle savait qu'il n'était pas réellement sans peur, tout le monde a ses démons, et pourtant elle le voyait comme un héros, un battant, plein de courage sans elle. Alors que sans lui, elle ne se serait jamais aventurée dans les eaux. Pas maintenant. Pas tout de suite. Mais il avait eu raison, Terrence avait vu juste, il fallait se remettre en selle et ne pas plus attendre. Leur corps à une proximité dangereuse, leur souffle qui s'entremêlaient, leur coeur qui battait au même rythme, leurs yeux brûlants qui ne se lâchaient plus, la douce sensation de sa main contre la peau de l'Américaine, un rapprochement cruel, remplit de tentation. Elle aurait pu briser la distance, il aurait pu l'embrasser, leurs lèvres entreouvertes par le désir charnel de se retrouver, de consommer ce qu'ils tentaient de fuir depuis beaucoup trop longtemps, ne se cachaient pas. Mais ce rapprochement, cette caresse de sa peau sur la sienne, cette étreinte n'avait pas de but intime, pas au départ du moins, elle servait à donner du courage, à approcher un peu plus leurs corps du but attendu de leur soirée. De se laisser immerger par la mer, d'en apprécier les sensations. L'air chaud et salin sur leur corps, la brise de fin de journée, Terrence s'était plongé le corps dans l'eau, amenant avec lui sa douce, et une nouvelle sensation en était née. Deux corps qui redécouvraient la mer, deux corps qui redécouvraient le bonheur. Dans son périple pour retrouver sa passion, Violet n'avait pas fait attention à Terrence. Égoïste, elle vivait le moment pleinement, s'étant détachée de lui pour mieux absorber la redécouverte. À flotter comme un poisson, elle ne s'était pas aperçu qu'il l'avait quitté, complètement quitté, pas même seulement qu'un peu : il s'était reculé jusqu'à la naissance du sable, là où les vagues ne pouvaient presque plus le toucher, là où seulement ses orteils clapotaient dans ce qui restait de l'eau. Égoïste, elle était focalisée sur ses émotions qui étaient pèle-mêles dans tout son être, tantôt heureuse, tantôt craintive. C'est lorsqu'une vague claqua un peu plus fort, un peu plus violemment, qu'elle prit conscience de toute l'ampleur de la situation. Pris d'un frisson de panique, elle se redressa sur tout son corps, on pouvait y lire la peur dans ses yeux. Elle lui rappelait l'accident, cette vague, elle lui rappelait que sans Terrence, elle aurait pu mourir. Il avait été indispensable à sa vie, lui, réellement, sans lui, elle ne serait pas sur cette plage à tenter de dompter ses effrois. Elle chercha alors Terrence, sa présence rassurante pour l'apaiser, mais en tournoyant sur elle même, elle ne le vit pas. Ce fut au loin, retiré sur le sable, qu'elle le vit. Et elle réalisa tout l'égoïsme de son comportement. À se concentrer sur elle et sur ses sensations, sur son apprivoisement de l'océan, elle en avait oublié le militaire qui, lui aussi, avait à vaincre ses démons. Quand son regard éloigné croisa enfin le sien, elle soupira, relâchant les bras le long de son corps, terriblement désolée de l'avoir abandonné pour son bonheur, à elle. Elle s'avança vers lui, combattant le courant de l'eau, laissant apercevoir pas après pas son corps mouillé simplement vêtu de petites tenues jusqu'à en arriver à sa hauteur. Qu'est-ce que tu fais là, tout seul ? Commença-t-elle d'une voix rassurante. Elle se pencha pour être à sa hauteur, prenant appui sur ses cuisses, puis attrapa ses mains. On devait le faire ensemble, tous les deux. Je peux pas te prendre dans mes bras, je peux pas te soulever, j'suis pas assez forte, moi. Elle lui sourit tendrement, tentant de sonder son coeur. Elle pouvait tenter de l'encourager, tenter de trouver les mots pour lui donner la force, s'était peine perdue. Il s'était braqué, il avait eu peur, lui aussi, et elle se sentait terriblement cruelle de ne pas en avoir pris conscience plus tôt. De ses mains qui emprisonnaient celles du militaire, elle les approcha de sa bouche pour y poser un doux baiser. J'ai été égoïste. Me pardonnes-tu ? S'enquit la brune. Voudrais-tu essayé de nouveau, avec moi ? Je te lâcherai pas, promis.

Terrence n’en voulait pas du tout à Violet de se laisser aller dans l’eau, c’était exactement son but lorsqu’il avait décidé de la mettre face à sa peur, alors ce serait malvenu de lui réclamer quoi que ce soit. S’il avait finit par se sentir mal à l’aise dans l’eau, il ne voulait pas que ce sentiment soit contagieux, c’est pourquoi il avait préféré regagner seul le rivage pour s’y asseoir tranquillement et laisser à la brune tout le loisir de profiter de ces sensations retrouvées. Evidemment il l’enviait un peu, évidemment il était déçu de ne pas être capable de se sentir si bien qu’elle à ce moment là, s’aurait été presque trop beau que toutes ses angoisses et ses blocages s’effacent aussi facilement en une fois, mais ce soir il n’y avait pas l’adrénaline du jour de la noyade, ce soir il s’était retrouvé face à lui-même dans cette immensité bleue et il s’était laissé submergé. Pourtant il avait bien fait un premier pas, peut-être le plus difficile alors il allait recommencer, il allait prendre le temps qu’il faudrait mais à présent il le savait, un jour lui aussi retrouverait les plaisirs de l’eau. Au bout de quelques minutes il vit Violet sortir de l’eau, le soleil était quasiment couché et seuls les derniers rayons l’accompagnaient alors qu’elle remontait vers lui. L’eau ruisselait sur sa peau dorée et sa lingerie détrempée laissait percevoir ce qu’elle était sensé cacher d’ordinaire, de quoi attiser les désirs refoulés du surfeur déchu. Il l’observait s’avancer doucement avant qu’elle n’arrive à sa hauteur, visiblement contrariée. Je fais ce que je sais faire de mieux, observer l’horizon, assister au spectacle. Le spectacle du soleil qui se couchait et celui de cette fille presque nue face à lui. Il sourit à demi, un peu gêné quand elle prit ses mains. J’te demande pas d’être forte pour moi, tu as été suffisamment force soir je trouve. Et il le pensait sincèrement, cette soirée n’avait pas vocation à exorciser les peurs de Kelly mais bien les siennes à elle, lui il pouvait s’accommoder des siennes, il le faisait déjà depuis des années. Son baiser sur ses phalanges l’ému et il ferma les yeux une seconde, elle était décidément trop bien pour lui et il lui devenait bien trop difficile de lui résister alors qu’il était à deux doigts de briser les grandes promesses qu’il s’était fait de se tenir éloigner d’elle, de la protéger. Te pardonner de quoi ? Je ne t’en veux pas, j’avais juste besoin de retrouver la terre ferme, mais ça ne veut pas dire que tu ne pouvais pas profiter. Il tourna vivement la tête en signe de négation. Non, j’ai déjà assez fait pour ce soir. Mais tu peux y retourner si tu veux. Profites-en tu as la plage pour toi, ce n’est pas toujours le cas. Mais Violet ne semblait pas être d'accord avec ça et elle tira doucement sur ses mains pour tenter de l’amadouer mais il résista et de sa force la fit basculer sur lui ils finirent tous les deux étendus sur le sable. Terrence rit, d’un rire léger un peu comme quand il était gamin et qu’il jouait sur la plage avec ses frères. Avant de rouler tout près de Violet avec un air de défi. J’ai quelques faiblesses mais je suis encore plus fort que toi Cox. Tu as du sable plein les cheveux. Il les lui ébouriffa joyeusement avant de s’approcher encore et de poser ses lèvres sur celles de Violet sans réfléchir, poussé par une envie qui dévorait tout. Dans ce baiser il n’y avait aucune culpabilité, aucun sentiment de faire une erreur, juste la sensation de se sentir apaisé, enfin libre, alors qu’il attirait le corps de l’américaine contre le sien.

Quand elle avait découvert son secret, au moment où elle s'était aperçue qu'il était responsable de l'avancement des travaux dans sa boutique, ils avaient passé un pacte non écrit, dans les sous-entendus de leurs regards et de leurs paroles. Une promesse sous-entendue d'affronter les vagues ensemble. Terrence ne l'avait pas oublié et, par cette soirée organisée que pour elle, il l'avait tenu. Dans la mer qui s'était emparée d'elle, Violet s'était laissé caresser par le plaisir des vagues qu'elle redécouvrait d'un oeil nouveau, un oeil plus prudent. La peur n'était pas totalement disparue, mais heureusement pour elle : elle s'était rapidement mise sur selle à nouveau. Et sans Terrence, rien de tout cela ne serait arrivé. Et sans lui, elle ne pouvait aller plus loin. Elle figeait, la vague avait réveillé de nouvelles craintes et sa présence maintenant trop lointaine n'était plus rassurante. Elle se dirigea vers elle, le frisson de la brise de fin de journée laissant sur sa peau mouillée et dorée par le soleil un hérissement que lui seul pouvait calmer. Elle le rejoignit, sur le sable, à sa hauteur. C'est toi qui me donnes cette force, sans toi je ne suis rien... Avoua-t-elle à son tour. Violet l'intrépide n'était plus et même si elle arrivait à vaincre sa peur de l'océan, d'autres craintes lui restaient, des frayeurs qui ne pourraient se dissiper aussi facilement. Paranoïaque, elle imaginait tous les matins son arrivée à la boutique bouleversée par une nouvelle visite nocturne des gens qui lui avaient voulu du mal, ceux qui avaient mis à pied son travail acharné pour le simple plaisir de tout saccager et la voir souffrir. Les peurs que la boutique soit seulement un avertissement et que, la prochaine fois, ce ne serait pas son commerce qui serait ciblé, mais sa maison. Elle verrouillait ses portes à double tour, dormait sur une seule oreille dans la hantise qu'on s'en prenne à elle. Jamais elle n'en avait parlé, parce qu'on ne lui avait pas posé la question et qu'elle n'avait pas envie de déranger avec ses soucis. Violet avait gardé pour elle ses peurs. Alors de la force, en avait-elle vraiment ? C'était une question qu'il fallait se poser sérieusement. Mise à part mettre les pieds dans l'eau, elle n'avait rien accompli de gros. Ce fut à son tour de secouer la tête. J'y vais plus sans toi. Allez.. Tenta-t-elle de l'encourager en tirant doucement sur ses mains pour l'attirer avec elle. Mais il refusa, poliment, de se remettre dans l'état qui lui rappelait tant de mauvais souvenirs. Il la fit plutôt basculer sur le sable, la faisant se retrouver sur le dos, le regard planté vers le coucher du soleil qui s'apprêtait à surplomber leur tête, laissant derrière lui deux amants souriants à la tendresse du moment. Il y avait quelques faiblesses et l'une d'entre elles portait le nom d'une fleur. Sans qu'elle s'y attende, Terrence la rejoint rapidement, brisant l'espace qu'il y avait entre eux, approchant son visage du sien pour y poser ses lèvres dans un doux baiser presque timide. Au contact de ses lèvres, la peau de la brune se hérissa de plus belle, ses yeux se fermèrent, son coeur arrêta de pomper le sang de son corps. Électrisée, paralysée, elle profitait des caresses de ses lèvres dans un baiser qui faisait du bien, un baiser qu'ils avaient longtemps désiré. Leurs corps furent pressés l'un à l'autre, attiré pour se réchauffer, la lingerie froide et humide de Violet laissant la pauvre commerçante dans un état glacial et le baiser se transforma au même moment. Elle posa ses mains dans les cheveux du militaire, les décoiffant sauvagement. Aux abords chastes, leur échange devint plus sauvage. Le baiser s'amplifia, leur respiration devint plus saccadée, Violet se redressa sans lâcher ses lèvres, sans laisser leur peau s'éloigner. Assis sur le sable, ils finirent par mettre fin à leur langoureuse étreinte, sans savoir lequel des deux avait initié leur détachement. Les joues roses, haletant et cherchant son souffle, les yeux pétillants, Violet porta une main à sa bouche encore chargée de cette électricité. C'est mal.. Ce qu'on fait, c'est mal. Lança-t-elle pour les protéger. S'ils franchissaient cette ligne claire, s'ils tombaient à nouveau dans ces comportements, ils seraient pris au piège dans l'engrenage d'une relation qui ne pouvait aboutir nulle part, une relation qu'il avait refusée. Terrence la regardait, perplexe. On finira pas se faire mal et mon coeur ne peut supporter à nouveau cette douleur. Elle préférait être seule plutôt que de le perdre une seconde fois, son coeur tentait encore de cicatriser les blessures que Terrence y avait laissées en rompant. Er même s'il avait tant saigné, à présent, il criait à son agresseur de revenir, de poser ses lèvres à nouveau contre les siennes et de faire taire la voix de la raison dans sa tête qui lui dictait comment il fallait se comporter à présent.

De loin Terrence ne s'était pas rendu compte qu'en s'éloignant des vagues il laissait Violet seule face à ses peurs, il avait au contraire voulu lui laisser l'espace nécessaire pour renouer avec des sensations perdues dans sa noyade. Pourtant elle remontait vers lui presque tremblante, perdue sans lui, honteuse d'avoir réussi à profiter alors que lui n'y arrivait pas encore. Kelly avait regardé son ex avec une infinie douceur et la certitude grandissante qu'il passait à côté de l'amour de sa vie en s'infligeant de rester loin d'elle. Il plissa les yeux pour la regarder. Il la pensait réellement comme la plus brave des deux, il admirait sa force de caractère, dans sa vie mais aussi face à lui qui n’avait eu de cesse de la tourmenter. Tu étais forte avant moi, sans moi. Tu as traversé le monde pour tout reconstruire par toi-même, tu as tenu tête à ta famille pour défendre ta sœur, tu as monté ta boutique tout en te battant contre un concurrent imbuvable. Il sourit dans sa barbe après s'être volontairement auto-critiqué. Franchement t'as pas besoin de moi. C'était loin d'être de la fausse modestie, il savait qu'elle était une femme indépendante et assez forte pour tout affronter, elle n'avait pas besoin de lui dans sa vie. Tout comme lui n'avait pas besoin d'elle finalement. Mais ils avaient tous les deux goûté l'un à l'autre et il y avait clairement eu un avant et un après leur première nuit sur la plage. Alors ils pouvaient se passer l'un de l'autre mais il y aurait toujours ce manque, ce besoin, celui que Terrence ressentait au moment où il fixait Violet tandis que le soleil se couchait définitivement pour ce soir. Cox, ne fais pas l'enfant, ça ne te va pas. Il grondait contre l'américaine qui tentait de le remettre à l'eau. Kelly n'avait plus envie de s'immerger pour ce soir, il avait usé toutes ses forces dans son projet pour elle, il se sentait vidé. Et puis le jour se couchait, il serait plus sage de rentrer. Ça c'était ce qu'il pensait avant de la faire basculer involontairement sur le sable. A partir de ce moment là tout changea. Lui qui bataillait contre l'envie de se rapprocher de Violet depuis trop longtemps eut une sorte de déclic, en mêlant son rire à celui contagieux de la brune, en osant passer sa main dans ses cheveux, il s'approcha jusqu'à l'embrasser. Au départ doucement, surpris lui-même par ce geste, puis emporté par l'envie qui balayait tout, ils furent tous deux grisés par ce moment qu'ils attendaient et redoutaient depuis un moment. La main de Violet qui courrait dans ses cheveux, sur sa peau pour lui arracher des frissons et Terrence eut envie de plus, à présent il ne pouvait plus revenir en arrière. Ce baiser les laissa tous les deux à bout de souffle, surpris, fébriles et soupirants à la fois. Violet passait sa main sur ses lèvres alors que Kelly repliait ses jambes sur lui-même comme un réflexe de protection. Ce fut elle qui pris la parole pour briser le silence et lui la fixait avec un regard pantois. Il comprenait totalement ses réticences, il avait le premier à sortir ce genre d'excuses alors qu'elle lui criait qu'elle l'aimait. Et elle avait raison, Violet, elle était sage de se protéger de lui. Mais à ce moment là il avait juste envie d'envoyer cette sagesse à l'eau. Restant un instant silencieux il fixait l'horizon qui s'assombrissait peu à peu. J't'ai fait trop de mal déjà. Et je pense encore qu'en te côtoyant je n'ai vocation qu'à te couler par le fond. Comme cette vague… Mais bordel qu'est-ce qu'il l'aimait ! Il laissa encore passer un moment de silence à peser le pour et le contre. Et même si le contre l'emportait largement, il penchait vers le pour parce qu'il n'était pas bien fort ce soir face à elle. Sur le point de craquer pour la serrer contre lui il se contrôla et ne fit que lui tendre finalement la main. T’es gelée, tu vas mourir de froid, j'ai des couvertures chaudes dans mon local. Ils remontèrent la plage, les doigts entrelacée, épaules contre épaules et une fois dans la boutique Terrence attrapa deux couvertures derrière son comptoir. Il en déposa une sur les épaules de Violet et, après une seconde d’hésitation, l'attira contre lui, la serrant au départ dans ses grands bras qui se voulaient protecteurs puis au bout d'un instant il se pencha pour l'embrasser à nouveau.

La force, c'est subjectif. Pour Violet, tout ce qu'elle avait accompli dans sa vie n'avait rien à voir avec une force quelconque. C'était plutôt une délivrance que de s'être sortie de cette famille qui l'étouffait, qui l'empêchait d'être qui elle était réellement. C'était une libération de s'être sauvé de cette ville qui ne répondait pas à ses standards et d'avoir enfin trouvé le calme à Bowen. C'était un soulagement d'avoir ouvert sa boutique sans l'aide de personne, de l'avoir mené jusqu'au bout, jusqu'à ce qu'on décide de lui arracher égoïstement des mains en défaisant tout le travail qu'elle y avait fait depuis sept longues années. Alors, non, la force, elle ne pensait pas la détenir. Ni avant lui, ni sans lui. Elle avait un fort caractère, ça oui. Un caractère qui lui donnait du courage, qui la plaçait devant toutes situations sans avoir peur. Mais ce courage n'y était plus, pas depuis qu'on l'avait effrité le soir de l'invasion. C'était trop difficile à admettre, trop difficile de s'avouer vaincu. Alors la brune faisait comme s'il n'y avait pas de problèmes, comme si sa seule crainte était la mer. Baliverne, mensonge qu'elle tentait de faire avaler à tout le monde, même à elle. Les cauchemars, la peur que le massacre recommence, ils étaient toujours là, endormies ou réveillée, elle y pensait. Terrence se tentait à l'humour pour lui faire décrocher cette culpabilité oppressante, mais quoi qu'il dise il savait que c'était perdu d'avance. Têtue, elle l'était, et quand une idée lui entrait dans la tête difficile de lui en faire déroger. Elle sourit tout de même lorsqu'il s'auto-offensa, une lueur tout de même présente dans son regard indiquant qu'il n'avait pas totalement raison dans ce qu'il avançait. Imbuvables, ils l'avaient été tous les deux. Le caractère du militaire revient en force alors que sa douce insistait pour le faire retourner à la mer. Il gronda presque quand il refusa fermement, l'indignant de gamine. Elle hocha la tête, vaincue, défaite. Sentiment qui ne fut pas très long à se dissiper alors que, sans même qu'elle le voit venir, elle se retrouva dans le sable, les cheveux remplis de grains, Terrence au-dessus. Et aussi vite que c'était arrivé, leurs lèvres avaient retrouvé leur chemin, tel un automatisme dans un baiser qui commença avec douceur, mais qui s'enflammait sous les caresses de leur corps qui maintenant se touchaient. À bout de souffle, reprenant ses esprits, Violet touchait ses lèvres qui avaient envie de plus, de retrouver le gout de son amant, son coeur qui criait de recommencer, de lui enlever ce short de bain, de retrouver l'intimité perdue, de ne faire qu'un avec son corps. Sa tête, elle, hurlait de se protéger, de le garder loin, d'éviter les rapprochements qui ne feraient que les faire souffrir davantage. C'est un combat qu'elle n'arrivait pas à gérer entre la tentation et la raison que la sagesse finit par remporter. Il avait été clair avec elle, même s'il l'avait aimé, même s'il l'aimait encore, ils ne pourraient être ensemble, il ne pourrait lui offrir ce qu'elle lui demandait. Et pour éviter de se blesser, pour éviter de se faire du mal inutilement, Violet statua. Elle brisa ma magie de leur baiser. Il aborda l'accident, dans un paradoxe comparant leur relation, et la commerçante se braqua, figée sur place, se revoyant couler, son corps inerte dans la bleu marrée. Elle regardait le vide quand la main de Terrence se présenta sous son nez. Violet l'attrapa et, ensemble, silencieux, ils marchèrent vers la boutique, les épaules se touchant par moment, les doigts entremêlés.
La serviette était chaude, elle lui faisait du bien. Violet avait souri alors qu'il la lui avait posée sur les épaules. Elle sentait bon, elle sentait un mélange de détergent qui lui rappelait l'odeur de ses vêtements, mais aussi de cire à planche. Terrence l'attira contre son corps, elle logea son nez dans son cou alors qu'il resserrait ses bras autour de sa peau. Elle aurait pu pleurer, Violet, à cet instant, parce que ces moments lui manquaient, parce qu'ils n'auraient plus la chance de les vivre à nouveau, mais il l'empêcha posant à nouveau ses lèvres contre les siennes. Un second baiser qui emporta tout sur son passage, une nouvelle crise de fougue qui s'empara d'eux alors que la serviette tomba sur le sol et que leurs corps se pressèrent l'un à l'autre. Langue contre langue, ses mains qui caressait le dos de l'ancien surfeur, ses jambes qui finirent par s'enlacer autour de la taille de l'homme, supportées par ses grandes mains sur les cuisses de sa douce dans un renouvèlement de leur passion. Après quelques instants, Violet se détacha un peu de lui pour observer son visage. Elle lui sourit doucement. Mais qu'est-ce qu'on est en train de faire ? Ils étaient pires que des enfants à jouer avec le feu de la sorte. Elle secoua la tête lentement. J'ai plus envie de souffrir... j'ai plus envie d'avoir mal... Sa tête parlait, mais son coeur la prit d'assaut alors qu'elle reposait fermement ses lèvres contre celles de Terrence. Tant pis pour le mal, elle avait envie de lui.

Il ne s’en rendait pas compte mais Terrence était doué avec les mots, il savait toujours trouver l’intonation juste pour savoir tour à tour se faire respecter, se montrer sévère ou tendre, il imposait sa carrure comme carapace face à beaucoup de choses et il mettait les distances nécessaires quand il en avait besoin. Mais il était aussi capable de douceur même s’il l’ignorait, il touchait Violet en étant cet homme qui l’avait fait tomber amoureuse et pourtant il se ravisait toujours. Un pas en avant, deux pas en arrière, il était incapable de faire autre chose dans cette relation qui le déstabilisaient totalement. Pourtant ce soir il ne se sentait plus la force de se battre contre ces règles qu’il s’était lui-même imposé. Il voulait mettre de la distance entre eux, pour la protéger de la violence dans laquelle il baignait, la protéger de lui et pour se protéger également de ces sentiments qu’il ne maîtrisait pas. Cette distance était néanmoins difficile à tenir alors qu’il cherchait tout prétexte possible pour la revoir, les travaux dans sa boutique, l’inauguration, la soigner de sa peur de l’eau,... A force de trop se rapprocher il finissait par ne plus être capable de résister parce qu’il était humain avant tout et l’humain était faible. Ce fut finalement Violet, qui, sur le sable, fut la première à lui faire comprendre qu’ils allaient trop loin et qu’ils finiraient par se faire du mal. Et elle avait raison alors il ne trouva rien de mieux que de comparer leur relation à la vague, les mots justes pour appuyer sur la corde sensible, on l’avait dit, il était doué, même sans s’en rendre compte. L’américaine se ferma alors et s’en suivit un silence dans lequel chacun se recueillait à sa façon, se retranchant dans sa bulle, Violet se protégeait et Terrence luttait pour ne pas la toucher. Dans tous les cas ils se faisaient du mal, rien qu’en se côtoyant, c’était la cruelle vérité, respirer le même air, c’était comme tant de possibilités de raviver une flamme qui serait bien mieux éteinte.
Une fois dans le magasin du surfeur, à l’abri de tout regard indiscret ou de toute vague un peu trop violente, ils retrouvèrent leurs vieux réflexes, serrés l’un contre l’autre pour soi-disant se réchauffer, Violet ne fut pas longue à loger sa tête dans le cou de Kelly et lui attrapa sa nuque pour la serrer un peu plus fort contre lui. Il frissonna parce que les cheveux humides de la brune ruisselaient contre lui mais aussi parce que ce contact le réchauffait au plus profond de lui. Puis au moment où il sentit que Violet commençait à trembler doucement, de froid ou d’émotion, il n’en savait rien, il l’embrassa en prenant grand soin de faire taire sa conscience. Un baiser empli d’envie qui libérait toute leur frustration, Violet se pendit à son cou et avec souplesse, aidée par les grands bras de Terrence, enroula ses jambes contre sa taille, le forçant à reculer, il se cogna contre une étagère ce qui fit tomber quelques produits sur le sol, mais à ce moment là il ne s’en rendit pas compte. Il redoublait d’assaut contre la bouche de sa douce comme s’il y avait urgence à faire renaître le feu qu’il avait mit tant de forces à éteindre. Au moment de reprendre sa respiration, Violet eut un moment de lucidité et Terrence la lâcha, ses pieds retrouvèrent terre et lui ses esprits, enfin le peu qu’il lui restait parce qu’il n’avait plus du tout envie de la laisser filer, le mal était déjà fait, il était en manque d’elle. Il renifla doucement en pinçant les lèvres. Alors vas-t-en avant qu’il ne soit trop tard. Parce que j’t’en ferais, du mal. Il n’était bon qu’à ça. Il la dégagea de son emprise, la libérant si elle le voulait, qu’elle prenne ses jambes à son cou, avant qu’il ne soit trop tard. Mais Violet, bien trop attachée, ne résista pas au regard suppliant de Terrence, s’il lui disait de partir, ses yeux montraient qu’il voulait qu’elle reste. Elle retrouva le chemin de ses lèvres et il la pris dans ses bras. Sûr de ses gestes, connaissant son local par cœur, il l’entraîna dans l’arrière-boutique sans cesser de l’embrasser pour finir par l’asseoir sur la grande table sur laquelle il réparait les planches habituellement. D’un mouvement agile il lui retira son soutien-gorge et d’un autre il la libéra de sa culotte. J’ai bien trop envie de toi mon amour. Il aurait pu ne rien dire, il connaissait déjà la réponse de Violet, il aurait pu se contenter de retirer son short de bain et de lui faire l’amour sans un mot. Mais il avait comme besoin de lui demander l’autorisation.