Avec Pocahontas ... Au détour de la rivière ! (Maliyan)

Tu le savais, qu’elle pouvait tout faire, qu’elle arriverait à surmonter sa peur et ses inquiétudes. Les limites qu’elle avait, elle se les imposait à elle-même, et il suffisait de regarder vers l’avant, de regarder vers le haut, pour s’en délivrer. Un large sourire avait fendu ton visage en la voyant recommencer à grimper. Tu voyais sa main tremblante parfois quitter une roche afin de venir essuyer le dessous de ses yeux, mais même à travers les pleurs tu ne la voyais que comme la femme forte qu’elle était. Ce n’était pas n’importe qui qui se serait relevé d’un attentat pareil, après avoir été gravement blessée, frôlant la mort même. Zelda avait peut-être été paralysée par la peur pendant quelques mois, mais tu assistais actuellement à son réveil. Son véritable réveil. Elle était tellement belle à voir monter, plus haut, toujours plus haut, jusqu’à ce que sa main touche l’herbe au-dessus de la falaise, cette couche de vert qui était le berceau de son accomplissement. La voyant s’allonger vers le haut et en la sachant donc en sécurité, tu relâchas la corde pour l’applaudir du plus fort que tu le pouvais, pour que les échos de ta fierté lui parviennent. « WOOOOOOOOO ! » T’autorisas-tu même à lui crier, avant de rire aux éclats. Puis, abandonnant vos équipements en bas de la falaise, tu débutas pour la seconde fois ton ascension, laissant Zelda profiter seule de son moment de gloire pour les dix prochaines minutes, avant d’atteindre à ton tour, en free solo, le haut de la falaise. Tu t’allongeas à côté d’elle, un sourire aux lèvres. « Avoue que la vue d’ici est mille fois plus belle, quand tu t’y rends par toi-même, par la seule force de ton corps. » Tu te redressas pour regarder l’océan face à vous, dan son immensité. « Tu l’as fait, Zelda. » Affirmas-tu, lui jetant un regard brillant et fier.

Tu avais finalement rejoint Zelda tout en haut de la falaise, appréciant ta montée comme si c’était ta première, même si tu avais évidemment bien plus d’aisance que ça à présent. Tu ne te lassais jamais, même lorsqu’il s’agissait des mêmes décors. La vue était si belle de là-haut, pleine d’espoir, de fierté et de magie. Tu ne pus t’empêcher de le faire remarquer à Zelda, pour qu’elle aussi prenne pleinement conscience de la chance qu’elle avait d’être ici. D’être encore ici. Après tout ce qu’elle avait vécu, elle avait encore la force de surplomber le monde. D’être la reine de la montagne. Et pour ce soir, t’étais son roi. « Moi aussi. C’est comme si le temps s’arrêtait, ici. » Pourtant, le soleil continuait son chemin vers l’océan, vers cette ligne entre le ciel et l’eau, et dans quelques heures il se coucherait, se perdant dans l’horizon. Tu te tournas alors vers la jeune femme pour la féliciter, une grande sincérité dans la voix mais surtout dans ton regard qui trahissait tout le bonheur de l’avoir à tes côtés. De toute façon, tu ne cherchais pas à le lui cacher. « C’est un plaisir partagé, Zelda. » Tu souris, sans la lâcher du regard, que ça la fasse rougir ou non. « Et c’est n’importe quand … que je te soutiendrai, que je te tiendrai compagnie, et que j’t’aiderai à te délivrer de tes peurs. La vie est bien trop courte pour douter de tout. » Sur ce, Zelda se laissa tomber à nouveau sur le dos, fermant les yeux. Tu fis de même, tes mollets pendant dans le vide, mais toi la peur tu ne connaissais pas vraiment ça. « Par contre maintenant faut trouver le moyen de te faire redescendre. » Fis-tu remarquer, les yeux toujours fermés, un sourire amusé aux lèvres.

Les yeux rivés vers l’océan qui s’étendait devant vous, tout pour vous faire sentir petits et insignifiants, tu souris lorsque Zelda te promit de tâcher de t’appeler quand elle aurait envie de nouvelles aventures. « J’serai toujours partant. » Conclus-tu, parce que t’en aurais jamais assez de défier les lois de la nature, de pousser les autres à apprendre à vivre en harmonie avec celle-ci. T’étais pas fait pour la vie en grande ville, toi, et si c’était arrivé c’était parce que le destin t’y avait obligé, conséquence d’actes qui n’étaient même pas les tiens. Maintenant, t’étais un peu comme pris dans cet engrenage sans moyen de t’en sortir, parce que tu ne voulais pas non plus basculer la vie de tes enfants, celle qu’ils s’étaient construite ici. Pour compenser, tu t’évadais le plus souvent possible, pour renouer avec cette partie de toi que t’arriverais jamais à laisser totalement derrière. On pouvait sortir l’homme de Mossman Gorge, mais on ne pouvait sortir Mossman Gorge de l’homme. Tu demeurais, d’abord et avant tout, un aborigène du nord. Bref, tu mentionnas finalement à Zelda que maintenant, vous alliez devoir redescendre. Vos embarcations étaient sur la plage tout en bas et vous ne pouviez quand même pas tout abandonner là. La jeune femme ne semblait toutefois pas vraiment prête à y songer. Tu souris, puis attrapa les jambes de la nouvellement brunette. « Tiens, laisse-moi faire ça. Profite du paysage et repose-toi. » Tu posas ses jambes étendues sur tes cuisses et commença à les masser de tes grosses mains qui faisaient presque le tour de ses mollets.  

Tu souris en la voyant fermer les yeux, se laissant bercer par les bruits environnants et te mains qui massaient ses jambes. Profite du paysage, que t’avais dit. Et elle le faisait mais à sa manière, même si ses paupières étaient lourdes, voilant tout ce qui l’entourait, toi y compris. Tu la sentais paisible et sereine et franchement, rien que ça, t’avais l’impression d’avoir accompli quelque chose aujourd’hui. Tu levas les yeux vers l’horizon afin de repérer la position du soleil. T’avais absolument aucune idée de l’heure qu’il était mais à voir sa trajectoire, il était environ dix-sept heures passé. Ton estomac qui s’agitait te donnait aussi cette impression. Tu tapotas finalement doucement sur la cuisse de Zelda, marquant la fin du massage mais aussi la fin de ce moment de repos pourtant bien mérité. Les heures filaient sans que vous ne les voyiez passer, entre le trajet de kayak, la montée de la falaise et cette pause. Vous deviez faire tout le chemin inverse, à présent. « Allez, la belle aux bois dormants, il faudrait qu’on se bouge sinon on reviendra en kayak alors que le soleil sera couché et ce sera tout de suite moins drôle. » Parce que tu n’avais pas prévu de lampe de poche, tu ne pensais pas que vous resteriez aussi longtemps. Mais ça vous donnerait sans doute l’occasion d’assister au coucher du soleil en étant sur la mer et ça, ça n’aurait pas de prix.

Bien sûr que tu détruisis toute l’ambiance zen et sereine qui entourait Zelda, en déclarant que c’était l’heure d’y aller. Tu ris en voyant sa moue boudeuse, et encore plus en entendant sa requête. « On risque de la descendre assez rapidement, cette falaise, si on fait ça … De manière assez brutale, aussi. » En tombant tous les deux, en d’autres termes. Zelda soupira alors, acceptant à contre-cœur de redescendre par elle-même et ce, tout de suite. Tu l’aidas à nouveau à enfiler l’équipement, avant de t’affairer à préparer les cordes pour la descente. Au moins, c’était moins long et surtout moins éprouvant que la montée. Enfin, à ton avis. Une fois tous les deux prêts, Zelda t’invita à aller boire une bière, lorsque vous auriez regagné la plage. « Tu sais me prendre par les sentiments ! » Tu ne refusais que très rarement une bière, surtout en si agréable compagnie. « Ce serait avec plaisir. Je ne pourrai pas trop veiller, j’dois rentrer pour coucher Miro et Lowa. Mais j’ai quand même encore un peu de temps devant moi. » Déclaras-tu. Puis, c’est en silence, en n’échangeant que quelques conseils techniques, que tu te retrouvas tout en bas avec Zelda. Tu remis les kayaks à l’eau, la laissant embarquer la première, tenant l’embarcation pour qu’elle ne chavire pas. Puis, tu grimpas dans le tien et commença à pagayer vers la sortie de la crique. « On va bien dormir ce soir … » Déclaras-tu seulement, sentant la fatigue te gagner. Et avec une bière en plus dans le système … tu t’endormirais sans doute en même temps que tes enfants.