if I could get to sleep, I would have slept by now (artémis)

Il était déjà passé minuit, Elmo avait déjà perdu la notion du temps, il avait même perdu toute notion de contrôle. Il était dans cette boîte de nuit depuis onze heures, sans doute, c’était à peu près toujours à cette heure-là qu’Artémis et lui se pointaient dans les clubs lorsque l’ennui avait raison d’eux. Les verres d’alcool, ils se les enfilaient les uns après les autres sans se faire attendre. Ils en commandaient plusieurs à la fois, pour ne pas se faire chier à attendre après les barmaids, et ils les buvaient à grosses gorgées sans laisser le temps à leurs corps de s’acclimater à cette nouvelle toxine dans leur sang. Elmo plongea son regard dans celui captivant d’Artémis, un sourire s’élargissant doucement sur son visage engourdi par la vodka ingurgitée. « Viens, on retourne sur le dancefloor! » Lui gueula-t-il, pour que sa voix porte par-dessus la musique de la boîte de nuit. Il attrapa la main de la jeune femme et l’attira contre lui d’abord, sentant son corps contre le sien, puis pivota de quatre-vingt-dix degrés pour l’entraîner avec lui vers cette masse de monde dansante. Ils se joignirent à la vague, leurs corps ondulant au rythme de la musique. Elmo était complètement ailleurs et encore, il ne s’était intoxiqué qu’à l’alcool. Il savait qu’Artémis avait plus d’un tour dans son sac et qu’il ne suffisait de quelques mots pour qu’elle fasse basculer son monde au grand complet. Pour le moment, il profitait des vapeurs d’alcool et du regard azur de son amie, mais peut-être que plus la nuit avancerait, plus il se sentirait aventurier, Elmo. Il repoussait sans cesse les limites, inconscient, imprudent.

« Y’en aura d’autres ! » Lança Elmo, impatient, alors que s’ils faisaient le calcul de tous les billets envolés lors de cette soirée, à coup de 10$ par cocktail, ils auraient sans doute tenté de ralentir un peu la cadence ou, du moins, de profiter de chaque gorgée de leurs drinks. Malheureusement pour eux, Elmo vivait dans ce sentiment d’empressement incontrôlable. Il força donc Artémis à délaisser son verre à moitié vide sur le comptoir du bar et la traîna avec lui jusqu’à la piste de danse où leurs corps se perdirent entre ceux des autres. Il ne quitta toutefois pas celui de son amie, qu’il rapprocha même du sien, dansant contre elle sur le rythme des chansons populaires remixées. Les couleurs s’interchangeaient à une vitesse folle, le visage d’Artémis tantôt bleuté, tantôt rougi. Il avait chaud, Elmo, mais il se sentait extrêmement bien, à libérer son esprit. Les cours à l’université étaient difficiles, son envie de tout lâcher pour se concentrer sur son groupe de musique se faisait de plus en plus présente, alors il devait se trouver une échappatoire pour ne pas craquer. Ce soir, c’était auprès d’Artémis qu’il goûtait à cette liberté. Lorsque la main de son amie s’éleva dans les airs et qu’un cri s’échappa d’entre ses lèvres, Elmo en fit de même, hurlant sans même qu’on puisse vraiment l’entendre tellement la musique était forte dans ce club. Puis, il se pencha vers Artémis et cria près de son oreille. « T’aurais pas quelque chose de plus fort pour moi ? » En plus, il avait besoin d’air, et besoin d’un peu plus de silence. Juste pour quelques minutes. Juste pour mieux s’évader ensuite.