we are legends, every day, that's what she told him (vega)

Mo prêtendant que si les deux plantes qu’on a l’appart ne sont pas déjà en train de décéder c’est parce qu’il les nourrit en vomissant dedans. Je suis pas hyper convaincu et je me dis que je ferai un peu plus gaffe à ce qu’il y a dans les pots à l’avenir. « J’veux bien prendre deux minutes pour les arroser si ça peut te faire arrêter de vomir n’importe tout. » Je lui réponds en rigolant. Heureusement que je suis là des fois sinon je ne sais même pas dans quel état il pourrait finir et où, avec qui. Un jour je serai pas là et il reviendra complètement paumée quatre jours plus tard parce qu’il se sera fait enlever par des gars et déposé au milieu du désert. Enfin je suis pas sûre que les gens fassent vraiment ça, ça doit exister que dans les films ce genre de trucs ? En fait je préfère pas savoir, ça serait trop flippant. Ensuite on déconne sur un poulet parce que trimballer Mo dans un supermarché c’est comme laisser un enfant sans surveillance dans un magasin de jouets, il fait n’importe quoi. Son imagination m’impressionne de jour en jour ! Mais ça me fait rire quand même ses conneries. Quand je tente de dire que je le connais pas parce que les gens nous regardent bizarrement, il dit que je suis sa femme. Je le frappe sur le bras avec un regard sévère comme font les femmes autoritaires avec leur mari. Enfin la caricature qu’on peut voir à la télé. J’éclate ensuite de rire. Je m’imagine pas marié avec Elmo, ça serait déjà hyper bizarre et ensuite je pense que je tiendrais pas deux jours. « Si on t’écoute ton coq au vin ça va devenir du canard au rhum, faudra pas s’étonner si le résultat c’est pas trop ce qu’on attendait ! J’suis sûr que tu te plaindras parce que ça sera pas bon alors qu’on a tout bien fait. » Enfin tout bien, j’en doute surtout si de base on n’a pas tous les ingrédients. Je lui fais quand même confiance pour la recette, au pire j’aurais qu’à l’accuser s’il manque un truc. On passe à la caisse et on met tout dans des sacs pour repartir vers l’appartement. On mangera à minuit ! Et en plus on sera bourré du coup on se rendra pas compte si c’est bon ou pas.

Il y a de ces informations qu’Elmo devrait peut-être apprendre à garder pour lui. Genre, tous les endroits où il vomissait dans leur logement. C’était des plans pour que Vega le raconte à Scar et Theo et que ceux-ci décident de le kicker out de l’appartement. Il était vrai qu’Elmo n’était certainement pas parmi les meilleurs colocataires à avoir. Il se rattrapait par son côté fun et ses anecdotes bizarres mais drôles, non ? « Tu dis ça mais dans deux semaines t’y penseras plus et les plantes me réclameront. » Dit-il pour rire. En vérité, il exagérait, ça ne lui était arrivé qu’à deux ou trois reprises de ne pas avoir le temps de se rendre à la toilette ou au lavabo de la cuisine – oui, ce même lavabo dans lequel ils faisaient tous leur vaisselle. Après avoir déconné à propos du poulet, Elmo cessa enfin ses conneries et déposa leur nourriture dans le panier. Sa mère ne serait pas très fière, elle qui lui disait toujours de ne pas jouer avec sa nourriture quand il faisait des bonhommes sourires de ketchup ou des dessins avec ses petits pois verts. « Du canard au rhum ? Tu tiens quelque chose, là, Vega. Tu tiens quelque chose qui pourrait nous rendre vraiment populaires dans le monde de la gastronomie ! » Et voilà qu’il s’imaginait déjà s’ouvrir un food truck avec Vega, intitulé Ducks & Rhum ou un truc du genre. Ou bien Rhum on the ducks plutôt qu’on the rocks, pour faire un genre de jeu de mot pas très bien trouvé. « J’vois pas pourquoi j’me plaindrais d’un plat qui a plus de rhum que de viande. » Et sur ce, ils passèrent pour payer le tout. C’est Vega qui traîna les sacs jusqu’à l’appartement alors qu’Elmo s’était contenté d’aller ranger le panier dans sa ligne. Au moins, il eut la décence de lui ouvrir la porte. Une fois de retour à la cuisine, Elmo sortit deux verres d’alcool dans lesquels il versa le contenu d’une des bouteilles de rhum achetées. Il en prit un dans ses mains et le leva vers Vega. « Pour nous donner du courage avant de se lancer dans cette recette, ô grand chef Clark. » Il cogna son verre contre le sien et commença à le caler avant de réaliser qu’il y en avait beaucoup trop dans le verre – qui n’en était pas un de shooters. Il s’en renversa un peu sur le chandail.

Je n’ai pas des masses la main verte alors je veux bien le croire que je risque de vite oublier d’arroser les quelques plantes vertes qui survivent dans l’appartement. J’ai trop de choses à penser avec les cours, le boulot et les sorties pour me souvenir de les arroser. Ou alors il faudrait mettre une alarme qui me dit qu’il faut leur donner de l’eau, mais j’ai bien trop la flemme, même si ça ne prend que deux minutes. Tant pis, elles continueront à être nourries au vomi de Mo, même si je ne suis pas sûre que l’alcool soit vraiment l’idéal pour qu’elles survivent. « Peut-être qu’elles seraient encore plus heureux qui elles pataugeaient pas dans le vomi. » Je lui réponds en souriant. On continue nos achats et une fois de plus Mo ne peut pas s’empêcher de faire courir son imagination. Il n’est pas contre un canard au rhum, idée qui ne m’emballe pas forcément. « Dude, j’veux pas être méchante mais les gens dans la gastronomie ils sont plus high level que faire du canard au rhum. C’pas assez fancy pour changer le monde. » Je sais d’expérience qu’il faut au moins mettre du caviar, du homard ou un aliment un peu à la mode genre le yuzu, pour qu’un plat perce sur les grandes tables. Maintenant les trucs vegans fonctionnent bien aussi mais le canard c’est pas ultra vegan ou healthy avec du rhum. On finit par tout avoir, à peu près, et à passer à la caisse avec le caissière qui doit se demander ce qu’on trafique avec un poulet, beaucoup trop de rhum et des aliments sans aucun rapport à une heure aussi tardive pour faire ses courses. Je traîne les sacs jusqu’à l’appart et j’étale tout sur la table. Notre butin que Mo ne tarde pas à réduire en prenant la bouteille de rhum et deux verres, peu adaptés à l’alcool. Je reste dubitative devant la dose qu’il verse mais je décide quand même de trinquer avec lui et de boire. En le voyant en mettre partout, j’éclate de rire et par la même occasion j’en mets partout aussi. « T’es sûr t’es pas bourré de base ? Genre t’as toujours de l’alcool dans le sang même quand tu bois pas ? » Je lui demande en le voyant si peu habile avec un verre entre les mains. Je prends ensuite la recette, si on veut manger avant de faire un coma éthylique vaut mieux s’y mettre tout de suite.

Évidemment, ces pauvres plantes, elles étaient aussi victimes de l’exagération d’Elmo et de Vega, qui n’avaient visiblement aucune demi-mesure lorsqu’ils étaient ensemble. Ce n’était pas comme si l’italien les nourrissait exclusivement de son propre vomi. Il lui arrivait, par moment, de verser un peu d’eau dans les pots. Mais, soyons honnêtes, si elles survivaient c’était probablement parce que Theo passait derrière eux. « J’imagine que c’est quelque chose qu’on ne saura jamais ! » Façon de dire qu’il n’avait pas l’intention de changer ses mauvaises habitudes. De toute façon, c’était ça ou le plancher, puisque bien souvent Elmo n’avait pas le temps de se rendre à la toilette. Il n’avait bien souvent pas le temps de faire grand-chose, d’ailleurs, selon ses dires. Sans doute était-ce pour ça que ses bonnes idées, comme celle du canard au rhum, ne voyaient jamais le jour. « Est-ce que genre t’es venue au monde dans le seul et unique objectif de briser tous mes rêves, un à un ? » Demanda l’universitaire en soupirant, puis en faisant la moue. Lui qui pensait vraiment tenir quelque chose, voilà que tout disparaissait en fumée. Heureusement qu’il lui restait le coq au vin. Leur butin fut d’ailleurs bien vite étalé sur la table par Vega, dès qu’ils rentrèrent à l’appartement. Lui avait déjà entrepris d’autres projets : celui de boire. Vega éclata de rire en le voyant se renverser du rhum partout sur le chandail. Il rit d’elle, à son tour, quand elle en fit de même. « Ça expliquerait bien des choses. » Admit l’Italien à la question de sa meilleure amie. « Reste que ça doit être quand même cool comme superpouvoir. Ça coûterait moins cher. » Et sur ce, il alla derrière le comptoir où il sortit un couteau et une planche à découper. Probablement pas une bonne idée. Il entreprit de couper l’oignon, ses yeux rapidement aveuglés par toutes les larmes versées par son corps. « Jesus Christ … J’vais me couper la main. » Vu qu’il voyait plus rien. Pour arranger les choses, il chercha son verre de rhum â tâtons, et but encore.

Elmo va continuer à vomir dans les plantes, qui auraient peut-être eu une meilleure vie dans un appart moins dépravé que le notre. Enfin surtout dans un appart sans Mo. Soyons honnête, il fait augmenter la moyenne de vomie par personne d’au moins 5 points vu comment il ne tient pas l’alcool. Je trouve ça quand même admirable qu’après autant de fois à finir mal il tienne pas un peu mieux l’alcool ou au moins qu’il boive moins. Je sais que par rapport à lui je suis une petite sainte parce que j’arrive à finir mes soirées ailleurs que la tête entre les mains à tout déverser dans un endroit pas forcément approprié. Enfin bref, on change de sujet de conversation, c’est pas qu’il m’ennuie c’est juste que le vomi c’est pas passion non plus. Il me demande si ma seule fonction dans ce monde c’est de réduire tous ses rêves à néant. « Ouais j’suis une sorcière et j’veux détruire l’humanité, j’commence par toi. » Je lui réponds en riant. Je pense que j’ai juste tendance à parfois être un peu trop terre à terre mais sans moi il se serait déjà engagé dans des tas de trucs complètement cons et aurait perdu ses économies douze fois. Enfin peut-être que l’une de ses idées à la con aurait pu le rendre riche, j’en sais rien. Quand on range les courses et qu’on part en direction de l’appart, je déclare « L’affaire est ketchup ! » Les restes des expressions québécoises de mon père qui malgré son statut haut placé avait parfois un vocabulaire un peu moins distingué que ce qu’il laissait présager. On prend notre premier shot qu’on renverse à moitié tous les deux ce qui me fait me demander si Mo n’est pas le genre à être bourré en permanence, même sans boire. Même lui trouve ça cohérent...et cool. « Les plantes finiraient noyées ! » je lui réponds en riant. Mo entreprit de couper l’oignon ce qui le fit pleurer comme moi devant certains films. « Oh mais faut pas que tout ça te rende triste. » Je lui dis avec un air de compassion avant de le prendre dans mes bras comme s’il était vraiment triste. « T’as raison un peu d’alcool va nous cheer up un peu ! » Et je prends à mon tour un nouveau verre avant de commencer à couper d’autres légumes.

Boire moins n’était certainement pas dans les plans d’Elmo. Pourtant, on ne comptait même plus le nombre de matins où il avait réussi à s’extirper par miracle de son lit en affirmant que plus jamais il ne se saoulerait de la sorte. Plus jamais devenait toujours dans le dictionnaire de l’italien. Tout comme détruire les rêves de Mo semblait être le mantra de Vega. « J’sais pas si c’est normal mais j’suis presque flatté, que dans tes plans de destruction d’l’humanité, tu choisisses de commencer par moi. Ça doit bien vouloir dire que je suis important, non ? Genre trop important. » Dit-il en se gonflant un peu le torse. En réalité, le véritable most valuable player entre eux deux, c’était Vega, parce que sans elle Elmo serait très probablement un itinérant, à ce jour. Elle le ramenait sur le droit chemin lorsqu’il s’égarait, soit parce qu’il était trop bourré, soit parce qu’il se croyait tout permis. Lorsque les deux amis sortirent de l’épicerie pour se rendre à l’appartement, l’italien arqua un sourcil en entendant l’expression de Vega. « La chose est moutarde ! » Répliqua l’universitaire sans trop savoir à quel jeu ils étaient en train de jouer. Il préférait largement le jeu de cuisiner ivre, qui était à venir. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il leur servit à tous les deux des shots à peine arrivés à l’appart. Ajoutons à ça un Elmo armé d’un couteau et les larmes causées par l’oignon, et cela donnait un cocktail bientôt sanglant. « Ce pauvre oignon … J’fais juste l’imaginer avec des p’tits yeux comme dans le jeu de hamburgers de Ravensburger. Il méritait pas ça … » Elmo se laissa volontiers prendre dans les bras de Vega, avant que tous les deux ne se délaissent pour un peu de rhum supplémentaire. Ils coupèrent tous les légumes sans trop causer de massacre, mais avec tous les shots qui avaient ponctué les coupes, Elmo commençait à y voir un peu moins clair. « Ok il faut faire dorer le coq. » Lu-t-il à voix haute de son téléphone. Il s’empara du poulet entier et le déposa dans une poêle antiadhésive, avant d’allumer le rond. Il avait juste un peu sauté l’étape de désosser et de couper le poulet.

Comme toujours Mo retourne les choses à son avantage, flatté que je veuille le détruire lui en premier plutôt que quelqu’un de plus important, genre un président. Ça me fait rire et heureusement d’ailleurs parce que je suis pas sûre que ça me ferait le même effet avec quelqu’un d’autre. En général ce genre de truc m’agace mais avec Mo c’est différent et je lui passe beaucoup de choses. Il se rend pas compte de la chance qu’il a ! « Tu étais l’élu ! C’était toi ! » dis-je tel Obi-Wan à Anakin dans Star Wars. Comme si Mo était celui qui sans le savoir devrait sauver l’humanité de sa perte. Finalement on rentre à la maison avec notre attirail et on commence déjà à boire. On se décide à couper les oignons et je ne peux pas m’empêcher de rire en voyant la détresse de Mo face aux oignons et la tristesse qu’il peut ressentir. J’imagine tous les aliments avec des petits yeux mignons maintenant, ça me ferait presque de la peine de devoir les couper. Je le prends dans mes bras avant qu’on ne se remette à préparer ce superbe plat qui va sûrement mal finir. Passage à l’étape suivante, après la coupe des légumes, le coq. Je sens que je commence déjà à pas avoir les idées très claires et je suis pas la seule. Mo met le coq entier dans le poêle. Je le regarde perplexe. « J’sais pas si on va dorer grand-chose comme ça. Faut l’couper non ? Fin j’sais pas... » Je suis prise de doute. Je suis pas un cordon bleu en cuisine alors cuisiner un coq au vin c’est pas vraiment dans mes compétences. « On aurait dû faire une pizza ! » Je dis un peu paniquée. J’attrape le poulet pour le placer sur la planche à découper et je prends le truc le plus tranchant que je peux trouver, pas forcément la meilleure idée. Je fais gaffe qu’aucune partie du corps de Mo ne traîne autour du poulet en sans regarder je frappe le plus fort possible avec le couteau le poulet. Il reste planté dans l’animal sans que ça soit très concluant. Ce repas risque d’être très long à préparer !

« L’éluuuuu ! » Répéta Elmo mais cette fois, d’une voix aigüe digne du film Kung Pow : Enter the Fist. Il ne lui manquait qu’un petit visage sur sa langue et ce serait identique. Mais en réalité, Elmo n’était l’élu de rien du tout, ou alors il n’en avait aucune idée et il était en train de mener l’humanité à sa perte. Tout ce qu’il savait fait c’était boire, draguer et un peu jouer de la musique et taper sur un ballon de foot. Avoir l’air con, aussi. Un peu comme en ce moment, alors qu’il coupait les oignons en se déversant de larmes sur ceux-ci. Cuisiner l’horripilait pour cette raison : pourquoi diantre les oignons entraînaient-ils de telles douleurs ? Il réussit tout de même à terminer sa mission et une fois les oignons bien coupés en dés, Vega et lui passèrent aux choses sérieuses : le p’tit poulet. L’italien, qui ferait bien honte à ses origines présentement puisqu’il n’a visiblement aucun talent en cuisine, mit le poulet entier sur le rond. Heureusement qu’il ne se couvrait pas ainsi de ridicule en préparant des pâtes ou de la pizza. Ses parents le ramèneraient direct à Sorrento pour lui apprendre la vraie vie. À la remarque de Vega, Elmo la regarda, lui aussi perplexe. « J’sais pas. J’pensais qu’on pourrait genre … le tourner une fois de temps en temps sur différents côtés pour tout dorer … » Ce serait long, très long, mais dans sa tête c’était la seule manière possible de dorer toutes les surfaces. Vega s’exclama qu’ils auraient dû faire une pizza, tout en reprenant le poulet et en lui assenant un coup de couteau digne d’un boucher de l’époque médiévale. « WOH CALME-TOÉ. » Cria-t-il, se reculant sous l’effet de la peur. « T’es folle ! Si t’avais raté ta cible c’était le comptoir qui y passait ! » Il se gratta la tête en regardant le couteau coincé dans le poulet. Il soupira. « Est-ce qu’on devrait se faire livrer quelque chose ? » Les recettes pompettes étaient bien vite tombées à l’eau. Prochaine fois, un Kraft Dinner ferait l’affaire.

A noter pour la prochaine fois : ne plus faire confiance à Mo sur la cuisine et faire un plat réalisable et pas trop compliqué, surtout si on veut le manger après. Pour l’instant c’est pas gagné en tout cas ! J’écoute les explications de Mo sur la manière dont il avait prévu de faire dorer le poulet. On voit que je suis pas douée en cuisine mais je pense quand même être moins nulle que lui en tout cas. Surtout je me serais pas lancé dans un truc si galère en ayant bu. Sobre ça doit pas être simple mais alors en étant à moitié bourré on est sur quelque chose de quasi impossible. Alors que je plante le couteau dans le poulet, Mo flippe. Genre je sais ce que je fais oh ! Enfin, non, pas totalement. En vrai faudrait peut-être arrêter là le carnage. « Ça va temps qu’c’est pas ta main. » Je ris avant de planter mon regard dans le poulet, lui même planté par le couteau. Mo doit penser à la même chose que moi et propose qu’on commande à manger. Je réfléchis quelques secondes. « Attend, on peut faire cuire les légumes et le poulet au four, genre tranquille. » Je pars en expédition chercher un plan suffisamment grand pour contenir la bête et les légumes. Je retire le couteau du poulet en faisant gaffe à ne blesser personne. Je mets le four à chauffer et je balance tout dans le plat avec un peu d’huile pour pas que ça crame et hop c’est bon. « Voilà comme ça, ça devrait pas être si mal ! » J’attrape ensuite deux verres à shot que je remplis. « A notre presque réussite ! » Pour l’instant il n’y a pas eu de blessé, donc c’est même au-dessus de mes espérances.

Il croyait que c’était seulement le nom qui était un peu fancy. Que ce n’était qu’une façade, pour rendre trendy un plat qui était tout simple. Elmo s’était trompé sur toute la ligne et il écopait, maintenant, puisque Vega et lui n’arriveraient pas à se cuisiner quoi que ce soit de convenable par sa faute. Ça, c’était ce qu’il croyait, parce qu’il ne savait pas cuisiner. Sa meilleure amie proposa cependant de sauver la situation et de rescaper le poulet en le faisant cuire au four avec les légumes. « Ça va pas prendre genre mille heures ? » Quelque peu dans l’exagération. De toute façon, ils avaient en masse d’alcool pour survivre à la prochaine heure. Elmo regarda Vega s’affairer à la tâche, sans savoir quoi faire pour l’aider. Elle avait l’air de gérer plutôt bien la situation. Il s’adossa donc au comptoir de la cuisine en sirotant son verre de whisky, puis posa ce dernier sur la planche à découper sale afin de taper dans ses mains quand Vega referma la porte du four. « Notre sauveuse ! » Elle attrapa deux verres à shooter déjà utilisés, qui traînaient parmi leur massacre, et les remplit d’alcool. « À ce repas pour lequel nous nous sommes surpassés, mademoiselle Clark ! » Bon, surtout elle, pour rétablir la situation. Elmo cogna son verre contre le sien et l’avala d’un trait. « On s’commence un marathon de quelque chose en attendant que ça cuise ? » Proposa-t-il. « Et j’parle de films ou de séries, pas d’aller courir. » Il n’aurait pas fait long feu.

Je proposais de sauver ce massacre en mettant tous nos ingrédients à cuire, même si ça n’allait pas être aussi bon qu’un coq au vin, ça sera toujours mieux que de manger des gâteaux apéro en guise de repas. Elmo trouva tout de même quelque chose à redire à mon plan B. « Eh mais t’es jamais content dis donc ! Si ça prenait vraiment mille ans, des archéologues retrouveraient nos squelettes en train d’attendre que le coq cuise dans la cuisine, avec moi passablement saoulée par toi. » je lui répondis en riant. Je ne lui en voulais pas. Heureusement d’ailleurs parce que je sais qu’il peut être bien pire que ça donc sinon je ne pourrais pas beaucoup vivre avec lui ! Nous buvons ensuite un nouveau verre, de quoi encore un peu plus nous faire tourner la tête. Au final manger des gâteaux apéros ne serait pas une si mauvaise idée que ça. Mo me proposa de commencer un marathon en attendant que le poulet cuise, c’est à dire regarder un truc et pas enfiler des baskets pour aller courir. « T’inquiète pas, venant de toi je m’attendais pas que tu me proposes du sport ! » dis-je en le taquinant. J’attrape un paquet de gâteaux apéro au passage avant d’aller m’installer sur le canapé. « On a qu’à se faire un marathon téléfilm romantiques nuls, j’suis sûre que tu adores ça ! » On pourrait s’attendre qu’avec mon esprit progressiste et féministe je sois contre les téléfilms clichés romantiques et que je déteste ça mais c’est un peu mon pêché mignon. A chaque noël je craque et j’en regarde quelques uns.

C’est vrai que vu comme ça, Elmo avait l’air d’un enfant-roi qui est habitué d’obtenir tout ce qu’il veut, comme il le veut, quand il le veut. C’était peut-être le cas, en fait, lui qui était né dans une famille assez bien nantie en Italie, là où il n’avait manqué de rien. Et maintenant qu’il n’en avait fait qu’à sa tête en débarquant à Bowen, avec juste lui-même pour prendre soin de lui, il se reposait souvent sur les autres pour l’aider mais il trouvait quand même toujours le moyen de critiquer, sans trop s’en apercevoir. Il ne pensait pas à mal, Elmo. Il était juste un peu … maladroit. « Saoulée par moi tu veux dire … que tu veux que je te resserve un autre verre ? » Dit-il avec un sourire moqueur, prenant la bouteille de rhum et servant sa meilleure amie. Il avait évidemment compris qu’il lui tapait tout légèrement sur le système, mais il savait aussi qu’avec Vega, c’était dit avec douceur et gentillesse. Le nombre de fois qu’il la poussait à bout et pourtant, ils étaient encore comme two peas in a pod. « Comment ça venant de moi ? De nous deux je suis certainement le plus sportif. » Comme si c’était une compétition – bah, la preuve qu’Elmo aimait le sport ! Les propositions de films de Vega firent grimacer l’universitaire. « J’pensais plus à des marathons classiques genre Harry Potter, Lord of the Rings, the Matrix, Star Wars, tu vois un truc cool à se taper. Pas tes merdes prévisibles et impossibles. » Le jeune homme se dirigea quand même vers le salon, parce que consensus ou pas ils allaient mater des films, peu importe ce que c’était. Le poulet était-il dans le four, là ? Il avait oublié.

Quand Mo détourne ce que je veux lui dire, ça me fait rire. Je ne peux jamais vraiment lui en vouloir. Parfois ça m’agace qu’il prenne tout à la légère mais là il ne s’agit pas d’un sujet sérieux donc je m’en fiche. Et je sais que lorsqu’il le faut, il peut être sérieux, même si ces moments là sont rares. Il n’attend même pas que je lui dise oui pour resservir un nouveau shot. Je le bois même si ce sera sûrement le dernier et ce n’est pas plus mal comme ça, contrairement à Mo je n’ai pas l’habitude de vomir à chaque fois que je bois de l’alcool. Je soupire avant qu’on discute de notre niveau respectif en sport. Il estime qu’il est le plus sportif de nous deux. J’en suis moyennement convaincue, en général on se retrouve plutôt affalés devant le canapé à manger des chips plutôt que sur un terrain de sport. « Tu sais le sport de chambre ça compte pas ! » dis-je pour le taquiner. Là-dessus c’est sûr, il me dépasse. Je ne suis pas du genre à me préserver pour la bonne personne mais je ne finis pas non plus dans un lit différent chaque nuit. Mon idée de faire un vrai marathon ne l’emballe pas et celle de regarder des comédies romantiques nulles non plus. Je fais mine d’être choquée lorsqu’il me dit que les films que je lui propose sont des merdes prévisibles et impossibles. Je partage son avis c’est juste que je trouve ça marrant à regarder. « Ok pour un de tes films. » Je dis alors avant que nous allions tous les deux nous mettre devant la télé en attendant de pouvoir enfin manger.