and I know that someday soon I'll see you but now you're out of sight (belmo)

Rien ne se passait comme prévu. Rien, rien du tout. Son cœur, sa tête, son corps, tout était en conflit, tout était en train de s’effondrer. Il ne savait même plus à quoi, et encore moins à qui, s’accrocher. Elmo ne s’était jamais retrouvé dans une situation pareille, il ne s’était jamais autant plongé dans la merde – ce n’était même plus les deux pieds dans le plat, c’était son être tout entier qui croulait sous le poids de sa culpabilité. Il venait de tout déballer à Milo. Presque tout. Il ne lui avait pas dit à quel point il était en train de tomber pour Bella, malgré tous ses efforts pour ne pas se laisser avoir par ce jeu de l’amour. Et sans doute Milo ne se doutait-il pas que la première chose qu’Elmo ferait, en sortant de chez lui, était d’envoyer un message à Bella. Après toutes les promesses qu’il venait de faire à son ami, après tous les mots pour le rassurer, le voilà qui balayait tout d’un coup en ne pensant qu’à elle, dès la première seconde où il mit le pied à l’extérieur du bloc d’appartements où se trouvait celui de Milo. C’est fait ... Je peux passer chez toi ? C'est trop long par sms ... Avait envoyé Elmo, le cœur serré, la tête tournant dans tous les sens sans jamais s’arrêter sur une direction particulière. Et pourtant, il fallait bien qu’il avance, Elmo, qu’il parte d’ici. Ses pas le conduisirent vers la résidence de Bella avant même qu’elle ne lui donne le feu vert, mais heureusement, elle le lui donna, donnant un certain but à son errance. Il prit son temp, Elmo, parce qu’il avait encore plus besoin de mettre de l’ordre dans ses idées après sa conversation avec Milo. Ce dernier avait beau lui dire n’importe quoi, le batteur savait ce que son ami ressentait au fond de lui-même. Et après avoir vu cette réaction, l’italien savait qu’il avait eu raison de vouloir laisser cette histoire derrière, de ne pas brasser davantage les choses et de laisser retomber la poussière d’étoiles. Lentement, trop lentement, Elmo se traîna les pieds dan l'allée menant à la porte de la maison de son amante d’une nuit, son amante de plus jamais. Il toqua à la porte, la respiration coupée, parce que malgré l’oxygène tout autour, il étouffait, Elmo.  

J'suis en route pour aller voir Milo. Si j'me dégonfle pas d'ici là, j'vais tout lui dire... Elle n'en croyait pas ses yeux. C'était une blague ? C'était contre tout ce qu'ils s'étaient promis, contre tout ce qu'ils s'étaient dit, cette après-midi-là, chez Imogen. Secret, ce qu'ils avaient fait, c'était secret. Ça ne devait pas quitter la table qu'ils avaient empruntée, ni leurs deux coeurs. Oublier, c'était ce qu'ils s'étaient promis de faire. Et à présent, Elmo allait contre tout ce qu'ils s'étaient dit. Il allait tout lui dire, à Milo, tout ce qui faisait mal. Bella sentit son coeur se briser en deux. Son premier réflexe avait été de faire passer la faute sur son dos, à elle. Milo, c'était son frère, c'était tout son monde. Elle ne pouvait pas accepter qu'il le perde. Lui et son groupe. Il fallait que la fautive, ce soit elle. Elle et personne d'autre. Mais Elmo avait refusé cette solution, déterminé à tout lui dire, comme c'était arrivé. Et une fois qu'il s'était enfermé chez lui, de longues heures durant, Bella se sentit en coma, maintenue en vie sur des respirateurs artificiels. Son pouls reprit seulement lorsqu'un nouveau message fit résonner son téléphone, tard, beaucoup plus tard, la soirée était tombée. Trop long à expliquer par sms, il était en route. OK, avait-elle répondu, les doigts tremblants. Et elle s'empressa d'écrire à Milo, incapable de rester plus longtemps dans l'inconnu. Il avait mal, trop mal, c'était évident, mais avec tendresse, il lui souhaitait d'être heureuse. Heureuse, elle ne pouvait plus l'être, la Costaricaine. Elle avait dû renoncer à ses sentiments, les taire, les oublier. Non seulement pour Milo, mais aussi parce qu'Elmo, il avait commis l'impardonnable. Il l'avait remplacé, aussi rapidement qu'elle était arrivée dans sa vie, malgré les beaux mots qu'il lui avait dit, malgré les regards qu'ils s'étaient lancés. Tout avait changé. Et pourtant, quand il lui avait envoyé ce message, la brune n'avait pas pu résister. Quand il toqua à la porte, tard le soir, elle s'empressa de lui ouvrir pour éviter de déranger ses parents et ses frères. Vêtue d'un débardeur gris, d'un short de pyjama et d'un cardigan de laine beaucoup trop grand pour elle, elle poussa la grande porte de sa maison pour faire face à Elmo, malaisé. Allô, se contenta-t-elle de lui dire, la porte entre-ouverte qu'elle referma rapidement derrière elle, le rejoignant sur le porche. Il était beau, ciel qu'il était beau, même lorsqu'il avait cette mine dépitée. Il était beau et ça la tuait de le voir dans cet état. Et pourtant, il lui avait brisé le coeur, il n'avait eu aucune pitié pour elle. Je te demande quand même comment ça va ? Ajouta la brune en refermant son cardigan contre son corps, lui cachant la vue à sa poitrine et à ses jambes, créant une barrière entre eux. Tu veux t'asseoir dans les escaliers ?

Il était devant cette maison, c’était la première fois qu’il y venait seul, pour ne voir que Bella, et pas accompagné d’un groupe d’amis. Il fixa ses souliers après avoir cogné à la porte, espérant que ce soit la jeune femme qui vienne lui répondre et non pas ses parents. Elmo avait le cœur trop serré pour puiser en lui la force de faire semblant. Son sourire serait difficile à maintenir, son corps bien trop raidit par la nervosité qui ne retombait pas, même après avoir parlé à Milo. Pourtant, ils avaient fumé, ils avaient bu, pendant toute la durée de leur échange froid et distant. Même le cannabis n’était pas arrivé à calmer l’italien, au contraire, il avait l’impression que ses pensaient fusaient de tous bords, tous côtés, sans prévenir des changements de direction. Elmo releva la tête lorsque la porte s’ouvrit face à lui, et un coup de chaleur le traversa alors qu’il revoyait Bella. Elle lui faisait cet effet à chaque fois, maintenant, et ça le tuait. Ça le tuait parce qu’il allait devoir dire adieu à tout contact qu’ils avaient pu partager. Même ces caresses de jambes sous la table du café, elles avaient été de trop. Plus jamais ils ne pourraient s’autoriser à de tels égarements, aussi innocents soient-ils. Elle était déjà en pyjama, Bella, et même dans d’aussi simples vêtements, elle arrivait à faire chavirer son cœur. Il la contempla rapidement, n’ayant plus le droit de la dévorer du regard comme il avait pu le faire, et reculer de quelques pas lorsqu’elle le rejoignit sur le perron, refermant la porte derrière elle. Elle ne l’invita pas à l’intérieur. « Salut. » Dit-il avant de tourner le dos à la porte, faisant face à la rue devant eux, cette rue déserte, un peu comme leur vie sentimentale s’apprêtait à l’être. Lui rappelant qu’elle n’était plu sienne, qu’elle ne l’avait jamais été sans doute, Bella referma sa veste de laine sur son corps, coupant toute possibilité d’admirer sa peau et de repenser aux baisers qu’il avait pu y déposer un jour. Elle lui demanda si ça allait. « J’ai vu mieux, disons … » Répondit-il en soupirant. Il hocha la tête quand elle lui demanda s’il voulait s’asseoir dans les escaliers. Il s’exécuta, posant un pied sur la deuxième marche, puis l’autre, avant de laisser tomber ses fesses sur la première. Il écarta les jambes, posant ses coudes sur chacun de ses genoux. « You should’ve seen his face. » Commença-t-il, en parlant de Milo, sans tourner autour du pot. L’émotion était encore trop proche de lui pour qu’il puisse chasser les images. Elles revenaient trop facilement en surface pour mieux lui faire du mal. « J’sais pas ce qui m’a pris de lui dire. J’voulais être honnête et faire la bonne chose pour une fois dans ma vie. Au final j’ai juste merdé, encore une fois. » Il merdait toujours, Elmo. Il avait fait souffrir Bella à la fête chez Bessie, il avait fait souffrir Milo avec ses confidences et ses actes à moitié regrettés. Qui serait le prochain ?  

Non, elle ne l'invita pas à entrer. Parce que dans cette maison, qui n'était pas sienne, il y avait des gens qui n'avaient aucune idée de toute cette histoire. Et la discussion, aucun d'eux ne pouvait prévoir où elle mènerait. Sur des larmes, sur des cris, sur des aveux qui, peut-être, feraient encore plus mal que ce qu'ils savaient déjà tous les deux. Et, égoïstement, elle avait envie de garder ça pour eux, juste pour eux. Parce que ses frères, ils pouvaient se montrer cruels parfois. Et Elmo, elle l'appréciait trop pour lui faire subir la colère de ses aînés. C'était un peu sa façon à elle de le protéger. Au fond, ne faisait-elle pas toujours ça, le protéger ? Il répondit à ses salutations froides, le visage long, fixant la rue silencieuse qui leur donnait, à eux, tout le loisir de loger le silence. Mais la discussion, elle ne coulait pas aussi facilement qu'à leur habitude. Ils étaient mal, tous les deux, Elmo le premier. Il venait de tout balancer à son meilleur ami, et de lui briser le coeur par la même occasion. Elle ne l'avait jamais vu aussi bas, aussi dépité, il lui décrocha un sourire de d'empathie avec qu'elle ose lui demander toute même, comment il se sentait. Elle aurait voulu le prendre dans ses bras, lui dire qu'ils allaient trouver une solution, et pourtant, Bella était incapable d'une telle chaleur envers lui. Pas maintenant. Son coeur battait la chamade, il voulait se rompre dans sa poitrine chaque fois qu'il posait les yeux sur elle et pourtant elle était distante, froid, brisée. Il l'avait brisée. Presqu'autant qu'il avait dû briser Milo. C'était une dure journée pour lui. Il prit place dans les escaliers du porche, Bella l'imita gardant une distance entre eux. Elle s'assit sur la marche plus haute, ses jambes nues dangereusement près de lui, ses cheveux mouillés qui s'égouttaient dans son dos et qui mouillaient, petit à petit, le porche. Elmo ne tardit pas à vider son sac, sa discussion avec Milo étant la raison de sa visite. Bella esquissa une moue triste sur son visage rond, baissant les yeux vers ses mains avec lesquelles elle jouait nerveusement. Je peux très bien l'imaginer..., souffla-t-elle d'une voix presque peu audible. Elle avait autant, si ce n'était pas plus, mal que lui, à cet instant. Juste avant son arrivé, ils avaient partagés, Milo et elle, de déchirants sms. Elle était, elle aussi, dans tout ses états. Non, t'as bien fait de tout lui dire, le rassura-t-elle alors qu'il doutait de sa décision. now, i know, conclue-t-elle un rictus de tristesse au bord de ses lèvres. Elle le savait, oui, ce que ça faisait d'avoir le coeur en miette par des secrets, des non-dits. C'était exactement de cette façon qu'elle s'était sentie en découvrant qu'il l'avait remplacer par une autre. Maintenant quoi ? Soupira-t-elle en posant enfin ses yeux sur lui. Milo, il lui avait dit d'être heureuse, de ne pas s'empêcher pour lui, mais il y avait tellement plus que ça dans l'équation de son bonheur, tellement plus que sa tête et son coeur qui se lançait la balle. Il t'en veux, il ne veut plus te parler ? Parce qu'avec-moi, il a été clair... Il veut plus vraiment me parler, soupira-t-elle à nouveau avant d'ajouter : Et il a consommé, après ton départ.

La distance entre eux était lourde, mais nécessaire. Maintenant plus que jamais, Bella et Elmo se devaient de briser ce lien qu’ils avaient dangereusement tissé, allant trop loin, beaucoup trop loin. Il lui tourna le dos mais bien vite, elle le retrouva de l’autre côté de la porte, tous les deux face à la rue et pourtant, ce n’était pas signe que cette route les mènerait où que ce soit. Au contraire, Elmo était ici pour que leurs chemins se séparent ou, du moins, qu’ils n’empruntent plus cette route là côte à côte et pire encore, main dans la main. S’ils continuaient sur cette même voie, ce ne serait qu’en amis. Ils n’avaient plus le choix, pas après ce que Milo avait dit à Elmo, l’accusant même du doigt qu’entre frères, on ne fait pas ça. Et il avait eu raison, Milo, il avait eu raison sur toute la ligne. Sa souffrance qu’il avait tant bien que mal tenté de lui cacher, il la comprenait, elle était légitime. C’est pour cette raison qu’Elmo était aussi dépité, se sentant plus bas que terre. Parce qu’il était fautif, complètement fautif, et que la culpabilité le rongeait de l’intérieur. Malgré tout, il était directement venu chez Bella après sa confrontation avec Milo, parce qu’elle était en droit de savoir ce qui s’était dit. Ils étaient tous les deux dans cette galère, Elmo ne pouvait pas lui cacher les développements de cette décision qu’il avait pourtant prise sans elle. L’étudiant s’assit donc sur une marche, et la costaricaine opta pour celle juste au-dessus, laissant ses jambes être les voisines du corps d’Elmo. Il n’avait de toute façon plus la tête à ça, maintenant qu’il replongeait dans ses souvenirs d’une heure plus tôt. « Tu penses ? » Demanda l’italien à la jeune femme lorsqu’elle affirma qu’il avait bien fait de tout lui dire. Il releva la tête vers elle, cherchant validation dans son regard. Il en avait cruellement besoin. « J’ai l’impression de l’avoir détruit plus qu’autre chose. La vérité fait mal, et elle est peut-être pas toujours nécessaire, au fond … » Mais il était trop tard, maintenant, pas vrai ? Le mal était fait, comme aurait dit Milo. Et maintenant, Elmo avait doublement fait mal. D’abord en posant cet acte à l’origine de tous ces conflits, et ensuite en les confiant à son ami. Maintenant quoi ?, demanda Bella en soupirant. Il haussa les épaules, soupirant à son tour. « On essaie de faire en sorte que tout redevienne comme avant, j’imagine. » Il en serait incapable, Elmo, il en était persuadé à présent. Mais s’ils n’essayaient pas, le mur devant eux les guettait toujours. Lorsque Bella reprit la parole, parlant de ce que Milo ressentait vis-à-vis d’elle, et du fait qu’il avait consommé après son départ, Elmo fronça les sourcils. « Attends, quoi ? Tu lui as envoyé un texto dès que je t’ai dit que je partais ? Pourquoi t’as fait ça !? » Il laissait la colère l’envahir, Elmo, parce que pour le moment ça le faisait moins souffrir de s’emporter que d’imaginer Milo en train de consommer par sa faute. « C’est lui qui t’a dit qu’il avait consommé ? Il était chez lui ? » Demanda-t-il, paniqué, se relevant même, prêt à partir.  

De mettre cette distance, d'imposer une froideur entre eux, ça lui brisait le coeur alors que Bella, elle, n'avait envie que retrouver la chaleur de ses bras. Ils ne s'étaient égarés qu'une seule fois et, pourtant, elle ne pouvait déjà plus se passer de lui. De son besoin physique en naissant des sentiments qu'il fallait à présent étouffer, cacher au public, parce qu'il était nuisible de les ressentir. Pour elle, pour lui, pour Milo. Bella devait renoncer, se battre contre la petite voix à l'intérieur de son esprit qui lui suppliait de briser l'espace entre eux. Cette voix, elle voulait sa mort. Et cette réaction, comme on traite un vulgaire inconnu, elle n'avait pas été qu'imposée par la promesse d'oublier qu'ils s'étaient tous deux faite, non, elle régnait, aussi, par la douleur des derniers jours qu'ils s'étaient infligés. Autant lui qu’elle. Si Bella n'écoutait que son coeur, elle l'aurait déjà pardonné. Et à en voir sa mine désabusée, elle l'aurait pris dans ses bras pour le réconforter, pour lui promettre que ce qu'il avait fait, Elmo, ce n'était pas mauvais, qu'il avait suivi la raison. Mais sa tête était là, bien trop présente, pour lui rappeler qu'en plus d'avoir brisé leur pacte, l'étudiant avait pris la première occasion possible pour coucher avec une autre et il ne s'en était pas caché. Et ça, c'était bien assez pour lui en vouloir, pour agir ainsi avec lui, malgré la douleur que la brune ressentait quand elle le voyait dans cet état. Je le sais, affirma Bella alors qu'il cherchait son approbation, levant les yeux vers elle. Elle lui sourit faiblement en hochant la tête, les yeux brillants par l'émotion. Et si on inversait les rôles, supposa l'étudiante, si c'était toi, mon ex, et lui, le meilleur pote. Aimerais-tu le savoir ou préfèrerais-tu qu'il te cache la vérité ? Bella soupira en secouant la tête. Ça fait peut-être mal maintenant, mais ça lui aurait fait beaucoup plus mal de l'apprendre d'un autre ou pire de le découvrir lui-même, conclue-t-elle, sereine avec ses dires. Il était trop tard, le mal était fait, et elle tenait mordicus à ce qu'elle lui disait. Peut-être qu'elle avait été contre, au départ, peut-être qu'elle avait refusé qu'ils daignent en parler un jour, mais à présent, les choses étaient bien différentes. L'eau avait coulé sous les ponts, elle avait eu le temps de réfléchir et, surtout, la situation était devenue beaucoup plus complexe depuis la fête de Bessie pour risquer de lui cacher la vérité. Les gens savaient, ils avaient bien deviné, c'était évident, ils les avaient vus se couvrir de ridicule devant la table des consommations et, la réplique de Bella, celle qui résonnait toujours dans sa tête quand elle pensait à cette soirée, elle avait été audible dans toute la pièce. Parler ou baiser, avait-elle insinué devant tout le monde, le regard froid, le coeur en miette. C'était d'une évidence même qu'à présent la vérité était fébrile. Elmo avait pris une sage décision. Et maintenant, que leur restait-il à faire ? Oublier, repartir à neuf ? Bella était perdue et à en voir le visage de son amant, il l'était tout autant. Elle regardait le vide, la direction opposée d'Elmo, trop émue pour oser le regarder lui et ses yeux qui l'envoûtaient. J'imagine que c'est la bonne solution, souffla-t-elle en hochant la tête, le regarde toujours dans le néant. Elle en serait très certainement incapable, mais s'il le fallait, elle le ferait. Pour lui et pour Milo, pour leur donner la chance de recoller les pots cassés, de reformer leur amitié. Elle, elle n'était qu'une fille parmi d'autres. Une vulgaire fille avec qui tous les deux avaient partagé au minimum une nuit. Et des filles, à Bowen, il y en avait des dizaines d'autres prêtes à prendre sa place, pour l'un et pour l'autre. Bella se remplacerait facilement et, bientôt, leurs coeurs ne leur demanderaient plus sa présence nocive, toxique à leur survie. Peut-être avait-elle tort, peut-être était-elle dans le déni, c'est peut-être d'ailleurs pourquoi elle avait tenté de parler à Milo, avant même de voir celui avec qui elle avait fait des promesses. Elle avait voulu qu'il le pardonne, qu'il lui en veuille à elle. Elmo ne le voyait pas de cet angle, quand il découvrit qu'elle lui avait écrit, il fronça les sourcils, haussa la voix, la colère bien trop présente dans son discours. Elle osa enfin le regarder, fronçant elle aussi les sourcils. Et pourquoi pas !? Répondit-elle aussi rapidement qu'il l'avait martelé de sa fureur. Milo, c'est mon ami, autant que c'est le tien, ajouta-t-elle en roulant les yeux au ciel comme s'il voulait en avoir le monopole. Il est avec Luka. Et il ne veut pas de mon aide. Et surement pas de la tienne non plus, soupira Bella en secouant la tête. Ne me parle pas comme ça, Elmo, ne fait pas ça avec moi. Tu... Bella prit une pause, baissant les yeux vers ses mains, toujours nerveuse. Tu me fais mal... J'ai pas envie que tu hausses la voix sur moi...

Bella lui proposa d’inverser les rôles, à Elmo. De s’imaginer à la place de Milo, Bella étant son ex et Milo … Milo étant Milo, son frère, un de ses meilleurs amis, avec qui il partageait son rêve d’enfance. Milo qui aurait couché avec Bella. Il soupira. Si ce jeu de rôle avait pour objectif de lui faire comprendre que la vérité importait dans l’histoire, il avait plutôt comme résultat de renforcer la culpabilité d’Elmo. Aurait-il pu le pardonner à Milo, si les rôles avaient été inversés ? La vérité était qu’il l’ignorait, en réalité, parce qu’il n’avait jamais vécu de ces amours forts qu’on n’oublie pas. Il n’avait jamais été vraiment amoureux, Elmo, et peut-être même que ce début d’histoire avec Bella aurait été sa toute première histoire d’amour. Histoire dans laquelle ils mettaient déjà la hache, parce que de continuer à en écrire les pages, c’était injuste pour tout le monde. Elle avait toutefois raison, Bella, quand elle disait que la vérité aurait fait encore plus mal s’il l’avait appris plus tard, beaucoup plus tard. L’italien hocha la tête. « T’as raison. Et on sait tous que dans c’te putain de ville y’a jamais rien qui reste secret de toute façon. » Il suffisait de consulter le blog des Writers ou même les Write About Me, qu’Elmo s’était fait un malin plaisir de se créer à son arrivée mais qu’il regrettait parfois amèrement. C’était juste un endroit pour régler les comptes, tout ça, et maintenant qu’Elmo avait merdé, il réalisait toute la mauvaise attention que ça pouvait lui attirer. Lorsque Bella s’interrogea sur la marche à suivre, maintenant, Elmo ne voyait qu’une solution : y aller à reculons. Au moins pour retrouver leurs places initiales, celles où ils appartenaient réellement. C’est-à-dire pas l’un à l’autre. Juste des amis, qui prévoyaient des fêtes et qui les réussissaient à tous les coups. Tous les deux fixaient le vide en acquiesçant à cette fatalité, ils savaient que trop bien que ce n’était pas la bonne solution pour eux, mais c’était la seule qui ne les ferait pas tous souffrir davantage. Parce que même s’ils faisaient fi des autres, Bella et Elmo, ils ressentiraient quand même cette culpabilité au plus profond d’eux. C’était plus fort qu’eux. Mais cette culpabilité, elle laissa rapidement place à la colère du futur infirmier quand la costaricaine lui apprit qu’elle avait déjà écrit à Milo, dans ces quinze minutes qui avaient séparé le départ d’Elmo de son arrivée ici. « Pourquoi pas !? Parce que tu m’as même pas laissé le temps de te dire comment il avait réagi, tu pouvais pas attendre genre trente fucking minutes ? Fuck, Bella, c’est encore pire maintenant, il va savoir que j’t’ai texté en sortant de chez lui, il va savoir que c’est plus que ce que j’lui ai laissé croire … » Il secoua la tête, portant sa main à sa tête. Il s’était levé d’un bond quand il avait appris que Milo avait consommé. Déjà, il y était allé fort sur le whisky, mais s’il avait en plus pris d’autres cochonneries, alors peut-être était-il en réel danger. « T’es sûre qu’il est avec Luka, hein ? Il te l’a dit ? » Répéta-t-il, prêt à tout pour ne pas perdre son ami pour de bon. Déjà qu’il le sentait lui glisser d’entre les doigts. Et maintenant, c’était Bella qui filait aussi loin, trop loin de lui. Il se rassit en l’entendant se briser face à lui. Il soupira en fermant les yeux momentanément. « Excuse-moi. Je ne voulais pas t’crier après. Vraiment, excuse-moi. » Il rouvrit les yeux et posa sa main sur celle de Bella. « Je suis désolé. J’arrive juste pas à gérer tout ça … toute … toute cette merde. » Il retira sa main.  

Assis chacun sur leur bout d'escalier respectif à regarder respectivement dans la direction inverse alors qu'ils avaient nettement envie du contraire, les deux étudiants étaient pathétiques. Ils avaient dérapé, ils s'étaient rendu compte de leur erreur et, à présent, ils semblaient incapables de la réparer. Peu importe ce qu'ils choisissaient, peu importe ce qu'ils tentaient, ils revenaient inlassablement à la case départ sur le plateau de jeu de leur situation. Et, quand on passait la casse départ, on devait payer la banque, c'était connu. Dans leur cas, la banque, c'était les sentiments qui les envahissaient, tous les deux, chaque fois qu'une solution ne fonctionnait pas. Oublier était impossible, mais se laisser aller aussi. Parce qu'ils le savaient, tous deux, que ce qu'ils avaient fait était indéniablement mal. Et non seulement c'était mal, mais c'était aussi douloureux. Pour eux, pour Milo, personne n'en sortait gagnant. Pas même eux. Peut-être qu'une fois la poussière retombée, les années passées, ils pourraient tous voir la situation d'un autre oeil, sans en ressentir toute la douleur, mais pour l'instant c'était trop frais, la plaie était trop entaillée, trop ouverte, pour leur permettre d'être objectif. Elmo avait touché un bon point, tout finissait par se savoir dans cette ville. Elle était petite, les gens parlaient et, vraisemblablement, ils étaient toujours épiés par on ne serait qui et à risque de se retrouver le centre du blog à ragot de la municipalité. Bella hocha la tête. Tôt ou tard, il aurait su.. Et ça lu montre que tu tiens à lui. Même si pour l'instant, il ne s'en rend probablement pas compte. Il avait été honnête Elmo, beaucoup plus que Bella. C'était lui le héros dans l'histoire, même s'il ne l'avouerait pas. Il avait fait juste, pas culpabilité, certes, mais il avait fait juste, il avait écouté sa raison qui lui disait de tout avouer. Et c'était tout à son honneur. Bella l'admirait un peu pour ça. Secrètement, évidemment, parce qu'entre eux il y avait encore beaucoup de rancoeur et d'animosité. D'ailleurs, il ne tarda pas à le lui montrer, haussant le ton sur elle alors que la colère l'envahissait. Quand Bella lui demanda pourquoi elle n'avait pas le droit d'écrire à Milo, il renchérit. Elle l'écouta déblatérer, insinuer qu'elle l'avait incriminé plus qu'il ne le fallait. Elle ne lui répondit pas, pas quand il était comme ça. Pas quand il paniquait. Puis, quand elle lui parla de la drogue, il bondit de son assise, laissant la brune seule sur le porche et déjà, il imaginait le pire. Bella soupira en roulant les yeux, lui interdisant d'être ainsi avec elle. S'ils n'étaient pas capables de se parler en adulte, valait mieux qu'ils rentrent chacun dans leur maison et, qu'à tout jamais, ils rompent totalement leurs liens, amicaux et ambigus. Il s'excusa, reprit place près de la Costaricaine, en attrapant sa main. Il lui demanda pardon. Ça ne te donne tout de même pas le droit de me parler comme ça, Elmo. Moi aussi, j'ai du mal à tout gérer, tu sais, lui dit-elle d'une voix douce, mais ferme. Il lâcha sa main, elle le regarda faire, la panique dans ses yeux. Il est avec Luka parce qu'il me l'a dit et je le crois. Puis, je ne lui ai pas dit que tu venais me voir, si tu veux tout savoir, ni même que tu m'avais parlé, affirma-t-elle en le regardant dans les yeux. J'ai fait mine de lui écrire pour autre chose et il m'a répondu sèchement. C'est lui qui m'a dit que tu étais passé, pas l'inverse. La brune haussa les épaules. Mais, je comprends donc, que tu ne lui as pas tout dit. Tu lui as dit ce qui t'arrangeait, ce qui te sauvait toi. T'as pas été cent pour cent honnête, dit-elle en réprimant un sanglot. Comme avec moi, d'ailleurs. T'as pas été cent pour cent honnête. À nouveau, elle haussa les épaules, exaspérée. Alors oui, on fait ce qu'on sait faire de mieux, on retourne à la case départ entre nous, ajouta-t-elle en hochant la tête pour se convaincre elle-même. On ferait mieux de toujours se voir entourer de d'autres personnes, ça serait plus safe. Parce qu'elle ne répondrait pas d'elle, s'ils se retrouvaient seuls dans la même pièce.

Il tenait affreusement à Milo, oui. C’était l’une des premières personnes à l’avoir trouvé dans cette ville, quand il était arrivé, un peu perdu. C’était la première fois qu’il partait seul, et c’était pour de nombreuses années d’études. Il quittait le confortable nid familial pour l’inconnu, autant pour ce qui était de l’Australie que de l’université en tant que telle. Il avait été complètement paumé, au début, Elmo, et c’était en Milo qu’il avait trouvé du soutien au départ. Puis, au fil du temps, l’italien s’était construit une toile sociale des plus belles, avec Bellamy, Vega, Jae, Bessie, Alix, Bella, et il avait même retrouvée Lilith ici. Ce qu’il avait d’abord vu comme l’étranger était devenu sa seconde famille, et il était très redevable à Milo pour tout ça. Il se sentait donc encore plus coupable de lui imposer cette souffrance. Il avait l’impression de le trahir, de lui planter un couteau dans le dos, et ça le rendait malade, Elmo. Il ne savait pas si Milo comprendrait réellement que derrière son honnêteté se cachait un nécessaire besoin de lui prouver à quel point il tenait à lui. À voir comment il avait réagi ce soir, Elmo en doutait fortement. Bella aussi, d’ailleurs, relevant le fait qu’il ne s’en rendrait sans doute pas compte pour le moment. « Non, crois-moi, il le voit pas de cet œil-là. » Il secoua la tête, levant les yeux au ciel un moment, passant ses mains sur son front puis tout le long de son visage en redescendant. Il n’était pas au bout de sa peine, Elmo, parce que bientôt Bella lui apprit qu’elle avait envoyé un message à Milo dès que leur altercation eut été terminée. Pour lui, c'était juste de renfoncer le couteau dans la plaie parce qu’à ses yeux, ça venait tout compliquer, comme si ça ne l’était pas déjà assez. Bella avait encaissé la colère de l’italien sans rien dire, attendant que la tempête passe. Elle ne passa que parce qu’il vit la tristesse dans le regard de la brune. Il se rassit auprès d’elle, s’excusant pour sa fureur injustifiée. Elle avait raison. Il n’avait pas le droit de lui parler comme ça, devant chez elle, même n’importe où. Peu importe ce qu’elle avait fait, Elmo n’avait pas le droit de lui crier dessus ainsi. Quand elle lui expliqua qu’elle avait fait mine de lui écrire pour autre chose, l’italien roula encore une fois les yeux. « Tu crois vraiment qu’il est con au point de croire que c’était qu’une simple coïncidence que tu lui écrives pour n’importe quoi au moment même où j’venais de tout lui balancer ? Il va juste croire qu’on le prend pour l’idiot du village. » Il recommençait à hausser le ton, Elmo, même si ce n’était pas des cris, c’était quand même une colère mal dissimulée. Il ferma les yeux et soupira. « Désolé. J’comprends juste pas pourquoi t’as fait ça. » Et elle, elle ne semblait pas comprendre pourquoi Elmo ne lui avait pas raconté toute la vérité, pourquoi il n’avait dit que ce qui l’arrangeait et le sauvait lui, dans l’histoire. « J’voulais l’épargner, fuck, tu voulais que je l’achève en lui disant qu’on aurait aimé qu’ça aille plus loin, toi et moi ? Tu l’as pas vu, Bella. J’l’aurais tué, à lui dire ça. » Ou il se serait tué lui-même. Elmo fronça les sourcils quand Bella l’accusa de ne pas avoir été honnête avec elle. « De quoi tu parles ? » Demanda-t-il en secouant la tête. Il n’était pas venu ici dans l’idée de se prendre la tête, Elmo, mais plus la conversation avançait, plus il réalisait que la situation était encore plus complexe qu’il croyait. « J’suis pas certain que ce soit plus safe même quand on est avec d’autres personnes. » Fit-il remarquer, repensant évidemment à la soirée chez Bessie.  

Elle n'était pas stupide, Bella. Elle comprenait quels étaient les enjeux de ce mensonge devenu à présent une vérité. Et si au départ l'idée de tout avouer à Milo lui avait semblé en cauchemar éveillé, à présent, plus sereine, elle en comprenait la nécessité. Parce qu'Elmo avait marqué un point, un point de taille : dans cette ville, tôt ou tard, tout finissait par se savoir. Les secrets, les mensonges et les trahisons. Et, pour les deux amants, ce qu'ils avaient fait, c'était un peu tous les trois en même temps. Or, on pouvait imaginé l'explosion que cela aurait créée si, malencontreusement, les Writters, ou qui conque d'autre, lui avaient appris la nouvelle avant l'un d'eux. Elmo, c'était le plus courageux des deux. Il avait eu la force de le faire, de prendre la décision d'abord pour se libérer de la culpabilité. Mais cette culpabilité, elle avait don de coller à sa peau. Parce qu'en fait, pour tout dire, malgré les aveux, il restait les sentiments. Pour elle, et pour lui, ils leur restaient des sentiments qu'à présent ils devaient taire. Elmo lui confirma que Milo ne le voyait pas de cette façon, pas maintenant, pas aujourd'hui. Laissons lui le temps..., conclu Bella à ce sujet alors qu'ils enchaînaient sur la suite de la conversation, lui apprenant donc qu'elle lui avait écrit, à Milo. Quand il haussa la voix, quand il s'énerva contre elle, Bella demeura silencieuse, les sourcils froncés par l'incompréhension. Que lui prenait-il de lui répondre ainsi ? S'il avait droit de s'assurer du bien être de Milo, elle aussi le pouvait. Il n'en avait pas le monopole. Rapidement, il s'excusa, reprenant place près de la brune, la voix plus douce, mais lorsqu'elle reprit la discussion là où ils l'avaient laissé avant que l'étudiant ne s'emballe, il fit emparé d'une nouvelle crise de panique lui forçant à hausser encore la voix. Bella soupira longuement en secouant la tête de la droite vers la gauche, blessée. Il ne comprenait pas pourquoi elle lui avait écrit et il continua son discours, lui disant qu'elle aurait dû le voir, voir sur visage se décomposer et que tout lui dire, ça l'aurait tué. Bella commençait à s'énerver, elle aussi, mais sa voix demeurait douce et ferme à la fois. Tu veux que je te dise ce qu'on s'est dit, Elmo ? T'aimeras sans doute pas l'entendre, mais à t'écouter, y'a que toi qui peut s'inquiéter pour lui, soupira Bella. Je voulais savoir comment il allait, parce que, little did you know, je tiens à lui. Il est important pour moi. Et ça me tuait de l'imaginer en colère contre moi, sans pouvoir rien faire. Ok, j'ai peut-être foiré, j'aurais peut-être dû attendre, je te l'accorde, mais tu as pris la décision d'y aller sans me consulter, j'ai paniqué, moi aussi, elle secoua la tête en prenant une pause pour respirer. Bella l'avait mis en garde, ce qu'il s'apprêtait en entendre ne lui ferait sans doute pas de bien. Tu sais ce que je lui ai dit, aussi ? Que je l'aimais et que j'allais toujours l'aimer, nouvelle pause, cette fois pour le regarder. Mais qu'à présent, c'était différent. Que mon coeur, il battait différemment quand je pensais à toi et que, ça, c'était unique. Elle sous-entendait qu'à choisir, en lui et Elmo, elle choisissait l'infirmier. Mais tu t'en fiches, n'est-ce pas ? Lui cracha-t-elle en voulant revenir sur la partie de son discours où elle l'avait accusé de ne pas être honnête, complètement honnête avec elle. J'ai été honnête, tu vois. Je lui ai dit ce que je ressentais, parce que je pensais que tu aurais fait pareil. Mais, encore une fois, tu n'as pas joué la carte de l'honnêteté, elle le fixait droit dans les yeux. Et, à vrai dire, j'm'en fiche que tu n'aies pas été honnête avec lui. Mais à moi, t'aurais pu faire un effort quand même. Elle se leva, finalement, de son assise. Puis, elle remonta sur le porche pour y faire les cent pas. Parce que cette après-midi-là, chez Imogen, tu m'as dit des choses qui laissaient croire qu'il y avait bien plus qu'une simple nuit d'égarement entre nous deux, même s'il fallait le réprimer. Et pourtant, t'as semblé l'oublier bien rapidement quand tu t'es retrouvé avec Lux. Le chat était sorti du sac. J'ai peut-être exagéré chez Bessie, je suis désolée, avoua-t-elle avec sincérité. Mais on ne joue pas avec mes sentiments comme ça. J'avais vu personne, moi, avant ce soir-là. Il n'y avait que toi, dans ma tête et dans mon coeur.

Il espérait seulement que ce temps, que Bella proposait de laisser à Milo, suffirait réellement à laisser passer l’orage. Le guitariste lui avait demandé la même chose, au fond. Du temps pour encaisser la nouvelle, pour la digérer, pour se faire à l’idée. Mais à voir la colère dans son regard lorsque la conversation s’était poursuivie, Elmo avait l’impression que même le temps ne pouvait réparer certaines blessures. Il avait tellement peur de le perdre, Milo. Il hocha tout de même la tête, conscient que pour le moment, il ne pouvait rien faire de plus qu’attendre. Et c’était sans aucun doute injuste, mais cette colère, cette honte et cette culpabilité qui s’interchangeaient au plus profond de son cœur, Elmo les déversait sur Bella pour une stupide erreur qui n’était rien si on comparait à tout ce qu’Elmo avait fait depuis cette fameuse nuit qui semblait avoir tout détruit. Il s’emporta contre elle pour un vulgaire message texte envoyé un peu trop tôt. Il avait beau s’excuser, la colère reprenait sans cesse le dessus face à cette histoire. Milo lui avait demandé de foutre le camp et s’il continuait sur cette voie, l’italien, ce serait bientôt Bella qui le sommerait de quitter la propriété de ses parents. « J’ai pas dit que y’avait que moi à m’inquiéter pour lui mais j’ai l’impression que t’as pas trop réfléchi aux conséquences que ça pouvait avoir de lui en faire part dès maintenant ! C’est un timing de merde Bella et peut-être que ça contribue encore plus à lui faire s’imaginer un tas de trucs, et à lui faire du mal encore et encore. » Qui sait, s’il avait deviné que Bella et Elmo avaient continué à se parler, peut-être les imaginait-il ensemble en ce moment-même. Et il n’aurait même pas tort de le faire. Après tout, Elmo avait accouru chez Bella dès qu’il avait passé le pas de la porte de chez son ami. La costaricaine releva finalement un point qu’il ne pouvait contredire. Il avait pris la décision d’aller le voir sans même la consulter, un simple texto pour la mettre en garde mais qui ne lui laissait pas le choix d’accepter. Il soupira. « Ok, t’as raison. Contente de m’l’entendre dire ? T’as raison. J’aurais dû te prévenir d’avance, comme ça on aurait au moins pu s’entendre sur la marche à suivre. » Et ils auraient donc pu éviter ces malentendus et cette dispute. Lorsque Bella reprit la parole pour lui rapporter ce que Milo et elle s’étaient échangés dans ces messages, il l’écouta avec un regard empreint de tristesse. Son cœur rata un battement quand elle dit que le sien battait différemment quand elle pensait à lui. Si elle savait à quel point c’était le cas pour lui aussi. « T’as pas le droit de dire que je m’en fiche. T’arrêtes pas de dire que j’m’en fous mais tu comprends pas que si j’reviens vers toi à chaque fois c’est parce que bien au contraire, tout ça, ça m’affecte bien trop. Mais j’peux rien y faire. On peut rien y faire, Bella, alors ça sert à rien que j’te dise plus que ça. » Il ne voulait pas le lui dire de vive voix, Elmo, que son cœur battait aussi différemment pour elle. À quoi bon ? Ça ne ferait que les faire souffrir davantage. Pourtant, la costaricaine, elle semblait réclamer ces sentiments partagés, et elle lui reprocha encore une fois de ne pas avoir été honnête ni avec Milo, ni avec elle. « I still don’t get what you’re talking about. » Releva-t-il en secouant la tête, sourcils froncés, mains de chaque côté de son visage. L’incompréhension était trop forte. Puis, elle lui vida enfin son sac, debout face à lui. C’était cette histoire chez Bessie, cette histoire avec Lux. Évidemment, il aurait dû s’en douter, que ça lui reviendrait en pleine face comme un boomerang. « Qu’est-ce que tu pense que j’essayais d’oublier, justement, Bella ? » Demanda-t-il cette fois bien calmement, et surtout, bien triste. « On s’est dit qu’on devait passer à autre chose. Laisser les choses redevenir comme avant. Comment veux-tu que j’y arrive si j’te laisse tout le temps habiter mes pensées ? J’ai jamais dit que Lux était dans ma tête ou dans mon cœur. Elle a juste été dans mes draps parce que toi tu ne peux plus y être. » Il haussa les épaules, levant les mains pour mieux les laisser retomber tout aussi vite, impuissant.   

Le temps savait tout réparer. Il amenait le bon, le nouveau, l'avenir. Et même si certaines blessures semblaient, souvent, trop profondes pour que le temps ne les soigne, aucune n'en était ressortie vainqueur. Parfois, il était long à faire effet, mais Bella était persuadé qu'il ferait aller sa magie et qu'il ne les laisserait pas tomber. Aucun d'eux. Il finirait par réparer leurs coeurs, à tous les trois. Peut-être qu'ils seraient sur des chemins différents, mais ils en sortiraient tous indemne. Un jour ou l'autre. Mais à l'entendre parler, il semblait croire qu'il était le seul à s'en faire pour lui, le seul à voir que Milo souffrait. Ce qui était faux. Bella le savait, elle pouvait s'imaginer la douleur qu'il ressentait, cette même douleur qu'elle avait elle-même ressentie quand ils avaient rompu et qu'elle s'était sentie abandonnée. Mais dans cette histoire, puisqu'il avait été le seul à ne pas être consulté avant que les deux amants passent à l'acte, on semblait laisser entendre qu'il était la seule victime à risque de douleur. Et pourtant, on oubliait qu'il n'était pas le seul à souffrir. Bella aussi, elle avait mal. Et elle n'avait eu aucun contrôle sur cette douleur, ni même sur la douleur qu'ils infligeaient à son ex. Elle s'emporta, Elmo aussi. Ça aurait toujours été un timing de merde, Elmo! Finit-elle par avouer. Et elle avait raison. Si elle avait attendu, elle aurait tourné le couteau dans la plaie. Mais, à présent, il ne restait qu'au temps à faire son effet. Et elle n'était plus obligée de lui ressasser ses mauvaises pensées. Il lui demanda si elle était contente, avouant qu'elle avait raison. Bella secoua la tête. Elle n'était pas contente, non. Cette histoire se complexifiait bien trop pour ce qu'ils avaient planifié au départ. Ce qui est fait est fait. On ne peut pas retourner en arrière, et elle n'en avait pas envie, de retourner en arrière. Ce n'était pas une erreur. Évidemment, ce qu'ils avaient fait avait de lourdes conséquences, mais à ses yeux, ce n'était pas une erreur. Elle ne le regrettait pas. Bien au contraire. Et elle le lui fit savoir, lui expliquant que son coeur, à elle, battait d'une façon bien trop spéciale pour le considérer seulement comme un amant, même s'il fallait le réprimer. Si je le dis, c'est parce que tu m'en donnes l'impression Elmo! Précisa la brune en s'agitant sur le porche, marchant frénétiquement dans tous les sens. Il ne comprenait pas. Et pourtant, pourtant, la raison de sa colère, à elle, elle était bien plus évidente qu'un simple message texte envoyé à la mauvaise heure. Et ce ne fut que lorsqu'elle le lui balança au visage, mettant un nom sur ce qui lui faisait mal, qu'il comprit. Il essayait de l'oublier. L'oublier elle et ses sourires, elle et ses baisers, elle et sa peau nue contre la sienne. Il essayait de l'enlever de sa tête, de son esprit, de la plus cruelle des façons il avait tenté de se couper de ses émotions. Et il avait raison, ils s'étaient dit qu'ils tournaient la page, que tout revenait comme avant. Mais avant que la Costaricaine puisse réellement tourner la page, ça lui prendrait du temps. Et elle avait espéré que pour lui, ça aurait été la même chose. Il semblait triste, brisé, alors que Bella, elle, les bras croisés contre sa poitrine, maintenant immobile, face à lui, laissait l'émotion monter dans ses yeux. Tu aurais pu attendre un peu...., finit-elle par dire, un sanglot dans la voix. Tu aurais pu attendre plus longtemps qu'une semaine avant de ramener une fille dans ton lit, avant d'en effacer mon odeur. Bella sanglotait, les larmes coulaient sur ses joues, brulant ses yeux. Quelle impression ça me donne, tu penses ? Comment je me sens, hein ? Elle secoua la tête en essuyant les gouttes qui tombaient sur ses joues. J'ai l'impression de n'avoir été qu'un vulgaire hook up sans importance pour toi alors que moi, j'suis incapable de t'oublier, la brune soupira longuement en se rassoyant sur la première marche, la tête entre ses mains, le visage caché pour qu'il ne la voie pas pleurer. Elle avait envie de lui crier de partir, de l'abandonner pour que le temps efface sa peine, mais elle en était incapable. Elle le voulait près d'elle, même s'ils n'en avaient pas le droit.

Il n’était pas d’accord, Elmo. Si Bella semblait justement croire que le temps pouvait tout guérir, tout régler, que le flot naturel de ce temps arriverait à effacer les douleurs, alors pour lui, le timing n’aurait pas toujours été aussi mauvais. À ses yeux, c’était contradictoire de dire le contraire. Pourtant, pour la première fois depuis le début de cette discussion, Elmo se tut, préférant ne pas insister sur ce sujet sur lequel ils ne s’entendraient de toute façon pas. Elle avait fait ce qu’elle croyait être la bonne chose, lui voyait ce geste comme une erreur impulsive et irréfléchie. Mais ce qui était fait était fait et qu’il continue à le lui reprocher ou non ne changerait rien à la situation. Ils étaient tous les trois au courant de la situation, les pendules étaient toutes à la même heure ou presque. Il était donc temps de dealer avec les conséquences, tout simplement. Enfin, tout simplement, non. Ce n’était visiblement pas simple, puisque même une fois la vérité éclatée au grand jour, Elmo et Bella trouvaient le moyen de se prendre la tête sur tout. Alors que l’italien tentait de lui faire comprendre que lui aussi ressentait des émotions bien plus grandes, mais qu’il ne pouvait tout simplement pas s’autoriser à s’ouvrir à Bella, de peur que ça leur fasse plus mal encore, celle-ci ne sembla que répondre à une seule partie de ses propos. Comme si elle bloquait nécessairement les sous-entendus dont il lui faisait part. « T’as écouté le reste de ce que j’ai dit ou bien t’as arrêté de m’écouter avant que j’te dise ce que tu comprenais pas là-dedans ? Parce que j’ai vraiment l’impression qu’encore une fois, tu comprends pas. » Elle lui avait encore dit qu’elle lui donnait l’impression de s’en foutre alors que le reste de sa phrase laissait savoir tout le contraire. Ne pouvait-elle pas accepter les efforts qu’il faisait et ne pas lui demander qu’il épelle toute l’affection qu’il lui portait ? Elmo n’était déjà pas du genre à s’attacher autant, alors qu’elle lui demande qu’il lui fasse la sérénade alors qu’ils avaient pourtant dit à maintes reprises que leur histoire devait s’arrêter là, ça lui fendait le cœur. Elle lui demandait l’impossible, Bella. Puis, enfin, elle laissa tomber le réel problème qui se trouvait entre eux deux. Lux, ou plutôt, ce qu’il avait fait avec Lux, trop tôt, trop rapidement. Elmo soupira, tentant de s’expliquer mais pourtant, Bella ne démordit pas de l’acte en tant que tel. Elle ne comprenait pas le motif derrière. Ils n’étaient pas faits de la même manière, Elmo et elle. Ils n’avaient pas mal de la même façon, et ne géraient pas la douleur dans le même sens. « Tes impressions, depuis le début, elles sont toutes fausses, Bella. Et j’me tue à te le faire voir, mais tu m’écoutes pas. Tu veux pas m’entendre. » Il secoua la tête, se tournant vers elle alors qu’elle reprenait place sur la première marche, à côté de lui. Puis, la voyant se mettre à pleurer le visage dans ses mains, il brisa la distance en allant s’asseoir sur la même marche qu’elle. Il posa une main sur sa jambe, doucement. « On n’était pas ensemble, Bella. Je sais que c’est pas ce que tu veux entendre mais tu m’fais culpabiliser alors qu’on n’s’est rien promis. » Expliqua-t-il, très maladroitement. Il se reprit : « T’as géré comme tu pouvais, et moi je gère comme je peux. T’étais pas qu’un vulgaire hook up sans importance et c’était justement là tout le problème pour moi, cette dernière semaine. Tu m’accuses comme si je t’avais oubliée en un claquement de doigts. C’est pas juste. » Il attendit un moment, regardant ses cheveux qui tombaient devant elle alors qu’elle avait toujours le regard rivé vers le bas. « Regarde-moi. Est-ce que j’ai l’air d’un gars qui t’a oubliée ? » Non. Parce que si c’était le cas, il ne serait pas ici à s’évertuer à lui faire comprendre qu’elle comptait pour lui. Qu’elle comptait bien trop.

Elle portait peut-être des oeillères, Bella. Mais elle n'en pouvait rien. La peine l'avait envahi, elle la contrôlait, elle était bien trop forte pour voir clair, pour comprendre les sous-entendus, les déchiffrer comme il le fallait. Non, elle n'avait sans doute pas écouté le reste de sa phrase, elle avait sans doute oublié qu'il fallait écouter dans une conversation, parce qu'elle n'avait eu son mot à dire dans tout ce qu'ils leur arrivaient à présent. Elle s'était laissé sombrer dans ce qu'elle croyait être une amourette d'une nuit et, la pauvre, elle s'était emmêlé les pieds dans cette histoire qui était, au final, bien plus qu'une amourette. Elle avait de vrais sentiments, qu'elle ne pouvait catégoriser avec des mots, certes, mais qu'elle ressentait, fortement, quand son regard croisait le sien. Et si elle comprenait qu'ils n'étaient pas faits pareil, même si elle voulait bien admettre qu'ils vivaient leur peine chacun de leur façon, il ne pouvait lui en vouloir d'avoir mal pour ce qui était arrivé, pour tout ce qui était arrivé. Ce n'était pas qu'elle ne voyait pas les efforts, c'est qu'elle avait envie qu'ils crèvent enfin l'abcès. Ça faisait mal d'être dans ce néant, de ne pas avoir eu la fin de leur histoire, même si elle n'était jamais commencée en réalité, et de devoir déjà l'oublier alors qu'ils n'avait pas joué cartes sur table. Et ça l'aiderait à faire son deuil. Peut-être qu'Elmo, lui, n'en avait pas bien, évidemment qu'il n'en avait pas besoin, pour tenter de tourner la page. Mais Bella, si. Il l'avait touché, profondément touché, droit dans son coeur, elle ne pouvait faire autrement. Elle renchérit, crevant l'abcès, son abcès à elle, celui qu'elle gardait secret, celui qui contenait sa colère, propre à elle. Je veux t'entendre, Elmo, c'est tout ce que je demande, lâcha-t-elle en laissant retomber ses bras le long de son corps. Elle voulait qu'il lui dise toute la vérité, juste la vérité. Et peut-être qu'ainsi elle pourrait accepter, effacer et passer à autre chose. Parce qu'en restant dans des non-dits, des sous-entendus et des peut-être que, elle n'arrivait pas à avancer. Bella reprit sa place sur la première marche, les larmes qui ruisselaient sur ses joues exemptes de maquillage, le visage enfoui dans son corps, gênée d'être émotive devant lui. Elle l'avait pourtant refoulé, cette émotion, mais voilà qu'elle ne pouvait plus la supporter. La Costaricaine sentit Elmo s'approcher, prenant place à sa hauteur, sa douce et chaude main se posant sur sa cuisse dénudée lui fit à la fois l'effet d'un couteau dans son coeur et d'une caresse réconfortante. Et il commença ses explications. On était pas ensemble... évidemment, elle le savait qu'ils n'avaient jamais été ensemble. C'était bien ça le problème. Qu'ils ne pouvaient s'avoir, l'un et l'autre. Elle l'écoutait, silencieusement, la tête toujours cachée entre ses bras, ses longs cheveux qui tombaient sur ses épaules. Les larmes coulaient encore sur ses joues, mais elle était silencieuse, honteuse de se comporter de cette façon-là. Il la força à le regarder par ses douces paroles. Bella releva enfin les yeux vers lui, le regard rougit par l'émotion. Elle secoua la tête lorsqu'il lui demanda s'il avait l'air de l'avoir oublié. Je sais qu'on était pas ensemble, souffla-t-elle, je sais qu'on ne s'était rien promis, ajouta-t-elle, j'étais juste pas prête à te voir avec quelqu'un d'autre alors que moi je ne peux même pas te toucher, finit-elle par avouer, timidement, même si cette fille-là, ça ne voulait rien dire. Mais comprends que ça m'a fait mal, malgré tout... Je ne te demande pas de l'accepter, essaie simplement de comprendre. Elle ferma les yeux un instant. Dans sa tête, tout allait vite. Elle aussi, elle avait commis une erreur. Elle aussi, elle n'était pas complètement honnête. Cherchant le courage, elle inspira fortement avant d'ouvrir à nouveau les yeux et de prendre les mains d'Elmo en otage entre les siennes. J'ai pas envie de garder de secrets... Bella ne le lâchait pas des yeux, ses mains tremblaient. J'étais tellement en colère contre toi... J'avais plus envie de ressentir cette douleur, cette jalousie, si on veut... La brune baissa les yeux vers leurs mains entrelacées. J'ai couché avec Axel.

Bella lui avoua alors, avec toute la détresse du cœur qui l’habitait, que tout ce qu’elle voulait c’était justement de l’entendre. L’entendre lui dire qu’il n’arrivait plus à penser à qui que ce soit d’autre qu’elle, même quand il se trouvait pourtant dans les bras d’une autre ? L’entendre lui dire que cette nuit-là avait changé quelque chose en lui, et pas seulement en le brisant mais en le rendant également complet tout à la fois ? Il secoua la tête. Il ne pouvait pas, Elmo, rendre ses sentiments trop concrets pour eux deux. De toute façon, à ses yeux, c’était déjà bien assez clair et il ne comprenait pas pourquoi Bella avait à ce point besoin de l’entendre. Ça ne ferait que laisser couler l’encre sur une page qui aurait déjà dû être tournée. Ils n’étaient pas sur la même longueur d’ondes, là-dessus, et ce qu’elle lui demandait, Elmo ne voulait pas le lui donner. Parce qu’admettre à voix haute que Bella avait pris une place bien trop grande dans son cœur, c’était d’admettre que ce cœur-là était aussi en train de se briser à cause de la complexité de cette relation qui n’avait plus lieu d’être. « Je suis désolé, Bella. J’sais juste pas ce que tu veux que je te dise de plus … » Dit-il, lâchement. Il valait mieux les faire voler en éclats dès maintenant, plutôt que de continuer à se bercer de douces illusions face à un avenir qui n’était pas possible pour eux. Mais en la voyant pleurer ainsi, la tête entre ses mains, presque complètement enfouie sur ses jambes, Elmo avait l’impression que son corps tout entier se revirait à l’envers, il n’était pas bien, il n’allait pas bien, et ça lui prenait tout pour garder ses distances. Il se contenta de s’asseoir près d’elle et, malgré l’envie de l’enlacer, de l’embrasser, de lui dire que tout irait bien, il posa seulement une chaste main contre sa cuisse. L’italien tenta de s’expliquer, de se justifier, quant à ses actes par rapport à Lux. C’était maladroit, mais c’était comme ça qu’il se sentait. Et il comprenait que Bella puisse se sentir différemment. « Je comprends. Et je m’excuse. Jamais j’voudrais intentionnellement te faire du mal, Bella, crois-moi, c’était maladroit et c’était stupide, c’qui s’est passé chez Bessie, et dès que j’ai vu à quel point ça t’a fait du mal … je me suis senti tellement con. » Il secoua doucement la tête en soupirant, laissant son pouce caresser lentement la cuisse de la costaricaine. Cette dernière releva enfin complètement les yeux vers lui et s’empara de ses mains. Elmo plongea son regard dans les yeux, écoutant chacune de ses paroles menant à ce secret trop bien gardé jusqu’à maintenant. Il fronça les sourcils en entendant Bella lui dire qu’elle avait couché avec Axel. « You slept with that douchebag ? » Lança Elmo, retirant automatiquement ses mains. « Attends alors t’es en train de me reprocher depuis dix minutes d’avoir couché avec Lux mais toi t’as couché avec Axel par vengeance et tu penses que ça va bien passer ? » Il se leva à nouveau. La distance se reprenait si vite, entre eux. « Moi j’ai fait ça pour t’oublier, pour essayer d’passer à autre chose, mais toi t’es en train de me dire que tu l’as fait délibérément pour m’faire mal. Tu le réalises ?! » S’indigna-t-il, debout face à elle, les mains suspendues dans les airs devant lui.