time to love again (theo)

Perchée du haut de ta tour d'ivoire, t'as l'impression d'être invincible. Tu regardes la ville de haut, tout le monde est tout petit d'ici. Et ça te fait du bien. Putain que ça te fait du bien. T'es pas heureuse depuis ton retour en ville. Excepté quand tes avec lui. Mais ton bonheur, t'as besoin de le trouver ailleurs. Parce qu'un jour, celui que tu as avec lui, il finira par faner. S'il te quitte, qu'est-ce que tu vas faire, hein ? T'as besoin de trouver ton bonheur au-delà de lui. Mais t'es vide, à Bowen. Aelya t'en veux. Theo t'en veut. T'es toute seule. T'es toute seule et ça te ronge. Ce matin, tu tremblais, t'étais pas bien, t'étais anxieuse, t'avais besoin de canaliser tes craintes. T'as attrapé ton baggy, tes clés, pis tu t'es mise à rouler jusqu'à la frontière de la ville. Tu pensais t'enfuir, tu pensais tout plaquer, tout abandonner, quitter cette putain de ville qui te faire sentir comme une merde et ne plus jamais revenir. Mais au dernier instant, juste avant de prendre l'embranchement de la route qui menait à la ville voisine, t'as dévié de ta trajectoire. La falaise t'a finalement semblé une meilleure option. Tu as laissé ta voiture sur le bord de la route, puis t'es monté tout en haut, sur le pique, pour observer la ville. Elle te semble à présent si loin de toi, assez loin pour mieux respirer. Assez loin pour mieux réfléchir. Qu'est-ce que tu as fait au Bon Dieu, si seulement il existe, pour mériter tout ça ? Pour te sentir comme ça ? Jamais à la hauteur, avec cette peur constante qu'on t'abandonne. À force de ne pas vouloir t'attacher, à force d'éviter de souffrir, tu souffres encore plus. Finalement, t'as peut-être envie d'une vie normale : un mari, des enfants, une maison, peut-être même un chien. Tu sais plus. Tu sais plus ce que tu vaux, en fait. T'as peut-être même pas ce qu'il faut pur être dans ce genre de vie. Alors tu t'assois sur les rochers de la falaise et tu fixes le vide longtemps avant de te rouler un joint, avant de prendre ton téléphone et d'envoyer un message à l'une des personnes qui t'a toujours comprise. Vous étiez bien, tous les trois, avant. Le plus beau trio de la ville, même. Trois meilleurs amis, sans tabous, sans secrets. Et il a fallu que tu partes et que tu gâches tout. Après quelques échanges, tu finis par lui dire où tu es et lui demander de te rejoindre. Et c'est seulement quand tu entends ses pas derrière toi que tu daignes détacher ton regard de la ville pour le poser sur autre chose, sur lui, Theo. Ciel que tu le remercies d'être là, encore, dans ta vie. Salut. Tu lui souris, espérant qu'il te le rende en retour. T'es beau, tu sais ? Ça n'a rien de charmeur, rien de séduisant, tu lui fais toujours ce genre de commentaires. Tu lui faisais toujours ce genre de commentaires. Secrètement, t'as déjà été amoureuse de lui. Du moins, tu le penses. Mais tu ne l'as jamais laissé paraître, parce que ça aurait brisé votre amitié. Aujourd'hui, c'est peut-être mieux ainsi. Ça compliquerait trop les choses. Puis, t'as Sacha aussi. Tu ne pourrais pas lui faire ça. Même si lui, il le ferait. On partage ? Demandes-tu en désignant ton pétard.

Cette peur bleue de l'abandon. Elle venait bien de quelque part finalement. Et au fond de toi, tu savais d'où elle te venait. Brooke était part de Boweni, il y a quelques années. Elle n'avait rien laissé derrière elle. Enfin elle vous avait laissé vous, Aelya et toi. Vous étiez un magnifique trio, tous les trois. Comme si vous pouviez battre vents et marrées tous ensemble, sans que rien ne vous arrête. Elle était belle cette amitié. Mais tu avais été jaloux, pendant un temps. Les filles passaient leur temps ensemble, sans toi des fois, et ça te faisait mal au coeur de savoir qu'elles étaient tout aussi bien sans toi. Maintenant, tu te dis que c'était des idées de gamins, d'adolescent perdu qui ne connaissait que ses amies. Ton entourage avait toujours été féminin. Que ce soit dans ta famille ou tes amis proches. Certes, il y avait Isaac et Hélios, toujours à côté et tu aimais être avec eux. Mais votre relation avec les filles était bien plus spéciale que ça. C'est pour ça que quand elle est partie, loin de vous, tu t'es senti lâchement abandonné, comme si elle n'avait finalement jamais éprouvé un quelconque sentiment pour vous deux. Mais la vérité n'était pas là, tu avais encore tout à apprendre de son départ. Et ce soir, tu allais enfin en avoir le coeur net. Vil et méchant, voilà comment tu avais été avec la jeune femme. Et tu n'avais pas mâché tes mots, tu ne le faisais jamais avec personne et elle était la mieux placée pour le savoir. Mais ce soir, dans les messages qu'elle t'avait envoyé, tu avais senti un appel à l'aide. Alors tu avais mis ta fierté de côté pour une fois, et tu t'étais dirigé vers la falaise, là où elle se trouvait et elle t'attendait. Sans plus attendre, tu étais monté dans ta Jeep, fonçant là bas, te remémorant les bons souvenirs que tu avais pu avoir avec elle. Et en quelques minutes, tu grimpais le haut de la colline pour la rejoindre. Elle s'était retourné, à l'entente de tes pas et tu l'avais détaillé du regard de A à Z. « Salut, Brooke » dis-tu simplement en passant une main de gêne dans ta nuque, en essayant de répondre à son sourire. Tu t'assis près d'elle et tu ne pus t'empêcher de rire à sa phrase. « Ca n'a pas changé, ça » dis-tu en faisant référence au compliment qu'elle venait de te faire. Sans arrêt, l'australienne te complimentait, et tu aimais bien ça, ça flattait ton ego un peu. « Mais merci, t'es pas mal non plus » répondis-tu en admirant les tatouages qu'elle arborait sur les parties de son corps que tu pouvais voir. Ca lui donnait cet air badass que tu retrouvais dans la Brooke que tu connaissais il y a de cela des années. La jeune femme était entrain de fumer son pétard, et tu n'allais pas refuser quelques lattes sur ce dernier. « Volontiers » dis-tu simplement avec un mince sourire sur tes lèvres. Tu étais gêné, tu ne savais pas quoi faire. Même si c'était dur à l'admettre, bon sang que tu étais content d'être à ses côtés.

Tout était différent à présent. Dans la ville comme entre vous deux. Il arrive derrière toi, tu l'entends marcher et te rejoindre. Quand tu te tournes, lui souriant, pour le saluer, tu sens son malaise. Il passe sa main dans ses cheveux et se gratte la nuque juste après avoir prononcé ton nom, douce mélodie à tes oreilles. Putain que ça te fait du bien de l'entendre le dire. Ça te donne espoir qu'il te considère encore comme une personne à part entière et non complètement comme un déchet qui est parti au large. Il y a le malaise entre vous oui, mais il y a cette lueur d'espoir, aussi, qu'un jour ça lui passera. Tu le complimentes alors qu'il prend place près de toi, sur les rochers empilés les uns sur les autres qui créent cette montagne surplombant la ville. Il rit. Tu souris encore plus. Son rire t'a manqué. Avant, il riait parce qu'il te trouvait drôle, parce que, tous les trois, vous étiez hilarants quand vous vous mettiez à déconner. Maintenant, il rit parce qu'il ne sait plus comment se comporter avec toi. Tu le sais, tu le sens, t'es pas conne, tu le connais. Avant, tu le complimentais tout le temps. Tu l'aimais ton Theo. Beau comme un coeur, s'il n'avait pas été presque un frère pour toi, t'aurais tenté ta chance. Ça n'a pas le don de t'arrêter, normalement, ce genre de réflexion, tu te fous un peu des principes, toi, ça ne te fait pas peur, mais jamais avec Theo. Jamais de peur de briser votre relation. T'as peut-être pas tenté de le séduire dans votre passé, mais aujourd'hui les résultats sont tout comme : votre amitié, elle est déjà brisée. Brisée et incapable d'être recollée. Par ta faute, tu le sais. T'en as marre qu'on te le rappelle sans cesse, qu'on te définisse comme celle qui est partie. Comment veux-tu retrouver le bonheur de vivre ici, auprès de tous ces gens qui ont caractérisé ton passé, s'ils te rappellent à chaque instant les choix que tu as faits pour ton bien. T'es égoïste, tu le sais, mais les autres le sont aussi. Ils ne s'en rendent juste pas compte. Ils pensent qu'ils ont été les seuls à souffrir, parce que c'est toi qui es partie, alors qu'en réalité ils ont tout faux. Ça t'a crevé le coeur de laisser derrière toi tes deux meilleurs amis, ton duo d'acolyte, il ne faut pas penser l'inverse. Il te renvoie le compliment, tu le sens fixer tes tatouages, ceux qui lui sont visibles du moins. Ça ne plait pas à tout le monde. Souvent, tu te fais regarder de travers pour ton look hors du commun. Mais tu ne sens pas ça de la part de ton ami. Ton premier, d'ailleurs, tu l'as fait dans cette ville, avec lui et Aly, dans une shop qui ne doit même plus exister tant il était louche. Il est caché, heureusement, par les autres oeuvres d'art qui couvrent ton corps, parce que le mec, un peu stone, n'avait pas vraiment de talent. Vous aviez bien ri, tous les trois, en regardant le résultat final. Merci, i guess, dis-tu en guise de remerciements. En vrai, tu sais pas quoi répondre à ça. Alors tu lui proposes ton joint, duquel t'as déjà pris plusieurs bouffées. Quand il a le joint entre ses doigts, tu laisses ton regard se perdre dans le vide. Sacha te harcèle de messages. Il jalouse, il s'imagine que Theo profitera de toi ce soir, que tu finiras par le tromper. Ça t'exaspère qu'il ne te fasse pas confiance un minimum. Tes yeux se perdent dans l'horizon, le canna commence à faire son effet. Tu souris pour le vide. Bowen est bien plus belle d'ici. En bas, à la hauteur des humains, y'a que des drames. Ce que tu baratines a à peine de sens. Tu t'en fiches, c'est ton coeur qui parle. Merci d'être venu... Là, tes mots ont plus de sens. Pourquoi t'es venu d'ailleurs ? Demandes-tu en reposant enfin ton regard sur Theo.

Il était loin le temps où vous faisiez les quatre cent coups tous les trois, sans vous souciez de l'avenir. Il était loin le temps où tu aurais donné ta vie pour cette fille. Mais le temps était aussi loin de la rancune. Ce soir, tu avais envie de faire un pas en avant, dans ta relation avec Brooke que tu tyrannisais depuis maintenant quelques semaines. Depuis que tu avais appris son retour en ville, en fait. Vous vous étiez retrouvé seuls avec Aelya, et tu t'étais rattachée à elle comme si c'était ton point d'ancrage. Tu avais toujours tes soeurs, évidemment. Mais là, c'était différent. Avec le temps, vous aviez grandi mais pas perdu cette amitié. Il était peut-être près le temps où tu devais pardonner et ré-apprendre à connaître la Brooke Oxley du présent. Après son message, tu étais parti en direction de la falaise, pour enfin mettre ta haine de côté. Parce qu'en soi, elle t'avait terriblement manqué, et tu voulais tout savoir sur sa vie actuelle. Comment avait-elle évolué ? Qu'avait-elle fait pendant son escapade loin de Bowen ? Tu n'en savais rien. Ta fierté était resté chez toi, et tu avais pris le chemin de la falaise avec ta Jeep légendaire. Une fois là bas, tu reconnus sa silhouette, perchée sur un rocher. Tu avais attendu quelques minutes avant de prendre le chemin pour te retrouver vers elle. Surement par peur de voir une étrangère, quelqu'un que tu ne connaissais plus. Mais tu avais pris ton courage à deux mains et tu t'étais avancé vers elle pour la saluer, gêné de la situation. Tu pris place à côté d'elle sur le rocher, et tu contemplais la vue que vous offrez cet endroit merveilleux. Elle t'avait remercié de ton compliment, ce qui t'arracha un sourire sur ton visage. Toujours le regard perdu dans le vide, tu écoutais ce qu'elle disait par rapport à la vue que vous aviez, et tu acquiesçais d'un signe de tête. « Je suis bien d'accord » répondis-tu à mi-voix. Puis tu portais un regard sur la rousse lorsqu'elle te demanda pourquoi tu étais venu. Parce que tu m'as manqué, aurait été une réponse trop facile et trop rapide. Alors, plongeant tes yeux dans les siens, tu cherchais tes mots pendant quelques instants. « J'suis venu parce que j't'ai assez mis la misère ces derniers temps, et que tu le mérites peut-être pas tant que ça » répondis-tu avec une expression neutre. Mais putin, Theo, assume tes sentiments un peu. Brooke est comme une soeur pour toi, tu ne peux pas rester comme ça. « Et j'avais envie de voir ce que tu avais à me raconter, de ton escapade loin de la ville » dis-tu en reposant un regard sur la ville, un regard vide et perdu.

Partir de Bowen avait été difficile. Personne ne te croirait si tu osais l'avouer. Et pourtant, c'était la vérité la plus pure et la plus sincère que tu possèdes. Rien de ton départ n’avait été d'une simplicité. T'as du même une croix sur la famille que tu t'es créée, celle à qui tu n'as pas trouvé les mots pour leur donner des explications valables. Il y a aussi fallu que tu prennes ton courage à deux mains pour te sortir de l'emprise qu'un démon avait sur toi. Et si Aelya était bien au courant de cette raison de ton départ, aujourd'hui, Theo, lui, l'ignorait encore. C'était certainement mieux ainsi. Le connaissant, il retournerait ciel et mer pour retrouver le coupable de la gerçure dans de coeur qui t'avait poussé à partir. Revenir ici, ressasser le passé qui avait ébranlé tes proches quand ils avaient découvert ton départ, d'un simple sms envoyé à peine cinq minutes avant d'attraper ton vol pour la première destination de la tournée circassienne, l'avait été tout autant. À quoi avais-tu pensé, Brooke, en revenant ici comme si tu ne t'étais jamais enfuie ? Que votre vie d'avant serait demeurée paralysée dans les souvenirs dont il te restait, sept ans plus tôt, sept années avant que tu sois celle qui brise toute la beauté de votre trio ? Trop difficile, à présent qu'ils t'en voulaient tous les deux, d'avouer les véritables raisons qui t'avaient poussée à te sortir d'ici. Trop facile, penseraient-ils, quand tu mettrais la faute sur lui, le démon de tes nuits, et la peur de ne pas te sortir vivante de cette relation, d'y laisser ta peau. Et pourtant, Aelya, elle t'a cru. Finalement, elle a fini par te laisser le bénéfice du doute. Avec Theo, ce n'est pas gagné, même si cette visite surprise, alors que t'avais failli t'enfuir à nouveau, rouler jusqu'à en être épuisée, est un genre de trêve que vous pourriez bien accepter. Sans pouvoir le retenir plus longtemps, tu poses ton regard sur lui en lui demandant, dieu du ciel, ce qui l'a poussé à accepter ton invitation. Dans ses yeux, une lueur passe. Tu imagines qu'il te serrera dans ses bras, qu'il effacera les disputes des dernières semaines. Mais il ne le fit pas. Il te regarde. Il met un certain temps à te répondre, Theo. Son visage tout de même neutre, il finit par t'avouer son comportement exagéré des dernières semaines. Tu souris à cette victoire, un espoir dans le bleu de tes iris qui se posent avec douceur sur lui, juste au moment où il te demande de lui raconter ton escapade autour du monde. Et, là, tu visage se ferme. Tu sais pas s'il est sérieux ou s'il tentera, à nouveau, de te faire culpabiliser pour ton départ. T'as vraiment envie de savoir ? Commences-tu par dire sur la défensive. Non, parce que si c'est une tactique pour me faire culpabiliser entre d'être partie, Theo, ça va aller.. J'ai compris le message... Là, c'est avec tristesse que tu réponds, avec cette boule au travers de ta gorge. J'ai plus trop envie de me disputer, tu vois.

Lorsque Brooke avait disparu de Bowen, t’avais déprimé pendant un long moment. Elle avait été ta meilleure amie, comme Aelya. Vous étiez le trio le plus déjanté de Bowen. Mais tu adorais ces filles. T’étais toujours entouré de filles, peut-être que c’est parce que t’avait grandi avec que des filles dans ta famille. La revoir te faisait tout drôle. T’avais été le pire des amis lorsque tu avais appris son retour. Et tu avais été méchant et vile. C’était pas dans tes habitudes, mais tu t’étais braqué comme un enfant. Mais t’avais accepté de la voir, en haut de cette falaise pour lui parler et pour comprendre pourquoi elle avait disparu et comprendre pourquoi elle vous avait quitté aussi rapidement et sans donné de nouvelles. « Ouais, j’ai envie de savoir ce que t’as fais tout ce temps, pendant que moi j’ai beaucoup pleuré ton départ » avouas-tu sincèrement. T’étais sensible, surtout quand il s’agissait de tes proches. Et c’était réellement vrai, t’avais pleuré son départ, seul dans ta chambre. Mais ça t’avait vraiment chamboulé de voir qu’elle avait disparu. Et t’avais eu du mal à accepter ça, et à l’admettre. « Je veux vraiment savoir ce que tu es devenu, Brooke. Je te l’ai dis, j’en ai marre de me prendre la tête avec toi, j’ai plus envie de m’énerver. Et c’était pas forcément légitime » dis-tu en haussant les épaules. « Moi non plus j’veux plus me disputer avec toi. Je suis désolé, mais je le répèterais plus » dis-tu avant de rire légèrement. L’atmosphère était déjà un peu plus détendu. Tu sortais de ta poche de quoi rouler un pétard et tu commençais à t’exécuter en écoutant la rousse te parler. Puis tu portais le pétard à tes lèvres pour l’allumer et commencer à inhaler doucement cette drogue douce entrer dans tes poumons. Le regard rivé sur les hauteurs de Bowen, tu écoutais toujours son récit.

T'étais partie. T'étais partie et t'avais rien dit à personne. Est-ce qu'on pourrait un jour en revenir ? Est-ce qu'on allait te le mettre sous le nez chaque fois que tu entrais dans une pièce ? Si c'est le cas, t'as qu'à reprendre tes valises, t'as qu'à retourner errer entre l'Australie et le reste du monde. Et tant pis pour le reste. Au fond, c'est ce qu'ils veulent tous, non ? Aelya, Theo. Y'a personne qui te veut, toi, ici. Et même quand ils font comme s'ils s'intéressent aux années qui ont passés, ils laissent des piques briser l'atmosphère. Il a pleuré ton départ, qu'il te dit. Comme si ça te donne envie de lui répondre. Reproche qui résonne en boucle dans tes oreilles. J'suis désolée, mais j'ai du mal à voir la sincérité dans tes propos quand tu m'lances des piques à tout moment, Theo, finis-tu par souffler en regardant l'horizon. Tu m'as manqué, j'ai tellement de choses à vous raconter, à Aly et toi. Tellement de souvenirs à partager avec vous. Des bons, des moins bons. Mais j'peux pas le faire quand on accepte pas le sort de notre présent. Tu te tournes enfin vers lui. J'suis partie. Sept ans. J'ai foiré. Mais j'suis là, maintenant. Est-ce qu'on est obligé de le dire sans cesse, que j'ai perdu sept années loin de vous ? La réponse était plutôt claire, non ? J'étais dans un cirque. On a fait des tournées mondiales. J'me produisais avec un partenaire. Jackson. On était inséparable. Et on a fait les quatre-cents coups. Ça m'a rappelé nous trois. Nostalgie de vos moments ensemble. J'ai rencontré un mec, ici, finis-tu par dire. On est loin d'être ensemble. Mais ça me fait du bien de voir quelqu'un.

Elle t’avait manqué, c’était indéniable. Mais t’avais mal pris son retour, comme si c’était une nouvelle qui t’avait accablée. Alors que tu étais heureux de la voir près de toi. T’avais fais le con, comme jamais et tu lui avais montré que tu lui en voulais. Maintenant, tu faisais tout pour te racheter. « Je t’ai dis que j’arrêterai de faire ça ! Je comprends que ça était dur pour toi, mais pour moi aussi ça l’a été » dis-tu dans un éclat de voix. Tu voulais qu’elle comprenne, qu’elle sache que maintenant, tu ne lui rabâcherais plus sans arrêt son départ précipité. Sept ans, c’est long. Et tu en avais vécu des choses en sept ans, toi aussi. Mais tu voulais avant tout qu’elle te raconte ce qu’elle avait fait pendant tout ce temps. « C’est bon, on arrête là. On arrête de se prendre la tête, ok ? J’suis content que tu sois là, Brooke. Vraiment. Arrêtons de s’embrouiller là dessus, s’il te plait » demandas-tu à la jeune femme, dans un soupire. Tu écoutais ensuite ce qu’elle te racontait, une brève histoire de son passé que tu n’as pas connu. « Ca devait être vraiment cool » répondis-tu seulement, en t’imaginant ta meilleure amie d’enfance faire le tour du monde avec sa troupe de cirque. Lorsqu’elle évoqua que ses moments avec son partenaire lui avait rappelé ce que vous faisiez tous les trois avec Aelya, tu esquissais un mince sourire, nostalgique d cette époque où rien ne vous arrêtez. « C’est vrai ? Qui donc ? J’le connais ? » demandas-tu, très curieux de savoir qui la rousse fréquentait.

Je sais, lâches-tu quand il dit que ça avait autant été dur pour lui que pour toi de vivre ton départ. Tu le sais, t'en as jamais dit le contraire, même. Tu sais bien que ça avait dû être l'enfer pour Theo et Aelya de vivre avec les questionnements qui entouraient ton départ. Mais, ils ne savaient rien de ce départ, rien de ce qui t'avait poussé à partir. Et peut-être ne comprendraient-ils jamais, au fond, pourquoi tu l'as fait. Parce que de l'extérieur, c'était difficile de comprendre tout ce que tu as ressenti au moment de prendre la décision, de faire le choix de quitter ta vie actuelle pour t'en bâtir une autre. Theo te confis tout de même être content que tu sois de retour, tu lui souris, laissant le passé parler pour renouer, lui confiant où tu étais. Le cirque, Cirkaös, Jackson, tes sept années de folies. Il décrète que cela avait dû être cool, tu soupires. Par moment, confies-tu. Mais ma famille me manquait, avoues-tu. Et quand tu parles de famille, tu ne parles pas de sang. Ça, ça n'a jamais été important. C'est de Theo et de Aelya que tu parles. J'aurais voulu vous écrire, mais j'pouvais pas. J'pouvais pas vous expliquer tout ça par une carte postale ou un sms stupide. Ça aurait été encore plus lâche que de partir sans vous le dire. Ça t'avait passé par la tête, tellement de fois. Mais, comme tu l'expliques à Theo, ça aurait été lâche. Et faible. Et ce n'était pas toi. Tu lui confies que tu as rencontré un mec, ici. J'sais pas, il est pas du coin, fis-tu quand il demande s'il le connait. Il bosse au Delirium, avec moi. Nouvelle information, tu lui parles de ton présent maintenant.

T'avais été le pire des amis, le pire des meilleurs amis même. Elle était, certes, parti pendant plusieurs années mais elle était revenu après tout ce temps. Et tout ce que t'avais fais, c'était lui rabâcher sans cesse, en lui montrant à quel point tu avais souffert. Mais t'avais été tellement égoïste, parce que Brooke aussi avait souffert, et tu t'en doutais mais tu t'étais concentré sur toi-même et ta douleur personnelle. Le sujet venait de se clore à ce sujet, et tant mieux. Parce que tu ne savais plus comment t'excuser dorénavant, t'avais plus rien en stock pour lui montrer que tu étais désolé d'avoir agis de la sorte. Tu lui demandas comment avait été son séjour à travers le monde et sa troupe de cirque, pour toi ça semblait grandiose. Mais apparemment non. « Oh... tu as manqué à ta famille aussi » dis-tu en esquissant un sourire. Oui, quand vous parliez de famille, généralement vous parliez de vous trois. Aelya, Brooke et Theo, le trio infernal. « J'comprends... mais j'aurais bien aimé savoir, comme Aelya je pense. Mais c'est de l'histoire ancienne, t'es là maintenant » dis-tu en passant ton bras autour de ses épaules. C'était le premier geste chaleureux que t'avais envers elle, et ça te crevais de pas la prendre dans tes bras, de la serrer fort. Mais c'était peut-être encore trop tôt pour ça. Elle t'avoua alors avoir rencontré un gars, que tu ne connaissais pas. « D'accord, bah j'sérias ravie de venir vous voir au Delirium alors, et de rencontrer ce gars, si c'est un mec bien pour toi » dis-tu en souriant toujours. Tu enlevais ton bras et tu fouillais dans ta poche pour trouver ton pochon d'herbe et tu commençais à rouler un pétard, histoire de détendre un peu l'atmosphère.

T'as tes torts sur cette histoire. Tu les as même maintes et maintes fois avoués. Et si t'as tous les défauts du monde, t'as pas de mal à reconnaître quand t'es dans le tort. Le dire, c'est autre chose. Surtout face à Aelya ou Theo, à qui tu sens que t'as brisé leur confiance. Mais tu l'as fait. Et s'ils n'y croient pas, rendu-là, ça ne te regarde plus. Toi, t'as fait ce que tu devais faire. Combien de temps encore te battrais-tu pour avoir leur pardon ? Au moins, Theo affirmait sans mal que tu leur avais manqué, pas que tu ne le savais pas déjà, leur réaction quant à son retour le témoignait bien, mais l'entendre faisait toujours du bien. « Mais j'pouvais pas », souffles-tu quand il mentionne qu'Aelya et lui auraient voulu savoir. « Et j'crois vraiment pas que ça aurait changé quoi que ce soit. Vous auriez été en colère, peu importe. » Elle se mettait dans la peau d'un membre de leur trio recevant une carte postale en expliquant qu'elle avait fui le mal. Elle aurait pété un câble. Elle l'aurait trouvé encore plus lâche de partir en balançant ça que de revenir et expliquer réellement les raisons derrière le départ. Et, de toute façon, peu importe ce qu'elle aurait fait, ils en auraient souffert et la colère auraient été là, bonne raison ou pas. The passe un bras autour de toi, ça te fait du bien, mais à a fois ça sonne encore comme un couteau contre ta peau, la lame qui t'effrite. Tu sais plus comment interpréter les gestes. « J'sais pas si c'est un mec pour moi. J'crois pas que ça existe de toute façon. » Puis, Sacha, il est aussi tordu que toi. Alors, est-ce qu'on peut le décrire d'un mec bien ?