intentions ▽ (Perry)

Perry n’a jamais eu à se soucier de l’argent, il suit ses inspirations, fait ce qui lui plaît, même si on l’a bien obligé à diriger une grosse entreprise mais franchement il y a pire dans la vie que d’être riche. Il a aussi la chance d’avoir plutôt bien réussi les choses qu’il a entrepris. Certes il n’était pas seul pour reprendre une partie de l’entreprise de son père, des gens bien plus expérimentés que lui ont permis au bateau de ne pas couler quand il décidait de ne pas venir le matin parce qu’il préférait dormir, mais il a eu des idées un peu plus dans l’air du temps, pour rajeunir l’image de la boîte de son père. « Tu peux toujours tenter, si tu l’fais pas tu sauras pas. Si ça se trouve tu passes à côté d’une carrière internationale ! » dit-il plein d’optimisme. Elle ajouta ensuite que de coucher avec des gens n’est pas son seul boulot. « Et tu fais quoi du coup ? » demanda-t-il curieux. De ce qu’elle lui a confié jusqu’à maintenant, il n’a aucune idée de ce qu’elle peut bien faire, si ce n’est du mentalisme avec ses amis.

Il était impossible pour elle de dire si ce type était vraiment sérieux ou s'il faisait volontairement preuve d'une innocence exagérée. Dans tous les cas, ça eut le don de la faire rire, encore. Ouais, la logique était là, mais Effy doutait vraiment qu'elle était destinée à une carrière florissante dans le domaine. Il était mignon avec ses idées ultra optimistes, mais bon. C'était pas très terre-à-terre, tout ça. « Peut-être. Quel dommage pour moi. » se moqua-t-elle gentiment, le ton cynique. Son visage avait retrouvé un peu de lumière, et elle termina sa cigarette, restant assise dans l'encadrement de la fenêtre, son regard couleur océan se braquant à nouveau sur le jeune homme. Il ne collait vraiment pas à l'image de cet endroit, optimiste et innocent, à parler de la vie comme si c'était une sucette arc-en-ciel avec un chewing-gum au milieu en bonus. Mais au moins, il lui apportait un peu de vent frais, aujourd'hui. Même si elle ne croyait pas en un mot de ce qu'il disait, il fallait avouer que c'était revigorant, de se prendre un peu au jeu, de se voiler la face le temps d'un instant. Prétendre que tout va bien et que la vie est facile. « Journaliste. D'investigation. » précisa-t-elle sans quitter son regard, curieuse de sa réaction. C'était peut-être pas ce qu'on imaginait comme deuxième boulot à une prostituée.

Il faisait de son mieux pour tenter d’aider la jeune femme même si le lieu ne s’y prêtait pas trop. Au final il n’est pas si mécontent d’avoir fini ici sans s’en rendre compte, ça lui a permis d’au moins rencontrer quelqu’un, ce qu’il apprécie toujours. Et pour une fois il décline une invitation à coucher pour discuter, lui qui d’ordinaire préfère l’action à la discussion. Elle ne semble pas aussi optimiste que lui mais ce n’est pas vraiment étonnant. Perry a dû affronter des choses pas faciles dans son enfance, notamment la mort de ses parents mais il était jeune et a été adopté par une famille qui lui a tout donné. Il n’a jamais manqué de rien, était populaire à l’école, a du succès lorsqu’il s’agit d’avoir de la compagnie pour une nuit, il n’a aucune raison de ne pas être joyeux. Même s’il a bien eu des moments de déprimes, des moments sombres qui l’ont mené à se sentir comme la jeune femme qu’il a en face de lui mais il a toujours été soutenu, il s’en est sorti. Il se dit que tout le monde n’a pas forcément la chance d’avoir des gens autour pour aider dans les moments difficiles. Il hausse les épaules avant qu’elle ne lui révèle finalement son autre métier. « Wouah ! » lâche-t-il réellement impressionné même si cela peut sembler exagéré. « Genre t’as un chapeau et tu lâches des phrases du genre : Jack, je sais que tu caches un truc, j’le prouverai, ça sera écrit partout ! » Oui il a une vision très fantasmé du boulot de journaliste d’investigation, vision surtout issue des films, dessins animés et séries qu’il peut voir. « J’trouve ça vraiment stylé ! Et du coup tu bosses sous couverture en fait pour faire exploser le scandale des maisons closes ? » demande-t-il intrigué.

Le problème avec le décalage qu’il y avait entre Effy et le reste du monde, c’était que peu comprenaient réellement ce qui pouvait se passer dans sa tête. La jeune fille avait connu le bonheur, oui. C’était déjà arrivé, comme à la plupart des gens. Mais son mal-être n’avait pas de déclencheur. Il était là depuis toujours. Parfois, il s’effaçait un peu, selon les périodes, ou la quantité de drogues qu’elle prenait. Mais il revenait toujours, enraciné en elle comme un chêne centenaire. Ce sentiment de ne pas appartenir à cette vie, à ce qui l’entourait, de ne pas être à sa place. Il était toujours là, il ne disparaissait jamais vraiment. C’était bien différent d’un moment de déprime, d’une période difficile avec une cause et une conséquence. Non, c’était une façon de vivre. De survivre. Et rien ne pouvait la guérir. Ni les drogues, ni les gens, ni l’amour, ni peu importe ce qu’on lui refourguerait comme idée lumineuse. Ce qui lui arrachait un sourire patient et mélancolique, tristement amusé, en fait, c’était la façon dont Perry semblait ne pas voir tout ça. Comme s’il y était imperméable. Il disposait peut-être d’un gilet pare-balles intérieur qui lui conférait son optimisme, celui que l’anglaise pouvait entendre dans ses paroles légères et bienveillantes. Ouais, ça la faisait sourire. Il avait de la chance, de voir le monde comme ça. « Pas exactement. » répondit la jolie brune en riant légèrement, comme une douce nuit d’été. Ça faisait du bien, cette attitude un peu enfantine, un peu naïve. C’était illusoire, mais ça faisait du bien, un temps. Eff’ arqua un sourcil quand il lui demanda si elle bossait sous couverture, comme s’il fallait une explication plus rationnelle à sa présence ici, à faire ce métier. Encore une fois, c’était adorablement naïf. Elle aurait pu s’offusquer, mais ce n’était pas son genre. « Yeah, totally. » fit-elle avec un petit haussement de sourcil, l’expression énigmatique, touchée d’une pointe d’ironie.

Perry n’est pas le genre de gars terre à terre et rationnel. Il tire ses connaissances des dessins-animés et des séries, il s’imagine que la vraie vie ressemble à ça. Même s’il a déjà eu plusieurs expériences lui prouvant que la vie ne ressemble pas à un film, globalement tout va bien pour lui alors il ne s’imagine pas que tout le monde ne puisse pas être comme lui. Mais Effy le ramène un peu à la réalité en lui disant que les journalistes ne sont pas tous du genre à sortir des scandales et à écrire sur des affaires qui vont changer la face du monde. La plupart écrivent sur le beau-temps et le moment pour planter les radis ou encore la fête de l’école du coin, un brin moins passionnant. Après pour le cas de la jeune femme, les articles à écrire doivent être un petit peu moins rasoir mais pas de là à menacer des gens sur la place publique. Elle confirma ensuite, ironiquement, qu’elle était là pour un article et que son travail dans la maison close n’est pas décorrélé de son autre boulot. « Je garderai le secret. » répondit-il avec un sourire, étant du genre à gober tout et n’importe quoi. Il sortit ensuite son téléphone pour regarder l’heure. « Euh...c’est censé durer combien de temps...une séance ? » demanda-t-il peu sûr de lui sur comment il devait appeler ça. Après tout il n’a aucune idée s’il y a une durée, si c’est autant de temps que le client veut. Ce n’est pas comme s’il était du genre renseigné sur les maisons closes.

Elle ne savait pas s’il y avait réellement cru, ou s’il suivait le mouvement dans son ironie. Ça n’avait pas réellement d’importance, de toute manière, qu’il pense qu’elle se prostituait pour un métier plus respectable ou non. Les gens voyaient ce qu’ils voulaient bien voir, et c’était tant mieux. Tout le monde n’était pas capable d’encaisser la laideur du monde. C’était bien d’avoir des gens optimistes, c’étaient sans doute eux qui étaient le plus heureux, imperméables à tout ce qu’il y avait de pire en l’humanité, traçant leur route entre des champs fleuris et ensoleillés toute l’année. Ils apportaient une bulle d’air frais à ceux qui ne voyaient pas la vie de cet œil-là. Le garçon consulta son téléphone, demandant innocemment combien de temps durait une séance. Avec toute cette discussion, à des kilomètres des activités bien moins innocentes qui se déroulaient normalement dans cette pièce, Effy avait perdu la notion du temps. « Celle-ci, une heure. » répondit la jeune brune. Cela dépendait de pour combien de temps la personne payait, cela pouvait aller de vingt minutes à plusieurs heures, mais la brune avait été prévenue que cette séance-ci devait durer une heure. Le temps avait filé et Effy n’avait aucune idée de combien de temps il restait avant qu’elle n’enchaîne avec le prochain client, ou qu’elle profite de quelques minutes de pause. Même si finalement, ce client-ci avait été une pause en soi, comme une éclaircie brisant le nuage de ce métier.

A un moment le jeune homme se souvint qu’en fait il n’était pas juste en train de discuter normalement mais qu’il se trouvait dans une sorte de maison close en compagnie de ce que l’on pourrait appeler une prostituée. Il lui demanda donc combien de temps ils sont sensés rester là, normalement pour faire autre chose que discuter. Elle lui indiqua que la séance devait durer une heure normalement. Perry ne put s’empêcher de se sentir flatté. Le gars qui lui avait payé ça a donc estimé qu’il lui faudrait une heure. Il regarda son téléphone. « On a encore un peu de temps, tu veux qu’on se repose un peu ? Histoire d’utiliser ce lit quand même. » dit-il avec un rire. Il n’attendit pas sa réponse et il s’allongea sur le lit. En temps que gros flemmard il aime rester juste allongé à rien faire ou traîner sur son téléphone ou encore regarder des dessins animés. Et puis il se dit que ça ferait peut-être un peu de bien à la jeune femme, il n’imagine pas comme ce doit être l’horreur comme boulot et pourtant il aime coucher avec des gens ! Mais juste faire ça toute la journée, avec des gens qui nous attirent pas, l’enfer.

Elle put lire l’air mi-surpris, mi-satisfait sur le visage de son client quand elle répondit qu’ils avaient une heure au total, et un sourire amusé traversa son visage, allumant ses iris azur un bref instant. Sourire qui se transforma en un rire léger mais bien réel quand il proposa de profiter du lit tout de même, non pas pour quoi que ce soit de peu orthodoxe mais bien pour se poser tranquillement. En démarrant son service, la brune n’aurait jamais cru vivre une séance pareille. Elle le regarda s’allonger comme s’il n’y avait rien de plus normal, encore une fois en toute innocence. Cela suffisait à convaincre Effy de se prendre au jeu, de transformer cette séance en un moment de discussion presque normal, comme deux vieux amis qui se seraient retrouvés dans la chambre de l’un à refaire le monde. Elle se releva et le rejoignit de bonne grâce, réellement amusée par la situation cette fois, se laissant tomber sur le dos avec un sourire qui ne quittait plus ses traits d’ordinaire si inexpressifs. « On pourrait passer aux présentations officielles, maintenant qu’on partage le même lit. » ironisa l’anglaise, une pointe d’humour sincère dans la voix. Pas le sarcasme désabusé qu’elle utilisait toujours. Non, un vrai trait de rire, cette fois, qu’on lui voyait beaucoup moins souvent. « Moi c’est Effy. » se présenta-t-elle ensuite en tournant le visage vers lui, la tête nonchalamment posée sur son bras relevé. Toute trace de mélancolie ou de cynisme avait disparu pour laisser place à un visage détendu, jovial même. Le garçon ne se rendait sans doute pas compte de l’exploit qu’il venait d’accomplir.

La jeune femme accepta de venir s’allonger à ses côtés. Il se demanda un instant si c’était parce qu’elle était obligée, étant donné qu’il était un client, ou juste parce qu’elle voulait bien le faire. Mais il ne se posa pas trop longtemps la question. Tout comme il ne se pose pas la question de savoir si ses amis sont avec lui parce qu’ils l’aiment bien ou parce qu’il a de l’argent et qu’il est assez généreux. Et puis si quelqu’un voulait profiter de lui, il s’en rendrait compte ? Sûrement pas à vrai dire, un ami fidèle lui dirait sûrement qu’il se fait avoir mais il est trop naïf pour s’imaginer que quelqu’un en veuille à sa fortune. La demoiselle proposa de passer aux présentations et Perry rit à sa phrase en se rendant compte qu’effectivement ils n’ont pas encore échangés leurs identités. Faut dire que ça me le dérange pas beaucoup, lui qui est du genre à oublier les prénoms de tout le monde et à se réveiller le matin à côté d’une personne dont il n’arrive pas à retrouver le prénom. « Effy ? Un peu comme Effie Trinket dans Hunger Games sauf que toi t’es pas en rose quoi. » Oui c’est vraiment le seul point qui les différencie. « Moi c’est Perry. » répondit-il donc à son tour, ne s’étendant pas plus que ça, même si de manière générale il aime beaucoup parler de lui.

Un rire léger s'échappa d'entre ses lèvres à la comparaison de Perry, et elle hocha positivement la tête, sans se départir de cette expression touchée de malice qui habillait souvent son visage. Elle n'avait très certainement rien à voir avec la Effie de la trilogie à succès dont il parlait. « En fait, c'est Elizabeth. Mais personne ne m'appelle comme ça. » expliqua-t-elle au garçon. C'était si rare qu'elle révèle son vrai nom à quelqu'un. Les personnes les plus proches d'elle le connaissaient, bien évidemment, mais comme elle l'avait souligné, personne ne l'appelait jamais ainsi. C'était Effy, tout simplement, depuis toujours. Même ses anciens professeurs l'appelaient comme ça, ou ses collègues journalistes, et ses articles étaient signés de ce nom. Si une Elizabeth avait un jour existé, saine et sur le droit chemin, cela faisait bien longtemps que personne ne l'avait vue. Et aux yeux d'Effy, elle n'existait tout simplement pas. « Ravie de connaître ton prénom, Perry. » fit la jeune anglaise en riant. La situation était on ne peut plus cocasse, ils en étaient là, à parler et échanger des banalités comme deux personnes autour d'un café. Sauf qu'elle était en petite tenue et lui dans la chambre d'une maison close. « Alors, cette première expérience avec une prostituée ? » ironisa-t-elle sur un ton sarcastique pour dépeindre l'étrangeté des circonstances.

Qui l’eut cru qu’en arrivant dans cet endroit qui n’a rien de spécialement attrayant pour le commun des mortels, ils en finiraient à se présenter de façon courtoise l’un à l’autre, allongé sur le lit tels deux étudiants dans un film pour ado. C’est ça que Perry aime avec la vie, faire des rencontres inattendus, dans des endroits où il n’aurait jamais pensé aller. « Et personne t’appelle Liz ? J’peux t’appeler Liz moi ? Comme ça j’serai un peu unique tu vois. » lui demanda-t-il avec un sourire. Et il aime être unique, son côté égocentrique qui ressort parfois. Une chance qu’avec les années celui-ci se soit fait plus petit, il s’assagit avec l’âge, c’est sûrement ça. Il y a aussi ses amis qui n’hésitent pas à le remettre à sa place quand il se prend un peu trop pour un dieu vivant et qu’il devient agaçant pour tout le monde. Une fois les présentations faites, la demoiselle lui demanda ce qu’il avait pensé de cette première avec une prostituée. Le jeune homme lâcha un rire avant de répondre. « C’est pas vraiment comme ça que j’l’imaginais. Fin surtout, j’pensais pas vivre ça un jour quoi. Mais bon ça fera un bon story time sur youtube. » Il a tendance à partager ce genre d’histoires sur sa chaîne et les gens sont toujours contents d’en savoir plus sur sa vie et comme il aime la raconter, tout le monde est gagnant. Il imagine déjà le titre : story time, on m’offre une heure avec une prostituée. Ou story time, la fois où je suis allé dans une maison close sans le savoir. Tellement de possibilités !

La jeune femme pouffa d’un rire léger quand Perry lui proposa un autre surnom. C’était drôle, car personne ne l’appelait jamais autrement qu’Effy, ça avait toujours été ainsi. Elle hocha toutefois la tête pour marquer son accord. Il serait bien le seul à l’appeler comme ça, et personne ne ferait le lien, vu que la plupart des gens ne savaient même pas qu’elle s’appelait Elizabeth. « Parce que t’étais déjà pas assez unique, à rentrer dans cette chambre sans vouloir rien faire. » fit remarquer la jolie brune avec un sourire en coin sarcastique, une étincelle amusée au fond des yeux. « Mais oui, c’est d’accord. » accepta-t-elle en riant doucement. Des clients comme lui, on n’en rencontrait pas souvent, c’était sûr. Les personnes payant pour une prostituée étaient là pour collecter leur dû, même des gens à qui on offrait ce genre de séance. C’était payé, alors bon, autant en profiter. Perry sortait du lot, c’était certain. Il semblait si innocent, à côté du monde réel. « Super, tu vas faire ma pub. » ricana la jeunette en levant légèrement les yeux au ciel, sans se départir de son sourire touché d’ironie. Pas qu’elle en ait besoin, c’était pas vraiment quelque chose qu’on mettait en avant, qu’on vendait son corps. Ce qui se cachait derrière les portes d’une maison close y restait bien souvent, invisible aux yeux du monde, des gens respectables.

S’il a tendance à être un gars plutôt simple, il aime ne pas être comme tout le monde, être un peu unique, se sentir différent des autres mais différent en mieux. Perry a tendance à avoir un ego un peu plus imposant que la plupart des gens. Faut dire qu’il est plutôt beau gosse, sympa et que niveau argent il n’est clairement pas à plaindre. C’est le genre de gars qui a confiance en lui et qui aimerait bien que les autres aient aussi confiance. Aujourd’hui il est tombé sur Effy, ou plutôt Liz puisqu’il a décidé de lui donner un autre surnom et il ne s’attendait pas à cette rencontre. Il ne pensait pas un jour traîner dans une maison close et discuter un peu du métier de prostituée avec une personne qui le connaît bien. « Ouais mais comme ça j’serais vraiment unique tu vois, tu m’oublieras pas. » dit-il avec un sourire. En tout cas lui n’allait pas oublier ce moment. Il lui expliqua même que ça ferait peut-être l’objet d’une de ses vidéos sur sa chaîne youtube. « Non, j’vais pas t’faire de la pub ! J’vais pas mettre : story time, ma fois dans une maison close ft Effie Trinket. J’vais pas balancer ça comme ça. » Il est peut-être un peu con mais il sait encore que ce n’est pas la meilleure chose que de dévoiler le nom d’une prostituée à des milliers de personnes.

Elle s’amusa de sa réponse d’un sourire en coin félin, doté d’une petite pointe de satisfaction. Il était comique, avec ses réflexions. Et ça avait l’air d’être un type bien, sans doute le genre un peu maladroit parfois, mais sans aucune mauvaise intention. « T’as si peur que ça que je t’oublie ? » plaisanta la brunette en lui décochant un regard faussement charmeur. C’était juste pour rire, évidemment. Lui se rappellerait sans doute d’elle et de cette expérience cocasse. Elle aussi, peut-être, même si au final, il n’était qu’une de ces nombreuses personnes qui passait dans sa vie avant de s’évanouir dans le néant, pour toujours. Ce n’était pas comme si ils allaient continuer cette soirée en s’échangeant leurs numéros et en faisant copine-copine. Une expression malicieuse prit place sur les traits de la jeune femme quand il s’empressa de démentir les propos de l’anglaise, qu’elle avait bien sûr prononcés à la rigolade. « Dommage, tu m’aurais peut-être ramené des clients. » poussa-t-elle encore un peu, avant de croiser son regard, ses iris bleus pétillant de malice. « Le second degré, Perry. Le second degré. » fit-elle avec un sourire ravageur, allant de pair avec son regard perçant et aussi profond que les abysses. Non, en effet, elle n’avait pas besoin que ses employeurs au journal découvrent malencontreusement son second métier, bien moins glorieux et prouvant son manquement aux bonnes mœurs. Pour le reste, elle s’en fichait pas mal. Elle ne gueulait pas sur les toits qu’elle vendait son corps, mais elle ne le cachait pas non plus. Personne ne pensait à poser ce genre de questions, voilà tout, c’était plutôt logique. Mais sa réputation, elle n’en avait que faire. La jolie brune n’en était plus au stade de se soucier du regard des autres, depuis bien longtemps. Et même, elle ne s’en était jamais souciée. Mais qu’on la regarde de travers parce qu’elle était une pute n’aurait fait que glisser sur sa carapace, comme les expressions désapprobatrices à son encontre quand on la voyait faire n’importe quelle folie. Rien à foutre.

En général, Perry n’a pas peur qu’on l’oublie, il a un égo un peu trop gros pour penser qu’il soit facilement oubliable. Mais il aime bien être unique et certain qu’il ne se fondra pas parmi la masse de gens qu’elle a pu rencontrer, dans sa vie ou seulement à la maison close. Après il se dit que ça ne doit pas arriver tous les jours des gens qui débarquent sans savoir où ils sont et qui au final ne font pas ce qu’ils sont censés faire, à savoir coucher avec la personne en face d’eux. « J’oublie plein d’gens donc j’préfère que toi, tu m’oublies pas. » dit-il avec un sourire. Il a une mémoire de poisson rouge. Il lui arrive donc parfois de retomber sur d’anciennes conquêtes sans être incapable d’être bien certains qu’il les a déjà vu et encore moins de se souvenir de leur prénom. Comme il est rare qu’il revoit des gens avec qui il a couché, ce n’est pas trop problématique mais ça lui a déjà valu quelques situations un peu embarrassantes. Il évoqua ensuite sa chaîne youtube et la super vidéo que ferait cette expérience. Le jeune homme lui dit qu’il protégerait son anonymat et il leva un sourcil à sa réponse, avant qu’elle n’ajoute qu’il s’agit de second degré. Il a plutôt du mal avec ça, en général il prend les choses au pied de la lettre. « Ouais, j’ai du mal à le voir en général. » dit-il en riant. Il regarda son téléphone et dit « J’crois que ça va être l’heure. » Il va devoir retourner à sa vie de pdg comme si de rien n’était, rien que d’y penser ça le fait rire. « On s’reverra peut-être un jour, Bowen est pas si grand. » Au pire, il sait où la trouver même s’il n’a pas très envie de revenir dans cet endroit. Il trouve ça beaucoup trop glauque.