it's not you, it's me, and all that other bullshit (milo)

Un mal de crâne immense, démesuré, mais totalement proportionnel à tout ce qu’il avait bu la veille, Elmo s’était traîné les pieds jusqu’à l’hôpital dès qu’il avait ouvert les yeux ce matin, étendu sur la plage, les cheveux dans le sable et des courbatures sur l’ensemble de son corps. Impossible pour lui de songer à un autre moyen de transport que ses pieds, parce qu’il menaçait de se vider dès que le décor autour de lui tournait un peu trop rapidement. Dès qu’il s’était réveillé, les images de la veille l’avaient frappé de plein fouet. Il ne se souvenait même pas s’il avait bu autant juste pour s’assurer d’oublier les images de Milo écroulé sur la scène, mais dans tous les cas c’était raté. Complètement raté. Elles faisaient encore échos dans sa mémoire, ces images, le torturant à chacun de ses pas, à chacune de ses pensées. Les yeux clos, le corps immobile, le visage blême. Il avait eu l’air d’un mort, Milo, et jamais Elmo ne pourrait chasser cette scène qui lui reviendrait sans cesse en tête, pour mieux lui rappeler à quel point il avait laissé tomber son ami. De haut. De trop haut. Sans doute ne pouvait-il pas se mettre tout le blâme sur lui, Elmo, mais il le faisait quand même parce qu’il savait qu’il était un maillon trop important de cette chaîne qui avait plongé Milo dans cet état. Avant de monter dans l’ascenseur de l’aile où se situait sans doute Milo, Elmo se rendit à une salle de bain non loin de là pour vomir, passer de l’eau froide sur son visage et reprendre ses esprits. Il n’avait rien avalé d’autre que de l’alcool depuis plus de douze heures mais sans doute était-ce mieux ainsi, pour le moment. Il doutait fort bien que quoi que ce soit daigne reste dans son estomac empoisonné. Le jeune homme se dirigea finalement vers la chambre du guitariste après s’être informé à la réception de l’étage où il se trouvait maintenant. Le batteur toqua deux fois à la porte, Milo était seul dans sa chambre. « T’as meilleure mine que la dernière fois que je t’ai vu. » Il tentait une entrée humoristique, Elmo, mais ça ne fonctionnait pas avec sa voix tremblante et avec les larmes qui se formaient au coin de ses yeux.

Tu t'étais réveillé quelques heures après ton évanouissement, dans cette chambre d'hôpital qui te foutait la gerbe. La dernière fois que tu avais été là dedans, aussi longtemps, c'était surement pour l'accident que tu avais eu en voiture et qui avait couté la vie à ta maman. Tu avais une phobie des hôpitaux depuis. Tu n'avais pas eu de nouvelles de qui que ce soit, mis à part Effy, qui était resté avec toi et qui avait prit l'ambulance en même temps pour ne pas te lâcher une seconde. Et puis, tu avais entendu tout ce vacarme pendant que tu étais dans les vapes. Tu savais ce qu'il se passait et tu ne pouvais rien faire, même pas bouger un orteil ou un doigt. Tu avais pianoté toute la journée sur ton téléphone, pour prévenir tes amis et tes colocataires que tu n'allais pas rentrer aussi vite que ça à la maison. Et puis tu avais appelé ton père, pour le prévenir. Pendant une heure, tu étais resté au téléphone avec lui, pour lui expliquer tout ce qu'il s'était passé et tous les mensonges que tu lui avais dis. Il était choqué, outré, mais il ne t'en voulait pas parce qu'il savait que tu n'avais dis mot de ces histoires pour ne pas qu'il s'inquiète pour toi. Il était prêt à prendre un avion pour l'Australie, mais tu lui assuras que ce n'était pas la peine, et qu'il n'avait pas à faire ça. Tu allais mieux, et tu irais mieux tout seul, sans d'aide médicale. Surtout, tu ne voulais pas qu'il te voit dans cet état. Après avoir raccroché avec ton paternel, tu séchais les larmes qui avaient coulés sur tes joues d'un coup de main. Et tu entendais qu'on frappait à la porte. « Entrez » répondis-tu en reprenant une voix plus ferme. Oui, tu étais un peu chamboulé mais tu reprenais peu à peu tes esprits. Elmo entra dans la pièce, et tu écarquillais les yeux face à son entrée. Lui non plus n'avait pas l'air bien, ça se voyait. « Et toi, t'as une sale gueule, frangin » répondis-tu avant de rire légèrement. Les problèmes avaient été mis de côté, lors de la soirée étudiante, et tu ne voulais pas forcément en parler encore alors tu ferais pareil, maintenant. Et surement toujours. « Je... je suis désolé » dis-tu à l'italien en baissant les yeux, alors qu'il s'approchait de ton lit où tu étais coincé.

Les yeux de Milo semblèrent devenir ronds comme deux lunes lorsqu’Elmo rentra dans la chambre. Malgré sa tentative de légèreté et d’humour, malgré qu’il essaie de ne pas avoir l’air d’un chien qui a fait un mauvais coup, malgré qu’il tente de tasser du revers de la main tout ce qu’il s’était passé entre eux, ni l’un ni l’autre ne pouvait réellement cacher la vérité. Alors oui, Elmo avait une sale gueule. Elle était autant due à ses remords qu’à la piètre nuit qu’il venait de passer. Mais celle de Milo avait été mille fois pire que la sienne et rien que pour ça, il s’en voulait d’arriver avec une tête pareille. « Y’a fallu que quelqu’un refasse lever le party après ton départ théâtral. » C’était horrible comme commentaire, mais Elmo n’avait aucune idée de ce qu’il devait dire, là, maintenant. Il allait pourtant être infirmier et allait devoir gérer des situations du genre, avec des gens venant tout juste de vivre une overdose, mais en présence d’un de ses meilleurs amis, qu’il avait trahi en plus, il n’y arrivait tout simplement pas. Il n’avait aucun contrôle. Le guitariste s’excusa alors, baissant les yeux vers son lit. Elmo s’approcha de son ami en secouant la tête, ralentissant la cadence de son mouvement en réalisant à quel point il n’était même pas en état de bouger celle-ci. « Sois pas désolé, Milo. T’as pas à t’excuser de quoi que ce soit. » Il se figea finalement sur le côté du lit de l’homme, baissant les yeux à son tour. « S’il y en a un qui doit l’être, c’est moi. Et pas que pour … pour ce que tu sais déjà. Mais aussi parce que je savais que t’avais recommencé à consommer comme ça et que … que j’ai préféré faire l’aveugle plutôt que d’essayer d’t’aider. J’aurais dû être là pour toi. » Mais comme la dernière fois qu’ils s’étaient vus, avant le bonfire, Milo l’avait chassé de son appartement, il n’avait pas su comment revenir dans son décor. Alors il s’était doucement laissé s’effacer, en sachant fort bien qu’il abandonnait son ami. Il ne faisait que des erreurs, Elmo.

Dans cette chambre d'hôpital, tu commençais à broyer du noir. Un sacré bordel que tu avais foutu dans cette putin de soirée qui était sensé être un bon concert avec tes potes. Effy était venu avec toi jusqu'à l'hosto, tu n'avais pas trop eu ton mot à dire mais heureusement qu'elle était venu malgré le fait que tu en ai pris plein la gueule lorsque tu t'es réveillé. Alors que tu étais seul, on vient frapper à ta porte. Elmo entrait dans la salle, et tu étais bien heureux de le retrouver. C'est un de tes meilleurs amis, en plus d'être un membre de ton groupe. Et même s'il y avait eu des tensions entre vous, tu ne pouvais pas arrêter d'être son ami. « J'suis sûr t'as fais ça comme un chef » dis-tu en riant légèrement. Il était un bon ambianceur, l'italien. Et tu ne doutais pas de son aptitude à chauffer le public. « Si, si je suis vraiment désolé. J'ai gâché cette soirée, notre concert. J'ai inquiété mes amis. Je suis désolé, Mo, t'imagines pas à quel point » avouas-tu en balançant ta tête de gauche à droite. La culpabilité te rongeait. On t'avait déjà dis que tu avais besoin d'aide, et tu n'avais écouté personne. Et tu aurais du, vraiment. « T'as rien à voir avec ça. J'en ai parlé à personne, j'me suis terré dans mon mal-être et j'peux en vouloir qu'à moi-même » rétorquas-tu simplement. Tu voyais qu'il était désolé aussi, mais même si après sa visite chez toi, ses révélations un peu troublantes, il ne devait pas s'en vouloir pour ta prise de drogue. « Excuses-moi... J'avais besoin d'aide, tu le savais, mais voilà, j'ai voulu écouter personne... » avouas-tu en baissant les yeux, tes mains entrain de jouer toutes les deux. Surement nerveusement d'ailleurs.

Elmo haussa les épaules avec un sourire, face à l’évidence du commentaire de Milo. « C’est ce que je fais de mieux. » En réalité, le batteur n’avait pas fait ça comme un chef, non. Il avait bu comme un trou, oubliant totalement toute l’organisation. Il avait raconté de la merde avec Perry, s’était engueulé avec Bellamy et Vega, et s’était endormi dans le sable et le vomi. Rien de bien glorieux. Il avait atteint le fond du baril, cette nuit, et c’était assez fou de se dire que Milo était encore bien plus bas que lui. Ça lui faisait mal au cœur de voir son meilleur pote dans cet état. De le savoir aussi mal. Et bien sûr qu’Elmo rejetait la faute sur sa propre personne, sur ses propres erreurs. À la fois parce qu’il pensait que le monde tournait autour de lui, à la fois parce qu’il savait pertinemment qu’il avait été plus que con. Alors quand Milo s’excusa, l’italien n’accepta aucunement ses excuses. « Y’en aura d’autres, des concerts. En plus, ça a fait parler de nous, c’t’histoire. Tu verras au fond ça nous aura aidé à décoller. » Il eut un léger sourire. Encore une blague de merde, encore une réflexion inappropriée. Elmo ne savait juste pas quoi dire, alors au lieu de se taire il s’enfonçait. « Still, I should've known, I should've been there. » Ça ne servait à rien que l’un ou l’autre continue d’argument, alors Elmo lâcha simplement : « Tu l’sais, que tu peux tout me dire, hein ? Malgré tout ce qui s’est passé, j’serai toujours là pour toi, Milo. Sans jugement. Tout ce que je veux c’est que tu t’en sortes. » Il s’approcha enfin un peu plus. « C’est ce qu’on veut tous. » Et pourtant Elmo continuerait à le trahir, à l’avenir. À croire que ce n’était que de belles paroles en l’air et pourtant non. Elmo aimait tellement Milo. Mais son cœur allait aussi dans tous les autres sens.  

Tu souris faiblement à ton ami à sa réponse. Tu aurais aimé savoir ce qu’il s’était passé pendant que tu étais tombé dans les pommes, comment s’était passé la soirée après ton départ. Parce que tu avais causé un froid dans cet event et tu t’en voulais énormément pour ça. A la réflexion d’Elmo, tu riais légèrement. « Ouais, mais c’était une bonne soirée qu’on passait ensemble… et… et j’ai tout foiré et j’foire toujours tout de toute façon » dis-tu en reprenant un peu de sérieux et en baissant les yeux. Tu te sentais réellement mal, et très coupable de ce qu’il s’était passé ce soir là. T’étais un boulet. Tu le savais. « Arrête de dire ça, ‘Mo… j’suis le seul coupable vraiment » répétas-tu encore une fois pour lui faire comprendre qu’il n’avait rien à voir dans ton histoire de drogue. Ses paroles te faisaient du bien, d’entendre ça te soulageait. « J’aurais du t’en parler… j’aurais du parler tout simplement mais j’étais dans ma bulle » avouas-tu à l’italien en haussant les épaules brièvement. Tu savais qu’il s’inquiétait pour toi, comme tous tes amis d’ailleurs. Mais tu pensais que tu allais bien, même sous drogue… « Je crois que je vais rester longtemps dans cet hôpital, j’me dis qu’il faut que je me débarrasse de cette merde et que j’ai besoin d’aide pour ça » avouas-tu au brun, plongeant ton regard dans le sien. T’avais besoin d’aide, c’était le moment.

Il était préférable, sur ce coup-ci, que Milo demeure dans l’ignorance concernant le reste de la soirée. La seule chose qui méritait d’être soulignée, c’était la performance d’Alix sur scène. Autre que ça, le guitariste s’en serait mordu les doigts, ou se serait facepalm, au choix. « C’est pas toi qui as foiré, Milo. C’était un accident, t’avais pas prévu. T’as pris une mauvaise décision, ouais … mais t’es pas le premier. T’es pas le seul. » Elmo prenait lui-même un tas de mauvaises décisions, les unes après les autres sans attendre. L’italien secoua la tête quand son meilleur ami insista qu’il était le seul à blâmer. « On s’entendra pas là-dessus alors j’vais juste rien ajouter. » Il le savait, Elmo, qu’il avait joué un rôle dans cette descente aux enfers. Leur dispute, chez Milo, avait été plus qu’explosive. Dans un moment où il aurait dû être là pour épauler son ami, il l’avait plutôt laissé tomber. Tomber bien bas. « C’est ok d’être dans une bulle mais laisse-nous y entrer un peu … Reste pas seul dans ta tête avec tes idées … » Dit-il en parlant de lui et de leurs amis communs. Des autres amis de Milo aussi, bien sûr, mais il ne pouvait parler en leur nom. Lorsque Milo affirma qu’il resterait pour un bon moment dans cet hôpital, Elmo fut soulagé. « Le premier pas, c’est de se rendre compte. » Il sourit, posant une main sur l’épaule de son ami. « J’vais t’accompagner là-dedans, bro’. Je te laisserai plus tomber, c’est promis. » Oh, Elmo n’apprenait visiblement pas de ses erreurs. Faire des promesses qu’il ne pouvait tenir, c’était l’un de ses plus vilains défauts. Et même dans les pires situations, il continuait à s’enfoncer dans les mensonges. Mais celui à qui il mentait le plus, c’était à lui-même. « Tu veux que je t’aide pour la paperasse qu’il faut remplir pour que tu sois admis au programme ? » On pouvait bien le transférer en désintoxication, il fallait tout de même qu’il signe les formulaires de consentement et paie les frais.  

« Ouais mais j’ai tout gâché ! On aurait pu faire un concert de fou, y’avait plein de gens ça aurait été génial pour nous mais… mais j’ai été égoïste, comme je le suis souvent et j’ai pensé qu’à ma gueule » avouas-tu dans un éclat de voix à ton meilleur pote. Tu te sentais coupable et ça Elmo ne pouvait rien changer à se propos. Il ne pouvait pas te faire sortir de la tête que tu n’y étais pour rien, c’était certain. « Je veux pas que tu t’en veuilles, même si on est pas d’accord sur la chose, Elmo. Alors crois-moi, quand je te dis que tu n’y es pour rien » demandas-tu au jeune italien avec des yeux qui l’implorait pour qu’il te croit. T’avais toujours eu du mal à te confier, à parler aux gens. Seule Bella avait réussi à te faire parler, quelque fois alors que vous étiez encore ensemble. Peut-être parce que tu la mettais sur un piédestal par rapport aux autres. « Je… je le ferais à l’avenir » dis-tu simplement en baissant les yeux vers tes mains qui jouaient ensemble, nerveusement. Il était toujours là pour toi, Elmo, et tu comprenais alors qu’il le serait toujours. Tu n’avais pas besoin de douter, pas là dessus. Lorsque tu avouas que tu voulais engager des procédures pour arrêter la drogue, tu sentais que ton musicien serait toujours là pour toi et qu’il t’aiderait à monter ces dures épreuves de la vie. Tu remontais le regard vers lui, esquissant un léger sourire. « Merci, vraiment merci… » dis-tu d’une voix faible. T’avais peur qu’un jour tu retombes dans la drogue, peur de te dire que tu étais foutu. Mais t’avais des amis comme lui, qui te faisait comprendre que tu n’étais pas tombé au plus bas. « Je dis pas non à un peu d’aide, en effet » dis-tu en souriant toujours à ton ami. Tu avais de la chance de l’avoir, et tu ne comptais pas te débarrasser de lui aussi facilement.

Son ami parlait du concert, du public, du coup de pub que ça aurait pu faire pour leur groupe. Elmo, lui, haussa les épaules. La santé de son meilleur ami passait bien avant tout ça, lui qui avait pourtant fait de Monkey Squad son plan A, bien que sa décision de lâcher ses études n’avait pas encore été rendue officielle. « Y’en aura d’autres, bro’. À Bowen, les occasions de se produire pendant des fêtes, elles chient de partout. » Lâcha l’italien avec le peu de clase qu’on lui connaissait parfois. Milo réitéra que ce n’était pas la faute de son ami, mais ce dernier aurait beau se le faire répéter cent fois, l’information ne s’ancrerait pas dans sa tête. Elmo s’en voulait terriblement pour la douleur imposée à son ami, que ce soit la seule en cause ou non. Pourtant, dans le regard de Milo, il pouvait y lire une telle sincérité … ça le rendait encore plus coupable. « Ok. » Répondit-il simplement, surtout pour clore ce sujet-là qui ne menait à rien. Il préférait se concentrer sur la guérison mentale de son pote. Elmo montra à Milo que malgré les épreuves, malgré les trahisons, il serait là pour lui dans cette étape cruciale de son cheminement. Il ne le lâcherait pas, pas pour ça. « J’vais aller chercher les formulaires à remplir, alors. Je reviens. » Il sourit, pressa l’épaule de Milo dans sa main, avant de se diriger vers la sortie de la chambre. Avant de passer le cadre de la porte, il se tourna vers Milo, le pointa du doigt et lança, moqueur : « Ne bouge pas. » Il rit, tout légèrement, avant de s’éclipser vers l’accueil de l’aile où on lui montra la procédure à suivre pour l’admission au programme de désintoxication. Elmo revint à la chambre avec les papiers nécessaires. Il s’assit à côté du lit de son ami, et lui posa les questions auxquelles il n’avait pas réponse, pour s’assurer de remplir correctement le formulaire.