how i met my neighbour • ft. niels

Je rentrais du lycée, complètement exténuée de ma journée. Mes élèves avaient été particulièrement difficiles à gérer aujourd’hui. Les vacances approchant, ils étaient tous plus distraits qu’à l’ordinaire et donc, plus difficiles à captiver. Ce qui, déjà en temps normal, était un exploit en soi, je devais, en ce moment, redoubler d’effort pour les tenir alerte pendant plus de dix minutes d’affilées. Je rêvai d’une chose : une douche, mon canapé, une pizza et netflix. Quand j’arrivai dans le hall de mon immeuble, l’assesseur était en train de se refermer, j’accourus et retins la porte de justesse avec mon bras, pour me hisser à l’intérieur de la cage. J’eus un instant de recule en découvrant mon voisin, Niels, déjà adossé aux parois de métal. Je lui souris, poliment, puis m’avançai dans le fond pour laisser les portes se refermer. Je n’eus pas besoin d’appuyer sur le numéro de mon étage, puisque Niels l’avait déjà fait. Le silence sembla solidifier l’air, dès que l’ascenseur se mit en marche. C’était bizarre, cette gêne tout à coup. Nous nous croisions peu souvent avec Niels, et la plupart du temps il était accompagné d’Aelya, ce qui réduisait nos chances d’entamer une discussion, étant donné le passif qui existait entre nous. Pourtant, j’appréciai vraiment Niels et regrettai qu’une histoire de cul qui datait de plus d’un an n’entache cela. Il était l’un de meilleur ami d’Azriel, en prime, ce qui rendait cette cordialité forcée encore plus étrange. Je ne savais pas quoi dire, ni c’était vraiment à moi de parler en premier. Ce n’était pas mon genre, pourtant, de rester ainsi muette. Puis, comme si l’univers nous envoyer un message, un encouragement pour faire table rase, l’ascenseur, tout à coup s’immobilisa. Je mis un petit instant avant de réaliser qu’il venait de tomber en panne. Je levai les yeux au ciel, en riant.
— Ok, je vais finir par croire qu’on est vraiment dans une mauvaise sitcom…

La journée avait été terriblement longue pour Niels, lui qui avait l'impression que chaque jour de travail durait une éternité depuis qu'Aelya était enceinte. Et il savait que l'excitation en était pour quelque chose, lui qui passait son temps à se demander comment se déroulait le travail de son côté, l'inondant de sms dés qu'il avait une pause pour avoir de ses nouvelles, pour savoir si tout allait bien. Il avait dû mal à s'en empêcher, d'être aussi protecteur, et sans doute un peu parano, parce-qu'il détestait la savoir au milieu de tous ces hommes au club, même si son travail était réduit à servir des verres au bar. Il était passé faire quelques courses avant de rentrer chez lui, profitant que l'ascenseur soit ouvert pour s'y infiltrer, appuyant sur le bouton de l'étage auquel il montait. Puis soudainement, il entendit des pas se précipiter vers lui, voyant une silhouette s’immiscer au dernier moment à l'intérieur de l'ascenseur, une silhouette qu'il connaissait plus que bien en réalité. Son regard se figea instinctivement alors qu'il reconnut Lys, qui semblait d'ailleurs aussi gênée que lui, leurs sourires forcés parlant d'eux-mêmes. Il la regarda prendre place à côté de lui, posant un discret regard sur elle sans savoir ce qu'il devait faire ou dire, n'ayant plus en mémoire quand remontait leur dernière conversation tant elle lui semblait lointaine. Et pourtant, il n'avait absolument rien contre Lys, bien au contraire, si bien qu'il ressentait même une certaine affection à son égard qu'il s'était toujours retenue d'avouer, comme si leurs précédents échanges ne lui permettaient pas de pouvoir nouer une amitié avec elle. Comme elle, il resta silencieux, priant pour que ces minutes de gêne défilent le plus rapidement possible avant de ressentir une légère secousse le bousculer, comprenant rapidement que l'ascenseur venait de s'arrêter, probablement à cause d'une panne. « Putain... » Lâcha-t-il dans un souffle, faisant un pas pour appuyer machinalement sur les boutons de l'ascenseur, celui d'urgence, dans un geste presque désespéré. « Bon bah... je crois qu'on est bloqués. J'espère que t'avais rien de prévu pour les deux prochaines heures. » Finit-il par dire, une pointe de sarcasme habillant sa voix alors qu'il savait pertinemment qu'ils compteraient les secondes avant que quelqu'un ne finisse par intervenir.

— Ma pizza est censée arriver d’ici vingt minutes et je déteste manger froid…
Nerveusement, je ne pus me retenir de rire. La situation avait vraiment quelque chose de clownesque. Si on me l’avait dit, jamais je n’aurais cru rester un jour coincée dans un ascenseur, et encore moins avec Niels. Dans un film, ce genre de situation avait déjà été vu mille fois. On n’en riait même plus, ou bien on levait les yeux au ciel en sachant pertinemment ce qui allait se passer ensuite. Sauf que nous n’étions pas dans un film et que rien de ce qu’un spectateur extérieur pouvait imaginer n’allait arriver. Nous n’allions pas nous jeter l’un sur l’autre pour faire passer le temps, pas avec Niels. Même avec un autre, d’ailleurs, c’était parfaitement grotesque, il y avait mieux que les parois salles d’un vieil ascenseur pour ce genre de pratiques. De plus, même s’il me restait quelques bribes d’attirance pour mon voisin, je le respectais, et je respectais son couple. Rien ne se passerait, nous n’étions pas des animaux.
Deux heures. Si Niels disait vrai, nous allions rester deux heures confiner dans une cage de métal. Autant dire l’éternité. Je soupirai longuement et laisser tomber mon sac au sol, puis levai les yeux sur mon voisin.
— Je crois que des forces supérieures cherchent à se qu’on se parle tous les deux, dis-je en plaisantant à moitié.  

Il était vrai qu'ils avaient toujours une façon assez originale de tomber l'un sur l'autre, comme si le destin s'évertuait à vouloir les mettre sur le même chemin, dans des situations parfois embarrassantes. Ça faisait pourtant des mois qu'ils ne s'étaient pas échangés plus que des regards et des sourires forcés, probablement à cause de la relation qu'ils avaient autrefois entretenu, les mettant dans une situation délicate vis-à-vis d'Aelya qui n'avait jamais vu d'un bon œil ce qui reliait Lys et Niels. Il pouffa à ses mots, lui lançant un regard presque désolé pour compatir, avant de continuer d'actionner le bouton d'urgence, en espérant que quelqu'un puisse être prévenu qu'ils étaient coincés dans cet ascenseur. « Peut-être que c'est ton livreur qui va nous sauver notre soirée, qui sait. » Lâcha-t-il amusé, prenant son portable pour s'apercevoir qu'il n'y avait évidemment pas de réseau dans ces quelques mètres carrés. Il souffla, décidant de s'asseoir sur le sol, le dos contre la paroi, convaincu qu'ils passeraient une bonne partie de la soirée ensemble. « Des forces supérieures, ouais. Ça doit être ça. » Dit-il, en reprenant ses mots. Il fouilla dans le sac de courses qu'il avait déposé à ses pieds, y sortant deux petits pots de glace qu'il venait d'acheter avant d'en lancer un en direction de Lys. « Ça coûte trop cher pour les laisser fondre. » Ajouta-t-il, se débarrassant du couvercle pour saisir la cuillère intégrée au pot, reposant ensuite son regard sur Lys qui semblait perplexe. « Je lui en rachèterai si c'est ça qui te tracasse. » Souffla-t-il, interceptant le regard de la brune pour lui confirmer ses dires, elle qui n'avait certainement pas besoin qu'il ne prononce le nom d'Aelya pour savoir qu'il parlait d'elle.

Il y avait une chance, effectivement, pour que le livreur que j’attendais donne l’alerte. Je lui faisais davantage confiance en tous cas qu’à ce bouton sur lequel Niels ne cessait d’appuyer. Etant donné l’âge presque canonique de cet ascenseur, j’étais prête à parier qu’il été complètement obsolète, nous pouvions donc passer des heures dans cette cage métallique. Heureusement, il n’était pas trop tard, un habitant de l’immeuble se rendrait peut-être compte de l’incident en souhaitant lui même emprunter l’élévateur. Il ne nous restait plus qu’à croiser les doigts. Je vis Niels s’asseoir par terre et fouiller dans son sac de courses pour en ressortir deux petits pots de place. Je rattrapai celui qu’il m’envoya et le questionna du regard. Un sourire aux lèvres, je m’essayai à mon tour et ouvrai le couvercle pour entamer la crème glacée qu’il venait de m’offrir.
— Alors t’es le gars qui ramène de la glace à la maison, maintenant, dis-je en savourant ma première bouchée, qui l’aurais cru, Monsieur-je-ne-couche-jamais-deux-fois-avec-la-même-meuf ?
Je lui lançai un regard amusé. C’était vrai, Niels avait changé. Pas foncièrement, cela allait sans dire. Mais le type avec lequel j’avais passé du bon temps plus d’un an plus tôt était bien loin.

Niels n’avait clairement plus trop d’espoir concernant la fin de sa soirée, à peu près certain qu’elle se déroulerait ici, au beau milieu de cet ascenseur qui avait semble-t-il rendu l’âme au pire moment. Non pas que la présence de Lys le dérangeait à ce point, loin de là, mais c’était surtout que tout ça paraissait bizarre, cette situation guidée par le hasard mais qui semblait découler d’un coup farceur du destin. Parce-que Lys, il ne lui avait pas reparlé depuis des mois, et la dernière fois qu’il s’était invité chez elle, les choses avaient failli déraper. C’était bien l’une des seules fois où il se retrouvait seul avec elle dans un espace restreint et que sa vie sentimentale n’était pas un total chaos. Mentalement prêt à passer les prochaines heures dans la cabine métallique, il fit profiter sa jeune voisine de ses achats du jour, lui lançant un pot de glace qu’elle rattrapa aussitôt. Il arqua un sourcil curieux à sa remarque, se demandant presque s’il devait le prendre comme un reproche. « Tu me préférais avant ? » Lâcha-t-il, l’air de rien, là défiant du regard, pouffant à la fin de ses mots qui lui ressemblaient pour s’y méprendre à la façon dont il se décrivait avant de tomber dans les bras d’Aelya. « Y’a des exceptions à la règle faut croire. T’as fait partie de celles-là. » Ajouta-t-il, reportant son attention sur son pot de glace avant de capter le regard de Lys, un sourire en coin étirant ses lèvres. « Et toi alors, tu deviens quoi ? Ça fait un moment qu’on a pas pu discuter. » Il savait que Lys fréquentait Azriel, l’un de ses meilleurs potes et pourtant, les deux anciens amants n’en avaient jamais parlé ouvertement.

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Je ne lui faisais aucun reproche. Cela m’amusait simplement de le taquiner. Dès le premier soir, Niels avait posé les bases, ça ne l’avait pas empêché de remettre de couvert, malgré ses principes. Puis il y avait eu Aelya, et je n’avais bien évidemment plus fait le point. On dirait ce qu’on veut, mais le sexe avec une personne aimée à tout de même un petit quelque chose de différent. Niels entrait dans mon jeu, comme toujours, même si tout était bien chaste entre nous désormais. Cela ne me posait pas vraiment de problème en réalité. J’appréciais Niels bien plus pour la personne qu’il était, ami d’Azriel par ailleurs, que pour ses prouesses sexuelles – ce qui n’était pas peut dire, en bonne connaissance de celles-ci.
— Mes préférences, tu les connais, je crois, le taquinai-je. Ouais, j’avoue qu’elles étaient agréables ces exceptions. Mais il ne faut pas abuser des bonnes choses, il paraît.
Je détestais cette expression. Bien sûr qu’il fallait en abusé, autant qu’on le pouvait et tant que cela nous faisait du bien. La vie était courte, non ?
— Ca va, répondis-je en retrouvant un peu mon sérieux, et ouais…ça me manque de discuter avec toi. Mais je t’avoue que j’ai peur que ta copine s’imagine des trucs. Je vais pas nier que j’ai eu du désir pour toi, et…t’es beau mec, mais…je suis pas un animal, je sais me contrôler. Tu devrais la rassurer. Enfin tout ça pour dire qu’on peut très bien être amis, sans sexe. Je sais faire aussi. En vérité, je trouve ça bizarre de n’avoir de tes nouvelles que par le biais d’Azriel, alors qu’on habite à côté.

Spoiler:

L’arrivée d’Aelya dans la vie de Niels avait bousculé sa manière d’être, de penser, lui faisant comprendre qu’il devait mettre fin à certaines relations, dont celle qu’il avait entretenue avec Lys. S’il se rappelait très bien des soirées qu’ils avaient passé tous les deux, parfois chez l’un, d’autres fois chez l’autre, Niels savait pertinemment que plus jamais ils ne retourneraient sur ce terrain-là. Parce-qu’il avait évolué, appréhendant certains sentiments qui ne l’avaient jamais effleuré auparavant, avant qu’Aelya ne vienne les lui révéler. Et maintenant, il était incapable de fonctionner correctement sans elle, sans sa manière de l’aimer qui lui donnait l’envie de vivre éternellement, simplement pour profiter d’elle jusqu’à la fin des temps. Il avait souri à Lys, amusé par ses taquineries qu’il connaissait bien, parce-qu’il avait toujours été question de ce genre d’ambiance entre eux. « Je crois aussi. » Lui répondit-il, relevant les yeux vers elle avec cet air espiègle. « C’est ce qu’on dit, ouais. » Ajouta-t-il, hochant les épaules avant de plonger une dernière fois sa cuillère dans son pot de glace, s’intéressant aux paroles de sa voisine. Il la vit reprendre son sérieux, comprenant immédiatement où elle voulait en venir, à ce malaise qui régnait entre eux depuis qu’Aelya et lui étaient ensemble, alourdissant d’autant plus la tension depuis que sa petite-amie savait les rapports qu’ils avaient entretenu par le passé. Il vint légèrement s’éclaircir la voix, reposant dans son sac ce qu’il avait en mains pour s’intéresser un peu plus sérieusement à tout ce que lui avait dit Lys. « Je me doute que c’est pas cool pour toi, ouais… » Commença-t-il, baissant rapidement les yeux, gêné. « Je sais bien que t’es pas un animal, Lys… même si j’ai pu en douter parfois. » Lâcha-t-il, avec un sourire malicieux, la provoquant dés qu’il en avait l’occasion. « J’ai déjà essayé de lui en parler. Mais c’est Aelya… Elle est comme ça, et je la comprends tu sais. J’aurais réagi pareil si son ancien plan cul vivait à deux pas de chez elle. » Avoua-t-il, soupirant légèrement, tentant de trouver une solution à cette histoire. « J’aime bien discuter avec toi aussi, t’es cool comme fille, je l’ai jamais nié. » Et il n’avait jamais nié non plus qu’il l’avait désiré, et c’était sûrement la raison pour laquelle Aelya ressentait toujours cette méfiance vis-à-vis de leur relation. « En parlant d’Az, c’est quoi le truc entre vous ? » Demanda-t-il, curieux, son regard cherchant celui de Lys.

Nos relations de voisinage, je devais bien l’admettre n’avait rien de commun. Notre amitié non plus d’ailleurs, et c’était assez compliqué à gérer. Nous nous fréquentions peu, mais je considérais effectivement Niels comme un ami, tout simplement parce que je nourrissais une grande affection pour lui. Ce qui lui arrivait me touchait, comme la fois où Aelya et lui s’étaient séparés et qu’il en avait eu le cœur brisé. J’ignorai pourquoi, et comment ce lien s’était tissé, mais j’appréciai réellement Niels et souhaitait qu’il soit heureux. Je savais, bien évidemment, qu’il était l’un des meilleurs potes d’Azriel mais cela allait au delà de ça, et cela me peinait que nous devions nous brider. Il m’expliqua que c’était compliqué pour Aelya, de vivre à deux pas d’un ancien plan cul de Niels. Je grimaçai en entendant Niels me racontait cela. Il disait qu’il comprenait, que lui-même ne supporterait probablement pas une situation inverse.
— Ouais, j’imagine que ça se tient, même si…ça reste…du sexe, rien de comparable avec ce que vous avez. Et puis la dernière fois, c’était il y a des lustres ! Je m’en rappelle même plus…
Je laissai planer ma phrase en suspens, pour le charrier un peu, puis, rencontrant son regard, je pouffai et levai les yeux ciel.
— Ok, bon…c’est faux. Je m’en souviens très bien, mais ce que je veux dire, c’est que c’est pas important. Pas autant que votre relation de couple. Mais bon, après, j’y connais rien en relation de couple.
C’était vrai, je n’avais pas eu de grande expérience dans ce domaine. Je voyais des hommes, nouait des liens – parfois forts – mais ne m’étais jamais – a part une fois – engagée dans un relation de couple, avec exclusivité, petit dej au lit, netflix le samedi soir et tout le toutim. Oui, ma vision des choses était réductrice sans doute, la faute à mon manque d’expérience en la matière sans doute. J’attendais probablement un amour foudroyant, le grand, pour me faire changer d’avis.
— Moi aussi, j’aime bien nos discussions.
Je regrettai aussitôt mes paroles et lançai à mon interlocuteur une œillade, mis amusée mi suspicieuse.
— T’as attendu que je sois dans un endroit confiné, sans issue de secours pour me cuisiner, hein, avoues ?
Je souris, malgré moi, en pensant à Az. Qui avait-il entre nous ? Bonne question.
— Az c’est…
Je cherchai mes mots. Existaient-ils seulement pour décrire notre relation ?
— Je sais pas, on sait pas…et je suis pas sûre qu’on ait vraiment besoin de savoir. C’est bien comme ça. On est amis, et…plus, m’enfin ça, t’es au courant, je crois. Hum…mais après, bah…on laisse les choses se faire. Mais je tiens beaucoup à lui, et je m’estime très chanceuse de l’avoir dans ma vie, si là est ta question.

Il n’y avait effectivement rien de commun à partager un lien comme celui que partageaient Lys et Niels. Et pourtant, le brun n’avait aucun mal à admettre qu’il l’appréciait, au-delà de tout ce qu’il s’était passé entre eux, de ces nuits qu’ils avaient partagé ensemble jusqu’aux discussions qu’ils avaient crée au cours de certaines nuits d’insomnie. Les choses avaient longtemps été ambiguës entre eux jusqu’à l’arrivée d’Aelya, le coeur de Niels se rangeant, scellé à celui de la brune pour l’éternité. Avec cela, il avait dû accepter d’arrêter de fréquenter Lys, comprenant aisément qu’Aelya voyait d’un mauvais oeil leur relation, bien que tout n’était désormais qu’amical. « Je suis d’accord avec toi. Il te reste plus qu’à la convaincre maintenant. » S’amusa-t-il, une lueur de défi s’inscrivant dans ses iris alors qu’il cacha sa satisfaction de savoir qu’elle n’avait pas oublié leurs multiples nuits. « Bien sûr que t’as rien oublié… » La taquina-t-il, reprenant son sérieux à ses mots emplis de sens, lui qui avait conscience que ce qu’il vivait avec Aelya dépassait l’entendement. « C’est pour ça que je fais attention, tu sais. J’ai aucune envie de gâcher ce qu’on a, elle et moi. Ça me tuerait. » Finit-il par avouer, ses yeux se raccrochant à ceux de Lys, se remémorant les quelques confidences qu’ils avaient échangé lors de leur dernière rencontre, sous le couvert de la nuit. Un léger sourire vint étirer faiblement ses lèvres à sa réponse, l’idée de ne plus parler à Lys le peinant bien qu’il préféra garder cette pensée enfouie en lui, pour le bien de tous. « C’est que tu me connais bien finalement. » S’amusa-t-il, cherchant à obtenir quelques réponses sur sa relations avec Az, son hésitation en disant bien aux yeux de Niels plus qu’elle ne le pensait. « On est tous chanceux d’avoir Az dans notre vie, Lys… » Roula-t-il des yeux, avant de reprendre. « J’vous trouve très mignons ensemble si tu veux mon avis. » Ajouta-t-il, d’une moue faussement innocente, ses yeux se relevant vers ceux de son interlocutrice. « Plus sérieusement, si vous vous sentez bien comme ça tous les deux, alors continuez d'en profiter. »

Spoiler:

Le petit sourire en coin de Niels fit s’élargir le mien. Bien sûr que j’avais encore de bons souvenirs de nos ébats passés. Cela avait été court, mais intense, et puis, Niels n’était pas vraiment le genre d’amant qu’on oubliait facilement. Il laissait une marque. Cela me semblait d’autant plus vrai maintenant que je le regardai avec du recul. Si, au départ, Niels avait été le voisin exaspérant qui m’empêchait de fermer l’œil à cause des conquêtes qu’il ramenait chaque soir, aujourd’hui c’était différent. Nous nous fréquentions peu, hormis pour s’adresser quelques discrets bonjours lorsque nous nous croisions dans les couloirs, mais cela ne m’empêchait pas de le considérer comme un ami. Je hochai la tête lorsqu’il évoqua sa relation avec Aelya, il me dit à quel point ce qu’ils avaient été précieux pour lui et qu’il ne souhaitait rien gâcher, ni prendre le plus petit risque de le faire, ce que je comprenais évidemment.
— Tu vas pas me croire, mais je crois que je vous envie un peu…Aelya et toi. C’est beau ce que vous avez.
Le couple, ça n’avait jamais été mon fort. Ou plutôt ne lui laissait aucune chance de fleurir dans ma vie. Par peur, principalement. Peur d’être blessée, peur de me tromper. Peur de ne pas savoir faire. Quand la conversation dévia sur Az, je tentais par tous les moyens de détourner la question de Niels, mais mon voisin n’était pas dupe.
— J’admets que c’est spécial entre nous.
Quand le skateur me confia qu’il trouvait qu’Azriel et moi étions mignons, je levai les yeux ciel.
— Très mignons ? relevai-je, tu m’en diras tant…sauf qu’on n’est pas ensemble lui et moi.
Heureusement, je n’eus pas besoin de m’étaler davantage. L’ascenseur, comme par miracle se remit en marche. Je levai les yeux vers Niels, amusée, puis haussai un sourcil.
— Sauvée par le gong, dis-je en me relevant.
La cage de fer grimpa jusqu’à notre étage puis, dans un ding sonore nous libéra de son emprise. Un fois sur le palier je me tournai vers Niels.
— Ca me ferait plaisir de montrer à Aelya qu’elle…n’a plus à s’en faire. Qu’on est amis tous les deux et que ça n’irait jamais plus loin. Que je ne marchera jamais sur ses plates bandes…bref. Si jamais elle accepte, ça me ferait vraiment plaisir de vous avoir à l’apéro.

fin