| | Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l' Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite. |
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| this things i'll never say • ft. iphigénie | |
| | Auteur | Message |
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Invité | Sujet: this things i'll never say • ft. iphigénie Dim 23 Juin 2019 - 21:03 | |
| En général, je ne suis pas du genre à parler. Je suis très sociable, c’est vrai, et je sais parfaitement faire en sorte que personne ne voit le masque que je porte en public, celui qui m’impose un sourire avenant et un air intéressé, mais je ne suis pas vraiment du genre loquace en vérité. J’aime observer, me fondre dans la masse, écouter, analyser les comportements des autres, chercher à percer leur carapace, et je n’aurais jamais imaginé que c’était si désagréable de se mettre ainsi à nu devant quelqu’un d’autre. C’était étrange de se retrouver de l’autre côté. Je venais d’entrer dans le cabinet d’Iphinénie Kostas, psychologue, et déjà mes mains étaient moites. Pourquoi j’étais là ? C’était la question que je n’arrêtais pas de me poser en boucle depuis que j’avais franchis la porte. Pourtant, je l’avais voulu, c’était moi qui avais pris ce rendez-vous, personne ne m’avait forcé. J’étais bel et bien là de mon plein gré. Il est vrai que j’éprouvais quelques difficultés depuis que j’avais posé le pied sur le sol australien, du genre dont je ne m’étais jamais préoccupé avant. À New-York, je n’avais jamais le temps de penser à moi, c’était différent ici. Je me mettais à penser, à penser trop. Je faisais resurgir des choses qui me blessaient ou me bousculaient. Je ne savais pas quoi en faire. Alors, un jour, en voyant la carte de visite de Mademoselle Kostas dans un commerce de Bowen, je n’avais pas réfléchis, j’avais appelé et programmé un rendez-vous. C’était bizarre, une sensation indescriptible, j’avais l’impression que je devais me dévoiler complètement, cela me faisait peur et pourtant, le besoin de vider mon sac subsistait. — En fait, je ne pensais pas que voir mon petit frère après tant d’années me ferait si mal, avouai-je de but en blanc, je pensais…je pensais que je n’éprouverais que de la joie, sauf que ce n’est pas vraiment le cas. Je savais que ce ne serait pas facile, et d’ailleurs, cela l’a été relativement je trouve, à mon grand étonnement d’ailleurs, mais…je ne pensais pas avoir mal. |
| | | Invité | Sujet: Re: this things i'll never say • ft. iphigénie Lun 24 Juin 2019 - 0:15 | |
| pour la première fois depuis longtemps, iphigénie avait accordé une attention toute particulière à sa tenue. elle portait un tailleur gris, dont la veste recouvrait un haut blanc qu'elle jugeait un peu trop décolleté en se regardant dans la glace qui se trouvait dans son cabinet. cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas choisi minutieusement sa tenue. iphigénie n'était pas vraiment du genre coquette, mais dans son métier, elle savait qu'une tenue appropriée pouvait tout changer, inspirer à la fois la confiance et la gentillesse. ce jour-là, il n'y avait pas foule dans son cabinet. malgré la soirée qu'elle avait passé chez le fameux adam poulsen et quelques cartes distribuées par-ci et par-là, les gens ne s'étaient pas pressés à sa porte. les gens, non, mais henri dickerson, oui. depuis cette soirée, iphigénie qui n'avait pas coutume de croire au destin réfléchissait aux circonstances étranges qui les avaient amené à se parler dans une même soirée, alors que des dizaines d'autres convives se bousculaient. après un appel téléphonique pour un rendez-vous, elle avait eu l'occasion d'en apprendre un peu plus sur sa personne, un peu malgré elle, elle qui pensait qu'il valait mieux ne pas connaître pour une meilleure analyse et un meilleur suivi. mais les choses étaient telles qu'elles étaient, et henri dickerson était là, assis dans le fauteuil en cuir travaillé en face d'iphigénie qui tripotait nerveusement son stylo. à première vue, il n'avait pas l'air d'avoir besoin d'elle, ni d'avoir besoin de quiconque. il avait le sourire, paraissait être quelqu'un d'amusant et de blagueur. malgré toutes ses aptitudes à identifier le mal chez les gens, elle n'avait vu en lui qu'un homme lambda, sinon, un très bon acteur. toujours était-il qu'il était particulièrement loquace et que cette première consultation s'annonçait plutôt bien. après quelques formalités, il s'était lancé de lui-même dans le vif du sujet, sans qu'iphigénie n'est à intervenir ou demander quoi que ce soit. elle n'avait pas eu à utiliser de technique particulière pour le faire parler. elle n'avait pu s'empêcher d'éprouver une certaine satisfaction, pensant peut-être à tord que le cas serait facile. en quelque seconde, elle remplit une partie de la page imprimé qui se tenait devant elle, puis mordilla son crayon tout en réfléchissant. enfin, elle posa son regard qui lui servait d'analyseur sur l'homme en face d'elle. 'ce qui me paraît tout de suite intéressant, c'est les sentiments contradictoires que vous mentionnez.' elle marqua une pause. elle faisait toujours ça, non pas pour se la jouer dramatique, mais pour laisser le temps à son patient d'analyser et d'assimiler l'information. autrement dit, de se rendre compte. 'vous pensiez éprouver du bonheur, qui est un sentiment normal quand il s'agit de retrouvailles, à quoi vous opposez de la difficulté, et de la douleur...' elle renouvelle son silence. 'lors d'une absence, quelle que soit les circonstances de celle-ci, l'être humain normalement constitué ressent une appréhension au moment où l'absence est comblée. on a tendance à se faire cent scénarios différents et on ne sait jamais lequel sera le bon. mais la douleur... si je comprends bien, monsieur dickerson, revoir votre frère vous fait souffrir...' elle gribouilla rapidement quelques mots secrets sur sa feuille. 'seriez-vous d'accord pour me parler de ce frère que vous avez retrouvé ? peut-être pourrions nous commencer par... votre meilleur souvenir avec lui. racontez moi...' toute ouïe, elle attendit patiemment que son client ne soit prêt à replonger dans ses souvenirs, commençant par le meilleur pour terminer souvent par le pire. iphigénie pensait que la chute était moins douloureuse de cette façon...
@Henri Dickerson |
| | | Invité | Sujet: Re: this things i'll never say • ft. iphigénie Lun 24 Juin 2019 - 7:54 | |
| La contradiction. C’était ce qui semblait me définir depuis quelques temps. Peut-être même depuis toujours, mais je ne m’en rendez compte que maintenant. Mon rythme de vie, en quelques semaines à Bowen avait changé, j’avais du temps…du temps pour moi, du temps pour penser, ce qui ne m’arrivait que rarement à New-York. Bien sûr, j’étais toujours aussi actif dans ma boulot, recevais toujours autant d’appels dans la journée, travaillais à distance, mais ça n’était pas comparable à ma vie d’avant. Ma « vie d’avant », comme si j’avais déjà décidé de tirer un trait. C’était drôle, j’y pensais ainsi pour la première fois depuis que j’avais posé le pied sur le sol australien. Etait-ce révélateur ? Peut-être en parlerais-je ensuite avec Miss Kostas dont je ne pouvais, d’ailleurs, pas m’empêcher de remarquer l’élégance. Elle semblait avoir passé du temps devant son miroir, ce que je trouvais flatteur. Malgré tout, je n’étais pas vraiment là pour ça et si je voulais que cette thérapie marche, je ne devais rien mélanger. Cela n’enlevait rien au fait que je la trouvais sublime. Il n’en était pas moins que, dans son cabinet, je me devais de respectais une distance. J’étais son patient, et elle ma psy et je devais garder pour moi le fait qu’elle s’était parfois incrustée dans mes pensées depuis cette fameuse soirée Gatsby. Je me concentrai finalement sur ces paroles, puisque c’était effectivement pour ça que j’étais venu à la base. Elle me parla de la joie naturelle que j’avais du éprouvée lors des retrouvailles avec Florian et tout à coup, je me sentis coupable. Devais-je lui raconter toute l’histoire, devais-je ainsi me mettre complètement à nu ? J’opposais de la douleur, c’était vrai, mais parce qu’elle était bien réelle. Je la ressentais presque physiquement dans ma chair. De l’appréhension, il y en avait eu aussi, oui et je m’étais jouer la scène mille fois, je m’étais torturé avec pendant plusieurs. Car il était bel et bien question de cela, de torture mentale. Je la laissai terminé, l’observant attentivement, une main sur le menton, puis inspirait longuement quand elle me demanda d’évoquer un souvenir heureux avec Florian. Ce n’était pas si compliqué, en fait, j’en avais des tas en mémoire. Tous relié à notre enfance, cela dit, l’âge adulte, pour nous deux, avait été une autre paire de manche. — Il y en a tant, en réalité, avouai-je en fouillant dans mes souvenirs, Florian et moi étions très proches, enfants. Nous avons fait tourner en bourrique nos parents plus d’une fois. Même si j’aimais à penser que, des deux, j’étais le plus sage. Florian a toujours été…plus remuant, dirons-nous. Evoquais-je cela pour me donner bonne conscience ? Pour l’amadouer ? Essayais-je de me dédouaner en évoquant le caractère turbulent de mon petit frère ? Peut-être inconsciemment oui. — Il y a cette fois où Florian pensait que nous étions des pirates, fis-je en riant tout à coup, il a toujours aimé ça, la mer, l’aventure…c’est un aventurier dans l’âme, je l’ai toujours su. Donc, il pensait que nous étions des pirates et qu’il fallait que nous allions chercher notre trésor. C’est ce que les pirates font, n’est-ce pas ? Il était petit, il ne devait pas avoir plus de sept ans, j’en avais à peine dix. Nous avons joué la journée entière, ne voyant pas les heures passés, nous nous sommes enfoncé assez loin dans la forêt, si bien que nous n’avons pu rentré qu’à la nuit tombée. J’étais le plus grand, c’est moi qui étais responsable. Nos parents nous avez chercher tous l’après midi. Ils s’étaient fait un sang d’encre, bien sûr. Et alors que mon père me passait le soufflon de ma vie, je me souviens que Florian s’est interposé. Sept ans, et pourtant si fier, si courageux. Il s’est mis entre notre père et moi et a dit que c’était sa faute à lui, que c’était lui le capitaine et que le capitaine prend toujours les responsabilités. Papa était si abasourdi qu’il n’a même pas pu le gronder. Nous avons tout de même était privé de dessert et de sorti pour la semaine, mais je me souviendrais toujours de l’aplomb de mon petit frère…
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| | | Invité | Sujet: Re: this things i'll never say • ft. iphigénie Lun 24 Juin 2019 - 19:59 | |
| durant ces quelques années de pratique, et notamment à Vienne, iphigénie avait reçu entre quatre murs, un grand nombre de patients, et ce, de tout âge. elle avait reçu des gens bavards, sans véritables problèmes, mais surtout, elle avait fait face à de vrais murs de prison dont les mots finissaient par sortir au compte goutte, les uns après les autres, à la suite de longues séances. beaucoup nécessitaient un travail compliqué et beaucoup de patience. de toutes évidences, ce n'était pas le cas de ce henri qui se trouvait dans son cabinet. ce même henri qu'elle avait rencontré par hasard à la soirée gatsby et qui se montrait aussi bavard dans l'une comme dans l'autre des situations. en revanche, il était beaucoup plus sérieux. pas d'allusions. pas de blagues. pas de sourires en coin. et cela, iphigénie l'appréciait. par le passé, encore, elle avait eu des patients désagréablement langoureux, trop insistants, qui finissaient par ne plus vouloir partir et parlaient de leurs pulsions sexuelles alors qu'ils venaient d'abord pour un problème de stress permanent. c'était comme si leur rencontre était restée à la porte de son cabinet. et c'était ce qu'il fallait à tout prix pour profiter au maximum des bénéfices d'une consultations. il n'avait donc pas fallu de gros déclencheur pour qu'Henri parle un de ce qui le tracassait. cet homme semblait perturbé par sa relation avec son frère et iphigénie était bien déterminée à mettre le doigt sur le vrai problème. alors qu'il lui racontait l'un de ses souvenirs heureux avec ce frère dont elle ne savait pas grand chose, elle n'avait pas pu s'empêcher de sourire. il avait tout de même un côté charmant, mais surtout, il avait l'air attachant. c'était là une nouvelle facette de sa personnalité qu'elle découvrait. 'c'est un bon choix de souvenir, si vous voulez mon avis.' elle n'avait pas vraiment réfléchi avant de prononcer cette phrase, mais elle n'avait pas su la retenir... si la même question lui avait été posée, elle n'aurait pas su quoi répondre, parce qu'elle, contrairement à beaucoup d'autres, elle n'avait aucun souvenir heureux, avec ses frères. elle n'avait que de vagues images, qui se floutaient au fil des années. elle se disait même souvent qu'ils finiraient tous par disparaître. les souvenirs et les gens qui y étaient associés. 'votre frère avait l'air d'un sacré petit garçon. maintenant, dites-moi ce qui explique que malgré ce souvenir, c'est de la douleur qui transparaisse lorsque vous le revoyez..' iphigénie était bien consciente que la demande était trop vague. elle se pencha en avant, et retira ses lunettes. 'ce que je veux savoir, c'est ce qu'il s'est passé, pour que vous en arriviez à souffrir, en revoyant ce frère avec qui vous aviez l'air pourtant si proche.' la demoiselle était consciente qu'elle allait vite. peut-être même trop vite. mais elle avait senti chez ce patient, un potentiel d'évolution et une vraie volonté de régler le problème pour lequel il était venu. 'que s'est-il passé, henri?' son regard était plein d'empathie et elle était prête à l'aider. du moins, elle ferait de son mieux. @Henri Dickerson |
| | | Invité | Sujet: Re: this things i'll never say • ft. iphigénie Mer 26 Juin 2019 - 16:44 | |
| Jusqu’à présent, je n’avais jamais vraiment été du genre à ressasser le passé. Je le murai, au contraire, au fin fond de ma mémoire, pour ne pas y passer. Non pas qu’il n’y ait que des mauvais souvenirs à y piocher, la plupart étaient bons d’ailleurs, mais il s’était avéré, ces récentes années, que les bons souvenirs ramenaient les autres à la surface. La douleur, comme une lame traversait mon âme et je n’étais pas vraiment capable de la gérer. C’était plus facile de faire semblant, d’ignorer le tisonnier dans ma gorge, de me concentrer sur autre chose. Le travail. Cela avait été mon pilier pendant longtemps, mon refuge, je m’en rendais bien compte maintenant. D’ailleurs ce n’était pas pour rien que cela occupait tout mon esprit, tout mon temps, c’était bien pour ne laisser la place à rien d’autre. J’étais devenu, en voulant trop me protéger, une espèce de cliché de bourreau de travail. Si j’avais manqué d’indulgence envers moi-même, je me serais probablement trouvé pathétique. Je levai le regard vers celui de la jeune psychologue, espérant y puiser le courage qui m’avait manqué jusqu’alors pour verbaliser mon ressenti sur l’histoire avec Florian. Elle trouvait mon souvenir joli. Pour le moment, ne pus-je m’empêcher de me flageller mentalement. Le moment que je redoutais arriva finalement bien tôt à mon goût. Iphigénie souhaitait que je lui raconte ce qui s’était passé. Par où commencer ? Où avait réellement débuté cette histoire ? Les contours, dans ma tête, étaient flous. — La cassure a commencé à se faire quand notre grand père est tombé malade, je pense. Oui, c’était là que les choses avaient dégénérées. Que Florian et moi nous étions séparés. Nous qui étions autrefois si proches. En grandissant nous sommes devenus si différents. Lui si exubérant, si plein de fougue, vivant d’insouciance, de fêtes et des filles faciles. Moi, plus discret, plus tourné vers la famille, ma carrière, le sens du devoir, les traditions, les responsabilités. Le chêne et le roseau. Lui avait mieux survécu à la tempête que moi, semblait-il. — Je lui reprochais de ne pas être là, de prendre ça à la légère…il était jeune et avait sa manière à lui de gérer la chose, j’imagine. Il se protégeait sans doute. Mais…disons, que nous avons eu de nombreux sujets de discorde par la suite. Nous critiquions nos modes de vie, l’un comme l’autre. Je n’aimais pas ses fréquentations, qui le tiraient vers le bas, souvent à la limite de la légalité. Et puis… Je fus obligé de me taire un moment. Une douleur dans la gorge m’empêcha tout d’un coup de parler. |
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