[hot] elijah ∇ one last chance ?

"Tu penses vraiment que je suis une traînée ?"
La question était restée en suspens, Elijah avait éteint son téléphone ce soir là sans plus le rallumer. Il ne l’avait même pas vue pour être honnête. Parce que non, il ne le pensait pas, d’ailleurs Eirik avait mal interprété, il n’avait pas dit que lui pensait que le blond était une traînée, non, c’était plutôt ce que l’article de journal insinuait. Mais le raccourci était facile et puis le mot traînée c’était bien Elijah qui l’avait écrit. Cet article avait fait du mal, il fallait bien l’admettre. D’une il était cousu de conneries, concernant le couturier, s’il était revenu à Bowen ce n’était pas à cause d’un échec dans sa carrière mais bien une promotion. Et puis il était bien curieux de savoir qui l’avait surpris dans son bureau la seule fois qu’il s’était lâché avec le blond. Mais en vérité ça n’avait pas tant d’importance que ça, sa réputation professionnelle il saurait s’en charger, ce n’était pas un problème, il avait déjà essuyé des ragots pires que celui-ci, à Sydney, dans la presse à scandale et c’était autre chose que dans les pages web d’un blog amateur. Non ce qui le chagrinait le plus c’était… en fait il n’en savait rien, il s’en était pris à Eirik sans raison valable. La jalousie avait parlé, probablement plus violemment que ce qu’il aurait voulu alors qu’au fond il n’avait pas à lui en vouloir d’avoir d’autres amants, après tout on avait tous un passé, mais surtout il s’était pris en pleine face leur pseudo histoire d’amour à laquelle lui-même ne comprenait rien. C’était facile, tant que ça restait entre eux, tant qu’ils se laissaient porter par la vague lente des sentiments qui s’animaient, de l’attirance qu’il ressentait pour cet homme alors qu’il s’était toujours interdit ce genre de pensées jusqu’alors. Mais même s’il se l’autorisait à présent, ce n’était pas aussi simple de le voir clamé haut et fort en public, sans qu’il l’ait décidé lui-même. Il s’était longtemps demandé avec colère qui avait pu les dénoncer, parce que ce devait être l’un de ses collègues, il s’en voulait d’avoir laisser ses désirs prendre le le pas sur sa raison, il en voulait aussi à Eirik d’être aussi doué pour lui faire tourner la tête et le rendre fou.  En vrai il n’assumait pas du tout cette relation, c’était aussi simple que ça. Et voilà qu’il avait envoyé promener le garçon, mis un terme à tout début d’histoire, tout dîner en tête à tête, comme d’habitude il avait fait ce qu’il savait faire de mieux, il avait tout plaqué, par sms de surcroît. Depuis la veille au soir il avait donc éteint son téléphone, il s’était rendu au travail ce matin et n’avait adressé la parole à personne, il s’était plongé totalement dans ses dossiers, dans ses croquis,  pour éviter d’avoir à penser à ce menu scandale et pour que personne n’ait l’idée de lui en parler. Il avait senti des regards sur lui, même si ça venait peut-être plus de son imagination qu’autre chose, mais il n’avait pas aimé ça et le peu de fois qu’il avait parlé à quelqu’un c’était pour lui aboyer à la figure, comme ça il était bien sûr d’assurer sa réputation de sale petit con prétentieux. Bref, ce fut une journée maussade, il avait eu hâte qu’elle se termine alors même qu’elle commençait et autant dire qu’il l’avait alors trouvé très longue. La veille il avait encore la perspective qu’elle se termine sur une note agréable avec un beau blond, mais à présent il allait rentrer seul chez lui et cette idée le déprimait davantage. Pourtant c’est bien seul qu’il rentra chez lui, il commanda chez un traiteur japonais, sans réfléchir, il avait lu le papier sur lequel il avait préparé sa commande en vue de son dîner en tête à tête et donc il se retrouvait à présent avec un peu trop de sushis pour lui tout seul, il ne s’en rendit compte qu’après avoir raccroché. D’ailleurs ce fut en passant sa commande qu’il avait lu le dernier message d’Eirik qui datait de la veille, cette fameuse question restée en suspens, il resta interdit un instant à fixer l’écran puis il soupira en s'apprêtant à y répondre quand on frappa à sa porte. Surpris, Stuart s’avança pour ouvrir, ça ne pouvait pas être sa livraison, il venait tout juste de commander. Il trouva un Eirik les traits tirés face à lui qui, tel un pitbull attaqua directement sans préambule. Il le regarda quelques secondes sans rien dire et, sans réfléchir, sans même comprendre ce qui lui prenait, il l’attrapa par le col de sa chemise fleurie et l’attira à l’intérieur de chez lui. Et en même temps qu’il refermait la porte derrière eux il l’embrassa à pleine bouche sans lui laisser le temps de répliquer. Je viens juste de voir ton message. Excuse-moi pour hier soir, j’étais…. j’ai été con, y a pas d’autres mots. J’ai jamais pensé que tu étais une traînée non.

Ce baiser n'avait rien de prémédité et il les surprit tous les deux, autant Eirik qu'Elijah lui-même. Lui qui était un homme réfléchi, qui avait horreur de l'improvisation, il n'était pas le genre d'homme qui s'emportait, ou qui laissait ses gestes prendre le pas sur ses pensées, il était toujours dans le contrôle, de tout. Sauf avec Eirik, cet homme lui faisait perdre la tête, totalement, avec lui il se découvrait différent, vivant, il ne réfléchissait pas, il s'énervait contre lui par sms à cause de rumeurs stupides, sans savoir vraiment pourquoi et puis il l'attirait contre lui pour l'embrasser avec une fougue qu'il ne se connaissait pas. Et il s'en rendait alors compte, aussi violemment qu'il l'avait attiré, il l'aimait à tel point que ça lui coupait le souffle, ça lui faisait mal. Surtout avec le regard que lui lançait le blond après qu'il l'ait libéré, après qu'il se soit même excusé, encore une chose qu'il ne faisait quasiment jamais, parce que c'était bien connu, il avait toujours raison... Bras croisés sur son torse Nova le fixait avec des yeux qui viraient au bleu l'orage, il allait gronder, cracher sa colère contre celui qui lui collait tant de tourments depuis qu'il avait croisé sa route. J'crois rien... j'avais rien planifié. Je ne t'attendais même pas ce soir. Eirik continua sur sa lancée, visiblement il avait des choses à dire. Si Stuart n'attendait pas la venue du jeune homme ce soir, l'autre avait pourtant prévu tout ce qu'il avait à lui dire, son cahier de doléance débordait. Il l'écouta alors, sans rien dire, en s'appuyant contre le mur à côté de lui, médusé par les mots de celui à qui il avait été prêt à s'ouvrir, pour qui il était prêt à changer et qui, finalement voulait arrêter là. J'ai pas honte de toi. C'est sûrement de moi que j'ai honte, quelque part... Il allait continuer quand on sonna à nouveau à la porte. Elijah soupira et passa devant le blond pour aller ouvrir. Sa livraison, ses sushis. Il accueillit le livreur sans même un sourire, sortit l'argent de sa poche et le laissa partir sans demander sa monnaie, il voulait juste qu'il part vite. Ses plats dans les mains il regarda Eirik avec un regard en coin. Il les posa sur la place derrière eux, de toute façon il n'avait plus vraiment faim. T'as prévu quelque chose d'autre ce soir ? J'ai commandé trop de sushis pour moi seul. Il s'approcha de lui, prêt à le laisser partir même s'il n'en avait aucune envie. Je ne sais pas où ça allait nous mener tout ça... Et t'es libre, Eirik, t'es libre de partir. Mais je pense t'as envie de rester. Et qu'on a besoin de parler.

Depuis son retour à Bowen le couturier ne se reconnaissait pas, il restait le bourreau de travail qu’on connaissait mais quelque chose le distrayait tout le temps, des pensées qui le ramenaient à un jeune homme blond, son regard qui se perdait vers l’extérieur en rêvant d’une balade sur la plage, alors que lui détestait le sable et l’eau. Il semblait que tout son être ait envie d’autre chose, de plus que d’être enfermé entre les quatre murs de son bureau avec ses croquis. Pourtant il était toujours autant passionné par son métier et il n’avait pas intérêt à se vautrer parce qu’il perdrait gros s’il continuait comme ça. Mais il semblait qu’il ait envie d’autre chose, comme s’il comprenait enfin que son job n’était pas le seul plaisir que pourrait lui apporter sa vie, lui qui avait envie d’une carrière sous les projecteurs, d’être reconnu et respecté, de voyager aux quatre coins du monde, il lui semblait finalement qu’on n’était pas si mal que ça à Bowen, c’était le monde à l’envers. Et quand il regardait Eirik le fixer avec ses yeux trop bleus, il se disait que le norvégien n’était pas totalement étranger à ce changement d’état d’esprit. Néanmoins il avait tout fait capoter la veille et à présent les prémices de leur relation semblaient n’être qu’un souvenir. Nova était en colère et il avait raison de l’être, même s’il avait mal interprété l’agression d’Elijah. Le styliste aurait voulu lui expliquer pourquoi il n’avait pas honte de lui mais le livreur arriva à point nommé, laissant leur explication en suspens. Au moins cette intervention permit de calmer un peu le jeu entre les deux garçons, la tension, toujours présente, s’apaisa légèrement et Stuart proposa alors à Eirik de partager ce repas avec lui, après tout ils devaient le faire dès le départ et quitte à avoir fait tout ce chemin, quitte à ce que ce soit pour rompre les pont définitivement, c’était un risque à prendre, mais au moins ils auraient parlé. Soulagé qu’il ait accepté, Elijah lâcha un petit sourire de soulagement avant de lui montrer le salon. Installe-toi. Tu veux boire quelque chose avec les sushis ? J’ai quelques bières, du soda, du jus de fruit. Le blond se posa sur le canapé, visiblement aussi perdu que lui, Eli tentait de gagner du temps en leur servant leurs boissons et en déposant le repas avec les sauces sur la table basse devant eux, de cette façon ils pourraient picorer même si à ce moment là le brun n’avait toujours pas faim, il avait plutôt l’estomac noué. Il finit par s’asseoir en face du jeune homme et le regarda. Oui. C’est mon tour… Il soupira, ne sachant pas par où commencer ni comment s’exprimer, il était tellement mauvais en sentiments, lui qui n’avait pour ainsi dire jamais été dans ce genre de situation, amoureux et jaloux. Tout ce qu’il détestait. Je ne saurais pas t’expliquer ce que cet article m’a fait comme effet. Au départ ça m’a fait sourire. Puis quand j’ai vu ton message j’ai compris que c’était plus grave que ça. Et quand je l’ai relu… Je ne sais pas, je crois que j’ai réalisé ce qu’il se passait entre nous, ça devenait concret. Et puis j’ai réalisé qu’il n’y avait pas que moi. Ma carrière ne va pas s’arrêter à cause de ce blog, au contraire c’est de la bonne pub, surtout que tout ce qui est écrit est faux. Mais toi… Je sais que tu as un passé, on en a tous. Mais là ça m’a donné l’impression que tu nous voulais tous et même si c’est un tissu de mensonge ça m’a fait mal. Parce que j’avais cru être un peu différent. J’étais stupide et aveugle sur ce point là. J’suis pas jaloux de tes ex, Eirik. Mais j’aime pas partager. Et je sais que tu es jeune, que tu veux t’amuser, je comprends. Mais c’est déjà assez déboussolant comme ça de me dire que je suis attiré par… toi. Que j’veux pas compliquer les choses encore plus en me demandant avec qui tu couches quand tu n’es pas avec moi. Ce n’était pas tellement une affaire de jalousie envers le passé du blond, c’était plus la possessivité du brun qui l’emportait sur tout. Il avait besoin d’avoir confiance, surtout dans une relation aussi nouvelle et inattendue que celle qu’il pouvait avoir avec Nova. Donc t’as peut-être raison, c’est sûrement mieux qu’on ne se prenne pas la tête, parce que si on n’a pas les mêmes attentes autant ne pas se mettre la pression et continuer comme on le faisait avant, avant de se connaître. Merde, lui aussi rompait avec l’autre alors qu’il voulait tenter de le retenir. Décidément, parler à cœur ouvert ne leur allait pas à tous les deux. Pourtant ce serait un crève cœur que de le laisser partir et lui filer entre les doigts sans même avoir tenté d’aller plus loin dans cette histoire naissante.

Une bière c’était une bonne idée, alors qu’Eirik s’installait sur le canapé, Elijah disparaissait déjà derrière la porte de son frigo pour leur attraper deux bouteilles fraîches qu’il décapsula dans la foulée. Il sourit à la demande du blond, une fourchette pour manger des sushis, quelle drôle d’idée ! Lui maîtrisait parfaitement l’art des baguettes, en vérité, comme il l’avait déjà plus ou moins dit à Eirik lors de leur discussion dans son bureau, Stewart était un amoureux du Japon, il en admirait la culture, la nourriture et aussi la mode, alors il avait appris très jeune à manger comme eux et les sushis étaient probablement la base de son alimentation. Mais il ramena néanmoins une fourchette à son invité, après tout il était aussi maniaque et l’idée d’avoir de la nourriture sur son sol ne l’intéressait pas plus que ça. Finalement il le rejoint sur le canapé et il commença à parler, parce qu’Eirik attendait autre chose que des excuses et un baiser enflammé. Quelques minutes plus tôt il avait parlé de tout arrêter, de ne pas continuer dans cette relation naissante qui semblait ne mener à rien d’autre que des disputes. Eirik ne voulait pas qu’ils se gâchent et Elijah était du même avis. Mais il aurait pourtant tellement voulu essayer, voir, s’ouvrir à lui comme il ne s’était encore jamais ouvert, parce qu’il n’en avait jamais encore eu envie. Le couturier se découvrait jaloux et possessif, alors qu’ils ne s’étaient rien promis. Et en plus il se trompait totalement parce qu’Ivanova n’avait personne dans sa vie depuis leur baiser, il avait un passé, qu’il voulait laisser derrière lui, pour Elijah, il voulait leur donner une chance et le brun gâchait tout. Il n’avait jamais été très doué pour les relations amoureuse, en vérité il n’en avait jamais vraiment eu avant Emma et avec sa fiancée c’était facile, ils avaient tous les deux ce qu’ils voulaient, ce n’était même pas vraiment une affaire de sentiments entre eux, juste une irrépressible attirance physique et une entente sur le reste, comme un contrat bien établi. La réponse du blond lui arracha un sourire las, il avait raison, le gamin, Eli avait faussé le jeu dès le départ en affirmant ne pas aimer les hommes, il se voilait la face et avait bien failli griller toutes ses chances avec lui en lui mentant délibérément. Puis son sourire revint, un peu plus doux, cette fois, quand Nova affirma être amoureux ou qu’il voulait passer du temps avec lui. C’était con, mais à ce moment là il n’avait plus vraiment trente-deux ans, plutôt une quinzaine d’années et un cœur qui se ramollissait en regardant l’autre avec des yeux brillants. Il se disputaient alors qu’ils voulaient la même chose en somme, ils tombaient amoureux comme deux adolescents et même si Elijah avait une trouille monstre de cette chute, il ne voulait plus l’arrêter. Il ouvrit les mains en signe qu’il était désolé. Je ne sais pas ce je ressens non plus, si c’est ce que tu veux savoir. J’ai juste qu’une envie c’est t’embrasser. C’est arrêter de me disputer avec toi pour des conneries. C’est juste… ne pas me poser de questions. Il soupira en passant la main dans sa barbe. Faut peut-être qu’on arrête de s’en poser, des questions, surtout si on attend la même chose tous les deux. Il paraît que la vie est trop courte pour se prendre la tête. Alors si t’es amoureux, tu viens de le dire et que je le suis, je l’avoue aussi, pourquoi ne pas faire la paix. Définitivement il ne pensait plus aux sushis. Il voulait retrouver les lèvres de Nova sur les siennes et lui prouver de la plus douce des façons qu’il n’avait plus envie d’avoir peur.

Jamais Elijah n’avait été aussi maladroit pour parler de sentiment qu’en face d’Eirik. Il bafouillait, il cherchait ses mots, il s’emportait, s’emballait même. Il parlait d’amour, mais qu’y connaissait-il, il avait beau avoir une bonne dizaine d’années de plus que le gamin, face à lui il donnait l’impression d’avoir quinze ans et de vivre son premier coup de cœur. Les quinze ans il en était loin, mais le premier coup de cœur, coup de foudre, même, ça y ressemblait bien par contre. Jamais Stuart n’avait ressentit ça pour personne, surtout pas pour un homme et c’était aussi nouveau que déstabilisant. Alors comme il avait horreur d’être déstabilisé, il lâchait tout, perdait volontairement le contrôle pour se laisser porter par ce sentiment qui l’envahissait lorsqu’il était en présence du blond. Il en tombait amoureux, ce n’était pas autre chose que ça, il ne l’aimait pas, il était bien loin de ce stade là, mais c’était bien plus puissant qu’une attirance physique qui passerait rapidement, loin de lui il lui manquait, il se sentait bien en sa présence, même si cela impliquait de devoir se racheter une conduite ou bien dire des choses un peu trop fortes qui pourraient faire fuir Eirik. Il rit à sa réaction, en rougissant presque, sûrement qu’il n’était pas amoureux, du moins pas totalement, mais comment exprimer autrement cette envie d’être toujours auprès de lui ? Tu joues avec les mots, c’est tout. Il porta sa bière à sa bouche sans le quitter des yeux, le regardant avec une lueur amusée. Et dire que quelques minutes plus tôt il était à deux doigts de se prendre une gifle, à présent Eirik se levait pour venir s’installer sur ses genoux, sur le coup Stuart se sentit un peu con, incapable de savoir quoi faire de ses mains, mais le regard bien trop bleu de Nova avait capturé le sien et il se laissa guider par son instinct en les posant sur ses hanches pour l’écouter. C’est donc un pacte mon ami, un contrat tacite ! Il se racla la gorge en esquissant un nouveau sourire. Alors moi je te promets de ne pas avoir honte de ce que je suis, ni de toi. Je n’ai pas envie de me cacher. Même si ce qu’il disait était sûrement plus simple en théorie, sur son canapé bien caché dans son intimité. Il ne pensait pas à leur premier dîner en tête à tête, ou quand il faudrait présenter Eirik comme son copain à son entourage, il ne pensait pas à tout ça, mais il était pourtant sincère, il voulait essayer. Quand le blond se pencha sur lui Eli cru qu’il allait l’embrasser et il aurait accueillit volontiers ses lèvres sur les siennes, pourtant c’est dans son cou qu’il vint se poser, nichant son nez dans sa nuque et une nouvelle fois il fut déstabilisé par son geste. Pourtant c’était agréable de le sentir contre lui, c’était tendre, juste ce qu’il fallait pour que son cœur se gonfle de gratitude d’avoir trouvé telle perle rare. Il l’étreignit alors doucement. Je ne compte pas partir. Laisse-moi juste quelques temps, pour m’y faire, pour m’adapter, pour trouver ma place dans tout ça. Ils n’étaient peut-être pas un couple, pas encore, Elijah avait envie d’apprendre à séduire Eirik et à se laisser séduire. Reste avec moi ce soir. Ils venaient de se retrouver, il n’avait pas envie de le voir partir, il voulait encore sentir sa chaleur contre lui pour la nuit. On n’a rien mangé...

Dans tout ce bordel qu’était sa vie depuis son retour à Bowen, Elijah aurait pu blâmer Eirik de s’être trouvé sur son chemin, mais en vérité il était ce qui lui arrivait de mieux depuis un moment. Et ça faisait un bien fou de voir qu’il pouvait peut-être réussir autre chose que sa carrière, qu’il pouvait s’épanouir dans sa vie personnelle, que tout s’emboite bien, sans qu’il ait à choisir entre le travail et le reste. Il avait si souvent, pour ne pas dire toujours, choisi sa vie professionnelle avant tout le reste. S’oubliant même dans une relation facile avec une femme qu’il avait bien failli épouser, simplement parce que ça cadrait bien avec son job. Nova ne demandait pas grand chose, juste qu’il s’ouvre à lui, il lui laissait même tout le temps dont il avait besoin, du moment qu’Eli ne fasse pas tout foirer une fois encore, c’était presque trop beau. C’est pourtant bien de t’embrasser sur mon bureau… Il sourit, amusé, même s’il comprenait parfaitement que dans ses paroles le blond parlait de se montrer ensemble en public, comme un couple. Dans un milieu comme la mode les coming-out sont presque monnaie courante tu sais. Il s’agit juste de l’assumer, c’est tout. Et pour l’instant il ne disait pas qu’il y arrivait, il n’avait pas peur pour sa réputation, celle-ci il la gérait comme il voulait, mais il fallait qu’il soit en accord avec lui-même et à l’aise avec l’image qu’il renvoyait. Et pour être honnête il aimait cette image d’homme hétéro un peu viril qu’il véhiculait, il aimait toujours autant que le regard des femmes glisse sur lui lorsqu’il se présentait comme couturier, lorsqu’il était à des événements publics. Il n’était pas gay, Elijah, malheureusement s’aurait été trop simple, il aimait toujours autant les femmes, même si son cœur s’emballait pour un beau blond. Non, dans la chambre d’ami, fermée à clé pour être sûr que tu ne me sautes pas dessus ! Il laissa échapper un rire, amusé par la question d’Eirik. J’ai un grand lit… Attrapant une paire de baguettes Stuart attrapa un maki au saumon qu’il dégusta tout en regardant Nova galérer avec ses couverts. Il allait devoir lui apprendre à se servir de baguettes ! Il soupira en réfléchissant à sa question, se calant contre le dossier de son canapé Elijah réalisait qu’il n’avait jamais tiré cette histoire au clair, il avait été le premier à dire qu’il était fiancé, plus pour se protéger qu’autre chose, maintenant Eirik voulait des réponses, ce qui était logique. Je ne pense  pas que cet engagement signifie encore quelque chose aujourd’hui tu sais. Quand j’ai fait part à Emma de ma promotion et du changement que ça impliquait elle est parti passer la nuit avec un autre. On s’était financé parce que ça faisait parler de nous, on avait bonne presse, comme couple. Mais en quittant Sydney je l’ai quitté elle aussi en un sens. Elle se trouvera un nouveau pigeon, je ne m’en fais pas pour elle. Il s’approcha d’Eirik. Il ne faut pas que tu t’en fasses non plus. Puis il déposa un baiser sur ses lèvres pour lui prouver qu’il ne devait pas s’inquiéter.

Eirik et Elijah n’avaient encore jamais été intimes, jamais ils n’étaient allé au delà des baisers, même pas de caresses plus poussées que leurs doigts qui se perdaient dans la nuque de l’autre. Il fallait dire que tout ça était encore nouveau pour le couturier qui n’avait jamais eu de relation avec un homme. Jamais il n’avait fantasmé sur un corps masculin, du moins il ne se l’était jamais autorisé. Il avait longtemps cherché des courbes féminines pour assouvir ses désirs et il s’en était contenté, c’était la chose correcte à faire. Pourtant, à présent, à chaque fois que le blond s’approchait un peu trop près de lui une chaleur nouvelle s’emparait de ses sens et il donnerait soudainement tout pour en découvrir plus. Alors parler là de fantasmes, on n’en était sûrement pas loin oui. Le top 5… j’suis pas certain de vouloir connaître les autres ! Après tout Eirik assumait son homosexualité et il devait avoir des fantasmes bien moins avouables, des choses qu’Elijah n’assumerait probablement pas encore. D’ailleurs, en parlant d’assumer, il y avait toujours une marge, voir même un fossé, entre ce que le brun disant et ce qu’il faisait ou pensait réellement. Quand il parlait de coming-out fréquents, comme s’il était capable de le faire en un claquement de doigts, en vérité il ne parlait que d’un fait général, d’un phénomène de société bien connu dans le domaine de la monde et de l’art en général, milieu bien plus libéré que d’autres sur ce point de vue, là. Pourtant il n’avait, pour l’heure, aucune intention de faire son propre communiqué officiel, sa relation avec Eirik était bien trop instable, incertaine, pour qu’il en parle à qui que ce soit. Un peu gêné, il passa sa main dans sa nuque en souriant légèrement. On verra… rien ne presse. C’était sa façon à lui d’esquiver la question dérangeante d’Eirik, celle qu’il avait posé en ayant presque des étoiles dans les yeux, croyant avoir droit à un traitement de faveur. Il avait raison, le gamin, Elijah restait amoureux des femmes, il avait juste un peu compliqué les choses… Heureusement, un peu d’humour vint alléger leur conversation qui devenait un peu trop sérieuse aux goûts du styliste. Peut-être que tu as raison… Il sourit malicieusement. Probablement qu’il serait difficile de résister en sachant que l’objet de ses désirs dormait dans la pièce attenante à sa chambre. Visiblement cette histoire de fiancée chiffonnait le jeune norvégien, Eli pouvait le voir, même s’il ne faisait que lui suggérer des choses, dans son intérêt à lui, Nova espérait bien qu’Emma ne fasse définitivement plus partie de sa vie. Ce qu’il ne semblait pas comprendre c’est que pour Elijah tout était clair, il n’y avait plus rien entre lui et la jeune femme. Mais peut-être se trompait-il, peut-être devait-il rendre les choses plus officielles. Le problème c’est qu’il était plus du genre à prendre la fuite sans se retourner, à laisser les choses derrière lui, à tout plaquer en se disant que c’était sa façon à lui de tout arrêter. Mais il devait grandir un peu, assumer ses choix. Je l’ai prise ma liberté. En venant vivre ici. Mais si tu veux je lui parlerai. Si ça peut te rassurer. Il lui sourit tendrement en caressant sa joue douce, Eirik avait encore une peau de bébé. Une fois qu’ils eurent fini de manger, le brun rangea et nettoya leur repas, en véritable maniaque qu’il était, quelque soit la suite de leur soirée, il ne comptait pas laisser de la nourriture traîner sur sa table. Face à son évier, alors qu’il se lavait les mains, il sentit la présence d’Eirik derrière lui, ses bras entourer sa nuque qui lui arrachèrent un frisson. Il se retourna pour lui faire face avec un léger sourire au coin des lèvres et se laissa embrasser, emporter par la fougue du jeune homme. Il en aurait voulu plus, bien plus, alors que ses lèvres qui quittèrent les siennes pour aller chatouiller son oreille. Il avait raison, Nova. Et maintenant ? Soudainement fébrile, Stuart eut l’impression d’être à nouveau un gamin débutant. J… J’en sais rien. Il va falloir que tu m’aides un peu. Sondant son regard quelques secondes, il pouvait lire l’envie dans les yeux d’Eirik, en écho à la sienne. Une main se frayant un chemin dans le cou du jeune homme, il l’attira à lui pour un nouveau baiser fiévreux.