#16 - just don't let me disappear (jalix)

Posée sur ton lit, tu clôtures le tournage de ta dernière vidéo de la journée avant d'éteindre la caméra pour de bon. Du moins, pour aujourd'hui. Tu soupires, fatiguée d'avoir enchainé quatre tournages pour prendre de l'avance en prévision des semaines chargées qui se présentent. Tu adores la vie que tu mènes mais parfois, c'est assez compliqué de combiner ta vie professionnelle et personnelle. Même tes deux métiers sont parfois difficiles à combiner alors avoir une vie sociale, tu ne sais plus vraiment ce que c'est. Les rares moments que tu as, tu les passes avec Alek et même si tu es bien avec lui, voir tes amis, ça te manque beaucoup. Tu as l'impression que ça fait une éternité que tu n'as plus passé une soirée à l'appartement avec tes colocataires et malheureusement, pour une fois que tu es disponible, Bellamy ne l'est pas. Néanmoins, tu entends du bruit provenant de la cuisine et tu pries pour que ce soit Jackson qui passe la soirée à l'appart' pour une fois. Tu te diriges vers le bruit, souriant en voyant le jeune homme fouiller dans le frigo. « Y'a plus grand chose, je crois qu'on devrait aller faire des courses. » Dis-tu en haussant légèrement les épaules. « Dis-moi que tu passes la soirée à l'appart'. » Ajoutes-tu en le suppliant presque du regard. Tu n'as pas envie de bouger d'ici mais tu n'as pas envie non plus d'être seule. Et pour une fois, tu n'as pas envie d'appeler Alek non plus. Tu as besoin de renouer un peu avec cette liberté que tu aimais tant avant de te mettre en couple. Et tu sais que Jacks est la meilleure personne pour ça. « Tu passes la soirée avec moi, comme au bon vieux temps ? » Tu le regardes avec une pointe de malice dans le regard avant de venir t'installer sur un tabouret haut de la cuisine. Tu joues à un jeu dangereux, tu le sais, mais c'est plus fort que toi. Il y a toujours eu ce petit jeu de séduction entre Jackson et toi et tu n'es pas prête à y mettre un terme.
Pas encore.

Bientôt un mois que t’étais débarqué à Bowen et t’avais pas l’impression d’avoir accompli quoi que ce soit. T’avais imaginé ton arrivée avec des feux d’artifices, t’avais cru que tu pourrais être le roi en reprenant Brooke et en retrouvant ton demi-frère. Au final, Brooke débordait d’un amour démesuré pour Sacha et Emrys ne semblait pas des plus heureux de te voir dans la même ville que toi. T’avais l’impression que d’un côté comme de l’autre, tu n’avais pas ta place. T’avais pensé à repartir, mais t’avais nulle part où aller. Depuis que le cirque avait fermé ses rideaux, que le spectacle était terminé à jamais, tu avais perdu ta famille. Tout le monde était reparti de son côté, aux quatre coins du monde, et toi t’avais eu l’impression de rester au milieu sans bouger. T’aurais pu rentrer dans ta ville natale, retrouver tes parents, mais c’était pire que de stagner. C’était de faire marche-arrière. Puis, tu avais trouvé ces deux colocataires qui avaient bien voulu te louer leur chambre en trop. Bellamy et Alix, deux personnes franchement géniales. C’était ces deux-là, au fond, qui avait le plus contribué à te faire sentir chez toi. Eux, et ce barista que tu ne pouvais t’empêcher de retourner voir matin après matin, pour le plus grand malheur de ton portefeuille qui n’en pouvait plus de ces cafés Starbucks. C’est d’ailleurs dans un soupire d’angoisse pour ce même portefeuille que tu constatas qu’il n’y avait rien dans le frigo. Tu refermas la porte de ce dernier en entendant la voix d’Alix, après avoir sursauté en te cognant la tête contre le bas du congélateur. « Ouch. » Grommelas-tu en te massant le dessus de la tête en riant. « Ou on commande un truc et on s’fait pas chier à sortir ce soir. » Et donc, pour confirmer davantage la chose, tu répondis à Alix : « Ouais, j’comptais m’enfermer dans ma chambre et mater au complet la nouvelle saison de Casa de Papel mais si t’es ici aussi, j’passerai pas à côté de l’occasion de connaître un peu mieux la plus belle des colocataires. » À force de passer autant de temps avec Alejandro, t’en devenais aussi lourd que lui. Tu souris. Quand elle proposa de passer la soirée ensemble, donc, tu hochas la tête, même si la tournure de ta phrase te fit rire. « Comme au bon vieux temps d’il y a trois semaines ? Avec plaisir, oui. » Tu rigolas légèrement. Vous passiez plus de temps ensemble à ton arrivée, sûrement parce qu’elle savait que tu ne connaissais pas beaucoup de monde par ici. « On n’a peut-être rien à bouffer pour le moment mais j’ai vu que j’ai tout ce qu’il faut pour faire de bons cocktails improvisés. J’t’en fais un ? » Demandas-tu à la DJ.

Tu ne peux réprimer un rire en voyant Jackson se cogner la tête par ta faute. « Désolée, j’voulais pas te faire peur. » Heureusement, le brun n’a pas l’air de t’en tenir rigueur. Tu hoches la tête quand il propose de commander quelque chose à manger, bien emballée par cette idée. « Parfait. Italien ? » Demandes-tu à propos du choix de votre repas. La cuisine italienne n’est pas du tout la même ici qu’en Italie, chez toi, mais tu ressens quand même le besoin, parfois, de renouer un peu avec tes origines. La cuisine de ta mère te manque chaque jour alors, de temps en temps, tu prends une de ses recettes et tu la concoctes pour tes colocataires. Et presque à chaque fois, c’est un succès. Mais ce soir, tu n’as pas envie de te prendre la tête. Tu lèves les yeux au ciel quand il te complimente. « En même temps, j’suis la seule femme dans notre coloc’ alors c’est pas compliqué. » Rétorques-tu, taquine. « J’ai pas encore vu non plus la nouvelle saison alors on pourra regarder le début ensemble, si tu veux. Après avoir discuté un peu. » Parce que, toi aussi, tu comptes bien en apprendre davantage sur Jackson. Il n’est pas là depuis longtemps mais tu as l’impression que ça fait une éternité que vous n’avez pas eu de vraies discussions. En ce moment, soit il n’est pas là, soit c’est toi. Il faut dire qu’avec la vie que tu mènes, tu n’as que rarement une soirée de libre. Tu regardes ton téléphone en voyant un nouveau message d’Alek arriver mais le reposes aussi vite sur le plan de travail de la cuisine. Ce soir, ce n’est pas contre lui mais tu as juste envie de passer une soirée tranquille. Et même si tu sais qu’entre Jacks et toi il y a du flirt dans l’air, tu as simplement besoin de voir que tu plais encore. « Ouais, t’as compris ce que je voulais dire ! » Tu dis, en riant. « J’ai juste l’impression que ça fait une éternité qu’on s’est plus croisé à l’appart. » Ton regard s’illumine quand le brun propose de vous faire des cocktails. Tu n’es pas du genre à te mettre la tête à l’envers mais tu ne refuses jamais un bon verre d’alcool pour te détendre une fois de temps en temps. Même si tu travailles dans le milieu de la nuit, ça ne veut pas dire que tu bois tout le temps ou te drogues, pour autant. « T’es vraiment en train de me poser la question ? » Demandes-tu avec un rictus aux lèvres. Tu poses tes coudes sur le plan de travail puis déposes ta tête sur tes mains, observant Jackson aller et venir alors qu’il vous prépare des cocktails. « Comment ça se passe pour toi, à Bowen ? Tu t’y plais ? En dehors de ta coloc’ avec ta merveilleuse et sexy colocataire, bien sûr. » Tu le regardes avec une once de malice dans le regard avant de rire et de détourner les yeux.

T’esquissas un sourire. « C’est raté pour le coup. » Tu terminas de te masser le dessus du crâne avant de te tourner vers Alix, proposant de commander quelque chose à bouffer plutôt que de sortir faire les courses. Éventuellement, tu prendrais un peu plus tes marques à Bowen et tu t’en approprierais ses endroits, mais pour le moment t’avais encore cette impression d’être de passage, même si ce n’était plus le cas. Remplir le réfrigérateur ne te venait donc pas si aisément en tête. « Ah, typique des italiens, à proposer votre propre bouffe plutôt que d’essayer un peu. » Te moquas-tu, toi qui aurais probablement proposé de commander une paella espagnole si elle n’avait pas été la première à en parler. Tu n’étais donc pas mieux vis-à-vis de tes origines. Tu souris donc. « J’me moque de toi of course. Je suis toujours partant pour de la cuisine italienne. » Tu avais d’ailleurs eu la chance, au début du mois, de goûter à celle d’Alix, suivant les recettes de sa mère. Mais ce soir ni l’un ni l’autre ne sembliez tentés d’ouvrir les fourneaux. « De notre colocation actuelle peut-être mais qui te dis que j’en ai pas eu d’autres ? » Tu arquas un sourcil en souriant même si tu savais que t’étais en train de la mener en bateau. Non, tu n’avais jamais eu d’autres colocations, du moins pas de celles que tu vivais actuellement. Depuis que t’avais eu l’âge de vivre sans tes parents, tu vivais avec le cirque, d’hôtel en hôtel, et tu partageais ta chambre avec d’autres artistes, en rotation la plupart du temps. Ce n’était pas le même genre de relation, c’était comme de suivre une grande famille un peu partout sur les continents. « Ouais j’veux bien, mais j’te préviens je la regarde en espagnol hein, pas le choix … On pourra t’mettre les sous-titres si t’es pas capable de suivre. » Une série télévisée de ton pays qui devenait un phénomène mondial, tu ne te ferais pas chier à la regarder doublée en anglais. Tu regardas Alix ouvrir son téléphone et le refermer aussi tôt. Tu t’accoudas sur le comptoir, intrigué. « Trouble in paradise ? » Demandas-tu, en faisant référence à son petit ami que tu n’avais pas encore rencontré. Tu n’étais jamais là quand il passait. Alix le releva d’ailleurs en disant qu’elle avait l’impression que ça faisait une éternité que vous ne vous étiez pas croisés. « C’est vrai. J’crois que nos horaires s’accordent vraiment mal. » Même si un horaire, t’en avais pas vraiment. Tu te décidais juste à sortir quand elle rentrait, faut croire. Ce n’était même pas volontaire. Tu te rattraperais ce soir et ça commençait par lui offrir un cocktail. « Juste pour m’assurer d’avoir eu ton consentement initial parce que je prévois ne pas y aller de main morte avec l’alcool. » Tu ris tout en sortant deux verres highball et un shaker. Après, tu te lanças dans des allers-retours vers le frigo et l’armoire à alcool tout en concoctant un drink inspiré sur le moment. Alix te posa des questions sur ton acclimatation à Bowen. « C’est sûr que t’y es pour beaucoup, mais je m’y plais oui. » Tu lui souris, le regard brillant et taquin. « Mes retrouvailles avec Brooke ne se sont pas passées comme je voulais mais ça me montre qu’il est peut-être temps que je tourne la page, moi aussi. » Que tu laisses le cirque de côté, puisqu’il ne reviendrait pas de toute façon. Et que tu te trouves quelqu’un d’autre que Brooke pour vivre une relation sans attache mais passionnée, puisqu’elle avait trouvé quelqu’un pour te remplacer. Tu plongeas ton regard dans celui d’Alix, sachant fort bien que ça ne pouvait être elle, même si t’aurais été tellement tenté.

Tu lèves les yeux au ciel en entendant la remarque de Jackson à propos des italiens. « Italiens, espagnols, c'est du pareil au même. » Dis-tu avec un sourire au coin des lèvres. Tu es persuadée que le brun aime autant manger la cuisine de son pays que toi. « T'as plutôt intérêt à être partant sinon j'te ferai plus jamais goûter ma cuisine. Et tu ne pourras plus non plus être le testeur. » La dernière fois que tu as cuisiné pour Bellamy et Jacks, c'est ce dernier qui a goûté avant tout le monde le contenu de la casserole. Chez toi, c'est toujours Alana qui avait ce privilège mais ça ne t'a jamais dérangé, toi, tu préférais regarder ta mère cuisiner pendant des heures. Alors que l'espagnol te complimente, tu ne peux que montrer un peu de réticences. Tu sais qu'il joue parfaitement avec les mots et quelques fois, quand ton esprit dérive, tu ne peux t'empêcher de te demander s'il joue aussi bien avec ses doigts ou sa langue. Tu chasses ces pensées de ta tête, te concentrant à nouveau sur votre conversation. « T'es un beau parleur, Jacks. » Tu le taquines et tu fais mine de ne pas y croire mais au fond, t'aimes bien quand ton colocataire te complimente et surtout, tu es plutôt flattée venant d'un homme comme lui. Tu hoches la tête quand il accepte de regarder la Casa de Papel à tes côtés mais exige la version espagnole. De toute façon, c'est toujours en VO que tu la regardes, enfin, avec les sous-titres. « J'ai toujours préféré les versions originales mais en effet, j'aurai quand même besoin des sous-titres parce que si je ne comprends pas et que je te pose des questions, de un, tu vas perdre le fil et de deux, tu serais capable de me faire croire n'importe quoi. » Tu ris, secouant légèrement la tête. Quand tu reposes ton téléphone sur le plan de travail, Jacks ne manque pas de le remarquer et te questionne immédiatement. Il est au courant pour ta relation avec Alek, enfin, dans les grandes lignes. Tu n'es pas très bavarde quand il s'agit d'amour. « Non ça va... j'crois. » Tu réponds, restant assez évasive. Tu ne mens pas, ça se passe bien entre Alek et toi mais quelque chose te bloque et tu n'as pas encore réussi à mettre le doigt dessus. Tu soupires quand l'acrobate confirme que vos horaires ne s'accordent pas. En effet, on ne peut pas dire que vous vous soyez croisés régulièrement ces derniers jours. Vous vous êtes plutôt entraperçus sans réellement pouvoir discuter. Tu ne peux t'empêcher de rire quand Jacks t'avertit qu'il compte bien mettre une dose d'alcool plus que nécessaire dans vos cocktails. « Doucement quand même... comme je ne bois pas très souvent, je ne tiens pas bien l'alcool. » Quand tu travailles, tu ne bois quasiment jamais et comme tu travailles la nuit, il ne te reste pas beaucoup d'occasions pour boire. Et puis, ça ne t'intéresse pas tant que ça de finir en total blackout. « A moins que ton but soit de me saouler. » Ajoutes-tu en arquant un sourcil sans détacher ton regard de celui de ton colocataire. « Je le savais. » Dis-tu en balayant tes cheveux vers l'arrière, prenant un air sûr de toi, quand il affirme que tu y es pour quelque chose s'il s'acclimate correctement à Bowen. « T'étais amoureux d'elle ? » Demandes-tu quand il te parle de Brooke, les sourcils légèrement froncés. « Elle doit être idiote pour ne plus vouloir de toi. » Tu tentes de le rassurer comme tu peux même si, dans le fond, tu le penses.

Sa remarque te fit rire, du pareil au même, heureusement qu’elle était elle-même italienne et qu’elle n’avait donc pas un point de vue totalement extérieur pour dire ça, autrement t’aurait crié au scandale, juste en l’honneur des origines de ta mère. Alors qu’Alix te menaçait de ne plus jamais goûter sa cuisine et même, de ne plus être son testeur, tu la regardas avec horreur. « Comment oserais-tu ?! » Alors à la place, tu sortis les menus gardés dans l’un des tiroirs. Dommage qu’UberEats ne livrait pas jusqu’à Bowen. C’était un peu trop un trou perdu dans lequel t’avait choisi d’aller t’effacer. Tu sortis ceux dans lesquels se trouvaient des restaurants italiens et tu les étalas devant vous. « Your pick. » De toute façon, la cuisine italienne à Bowen n’étant pas ce qu’elle était en Italie, tu ne voyais pas vraiment la différence jusqu’à maintenant. Tu n’avais pas eu le temps de tous les essayer alors peut-être qu’Alix pourrait te surprendre avec un endroit dont la bouffe s’apparentait à la vraie de vraie. Tu continuas à parler à ta colocataire entre-temps, la couvrant même de compliments qui la faisaient sourire. Alors ça te faisait sourire à ton tour. Elle était belle, Alix, quand elle avait ce visage brillant, cet éclat dans ses yeux. « Beau parleur, mais pas pour autant petit faiseur … » Relevas-tu, pour ne pas qu’elle pense que tu étais de ceux à savoir bien parler mais à ne pas aller de l’avant pour tout le reste. Oh, tu aimerais lui montrer que t’étais capable de beaucoup, de beaucoup plus, mais Alix appartenait à un autre. T’étais arrivé juste un peu trop tard. À la place, donc, votre soirée se résumerait à discuter et à regarder la nouvelle saison de La Casa de Papel, ce qui était tout de même un bon plan de match, faut dire. Tu éclatas de rire quand Alix mentionna que si elle se fiait à toi pour lui expliquer ce qu’elle ne comprenait pas dans ta langue, tu lui ferais croire n’importe quoi. « Tu commences à bien me connaître, petit à petit, n’empêche ! » Parce qu’elle avait tout à fait raison. Alix jeta ensuite un coup d’œil à son téléphone pour le reposer aussitôt, face contre le comptoir, ce qui attira ton attention. Ton attention un peu malsaine sans doute. « Tu … crois ? » Ce n’était pas vraiment convainquant, à tes yeux. Peut-être qu’avec un peu d’alcool, elle y verrait plus clair – la douce ironie. Tu commenças donc à vous concocter de délicieux drinks inventés à la seconde où tu repérais les ingrédients. « Ce ne serait pas très gentleman de ma part de vouloir te saouler. » Un sourire se dessina au coin de tes lèvres, révélant ces parenthèses sur tes joues qui ouvraient la porte à toute ta malice. Ce fut alors à ton tour de te confier, ou du moins de parler un peu plus de toi, quand Alix te questionna sur ta relation avec Brooke. Tu secouas la tête négativement. « Non. J’étais pas amoureux d’elle. On n’était pas ensemble, pas comme ça. Mais elle était ma partenaire, dans les airs, et on avait ce lien vraiment unique et j’ai juste l’impression qu’elle a trop vite retrouvé ça avec quelqu’un d’autre que moi … » Et elle en était même tombée amoureuse. Elle avait changé. « Plus, je pourrais pas tomber amoureux d’une femme, j’crois. » Lui avouas-tu.

Tu ris en voyant l'air horrifié de Jackson quand tu lui annonces qu'il risque d'être suspendu de ses fonctions de testeur. Bellamy serait ravi de prendre cette place, d'ailleurs. Mais c'est une menace en l'air parce que dans le fond, tu aimes bien voir l'espagnol fermer les yeux quand son palais entre en contact avec les saveurs de ta cuisine et que les commissures de ses lèvres se relèvent doucement. « Au moindre faux pas, j'te vire de ma cuisine. Alors fais gaffe. » Dis-tu en te pinçant les lèvres pour ne pas rire. Tes yeux s'arrêtent sur les menus disposés devant toi quand ton colocataire te laisse le loisir de choisir. Tu lui désignes un restaurant dans lequel tu as déjà été et que vous avez beaucoup aimé, Bellamy et toi. Il n'est pas parfait mais il est au moins tenu par des italiens. Des italiens nés en Australie mais des italiens quand même. « Et si tu choisissais un plat pour moi et moi pour toi ? » Vous ne vous connaissez pas encore beaucoup, tous les deux, mais tu es persuadée de trouver un plat qui conviendra à Jacks sans trop de difficultés. Quand ton colocataire te complimente, tu ne peux pas t'empêcher de le traiter de beau parleur même si c'est plutôt agréable de voir que tu ne le laisses pas indifférent. Tu lèves les yeux en entendant sa réponse avant de demander : « Ça c'est toi qui le dis... dois-je te croire sur parole ? » Tu t'aventures peut-être sur un terrain un peu dangereux mais c'est plus fort que toi, tu es d'humeur joueuse ce soir. Et surtout, tu as besoin de retrouver cette liberté, dans ta relation avec Jacks, que vous aviez au début de votre rencontre. « Je suis douée pour cerner les autres. » Dis-tu en souriant. Tu es surtout grande observatrice et souvent, ça t'aide pour comprendre les autres. « Tu serais capable de me faire croire que Nairobi et Tokyo sont ensemble alors bon... j'vais garder les sous-titres. » Et ce ne serait pas déplaisant de voir ce duo à l'écran, bien au contraire. Mais malheureusement, les scénaristes n'ont pas eu cette idée. Tu devrais peut-être leur soumettre pour la partie quatre ? Quand ton colocataire t'interroge sur ta relation avec Alek, ta réponse est évasive et ne semble pas lui convenir. En même temps, on ne peut pas faire plus ambigu comme réponse. « Oui. J'suis bien quand on est ensemble mais je ressens toujours ce besoin de liberté. Il ne me quitte pas et j'ai même l'impression qu'il grandit au fur et à mesure que notre relation avance. » Peut-être est-ce le signe que tu n'es pas totalement prête à t'engager sur du long terme ? Tu n'en sais rien mais ce soir, tu n'as pas vraiment envie de te prendre la tête avec ça. Alors, les cocktails de Jackson tombent à point nommé. « C'est vrai. Je n'ai pas encore eu l'occasion de te voir en parfait gentleman, c'est sûrement pour ça que j'en doute. » Tu rétorques, avec un sourire malicieux au coin des lèvres. En réalité, tu n'en doutes pas vraiment mais si tu peux le voir se comporter comme tel ce soir, tu ne vas pas cracher dessus. Tu l'écoutes attentivement quand l'acrobate t'explique sa relation avec Brooke, sa partenaire. Tu peux comprendre qu'il se sente mis de côté si elle est réellement passée à autre chose aussi vite qu'il le dit. « Donc ça te donne un peu l'impression que votre lien n'était pas aussi unique que ça ? » Demandes-tu pour comprendre. Quand il t'avoue ne pas pouvoir tomber amoureux d'une femme, tu fronces légèrement les sourcils, un peu étonnée. « Ah bon ? Tu aimes les femmes pour le côté physique de la relation, alors ? » Tu ne le juges pas, bien au contraire. De ton côté, tu sais que tu pourrais tomber amoureuse simplement d'une personnalité, peu importe le sexe de la personne.

« Tu parles comme une vraie mama italienne, là ! » Être viré de sa cuisine, comme si être derrière les fourneaux était sa seule vocation, ça te faisait surtout, surtout venant d’Alix qui avait un avenir tellement prometteur avec les beats de fou qu’elle envoyait lors des spectacles et des soirées. T’avais rarement autant dansé – sur terre – que quand c’était Alix qui rythmait ta vie. La jeune femme te proposa de choisir pour elle un plat, et elle en ferait de même pour toi. Tu la regardas avec un petit air de défi, même si du coup tu étais complètement angoissé à l’idée de choisir quelque chose qu’elle n’aimait pas. C’aurait été normal, tu ne la connaissais même pas depuis un mois, mais ça te foutait quand même la pression parce que tu osais espérer que tu ne la décevrais pas. Étrangement, t’avais besoin de ne jamais la désappointer. « Deal. Mais pas le droit de changer si ça fait pas ton affaire, c’est ta proposition, tu vis avec les conséquences. » Dis-tu en souriant avant de prendre le menu et d’y jeter un coup d’œil. Tu pointas un numéro sur le menu. « Agnolettis farcis de mozzarella fumée. Voilà ce que tu mangeras. » Décidas-tu avec un sourire avant de lui tendre le menu pour qu’elle décide à ta place. Après ça elle se décida à se moquer de toi et de tes belles paroles, et tu ne manquas pas de l’informer que ça ne s’arrêtait pas aux paroles. « Tu peux me croire sur paroles, ou alors … me laisser te le prouver. C’est ton choix. » Tu haussas les épaules tout en haussant les sourcils, toujours ce même sourire qui ne quittait pas ton visage lorsque tu étais en compagnie d’Alix. Si Bellamy vous voyait aller quand il n’était pas là, il serait certainement exaspéré. Les moqueries se poursuivirent, cette fois à propos de ce que tu serais capable de lui faire croire pendant tes fausses traductions. « Ce serait quand même pas mal comme plot twist. Encore plus si, pour se réconforter, Rio se tournait vers Denver. » Alors là, ce serait le summum de l’excitation. T’oublias rapidement ces images-là en voyant l’air un peu dépité d’Alix alors qu’elle reposait son téléphone sur le comptoir et qu’elle répondait évasivement à tes questions. « T’as essayé de lui en parler ? » T’étais pas le maître de la communication mais c’était toujours bon à se rappeler. Tu continuas de préparer les cocktails pendant qu’Alix doutait de toi. « Alors continue de douter, parce que le parfait gentleman, chérie, il existe pas. » Et sur ce, tu versas le contenu du shaker dans les deux longs verres. « Et voilà, le Tedeschi. » T’en aurais bien besoin pour la suite de la conversation, parce que parler de ce que t’avais perdu avec Brooke, ça te rendait toujours nostalgique. « Ouais, voilà … Moi, j’m’imagine me donner en spectacle avec personne d’autre qu’elle. Alors de réaliser que c’est pas réciproque, ça a fait mal, ouais. » Tu soupiras, puis haussas les épaules, comme pour tasser ça. « Quelque chose comme ça, ouais. C’est surtout que … j’saurais pas l’expliquer, mais si j’ai à me réveiller jour après jour auprès de la même personne, je sais que ce sera un homme. J’ai juste jamais réussi à m’imaginer un avenir autrement. » Avec une femme, donc. Et pourtant, t’aimais les femmes, t’aimais les courtiser, t’aimais les toucher, t’aimer coucher avec elles. Mais tu n’étais jamais tombé amoureux d’une femme. « Ça fait du sens ce que je raconte ou pas vraiment ? » Demandas-tu en riant avant de porter ton drink à tes lèvres.

« Oh non, j’deviens comme ma mère ! » Dis-tu en feignant un air choqué. En réalité, tu aimerais beaucoup être comme ta mère plus tard, aussi forte et combattive qu’elle. Parler et penser à elle est toujours douloureux parce que tu sais qu’elle combat une maladie toute seule, à des kilomètres de toi. Heureusement, vous vous parlez sur WhatsApp quasiment tous les jours. « J’assumerai mon erreur ! Mais la nourriture italienne c’est toujours bon alors je ne prends pas trop de risques. » Tu consultes le menu à ton tour, bien décidée à trouver un plat qui conviendra à ton colocataire. « Pour toi ce sera des Cannelloni à la sicilienne. » Tu hoches la tête, sûre de toi. Tu attrapes ton téléphone pour contacter le restaurant et quelques secondes plus tard, votre commande est enregistrée. « Ils seront là dans 30 minutes. » Informes-tu Jackson en souriant. Ton sourire s’élargit quand le brun te propose de le laisser te prouver qu’il n’est pas qu’un beau parleur mais qu’il agit en conséquences. Tu sais que ce n’est pas une bonne idée d’accepter mais ce soir, tu as besoin de ce petit jeu entre l’espagnol et toi. « Je ne sais pas encore… » Dis-tu en faisant semblant de réfléchir réellement à la question. Tu préfères laisser planer le doute, arborant un sourire malicieux aux lèvres. Quand tu apprends que Jackson prévoyait de regarder la nouvelle saison de la Casa de Papel, tu émets l'idée de la regarder ensemble et comme toujours avec vous, le sujet dévie vers des théories complètement improbables. Denver et Rio... tu prends un air horrifié, bien trop exagéré pour la situation. « Pas touche à mon bébé Denver... Un jour, il verra à quel point je suis exceptionnelle quand j'irai mixer en Espagne et il me demandera ma main. » Dis-tu avec d'exploser de rire quelques secondes plus tard. Certes, tu fantasmes un peu sur Denver mais pas vraiment sur l'acteur en lui-même. Et puis, au-delà du fait que tu ne sois pas célibataire, ce n'est pas vraiment un scénario envisageable. Tu perds un peu de ton enthousiasme quand vous parlez de ton couple avec Alek parce que tu supportes difficilement la situation. En fait, t'es incapable de savoir ce que tu veux et tu détestes ça, toi qui es si sûre de toi et qui contrôles tout, d'habitude. « Nan parce que je sais qu'il va se braquer... Il va mal le prendre et je risque de le perdre. » Tu soupires, ne sachant pas quoi faire. « Enfin, j'ai pas envie de plomber l'ambiance avec mes histoires de couple débiles. » Dis-tu avec un faible sourire qui finit par s'élargir quand ton colocataire te tend son fameux cocktail à ton nom. « La perfection c'est surfait de toute façon. » Tu t'ennuierais, dans tous les cas, avec un mec trop parfait, trop lisse. « Quel nom fabuleux... je crois que ça va devenir mon cocktail préféré. » Réponds-tu avec un large sourire même sans avoir goûté le cocktail. Tu trinques avec l'espagnol avant de porter ton verre à tes lèvres et de murmurer un mmh de contentement. Quand tu interroges Jackson sur sa relation avec Brooke, tu vois bien que c'est un sujet compliqué qui le touche beaucoup. « Je comprends... mais peut-être que, justement, ça te permettra de retrouver ce lien avec quelqu'un d'autre. Peut-être qu'avant tu ne te l'autorisais pas vis-à-vis de Brooke mais maintenant que tu n'as plus aucunes barrières, ça viendra peut-être plus facilement ? » Demandes-tu en tentant de le rassurer même si tu n'es pas très douée pour ça. Tu bois une nouvelle gorgée du Tedeschi tout en écoutant Jackson parler de sa vision du couple. « Oui ça a du sens, je comprends ce que tu veux dire. C'est tout l'inverse de moi, j'ai l'impression. » Dis-tu en riant. « Personnellement, je tombe amoureuse d'une personnalité plutôt que d'un sexe ou d'un physique. Si la personne est une femme, un homme ou encore un(e) transgenre, je m'en fous, tu vois ? Je cherche surtout une connexion, un feeling. » Et plus tu y penses, plus tu as l'impression que dans ton couple, ce n'est pas exactement ce qu'il se passe et que c'est peut-être à cause de ça que tu ne parviens pas à t'investir totalement.

Tu te contentas de rire à l’air horrifié d’Alix quand elle pensa devenir comme sa mère. Toi tu ne pouvais pas dire que t’espérais devenir comme ton père, pourtant il ne t’avait rien fait, mais peut-être était-il là le problème. Il n’avait rien fait. T’avais plus eu l’impression d’appartenir à une famille avec le cirque Cirkaös qu’avec ton père ou ta mère. Ils t’avaient tellement poussé à l’entraînement, ils avaient visé tellement haut pour toi, et quand était venu le temps de rentrer dans la troupe du cirque, ils t’avaient laissé partir avec ce semblant de fierté mais t’avais surtout eu l’impression que ça avait été un soulagement pour eux. Un poids de moins sur leurs épaules. Il va sans dire que tu n’utilisais pas WhatsApp avec eux, non. « On vivra dangereusement un autre jour. » Dis-tu avec un rictus. Pour le coup il était vrai que peu importe ce qu’Alix décidait pour toi, tu risquais d’aimer. Rien que le nom te faisait saliver. « Bon pendant ce temps-là occupe-moi les pensées pour que j’arrête d’écouter mon ventre. » Tu souris, et bien vite les conversations défilèrent entre vous deux. Vous n’aviez jamais manqué de sujets de discussion, tous les deux, et vous pouviez passer des heures à parler. Ça t’avait manqué, ça, ces derniers jours. T’étais devenu tellement proche d’Alix en si peu de temps, ça en faisait peur. La blonde sembla laisser la porte ouverte à ce qu’il se passe quelque chose de plus entre vous, et ça ne tombait pas dans l’oreille d’un sourd. « Je tâcherai de t’aider dans cette décision … » Ajoutas-tu d’une voix joueuse. Par contre, tu savais que ce petit jeu-là se jouait sur le long-terme et tu ne voulais pas précipiter les choses. Ça réduirait tes chances. Alors tu te laissas volontiers prendre à ce jeu d’imagination avec la Casa de Papel, fantasmant en t’imaginant Denver et Rio ensemble. Ce serait bien mieux que ces conneries avec Tokyo. « Je ne te souhaite que ça, comme ça je pourrai au moins reluquer quand je veux … » Lâchas-tu dans un rire. Pouvoir te réveiller le matin et aller jeter un coup d’œil dans la chambre d’Alix pour le voir allongé là, nu, ça avait de quoi faire rêver. Mais au-delà de ces fabulations, il y avait Alek, et un réel problème. « … Alors tu peux pas lui faire part de tes peurs, de tes sentiments, parce que tu crains qu’il pète un plomb ? C’est peut-être ça qui t’étouffes, Al. » De se sentir incapable d’extérioriser, de garder tout en-dedans de peur de blesser l’autre, ça avait quelque chose de paniquant. T’espérais ne jamais te retrouver dans un couple où ton point de vue n’importerait pas assez pour l’autre, pour être écouté. « Tu plombes pas l’ambiance, bella. Mais si t’as pas envie d’en parler plus alors … buvons ! » Tu terminais justement vos cocktails que tu présentas comme le Tedeschi. « Amen ! » Conclus-tu à propos de la perfection. Même que toi, t’adorais les imperfections chez les gens. Tu trinquas avec Alix avant de tremper tes lèvres dans ta recette alcoolisée franchement réussie. Tu reposas ton verre avec sérieux en parlant de Brooke. « J’sais pas. Peut-être. Elle m’a bien parlé d’une fille qui est acrobate au Delirium et qui est en solo dans ses numéros mais … Pour le moment je suis pas prêt à passer à autre chose. Alors j’vais en vouloir à Brooke pendant un p’tit moment encore et je verrai après. » Avouas-tu avec un rictus. Au moins t’en étais conscient. Le sujet dévia ensuite vers vos orientations sexuelles. T’aimais vraiment pouvoir discuter aussi ouvertement avec Alix. « C’est une belle philosophie je trouve. Et pis t’as raison de chercher la connexion, le feeling. Y’a que ça de vrai en plus. Ça signifie tellement plus que ce qu’on a entre les jambes. » Dans ton cas, le feeling était juste davantage présent avec les hommes, tu le ressentais à chaque fois.

On vivra dangereusement un autre jour. Tu hoches la tête, un sourire malicieux aux lèvres, les yeux qui pétillent. Vivre dangereusement, c’est quelque chose qui t’anime du plus profond de tes tripes. Tu aimes te dépasser, relever tous les défis possibles et inimaginables même ceux qui semblent inatteignables. Tu as ce besoin constant de vivre à mille à l’heure parce que la vie est trop courte pour la gâcher. « Je croyais que j’occupais déjà toutes tes pensées… je suis déçue. » Dis-tu en feignant une moue triste, continuant à alimenter ce petit jeu entre vous. D’ailleurs, Jackson, aussi joueur que toi, n’hésite pas à faire de même. Il n’a rien à perdre, lui, toi par contre, on ne peut pas en dire autant. A force de trop jouer avec le feu, tu risques bien de te brûler et de perdre une personne à qui tu tiens beaucoup. Mais pour l’heure, tu n’as pas envie de t’attarder sur les conséquences de tes actes, le maitre mot de ta soirée étant détente. « Tu rêves là, si je le ramène à l’appart’, je m’assurerai que tu ne sois pas là sinon il risque bien de te préférer et de finir dans ton lit. » Dis-tu en riant. Jackson est un bel homme, c’est indéniable et tu n’imagines pas vraiment qu’on puisse lui résister. Si tu n’étais pas déjà en couple, ça ne fait aucun doute que tu aurais déjà tenté quelque chose avec lui. Mais il y a bien quelqu’un dans ta vie : Alek. Et même si c’est compliqué dans ta tête, en ce moment, tu ne veux pas le blesser. C’est pour cette raison que tu n’oses pas vraiment lui parler de ta réticence à t’engager. Ce n’est pas à cause de lui, c’est plutôt de manière générale. Tu as été trop déçue par le passé en amour alors, aujourd’hui, tu cherches d’abord à te retrouver toi-même avant de t’accrocher réellement à une relation. « J’en sais rien… je me trompe peut-être. J’ai juste pas envie de le blesser, tu vois ? J’veux pas qu’il croie que c’est à cause de lui, c’est simplement moi qui ne suis pas prête à m’engager pleinement dans une relation. » Tu soupires, passant une main dans tes cheveux blonds. C’est compliqué, trop compliqué pour toi qui détestes te prendre la tête. « Ca ne me dérange pas d’en parler mais c’est pas le sujet le plus fun de la terre. Boire par contre… » Rétorques-tu avec un faible sourire avant de porter ton verre à tes lèvres. Vous continuez sur votre lancée en parlant d’un autre sujet sérieux : Brooke. Tu vois que ça affecte pas mal ton colocataire qu’elle soit passée à autre chose si rapidement. D’ailleurs, il te l’avoue lui-même, affirmant qu’il risque de lui en vouloir pendant un moment encore. Tu ne peux que comprendre surtout si leur connexion était si forte qu’il le dit. « Du coup, je suppose que tu ne comptes pas travailler là-bas… Qu’est-ce que tu vas faire ? » Demandes-tu, curieuse. Tu es vraiment contente que Jackson ait décidé de passer la soirée à l’appartement, lui aussi, parce que parler avec lui de tout et de rien, c’est vraiment ce dont tu avais besoin. De la légèreté, voilà ce que ton colocataire représente à tes yeux et ça fait du bien. « Tout le monde ne comprend pas mais c’est comme ça que je vois les choses. » Certains de tes amis n’acceptaient pas cette ouverture d’esprit, contrairement à Jackson alors ça t’a tout simplement prouvé qu’ils n’étaient pas vraiment tes amis. « Mais oui, je pense aussi. Surtout qu’on peut avoir du plaisir de mille façons différentes. » Dis-tu en souriant malicieusement. Le sexe ne se résume pas qu’à un pénis et un trou à tes yeux et heureusement.

Tu souris. T’aurais jamais cru qu’Alix était en couple, en fait, aux premiers abords. Elle te parlait avec ce flirt dans la voix et dans les mots, elle te faisait tourner la tête de ses battements de cils et t’aurais craqué depuis bien longtemps si elle avait été seule. T’avais déjà craqué, toi, en fait. T’attendais, plus ou moins sagement, plus ou moins patiemment. « Sois pas déçue … tu sais bien que c’est qu’un prétexte pour ne pas avoir l’air trop accro. » Accro à elle, accro à ses sourires, accro à ses répliques qui te faisaient perdre pied. Tu n’étais jamais tombé amoureux d’une femme mais t’étais souvent tombé sous leur charme et celui d’Alix était inégalable. « De me préférer, j’dirais pas ça, mais p’t’être bien qu’il voudra nous avoir tous les deux en même temps. » Lanças-tu avec un regard à la fois défiant et amusé. Tu n’en laissais jamais passer une. Toutefois, au-delà de cette relation bien particulière que tu entretenais avec ta nouvelle colocataire, vous étiez d’abord amis. Et tu voyais bien que lorsqu’elle parlait d’Alec, quelque chose n’allait pas. Tu voyais bien que son esprit l’emmenait vers des endroits un peu sombres de remises en question. Tu ne savais pas vraiment ce que c’était, ce genre de réflexion, parce que t’avais jamais eu le temps de t’attacher à qui que ce soit de cette manière-là, depuis l’âge où ton cœur avait appris à aimer ou à désirer. Mais tu pouvais au moins l’écouter. « Je comprends. Mais c’est toi qui vas te blesser si tu t’engages là-dedans sans être totalement prête à le faire. Faut que tu saches t’écouter, aussi. » Tu avais certainement un parti pris en disant ça mais t’avais aussi l’impression que c’était la chose à faire. De penser à soi en premier. « Non mais c’est bien qu’on évacue tous les sujets sensibles avant de boire, justement. Ça évitera les crises de larmes existentielles plus tard. » Dis-tu en riant, portant tout de même ton verre à tes lèvres en même temps qu’Alix. Et dans cette suite d’idées, tu te lanças sur le sujet Brooke, qui était certainement un sujet sensible pour toi depuis ton arrivée dans cette ville. Tu soupiras à la question d’Alix. « Elle me l’a proposé, et tout le monde que je rencontre me dit que cet endroit commence à vraiment se faire connaître, alors je me dis que je devrais ravaler ma fierté et essayer mais … » Tu haussais les épaules en soupirant. « J’sais pas. C’est pas ce que j’ai toujours connu. C’est pas ce que je cherchais en venant ici. Mais c’est ça ou j’bosse dans un café, alors … » Et bien que l’idée de travailler auprès d’Alejandro te tentait pas mal, tu savais qu’au bout du compte tu ne serais pas heureux de faire ça jour après jour. Ce n’était pas toi. Tu avais tellement plus à offrir. Tu prendrais donc le temps d’y penser, même si ce temps-là, tu ne l’avais pas vraiment, vu le rythme auquel le sablier faisait aussi descendre ton compte en banque. « Ouh, j’aimerais bien que tu me montres ces mille façons. » Ça occuperait certainement cette soirée, même si tu savais fort bien que vous n’aviez pas besoin de ça pour que les heures filent. « On passe au salon ? » Demandas-tu en prenant ton verre sans même attendre la réponse de ta colocataire.

« Ahh, tu te la joues mec détaché c'est ça ? » Tu sais bien que tu n'as pas le comportement d'une fille en couple. Tu sais bien que tu joues bien trop avec le feu et que tu risques de te brûler si tu continues à ignorer les conséquences. Mais la sensation d'être en couple te donne l'impression d'être en cage et c'est un sentiment que tu supportes difficilement depuis qu'un homme a pris ton coeur pour le piétiner, le briser en mille morceaux. Tu sais qu'Alek n'est pas comme ça et qu'il ne mérite pas que tu flirtes avec ton colocataire mais là, tout de suite, tu ne peux pas faire autrement que répondre aux sous-entendus de Jackson. « C'est une idée intéressante... j'ai toujours rêvé d'un threesome. » Murmures-tu en souriant du coin des lèvres, pas du tout gênée comme si tu venais d'échanger des banalités avec ton colocataire. Tu joues avec les mots, franchissant les limites sans réfléchir, mais serais-tu réellement prête à franchir le cap ? Serais-tu prête à poser des gestes concrets avec un autre qu'Alek ? Tu n'en sais rien. Mais à force de t'enfermer dans une relation, sans t'écouter, comme le dit si bien Jackson, tu risques d'en souffrir et d'en faire souffrir un autre par la même occasion. T'écouter, ce n'est pas quelque chose dont tu as l'habitude parce que tu préfères mettre tes proches au premier plan. Tu préfères leur faire plaisir d'abord à eux, avant de te faire plaisir à toi. Cela a toujours été comme ça mais c'est une caractéristique commune à toute votre famille, c'est dans votre sang. Alors, ce n'est pas demain que tu risques de penser d'abord à toi mais tu y travailles, un peu plus chaque jour. « T'as raison mais c'est pas quelque chose dont j'ai l'habitude, il faut que j'apprenne. » Dis-tu en riant doucement. « C'est vrai et puis ça me fait du bien d'en parler avec toi, d'avoir ton avis. » Même si vous ne vous connaissez pas depuis très longtemps, avec Jackson, tu aimes discuter avec lui parce qu'il est une oreille attentive. Il t'écoute réellement et s'investit dans chacune de vos discussions. Alors il est tout naturel que tu lui rendes la pareille quand il te confie sa déception à propos de Brooke. « Oui, j'ai toujours eu de bons échos sur ce cabaret... Je crois qu'il cartonne en ce moment. Mais si tu décides de travailler là-bas, il ne faut pas que tu y ailles avec les pieds de plomb. » Parce que ça risquerait d'entacher sa passion et de le dégoûter du milieu. « Mais en même temps, il faut aussi que tu penses à toi... je ne crois pas que travailler dans un café soit vraiment ton truc. » Dis-tu en fronçant les sourcils. Tu peux lire dans le regard de l'espagnol toute la passion qu'il éprouve à l'égard de son métier d'acrobate quand il en parle. Il y a cette étincelle que tu adores voir dans ses yeux. « En plus j'aimerais beaucoup te voir à l'oeuvre. » Si Jackson a déjà pu te voir performer, lui, tu n'as jamais eu cette chance de ton côté. Mais tu es persuadée que ce serait un régal pour les yeux parce que ton colocataire a un charme naturel hors du commun. « Un jour, peut-être... » Murmures-tu, énigmatique, à propos des mille façons pour prendre du plaisir. Tu hoches la tête quand le brun propose de passer au salon, attrapant ton verre d'une main au passage. Tu déposes celui-ci sur la table basse puis prends la télécommande pour mettre Netflix. « S'il y a un truc que j'peux reprocher à la Casa de Papel, c'est qu'ils sont bien trop habillés... Enfin, sauf Tokyo. » Rétorques-tu en riant et en prenant place sur le canapé, aux côtés de Jackson, sans doute un peu trop près.

Un sourire se dessina sur tes lèvres, ton regard brillant de malice posé sur Alix. « Ouais … Sauf que je viens de te révéler ma tactique, là. J’ai tout gâché. » Tu ris. Tu savais que tu ne gâchais absolument rien. À la fois parce qu’il n’y avait à priori rien à gâcher, à la fois parce que tu savais que vous ne cesseriez peut-être jamais ce petit jeu inoffensif auquel vous vous adonniez dans le plus grand des secrets. La preuve, même lorsque vous parliez d’être hypothétiquement avec d’autres, t’arrivais à ramener ça à vous deux, à vous ensemble sous les mêmes draps. Cette idée de ménage à trois, sur laquelle Alix mettait des mots, avait de quoi alimenter tes fantasmes pour les prochains jours. Peut-être que ça remplacerait enfin la tête d’Alejandro qui les hantait ces temps-ci. « Ah, oui. Il faut l’avoir essayé au moins une fois dans une vie. » Tu l’avais déjà expérimenté, quand t’étais sur la route. Que ce soit avec deux femmes, deux hommes, un homme et une femme, t’avais tout vu, tout fait. Et quand tu disais au moins une fois, bien sûr toi t’avais en tête de le vivre plusieurs fois parce que c’était une de ces expériences qu’on n’oublie jamais. Tu te laissas même imaginer qu’Alek accepte un jour de laisser une troisième personne s’immiscer dans le lit qu’il partageait avec Alix. C’était de la folie, et ça te fit sourire. À entendre ta colocataire parler, il ne serait sans doute pas du genre à accepter une telle proposition. Elle n’oserait peut-être même jamais lui en parler, puisque la communication ne semblait pas être leur fort. Elle te donna au moins raison sur le fait qu’elle devait s’écouter. Tu ne souhaitais pas forcément qu’elle laisse Alek, mais si c’était ce qui la rendrait plus heureuse, tu voulais juste qu’elle prenne la bonne décision pour elle. T’aurais pu suivre tes propres conseils, toi aussi, à propos de ce que tu lui confias sur Brooke et sur le Cabaret Delirium. « Justement, c’est que je sais pas c’est quoi, mon truc, si c’est pas le cirque. J’ai pas eu un parcours normal où j’ai pu apprendre à découvrir ce que j’aimais et ce que j’aimais pas. J’ai toujours connu que les acrobaties. Alors sans ça … j’sais pas trop où j’dois me retrouver, tu vois. » Tu haussas les épaules. Le Cabaret Delirium ne t’enchantait pas pour le moment, mais au moins tu pourrais y retrouver ta passion. Le reste viendrait peut-être avec. Si tu te donnais le temps. Tu souris quand Alix t’avoua qu’elle aimerait beaucoup te voir à l’œuvre. « J’aimerais beaucoup que tu puisses me voir aussi. » Tu n’aurais pas fait ce métier si tu n’avais pas aimé qu’on te regarde. Entendre les cris de peur et de surprise, voir les regards brillants rivés sur toi, donner tout ce que t’avais sous une pluie d’applaudissements, ça te faisait vibrer. Y’avait que dans ces moments-là que tu te sentais véritablement vivant. Après un énième sous-entendu sur ce que vous pourriez partager l’un et l’autre, tu invitas Alix à passer au salon. Elle s’installa à côté de toi, son corps effleurant le tien sans gêne. Tu la regardas avec un doux sourire avant de porter tes yeux vers la télévision. « Mais oui, ils devraient la retirer plus souvent, cette combinaison rouge … » Tu ris, et quand la série débuta et que tu fermas la lumière à côté de vous en tendant le bras jusqu’à la lampe, tu passas finalement ton bras autour des épaules d’Alix. Un geste pas si anodin que ça, un geste qui était peut-être une invitation. Un geste que t’avais eu envie de faire, et tu l’avais fait, point final. Tu l’attiras un peu plus contre toi, t’installant confortablement sur le divan, les jambes étendues devant toi. Là, en ce moment, t’étais juste bien. Tu ne pensais pas au reste.

Ton rire se joint à celui de Jackson quand il se rend compte qu'il a fait foirer son plan. Tu ne sais pas s'il existe réellement un plan, mais ce petit jeu de séduction est bel et bien présent, lui. Et tu dois bien l'avouer, tu n'as aucune envie de prendre tes distances vis-à-vis de Jackson parce que ce flirt, c'est exactement ce dont tu as besoin en ce moment. Tu as besoin de fraîcheur, d'imprévu, et c'est tout ce que ton colocataire représente à tes yeux. « J'en prends bonnes notes. Tu seras le premier au courant si ça arrive un jour. » Réponds-tu avec un sourire malicieux au coin des lèvres. Ce serait encore mieux si Jackson participait à ce plan à trois mais pour l'instant, ce n'est pas possible puisque tu n'es pas totalement libre. Même si tu as dit à Alek que tu ne voulais pas précipiter les choses, ni vous mettre dans des cases, tu as l'impression que c'est exactement ce qui est en train de se passer. Laissant tes doutes de côté, tu décides de te concentrer sur ton colocataire qui semble en pleine remise en questions concernant son métier d'acrobate. Comme toi, il est tellement passionné par ce qu'il fait qu'il ne se voit pas faire autre chose. Si tu n'avais pas la musique et à présent, Youtube, tu ne sais pas à quoi ressemblerait ta vie. Alors, tu vois parfaitement où Jackson désire en venir mais malheureusement, tu n'as pas de baguette magique pour mettre fin à ses doutes. « Oui je vois parfaitement. Mais si être acrobate t'anime plus que n'importe quoi d'autres, alors il ne faut pas tourner le dos à ta passion sinon tu risques de le regretter par la suite. Après, tu viens tout juste d'arriver à Bowen donc tu peux peut-être prendre du temps pour toi, pour découvrir ce que tu as réellement envie de faire. » Dis-tu en souriant. Tu sais que l'aspect financier posera rapidement problème mais tu es persuadée, malgré tout, que Jackson a besoin d'un peu de temps pour se retrouver. « Alors j'ajoute ça à ma bucket list déjà bien longue. » Rétorques-tu en riant. « J'adorerais essayer, aussi, je n'imagine même pas l'adrénaline que tu dois ressentir avant de te lancer dans le vide. » Tu pourrais presque comparer ça aux quelques secondes avant de monter sur scène, pour toi. Mais sans avoir essayé, tu ne peux pas être formelle à cent pour cent. Une fois au salon, vous vous installez tous les deux sur le canapé sans doute un peu trop près l'un de l'autre, d'ailleurs. Mais à cet instant précis, toi non plus, tu ne penses à rien d'autres si ce n'est, apprécier le moment. Au fil de l'épisode, tu sens toute la tension présente dans ton corps depuis quelques jours s'évaporer et tu te surprends même à poser ta tête contre l'épaule de Jackson puis à caresser du bout des doigts sa main. Des gestes qui semblent naturels et pourtant, qui mettent en péril ton couple avec Alek. A la fin de l'épisode, tu lèves les yeux vers lui, ton visage à quelques centimètres du sien. « On en remet un autre pour continuer à fantasmer sur Denver ou tu as une autre idée ? » Demandes-tu, taquine, ton regard toujours ancré dans le sien.