let's have some fun (romeo)

La journée tu restais chez toi souvent, à tourner en rond, à pleurer, à crier, à peindre et le soir c’était presque pareil, jusqu’à ce que tu t’effondres dans ton lit. Parfois tu allais nager un peu mais tu pouvais nager moins longtemps qu’avant alors tu rentrais. Les jours filent et se ressemblent. Tu ne sais comment avancer, tu as l’impression d’être dans des sables mouvants qui t’enfoncent un peu plus chaque jour. Tu as toujours été fragile, ton enfance n’a pas aidé, ton métier agissait comme un anti-douleur et maintenant tu n’as plus rien. Parfois quelqu’un vient chez toi pour te sortir. Tu ne dis pas vraiment non même si tu n’as aucune envie d’aller faire la fête. C’est très contradictoire car tu n’aimes pas non plus rester chez toi. Même si ton appartement est une unique pièce, et une salle de bain, que tout est ouvert, tu te sens étouffer et tout ça te rappelle de mauvais souvenirs. Allongée dans le canapé, tu regardes la télé sans grand intérêt. Les séries comiques ne te font jamais rire et les drames te font sans cesse pleurer, en témoignes les mouchoirs présents sur la table. Tu aurais bien besoin de rayons de soleil dans ta vie. Tu en demandes trop aux autres, pensant que ce n’est que grâce à eux que tu peux t’en sortir.

Ce soir, l'australien avait prévu de rendre visite à Selma, amie qu'il s'était fait lors de ses quelques jours d'internements. Plutôt glauque comme rencontre, et pourtant, ça lui avait fait un bien fou de ne pas se sentir seule. Sa schizophrénie avait longtemps était un fardeau à sa vie que se soit personnel ou social. Il s'était renfermé dans une bulle et le jour ou il s'est fait interné, il aurait brûler la terre entière. Et pourtant, cela à bien aider à faire taire ses démons. Même si, il n'est absolument pas à l'abri d'une rechute. Selma en revanche, elle était loin d'être sur la bonne voie, il le savait. Alors parfois il lui rendait visite pour essayer de lui faire voir la lumière du jour. Il était têtu Romeo alors il la lâcherait pas comme ça, même si parfois, elle était détestable, mais, lui aussi après tout. Une fois devant la porte de chez la blonde, il frappa plusieurs fois. Selma, c'est moi, ouvre. Il avait toujours une petite appréhension, de la retrouver inconsciente ou pire encore, morte. Après tout, avec les dépressifs, on était jamais sur de rien. Mais, il pouvait pas lui en vouloir, elle lui en avait pas voulu elle, quand il avait pété des câbles, un nombre incalculable de fois à l'asile.

Tu te lèves pour aller chercher une bière dans ton frigo mais en chemin tu tombes sur ta bouteille de whisky qui traîne sur la table. Tu hausses les épaules décide de verser un peu de bière et de whisky dans ton verre. Un mélange peu commun, pas très appétissant et pas très bon au final mais tu t’en fous. Boire seule ce n’est pas un truc qui te dérange, tu t’en fous, si ça peut te faire sentir un peu moins en dehors du monde, à l’ouest, en décalage par rapport aux autres. Alors que tu te remets sur le canapé pour continuer à suivre cette série pour laquelle tu portes une importance limitée, quelqu’un frappe à la porte. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il n’y va pas de main morte. Tu ne te lèves pas, pas envie de voir du monde, tu n’as qu’à prétendre que tu n’es pas là. Tu reconnais rapidement la voix de Roméo et tu lèves les yeux au ciel. « Barre-toi, j’veux voir personne. » lui gueules-tu. Tu sais que ça ne sert à rien, il ne va pas partir, il est du genre persévérant quand il s’agit de vouloir te faire sortir de ton chez-toi. Tu avales une lampée de ton mélange avant de te lever à contre cœur pour aller lui ouvrir. « Tu veux quoi ? » Tu as la tête d’une personne mal endormi, mal réveillée, mal à longueur de journée en fait.

Tu n'avais jamais connu Selma réellement heureuse au fond depuis la perte de son boulot et tu ne sais pas pourquoi, tu ressentait toujours ce besoin de veiller sur elle, de lui faire voir la lumière du jour. C'était un peu comme une grande sœur pour toi, mais c'est toi qui jouait le rôle de grand frère, tout comme tu faisais avec ta petite sœur. Tu l'a connaissais très bien, du coup, tu ne prenais pas mal sa façon de réagir. J'compte pas partir Sel', c'est mal me connaître. dis-tu en soupirant. Elle le savait très bien de toute façon, mais, c'était bien tenter quand même. Tu lui souris malgré tout quand elle prit enfin la décision d'ouvrir la porte. Avant de lui répondre, tu pris le soin d'entrer pour ne pas qu'elle te referme la porte au nez. J'veux qu'on sorte, toi et moi, je t'emmène manger un truc, faire un ciné, ce que tu veux mais tu sors d'ici. dis-tu plus déterminé que jamais. Tu n'étais pas toujours un connard au fond, mais ça il n'y avait que ton entourage vraiment très proche qui le savait. Il ne faudrait pas griller ta couverture après tout. Il grimaça en voyant la bouteille d'alcool et prit soin d'aller la ranger, tant pis si elle râlait. Il ouvrit aussi ses rideaux et ouvrit une fenêtre, laissant entrer un peu de lumière et de chaleur. Ça sent le rat crevé ici, faut vraiment que tu sortes. dis-tu en soupirant.