Bad timing (w/Roméo)

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Bad timing

ft. Roméo Luciano

"Être en retard pour récupérer Lucia à l'école, ça ne m'était encore jamais arrivée. Mon réveil avait sonné, mais je m'étais rendormie jusqu'à ce que la maitresse de celle ci m'appelle. Je m'étais levée d'un bond du canapé en attrapant mes clefs pour aller la chercher, complètement paniquée, encore un peu dans le vague.

J'étais fatiguée, plus mentalement que physiquement, c'était pour cela que je faisais la sieste tous les après midi depuis une petite semaine. Porter un enfant était épuisant, bien plus que dans mes souvenirs, mais c'était peut être aussi parce que j'étais incertaine de ce que je voulais faire par la suite. Mon pilote n'avait pas la moindre idée de ce qui se tramait, je lui cachais que j'étais enceinte, que je pensais à avorter... Ce n'était pas sain pour notre relation, mais je ne savais pas quoi faire pour ne pas le blesser.

L'école n'était pas loin, heureusement, et j'étais arrivée en quelques minutes à peine. Il n'y avait déjà plus aucun parents et seuls Lucia et sa maitresse étaient présentes derrière la grille. Mais qu'est ce que j'avais fait... Les yeux de ma fille étaient rouges, elle avait du pleurer en voyant que je ne venais pas la récupérer, elle était collé à sa maitresse. Mon cœur de maman s'était serré en la voyant ainsi. Après m'être excusée platement, j'avais pris Lucia par la main pour repartir. Le stress retombait, j'écoutais ma fille qui me racontait sa journée, mais je n'arrivais pas à vraiment l'entendre. Mes oreilles bourdonnaient et tout autour de moi semblait vouloir tourner. Holy moly, ce n'était ni le moment ni l'endroit pour s'effondrer. Prenant sur moi, je pris une grande inspiration et alors que j'allais m'apprêtais à tourner au coin de la rue, je percuttais quelqu'un. Un grand homme au regard sombre... Roméo.

Papa ? Demanda Lucia en reconnaissant immédiatement l'homme qui se trouvait devant elle.

S'en était trop pour moi. Mon coeur battait tellement vite que ça en devenait douloureux. Je mis une demi seconde avant de me ressaisir et d'attraper Lucia par le bras.

Ce n'est pas papa. Papa n'habite pas là. Peut être que cet homme ressemblait à Roméo, mais il n'y avait aucune chance pour que se soit lui. Aucune. Pourquoi le karma m'en voulait autant ? J'avais déjà bien assez souffert comme cela pour que la vie en remette une couche."

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Ce n'est pas papa. Ces mots résonnent dans ta tête alors que tes sourcils se froncent de plus en plus. "Ce n'est pas papa ?" Comment ça "ce n'est pas papa" ? Bien sûr que c'est toi et même si à l'époque où Ana te donnait encore des nouvelles, tu ne vivais pas ici, tu n'as pas assez changé physiquement pour qu'elle ne te reconnaisse pas. Elles sont sur le point de s'en aller alors que tu reprends enfin tes esprits en croisant le regard interpellé de Lucia. Un tas de questions tournent dans ta tête mais tu veux à tout prix les retenir avant qu'elles ne filent et que les réponses à tes questions s'échappent avec elles. « Lucia, tu ne te trompes pas, c'est bien papa. » Souffles-tu, avec ton accent typiquement italien, un faible sourire aux lèvres. Tu te mets accroupi pour être à sa hauteur, espérant que la fillette fonce dans tes bras pour sceller vos retrouvailles. Tu n'en reviens pas qu'Ana tente de se barrer comme si tu n'existais pas. Aux dernières nouvelles, même si elle a tout fait pour que ce ne soit pas le cas, Lucia reste ta fille. « Ana. » Dis-tu en relevant la tête vers la brune, le regard un peu plus sérieux et dur que tu ne le voudrais. « J'aimerais qu'on discute. J'aimerais comprendre. Tu me dois bien ça. » Ajoutes-tu en faisant allusion à leur disparition et au manque de communication dont elle a fait preuve. Tu n'en reviens pas que Lucia soit là, enfin, devant toi. Mais... qu'est-ce qu'elles font à Bowen, d'ailleurs ? Tu les as cherchées pendant si longtemps que tu n'en reviens pas qu'elles soient enfin devant toi, totalement par hasard.

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Bad timing

ft. Roméo Luciano

"Ca ne pouvait pas être Roméo, pas ici à Bowen... J'étais en état de choc. Et comme si j'avais croisé un fantôme, j'avais repris la main de ma fille pour repartir, décidant que ça ne pouvait pas être lui. Mais il m'interpella et cette voie rauque ne pouvait appartenir qu'à une personne. Je me retournais doucement vers lui, la boule au ventre et avant que je ne puisse dire quoi que se soit, Lucia se sauvait pour rejoindre les bras de son père. Elle avait lâché toutes ses affaires pour retrouver l'homme qu'elle aimait tant, qui lui manquait depuis des années. J'avais beau savoir que j'avais fait ça pour sa sécurité, je m'en voulais de l'avoir privé d'un père aussi exceptionnel que l'homme face à moi.

Papà mi sei mancato molto. Bien sur qu'il lui avait manqué. Sa voie d'enfant prenait le même accent sicilien que celui de son père. Elle n'avait rien perdu de son italien et c'était surement du au fait que je continuais de lui parler dans sa langue paternelle, tout comme je lui parlais espagnol ou anglais quotidiennement. Mais pas sur que ce point puisse vraiment aider ma cause. Vu l'étreinte qu'ils partageaient, les deux allaient m'en vouloir un bon moment de les avoir séparer... Ti amo papà.

Le regard sombre de Roméo se posa sur moi et de sa voie grave il prononça mon prénom pour me demander des explications Euh... Ok. Dis-je hésitante. Je ne me sentais pas très bien, mes jambes tremblaient et peinaient à porter mon poids. Le parc là bas, ça te vas ? Il était accolé à l'école et il y avait des jeux pour que Lucia puisse s'amuser pendant que son père et moi discutions. J'avais proposé ça dans la panique, sans vraiment y réfléchir. Ce n'était pourtant pas le moment idéal, j'avais déjà tellement d'autres problèmes à régler.

Lucia avait finalement lâché son père pour aller jouer, ça n'avait pas été une mince affaire, et je me retrouvais à présent seule avec lui. Je n'osais pas commencer, j'étais pétrifiée. Comment tu nous a retrouvé ? Fut ma première question. Il était sensé être celui qui recevait des réponses, mais j'avais besoin de savoir. S'il avait réussi à suivre notre piste, c'était que Bowen n'était pas notre endroit pour être en sécurité. J'étais parano, mais j'avais de bonnes raisons de l'être. Ma mère était une menace et le serait tant qu'elle était en vie.
Je lui parle tous les jours de toi. Lucia était toute petite lorsque je l'avais prise pour fuir, mais elle n'avait jamais oublié son père. J'avais tout fait pour qu'elle garde une image positive de lui, je lui parlais de lui au quotidien, je lui montrais des photos... Elle l'aimait de tout son coeur, même si elle ne l'avait plus vu depuis plus de trois ans. Je suis désolée..."

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Retrouver les bras de ta fille, de ta Lucia, ça n'a pas de prix. Il n'y a qu'avec elle que tu éprouves autant de tendresse et de douceur. Il n'y a que pour elle que tu t'ouvres à cent pour cent, que tu montres toutes tes failles et tes faiblesses. Que pour elle que tu es vulnérable. Elle est ton plus grand point faible et en même temps ta plus grande force. Tu l'enlaces, déposant un baiser sur le haut de son crâne, sans la lâcher. Sa petite voix, son accent italien presque parfait et sa bouille t'ont terriblement manqué. « Ti amo, piccola mia. » Réponds-tu avec un sourire plus large qu'à ton habitude, réservé à ta fille. Le bonheur de la retrouver n'efface cependant pas la rancoeur et la colère que tu éprouves à l'égard d'Ana. S'il n'y avait pas Lucia et qu'Ana n'était pas la mère de ta fille, tu serais bien moins sympathique dans tes propos et dans ton attitude. Là, tu te contiens car tu la respectes trop mais elle n'a aucune idée de l'enfer que tu as vécu ces dernières années. « Oui. » Dis-tu simplement et seulement, à propos du parc. Cela fera l'affaire et la jeune femme préfère peut-être un terrain neutre. Après quelques minutes collée à toi, tu convaincs ta fille d'aller jouer un petit peu, lui promettant que tu ne la laisseras pas. Seulement, ce qu'elle ne sait pas, Lucia, c'est que ça ne dépend pas que de toi. Qui sait, Ana aura peut-être l'envie de prendre à nouveau la poudre d'escampette, maintenant que vous vous êtes retrouvés... « Je ne vous ai pas retrouvées... Je vous ai cherchées durant des mois un peu partout en Europe mais je n'aurais jamais imaginé vous trouver ici. Tu ne savais pas que j'étais ici donc... ça veut dire que tu n'avais aucune intention que je revois Lucia. » Rétorques-tu, le regard dur. Tu ne peux t'empêcher de te demander "pourquoi ?". « Lui parler de moi ne suffit pas, elle a besoin de moi dans sa vie, dans son quotidien et moi aussi. C'est également ma fille. » Ajoutes-tu en portant le regard sur la petite fille qui joue un peu plus loin, innocente de tout ce qu'il se passe autour d'elle. « Pourquoi Ana ? J'ai fait quelque chose qui ne fallait pas ? » Demandes-tu en entendant les excuses de la jeune femme mais en les réfutant pour l'instant. C'est trop facile et ça ne suffit pas.

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Bad timing

ft. Roméo Luciano

"En voyant l'amour qu'il y avait entre le père et la fille, je ne pouvais pas m'empêcher de remettre en question toutes les décisions que j'avais prise. Peut être que j'aurais du parler à Roméo de la menace que représentait ma mère avant de m'enfuir avec sa fille. Peut être que j'aurais du lui demander de nous suivre. Mais avec des peut être, le monde serait différent. Alors j'enfilais ma carapace la plus épaisse pour affronter le regard noir du bel italien. Il m'en voulait tellement... et il en avait le droit. Je lui avais volé ce qu'il avait de plus précieux.

Lucia jouait à quelques mètres de nous et je m'étais assise sur un banc, car mon corps pesait une tonne. Roméo m'annonça qu'il ne nous avait pas retrouvé, qu'il nous avait cherché sans succès et que cette rencontre était fortuite. Une coïncidence. Il n'était pas doux, loin de l'homme dont je me souvenais. Sa voix était accusatrice, agressive, il ne cherchait pas à m'épargner. Je restais muette face à lui, incapable de trouver ma voix pour lui répondre. Les yeux baissés, les mains tremblantes, la décision que j'avais prise trois ans plus tôt et qui m'avait semblé si logique était à présent inexplicable. Non. Tu n'as rien fait. Je n'arrivais pas à le regarder droit dans les yeux quand je lui parlais, j'étais recluse sur moi même, espérant que cela se finirait vite.
J'allais lui expliquer ce qu'il s'était passé lorsque mon téléphone se mit à sonner. La clinique où je devais avorter m'appelait, ils savaient choisir leur moment. Excuse moi, je dois prendre l'appel. Et je me levais pour répondre à la secrétaire du médecin qui s'occupait de moi. Elle voulait juste confirmer la date et je lui répondis que j'avais encore quatre jours pour me décider, que je réfléchissais encore à ce que je voulais faire. L'incertitude s'entendait dans ma voix. Ma main libre s'était posée sur mon ventre, protectrice envers cette vie dont je voulais pourtant me débarrasser. Je ne voulais pas refaire vivre la même histoire à un autre enfant. Je n'allais pas pouvoir continuer à faire des bébés avec des hommes fantastiques, puis prendre la fuite. Ce n'était pas raisonnable et la preuve se tenait juste devant moi. Je ne m'étais écartée que deux petites minutes de Roméo et Lucia avait déjà retrouvé le chemin pour réclamer un câlin à son père.
Mon père ne m'avait jamais regardé comme Roméo regardait Lucia. Grandir dans une famille dysfonctionnelle m'amenait à prendre les mauvaises décisions aujourd'hui. J'étais perdue, confuse à tellement de niveau que j'en avais la tête qui tournait. Je faisais le parallèle entre Lucia et moi, et même ce bébé. J'avais beau savoir que Roméo était un gars bien, je craignais de le voir partir avec ma fille. L'angoisse reprenait le dessus sur tout alors que je gérais à peu près depuis que j'étais à Bowen.
Bébé, retourne jouer, je dois encore parler avec papa. Lucia m'écouta cette fois et je pus reprendre la place sur le banc. Je ne t'ai pas tout dit quand je suis venue te rejoindre et que j'étais enceinte de Lucia. Je savais qu'en lui avouant cette partie de ma vie, son regard sur moi allait changer à jamais. Depuis que j'ai 16 ans, je travaille pour mes parents. Roméo savait que j'étais escort, je ne lui avais jamais caché ça. Par contre je m'étais toujours gardé de lui dire pour qui j'avais travaillé. Quand mon père est mort, ma mère a pris le relais. Et quand je suis tombée enceinte, ça a foutu en l'air ses plans. Je suis partie parce qu'elle était là. Lucia. Et toi aussi. Je pensais que j'allais pouvoir avoir un peu de normalité dans ma vie. Ce n'était pas simple de continuer cette discussion sans montrer à quel point j'étais détruite, mais il le fallait parce que notre fille jouait à côté de nous. Elle m'a retrouvé. Elle voulait me récupérer et elle voulait Lucia. Je ne pouvais pas la laisser faire la même chose à mon bébé. J'ai eu peur. Je suis partie pour la protéger de ma mère."

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