you give me a shiver and a wild rush, chasing the riddle of what we need (alejandro)

Un sourire satisfait se dessina sur tes lèvres alors qu’Alejandro t’avouait que The Rock était un peu trop musclé pour lui. Tant mieux, parce que tu n’aurais certainement jamais un corps comme le sien. Ce serait bien trop lourd à soutenir pour un acrobate. Tu te devais d’avoir un corps mince malgré les muscles bien définis, résultats de tes pirouettes dans les airs qui requéraient une force phénoménale, soir après soir. Enfin, plus depuis quelques mois. Ton corps s’était d’ailleurs rapidement essoufflé et tu peinais à conserver son état tel qu’il était lors des tournées de Cirkaös. Peut-être était-ce de ce changement que provenaient tes craintes évoquées à Alejandro. Lorsqu’il évoqua ton Instagram, tu ris. « C’est vrai que j’laisse pas vraiment place à l’imagination … » Avouas-tu dans un rire gêné, avant de relever la tête vers Alejandro, une lueur espiègle dans le regard. « Peut-être que je devrais arrêter d’en poster des comme ça, question de garder un peu plus de mystère. » Il réagirait sans doute comme toi tu réagirais s’il décidait de ne plus poster de photos torse nu non plus. Parce que bien sûr que tu l’avais stalké, toi aussi. T’avais pu en comprendre qu’il avait un corps de Dieu mais aussi le même amour pour toi que les chats. Bref, tu laissas ton regard, pour la première fois du repas, admirer le paysage de l’autre côté de la vitre. Parce que le petit numéro d’Alejandro de vouloir partir plus tôt t’avait rappelé que vous ne pouviez pas vraiment vous échapper. « Ouaip’, alors t’as pas le choix de continuer à seulement discuter avec moi. Sorry. » Dis-tu avec un sourire moqueur même si ça cachait plus que ça. T’en venais à te demander si Alejandro ne regrettait pas d’avoir mis le paquet juste pour t’avoir dans son lit. Surtout en sachant qu’il n’aurait même pas eu besoin de faire tous ces efforts pour y arriver. Peut-être que le fait de devoir se taper la discussion avec lui, rien que pour du sexe, ça le faisait chier. Et pourtant au lieu d’en être déçu, tu essayais de réconforter Alejandro, de lui faire voir qu’il n’était pas que ça, qu’il avait bien plus à offrir. Tu ne savais pas vraiment ce que tu cherchais à accomplir avec ça, tu ne prétendais pas pouvoir – ni vouloir – le changer. Au moins, tes paroles eurent pour effet de conduire Alejandro à se confier. Et à te larguer une bombe à laquelle tu ne t’attendais vraiment, mais alors vraiment pas. Il était en couple. Ton sourire se fana directement et ton dos retrouva le dossier de la chaise, en harmonie avec ta mine dépitée. Son discours ne fit que semer davantage la confusion dans ta tête, dans ton ventre, dans ton cœur. Tu déglutis, cherchant tes mots, cherchant ta salive dans cette bouche asséchée par la surprise et la honte. « Et tu veux que je me barre où exactement ? » Demandas-tu, sec, en regardant autour de vous. Il restait encore pas mal de temps à ce bateau avant de rentrer au port. T’avais l’impression d’avoir les poings liés. T’avais l’impression qu’on t’avait tendu un piège. « Fuck, que je suis con. » Lâchas-tu en passant une main nerveuse dans tes cheveux, évitant le regard d’Alejandro. « Bien sûr que c’était trop beau pour être vrai. » Tu secouas la tête en levant les yeux au ciel, bloquant l’émotion qui t’envahissait. La tristesse, la honte, la déception, la colère. « T’avais pas envie d’en venir à cette conclusion avant d’me remplir de faux espoirs et d’me traîner dans une soirée romantique sur un fucking bateau qui longe la côte pendant deux putains d’heures ? » Tu plantas ton regard dans celui du barista. T’étais vraiment en train de te demander si ouvrir la fenêtre et te jeter à l’eau ne serait pas mieux.  

Toutes les idées que t’avais pu te faire, toutes les envies que t’avais entretenues jusque-là, tous les espoirs maintenant faux, tout ça était réduit à néant. En quelques secondes, Alejandro avait tout détruit, tout gâché. T’aurais préféré qu’il attende la fin du dîner avant de te lancer cette bombe-là, parce que maintenant qu’elle avait explosé, t’avais juste envie de te sortir de là. Mais tu ne le pouvais pas. T’étais prisonnier de ce stupide bateau-restaurant, prisonnier du regard d’Alejandro qui s’excusait tellement de ces aveux qu’il venait de te faire. Tu le voyais bien qu’il était peiné de la situation, mais la déception était trop grande, présentement, pour que tu en aies quoi que ce soit à faire. Ses paroles t’atteignaient, pourtant, et te faisaient du bien et du mal tout à la fois. Il avait un amoureux et il était encore là à essayer de te faire croire que t’étais différent. Et bordel, tu voulais tellement y croire mais en même temps, qu’est-ce que ça donnerait ? Ce serait toujours dans les bras d’un autre qu’il reviendrait, à la fin de la journée. Te prenant complètement par surprise, Alejandro attrapa tes mains au milieu de la table. Tu les laissas là, sans trop savoir pourquoi. Peut-être pour éviter de faire une scène devant tout ce monde. Peut-être parce que t’aimais la chaleur de sa peau contre la tienne, froide de déception. « J’te crois, que t’es sincère, Alejandro. » Dis-tu dans un soupir. « Mais il est pas là le problème. » Tu retiras enfin tes mains, en même temps que lui le faisait, chose que t’aurais dû faire depuis le début. En fait, t’aurais même jamais dû être là. Mais comment aurais-tu pu savoir la tournure que prendrait ce rendez-vous ? Alejandro t’avait mené en bateau du début jusqu’à la fin – et c’est le cas de le dire ! « J’ai vraiment pas envie d’être celui qui te fait culpabiliser, à chaque fois que tu m’regardes. C’est pas un feeling qui est très agréable pour moi non plus, quand j’t’entendis me dire ça. » Ça te faisait sentir minable et honteux, en fait. Tu haussas les épaules. « Écoute, j’sais pas c’est quoi votre relation, à ton mec et toi, mais j’ai pas envie d’être l’autre. Surtout pas un autre parmi tant d’autres. » Tu t’adossas à ta chaise, las. T’avais même plus faim alors qu’un repas pourtant monumental t’attendait. « J’crois que pour le moment, on ne peut pas être quoi que ce soit. Parce que j’pourrais même pas être que ton ami, pas après tout ce que je me suis imaginé … » De plus grand, de plus beau.   

T’en avais assez entendu pour ce soir, tu ne pensais pas être capable d’avaler quoi que ce soit d’autre – autant en termes de paroles qu’en termes de nourriture, d’ailleurs. Constat assez triste quand on savait tout ce qui se trouvait sur la table. Plus Alejandro te parlait, plus il te chantait de belles chansons pour te faire rêver encore un peu plus, plus t’avais envie de te retirer de là. Parce que ses mots étaient aussi beaux qu’ils te faisaient mal. T’avais tellement envie d’y croire, à ce qu’il te disait. Que t’étais spécial, qu’il avait envie d’être avec toi. Mais il fallait que tu te ramènes à l’ordre, que tu mettes un visage inventé sur son petit ami rien que pour que son regard vienne te hanter quand tes idées s’aventuraient en terrains dangereux. Tu secouas la tête. « Non, va pas plus loin, non, tu fais bien. Parce que c’que tu me dis là Alej’ ça fait juste tout empirer. Tu t’enfonces. Et m’enfonce pas avec toi, s’te-plaît, j’peux pas être lâché par une autre personne encore … » Tu pensais évidemment à Brooke, parce que t’avais eu l’impression qu’elle t’avait laissé tomber, du haut des airs, ces airs dans lesquels vous aviez virevoltés, roi et reine. Là, tu n’étais plus rien, et Alejandro te faisait sentir à la fois comme tout et comme rien, et tu ne savais plus quoi penser. Tu levas un regard surpris sur le costaricain quand il se leva de sa chaise, et tu le suivis du regard alors qu’il se plantait devant toi, te proposant sa main, t’invitant à danser. Tu regardas dubitativement partout autour de toi. Les clients du bateau étaient tous assis à leurs tables chics, en mangeant. On n’entendait que la douce musique de jazz, les conversations étouffées et les tintements des ustensiles. « Euh … Y’a personne qui danse, là, Alej’. » Fis-tu remarquer avec les lèvres rougies par la gêne. Tu venais d’un milieu tellement différent, tellement fou, t’avais aucune idée de comment te comporter auprès de civils bien rangés et ordonnés, mais tu te doutais fort bien que de danser au beau milieu d’un restaurant n’avait rien de très acceptable. Et ça te foutait la trouille d’avoir pourtant envie de le faire avec Alejandro, lui qui ne pouvait malheureusement pas te donner ce que tu attendais.

Ça te brisait le cœur, de voir cette main tendue vers toi, attendant impatiemment que tu daignes la prendre. Ce que tu ne fis pas. Parce que si t’avais le cœur en mille morceaux, à la base, c’était parce que cette main-là était pour quelqu’un d’autre que toi. Si tu la prenais, alors tu brisais les promesses d’un couple au sein duquel tu n’avais pas ta place. T’étais peut-être pas un modèle de vertu et des erreurs, t’en avais fait un tas, mais tu ne voulais pas briser des histoires d’amour, pas en toute connaissance de cause. Alejandro alla enfin se rasseoir, la mine dépitée face à ce cruel refus. Tu baissas les yeux quand il te reprocha de vouloir être comme les autres, en secouant la tête. « Je le vis, l’instant présent, mais c’est un peu difficile quand dans l’espace du même cinq minutes, tu me dis que tu peux pas être avec moi parce que t’as déjà un mec, et la seconde d’après tu m’invites à danser. L’instant présent il est fucked up and confusing. » Tu soupiras, jouant avec ta fourchette d’une main, parce que tu ne savais plus où mettre ton attention. Tu restas en silence pendant un moment, Alejandro aussi. Cette soirée allait être longue, alors qu’elle avait eu un si bon coup de départ. Puis, le costaricain se leva sans prévenir et ses paroles te prirent par surprise. « Qu’est-ce que tu fous ? » Tu le regardais s’éloigner après t’avoir donné son portable et son portefeuille. Le con. Le con allait sauter. Pris de panique, poussé par l’adrénaline, tu te levas d’un bond puis, en voyant Alejandro par la fenêtre, tu ne pus t’empêcher de rire. Ce gars était complètement fou. Ça te rendait toi-même fou. T’allas voir un serveur, lui confia les effets personnels d’Alejandro et les tiens, puis tu allas rejoindre le barista à l’extérieur. Tu t’approchas en silence, avant de dire : « Tu t’crois dans le Titanic c’est ça ? » Un sourire se dessina sur tes lèvres closes. « Tu t’attends à un Si tu sautes, je saute ? » Ajoutas-tu, avant de retirer tes chaussures une après l’autre. « Fine. » Eh oui. S’il sautait, tu sautais.  

Tu fronças les sourcils à la réponse d’Alejandro sur le Titanic. Tu plissas les yeux et inclina la tête, juste pour marquer un peu plus ta confusion même si le costaricain ne te regardait même pas. « Euhm, le moment où Rose s’apprête à sauter dans l’eau glacée, au début du film, j’sais pas pour toi, mais ça sent plus la tentative de suicide que le bonheur. » Lâchas-tu avec tout le sérieux du monde, alors que le problème n’était pas votre interprétation de ce plus-que-long-métrage, mais bien l’action qu’Alejandro s’apprêtait à poser. Et celle que tu t’apprêtais toi aussi à poser, du coup. Le jeune homme tourna la tête vers toi, enfin. T’avais au moins réussi à avoir son attention, toi qui voulais la détourner quelques minutes plus tôt. Mais il avait pris les grands moyens, et ça fonctionnait. « Non mais tu me prends pour le roi des connards, on dirait ! » Déclaras-tu en levant les yeux au ciel, en riant. « Comment tu peux être sur le point de sauter et de rentrer à la nage, sans doute en te noyant avant d’y arriver, et penser que pendant c’temps-là je vais loader ta carte de crédit et m’faire plaisir comme si rien ne s’était passé ? » Ça aurait dû te sonner encore plus d’alarmes, le comportement d’Alejandro. Te faire comprendre que tout ce qui s’était passé, ce soir, c’était signe que tu devais fuir, loin. Et pourtant tu restais là. Et tu savais que tu resterais là peu importe. C’était ça qui était le plus flippant, au fond. La preuve, tu retirais tes chaussures. Tu t’approchas de la rambarde. Tu l’écoutas dans sa tirade, tu sentis tout son désespoir, toute sa confusion. Tu savais qu’il disait la vérité, que ces paroles étaient celles d’un homme perdu et déchiré. « Je le ferais parce que j’ai jamais dit que je te détestais. Je le ferais parce que je suis débarqué dans cette ville pour y voir toutes mes attentes complètement démolies, et qu’t’es celui qui m’a reconstruit de nouveaux espoirs. Je le ferais parce que … Parce que ça se contrôle pas, ces trucs-là. » Les sentiments, tu veux dire.

Tu levas les yeux au ciel quand Alejandro répliqua encore une fois à propos du Titanic. C’était une conversation des plus inutiles pour le moment et pourtant, tu ne pouvais pas t’empêcher de répliquer à ton tour. « Je parle aussi d’avant que le bateau coule. Laisse tomber, c’est pas important. » Une simple allusion lancée à la blague vous lançait dans un grand débat, comme si n’importe quel prétexte était bon pour dévier votre attention du réel sujet, du réel conflit. Le fond de la conversation n’était pas le moment du film auquel t’avais fait référence, non, c’était que vous n’aviez pas eu la chance d’avoir la même relation que Jack et Rose. Mais ça, c’était pas ta faute. C’était pas toi qui étais déjà en couple avec un autre. Tu te retiendrais de le lui dire, ça, par contre. « Pas si loin ? Je savais pas que t’étais un grand nageur, sous ton tablier de barista. » Avec les vagues, c’était imprévisible. Tu ne pus t’empêcher d’ajouter : « J’apprends vraiment bien des choses ce soir. » Petite pique, que tu ne devrais peut-être pas lancer alors que le mec qui te plaît à fond a les deux jambes de l’autre côté de la rambarde. D’ailleurs, y’a aucune sécurité sur ce bateau-restaurant ? Deux beaux timbrés qui parlent de sauter, et personne pour les en empêcher. Tu soupiras de soulagement en voyant Alejandro ramener une jambe du bon côté du bateau, pour te faire face. Tu soupiras une seconde fois, subtilement cette fois, en l’écoutant. Juliann, c’était ça, le nom de celui qui t’empêcherait d’être avec Alejandro. « T’as sûrement raison, Alej’. On ferait mieux de ne plus se voir. » Tu haussas les épaules en t’approchant pourtant un peu de lui. « Parce que même si j’étais prêt à te partager avec d’autres, je saurai toujours que ce Juliann est le premier, et qu’il sera toujours le premier. J’ai pas envie d’ça. J’pourrais me faire à l’idée du couple ouvert sauf que là dans l’histoire, moi j’fais pas partie du couple et comme tu dis, j’finirai juste par avoir le cœur brisé. » Alors que lui, lui il aurait toujours son homme à ses côtés. C’était toi qui perdrais lorsqu’eux deux décideraient d’arrêter leurs jeux.

« Dis pas ça … » Lanças-tu, las, alors qu’Alejandro se traitait de gros con. En même temps, t’arrivais pas à ajouter quoi que ce soit d’autre pour le dissuader de penser ça de sa personne. Pas parce que tu pensais qu’il était un connard de manière généralisée, mais parce que tu savais que sur ce coup-là, il avait effectivement merdé et c’était toi qui en subissais les conséquences. Pourtant, t’étais celui du bon côté de la rambarde, à essayer de réconforter Alejandro. Par respect pour toi-même, donc, tu ne cherchas pas à rajouter une couche de compliments. C’aurait pourtant été bien facile d’en trouver. Alejandro était … wow. Tu écoutas ses énièmes excuses et son invitation à poursuivre le repas. Tu soupiras discrètement de soulagement. Au moins, tu n’aurais pas à sauter à l’eau toi aussi, t’improvisant Jack dans l’espoir de ne pas finir comme lui toutefois. « Proposition acceptée, avec un amendement cependant : y’a pas besoin de silence gênant, Alejandro. C’est bon, j’ai compris, t’as un mec que t’aime et faut pas que quelqu’un d’autre se glisse entre vous deux. J’me détesterais d’être cette personne de toute façon. Mais ça empêche pas que toi et moi on s’entend bien alors … let’s just see where it takes us. » Répondis-tu en t’agenouillant afin de remettre tes chaussures. Quand tu te relevas, tu retournas à l’intérieur et récupéra vos effets personnels auprès de votre serveur franchement confus par cette situation loufoque. Tu retournas t’asseoir face à Alejandro, avant de doucement secouer la tête de gauche à droite avec un sourire légèrement amusé. « Dis, t’allais vraiment sauter ou c’était juste une tactique ? » Parce qu’il fallait l’avouer, Alejandro s’était jusqu’à maintenant montré maître dans l’art de manipuler tes sentiments avec ses sourires et ses regards désarçonnants.