who needs a good joke when life do the job (jorge)

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WHO NEEDS A GOOD JOKE WHEN LIFE DO THE JOB
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@Jorge ramirez & @circé dewitt

Il existe de ces choses auquel on est attaché, sans trop savoir pourquoi. C’est purement matériel et souvent sentimental, cela défiait même la raison dans certain cas. Pour moi, cette chose dont j’étais incapable de me séparer malgré les signes évidemment qu’il était grand temps pour moi de m’y résoudre, c’était ma voiture. Voilà neuf années qu’elle me conduisait, soit depuis que j’avais posé ma botte sur le sol australien. Elle était vieille – déjà au moment de son achat –, moche, toute cabossée, faisait un bruit d’enfer et ne sentait pas toujours très bon, mais je l’aimais. Bien sûr, je pouvais en changer, j’avais les moyens de le faire, là n’était pas la question. La raison, comme je l’ai dis, n’avait rien à voir là dedans. Elle roulait, c’était tout ce qui m’importait. Enfin…c’était vite dit.
Dix-neuf heures cinquante-huit. Un boucan de tous diable, des à-coups incontrôlable, de la fumée qui sort soudain du moteur et puis…l’immobilisation. Les yeux exorbités, je ne réalise pas tout de suite ce qui se passe. Je jure et frappe mon volant avec de m’extraire du véhicule. Je peste, fais les cent pas puis, au bout d’un moment, me décide à appeler le dépanneur. Je m’assoies sur le bord de la route, en pleine campagne, dans le noir, avec juste les fards de ma vieille amie pour m’éclairer. J’attends un moment, puis vois un remorqueur approcher. Une silhouette en descend juste après qu’il se soit garé, et mon sang se glace quand je la reconnais. Comment s’appelle cet homme déjà ? John ? Non…Je ne m’en souviens plus. Ce dont je me souviens surtout c’est son caractère de cochon. La soirée s’annonce au poil…
— Bonsoir, dis-je simplement, en tâchant de me montrer aimable malgré tout.

Je ne crois pas vraiment au hasard, je crois que les choses arrivent pour de bonnes raisons et ce n’est pas anodin que le type qui vienne me dépanner ce soir soit celui avec qui j’ai eu un brève altercation à peine quelques semaines plus tôt. Je l’ai reconnu tout de suite, dès qu’il a sauté de son camion de dépannage mais cela ne semble pas être son cas, à croire que je ne l’ai pas vraiment marqué. Il faut dire que je n’ai pas vraiment été agréable avec lui…il ne l’a pas été envers moi, mais ce n’est pas une raison. Il s’avance, me demande si j’ai bien demander assistance, je hoche la tête. Il regarde brièvement l’état de ma vieille voiture et me demander de faire un choix. Je grimace.
— Je…
Je ne sais pas. En vérité, je ne nourris que très peu d’espoir concernant ma voiture. Elle ne date pas d’hier et je pense clairement qu’elle a donné tout ce qu’elle avait à offrir. Je dois peut-être me faire une raison.
— Vous pensez que ça vaut le coup de s’acharner ? Je veux bien que vous regardiez mais…à mon avis, c’est cuit.
Je me tais un instant, le regarde en silence puis souris.
— Vous me remettez pas, hein ? ne pus-je m’empêcher de demander. La relou, vous savez, celle qui pose des questions bizarre sur les clopes…

Le mécanicien avait raison, je devais me faire une raison et m’attendre à devoir me séparer de ma voiture si jamais les réparations s’avéraient trop élevées. Cela serait sans doute plus rentable pour moi de m’en acheter une neuve, malgré tout, je ne pouvais m’empêcher d’avoir un pincement au cœur à cette idée. J’étais plutôt attachée à cette voiture et espérais qu’elle me conduise encore longtemps. Oui, j’étais d’un tempérament plutôt optimiste. Le mécano accepta de regarder rapidement sur place plutôt que de l’embarquer d’office au garage, cela m’arrangeait plus tôt. Après une journée de travail – agréable, mais quand même – j’avais simplement envie de rentrer chez moi. Quand je confiais au type que nous nous étions déjà rencontrer, le souvenir sembla subitement lui revenir en mémoire. Je souris à sa remarque.
— Non, aucun risque, je n’ai pas envie de réamorcer cette conversation. Soyez tranquille.
Il me demanda d’essayer de démarrer la voiture, je me plaçai derrière le volant et tournai les clefs. Aucun son ne sorti. Je grimaçai et passai la tête par la portière entr’ouverte.
— C’est mauvais signe, hein ?

Il est vrai que nous nous étions pris la tête pour des choses ridicules, et j’admettais y être un peu pour quelque chose. Ma curiosité exacerbée me jouait parfois de drôle de tour. Par ailleurs, le mécano ne semblait pas avoir pris ombrage plus que cela de notre discussion houleuse. Il me demanda de tenter de démarrer ma voiture, ce que je fis mais rien ne se produisit. J’avais déjà eu un problème de démarreur, mais cette fois, c’était à mon avis un peu plus profond que ça.
— Oui, le starter m’a déjà joué quelques tours mais j’arrivais toujours à la redémarrer d’une façon ou du notre, là…je dois avouer que ça me paraît cuit.
Je pinçai les lèvres, embêtée.
— Je crois que le mieux à faire est de la ramener au garage, on verra bien le diagnostique, demain, ou dans la semaine. Je vais trouver une solution pour me véhiculer. Hm…d’ailleurs, pour ce soir, ça vous ennuie de me raccompagner chez moi ? Ce n’est pas loin mais…à pied…

— Merci beaucoup, vous m’enlevez une épine du pied.
Marcher de ne me dérangeait pas en général, je faisais régulièrement de longue balade en forêt pour m’aérer la tête mais je venais de passer ma journée au travail et je ne me sentais pas de marcher jusque chez moi, dans la nuit tombante. Après que le mécanicien eut remorqué ma voiture, je montais côté passager du véhicule de dépannage. Le chemin jusqu’au garage se fit dans un silence pensant durant lequel j’osai à peine respirer. Une fois rendu, j’attendis à l’extérieur que le mécanicien quitte son poste. Je le suivis ensuite jusqu’à sa voiture personnel et lui indiquai le chemin jusque ma maison, et une fois arrivé devant la grille de mon jardin, je me tournai vers l’homme avec un sourire sincère.
— Je peux vous offrir un verre ? Pour…vous remercier et peut-être me faire pardonner pour l’autre fois ?

Je fus soulagé lorsque Jorge accepta mon invitation à boire un verre, cela nous permettrait peut-être de briser la glace. Je n’aimais pas le climat qui s’était instauré entre lui et moi. Il n’était peut-être qu’un inconnu, mais je n’aimais pas cela, cela me donnait l’impression d’être une mauvaise personne, ou au moins d’avoir faire quelque chose de travers. Cela pouvait paraître absurde. Au fond, on ne peut pas plaire à tous le monde…malgré tout, il n’y avait aucun mal à essayer.
— Pas de soucis, l’alcool n’est pas une nécessité, le rassurai-je, j’ai du thé glacé maison ou…du café. De l’eau aussi, et probablement quelques jus de fruit.
Nous sortîmes de la voiture et je me dirigeais vers ma véranda que nous traversâmes pour entrer dans le living room où je proposais à Jorge de s’asseoir.

J’aimais recevoir, ce pourquoi j’avais toujours des préparations maisons à proposé. J’y trouvais un certain plaisir. D’abord parce que l’industriel me séduisait peu et ensuite parce que j’appréciais de confectionner les choses par moi-même, encore plus lorsque je pouvais en faire profiter d’autres personnes. Malgré, je respectai les choix et les envies de mes invités et ne fut pas offensé le moins du monde que Jorhe choisisse un café.
— Bon choix, j’ai acheté d’excellents grains de café honduras cette semaine, vous m’en direz des nouvelles !
Je m’éclipsai un instant dans la cuisine pour allumer mon percolateur et préparer le café de mon convive. Cela me laissa le temps de faire infuser une tasse de thé pour moi. Un Earl Grey d’une marque de thé et tisane bio que j’adorai. Lorsque je revins dans le salon, le garagiste était en train de regarder ma déco. Je lui tendis son café avec un sourire et l’invita à s’asseoir dans le canapé, tandis que je prenais place dans un fauteuil face à la lui. Le sujet de ma voiture revint sur le tapis.
— Oui, je pense que je vais devoir m’en séparer, grimaçai-je, je dois me rendre à l’évidence, elle a fait son temps. J’aime conserver les vielles choses et leur donner la plus longue vie possible, mais j’ai bien conscience qu’on ne peut pas faire de miracle avec cette voiture. Elle est bien trop vieille et me couterait chère en réparation à la longue.

Oui, ce n’était qu’un voiture…et tous mes amis avaient plus ou moins prévu qu’elle me lâcherait tôt ou tard. Elle était vielle, j’en convenais. Malgré tout, j’y étais attachée et si je n’étais pas spécialement quelqu’un qui accordait de l’importance au matériel, je ne pouvais non plus nier que cela me faisait quelque chose de devoir remplacer mon véhicule. D’autant que je me fichais un peu des voitures, pour moi la seule chose qui importait était qu’elle me conduise d’un point A à un point B, le reste, la marque, la couleur, la puissance du moteur ou que sais-je, c’était un grand flou. Je n’y connaissais rien de doute manière. Je pris une gorgée de mon thé et manquai me brûler la langue par manque d’attention, puis levai les yeux vers Jorge qui me posai une question.
— Cela fait neuf ans que j’ai aménagé à Bowen, et dans cette maison aussi d’ailleurs. C’était celle de ma grand-mère, la seule personne de ma famille qui m’ait jamais soutenue…et…et vous ?