Asl attendait Mei à sa sortie du poste avec une surprise qu’elle ne pouvait qu’apprécier. C’est qu’il la connaissait bien, cette jeune femme née en Australie qui reniait ses origines chinoises et avait eu un père adoptif russe qui lui avait pour ainsi dire tout appris. Il la connaissait encore mieux depuis qu’elle lui disait la vérité, toute la vérité, rien que la vérité.
"Je serais resté si ça n’avait pas compliqué ta situation mais je vois que tout finit bien."
Elle confirmait que tout finissait bien puis lui proposait "un dernier verre". Il ne relevait pas qu’il fallait d’abord boire des premiers verres avant d’en évoquer un dernier parce que s’il fallait surtout retenir dans ses paroles, c’était ce que ça impliquait dans le fond plus que dans le forme. Il était inutile de nier que cette jeune femme l’avait toujours attirée même quand il la trouvait exaspérante, même quand elle jouait à ce double jeu qui le plaçait entre Lin et elle, un peu comme s’il était entre le marteau et l’enclume. Elle l’attirait mais il lui avait toujours résisté depuis Venise … D’abord parce qu’elle l’avait évitée pendant trois ans et ensuite, à Bowen, il avait été forcément très remonté contre elle. Leur complicité des derniers jours avait rendu cette attirance de plus en plus forte jusqu’à ce moment précis où il plongeait son regard dans celui de l’objet de son désir et lui rendait son sourire complice.
"Un verre et on improvise."
Les mots "corps à corps" et "aventure" allaient prendre une tournure assurément plus intime.