what to do if you want to be a jerk ft. elijah

Un jour comme un autre, un temps à déposer un chèque à la banque, le directeur n'ayant toujours pas eu part de la technologie, j'entre dans le bâtiment avec l'espoir d'emballer cette histoire rapidement. Une queue de trois kilomètres de longs, un long soupir se dégage d'entre mes lèvres. Un pas pressé, je double un bon nombre de personnes qui ne me disent absolument rien directement et poursuis mon chemin jusqu'à me faire stopper en pleine course. Sourcils haussés, je regarde la petite femme qui veut me tenir tête. "Et si vous aviez l'intelligence et l'audace de faire comme moi, à cette heure-ci vous seriez déjà dehors et non pas en train de me déranger." lui répondis-je du tac au tac tout en récupérant sa main du bout des doigts pour qu'elle ne me touche plus et trace ma route jusqu'à une petite table dotée d'un stylo, histoire d'écrire mon numéro de compte au dos de ce bout de papier. Un regard méprisant en la direction de la rousse, je signe le chèque et m'avance doucement vers le début de la file. "Pardonnez-moi, je passe juste devant pour déposer mon chèque, tout est déjà complété. Une simple formule de politesse et je serais déjà parti." expliquais-je à la prochaine personne à passer; un petit coup de charme, bien qu'elle rechigne légèrement, elle accepte ma demande. Droit comme un piquet face à elle, je me retourne légèrement vers l'arrière pour apercevoir la petite frimousse rousse et d'un petit coup de tête, je lui adresse un sourcil rapidement arqué pour la narguer.

Un soupir. Elle va clairement me prendre la tête car j'aurais pris trente secondes de plus de sa misérable vie. Je la regarde d'une manière dont on ne pourrait même pas déchiffrer mes pensées, la poker face à l'état sauvage, un peu de mon sang qui commence à bouillir. "Je ne me crois pas plus important qu'un autre, nous sommes tous égaux en soi. Certes, vous attendez depuis un moment mais je dois aussi partir dans 5 minutes pour être à l'heure à un rendez-vous. Si vous étiez aussi pressée que je ne le suis, vous demanderiez aussi aux gens d'être plus indulgent avec vous. Vous n'en avez rien fait. Est-ce que j'y suis pour quelque chose? Vous êtes en train de me faire perdre mon temps ainsi que celui de ces gens en me retenant. A l'heure qu'il est je devrais déjà être parti donc je vous prie de m'excuser mais laissez moi faire ma vie comme je l'entends, compris?" Elle fusille du regard la banquière, je lui adresse un sourire gêné par cette confrontation, lui donnant réellement mon chèque avec un billet de cent caché en-dessous. Oui je suis pressé, je ne peux pas être plus honnête avec cette jeune fille. L'homme qui vient s'interposer entre nous pour me dire de retourner à l'arrière ne changera rien à mon attitude. Je soupire une énième fois avant de le regarder. S'il devait se montrer violent, je saurais très bien comment rétorquer. Ce genre d'homme n'a pas besoin de se battre en général, les gens le craignent. Je ne fais pas parti de cette majorité pouvant même deviner le genre de coups qu'il pourrait porter. Un regard vers la banquière qui attrape mon chèque et récupère l'argent qu'elle vient placer dans sa poche discrètement. Un hochement de tête en sa direction, un sourire reconnaissant. "Merci bien madame, bonne journée et pardonnez-moi pour le désagrément que j'ai provoqué, ce n'est pas ce que je cherchais." Un sourire presque timide, je tourne les talons, l'homme vient se placer devant moi. Je le regarde dans les yeux; il a beau être plus grand que moi il n'y a que 5/7cms qui nous séparent. "Vous pouvez reprendre la file comme vous le faisiez avant, je m'en vais et ne vous dérangerai pas plus longtemps. Je ne vous ai pas menti lorsque je disais que tout était déjà fait." Un pas en arrière afin de me reculer pour mieux le contourner, je ne cherche même pas à adresser un mot à la petite emmerdeuse de service et poursuis mon chemin vers la sortie en reboutonnant la veste de mon costard pour être plus présentable lorsque j'arriverai à ce rendez-vous d'affaires.

Une emmerdeuse. C'est tout ce qui me vient en tête en entendant cette voix inconnue derrière-nous, voix qu'on pourrait facilement reconnaître avec l'intonation et l'ordre qui s'en suit. Son bureau. Je regarde ma montre. Même gratuitement je crois que cette petite pourrait y passer. Je ne veux pas montrer de mon charme cette fois. De toute manière c'est plus pratique avec les dames. Je fais craquer mes doigts un à un en le suivant dans son lieu de travail, ne cherchant même pas à m'asseoir pour vite passer à la suite. Je regarde ma montre une deuxième fois. Il pose une question, la rousse lui répond. "Je n'ai rien à redire de plus." lâchais-je avec de soupirer. "Je suis pressé. navré de vous avoir dérangé. Ça ne se reproduira plus." lui dis-je avant de me retourner et de me diriger vers la porte. Il me retient verbalement. Je me stoppe et me retourne. "Bon écoutez. Oui j'ai dépassé la file. Non je n'avais pas le temps de la faire ayant reçu ce chèque il y a moins d'une heure et devais l'encaisser avant que vous ne fermiez, autrement dit dans 30 minutes, temps que j'aurais perdu par la file d'attente. J'ai un rendez-vous important dans 10 minutes, voire un peu moins vu que vous esquinter mon temps. Donc oui, c'était mal de passer devant tout le monde mais je suis juste allé le remplir comme tout le monde devrait le faire pour gagner du temps et l'ai passé à votre employé. Une histoire qui n'aurait pas dû durer si longtemps. Nous sommes bons?" Il me regarde mais ne dit rien, ma tirade ayant assombri son regard. Qu'est-ce qu'il peut me dire de plus? Je ne reverrais jamais cette femme, elle a son temps à perdre en faisant la queue et je ne compte pas agir une fois de plus de cette manière sans en cas d'extrême urgence. Oui je peux être un enfoiré mais je sais être patient quand il le faut et attendre mon tour. Là était l'exception. "De toute façon peu importe ce que vous pourrez en dire -sans offense bien entendu- mais je dois réellement partir. Pardonnez-moi -pardonnez-nous- pour le raffut que nous avons causé et cela ne se reproduira plus." ajoutais-je avant d'ouvrir la porte et de m'en aller sans même adresser un regard à la jeune femme. Elle pourrait continuer à s'expliquer et à s'énerver pour un rien, cela ne fera pas changer les choses et n'effacera pas non plus le bordel qu'on a causé. Serait-elle prête à venir me chercher jusqu'à la sortie ou va-t-elle sagement retourner derrière les autres pour son chèque?

Une cigarette entre les doigts après ma sortie de la banque, je regarde l'heure à montre. Bon sang. S'il y en a bien une à qui je ferais payer ce retard c'est bien elle. Je ne sais pas exactement quand je la recroiserais mais j'espère qu'elle se rappellera bien de ma tête, histoire qu'on mette les points sur les i sans qu'elle ne se sente agressée pour un rien, une fois de plus. Un pas rapide vers ma bécane, je me retourne vers le bâtiment avant de voir la rousse m'adresser un signe d'affection. Un sourcil arqué, je ne saurais dire pourquoi j'ai une connerie dans la tête. Point mort, embrayage, première et accélération, voilà que je démarre en faisant demi-tour, passant exprès près de la jeune femme en roulant à toute vitesse. C'est dommage que la pluie de ces derniers jours ne se soit pas arrêtée. Va-t-elle me haïr d'avantage maintenant que je l'ai aspergé de cette flaque d'eau qui était si proche d'elle. Je m'en vais dans la direction de mon rendez-vous, lâchant ma poignée gauche pour lui adresser le même signe d'amour. Un rapide regard dans le rétroviseur, ce n'est qu'une petite vengeance enfantine. La voir trempée de la tête au pied, elle qui semblait si parfait et tout aussi méprisante que je l'ai été envers elle. J'en connais une qui aurait mieux fait de ne pas se lever ce matin. Quel dommage.

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