it's too cold outside for angels to fly (mathea)

Parfois tu as l’impression que tous les gens qui t’entourent ne vivent pas dans le même monde. Quand tu bosses à la boîte, tu te concentres sur les cocktails, servir les gens, tu ne t’occupes pas du reste, de la musique, des gens, de ce qu’il se passe à plus de cinquante centimètres derrière le bar de manière générale. Tu n’es peut-être pas le barman le plus apprécié mais tu fais bien ton boulot et parfois tu te lances même dans quelques acrobaties avec ton shaker pour impressionner les clients. Enfin tu es toujours un peu gêné quand tu vois quelques regards se poser sur toi. C’est ça ton problème, tu aimes bien apprendre des trucs et t’en servir mais quand les gens te regardent ça te stresse et tu retournes faire les cocktails comme tous les autres. Ce soir-là tu as tout de même remarqué qu’il y avait des danseuses venues pour faire un show. Ça arrive des fois et tu remarques que les gens ont l’air aussi peu concentrés que toi dans la vie de tous les jours. Ils font tomber plus de verre, se bousculent plus. Toi c’est à peine si tu jettes un coup d’œil. Et puis tu n’arrives jamais à faire plusieurs choses en même temps alors tu préfères bien faire ton boulot en essayant de pas trop te perdre dans tes pensées. Quand les danseuses ont terminé, la boîte est un peu plus vide et les gens moins nombreux au bar. Il n’est pas rare qu’elles viennent prendre un verre offert par la maison après leur prestation, tu n’es donc pas étonné d’en voir quelques unes venir vers toi. D’un œil distrait, sans trop faire attention, tu demandes « Salut ! Tu veux boire quoi ? » Quand tu fais un peu plus attention à la demoiselle qui se trouve face à toi, tu sens que tu commences à devenir rouge parce que tu la trouves plutôt mignonne, enfin en l’occurrence plutôt sexy, même, très très très sexy.

Une nuit comme celle-ci, tu en avais l'habitude. Depuis qu'Adrian était décédé, tu avais tourné la page, et tu t'étais fais à l'idée. Mais entre temps, il y avait eu Luka. Ce beau blond qui faisait chavirer ton coeur. Mais il avait du quitter la ville, et depuis ce jour, tu te sentais seule. Tu avais l'impression que ta vie sentimentale était un chaos total. Comme si tu faisais fuir les hommes qui rentrait dans ta vie. Une malédiction, en soi. Alors tu sortais, beaucoup, énormément même. Sortir, faire la fête, ça te permettait de changer les idées, l'instant d'une soirée. Si tu n'étais pas en boite ou dans un bar, tu t'enfumais le crâne avec Romeo dans votre appartement. Certaines filles du club dansaient dans cette boîte où tu te trouvais ce soir. Alors tu avais décidé d'aller les voir performer. C'était une bonne excuse pour que tu sortes. Tu avais enchainé les verres ce soir. En plus de cela, tu trouvais le barman plutôt mignon alors tu jetais un coup d'oeil à chaque fois que son collègue te servait. Puis tu allais te déchainer sur la piste de danse. Mais au bout d'un moment, ton corps redemandait quelque chose à boire. Alors tu te dirigeais vers le bar et tu croisais le regard du barman canon. « Hello, handsome » répondis-tu au jeune homme, l'air un peu déconnecté. Forcément, c'est l'effet de l'alcool ça. « J'aimerais bien une margarita s'il te plait » demandas-tu en battant des cils. Ok, c'était beaucoup trop cramé ce que tu faisais. Mais qu'importe, tu étais sous les effets de l'alcool. Tu pris place devant le bar, assise sur un tabouret. Alors tu regardais le jeune homme faire, jouant avec les bouteilles pour faire ton cocktail.

Tu tentais de rester calme et professionnel. Objectif : bien écouter sa commande, ne pas se planter et lui servir n’importe quoi. Tu remarques qu’elle a déjà pas mal bu alors elle ne se rendra peut-être pas compte si tu t’embrouilles dans ton mélange. Quand elle t’adresse la parole tu sens que tu ne ressembles plus qu’à une énorme tomate. Tu te dis qu’elle doit dire ça à tous les gars qui la servent, peut-être dans l’espoir d’avoir un petit geste commercial et payer moins cher son verre. L’idée qu’elle puisse te trouver mignon ne te traverse pas l’esprit. Pour toi c’est impossible qu’une fille comme elle puisse s’intéresser à un gars comme toi alors tu préfères même pas y penser. Sinon ça serait un coup à ne plus réussir à dormir la nuit en pensant à tous les moyens possibles pour la revoir. « Ok...je...je te fais ça. » dis-tu en baissant les yeux, bégayant sa réponse. Tu préfères détourner ton regard sur ton shaker, un brin moins sexy que la jeune femme. Tu te répètes à toi même les doses, le procédé pour ne pas te planter. En général tu fais la recette par réflexe, limite sans y réfléchir et en pensant à autre chose mais là tu dois rassembler toute ton énergie pour ne pas faire n’importe quoi. Tu en mets un peu côté mais comme tu es caché par le bar, ça ne se voit pas, heureusement. Tu tiens bien ton shaker et tu ne te lances pas dans des acrobaties. Tu verses le tout dans le verre préparé avec le rebord salé et la tranche de citron. Tu poses le verre devant elle avec un petit sourire timide. « Ça fera douze dollars s’il te plaît. » tu retentes à nouveau de faire un sourire mais tu sens bien que tu ne peux pas rivaliser avec ceux des autres barmans.

Ce sentiment d'abandon t'abritait de plus en plus. Comme si une part de toi partait à chaque fois qu'un homme quittait ta vie. A quoi bon ? Tu étais peut-être destinée à être seule. Mais tu ne voulais pas que ça soit ainsi. C'est pourquoi, tous les soirs tu sortais et tu faisais la fête. Ca permettait d'oublier chaque nuit pourquoi tu te sentais si mal. L'alcool pensait tes blessures, mais ce n'était pas la meilleure des solutions, tu le savais. Pour l'instant, ça faisait l'affaire. Alors, tu te dirigeais vers le bar et par chance, le jeune barman que tu trouvais plutôt mignon vint te prendre ta commande. « Merci beaucoup » répondis-tu en t'asseyant sur le tabouret en face de ce dernier. Tu l'avais vu un peu plus tôt du coin de l'oeil faire des acrobaties avec ses bouteilles. Mais cette fois, il n'en fit point et il s'exerça dans la création de ton cocktail purement simplement. Tant qu'à la fin ça a le même gout, tu t'en fiches. Une fois le cocktail terminé, le jeune homme te tendait ton verre et te donna le prix de ce dernier. Tu fouillais dans ton sac à main et tu tendais un billet de dix et un billet de cinq dollars. « Tiens, gardes la monnaie » dis-tu au brun en lui faisant un clin d'oeil. Ca fait toujours plaisir, un peu de pourboires. Tu pris la paille de ton cocktail dans la bouche et tu avalais quelques gorgées. Ca te faisait l'effet d'un bon remontant, comme si ton corps en réclamait. « J'avais bien besoin de ça » dis-tu en pensant à voix haute, avant de te rendre compte de ta bêtise et de rire légèrement. Tu reposais un regard ver le garçon et tu souris. « C'est quoi ton petit nom ? » demandas-tu, avec ton air un peu éméché. « Moi, c'est Althea » finis-tu avec un grand sourire qu'on te connaissait si bien.

En général les gens ne restent pas près du bar, ils attendent deux minutes leur commande d’un air parfois agacé parce que ça ne va pas assez vite et après ils retournent danser, draguer, être avec leurs amis. Lorsque la jeune femme s’assoit tu te dis qu’elle va peut-être rester un peu plus longtemps que ce que tu pensais. Tu ne trouves pas ça déplaisant mais tu ne risques pas d’être très concentré temps qu’elle restera dans les parages. Quand tu lui donnes la note, elle te tend deux billets en te demandant de garder le reste. Un pourboire n’est jamais de refus et tu lui lances un petit sourire timide pour la remercier. Parler dans une boîte n’est pas la chose la plus simple alors les échanges sont en général rapide et sans longues phrases difficiles à comprendre. Après lui avoir donné son verre, tu ne bouges pas trop. C’est assez calme alors tu ranges juste ce qu’il y a devant toi, histoire d’avoir encore un œil sur elle jusqu’à ce qu’elle ne parte vers la foule de gens et que tu la perdes de vue sans jamais la revoir. Elle te demande ton nom et te donne le sien. Tu as l’impression que c’est un mirage, que ce n’est pas vraiment à toi qu’elle parle. De toute façon, ça ne peut pas être à toi ? Tu n’es qu’un petit barmaid que les gens oublient aussi vite qu’ils ont leur verre. « Manny. » dis tu seulement en réponse. Personne ne t’appelle par ton prénom de naissance, sauf tes parents. Tout le monde préfère le diminutif, simple et mignon. Tu réfléchis quelques secondes avant d’ajouter. « Comme la fleur ? » Tu sais plein de choses dans divers sujets parce que tu es très curieux. Du coup tu connais un peu les plantes et dans tes souvenirs l’Althea est une plante, tu ne te souviens pas de grand-chose d’autre sur ça. « Mais c’est jolie. » Tu baisses un peu la tête, trop honteux de ne pas réussir à tenir une simple conversation avec une fille.

Tu avais décidé de rester près du bar. C’était surement parce que t’étais un peu éméchée et que t’en avais marre de tituber sur la piste de danse. Tu préférais plutôt admirer le jeune homme qui venait de faire ton cocktail. Tu lui donnais deux billets après qu’il t’ait donné le prix de ce verre et tu lui laissa un pourboire pour le service. Il te sourit pour te remercier et tu lui souris aussi en retour. Le brun rangeait tout son matériel et tu le regardais faire, parce que tu faisais pareil lorsque tu étais derrière le bar. Un peu comme tout les barmans du monde il faut avouer. Mais tu commençais à engendrer une conversation, désireuse d’apprendre à le connaître. « Enchanté, Manny » dis-tu avec un grand sourire. C’était surement un surnom mais s’il t’avait dit ça, c’était surement qu’on l’appelait toujours ainsi. Après avoir donné ton prénom à toi, le barman te demanda si c’était le même nom que la fleur. Surprise, tu posais ton verre sur la table et tu le regardais fixement. « Euh, oui totalement » dis-tu vaguement. Personne n’avait jamais su que ton prénom était le même qu’une fleur, alors ça te faisait bizarre. « Je crois que tu es la première personne qui connait l’althéa » dis-tu en riant légèrement. Tu te demandais même si tes frères étaient au courant de la signification de ton prénom. Il avoua que tu avais un joli prénom ce qui te fit sourire d’avantage. « Merci beaucoup » répondis-tu toujours avec ce sourire. Tu sirotais ton cocktail tout en le regardant. C’était peut-être un peu gênant et le remarquais. « Pardon, j’peux te laisser si tu veux, j’te dérange peut-être » demandas-tu au jeune homme.

Elle semblait étonnée que tu connaisses l’origine de son prénom. Il faut dire que les gens qui connaissent un peu les plantes, ça ne court pas non plus les rues. En général les gens en connaissent quelques unes et c’est tout. Mais toi, tu as eu une période où tu t’y intéressais pas mal et dans ton cursus tu as également pris un cours optionnel autour des plantes, fleurs et leurs utilisations. Comme tu es quelqu’un de curieux, tu sais plein de choses dans plein de domaines. Tu n’as pas vraiment des connaissances poussées mais tu es excellent au trivial pursuit. Tu lâches un sourire, ne sachant pas trop quoi dire et ayant peur de bégayer à nouveau. Elle te regardait et tu perdais tous tes moyens, n’arrivant pas trop à te concentrer. Elle te demande si tu veux qu’elle parte. Tu te jettes presque sur ta réponse. « Non, non, tu peux rester, y’a pas trop de monde là ça va. » Ce n’est pas le rush donc tu es un peu moins speed. Même si tu n’as absolument pas confiance en toi et que tu n’arrives pas à la regarder vraiment sans te sentir à moitié trembler, tu ne veux pas qu’elle parte et se perde dans la foule pour trouver un gars mieux que toi avec qui passer la soirée. Tu sais qu’elle a bu et que si elle reste avec toi c’est sans doute par flemme de vouloir se lever ou parce qu’avec l’alcool elle se dit que tu es mignon même si tu n’y crois pas une seconde. « C’est juste que j’ai du mal à me concentrer quand je te regarde. » lui avoues-tu alors que ton regard fixe le sol et que tes mains renversent les choses autour de toi sur le comptoir. Heureusement avec le bruit ambiant et la hauteur du bar, ta maladresse est cachée.

Même si tu étais légèrement éméchée, tu ne pouvais pas t'empêcher de rester et de parler à ce garçon. Il devait surement te prendre pour une de ses filles qui veulent avoir des consommations gratuites en faisant des compliments au barman mais ce n'était pas ton cas. T'avais envie de sympathiser avec quelqu'un. Même si tu étais venue avec tes amies du club, que tu connaissais par coeur. Alors tu lui demandas, si ça ne le dérangeait pas que tu restes devant lui à lui parler. Et à ton plus grand bonheur, il te dit que tu pouvais rester là. « Oh, c'est vrai ? Super, alors je reste » répondis-tu enthousiaste. Tu te rassis correctement sur le tabouret du bar et tu continuais à siroter ton cocktail. Tes copines t'avaient clairement oubliée, elles étaient entrain de danser sans se soucier du monde autour. Et sans se soucier que tu avais disparu depuis quelques minutes. Sa phrase suivant vint te faire arquer un sourcil. Bah, t'étais pas intimidante pourtant ? « Mais... pourquoi ? » demandas-tu naïvement au barman. La musique était assez forte, mais vous arriviez quand même à discuter tous les deux, et c'était une bonne chose. Même si tu avais perdu foi en l'amour depuis le départ de Luka, rien ne t'empêchais de rencontrer de nouveau garçon. A vrai dire, depuis qu'il était parti, un bon nombre de garçon s'était suivi dans ton lit, comme pour oublier ce moment douloureux où tu pensais que tu n'étais pas faite pour l'amour. C'est fou ça, pour une grande amoureuse des sentiments comme toi ! Ce soir, tu avais jeté ton dévolu sur Manny, sans savoir où cette discussion allait mener. Mais tu comptais bien la faire durer.

Tu sais bien qu’en restant avec elle tu t’enfonces un peu plus. Peu sûr de toi tu ne fais aucun pas en avant si ce n’est lui confirmer ce qu’elle doit sûrement déjà savoir : elle est belle, elle a l’air gentille et sociable. Il n’en faut pas plus pour toi pour ne plus savoir où te mettre dès qu’elle te regarde. Pourtant elle est étonnée quand tu lui dis que tu n’arrives pas à te concentrer quand elle reste là, près de toi. Tu aurais préféré qu’elle comprenne, pour ne pas avoir à lui répondre et à te sentir encore plus gêné. Tu profites que quelqu’un vienne pour demander un verre pour éviter quelques instants la question. Tu reviens malgré tout rapidement. « T’es...jolie, j’ai pas l’habitude de parler à des filles comme toi. » Parce que bien souvent tu bégayes deux mots avant qu’elle ne reparte dans la direction inverse. Tu es l’inverse du type mystérieux et charismatique qui a beaucoup plus de popularité auprès des filles, et des hommes. Tu as peur qu’à chacun de tes mots elle ne décide de faire comme beaucoup de filles avant elle et de rebrousser chemin. A chaque fois tu as ce petit espoir de plaire à quelqu’un de réussir à ne pas la faire fuir trop vite mais tu finis toujours par être maladroit, par oublier quelque chose, par rougir de la tête aux pieds, le genre de trucs où les gens se disent « c’est mignon » mais qui te case dans la partie ami.