ally ☾ welcome home

Petit Maxwell gambadait au loin, ses petites boucles d’un roux vif volaient au vent chaque fois que l’un de ses pieds atteignait le sol. « Ezzzzzzzieeeee », pouvait-elle entendre au loin, assise sur un banc. Cette petite voix toute douce, remplie d’amour et d’innocence, jamais elle aurait pu imaginer en devenir autant dépendante. Ezekielle avait donné rendez-vous à Ally et son petit homme au parc, cet avant-midi, juste comme ça, juste parce que c’était maintenant si facile en étant dans la même ville, dans le même pays, sur le même continent. « Maxou d’amour ! », lança la blonde en se levant et en tendant les bras au petit garçon qui courait vers elle. « Comment tu vas mon chaton ? Tu es content de venir au parc aujourd’hui ? », dit-elle en caressant l’enfant qui rapidement, reprit la course vers le grand module de jeu. « Et toi belle rousse, en forme ? » Ça lui faisait drôle, tout ça. Être ici, à Bowen, avec Ally, qui l’aurait cru ? Probablement personne, à vrai dire. Cela faisait quelques jours qu’Ezekielle était de retour et elle n’arrivait toujours pas à déterminer si c’était vraiment une bonne chose. Ce dont elle ne pouvait douter, c’est qu’elle avait besoin de les revoir, besoin de profiter de chaque instant avec Maxwell. « Il a tellement grandit Ally, c’est incroyable. Il aura 4 ans dans à peine un mois, t’imagine ? Et bientôt il sera déjà ado, avec sa casquette sur la tête et ses pantalons qu’on lui répètera sans cesse de remonter, puis il ne voudra plus rien savoir de moi ! », finit-elle en ricanant. Elle avait eu l’occasion de recroiser des visages connus en ville, des visages qui avaient changés. Même son petit café préféré avait changé, il n’était plus le même. Elle encaissait le tout un peu comme un choc, elle savait qu’elle devait s’y en attendre, mais Ezekielle restait surprise. Était-elle donc partie si longtemps ?

Mon fils se précipitait pour trouver sa marraine. Je n’avais pas eu le temps de lui enlever sa veste, c’était toute façon peine perdue. Je me contentais de rire en trimbalant la poussette par habitude. C’était presque plus pratique qu’un sac à main! Ezekielle était maintenant en sol australien et ça allait me faire le plus grand bien. Notre relation avait évolué grandement depuis la dernière fois où nous étions à Bowen, ce qui me soulageait grandement vu le nombre d’ennemis grandissant. Je faisais presque compétition à Woody – presque. Concho, quant à lui avait clairement le beau jeu. Ezekielle demandait des nouvelles de mon fils et je le laissais répondre gaiement avant de le voir filer vers le module de jeux. Je pouffais de rire. « Contente de te voir, Ezekielle. » Dis-je en souriant à pleines dents en allant étreindre mon amie. « La rousse tente tant bien que mal de respirer. » Je lui accordais un clin d’œil, avec un gamin c’était moins évident. Au moins, il n’était plus un bébé et ça simplifiait grandement les nuits qui se montraient plus réparatrices. « Toi, comment tu vas? Comment se passe le retour? » Lui demandais-je attentive. La blonde parlait de mon fils qui poussait à vue d’œil. Il s’était éloigné dans des modules de jeux et j’étais déjà persuadée qu’il avait pris quelques centimètres. Je riais de bon cœur à son commentaire. « Je sais, c’est complètement fou. » Ça l’était. « Me parle pas de l’adolescence, j’suis pas prête à affronter les cheveux blancs encore! » Je pouffais de rire, mais je rirais sans doute moins dans quelques années où mon fils me ferait fliper à ne pas rentrer avant l’aube. Je n’étais pas prête à ça. Laissons lui quelques années encore... « Primo, j’ai bien espoir que cette mode de pantalon trop bas passe! Deuxio, arrête, t’es sa marraine trop cool, il va toujours t’aimer parce que tu ne le gronderas jamais. Et tertio, j’suis clairement pas prête à tout ça! » Je pointais une table à pique-nique pas trop loin vers où je me dirigeais avec Ezekielle. Une fois arrivées, je m’asseyais sur la table avec les jambes sur le banc en gardant toujours un œil de maman ours sur ma progéniture. « C’est fou comment tout change. » Constatais-je.

Ezekielle et Ally avaient cohabité ensemble un moment et contre toute attente, elles s'étaient sincèrement liées l'une à l'autre. Elle se souvenait du jour de la grande demande comme si c'était hier, ce jour-là était bien imprégné dans sa mémoire et dans son coeur. Ally lui faisait justement part de comment elle allait dernièrement. Ça lui fit penser à ces soirées plus difficiles où Max n'arrivait point à s'apaiser ou encore ces journées où il débordait d'énergie alors que la rouquine, elle, avait les batteries à plat. Si elle avait souvent cotoyé des enfants lors de ses voyages humanitaires et personnels, Ezekielle vivait une expérience bien différente avec son filleul. Ils partageaient une connexion bien à eux, un lien unique et certains soirs, il n'y avait que son contact qui l'apaisait. Il s'endormait alors dans ses bras, la jeune femme profitant de ces doux instants figés dans le temps. Elle retrouvait ensuite son amie qui soufflait un peu en profitant d'une coupe de vin. « Oh je vois ! Et comment va Max ces temps-ci, il ne te fait pas trop la vie dure ? » Le petit bonhomme avait beaucoup d'énergie et en y ajoutant son emploi, Ally avait toutes les raisons d'être fatiguée. À son tour, celle-ci lui demanda comment se passait son retour. Cela ne faisait que quelques jours que la voyageuse était revenue. Elle s'était installée temporairement à l'hôtel, elle chercherait un appartement plus tard. « Ça va, c'est spécial. » Elle ne savait pas trop à quoi s'attendre en revenant, en fait. « Ça fait du bien de revenir dans du connu, dans un kind of chez moi. » Chez elle, c'était un peu partout à la fois. Connaissant des gens aux quatres coins de la planète, ayant vu tellement de paysages, tellement de visages. Portland demeurerait toujours son réel chez soi, celui où elle avait grandit, mais dans un autre sens, elle avait beaucoup grandit durant ces quelques années à Bowen. À sa remarque sur son garçon, Ally rit de plus belle. Il était encore tout jeune, mais elles n'en étaient pas à leur première fois à l'imaginer beaucoup plus grand qu'elles ne voudraient le garder. Ally fit quelques mises au point. « Oh mais si, je le gronde !!! Ce n'est pas ma faute si après, on se régale de glace au chocolat... » Ezekielle rigola. C'est vrai, elle avait tendance à le gâter son filleul, mais juste un petit peu. « Au moins, c'est de la glace vegan ! » Les deux jeunes femmes s'approchèrent du module où Maxwell s'amusait. D'autres enfants venaient d'arriver et l'un d'eux prenait contact avec Max. Le voir interagir de la sorte fit sourire la blonde. « Et vite, en plus, mais c'est la beauté de la vie, après tout. C'est ce qui nous permet d'évoluer et jusqu'à présent, ce n'est que positif dans ton cas ! » Qu'on le veuille ou non, Bowen avait changé et elles aussi. Ezekielle lui sourit, se remémorant les réussites d'Ally au cours des derniers mois.

Je me souvenais de ce moment précis, de ce moment auquel j’avais répondu à la porte... Il était tard dans la nuit lorsque j’avais entendu frapper. Et à l’époque, Maxwell me réveillait fréquemment pour des fringales nocturnes... C’était son moment préféré pour recevoir la nourriture, paraît-il. J’étais enceinte d’environ 35 semaines, il n’en restait plus beaucoup. Ezekielle avait habité cette chambre bleue avant même que Maxwell ne soit au monde. La femme était parfaite avec mon fils, son filleul. Elle l’aimait d’un amour inconcevable et je lui confierais ma vie sans la moindre hésitation, malgré nos premiers désaccords. Après, la vie changeait, le temps passait. J’avais appris à lâcher prise sur certains aspects, la dure leçon de la vingtaine. La demoiselle me questionnait concernant Max et je ne pouvais qu’échapper un soupir honnête avec la marraine de mon fils. « Il questionne beaucoup sur son père, ironiquement. » Dis-je en soupirant de nouveau. « Pendant que j’enterre ma mère. » Commentais-je avec un petit rictus en secouant la tête, la vie était drôlement faite. « Et que j’suis dans la même ville que son père. » Je levais les yeux au ciel. Ezekielle devait savoir que le père de Max était Conchobáhr, mon copain de l’époque. C’était lui le père de Max. Si ce n’avait pas été explicitement dit, il avait été sous-entendu à de nombreux égards. « C’est spécial? » répétais-je en sachant pertinemment ce qu’elle voulait dire puisque c’était aussi cette relation que j’avais avec Bowen. « Exactement, je comprends. » Une fois de plus, les mots n’avaient pas besoin d’être pour que Belle et Bulle se comprennent.

Ezekielle revendiquait rapidement le fait qu’elle le grondait avec de la crème glacée par la suite. Je riais et je levais les yeux au ciel. « Ça s’annule, Ezie! » M’exclamais-je en riant alors qu’elle tentait de prouver son point. « Ça va, t’es sa marraine cool, alors ça passe. » lui dis-je avec un clin d’œil. Elle pouvait bien le gaver de bonbons, pour tout ce que ça me regardait, tant que ce n’était pas avant sa sieste ou son heure de coucher. Mon amie me faisait sourire à nouveau. « T’es sympa! Et toi aussi, tu sais. On parle que de moi, de Max, mais toi aussi t’as fait ton bout de chemin. » Admis-je en pensant aux dernières années. « D’ailleurs, tu te souviens d’Henri? » Leurs chemins respectifs avaient dû se croiser alors que l’homme était à mes côtés pour la majorité de ma grossesse et même après... « Il est à Bowen lui aussi. » Je ne pouvais pas réprimer un petit sourire et mes joues devenaient un peu plus roses.

Ally lui présentait quelques peu le compte-rendu d'où elle en était par rapport à sa vie, présentement. Et si pour certains, elle aurait pu créé un malaise, Ezekielle la connaissait assez bien pour recevoir ces mots, de cette façon. « Et tu lui dis quoi, pour son père ? J'avoue que Max doit bien commencer à comprendre des choses, à analyser tout. » Elle le voyait encore tout petit, mais la belle blonde devait se faire à l'idée qu'il avait déjà bien grandit et que jamais ça ne cesserait. « C'est un petit brillant, ton bonhomme. Comme sa mère ! » lança-t-elle, un grand sourire affiché sur son visage. Leur retour respectif à Bowen comportait son lot de souvenirs et de défis, Ally était bien placée pour comprendre ce que pouvait ressentir Ezekielle. Malgré toutes leurs différences, leur passé se rejoignait sur plusieurs points. Et le petit garçon qui s'amusait à faire le singe dans le module de jeux, à quelques pas d'eux, était sans aucun doute ce qui les unissait le plus.

La rouquine riait à ses mots, comme si gronder son filleule et se régaler dans de la crème glacée après s'annulait réellement. Aucune chance. « Sa marraine cool, ouais, jusqu'à ce qu'il ait 13 ans et me trouve vraiment trop nuuuuuuulle » poursuit-elle en riant.  « Heureusement qu'il aura toujours une mère vraiment top, à ce moment-là ! » C'est à ce moment qu'Ally ramena la conversation sur Ez, pour qui il était tout à fait naturel de parler des autres, plutôt que d'elle-même. Elle n'avait pas l'habitude. Lorsqu'elle voyageait et que les gens des communautés où elle s'installait parlaient d'elle et du bien qu'elle leur apportait, l'Américaine retournait toujours ces beaux mots en leur faveur. Ils lui apportaient toujours davantage qu'elle, elle pouvait le faire. Elle grandissait grâce à eux. « C'est gentil Ally, même si pour ce faire, tu te bases entre autres sur ces années où on ne pouvait pas se sentir » dit-elle à son amie en passant son bras sur ses épaules et la tirant vers elle. « Mais peu importe, maintenant tu es prise avec moi, de toute façon ! »

Le teint de son amie tourna légèrement au rosé lorsqu'elle prononça le prénom d'Henri, faisant part de sa présence à Bowen. « Ouhhhhhh. Bien sûr que je me souviens », répondit-elle, se souvenant des parcelles de leur relation. « Du coup, vous vous êtes revus, j'imagine ? » De son côté, Ezekielle n'avait pas eu l'occasion de revoir ces gens qui avaient occupé une place bien précieuse dans sa vie. Parmi ceux-ci, un petit brun frisé avec qui elle avait correspondu ici et là, puis de moins en moins.

J’avais confiance en Ezekielle, entière confiance. Elle adorait mon fils et malgré notre rencontre qui était un peu tendue – et exaspérée au départ, tout s’était modifié pour le mieux. La femme me questionnait concernant ce que je disais. « Je dis rien, je change l’idée de Max. » Avouais-je, penaude. C’était pas faux, j’avais toujours une surprise mystère lorsqu’il parlait de son père pour que je puisse détourner l’attention. Elle me disait que mon fils était brillant et je riais en secouant la tête. « C’est un super petit garçon! » Je ne disais rien concernant l’intelligence, à mon sens, il était trop tôt pour se prononcer.

Ezekielle parlait d’elle en se décrivant comme trop nulle et une mère vraiment top. J’pouffais de rire parce que ça deviendrait bien évidemment le contraire. Je donnais un coup de fesses à mon amie, moqueuse. « Arrête, tu verras bien lorsque je vais le punir qui il viendra voir! » Commentais-je, clairement amusée. La marraine est trop cool, elle file les cadeaux. La mère s’occupe de la discipline et de la lessive... On repassera dans quelques années pour faire le topo de tout ça. La blonde disait que je me basais sur de vieilles années et je pouffais de rire. « Encore heureux que tu aies remonté la pente! » Lui avouais-je, le rictus aux lèvres. Alors qu’elle me disait que j’étais prise avec elle, je l’étreignais un peu plus fort. « Arrête! C’est toi qui est coincée avec moi! T’es la sœur que j’ai jamais eue. » Constatais-je alors avec un petit sourire qui tirait mes lèvres malgré moi en pensant à Thiago la sœur d’Ezekielle.

Le sujet revenait sur Henri et je ne pouvais pas réprimer mon sourire. « Évidemment qu’on s’est revus. » Je lui adressais un clin d’œil qui en disait long. J’en pinçais réellement pour lui et ça m’effrayait plus que jamais. Avec tout ce qui se passait avec Concho... Le passé nous hantait toujours un peu plus et créait une atmosphère pesante. « T’as une idée où tu vas t’installer? T’es la bienvenue à t’établir avec nous pour le moment, si tu souhaites. Par contre, ça sera très petit. » Admis-je en riant un peu. L’idée d’avoir un appartement avec Ezekielle commençait à germer dans mon esprit. J’étais certaine que Max approuverait et qu’elle l’aimerait tout autant.

Ally avoua à son amie avoir des tactiques pour esquiver les questions du petit Maxwell sur son papa. Ce ne devait pas être facile et Ezekielle ne pouvait que compatir avec son amie. Un jour, Max serait assez grand pour savoir, pour comprendre, mais pas maintenant. Il avait le droit de continuer de rêver et de vivre sa vie d'enfant avant d'avoir à décortiquer le passé de sa mère et du même coup, le sien. Et quand ce jour viendra, sa marraine préférée serait là pour le supporter et lui rappeler que sa maman a toujours voulu le meilleur pour lui, rien de moins. Ezekielle secoua la tête aux mots de la rouquine sur son garçon. Cette dernière fit d'ailleurs allusion à celle qu'il irait voir, le moment où elle le gronderait. Ezekielle rigola. « Que veux-tu ! ». Elle n'était pas parfaite, non, loin de là. Personne ne l'était, si ce n'est que tout le monde était parfait à sa façon. Ally et elle s'étaient connues à une époque bien particulière et la relation qu'elles entretenaient respectivement avec Isaiah avait été déterminante dans leur propre relation. C'était chose du passé, depuis quelques années. Elle rigola aux mots de son amie. « Je commençais à me sentir seule au loin, au bas de la pente, tu sais ! ». Ally reserra leur étreinte. T'es la seule que j'ai jamais eue. La grande blonde eu un petit pincement au coeur, une petite pensée pour Thiago, sa soeur. Elle lui manquait même si, techniquement, elle se parlait pratiquement tous les jours. Le décalage horaire n'était pas évident, mais elles trouvaient toujours un moment pour se faire un coucou et se donner des nouvelles. « Et toi tu es définitivement ma soeur d'une mère différente, mais surtout, ma soeur de coeur. » Puis, comme de vraies soeurs, le sujet revint rapidement tourner autour des garçons. La rousse confirma qu'Henri et elle s'étaient revus et son regard la trahit. « Alors, raconte-moi ! Qu'est-ce que tu attends ? », dit-elle en rigolant. Depuis qu'elles n'habitaient plus sous le même toît, elles vivaient un léger décalage sur les péripéties de chacune. Lorsqu'Ezekielle était débarquée chez Ally, à New York, elles avaient apprit à se connaître réellement et, tout naturellement, elles s'étaient liées d'amitié. À un moment, c'est comme si elles n'avaient plus besoin de communiquer par les mots pour communiquer, elles se comprenaient, elles savaient. Aux mots d'Ally, à l'offre qu'elle lui fit, Ezekielle décrocha son regard de sur Max et se tourna vers son amie. « T'es sérieuse ? », dit-elle en fronçant les sourcils. « Je ne voudrais pas t'imposer une seconde fois ma présence, Ally. Puis il y a Henri, je préfère que tu me racontes que d'être témoin de la cristallisation de votre relation... » finit-elle en riant. Elle était bien consciente qu'Ally lui offrait de bon coeur. « Je ne dis pas non, laisse-moi y penser », souffla-t-elle. L'idée d'être à nouveau si près d'eux, si près des matins et des soirées de Max lui faisait chaud au coeur. Elle rigola à la remarque de la grandeur du logement. « En même temps, c'est vrai que mon éléphant, mon bâteau et mon énorme collection de chaussures risquent de te laisser très peu d'espace... », dit-elle en se grattant le menton du bout de son index. Ezekielle vivait simplement, sans superflu. Elle savait se faire discrète, elle était même passée experte dans cette discipline.

Ezekielle était trop gentille et trop aimable et je le savais pertinemment. Je ne savais pas comment j’avais pu la détester à un autre point, il y a de cela quelques années. Sans doute qu’Isaiah devait y être pour quelque chose. Le sujet principal était Maxwell actuellement et je ne me concentrais que sur mon fils. La blonde me faisait rire avec son commentaire au bas de la pente et je ne la serrais qu’un peu plus fort comme si je n’allais jamais la lâcher. « Un rôle de sœur de cœur me va amplement. » Après tout, je n’aurais jamais tolérer avoir une sœur... Ça me suffisait amplement de savoir qu’Ezekielle était présente auprès de moi.

La blonde me questionnait de plus belle concernant le sujet Henri. Je levais les yeux au ciel avec un petit sourire alors qu’elle n’attendait que la suite. Pauvre Ezekielle que je faisais languir et je m’en amusais, c’était bien pire. Je me raclais la gorge. « Pour vrai, il n’y a rien à raconter pour le moment... Mais disons que le fait de le retrouver par ici, ça fait du bien. » Je réfléchis aux mots que je vais employer parce que clairement, ça pouvait se retourner contre moi bien amicalement. « Ça ne change pas vraiment... On continue de se partager la couchette. » Même si au fond, je savais que je voulais plus d’Henri. Je savais que le jour où je l’aurais, ça serait le jour où je n’aurais plus envie de l’avoir et d’un côté, c’était dommage, même si ça faisait parti de la vie. Je soupirais vaguement. « Tu le sais comment j’aimerais qu’il soit... » Je ne termine pas ma phrase parce qu’Ezekielle va clairement savoir le mot que je cherche sans même que je ne le dise. Ça faisait trop officiel, ça faisait trop peur. Après tout, je n’avais été avec personne depuis Concho et quelque part ça me faisait un petit pincement. On dirait que d’un côté, je refusais de me séparer de ce qu’était toute la relation que j’avais avec Concho, mais d’un autre, je me devais de tourner la page. Je soupirais en songeant à tout ça.

Suite à ma proposition concernant son logis, Ezekielle me demandait si j’étais sérieuse. Je hochais la tête positivement. « Circé m’héberge gratuitement pour quelques temps. » Dis-je alors avec un petit sourire. « Autant que ça puisse servir au plus de monde possible! » C’était vrai et je réalisais ce point commun avec ma propriétaire. « Arrête, tu ne t’imposeras pas du tout. » C’était vrai puis quelque part, j’en bénéficiais avec le babysitting gratuit d’Ezekielle, la vie était bien plus simple. « Pour la cristallisation, je ne peux rien te promettre. » que j’admets finalement en riant. « Penses-y. » Concluais-je finalement, c’était une offre de bon cœur. Le reste ne t’importait que bien peu. Ezie n’avait que bien peu d’affaires comme elle me le faisait remarquer avec son éléphant, son bateau et ses chaussures. Je pouffais de rire. « Mais ça pourrait être une idée de déménager ensemble avec Max... Si tu veux. » Dans un logement plus grand, avec trois grandes chambres et quelques aires communes. Plus j’y songeais et plus cette idée m’enchantait. « Puis, c’est pas comme si on comptait un jour se séparer. » Girl friends over bros. Je lui adressais un clin d’œil comme quoi c’était beaucoup plus fiable.

On aurait pu ouvrir les paris sur leur future amitié, à l'époque, et personne n'aurait osé y mettre un seul sous. Et pourtant, les voilà, aujourd'hui, inséparables, à partager bien plus qu'une bouteille de vin ou quelques anecdotes. Elles partageaient leur vie, leur famille. Être soeur de coeur valait tout autant qu'être soeur de sang, aux yeux d'Ezekielle. On dit qu'on ne choisit pas sa famille, mais qu'on peut choisir ses amis, mais la journaliste n'avait pas eu besoin de faire de choix déchirants. Tous ceux qui croisaient sa route lui étaient cher, à leur façon. De son côté, Ally aussi avait croisé la route de bien des gens. Dans son cas, plus souvent que jamais, ces dits gens étaient souvent de sexe masculin et ils possédaient un point commun, soit celui de partager le coeur d'Ally - mais parfois aussi son lit. « Je suis contente que ça te fasse du bien ». C'était sincère. Le bonheur de la rouquine, c'est tout ce qu'Ezekielle pouvait espérer. Son amie fit allusion au rôle qu'elle aimerait qu'Henri porte. « Je sais, Ally, je sais. » Elles n'avaient pas besoin d'échanger des mots, leurs pensées se connectaient et à ce moment, Ezekielle savait très bien de quoi elle parlait. « Chaque chose en son temps, on ne sait pas ce que la vie vous réserve - ce que la vie te réserve, à Max et toi. » Parce que si elle souhaitait que son amie trouve l'amour, finalement, le vrai, l'Américaine souhaitait surtout qu'Ally puisse trouver quelqu'un avec qui construire un petit nid de bonheur à Max et à elle, quelqu'un qui les accepterait tous les deux et qui accepterait un peu sa blonde de meilleure amie, aussi. « Mais elle saura te rendre heureuse, y a pas de doute. » Elle serra à nouveau la jeune femme contre elle, alors qu'elles abordèrent le sujet de la colocation, à nouveau. Ally lui assurait qu'elle était la bienvenue et rigola en avouant ne pas pouvoir lui assurer quoi que ce soit par rapport à sa relation avec Henri. La jeune voyageuse y penserait, évidemment. Elle allait devoir se pencher sur plus d'une question, dans les prochains jours, concernant son retour officiel à Bowen et le développement de son entreprise. Rapidement, à sa remarque, le rire de la rouquine se fit entendre. « Si je peux amener mon éléphant et mon bateau, alors je suis prête à me séparer d'une paire de chaussures de ma collection afin d'emménager dès maintenant. Mais juste une, hein ! Et pas celle en édition top limitée machin, je te jure, je ne cèderai pas sur celle-là ! » Ezekielle en riait, mais cette idée ferait son chemin, tranquillement. Elle sentait qu'elle pouvait se laisser convaincre par cette douce image d'avoir Max à ses côtés, de le voir grandir plus vite que la vitesse de la lumière et de pouvoir compter sur Ally au quotidien. « Se sépa-quoi ? Tu rêves. » Leur amitié était intouchable, il était impossible d'en douter, à présent. Max descendit dans le glissade du grand module, puis Ezekielle quitta Ally quelques instants. « Max ! », lança-t-elle au petit garçon, avant d'ouvrir grand ses bras. Maxwell coura vers sa marraine, qui le prit dans ses bras. Tout bas, elle lui chuchota quelques mots, puis le déposa au sol. Le rouquin partit ensuite à la course vers sa mère. « Maaaaaaaaman, on peut aller manger un glace avec Tatie Ezie ? Siiiiiiiiii vous plaît ! » Yeah, mission accomplie, Agent Maxwell. Ally ne pourrait pas résister au regard charmeur de son fils devant sa marraine slash meilleure amie fan de crème glacée. Puis après tout, il faisait bien chaud et ils avaient une raison de célébrer. Ils étaient à nouveau tous les trois réunis, pour de vrai.

Tu te souvenais du nombre de fois où Ezekielle avait levé les yeux au ciel de ta présence. La blonde ne cherchait pas les embrouilles, mais clairement elle ne t’appréciait pas et tu avais su le desceller assez tôt. C’était limite un problème avec Isaiah à l’époque, mais tu rongeais ton frein. Et quelle surprise de la voir débarquer chez toi à New York il y a de cela quelques années... Alors que t’avais le ventre le plus arrondi de Brooklyn. Aujourd’hui, t’étais en paix avec Ezekielle. Normalement, tu gardais rancune, mais là tu avais tout enterré peut-être parce que Max t’inspirait la paix à l’époque, mais peut-être aussi que tu vieillissais et que la sagesse te gagnait peu à peu. Puis, vous aviez développé une complicité toutes les deux qui se reflétait encore alors que tu parlais de l’aîné Dickerson qui te faisait tourner la tête. Ton amie te ramenait à l’ordre en te disant que chaque chose venait en son temps et tu savais qu’elle avait raison. La vie jusqu’ici avait si bien fait son œuvre avec toi. Ezekielle était d’accord avec ça et ça te faisait sourire. Tu pouffais de rire en l’entendant parler de son éléphant et de son bateau... puis surtout de ses chaussures. « Prends tout le temps qu’il te faut. » De toute façon, elle ne repartirait pas de si tôt et se séparer était inimaginable. Ton amie te quittait un petit moment pour aller rejoindre la petite tête rousse non loin d’elles. Tu levais les yeux au ciel en riant doucement alors que ton bonhomme te demandait de la crème glacée. « Est-ce que Tatie Ezie est d’accord? » Demandais-tu en te doutant que la blonde était derrière le subterfuge, mais juuuuste pour en être certaine. « Allez vous deux, on y va. » Dis-tu en riant doucement alors que Max marchait en tenant la main d’Ezekielle et que je poussais la poussette. « T’aurais pu juste me dire que t’avais envie de crème glacée, Ezie et j’aurais dit oui, tu sais. » Tu riais encore. La vie était belle, légère même en les ayant tous les deux à tes côtés.

Ally l’encourageait à prendre le temps qu’il lui fallait afin de se décider, sages paroles auxquelles Ezekielle répondu par un sourire. Elle n’avait pas prévu repartir prochainement, non, même qu’elle n’y avait pas du tout pensé. Ces dernières années avaient été chargées en déplacements, en émotions, en culture, en attachement. Ezekielle sentait qu’elle avait besoin de ralentir le rythme auquel elle vivait, aussi étrangement cela puisse paraître. La blonde qui vivait à la fois au jour le jour qu’à cent milles à l’heure. Max n’arrêterait pas de grandir et il vivrait à un rythme encore plus rapide que le sien, elle le sentait. La jeune femme avait besoin de s’imprégner de ces moments qui s’envoleraient à tout jamais. De cette amour palpable et à profusion que le gamin avait pour sa marraine. Chaque instant comptait. Ally rit face à la demande de son fils qui, elle le savait bien, était précédée de son adorable marraine. Ezekielle fit mine de réfléchir, suscitant un questionnement sur le visage du rouquin, puis hocha la tête en guise de oui. Elle rigola face au commentaire de son amie qui la connaissait si bien. Le trio se dirigea vers la sortie du parc, direction le marchand de crème glacée. On pouvait finalement dire que Belle et Bulle étaient à nouveau réunies.

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