can we come back from this (conja)

Devant le téléphone du commissariat, tu hésites quelques secondes, fixant l'appareil sans être capable d'écrire ce numéro. Si ce n'est pas lui, qui peux-tu réellement joindre à cette heure de la nuit ? Tu ne peux pas appeler Woody, pas cette fois, tu dois apprendre à te débrouiller sans lui. Harmonie travaille et Billie est partie quelques jours avec Florian. Tahlia ? Certainement pas après ce qu'il s'est passé à l'appartement l'autre jour. Alors, en soupirant, tu composes le numéro de Concho, espérant malgré tout qu'il entende son téléphone et ne soit pas trop occupé à se perdre dans les bras d'une autre. Tu aurais bien appelé Luigi mais tu préfères lui éviter le commissariat puisqu'il en sort à peine. Quand ton colocataire décroche, tu ressens comme un pincement au coeur inexplicable alors tu te débrouilles pour bégayer quelques mots afin qu'il vienne te chercher. « N'oublie pas ma carte de crédit, elle est dans ma chambre, j'en ai besoin pour payer l'amende. » Et quelle amende... Tu raccroches avant de retourner dans la cellule le temps que Concho vienne te sortir de cet endroit. Tu appréhendes son arrivée mais en même temps, tu te sens soulagée que ce soit lui et pas quelqu'un d'autre. Même si tu lui en veux beaucoup, c'est son visage que tu as envie de voir à cet instant précis. Après environ vingt minutes à fixer l'horloge postée devant ta cellule, l'un des policiers te sort de tes pensées, te libérant de cette cage que tu commences à bien connaitre. « Est-ce que je peux au moins récupérer mes vêtements ? » Demandes-tu en soupirant. Il faut dire que tu n'as qu'un simple tee-shirt par-dessus ton maillot de bain mais rien pour couvrir tes jambes. Au moment où tu termines de t'habiller, tu vois Concho entrer dans le commissariat. Il a l'air paniqué mais tu le serais sans doute aussi à sa place. Après avoir signé un dernier document, tu arrives à hauteur de ton colocataire pour récupérer ta carte de crédit. Tu paies cette amende qui vide la moitié de ton compte en banque et ne perds pas davantage de temps, impatiente de te tirer de cet endroit, tu te diriges vers la porte. « Merci d'être venu et désolée de t'avoir dérangé. » Dis-tu en osant à peine le regarder avant de sortir du commissariat.

Dans un sursaut, je me réveillai alors que le téléphone sur ma table de chevet vibrait. Instinctivement, j’avais cherché avec la paume de ma main glissant sur les draps à côté de moi, la présence de Freja. Ma main ne fit que flatter le vide, vide qui n’était plus que dans mon lit mais aussi dans mon cœur, maintenant que plusieurs jours s’étaient écoulés sans même que je ne la croise au sein de l’appartement qu’on partageait pourtant. Elle m’évitait. Elle évitait Tahlia. Elle évitait toute conversation possible sur ce qui s’était passé. Ça me brisait le cœur de voir non seulement notre propre relation s’effriter, mais aussi toute la bonne entente du #17 qui était en train de s’envoler par ma faute. Je soupirai, puis tournai la tête vers mon téléphone avant de réaliser que la vibration provenait bel et bien d’un appel, en plein milieu de cette nuit. Un appel de Freja. Ce fut le tour à mon cœur de sursauter. Je débranchai rapidement le fil de chargement et je portai l’appareil à mon oreille après avoir décroché. Dans une confusion énorme, j’arrivai à comprendre que Freja était détenue au commissariat, qu’il fallait payer l’amende pour la faire sortir, et qu’elle n’avait visiblement eu personne d’autre que moi à appeler. Je ne savais même pas comment me sentir par rapport à ça. Le point positif était qu’on n’aurait pas le choix de parler. « Ok, t’en fais pas, je m’en viens vite. » Dis-je d’une voix fatiguée avant de m’habiller rapidement, sans trop prendre le temps de me regarder dans le miroir. Il y avait des choses plus importantes. Des personnes plus importantes. Je passai à la chambre de Freja dans laquelle je n’étais pas rentrée depuis plusieurs jours, pour en ressortir avec sa carte de crédit. Je conduisis jusqu’au poste de police avec plus d’empressement qu’à l’habitude. J’arrivai au commissariat une vingtaine de minutes plus tard. « Bonsoir, ou euh … bonne … nuit ? Ahem. Je viens chercher Freja. Freja Ivanova. » Et je brandis la carte de crédit devant moi, pour leur signifier qu’on avait de quoi payer sa libération. J’attendis, alors qu’ils allaient chercher la norvégienne. Mon cœur se serra en la regardant traverser le long couloir. Fatiguée, las, vêtue d’un simple t-shirt par-dessus ce que je ne pensais être qu’un sous-vêtement. Je fronçai les sourcils. Elle s’occupa de payer l’amende et, sans attendre, elle quitta l’endroit. Je la suivis et secouai la tête quand elle s’excusa de m’avoir dérangé. « Tu peux m’appeler n’importe quand, quand t’as un problème, tu le sais. » Elle continuait de marcher et je pris doucement son poignet entre mes doigts pour l’arrêter. « Mais je suis pas venu jusqu’ici pour que tu me fasses encore le traitement du silence. » Je soupirai, la mine basse. « Tu vas bien ? Qu’est-ce qui s’est passé pour que tu te retrouves ici ? » Demandais-je, inquiet.

Evidemment que tu sais que tu peux compter sur lui à n'importe quelle heure de la journée ou de la nuit mais avec ce qu'il s'est passé récemment, tu n'as pas envie d'être dépendante de Concho. Tu n'as pas envie d'avoir besoin de lui alors que de son côté, il semble être capable de régler ses problèmes dans les bras d'une autre. Tu pensais que votre relation était différente, qu'ensemble, vous fonctionniez comme un pansement pour l'autre, comme un moyen de retrouver petit à petit la lumière plutôt que la noirceur de l'obscurité mais il faut croire que tu t'es trompée sur toute la ligne, encore une fois. Bien décidée à rentrer à l'appartement et à te terrer dans ta chambre, tu sors du commissariat sans tarder et sans même oser regarder ton colocataire. Tu es toujours en colère contre lui mais avant tout blessée et déçue. Et tu as peur que tes mots dépassent ta pensée. Mais Concho ne te laisse pas l'opportunité de décider puisqu'il provoque une discussion, visiblement fatigué de ton silence. Tes yeux se posent quelques secondes sur ses doigts renfermant ton poignet et malgré toute ta volonté, tu es incapable de mettre fin à ce contact. « Oui j'vais bien. C'est rien de grave, juste une connerie. On est entré par effraction à la piscine du complexe sportif avec Luigi et on s'est fait prendre. » C'est ridicule quand on y pense mais votre recherche d'adrénaline et d'interdit vous poussent à faire les pires conneries possibles. C'est peut-être les mêmes raisons qui ont poussé Concho à prendre de la drogue avec Tahlia, qui sait ? « Je n'ai pas voulu que Luigi reste, il risquait bien plus gros que moi. Alors j'ai tout pris pour moi mais heureusement, je n'ai eu qu'une grosse amende. » Tu ne sais même pas comment tu as fait pour éviter une peine plus lourde mais le principal, c'est que ça ne t'ait rien coûté d'autre qu'un peu d'argent. Un peu beaucoup, certes, mais ce n'est pas très important. « J'veux juste rentrer à la maison, maintenant. » Murmures-tu avant de finalement retirer ton poignet de ses mains, à contre coeur, et d'avancer jusqu'à sa voiture.

J’aurais été prêt à tout, pour Freja. Conduire jusqu’ici au beau milieu de la nuit, sans même savoir pour quelles raisons elle s’était retrouvée dans cette situation, ce n’était même pas une corvée, ce n’était même pas quelque chose que j’aurais pu refuser. Je l’aurais sortie, aveuglément, de n’importe quel embarras. Parce qu’elle avait fait la même chose pour moi, ces derniers mois. Elle ne saisissait peut-être pas à quel point elle avait pu me sauver de moi-même, mais c’était bel et bien le cas. Elle avait été ma lumière au bout du tunnel, celle qui m’avait forcé à avancer sans même en faire l’effort. J’avais eu des égarements, j’avais eu des rechutes, mais c’était toujours vers elle que je revenais. Vers la lumière qu’elle était pour moi. Malheureusement, cette lueur faiblissait et sans même que je puisse m’expliquer, sans même que je puisse tenter de nous faire revivre, Freja me tournait le dos. Cette nuit, je n’en pouvais plus. De ce silence, de cette attente, de ce mal et de ce manque qui me dévoraient. Je saisis donc le moment, l’obligeant à enfin daigner me parler. Mais aussitôt les paroles lâchées, aussitôt je regrettai. « Luigi ? » Demandais-je, blessé par ce simple prénom sortant d’entre les lèvres de Freja. Elle continua, m’expliquant qu’elle n’avait pas voulu qu’il se fasse prendre, alors elle avait pris tout le blâme. Je déglutis, desserrant mon emprise du poignet de la norvégienne. Freja profita de mon silence pour affirmer qu’elle voulait rentrer, et retira sa main devant ma faiblesse. Je la regardai s’éloigner vers la voiture, immobile, avant de marcher d’un pas déterminé et fâché pour contourner la voiture et aller m’asseoir derrière le volant. Je ne mis toutefois pas les clés dans le contact. Je posai mes mains sur le volant et, malgré une respiration profonde, la colère me gagna et j’assenai un coup contre ledit volant. « So that’s how you punish me ? Tu vas voir celui qui m’a tout pris, qui vit la vie que j’aurais dû pouvoir avoir ? » Déclarais-je, sèchement, fixant droit devant moi. Puis, je regardai Freja. « Et tu vois ce que ça donne ? Tu te retrouves en taule, par sa faute. Il méritait pas qu’tu le défendes, que tu le protèges. Tu vois pas qu’il te manipule ?! » M’exclamais-je.

Cela fait des années que tu connais Concho, des années que vous êtes amis, que vous vivez ensemble et pourtant, ce n'est que récemment que vous vous êtes ouverts l'un à l'autre. Parlant de tout et de rien mais surtout, des sujets les plus compliqués de vos vies. Malheureusement, ni lui ni toi, n'a été épargné par la vie mais pouvoir en discuter ensemble vous a sans doute bien plus rapprochés, encore, que vos parties de jambes en l'air. Durant ces dernières semaines, tu n'as jamais hésité à lui parler de ton père, accordant une confiance aveugle à l'australien. Ça a peut-être été ça, ton erreur, finalement, lui faire tellement confiance que tu ne croyais pas être déçue un jour et encore moins blessée de la sorte. Malgré tout, quand tu perçois dans sa voix à quel point Concho est blessé en entendant le prénom Luigi, tu ne peux pas t'empêcher de culpabiliser. Et davantage encore, quand, en s'installant dans la voiture, il t'accuse de te servir de son demi-frère pour lui faire du mal. « Non ! » Réponds-tu, sur la défensive. « Je ne cherche pas à te punir ou te faire du mal, j'veux juste me sentir vivante. » Parce que ces derniers mois n'ont été qu'une succession de déceptions et que le seul point de lumière de ta vie s'est échappé en couchant avec une autre. Ton colocataire était le seul à te maintenir la tête hors de l'eau et maintenant qu'il n'est plus là, tu coules, progressivement, dans l'attente de toucher le fond. « C'était mon idée, pas la sienne. Alors si j'en suis là, c'est ma faute. Y'a pas d'histoire de manipulation Concho, c'est moi qui apporte les emmerdes dans sa vie. » Alors tu n'avais pas vraiment eu d'autre choix que de prendre le blâme, de tout porter sur ton dos. « Mais j'suis pas la seule à être en recherche de sensations fortes, visiblement. » Dis-tu en tournant la tête vers la vitre côté passager, incapable de regarder ton colocataire en évoquant sa nuit avec Tahlia. Imaginer les lèvres de la brune sur le corps de ton colocataire te rend malade et tu ne peux pas t'arrêter d'y penser quand ton regard se pose sur lui. C'est ce qui te pousse à croire que votre "histoire" est terminée depuis l'apparition de cette rumeur. Et c'était tellement douloureux que tu as ressenti le besoin de prendre tes distances, de garder le silence, pour éviter que tout soit trop réel et pour retarder la fin de votre relation.

Assis derrière le volant, je sentais le sol de la voiture se dérober sous mes pieds. Ou peut-être était-ce tout mon monde qui s’écroulait sous le poids de cette trahison. Que Freja m’en veuille d’avoir pris de la drogue avec Tahlia et d’avoir couché avec elle, je pouvais l’encaisser ; j’étais le seul à blâmer. Qu’elle se tourne vers celui qui vivait la vie qu’on m’avait cruellement refusée, ça toutefois, ça me restait coincé en travers de la gorge. N’importe qui sauf lui. N’importe quoi sauf ça. Quand je l’accusai de me punir en se rapprochant de Luigi, elle s’écria, sur la défensive, que ce n’était pas le cas. « Et tu te sens vivante, ce soir, Freja ? Tu te sens vivante alors que t’étais derrière les barreaux et que lui doit être en train de se marrer tout seul, de s’en être encore sorti comme ça !? » Je lui prêtais toutes les mauvaises intentions du monde, à Luigi. Je n’avais même pas cherché à apprendre à le connaître. De toute façon, dans cette vie qu’il menait sans en comprendre l’importance, je n’avais pas ma place. La norvégienne argumenta que c’était son idée à elle, pas celle de Luigi. J’eus un rire qui sonna tellement faux, lorsqu’elle m’assura que c’était elle qui apportait les emmerdes dans sa vie. « C’est ce qu’il se plait à t’faire croire. Luigi est très bien capable de se mettre dans la merde tout seul. » Je continuais à croire qu’il manipulait Freja. Et je tenais plus que tout à la protéger, à la protéger de toutes ces personnes en qui elle avait aveuglément confiance. Devrais-je la protéger d’abord de moi-même, alors ? Je soupirai en entendant son reproche. « It was one time, Frej’. One fucking time. Tu vas me le remettre sous le nez combien de fois encore ? » J’avais toujours vécu la petite vie bien rangée, avec juste quelques petites soirées arrosées par-ci ou par-là, juste en compagnie de mes colocataires, de mes amis. La seule fois où je m’autorisais à m’abandonner un peu à une délivrance fictive, tout se brisait ? « Pour ce qui est de Tahlia … on a jamais dit qu’y’avait que nous deux, Freja. Hell, je sais très bien que y’a pas que nous deux, que ça aurait jamais pu être le cas. » Dis-je en faisant évidemment allusion à Woody, ou même encore à Landon, avec qui elle avait un lien tout aussi particulier. « Ça ne veut pas dire pour autant que toi et moi, ça ne veut rien dire. » Au contraire, ça voulait présentement tout dire.

Tu sais que si tu cherches à défendre Luigi une fois de plus, ça blessera Concho plus que tu ne peux l'imaginer parce qu'il lui voue une haine incommensurable. Pourtant,  même si tu peux comprendre l'amertume de ton colocataire envers son demi-frère, tu ne peux pas le laisser croire que Luigi est le seul fautif alors que ce n'est pas le cas. Tu es sans doute trop loyale pour ça. « Arrête Concho... Il n'est pas comme ça. » Soupires-tu parce que tu sais d'avance que tu ne feras pas changer d'avis l'australien. « J'ai toujours fait ce genre de conneries dans ma vie, c'est pas nouveau. » Ajoutes-tu en haussant les épaules comme si tu ne mesurais pas la gravité de la situation. Les conneries dans ta vie, ça a défilé. Jeune, tu les enchainais l'une après l'autre et la plus grosse s'est passée à Copenhague et tu t'étais promis que ce serait la dernière. Malheureusement, tu n'es pas très douée pour tenir les promesses qui te concernent toi et seulement toi. « Je sais qu'il en est capable mais ce soir, c'était mon idée. Et j'veux pas que tu le blâmes pour quelque chose dont je prends la pleine responsabilité. » Ce ne serait pas juste et surtout, tu n'as pas envie qu'à cause de toi, la situation s'envenime davantage entre Concho et Luigi. Malgré toi, tu lèves les yeux au ciel quand ton colocataire s'emporte et t'accuse de remettre cette histoire avec Tahlia et la drogue sur le tapis. Encore une fois. Sauf que vous n'avez jamais eu l'occasion d'en parler en face à face et tu trouves ça injuste de sa part de réagir de la sorte. « Combien de fois ? J'crois pas avoir abordé le sujet avec toi ou alors j'perds complètement la tête... » Parce que cet échange par sms n'avait rien d'une vraie discussion à tes yeux. Et tu pensais qu'en laissant passer un certain laps de temps, ta colère s'évaporerait un peu mais ce n'est malheureusement pas le cas. Maintenant que Concho est devant toi, tu ne peux que te sentir encore plus déçue que ça se finisse comme ça entre vous. « C'est pas une question d'exclusivité Concho et tu le sais très bien. » Parce que non, il n'y a pas que ton colocataire dans ta vie actuellement. Il y a toujours Woody, coincé dans le fond de ta tête sans pouvoir en sortir. « Le fait que ça soit Tahlia, ta colocataire, ça me donne juste l'impression que t'avais envie de t'amuser avec tes colocs et voilà. Ça me donne juste l'impression que ce qu'on vivait ça n'avait aucune importance pour toi même si tu dis le contraire. » Alors qu'à tes yeux, ce n'était pas rien, bien au contraire. Concho t'a aidé à sortir la tête hors de l'eau, t'a tiré vers le haut lorsque tu étais au plus bas et ça a beaucoup de valeurs à tes yeux. Mais visiblement, pas aux siens. « Ça aurait pu être n'importe qui mais il a fallu que ça tombe sur la seule personne capable de me faire douter... » De toi, de lui, de vous. Parce que Tahlia a tellement plus de valeurs que toi.

Je levai les yeux au ciel quand Freja m’affirma qu’il n’était pas comme ça. Je secouai la tête, celle-ci appuyée contre l’appui-tête de mon siège de conducteur. « Tu le connais pas comme je le connais. » Donnais-je comme explication, alors que c’était plutôt moi qui n’avais jamais voulu apprendre à connaître Luigi. Tout ce que je savais, c’était qu’il était entré dans ma vie par une porte-mystère et qu’il s’était fait une place que je n’avais jamais réussi à me faire. Alors si, en plus, il fallait qu’il me prenne Freja … Je soupirai. « Ben c’est la première fois que je dois aller t’chercher en taule au beau milieu de la nuit. Et surprise, ça concorde justement avec sa sortie de prison à lui. » Coïncidence ? Je ne crois pas. Je tapais du pied sur le tapis de la voiture, signe de mon irritation. Ça faisait bouger la voiture au grand complet, c’était agaçant. « Tu devrais pas la prendre, la pleine responsabilité, c’est ça qui me dérange. » De toute façon, rien n’était juste entre Luigi et moi, absolument rien. Alors une raison de plus ou de moins de se détester sans objet valable, ça ne changerait pas grand-chose. La situation s’envenima encore plus, avec Freja, quand celle-ci fit allusion aux sensations fortes que je semblais rechercher. Une pique pas si subtile que ça, qui me fit monter sur mes grands chevaux automatiquement. J’étais fatigué, j’étais exténué. « Tu me le remets sous le nez à chaque fois que tu m’fais ton traitement du silence ! Tu ne me parles plus, tu ne me regardes plus, tu fais tout pour m’éviter. Pas besoin d’aborder le sujet, c’est bien clair comme ça. Et j’en peux plus. » Dis-je, ma voix se cassant vers la fin. Si j’avais d’abord été en offense et en défense tout en même temps, je battais maintenant en retraite. « C’est pas du tout ce que c’était. Si tu penses que c’était un p’tit défi personnel que j’me lançais d’coucher avec mes deux colocs’, c’est mal me connaître, Frej’. » Et elle me connaissait pourtant bien mieux que beaucoup d’autres. « It just happened. C’est tout ce que je peux dire … Mais ça signifie pas qu’avec toi c’était pas spécial, ça n’a absolument aucun lien. C’est vers toi que je revenais constamment, pas vers Tahlia. » Et ça pour moi, ça voulait tout dire. C’était Freja, ma zone de confort des derniers mois. J’avais eu besoin d’elle plus que de n’importe qui, et c’était encore vrai aujourd’hui.

« Je pourrais en dire autant, Concho. » Cette phrase peut aller dans les deux sens. Vous n'avez pas la même image de Luigi et ce ne sera probablement jamais le cas mais qu'importe. Dans le fond, tu t'en fous de tout ça. Dans le fond, il y a tellement plus important à tes yeux que ce discours de sourd à propos du jeune Rosenbach. « Ce n'est pas parce que c'est la première fois que tu viens me chercher au commissariat que c'est forcément la première fois pour moi. » Et quelque chose te dit que ce ne sera probablement pas la dernière fois non plus. Tu as tendance à attirer les problèmes et même, parfois, à les chercher. « Peu importe, le principal c'est que je ne risque plus rien, non ? » Demandes-tu agacée que Concho soit toujours en boucle sur le même sujet. Mais tu ne peux pas vraiment lui reprocher parce que, de ton côté, tu ne parviens pas non plus à te sortir cette histoire de drogue de la tête. Même si, à tes yeux, c'est plus grave que cette "petite" histoire d'effraction. Alors oui, peut-être que tu lui remets cette histoire sous le nez à chaque fois mais c'est parce que vous n'avez jamais vraiment eu l'occasion d'en parler en toute franchise. De vous dire les choses, une bonne fois pour toutes. Tu n'as jamais mis de mots sur ce que représente ta relation avec Concho, ni même sur tes sentiments et il est peut-être là, le fond du problème. Sans doute que tu n'imaginais pas que votre relation pourrait prendre une telle place dans ta vie. Et sans doute que tu n'imaginais pas que ton colocataire pourrait te blesser de la sorte. « Laisse tomber alors, si t'en peux plus. » Dis-tu en levant les yeux au ciel et en détournant le regard vers la vitre côté passager. Tu l'écoutes sans le regarder quand il reprend la parole et tu es bien obligée de reconnaitre qu'il a raison. Tu sais qu'il n'est pas comme ça, à se lancer des défis qui risquent de faire souffrir les autres. Tu sais qu'il ne cherchait probablement pas à te faire de la peine mais ce que tu ne comprends pas, c'est pourquoi il a été vers Tahlia quand ça n'allait pas plutôt que vers toi. De ton côté, c'est toujours vers lui que tu t'es tournée, durant ces derniers mois quand ça n'allait pas. Quand tout semblait s'écrouler autour de toi. « Et pourtant, ce soir-là, c'est auprès d'elle que tu as trouvé du réconfort... J'comprends pas pourquoi t'es pas venu me voir. Ou pourquoi tu ne m'as pas appelée tout simplement. » Tu aurais répondu présente, évidemment. Sans aucune once d'hésitation. « J'peux pas m'empêcher de vous imaginer ensemble à chaque fois que je te regarde. » Dis-tu en tournant la tête vers lui, le regard triste. Tu es triste de constater que tout risque de changer entre vous à présent et que vous ne retrouverez probablement jamais cette légèreté partagée durant quelques mois. Quelques mois dans une bulle, dans votre bulle.

Touché. Freja connaissait Luigi d’une toute autre manière que moi. Du moins, je ne pouvais que m’en convaincre, parce qu’autrement elle ne resterait pas l’amie d’un type comme lui. Je ne pouvais pas imaginer ça d’elle. Mais elle aurait besoin de bien plus que ça pour me convaincre de laisser une chance à celui qui avait pris ma place auprès de mon père. « P’t’être. » Lâchais-je juste, en haussant les épaules, les mains entourant lâchement le volant de ma voiture. Je regardais devant moi, sans trop regarder ni le pare-brise, ni ce qui se trouvait devant. Heureusement que nous n’avions pas encore pris la route. « C’est quoi, t’as un abonnement au commissariat et je l’ignore ? » Si ça aurait pu sonner comme le genre de blague que je pouvais faire, ça n’en était présentement pas une. Mon ton de voix le laissait savoir à Freja, à qui je semblais reprocher ce côté rebelle, tout d’un coup. « Oui, c’est le principal. Mais ça ne me rassure pas de savoir que tu ne risques plus rien pour le moment seulement. » Parce que si elle allait continuer à traîner avec Luigi et si elle continuait à se ramasser en taule, que ce soit moi ou non qu’elle appelle pour l’en sortir, ça m’inquiétait. Cependant, je n’étais pas le seul à avoir des reproches à faire cette nuit et ce fut alors au tour de Freja de laisser son cœur parler à propos de ce qui s’était passé entre Tahlia et moi, quelques semaines auparavant. « C’est de ton attitude, dont j’en pouvais plus ! Mais maintenant qu’on peut enfin en parler et qu’tu me laisseras peut-être une chance de m’expliquer, non, je ne laisserai certainement pas tomber l’affaire ! » Ce n’était peut-être pas une conversation que j’avais envie d’avoir, mais c’était une conversation plus que nécessaire. Par-dessus tout, je ne voulais pas perdre Freja. Alors s’il fallait se rentrer dedans cette nuit pour enfin se relever, alors soit. « Parce qu’elle était là ! J’étais à une soirée, Tahlia était là, elle est mon amie et on a eu envie de se faire un peu de fun. J’m’étais rendu seul à ce rave à la base, c’est juste le hasard qu’elle ait été là aussi. C’était pas prévu, mais c’est arrivé. » Freja avait sa vie, de son côté aussi. Nous ne vivions pas l’un pour l’autre, même si tout allait définitivement mieux quand nous vivions l’un avec l’autre. Et elle me manquait tellement, pour ça. Et pour tout ce qu’elle était. Je ne regrettais peut-être pas ce qui s’était passé avec Tahlia mais je regrettais toutes les répercussions que ça avait, bien malgré moi. « Tu crois que c’est facile pour moi, à chaque fois que tu croises Woody ou encore Landon à un événement ? Ton regard se dirige automatiquement vers un ou l’autre. Tu crois que j’vous imagine pas ? Tu crois que j’me sens bien là-dedans ? » La vérité était que je ressentais de plus en plus de jalousie, par rapport à tout ça. Alors je comprenais sans doute bien mieux la réaction de Freja que ce que j’aurais voulu laisser croire. Ce n’était plus que notre bulle. Nous la partagions avec tout ceux que notre cœur renfermait également.

Tu plisses les yeux en entendant la question de Concho que tu trouves à la fois blessante et injuste. Il sait pourtant comment tu fonctionnes et comment tu es. Alors à quoi s'attendait-il ? « Tu veux quoi ? Que j'arrête de vivre pour ne plus rien risquer ? J'ai toujours fonctionné comme ça Concho. J'aime prendre des risques, faire des trucs parfois trop dangereux mais qui me font vibrer. Je suis comme ça. » Et parfois cette envie de te dépasser va trop loin, comme ce soir, alors que tu as terminé ta nuit au commissariat. Mais ça ne t'empêchera pas de recommencer parce qu'il n'y a que dans ces moments-là que tu te sens vivre. A défaut de pouvoir voyager, c'est tout ce que tu as trouvé. « Crois-moi, si on s'était vu le soir où j'ai tout appris, rien de bon n'en serait ressorti. » Tu aurais probablement été injuste et méchante avec l'australien parce que dans ces moments-là, tu ne contrôles pas ce qui sort de ta bouche. Dans ces moments-là, c'est ton impulsivité qui prend le dessus. En tout cas, aujourd'hui, tu es prête à entendre tout ce que Conchobáhr a à te dire, même les choses que tu ne risques pas d'apprécier. Comme quand il parle de Tahlia et de cette soirée qu'il a passée en sa compagnie. C'était pas prévu, mais c'est arrivé. C'est exactement les mots que tu as employés pour décrire ta relation avec Concho. Et en entendant ces mots-là, sortis de sa bouche, tu ne peux t'empêcher de faire un parallèle de plus entre vous et ce qu'il a partagé avec Tahlia. « C'était pas prévu entre nous non plus et regarde où on en est. » Murmures-tu en soupirant. Et si l'australien n'a pas totalement tort quand il fait allusion à Woody ou encore à Landon, pour toi, les choses sont quand même différentes. Woody et Landon, ça remonte à un moment. Des années, même et c'est tellement compliqué. Mais c'était bien avant que cette relation avec Concho évolue et prenne plus de place dans ton coeur. Bien avant qu'il te sauve de tes pires démons, bien avant qu'il ne te rende heureuse, durant ces quelques mois passés à deux, dans le plus grand des secrets. « C'est différent. C'était avant... nous, avant que tu deviennes mon pilier, mon repère. » Alors, ça fait encore plus mal de se dire que tout ça risque de tomber à l'eau parce que vous n'avez jamais mis de mots sur ce que votre relation représentait. « Mais je suis désolée si tu ne te sentais pas bien dans notre "relation". J'voulais pas te faire souffrir. » Dis-tu en passant une main sur ton visage, complètement perdue et tourmentée par cette guerre des émotions en ton fort intérieur.

C’était plus fort que moi. Notre distance, ma fatigue, ce besoin d’être avec elle alors qu’elle ne voulait plus rien savoir de moi, ça me rendait irritable, injuste, direct. Cet appel au beau milieu de la nuit alors que nous ne nous parlions plus depuis un moment, ça m’avait donné espoir de la retrouver enfin, mais je constatais tristement que ce ne serait pas le cas. Et ça me brisait pour une seconde fois. « Ça te fera vibrer quand tu te retrouveras en prison pour de bon et que tu pourras plus appeler qui que ce soit pour te sortir de là ? Quand tu seras coincée là-bas pour des années ? » Parce que qui sait jusqu’où Luigi pourrait l’amener. Qui sait où Freja pour s’amener par elle-même. Bien sûr que je m’inquiétais pour elle. Au-delà de la jalousie par rapport à mon pseudo demi-frère, je me faisais aussi du souci. « J’ai pas l’impression que y’a quoi que ce soit de bon qui ressort actuellement non plus … » Lui fis-je remarquer alors que tout ce que nous faisions depuis qu’elle était sortie du commissariat, c’était nous prendre la tête pour un oui et pour un non. Elle interprétait mes mots comme elle le voulait, et sans doute faisais-je de même, inconsciemment. « Non, c’était pas prévu entre nous non plus. Et ça a évolué différemment d’avec Tahlia, après. C’était pas mon point. Mon point est que c’est pas que j’ai préféré être avec elle plutôt qu’avec toi, c’est juste que j’étais avec elle à ce moment-là et … et c’est tout, merde, Freja, tu cherches quelque chose là où il n’y a rien de plus. » Alors qu’entre elle et moi, il y avait bien plus. De mon côté, du moins. Et si sa réaction était aussi forte, je ne pouvais qu’imaginer que c’était bien plus pour elle aussi. Si ce n’était que platonique, je n’aurais pas ressenti de jalousie envers Woody ou Landon, toutes ces fois où leurs regards avaient croisé celui de la norvégienne. Tu soupiras lorsqu’elle mentionna que c’était différent, mais qu’elle était désolée si ça m’avait fait du mal. J’haussai les épaules. « Je savais dans quoi je m’embarquais, j’imagine. Comme tu dis, avec eux, ça date. » Je me tournai vers elle. « Mais ça ne signifie pas qu’ils ne sont pas dans ton présent aussi. Peu importe où t’en es dans ta relation avec eux … ils ne font pas parti du passé pour autant, et je le sais. Me fais pas croire que si l’un ou l’autre revenait vers toi, tu ne me jetterais pas à la seconde où ils te demanderaient une autre chance. » Affirmais-je tristement. C’était la triste réalité, à mes yeux. Je serais toujours l’amant relayé au second plan.

Si vraiment tu n'avais plus voulu rien savoir de Concho, tu ne serais pas là, à lui parler. Tu ne ressentirais pas cette colère et cette peine à la fois. Quand quelqu'un te déçoit, une fois de trop, tu n'as aucun mal à le virer de ta vie sans te retourner. Mais avec ton colocataire, c'est différent. Tout est devenu différent. « Oh damn Concho... ça sert à rien d'me faire la morale, j'ai plus douze ans et t'es pas mon père. » Rétorques-tu en levant les yeux au ciel, agacée. Il t'a dit sa façon de penser et maintenant, t'as juste envie qu'il s'arrête parce qu'en plus, il ne te fera probablement jamais changer d'avis. Et si rien de bon ne ressort de cette conversation ce sera tant pis, au moins, vous aurez essayé. Néanmoins, tu ne désespères pas que cette discussion prenne une toute autre tournure, quand vous oserez enfin vous ouvrir l'un à l'autre, en toute franchise. « Probablement parce que pour moi, ce rapprochement ne peut pas être anodin. » Et sans doute aussi parce que tu trouves Tahlia tellement mieux que toi, que tu as du mal à comprendre qu'il ne l'ait pas choisie elle, plutôt que toi ou encore qu'il ne veuille pas retourner vers elle. Et Concho semble partager tes doutes à propos de Woody ou encore Landon. Il se persuade qu'il vaut moins qu'eux alors qu'à tes yeux, les relations sont totalement différentes. Tu n'as plus eu de contact avec Landon depuis un moment et avec Woody, ça a toujours été passionnel. Mais concernant Concho, il est le seul à t'avoir rendue heureuse durant ces derniers mois. Le seul à avoir été capable de te sortir de ce trou noir dans lequel tu te noyais depuis un long moment. Alors, il occupe une grande place dans ta vie, lui aussi, bien qu'il n'en ait pas conscience. « T'as une bien piètre image de moi si tu penses que j'serais capable de te jeter comme ça, comme si tu ne comptais pas. » Soupires-tu en secouant légèrement la tête. Si une situation pareille arrivait, bien sûr que les choses seraient compliquées et que tu serais perpétuellement dans un dilemme. Mais ce n'est pas pour autant que tu t'empresserais de relayer Concho au second plan. « Ces derniers mois, t'as compté plus que n'importe qui à mes yeux. » Et c'était la stricte vérité. Mais aujourd'hui, malheureusement, votre relation n'était plus qu'un beau gâchis.

Heureusement que je n’étais pas son père. Elle me ferait complètement flipper avec son attitude et ses actions. Je n’étais pas monsieur parfait mais je n’avais jamais fait quoi que ce soit qui aurait pu m’envoyer en taule pour la nuit. L’ecstasy prise avec Tahlia était probablement le truc le plus illégal que j’aie fait au cours de ma vie. « T’as peut-être plus douze ans mais tu te comportes tout comme … » Dis-je simplement, pour avoir le dernier mot même si Freja allait probablement me répliquer quelque chose. « Whatever. » Conclus-je pour mettre moi-même un terme à cette discussion qui nous menait droit dans un mur. Il fut ensuite question de ma nuit avec Tahlia, et je fronçai les sourcils à sa remarque concernant le caractère anodin de ce rapprochement. « Et pourquoi il ne pourrait pas l’être ? De toutes les conquêtes que t’as pu avoir dans ta vie, aucune n’était anodine ? » Dieu sait qu’elle avait eu, des amants et des amantes, Freja. Quelques années de colocation avec elle l’avaient bien démontré. Ce que je savais, c’est que quelques personnes parmi ce paquet de monde avaient su avoir une place de choix dans le cœur de la norvégienne, et que c’était quasi-irréversible, à ce niveau. Woody. Landon. Peut-être d’autres, que j’ignorais. Une chose était certaine, j’étais persuadé de ne pas avoir eu ma place au même rang que ces deux-là. « C’est pas une question d’avoir une piètre image de toi ou non. C’est que je sais à qui ton cœur appartient. » Et ce n’était pas à moi. Pourtant, quand Freja se tourna vers moi pour me dire que ces derniers mois, j’avais compté plus que n’importe qui à ses yeux, je ne pus m’empêcher de sentir mon cœur se serrer dans ma poitrine. « Alors pourquoi moi j’ai pas droit à une seconde chance ? Combien de fois Woody ou Landon screwed you over, et t’es retournée vers eux ? » J’aurais aimé qu’elle me laisse le même bénéfice du doute, qu’elle me prouve que je comptais autant qu’eux, en me laissant réparer mes erreurs auprès d’elle.

Levant les yeux au ciel une dernière fois, tu laisses cette conversation derrière vous. Si Concho est content d'avoir le dernier mot alors très bien. Mais ça ne sert à rien d'épiloguer sur ton comportement de ce soir pendant dix ans encore. Vous ne pourrez pas changer ce qu'il s'est passé de toute façon. Et encore une fois, tu ne regrettes pas d'avoir agi comme ça et d'avoir pris l'entière responsabilité. « Bien sûr que si mais là on parle de Tahlia. Tu la connais comme moi, ce n'est pas une femme qu'on oublie. » Elle est merveilleuse, aurais-tu dû ajouter. Tu ne vas pas dire à Concho tout le bien que tu penses de votre colocataire parce que vous savez tous les deux ce qu'elle vaut. A tes yeux, elle est à mille kilomètres de toi. Au-dessus de toi. Et il est là le problème. Maintenant qu'il a passé la nuit avec elle, tu ne peux t'empêcher de penser qu'il voudra retourner vers l'australienne un jour ou l'autre. Mais tu n'es pas la seule à être en plein doute visiblement car Concho éprouve les mêmes peurs à l'égard de Woody et Landon. Même si pour toi, les choses sont largement différentes. Tu ne peux pas effacer une relation comme ça, en un claquement de doigts. D'autant plus que Woody a été ton premier amour et que tu sais que tu l'aimeras toujours, d'une façon ou d'une autre. Mais à sa façon, ton colocataire t'a apporté des choses qu'aucun homme ne t'avait apportées jusque-là et ça, ce n'est pas rien. « J'peux pas effacer ce que je ressens d'un coup de baguette magique. » Tu ne sais pas si tu seras capable d'oublier Woody un jour mais ce que tu sais, c'est que tu tiens à Concho plus que tu ne l'aurais imaginé. Cela faisait un moment que tu n'avais plus ressenti ça pour quelqu'un d'autre que Woody. « Landon a foiré et aujourd'hui, on ne se parle plus. » Dis-tu en soupirant. Tu as du mal avec le concept de seconde chance parce que ta confiance, lorsqu'elle est fragilisée, est presque impossible à retrouver. Néanmoins, au-delà d'avoir été ton amant pendant quelques mois, Concho était avant tout ton ami et tu n'es pas prête de tirer un trait sur votre amitié aussi facilement. Pour ce qui est de votre relation, par contre, tu ne peux pas en dire autant. « Je n'ai pas dit que je ne te donnerais jamais de seconde chance. J'ai juste besoin de temps pour m'ôter tout ça de la tête. Besoin de temps pour moi. » Parce qu'au-delà d'un coeur blessé, c'est également ta confiance en toi qui en a pris un coup.