Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.
Sujet: and so it goes ❖ Jamie & Gretchen Ven 22 Nov 2019 - 0:28
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jamie ft. someone
20 heures 47. Sous-sol de l'église de Bowen dans Northern D.
Les lumières étaient faibles. La rue était tranquille. Des ombres de bruits parcouraient les murs et les fenêtres pour monter jusqu’au ciel, se libérer de l’essoufflement étroit de la ville. J’avais l’impression de marcher comme un fantôme. Invisible, muet dans ses pas et dans son corps, je passais comme une impression de déjà-vu. Comme à mon habitude, j’étais dans le besoin de m’effacer et de n’être qu’une impression qu’on imagine. Il faisait froid, légèrement. Je mettais les mains dans les poches de gilet en laine pour les réchauffer. Pourtant, je brûlais de chaud. Tout mon corps se sentait consumé par une chaleur électrique, inhumaine. J’avançais lentement, le coup perdu dans le repli de mon gilet, les yeux durs et crispés. Au loin, pas un bruit ni même l’idée d’une vie humaine aux horizons.
Je n’avais pas quitté mon logement depuis presque 5 jours. On pouvait voir dans ma posture que j’étais enfermé, qu’on m’avait laissé échapper par accident. J’étais bien reclus, entouré de tout ce que je connaissais. Je suis sorti parce qu’il le fallait, parce que je devais absolument. Juste avant de quitter, je travaillais farouchement sur une traduction d’un livre du gouvernement australien; un espèce de rassemblé de notes de sécurité contre le harcèlement chez les employés de soutien. Non seulement c’était d’un ennui écrasant, mais c’était aussi très douteux comme document. Les «conseils» donnés étaient vague, mous et même très indulgents. On semblait nouveau dans ce concept de respect mutuel. On ne faisait que suivre les tendances actuelles. Je savais, cependant, qu’il y avait un réel travail à fournir de ce côté. Nombreuses avaient été les fois où je fus obligé d’assister à des rapprochements malsains de professeurs à élèves. Le dégoût me prenait à toutes ces fois où il me fallait changer de l’anglais faiblard au français catégorique.
Je songeais encore à ce travail entamé qui attendait sur le coin de la table de la cuisine. Et puis Flavie et puis Deena qui ne quittaient jamais vraiment mon esprit malgré les 3 mois passés à Bowen. Ma fille me manquait tellement, inexplicablement.
J’arrivais bientôt à un coin de rue où gisait une lumière criarde pas trop loin. Quelques voix retendirent, retombèrent jusqu’à mes oreilles alors attisées. Je n’avais pas envie d’être ici. Ma langue se roulait à l’intérieur de mon palais, je ne voulais pas être ici. Mon cœur se mit à battre plus rapidement. Des souvenirs en cascades se déchiraient une place dans ma mémoire. Une boule pesant dans le haut du corps. Merde de merde. Il fallait y aller, Jamie.
Me rapprochant, quelques visages se tournèrent vers moi. Je mordais les courroies de ma joue du plus fort que je le pouvais. Mon cœur allait déchirer. Je connaissais ces gens déjà, j’entendais leurs discussions semblables à celles de la Louisiane. Leur voix promettait de l’espoir et du soutien. Je ne croyais pas en eux et à leur parole. Des alcooliques seront toujours des alcooliques, aussi anonymes puissent-ils être. Je n’avais pas bu depuis 3 mois. Les envies étaient monstrueuses avec cette solitude et cette distance avec ma fille. J’avais résisté avec du tabac, avec Netflix, avec l’accumulation de poèmes-essais. Mais mon cœur disait «encore!», tout comme eux.
J’avançais comme une proie blessée à travers ces gens qui me souriaient. Je ne souriais pas en retour. Il était encore tôt avant la séance. L’envie de fumer. Pas de cigarettes. L’envie de s’enterrer vivant. Pas de pelle. Je contournais quelques groupes, les yeux bas, la démarche boiteuse. De la fumée fit lever ma tête, une personne seule, pensive, de dos. J’arriva derrière, tout penaud et d’une voix grave, je dis : «Salut. Je peux en avoir une, tu penses? » Un long soupir dans ma tête. Ça allait être une autre de ses soirées.
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Dernière édition par Jamie H. Thomas le Ven 22 Nov 2019 - 22:02, édité 1 fois
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Sujet: Re: and so it goes ❖ Jamie & Gretchen Ven 22 Nov 2019 - 19:31
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T'as rien à foutre là, Gret. Elle s'est foutue de ta gueule, comme toutes les autres avant toi. Une soirée entre nanas, tu parles. Ça fait vingt minutes qu'elle est plantée là, pas loin de cette église où une secte semble guetter. Ce lieu, il lui rappelle sa mère, sa famille, et toutes les croyances dans lesquelles on a voulu la plonger quand elle était gamine. Univers qu'elle avait peine à croire à force d'y être confrontée. Elle se rappelait ces longues heures à devoir admirer le prêtre dont le ventre semblait exploser sous sa toge, belle preuve que lui-même s'était déjà abandonné dans le péché de la gourmandise. D'ailleurs, à en voir les êtres qui traînaient ici, y'avait pas que le prêtre qui avait des choses à se reprocher. Au loin, des gens de tout âge se groupaient, discutaient. Elle tenta de s'éloigner un peu, et s'alluma une cigarette, son pouce libre glissant sur l'écran du téléphone pour voir les dernières informations. Lydia devait arriver, mais Lydia était trop en retard pour venir. Quelle perte de temps que d'avoir fait un détour par ici après être allée au boulot. Même les enfants étaient moins insupportables que cette nana-là. Poussant un soupir, elle finit par lui renvoyer le quinzième message, plus violent que les autres. Au bout de quelques minutes, la principale intéressée, Lydia rappelons-le et souvenons-nous en, déclina la soirée, laissant une Gretchen dépitée et regrettant que la salle de boxe soit déjà fermée, car si elle avait été ouverte, elle s'y serait précipitée pour cogner contre tous les malheurs du monde, et avec un peu de chance, elle aurait retrouvé l'un de ses partenaires de boxe habituel pour une partie de jambes en l'air salvatrice. Si seulement c'était mercredi, et si seulement Vass était dispo, ça aurait été encore mieux : elle aurait pu fumer un joint sans même payer, et oublier les soucis. Sauf qu'on a décidé de l'emmerder jusqu'au bout. Sursaut qui secoue son corps et elle se retourne, figure de l'ombre désormais en plein feu des projecteurs, ou plutôt, dans la lumière du lampadaire. Méfiante, elle dévisage celui qui lui en demande une. « Une quoi ? » La blonde fronce les sourcils, avant de suivre le regard de l'homme jusqu'à sa clope. Sur le moment, elle hésite. D'ici, il ressemble presque à une figure du passé, et elle a presque envie de vomir en y repensant. « Ouais, s'tu veux. » Elle hausse les épaules, laisse la sienne pendre au bord des lèvres alors qu'elle fouille dans son petit sac pour en sortir un paquet. Elle le tend à l'homme, le laisse choisir la cigarette avant de lui tendre le briquet. Elle jette un œil autour d'eux, juste pour vérifier qu'il y a quelques silhouettes si jamais y'a besoin d'aide. Et en même temps, elle se dit que cet homme a l'air tellement amorphe qu'il risque pas de lui faire grand mal. « T'en fais une tête. T'es sûr que ça va ? » Question lambda, juste pour essayer de comprendre pourquoi. Pourquoi il tire la tronche, pourquoi il lui a foutu les jetons en arrivant, et pourquoi il est venu lui demander une cigarette. Et puis, faut dire que de toute façon, elle n'avait plus grand chose à perdre ce soir, plus rien à perdre tout court depuis son retour à Bowen.
Sujet: Re: and so it goes ❖ Jamie & Gretchen Sam 23 Nov 2019 - 3:41
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jamie ft. gretchen
Il aurait voulu être en Louisiane à l’instant même. L’idée de sa fille, délaissée, en péril avec une femme aussi imprévisible que risquée que Deena, l’angoissait chaque jour et chaque nuit. Il ne pouvait se mentir en se disant que tout irait bien. Pendant un an, il vivrait cette angoisse perpétuelle sans y trouver une seule réponse. C’était à rendre un homme fou. Depuis 3 mois déjà, les attaques contre lui-même fusaient dans sa tête. Pourquoi avoir dit oui? Pourquoi être venu ici? Qu’avait-il à trouver ici qu’il n’y aurait pas en France ou dans la maison de son père? Ou était son frère? Pourquoi s’était-il évaporé dans ce monde si grand et hostile? Trop d’inquiétudes pour un moment aussi précis. Chaque semaine, Jamie remplissait son devoir personnel et assistait à toutes les rencontres possibles. De tous les moyens qu’il connaissait, Jamie tentait de ravaler sa démangeaison incrustée qu’était l’alcoolisme. C’était sur sa peau, sur sa tête, dans ses yeux, dans son cœur. Les visages des mêmes gens revenaient lui confirmer que le combat serait éternel. Que c’était contre lui-même qu’il devait combattre. Contrairement à ces gens illuminés par la foi de trouver la paix dans la guérison, Jamie souffrait de ne pas être plus fort que sa maladie.
❖
J’avais atteint mon but. J'avais trouvé l’excuse pour ne pas les rejoindre, ces gens indispensables des uns des autres. Je trouvais ce spectacle triste, pathétique et c’était cet même sentiment qui se pointait chaque fois que je passais la porte à une séance. J’écoutais, je croisais fort les doigts et j’attendais que ça finisse. Des devoirs, un accomplissement, rien d’autre. Il faisait froid. L’ombre fumante se retourna. Mon visage exprima une légère surprise contenue. Une jeune femme aux cheveux scintillants. Le préjugé de la jeunesse aux AA prenait le dessus. Elle semblait bien jeune pour être prise de son mal. Mais je ne jugeais pas, bien comme en mal. Tout le monde avait son histoire.
Après lui avoir demandé de partager, je remarquai son visage se durcir. Le mien se crispa un peu aussi. Sa méfiance était raisonnable, mais inusitée. Elle avait de beaux yeux. Lorsqu’elle demanda quoi, je fis un sourire enfantin en pointant silencieusement la cigarette qu’elle tenait au bout de ses lèvres. «Il faisait froid», pensais-je encore. Je tournais le regard lorsqu’elle se mit à fouiller dans son sac, ne voulant pas empiéter sur son intimité. J’avais chaud encore, tout de même. J’avais le cœur lourd. Je ne sais pas trop à quoi je pensais, mais j’étais partout dans mes idées à la fois. C’était épuisant. Finalement, la jeune inconnue m’offrit une cigarette. Je lui murmura un merci tout en souriant d’un sourire honnête, léger. Je pris son briquet et l’alluma avant de lui tendre à nouveau. Un long soupir envoya une longue pouffée de nicotine. J’était mieux.
Un instant, mon regard se tourna vers les nuages de voix. Mes collègues. Mes frères, mes sœurs là-bas. Pffft. Putain. C’était plus difficile que tous les autres soirs, j’ignorais pourquoi. Mes yeux retombèrent vers le sol, les yeux lourds et apathies. Je fumais rapidement, maladroitement. Une douce voix retendit juste à ms côtés. La jeune fille, c’est vrai. Elle me demande ce qu’il y avait. Mon visage prit de nouveau celle-ci en vision. J’haussais les épaules dans son sourire complice. Elle savait très bien quelle genre de soirée que c’était. Je ne l’avais jamais vu encore dans les séances. Peut-être ne venait-elle pas à aux mêmes endroits que moi ou peut-être n’avais-je pas remarqué sa présence, je n’étais pas une personne qui appréciait fixer maladivement un individu. «Je sais pas. Je le sens pas ce soir», dit-il avec légèreté, d’une voix un peu lâche. «Je veux dire, tu dois savoir, on vient parfois de reculons, mais on pas le choix. Là, j’ai comme l’impression d’être une tâche noire dans pot de couleurs.» lança-t-il en riant silencieusement. Jamie hocha gentiment la tête, posant ses yeux sur celle de la jeune individu. Il préférait nettement la proximité avec une personne seule plutôt que celle dans un groupe désillusionné.
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Sujet: Re: and so it goes ❖ Jamie & Gretchen Sam 23 Nov 2019 - 10:22
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Ce mec était carrément étrange. Comme si au-dessus de lui planait une ombre qui tardait à se dissiper, ou un nuage noir par lequel l'orage menace d'éclater dans les minutes à venir. Elle avait vécu ça aussi, y'a pas si longtemps, et elle ne s'en était pas encore tout à fait remise. Ils ne partageaient certainement pas les mêmes douleurs, mais ils en avaient traversé à leur manière. Quel homme ne souffrait pas, de toute façon ? Chacun est condamné à avoir ses moments de faiblesse, qu'il ne veuille ou non. On a beau essayer de vivre seul, on a besoin des autres, et le jour où on a le plus besoin d'eux, ils partent. Merde, merde, merde. C'est pas le moment de ressasser tout ça. Elle le sait, mais c'est plus fort qu'elle. Depuis le temps, elle a appris à accepter ses maux, à laisser les émotions tétaniser le moindre de ses muscles lorsqu'elle est sur le point de sombrer dans le sommeil, parfois forcé par de malheureux somnifères. C'est le syndrome de l'infirmière qu'ils disent. Tu seras toujours attiré par les gens encore plus malheureux que toi. Sûrement parce que quand elle aide les autres, elle en oublie l'odieuse personne qu'elle est, elle arrête de se dénigrer et ose enfin croire en elle. Et quand elle fait ça, elle se rassure en se disant qu'il y a pire qu'elle. Est-ce vraiment le cas ? Personne n'a voulu la forcer à consulter pour s'en assurer, et de toute façon, tout le monde s'en fout, elle-même s'en fout. Ce soir, cet homme ne fait pas exception à la règle. Pourtant, elle daigne croire qu'elle le reverra pas. Ils sont trop nombreux, à avoir croisé son chemin, à avoir entraperçu sa bonté avant qu'elle ne disparaisse. Parce que sa tendresse a toujours été sa faiblesse, parce qu'on perce pas dans la chanson si on est pas un con. Clope qui se consume au bord des lèvres, elle l'observe encore. Heureusement qu'il est pas trop mal habillé, sinon, elle aurait pu aisément croire qu'il vit à la rue depuis trop longtemps et qu'il en a oublié les bonnes manières. Quand il parle, elle regarde les petits groupes au loin, et là elle commence à comprendre quelque chose. Tous ces gens sont là parce qu'ils pensent certainement que Dieu va les aider à remonter la pente. « Wow, j'viens pas pour ça. Jamais je mettrais un pied là-dedans. » Confiance ébranlée, une moue décore son visage rien qu'en pensant à tous les problèmes qu'ils pensent tous régler en se les confiant. Qu'ils sont naïfs. Elle hausse les épaules, crache la fumée qui s'évapore aussitôt dans la fraîcheur des cieux. « Si t'as pas envie d'y aller t'y vas pas. » C'est vrai quoi, ça sert à rien d'aller s'enfermer là-dedans avec des gars tous aussi fous les uns que les autres. « Être une tache noire c'est bien aussi. Franchement, les couleurs, ça craint. Le jaune, c'est moche. Le rose aussi. Noir, c'est neutre, c'est bien. » Pas difficile à deviner quand on la regarde, elle qui ne porte pas de couleurs. Parfois, un peu de rouge, un peu de blanc, mais le noir reste sa couleur. « Alors, pourquoi tu vas avec eux ? » La curiosité l'emporte, elle veut savoir ce qu'il cache au fond de son esprit, ce qui le fait tant culpabiliser sur lui-même au lieu d'essayer de s'accepter. Ouais, c'est la poêle qui se fout du chaudron, ce soir, mais bon, on va pas se plaindre, pour une fois que Gretchen ne se dénigre pas, on va en profiter.
Sujet: Re: and so it goes ❖ Jamie & Gretchen Sam 23 Nov 2019 - 15:24
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Il est très difficile dans la vie de ne pas porter de jugements, de ne pas établir des idées conçues de notre propre chef pour donner un nom à une entité qu’on ne connait pas. Je le savais plus que n’importe qui. J’avais passé une partie de mon année dépressive à renier ces gens que je qualifiais de «brisé mental». C’était des gens marginaux, à part, incompris et ma foi, livré à une exclusion de tout ce qui réconfortait. Ça, c’était avant mes épisodes d’alcoolisme de bas-fond ou mes crises innombrables d’angoisse au bord du lit. Toutes mes gestes impulsifs, mes comportements inconnus de la personne que je suis, douce et aimante, étaient liés à plusieurs maladies mentales. J’avais, dès lors, ouvert mon esprit d’un œil que je ne connaissais pas.
C’est pour ça que d’être ici, en biais de ces petites vies humaines qui ne demande qu’à être heureux, je ne pouvais pas vraiment les tenir en haine plus que par simple ennui. Ils m’avaient sauvé après tout. Sans leur aide, j’aurais encore été à laver les planchers de bars de ma langue, à vivre dans le noir du black-out, à perdre mon sang et ma tête dans les endroits les plus glauques de cette terre. Du coup, je les aimais, mais je voulais m’éloigner pour de bon de toutes ces répétitions mentales du passé. C’était impossible, certes, mais fuck que j’aurais aimé avoir ce droit. La femme dont j’ignorais encore le nom avait une voix rassurante, je la sentais me rendre plus calmé, plus familier avec la nuit et la lueur des ombres. Je me savais sourire à l’intérieur sans le démontrer trop expressivement à celle-ci. J’étais trop ébranlé émotivement pour prétendre bien aller. La cigarette me caressait aussi. Elle regarda nos frères et ses mots me claquèrent à la figure comme une grosse bourrasque de vent hivernal. Damn you, Jamie, you’re such an idiot.
J’étais certain qu’elle faisait partie de nous, autrement, que faisait-elle ici toute seule près d’une église. Je n’étais pas blessé par ses paroles, au contraire, même qu’un réel petit rictus de sourire admiratif se posa sur ma joue gauche. J’aimais sa spontanéité et sa franchise. Ce n’est pas tout le monde qui comprend les autres réalités et c’est tout à fait correct aussi. Ça serait mentir que de se dire Ghandi à tous ce qu’on ne connait qu’en idées préconçues. Tout de même, j’étais gêné pour moi-même. J’avais révélé un côté de ma personne sans le faire exprès, ce que je n’aime pas faire en tant et lieu. Je me sentais exposé contre mon gré par ma propre faute. Je baissais les yeux violemment en toussant maladroitement, portant mon poing contre ma bouche. «Ah merde, pardon, je pensais que genre tu.. enfin, t’étais parmi le groupe. S’cuse. », murmurais-je d’une voix recouverte de nicotine et de combativité contre ce froid me tenant en haleine.
Elle continua en me disant que je n’avais pas y aller si je n’avais pas envie. Tout en gardant mes yeux bas et en avalant une autre pouffée de cigarette, je sourais de plus belle. Si seulement c’était aussi facile de dire «pas besoin.» J’aurais aimé passer la pelouse de l’Église en me claquant l’épaule du genre amusé par ma présence ici tellement elle était inutile. Cela dit, j’aimais vraiment cette façon à elle de tout dévoiler avec assurance. Franchement, quelqu’un de plus coincé des fesses auraient été agacé par son jugement, mais pas moi, j’appréciais énormément son armure. «Il y a des trucs parfois que t’as pas le choix de faire même si t’as pas envie. Tu vois, moi, j’ai un travail de traduction à la merde qui m’attend chez moi. Si je veux un salaire, va falloir je me le tape, mais putain, je le mettrai au chiottes. » Oulà, je me faisais attirer dans sa rébellion avec elle. Mais c’était vrai, mon travail était tellement pourri, juste d’y penser, ça me tourmentait.
Quand elle enchaina sur sa théorie des couleurs, je ne pu m’empêcher de lever les yeux et de la regarder avec attention qui ne m’était pas connue. Et un sourire aussi très naturel, les yeux rivés comme des étoiles. Elle était vraiment adorable, c’était le mot, adorable. Elle était comme un petit bout d’artifice oublié sur le coin d’une église morne et austère. J’hochais la tête équipé de ce sourire qui ne me quittait pas. Elle avait raison. «T’as raison, fuck les couleurs. C’est violent, c’est agressant. Le noir, j’aime bien. Sur toi, aussi, par exemple, c’est une couleur qui te porte bien. Le noir aussi, ça sa valeur.» dit-je gêné tout d’un coup d’avoir glissé un compliment à une personne que je n’avais jamais vu avant il y a deux minutes. Un petit choc dans l’abdomen, une grosse pouffée de cigarette. Flavie, flavie, dans ma tête, dans mon cœur, pour me rassurer.
Elle me posa ensuite LA question. Je la regardais, toujours, pas dans les yeux, mais mon regard fuyait, revenait, se baladait, l’accompagnait. Je lâcha un petit soupier avant de regarder le groupe encore et ensuite la regarder, elle. Je me gratta la tête avec ma main libre. «Je.. je suis alcoolique. » Une grosse lourdeur sur le cœur. Une chaleur m’envahit et je plissais les yeux. Alcoolique, j’étais malade. Il ne me faisait aucun bien de me l’avouer, mais il était toujours meilleur de l’assumer afin de s’en sortir. J’avais honte, je voulais changer de sujet. «Et toi, qu’est-ce que tu faisais par ici?»
Jamie avait de la peine soudainement, mais il se contenait. Il posa son attention sur elle plutôt que sur de mauvaises pensées. Et il songea encore à sa fille.
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Sujet: Re: and so it goes ❖ Jamie & Gretchen Sam 23 Nov 2019 - 21:43
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Une petit grimace étire ses lèvres et plisse son front. Faut être aveugle pour pas voir qu'elle serait interdite dès l'entrée de l'Église. Trop sombre, trop gothique pour ce monde coincé avec un balai dans le cul. Parce qu'être différent, être une tache noire c'est bien mieux que d'avoir envie de ressembler à tout le monde. « J'suis fille de Satan, pas fille de Dieu. » Elle est pas sataniste, mais elle aime quand même beaucoup trop ces histoires de wicca et de pentagrammes pour oser croire en cette lumière créatrice venue de nulle part. Et tant pis si ses propos choquent ceux qui y croient. Tant mieux, s'ils y croient, d'ailleurs, mais qu'ils la laissent en dehors de ça parce qu'elle a rien demandé. Bon, au moins, l'homme a l'amabilité de s'excuser, même si c'est pas forcément utile puisque dans le fond, elle lui en veut pas. Faut dire qu'une nana qui traîne autour de l'église toute seule, c'est louche, autant qu'un mec qui l'aborde pour une cigarette. « Un conseil, tu ferais mieux de te taper une nana que ce foutu boulot. Mais bon, t'as raison, ta traduction va te ramener du fric là où la nana va t'en bouffer. » C'est pas forcément ironique, dans le fond, elle sent que c'est sa vision des choses. Faut dire qu'elle s’en veut d’avoir tout foutu en l’air. Maintenant, la seule chose à faire pour pas que ça recommence, c’est de tout envoyer chier avant que les choses n’arrivent. Si jamais elle peut décourager les mecs de l’approcher et de s’attacher, c’est bien. Pourtant, c’est con, c’est pas pour ça qu’il est là lui, elle doute de le revoir plus tard, elle aurait pu aisément passer outre ce commentaire. Trop tard, les mots sont dits, et vu le tas de conneries qu’elle raconte depuis le début, laissant sa part sombre la guider, elle se dit qu’il lui en tiendra pas compte, avec un peu de chance. D’ailleurs, elle tournait la tête vers lui pour le regarder, et ce con, il souriait. Étrangement, ça la faisait sourire aussi, d’autant plus que ce commentaire peu subtil semblait avoir échappé à l’inconnu, vu l’air idiot qu’il affichait ensuite. Flattée, et se foutant totalement que ce puisse être une technique de drague depuis le début, elle relève pas, hausse les épaules et jette sa cigarette consumée par terre pour l’écraser du bout de sa bottine. « Tu changes vite d’avis. Bof, de toute façon, on dit qu’il n’y a que les cons qui changent pas d’avis. » lance-t-elle sans grâce, amusée de voir l’état dans lequel il était. Le pauvre, elle n’avait pas prévu de le faire tourner en bourrique mais elle semblait tout de même s’être lancée sur cette piste. Et puis elle n’allait quand même pas le remercier, ou alors elle sentirait son propre ego gonfler et bon dieu qu’elle deviendrait infernale. « Alcoolique ? Original. » Elle grince des dents et comprend mieux la raison de leur venue ici, à tous. Bon, au moins, cet homme a une odeur corporelle pas si désagréable que ça, le whisky ne se mêlant pas à la sueur ou à du Lacoste, c’était déjà ça. Ce qui voulait dire qu’il lui restait encore toute sa tête et son foie, contrairement à d’autres. Elle en avait vu, des mecs saouls défiler, et elle aurait pu les reconnaître entre mille. Elle le jugeait pas pour autant, elle aussi avait ses propres problèmes d’alcool et de canna ces derniers temps. « On m’a posé un lapin, j’allais rentrer chez moi pour défoncer mon punchingball. » Elle repose son regard sur lui, se concentre un peu plus sur les traits de son visage. Sa barbe qui, bien qu’abondante reste mal rasée, ses cheveux un peu négligés, et son regard plus qu’épuisé. S’il prenait un peu plus soin de lui, il aurait pu être bel homme. « Bon, bah j’imagine que j’te propose pas d’aller boire un verre. » Elle cale ses mains dans les poches de sa veste en cuir, pousse un long soupir, ne sachant pas s’il elle pouvait en vouloir à son amie de ne jamais être venue finalement. Même si l’homme était étrange, sa compagnie était toujours mieux que celle du vide, et Gretchen oubliait peu à peu qu’elle était en colère avant qu’il n’arrive. « En tout cas, t’as l’air moins alcoolique que ces gars-là. » Façon à elle de souligner ses efforts, et puis, elle se demandait aussi par ce biais pourquoi il continuait à aller avec eux si ça allait. Faut dire qu’à force de fréquenter des gens qui sentent la bière et le ricard, et qui se roulent par terre à l’évocation d’un petit shot de vodka, ça doit donner soif. Même elle aurait bien filé dans un bar pour craquer si elle avait été dans cette situation.
Sujet: Re: and so it goes ❖ Jamie & Gretchen Dim 24 Nov 2019 - 14:44
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jamie ft. gretchen
L’heure avançait, la séance allait arriver. Bien honnêtement, je n’étais pas mécontent d’avoir entrevue cette inconnue sur le chemin, elle me donnait à penser à autre chose. Je retardai le moment décisif où il faudrait que je rentre et que je me mette à repenser à toutes mes actions et le pourquoi il faudrait que j’arrête de boire pour toujours. Un mot : Deena. Bref, je terminais ma cigarette que j’allais gentiment déposer sur le sol, à contre-cœur quant à mes convictions écologiques, mais whatever. Je regardais tranquillement celle qui m’avait offert ce cadeau échappatoire. Elle avais un visage froid, dur, je ne lui ne tenais pas rigueur, mais j’étais réveillé par des questions à savoir qu’est-ce qui pouvais la rendre méfiante ainsi. À sa phrase, j’haussais les yeux avec amusement, mais du sérieux. Je n’avais jamais vraiment été tourmenté par des questions théologiques, mais son association avec Satan me décrocha un sourire attentif. «Ah oui? Qu’est-ce que ça implique être fille de Satan» demandais-je avec vraiment toute l’ignorance du monde. Plus les minutes passaient, plus j’avais l’envie soudaine de rester avec elle. Fuck la séance, j’avais le goût de dire. Je savais par contre que ça ne faisait pas trop, pas pour moi du moins, de rester en compagnie de quelqu’un aussi soudain.
J’étirai mes muscles, les yeux toujours baladeurs, mais de plus en plus motivé à ne pas bouger. Parfois, je regarder quelques personnes disparaître et d’autre fois, je regardais la femme avec attention. Je ne pu me retenir de lâcher un petite rire sincère à sa phrase. Elle m’avait bien surprise, sa franchise m’avait étonné, mais franchement, je trouvais ça absolument génial. J’aimais tellement ces gens qui n’ont peur de rien, qui assument, qui vivent à leur façon. Fuck, et puis j’aurais bien aimé faire l’amour plutôt que de traduire des mots sur des harceleurs potentiels. «Ah là, je.. » Ah merde, je savais pas quoi répondre pour ne pas avoir l’air d’un déviant pervers ou pas ne pas sonner ringard. Mes yeux virevoltèrent dans tous les sens et mes mains se crispèrent dans mon manteau. Ok, rien, j’allais rien dire. Je ne fis que sourire en hochant la tête. Je préférerais, de toute façon, l’entendre, elle, que de dire des mots insensés. D’ailleurs, je me contenais de toute fixation sur elle, mais vraiment, j’aimais ce qu’elle dégageait. Très différente de tout ce que j’avais connu jusqu’à ce jour, elle me faisait penser un peu à Deena, dans sa façon d’être très réceptive à ses pensées.
À son dévoilement de maladie, elle ne fit que lancer un commentaire qui me ravit. Je m’en foutais vraiment de mon alcoolisme, c’était part of me, oui, mais je n’avais jamais envie de me victimiser ou d’étaler mes problèmes à ceux des autres. Alors, quand elle répondit avec presque arrogance, je souris comme un idiot, mais un idiot heureux. J’haussais les épaules, toujours sourire. «Ouais, désolé, c’est le meilleur que j’ai trouvé.» dis-je tout aussi calmement en tournant les yeux vers l’église qui m’offrait une vue vers le désintéressement total. J’étais bien ici, vraiment. Je voulais pas bouger. Les voix exaspérantes en arrière avaient disparu et je pensais à cette intrigante personne juste devant-moi dont je commençais réellement à vouloir déballer comme une fleur, l’entendre encore plus longtemps. Calme, Jamie, du calme. Quand j’appris qu’on lui avait posé un lapin, j’eus un petite moue désolée. «Ah, c’est con. Tu peux me frapper à la place si t’as envie.» Ah, mais ta gueule me suis-je dit tout d’un coup. Elle veut frapper son punching bag, pas ta gueule. Je baissais les yeux en riant avec moi-même. J’étais spontané aussi. J’avais du plaisir, là maintenant.
Puis quand elle me dit cette phrase, d’offrir un verre, ma tête se leva d’un bond et mes yeux la fixèrent tendrement. Putain, si seulement j’aurais pu seulement boire un verre de bière et être en mesure d’être comme tout le monde, j’aurais pu me retrouver dans un super bar aux lumières féeriques à ses cotés en train de discuter et de me reconnecter. Je m’en voulais de ne pas être ce que j’aurais toujours voulu être. Je soupirais doucement avant de dire, «je peux toujours t’en payer un, moi, je boirai un gin tonic virgin ou quelque chose. Tsé, j’ai pas trop envie d’être là.» Je pointais l’église d’un coup de menton avant de soupirer à nouveau. Je n’avais jamais manqué de séance jusqu’à ce jour et l’idée de ne pas y aller me rendait nerveux, j’allais pas mentir, mais je me sentais bien ici, à ses cotés. Je me sentais confiant. J’pouvais me permettre ça, pas vrai? Cela dit, l’idée d’aller dans un bar où la tentation serait partout me livra à un gros dilemme mental. Un gros poids sur le cœur me saisit. M’en fous. «Oui, ben, je bois plus depuis quelques mois. Je me contient. J’écris des trucs ou euh.. ben.. je joue du piano comme un malade.» Un vrai malade. «Ça te dérangerait qu’on marche un peu, qu’on s’éloigne un peu? »
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Sujet: Re: and so it goes ❖ Jamie & Gretchen Dim 24 Nov 2019 - 16:00
and so it goes
Elle sourit, amusée. Bon sang, s'il savait ce que ça voulait dire qu'être fille de Satan, il se serait peut-être enfui en courant. Être traitée de pute dans chaque coin de rue pour avoir osé soulevé un tee-shirt en plein concert, pour avoir fait des doigts d'honneur au public, pour avoir hurlé sa rage au monde et pour avoir disparu du jour au lendemain en se faisant passer allègrement pour morte, baiser juste pour oublier, ne moquer de la bienséance et des règles de la société, avoir repeint son appartement en noir et se vanter de sa collection de planches de Ouija. Tout ça, même sa sœur le détestait et trouvait que la blonde abusait, mais elle s'en foutait ouvertement. « Si tu crois que j'vais te dire quel genre de fille je suis, tu te trompes. » Elle n'était pas prête pour le moment à lui révéler ses secrets et n'avait pas non plus envie le laisser entrer dans sa vie si facilement. Elle avait déjà bien remarqué que ça n'avait pas réussi au Petit Chaperon Rouge. D'ailleurs, elle continuait sur sa lancée, ne prenant pas conscience que son attitude pourrait la faire passer pour une fille facile ou pour une nana complètement tarée. Dans le fond, y'a d'autres choses plus importantes que l'apparence. Face au silence de l'homme, elle lève la tête vers lui, sourcil curieux relevé alors qu'un soupir las s'échappait de ses lèvres. Venait-elle d'aborder un point sensible pour qu'il ne parvienne pas à répondre ? Peut-être. En tout cas, ça la fit rire, de voir que sa grande gueule pouvait en dérouter plus d'un. L'allemande ne voulut pas l'embêter plus et préféra arborer un nouveau sujet qui tournait autour de lui et de son alcoolisme. Au moins, il avait conscience du problème qui le hantait, ce qui n'était pas le cas de tout le monde. On disait souvent que si on n'arrivait pas à admettre ce qui n'allait pas, on arriverait jamais à s'en sortir. Il avait donc encore un petit espoir de ne pas replonger de si tôt. « J'suis pas sûre que tu tiendrais le coup si je te frappais. » Elle omettait de préciser que ce lapin n'était mis que par une amie et que si elle savait si bien frapper, c'était parce que la boxe était son domaine depuis l'adolescence. Il n'avait pas besoin de le savoir, et pouvait bien s'imaginer tout ce qu'il voulait, ce n'était pas son problème. Et oui, elle ressentait encore de la rancœur à l'idée d'avoir été plantée là comme une conne. Et elle fit à la suite la remarque la plus imbécile qui soit. Comme si elle avait vraiment envie de passer du temps avec lui au lieu de rentrer. Peut-être que c'était son subconscient qui le voulait, mais Gret avait toujours été du style à penser "plutôt crever que de céder". Autant dire que si on voulait la prendre au mot, on se rendrait compte qu'elle était déjà morte des milliers de fois. « Je croyais que t'avais pas le choix d'y aller. » plaisante-t-elle, se moquant ouvertement de lui en se rappelant que, quelques minutes plus tôt, il semblait déterminer à travailler et à aller à ce groupe d'alcooliques même si ça ne lui plaisait pas. Désignant du menton une rue plus animée au loin, Gretchen accepta tout de même sa proposition. « Pourquoi pas. L'histoire du piano a attisé ma curiosité, tu vas pas avoir le choix de m'en dire plus. » Elle se mit déjà à marcher, se disant qu'il allait forcément la suivre. S'ils restaient dans des rues lumineuses, elle ne risquait rien. « Comment je peux t'appeler ? » demanda-t-elle soudainement, se disant que ça pouvait être une bonne idée de mettre un nom sur son visage. S'il faisait de la musique et qu'il se débrouillait bien, il y avait peut-être quelque chose à sauver.
Sujet: Re: and so it goes ❖ Jamie & Gretchen Mer 27 Nov 2019 - 18:51
and so it goes...
jamie ft. gretchen
Les gens commençaient à rentrer. Même sans lui-même les suivre, Jamie suivait tout le rituel de cette réunion comme sur les doigts de sa main. C'est pour cette raison qu'il détourna la regard et se concentrait dorénavant uniquement sur elle. Même si ça avait été un court débat éthique dans sa tête, il était presque certain de ne plus se rendre au but prévu de ce soir. Il avait accepté un détournement de situation et c'était à son mieux. Une rencontre absolument fortuite avait empoigné ses désirs. Il continua de l'écouter avec un sourire, la tête plongée dans cette situation. Elle était sur cette réserve, il hocha la tête d'un visage compréhensif, accompagnateur. Il ne ne voulait pas lui demander de se dévoiler à un inconnu, Jamie était cosncient de ça. Même lui ne l'aurait pas fait. Il toussa avant de regarder vers sa droite. «Est-ce que je dois le découvrir par moi-même alors? Si c'est un défi, je suis fort là-dedans.» lança-t-il à la rigolade. Jamais il ne poussait ce qui ne devait pas être poussé.
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Je n'étais pas le meilleur pour me dévoiler. Même moi, je conservais les aggraves de mon amures plus tendu que n'importe qui. J'étais juste pas comme ça. J'étais encore moins libre sur les questions de sexualité et d'intimité. Pas que j'en avait honte ou que j'étais coincé, mais il fallait une raison précise pour que je partage sur le sujet. Elle, ça semblait si facile et aisé de même toucher le sujet du doigt. Ça m'avait gêné, je l'avoue. Pas prêt, pas ready. Je ne fis que sourire bêtement en laissant le reste de la conversation prendre dessus sur ses mots à elle. Quand elle glissa le fait que je pourrais pas prendre le coup de sa frappe, mes yeux s'illuminèrent en défi, sourire mi-tendu sur le visage. J'étais nul en sport, c'est certain qu'elle aurait pu me mettre à terre, mais le jeu me gardait actif. «Frappe-moi au ventre.» dis-je avec un timbre sérieux, les yeux droits comme des piquets. J'écartais les bras afin de lui laisser du passage. Je voulais vraiment qu'elle le fasse, non pas pour prouver quoi que ce soit ou pour calmer mon orgueil, mais juste parce que je voulais ressentir la colère, je voulais échapper la vapeur que je gardais en ouate dans le fond de mon ventre.
Somme toute, on se mit à marcher ensemble après lui avoir dit que c'était pas nécessaire que je suis là ce soir. C'est vrai. Depuis 3 mois, j'avais pas raté une seule rencontre. Même si je me sentais faible ce soir, funambule sur une corde raide, j'pense que ça allait aller. Mon moral ne me permettrait de m’asseoir sur une chaise, d'écouter des pleurs et supplications alors que j'avais autant de souci à demeurer droit dans mes idées. Mes mains dans mes poches, j'étais à ses côtés avec une certaine distance parce que j'étais comme ça, j'avais de l'espace à donner aux autres. Elle me demanda mon nom, je tournais la tête. Elle était belle encore, me suis-je dis à nouveau. Beau aussi la distance qu'elle gardait envers moi. C'était noble. « J'mappelle Jamie. Mais je m'appelle aussi Hector. C'est mon deuxième nom. Jamie Hector, mais tu peux dire seulement Jamie sinon ça fait trop formel. Enfin, bref.» Putain, ta gueule. J'avais cette facilité à parler trop pour ne rien dire alors que je m'étais toujours connu très mathématicien des paroles. Cette fois, je commençais à devenir mêlé dans ma personne. «Toi, comment tu t'appelles?» demandais-je avec une voix petite, sifflante.
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Sujet: Re: and so it goes ❖ Jamie & Gretchen Dim 1 Déc 2019 - 11:39
and so it goes
L'idée du défi lui hérissa les poils. Non, pas de défi, elle détestait ça aussi qu'elle les adorait. Souvent, les défis permettaient de se faire pousser dans ses pires retranchements et même si certains voyaient ça comme quelque chose de positif, ce n'était pas le cas pour Gretchen. Faut dire qu'avec une vie comme la sienne, chacune des relations qu'elle entretenait avec les autres tenait à un malheureux fil déjà bien entamé, et que si jamais elle exécutait un défi de travers, la totalité de ses relations sociales en pâtiraient. Et bizarrement, l'idée qu'il veuille découvrir qui elle était la mettait particulièrement mal à l'aise. L'allemande avait une fâcheuse tendance à espérer qu'on reste loin d'elle et qu'on ne veuille pas s'attacher. Bien que terriblement seule dans sa vie, elle avait toujours pensé que c'était un bon moyen de se protéger, en vain. « Il est trop tôt pour le dire. » souffle-t-elle simplement, tentant d'être aussi distante que possible pour ne pas craquer tout de suite. Il ne méritait pas qu'elle s'énerve sur lui et qu'il subisse ses colères du soir. Ce n'était qu'une question de quelques minutes, quand il en aurait marre d'elle il finirait bien par partir et par l'oublier. Sauf qu'elle n'avait pas prévu qu'il serait aussi buté dans ses idées, et qu'il accepterait d'être frappé par une femme. Il te croit pas capable de le faire, c'est ce qu'elle pense d'abord, et ça lui donne la nausée qu'on puisse l'imaginer si faible. Le défiant longuement du regard, elle abdiqua. « Non. » Parce qu'elle serait incapable de s'arrêter et qu'elle entrerait en conflit avec ses propres convictions. « Un autre jour, peut-être. » S'ils se revoyaient, ce dont elle n'était pas sûre. Enfin, elle ne voulait pas parler trop vite, car la dernière fois que c'était arrivé, avec Elijah, ils s'étaient recroisés par hasard à Halloween, alors le hasard, elle ne voulait plus y croire. De toute façon, elle ne lui laissait pas le temps de changer d'avis puisqu'elle se mit à marcher, et qu'ils se mirent à arpenter la rue l'un aux côtés de l'autre. Mains dans les poches, elle tentait d'oublier le bruit que ses talons provoquaient chaque fois qu'ils heurtaient le sol, essayait de ne pas se concentrer sur la gêne et la chaleur qui étaient de plus en plus mordantes, et se forçait à oublier les regards qu'il lui lançait, sûrement par curiosité. « Cool. Ce sera juste Jamie dans ce cas. » Pas besoin de fioritures ou de s'emmerder avec un deuxième prénom ou un surnom, elle ne voulait pas courir le risque qu'il pense avoir une chance de se faufiler par une brèche, sous prétexte qu'elle lui avait donné envie de la connaître plus en détails. Ce ne peut pas être le cas, tu sais. La seule chose qui intéresse les gens, c'est ton petit cul sous ton look de pétasse. Tu fais penser à une pute. Toutes ces critiques lui revenaient au visage alors qu'elle songeait à sa carrière ratée, et venaient empoisonner les dernières pensées positives qu'elle pouvait encore avoir. « Greta. » C'est pas totalement faux, disons que c'est comme ça qu'on l'appelle et puis, elle n'a pas envie d'entendre son véritable prénom ce soir. Ses pas ralentissent à l'approche d'un petit bar un peu bondé ce soir. Elle le connait bien ce bar, elle y vient souvent en espérant que les projecteurs puissent être à nouveau tournés vers elle. « T'as dit que tu me payais un verre, non ? » Elle tourna son visage curieux vers lui, un léger sourire éclairant le bordeaux de ses lèvres. « Ça te tente, une jam session ? Tu prends le piano, j'prends le micro. » Elle se sentait soudainement joueuse, ravie de voir qu'elle pouvait résister à ses envies suicidaires, parfois. Sûrement parce qu'ici elle est chez elle, et qu'elle a pas besoin de faire semblant derrière le micro. Si elle frappe pas, elle chante, ou vice versa. « J'veux bien te laisser découvrir qui je suis, mais va falloir que t'en fasses de même. » Donnant donnant, pour ne pas avoir de mauvaise surprise. Parce qu'elle sait pertinemment que dans la musique, on peut pas mentir. Soit on étale ses tripes, soit on donne rien du tout. En espérant qu'être au milieu d'une foule de gens alcoolisés et qu'être fixé par tout le monde ne le dérange pas. De toute façon, ce sera toujours mieux que de finir dans les sous-sols d'une église en racontant ses problèmes à des gens aussi cons les uns que les autres.
Sujet: Re: and so it goes ❖ Jamie & Gretchen Mar 3 Déc 2019 - 17:28
and so it goes...
jamie ft. gretchen
Il n'avait pas encore d'idées précises sur ce qu'il faisait ce soir. Il se laissait porter. Il aimait être ici maintenant, c'était ce qui lui importait le plus en ce moment. La compagnie de cette inconnue s'avéra plus agréable qu'une séance, c'était sans dire. Jamie ne se connaissait pas ce soir, il était un autre homme. Jamais au grand jamais il n'aurait laissé tombé une réunion, ma foi, très importante pour sa santé mentale au prix d'une simple rencontre au coin d'une église. Sais pas. Il en avait besoin, faut croire. Il ne faisait jamais ça, vraiment jamais. Sa tête était juste déboulonnée par tant de pensées et de morosité quil ne s'était pas vu faire autrement. C'était le moment présent.
Jamie souri à sa phrase. Il était, effectivement, trop tôt pour savoir s'il allait avoir l'opportunité de la revoir ou d'en apprendre davantage sur elle. Sans créer de fausses idées dans sa tête, il avait toutefois l'impression que derrière ces petits yeux pâles se cachait bien des oies sauvages volant de toutes la façons différentes. «Est-ce que tu laisses les gens te découvrir, parfois?» demanda-t-il, l'oeil rivé sur elle, étincelant, cherchant alors à découvrir si un pli de révélation se formerait dans son visage. Elle était belle, ça faisait au moins 3 fois qu'il se le disait dans la tête, mais c'est vrai. Son visage était doux à regarder. Ses yeux étaient comme des sciures dans une grande baie d'étoiles. Il aurait aimé les capturer et les mettre dans sa poche.
Jamie rigola un instant, les mains s’enfonçant dans son manteau lorsqu'elle refusa de le frapper. Elle aurait pu, il n'aurait pas été fâché même que ça l'aurait plu de recevoir un coup. Parfois, on se sent comme si on avait envie de se faire défoncer la gueule pour aucune raison particulière. Tout en continuant de marcher, espace laissée entre eux, Jamie hocha la tête face à sa bourde. Ça ne semblait avoir trop ébranlé la jeune femme, tant mieux. «Jamie, c'est ce que je préfère. Hector, c'est français, c'est un peu loin de moi.» lança-t-il avant de sourire à l'appellation de son nom à elle. Il sembla surpris de son assonance, se questionnant alors de l'origine d'un tel nom. Roumain, peut-être, pas trop loin de l'Europe de l'Est. C'était d'une vraie curiosité qu'il posa un sourire. «Très joli nom. C'est pas australien, non? »
Ils arrivèrent bientôt à un bar pas trop bruyant, mais occupé. Il y avait beaucoup de lumières, de voix hautes, de gens semblant vivre dans un monde différent des leurs. Jamie rentra avec elle, quand même torturé dans l'esprit d'être dans un endroit aussi tentant. C'était cocasse de quitter une séance pour se rendre dans un bar. Une fois à l'intérieur, il soupira lentement avant de baisser la tête. Il était nerveux, ça se voyait. Le son des verres qui claquent, des souliers sur le plancher lui donna une grosse boule dans l'estomac. Heureusement, la voix de Gretchen le ramena hors de sa petite anxiété. Il avait dit qu'il lui payerait un verre, c'est vrai. Tranquillement, toujours les yeux bas, il lui tendit un billet. «Je.. ça te dérangerait de te le prendre? Je sais pas si je devrais approcher le bar.» lui demanda-t-il légèrement penaud, les yeux tristes remontant vers elle. Putain qu'il se sentait con, minable, aupris d'un problème qui le réduisait complètement à changer tout chez lui.
Puis, juste comme ça, Gretchen lui proposa une session de musique. Ses yeux remontèrent comme des flèches, brillants et scintillants. Encore une fois, son coeur était sur le point de le lâcher. Elle était encore plus belle que tout à l'heure et sa demande la rendit brillante. Jamie pensa encore plus fort qu'il avait bien choisi de rester avec elle. Pétillante comme un artifice, elle ne laissait rien l'arrêter. Elle voulait vivre malgré tout le noir, ça se voyait. Jamie claqua dans ses mains. «Avec plaisir. J'suis prêt. Est-ce que tu veux aller te chercher à boire et tu me rejoins? J'vais me dérouiller.» dit-il avec vivacité avant de hocher la tête tout sourire. Il était visiblement comblé, presque niais. Content de ne pas succomber au besoin de boire pour l'instant, mais aussi épris d'un sentiment bizarre et agréable au fond de son coeur. Gretchen était pleine de surprise. Il s'installa lentement au piano, sujet aux regards de quelques personnes questionnés, mais intéressés. Avant qu'elle ne parte vers le bar, il lui répondit aussi: « Tu crois que tu aurais la patience pour moi, aussi?» Un sourire en coin, les yeux rieurs. Il les déposa sur la piano de qualité moyenne, soudainement emballé devant un instrument qu'il pratiquait tous les jours, chez lui, religieusement pour son propre plaisir.
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Sujet: Re: and so it goes ❖ Jamie & Gretchen Mar 3 Déc 2019 - 22:04
and so it goes
Il arrive que certains la voient pleurer, dans ces moments de faiblesse où elle ne contrôle plus rien, déchirée entre passé et présent. Ces moments étaient devenus malheureusement de plus en plus rares, car avec le temps, elle s'était refermée comme une huitre, jamais guérie de sa séparation et de son retour à Bowen. Elle l'ignorait et pourtant, Jamie était dans le même cas, bien qu'il ait eu la chance d'avoir un enfant, chose qu'elle n'aurait jamais. Malgré leurs différences, ils étaient les mêmes, comme si le destin avait choisi de les mettre sur la route l'un de l'autre pour cette bonne raison. Elle hausse alors les épaules, refuse d'avouer cette vérité dérangeante. Parce qu'elle se rend compte avec le temps qu'elle avait raté bien des moments à force de lutter contre les relations sociales. D'ailleurs, quand il précise qu'Hector c'est français, elle ralentit un peu, manque de s'arrêter de surprise pour qu'il reparte. Parce qu'elle aussi a des origines européennes, et qu'elle n'a pas envie de croire au hasard. Peut-être était-il un fan caché, qui l'était depuis longtemps. A moins qu'elle lui soit parfaitement inconnue, ce qui était tout aussi probable. Et derrière tout ça, il a besoin de savoir d'où elle vient. Timidement, elle sourit, touchée qu'au fond il s'intéresse à elle de la sorte. « C'est grec, ou bien slave. Je sais plus. Mais je suis allemande. » La bombe est lâchée, elle espère que c'est la seule information de la soirée qu'il arrivera à lui arracher, trop effrayée à l'idée qu'il s'accroche à elle comme à une bouée. Par chance, le bar est là, elle a le moyen parfait de détourner l'attention. Elle s'apprête à aller au bar, mais s'arrête, récupéré le billet qu'il lui tend, et elle se rend compte qu'il déconne pas quand il dit être alcoolique. Elle pense avoir eu une idée de merde en venant ici, et en même temps, l'ambiance est beaucoup trop agréable pour partir. « Comme tu le sens. Mets toi à l'aise, j'en ai pas pour longtemps. » C'est court, c'est brutal mais elle ne voit rien à ajouter. Quelques instants, elle l'observe essayer de dompter la mini scène puis s'éclipse au bar, discute avec le barman. Habitué, il lui demande comment ça va, elle dit qu'elle a connu pire, il lui demande qui est ce type, elle répond qu'elle en sait rien. Quelques propos de plus, il lui arrache quelques sourires, lui serré deux verres et elle revient. Elle pose ça sur le piano, observe Jamie, éclairé par les lumières cosy de la salle. Il est pas serein, elle jurerait voir une goutte de sueur sur son visage, mais le sourire qu'il affiche ensuite en la regardant la réjouit bien. Sincère, elle avait raison, être face à un instrument de musique permet de révéler la personnalité des personnes même les plus frileuses. « J'ai ramené du coca. Je voulais pas que mon haleine de vodka te fasse craquer. » Deux verres identiques, petit sourire rassurant, elle dépose la monnaie face à lui pour qu'il la récupère avant d'attraper le micro non loin de là. Elle aurait pu prendre un whisky, ne pas être raisonnable mais c'était sa façon à elle de dire que oui, elle aurait sûrement la patience pour lui, pour apprendre à le connaitre aussi. Alors, elle lui lançait un clin d'oeil complice, buvait une gorgée avant de s'asseoir sur le bord du piano. Lentement, elle fait glisser sa veste de cuir sur ses épaules, capte les regards, et se métamorphose. Micro au bord des lèvres elle fait signe à Jamie qu'il peut commencer. A lui de penser la dance, de choisir la musique, elle a décidé de lui faire confiance.