secrets is just another word for trouble ⤅ gretchen

secrets is just another word for trouble

Allongées sur un des nombreux transats bordant la piscine à vagues, Gretchen et Charlie prenaient le soleil, lunettes noires sur le nez, étendues comme deux mannequins pour une publicité de maillots. Elles avaient même ces fameux jolis cocktails aux couleurs estivales, avec en prime le petit parasol en papier pour garnir le verre. En somme, la belle vie. Venues pour se rafraîchir et à la fois faire quelques longueurs dans les différents bassins disponibles, elles étaient désormais en pause depuis un bon moment. « Oh, mate ça. » souffla Charlie en relevant légèrement la nuque, ayant repéré à travers ses verres fumés un beau maître-nageur qui venait de passer devant elles, au bord de la piscine. Elle abaissa légèrement ses lunettes pour jeter un coup d’œil par-dessus. Il était bien mignon, avec ses abdominaux joliment tracés. Un petit gloussement lui échappa face à ses propres propos et la façon dont elle l'avait maté. « Tu paries combien que j'suis cap de faire semblant de me noyer pour qu'il vienne me sauver et me faire du bouche-à-bouche ? » lança-t-elle, malicieuse, en tournant un regard amusé et volontairement provoquant vers son amie danseuse. Quand il s'agissait de faire des paris stupides et de jouer à l'imbécile, Charlie était toujours en première ligne, ne reculant devant rien pour s'amuser un peu, quitte à passer pour une folle. C'était d'autant plus drôle. Si elle craignait le regard désapprobateur des autres pour beaucoup de choses, pour ça en revanche, elle n'avait aucune gêne. Elle aurait été capable de faire une annonce au bord de la piscine comme quoi un cours de yoga-natation se donnait, et de donner ce cours totalement inventé elle-même.

Pouffant de rire lorsque sa compagne de bronzette releva sa remarque à un volume plus fort que nécessaire, elle essaya de désigner plus ou moins discrètement le maître-nageur en question. Si quelqu'un les avait entendues, elles devaient sûrement passer pour deux pucelles en chaleur, à baver de façon peu respectueuse devant un des membres du personnel. Peu importe, le défi était lancé, la jeune interne aurait dû se douter que Gretch' ne sourcillerait pas un instant à l'idée de le relever. C'était entre autres pour ça que la chanteuse faisait partie de ces amis qu'elle considérait comme super fun, sans aucune discrimination à l'égard de ceux qui ne faisaient pas partie de ce cercle, mais c'était simplement qu'ils étaient toujours partants pour toutes sortes de bizarreries et challenges inutiles. La brunette posa un doigt sur sa joue, en une pose réflexive, à la remarque de son amie. Un sourire illumina ensuite ses traits quand elle sembla trouver une solution. « J'suis super forte en apnée, j'arriverai à me retenir de respirer assez longtemps pour qu'il me croie aux portes de la mort, t'inquiète. » répliqua-t-elle avec un air satisfait, ses yeux couleur iceberg toujours espiègles. « Deal. » ajouta-t-elle ensuite. Gretchen se redressa, affirmant qu'elle gagnerait sûrement et proposant une alliance. L'esprit de compétition de la chirurgienne n'était pas taillé pour choisir cette deuxième option, et elle se redressa à son tour. « On verra bien qui il voudra sauver en premier et laquelle il laissera mourir au fond de l'eau. » rétorqua Charlie avec un sourcil haussé en signe de défi, même si le ton de la plaisanterie y était toujours. Elle ne croyait pas plus que la blonde que leur comédie stupide allait fonctionner, mais c'était marrant d'y croire. Ni une ni deux, elle se leva, prit son élan avec une démarche des plus gracieuses - ou pas - et se lança sans attendre dans la piscine à vagues, s'arrangeant pour être dans l'axe de Monsieur Muscles. Elle se laissa couler jusqu'au fond, attendant suffisamment longtemps pour donner l'idée qu'elle ne savait peut-être pas nager, avant de remonter tout juste à la surface, dans les remous, agitant les bras dans tous les sens, provoquant de grand gerbes d'eau autour d'elle. « Aide... À l'aide ! » s'étrangla-t-elle en prenant une voix paniquée et un peu faible, buvant volontairement la tasse pour coller avec son plus beau jeu de comédienne.

Pouffant de rire à la réponse de Gretchen, elle hocha la tête avec un air déterminé pour confirmer leur accord. « Y a intérêt, sinon je préfère aller en enfer ! » répliqua l’étudiante par-dessus son épaule alors qu’elle s’était déjà levée, répondant à la question de la blonde avec un clin d’œil, avant de s’élancer vers l’eau dans laquelle elle entra comme un boulet de canon. Mettant en place son petit stratagème, se prenant pour une grande actrice de cinéma, elle donnait tout ce qu’elle avait pour convaincre le beau maître-nageur de sa détresse. Elle parvint à capter d’un regard que Gretchen avait elle aussi mis son plan à exécution, et Charlie s’efforçait de ne pas sourire de la situation, conservant son expression affolée. Ce qu’elles pouvaient être bêtes, toutes les deux. C’était déjà incroyable que le maître-nageur croie un minimum à son petit manège. Et quand la belle blonde l’entraîna à l’eau avec lui, la jeune interne dut réellement réprimer un rire. Elle n’avait vraiment pas de limites non plus celle-là, elle aurait été capable de n’importe quoi, peu importe à quel point c’était ridicule et puéril. Et coup de chance, Charlie était de la même trempe. Alors que Gretchen rejoignait le bord, l’homme sembla reporter son attention sur la brune, qui s’empressa de se laisser à nouveau couler, agitant une dernière fois des bras paniqués à la surface avant de les laisser sombrer. Maintenant qu’elles s’étaient lancées là-dedans, plus moyen de faire marche arrière, autant jouer le jeu jusqu’au bout plutôt qu’admettre leur bêtise en cours de route. Fermant les yeux et lâchant quelques dernières bulles d’air comme dans les films, Charlie sentit des mains passer sous ses bras et la ramener à la surface. Elle joua à l’évanouie le temps de se faire ramener jusqu’à la rive, cachant comme elle le pouvait le sourire qui menaçait de poindre au coin de ses lèvres. « Mademoiselle ? » Damn, elle allait pas tenir le coup. Charlie garda le silence, alors que le garçon vérifiait sa respiration. Ok, totalement cramée. « Euh… » furent ses seules paroles alors qu’elle battait des paupières, feignant un air désorienté, mais il était assez visible qu’elle ne souffrait d’aucun danger immédiat pour sa santé. Bon, ben loupé pour le bisou bouche-à-bouche.

C’était pas une idée dérangeante, que de se retrouver en enfer avec des copines. Il allait faire super hot, et a priori elles pourraient faire autant de conneries qu’elles voudraient, vu qu’elles ne seraient pas au paradis. Ouais, l’idée était plaisante, même si elle n’en était qu’au stade de plaisanterie et que Charlie n’était pas vraiment convaincue que de tels endroits existent. Elle n’attendit pas plus longtemps avant de se jeter à l’eau, littéralement, pour mettre en place son petit numéro, Gretchen venant donner un coup de pouce en pressant le maître-nageur. Si elle avait été douée pour garder son sérieux, leur plan aurait pu fonctionner, c’était certain. Mais la brune ne serait probablement jamais une grande comédienne, parce qu’il ne fallut pas longtemps, une fois repêchée et étalée au sol comme une baleine échouée, pour qu’un sourire ne pointe au bout de ses lèvres, alors qu’elle se concentrait pour réprimer un énorme éclat de rire. Ce fut son amie qui déclencha le fou rire, engueulant carrément le type pour venir "s’occuper d’elle elle-même", et elle ne put se retenir plus longtemps. Heureusement, la blondinette prit place au-dessus d’elle, masquant l’expression de Charlie au reste des curieux, alors qu’elle pouffait de rire. Mais quelle situation ridiculement amusante. « J’suis désolée, j’en pouvais plus, j’te jure. J’étais à deux doigts de me pisser dessus de rire. Note, avec toute la flotte ça se serait peut-être pas vu. Dans tous les cas, j’me suis cramée avant même de pouvoir voir ses abdos de près. » répliqua-t-elle à voix basse entre deux gloussements. Et quand Gretchen se mit à rire franchement, Charlie ne put contenir le sien, riant à gorge déployée. Elles avaient l’air bien con, toutes les deux, à se marrer comme des baleines au milieu de tout après leur blague idiote. Ce fut sous les regards désapprobateurs voir furieux qu’elles se relevèrent enfin, allant rapidement chercher leur verre de cocktail et s’en allant vers un autre bassin, avec une démarche de diva hautaine, regard malicieux derrière leurs verres fumés. « De toute façon, j’avais même pas envie de l’embrasser. » reprit Charlie après un dernier regard en arrière, feignant le dédain. D’accord, il était super canon, ça aurait été carrément hot d’emballer son sauveteur, comme dans un mauvais film d’amour. Mais dans le fond, c’était plus pour le challenge et pour la blague qu’elles avaient lancé cette idée. Et du côté de Charlie, elle préférait arrêter ce genre de conneries. Elle avait une personne en tête, même si elle faisait tout pour ne pas l’admettre. Genre, coucher avec d’autres gens, c’était une bonne technique. Si on enlevait la culpabilité qui venait avec.

« Oh ça vaaa, c’est la nature ! » se défendit la brune en mimant un air exaspéré, avant de continuer à rire, en résonance avec ceux de son amie. S’éloignant du lieu de leur blague puérile, Gretchen rassura sur le fait que des abdos à mater, ou peut-être même à toucher, il y en avait d’autres. Réflexion qui arracha un gloussement grivois à la jeune interne. Au fond, ce n’était pas de ça qu’elle avait envie, toucher les muscles d’un beau mec inconnu qui passait par là. Elle se persuadait qu’elle en avait envie, se complaisait dans l’idée qu’elle n’éprouvait rien de si particulier pour quelqu’un d’autre, une jeune femme. Baver sur des mecs et partager les draps avec quelques-uns d’entre eux n’était qu’une façon de vivre son déni. Et si elle s’en voulait, elle se posait également la question de si c’était peut-être plutôt ça qu’elle désirait pour sa vie relationnelle, et plus encore, elle tentait de s’en convaincre. Il fallait croire que la belle blonde pouvait lire dans ses pensées, car elle la questionna sans détour après que Charlie ait avoué ne pas avoir plus envie que ça d’embrasser le beau maître-nageur. Feignant l’indifférence, elle haussa les épaules avec une moue détachée. « Non, non. » répliqua-t-elle simplement. Mauvaise actrice, Charlie, super mauvaise actrice. Une phrase bien plus longue agrémentée de quelques vannes pourries aurait été plus convaincante, n’importe qui connaissant un minimum la jeune fille aurait pu la cramer. Pour ce qui était des émotions, surtout quand il s’agissait de données sensibles, elle était un livre ouvert, et sa réaction fuyante n’avait pas échappé à la chanteuse. « Oh, ce chantage meuf ! » protesta Charlie en affichant un air outré, tentant encore de se dérober aux questions. En vrai, elle était bien curieuse de ce que son amie pourrait lui raconter. Seulement, elle n’était pas sûre d’être prête à avouer tout ce qu’elle avait sur le cœur à Gretchen. Surtout vu le poids de la culpabilité qu’elle traînait avec elle, même si elle cachait bien ce boulet derrière une tonne d’énergie positive et de bonne humeur ensoleillée. S’asseyant à ses côtés au bord de la piscine, Charlie garda le silence quelques secondes, avant de céder au chantage de son interlocutrice. « Ok, t’as gagné. Spoiler alert, la personne que j’ai envie d’embrasser, c’est une meuf. Et tu la connais. » souffla-t-elle en se protégeant à nouveau derrière un haussement d’épaules nonchalant, feignant un air détendu. Une pointe de rose venait teinter ses joues bronzées. « À ton tour ! » reprit-elle ensuite en se tournant d’un air accusateur vers Gretchen, comme si elle venait réclamer son dû.

Il n'en fallait pas beaucoup pour lui tirer les vers du nez. Déjà, elle parlait beaucoup en temps normal et partageait ses états d'âme avec la moitié de la planète. Ensuite, c'était relativement simple de savoir quand quelque chose la turlupinait, l'angoissait, la rendait heureuse : c'était écrit sur sa tronche, en grosses lettres grasses. Et finalement, le regard pénétrant et on ne peut plus persuasif de Gret' s'assurait de mettre l'affaire dans le sac. « Ouais... » avoua Charlie d'une petite voix, feignant toujours un air désinvolte, et même blasé. Tout ça parce qu'intérieurement, elle tremblait de peur. Elle aurait même juré qu'on pouvait entendre son cœur cogner un peu plus fort dans sa poitrine. Elle but quelques gorgées à la paille de son verre de cocktail histoire de noyer ces bruits qu'elle pouvait entendre battre à son oreille. « Ok, indice. Elle est rousse. » souffla Charlie en baissant les yeux vers ses pieds trempant dans le bassin, battant l'eau avec des gestes mous. « Et dans le style petite fée lumineuse et incroyablement mignonne, on fait pas mieux. » Ça lui avait échappé, impossible de ne pas voir le visage adorablement pétillant d'Alma dans son esprit, impossible de réprimer le sourire discret qui venait tirer le coin de ses lèvres. La confession de son amie lui permit de reprendre contenance, et elle leva un regard inquisiteur vers elle, la sondant avec un grand sourire espiègle. « Un vrai rencard, toi ? » se moqua gentiment Charlie sans lâcher la jeune femme du regard, portant son verre à hauteur de son visage et sirotant délicieusement le cocktail. Voilà qu'elles étaient visiblement toutes à la même enseigne. Finalement, la jeune interne n'était pas la seule de son entourage à avoir un intérêt pour le sexe féminin. Alors why the fuck était-elle la seule à se poser autant de questions et à l'assumer aussi difficilement ? Ça ne lui apportait que des problèmes, de la culpabilité, des insécurités, et au final elle se comportait comme une parfaite imbécile lâche et égoïste.

Charlie ne dit rien, laissant le temps à la danseuse de chercher dans ses connaissances et de trouver de qui elle parlait, ce qui ne prit pas longtemps. La réaction de Gretchen ne la surprit pas plus et elle esquissa un petit sourire, comme une fauteuse démasquée, l’embarras colorant ses joues. Elle rit devant l’enthousiasme de son amie, secouant légèrement la tête quand elle demanda s’il s’agissait de Nova, son amie d’enfance, ce qui la fit sourire. La blondinette comprit directement qu’il s’agissait bien d’une autre rouquine, et Charlie hocha doucement la tête avec un soupir. « Ouiiiiii… » fit-elle en tournant un visage penaud vers Gretchen. « Si tu t’évanouis, le maître-nageur reviendra peut-être. » nota-t-elle tout de même, avec une expression mi-figue mi-raisin. Elle n’était pas sûre que ce soit une super bonne idée de l’avoir dit à la blonde, même si c’était son amie. Elle était aussi amie avec Alma. Et la jeune interne, en faisant cette révélation, venait peut-être de rendre sa situation encore plus compliquée. Ou peut-être pas ? Allez savoir. Là, tout de suite, elle était partagée sur la question, mais les potins que Gretchen avait à lui raconter suffirent à la distraire et à faire renaître une franche curiosité sur ses traits, et un brin d’humour taquin. Elle éclata de rire quand son amie se défendit à propos des rencards, affirmant que ça lui arrivait, et la brune n’insista pas, trop curieuse de la suite, se contentant d’une petite moue et d’un regard suspicieux. « Mais nan ? Waw, si j’avais cru ça de toi… » s’amusa-t-elle encore un peu, avant d’arrêter de torturer son amie. C’était se foutre un peu, oui, mais gentiment. La belle chanteuse ne renvoyait tellement pas cette image. Elle ne se l’imaginait pas à la table d’un restaurant avec quelqu’un, à une jolie table pour deux, ayant accepté un blind date. « Et alors ?? Vous avez parlé de quoi ? Vous parlez encore ? C’est quoi son nom ? » s’empressa de la questionner Charlie.

Soulagée que la conversation se centre plutôt sur les dernières nouvelles relationnelles de Gretchen plutôt que sur le siennes, bien plus floues, Charlie jouait avec la paille de son verre, prenant une gorgée par-ci, une par-là, entre deux exclamations de joie. Elle avait rarement vu la blonde affirmer de telles choses, avec une telle conviction. On ressentait une vraie impatience positive derrière ses mots, sincères. « Mais girl, that’s a-ma-zing ! » renchérit-elle alors que son amie se confiait sans la moindre honte. Charlie, quant à elle, ne pouvait s’empêcher de sourire, déjà parce qu’elle avait envie d’en apprendre plus et de connaître les détails, curieuse et impatiente, mais aussi et surtout parce qu’elle pouvait voir ce sourire authentique et serein sur les lèvres de la belle chanteuse. Quand elle parlait d’Adeline, elle ne parlait pas de l’une ou l’autre prochaine cible pour se détendre ou par défi, ou d’une conquête de la semaine passée qui lui avait fait prendre son pied. Non, elle parlait d’une personne qui l’avait touchée, à un endroit de son âme qu’elle rendait inaccessible à tous les autres. « Ah non, pas de négativité ! Tu t’emballes pas du tout pour rien, vas-y j’y crois trop moi. » continua la brunette en hochant rapidement la tête, comme pour convaincre Gretchen. « Gret’, tu te rapproches de plus en plus d’un être humain. J’suis fière de toi. » commenta-t-elle ensuite, avec un air sérieux et épaté, alors qu’elle taquinait la blonde. C’était pas tous les jours qu’on entendait Gretchen Schwartz étaler ses émotions et affirmer qu’elle voulait être amoureuse. Et Charlie était, en plus d’être super contente pour la jeune fille, admirative devant tant de confiance et de sincérité. Elle-même parlait beaucoup, de tout et de rien, sans lésiner sur les détails indiscrets, mais c’était plus compliqué quand il s’agissait de sujets où elle n’était pas à l’aise. Ou plutôt, pas à l’aise avec elle-même. Tout ça, elle l’enfouissait plus profondément et n’avait pas le courage de s’ouvrir autant, d’assumer pleinement ce qu’elle était et ce qu’elle ressentait. Non, c’était plus compliqué que ça pour la jeune interne, et même si elle ne voulait pas le dire à son amie danseuse, elle avait très peur qu’Alma en pâtisse.