quand la lune veut danser, elle m'éloigne des gens qui m'aiment. (effy)

T'es stone, complètement stone. Tu planes comme jamais. Enfin, à chaque fois t'as l'impression de planer comme jamais, du moins. En réalité, c'est toujours la même merde. T'es triste et la seule chose que tu trouves le mieux à faire c'est de te mettre plusieurs rails dans le nez. Résultat, t'es triste, défoncée et surtout très perdue dans une immense forêt. Tu sais même pas ce que tu fou là, t'as du faire un énorme bad trip pour te retrouver ici. C'est entrain de redescendre, tu ne sens qu'à moitié l'effet de la drogue et la panique te fouette à plein poumon. Tu finis par regarder ton téléphone pour essayer d'appeler quelqu'un pour qu'il vienne te chercher. Pas de réseau. Putain. Evidemment, tu as un karma de merde, ça à toujours été le cas. A force de trop vouloir jouer avec le monde, tu finis par te brûler les ailes et pourtant tu le sais très bien. C'est pas la première fois que la drogue te met dans une merde pas possible. Mais, tu recommences sans cesse, tu n'apprends rien de tes erreurs au fond. Y'a quelqu'un ? demandas-tu la voix tremblante quand un craquement ce fit entendre. Tu commençais à bien flipper un peu, tu n'aimais pas ta vie, c'est vrai. Tu avais souvent essayé d'y mettre fin, c'est vrai aussi. Mais, tu n'avais aucune envie que ce soit une autre personne que toi qui te l'enlève.

Traîner dans les bois, souvent défoncée, c'était bien le genre d'Effy. Venir par ici lui ramenait à des souvenirs, pas forcément agréables, de son premier passage à Bowen. Pourtant, cette forêt représentait également une sorte de havre de paix dans lequel elle pouvait venir se lover. Antre tranquille de ses angoisses, l'attendant confortablement, prête à la regarder sombrer dans ses travers, comme toujours. L'anglaise se promenait entre les arbres, beaucoup trop saoule, le regard vitreux et perdu dans ces enchevêtrements de verdure qui ne voulaient rien dire. Quelques brindilles s'étaient prises dans ses cheveux, au fil de son périple incertain, d'un pas trop décidé pour quelqu'un qui ne savait pas où il allait. Une cigarette entre les doigts, la jeune femme avait les yeux rivés au sol. Ce fut une voix connue qui lui fit relever la tête. Une petite voix peu assurée. Un mince sourire amusé prit place sur son visage, aux traits embrumés par l'alcool. Elle se dirigea vers la voix, apercevant de manière floue la silhouette de son amie. « On s'est perdue ? » souffla-t-elle avec un sourire en coin sarcastique, d'une voix témoignant de son taux d'alcoolémie. Elle eut un petit gloussement, pour elle-même, notant mentalement qu'elle aussi était perdue, bien que pas géographiquement, de façon assez ironique.

Tu commences un peu à paniquer dans cette foutue forêt sombre. T'as toujours été fan de ce genre d'endroit, mais pas seule et encore moins complètement défoncé à la merci de n'importe quel psychopathe. Tu déteste plus que tout ce sentiment d'impuissance, et puis ses bruits de pas commencent à te rendre folle. Alors que tu demandes si il y a quelqu'un, tu sursautes en reconnaissant une voix familière. Finalement, tes traits de visages se décrispèrent et tu te mis même à rire de la situation. Effy avait l'air plus alcoolisé que défoncé contrairement à toi. Quoi, toi aussi ? Est ce qu'on a passées la soirée ensemble et j'ai complètement oubliée ou c'est juste une énorme coïncidence ? demandas-tu amusée. Tu étais contente de ne plus être seule et tout d'un coup l'ambiance de la soirée te faisait beaucoup moins peur. Tu regardas autour de toi en soupirant. T'en as pas une à me passer ? demandas-tu en montrant du doigt sa cigarette. Après une frayeur comme ça, t'en avais grandement besoin. D'autant plus que le fait d'être à deux ne signifiait pas que vous allez retrouver votre chemin facilement. Surtout alcoolisées et droguées. La soirée ne faisait que commencer et tu frissonnais mais tu n'aurais pas su dire si c'était de l'angoisse ou simplement le froid de la nuit.

Un sourire tristement cynique étira les lèvres de la jeune femme, ne gagnant pas ses yeux qui conservaient ce manque d'émotions, ce vide intense, et en même temps cette lueur qui fascinait. Est-ce qu'elle était perdue ? Pas plus que d'habitude. Pas plus que dans sa putain d'existence. Se perdre, c'était pas une mauvaise chose. Et même, qu'est-ce que ça voulait dire, au fond ? Avoir loupé une sortie, quelque part ? Ne pas savoir où aller ? Vouloir rentrer chez soi sans savoir comment ? C'étaient des sentiments qu'Effy ressentait en permanence, peu importe l'endroit où elle se trouvait. Son chez soi, c'était les ténèbres. « Si on veut. » souffla la brunette en guise de réponse, à Sybil qui elle, s'était clairement paumée, au sens propre du terme cette fois. « Si on croit aux coïncidences, j'suppose que c'en est une, ouais. » La jolie brune était déjà dans un monde parallèle, transportée par l'alcool, ça se voyait. Surtout quand elle lâchait des paroles encore moins sensées que d'habitude. Mais l'étaient-elles vraiment, insensées ? Sybil lui demanda une clope, que la journaliste mis plusieurs secondes à trouver, dans les poches de sa veste en cuir. Elle finit par lui tendre, sans mot dire, une expression toujours aussi malicieuse que terne sur le visage, propre à ceux qui avaient bien trop bu. Quelque part entre l'amusement et la perte de sens. « Tiens, j'ai ça aussi. » fit-elle en sortant une flasque de vodka de la poche de son jean. Il ne restait qu'un fond, peut-être trois petites gorgées. Elle avait bien descendu tout ça, ce soir. « Faudrait peut-être une recharge. » soupira la brune après avoir secoué la flasque pour discerner la quantité restante. Elle la tendit néanmoins à la blonde, sans se départir de son sourire en coin. « On ferait pas un feu ? Oh, mais faudrait plus d'alcool pour ça. Pour le lancer. On demanderait pas à Sasha de nous rejoindre ? » C'était un de ces moments où Effy semblait avoir un regain d'énergie, où des milieux d'idées irréfléchies et de pensées non-abouties lui traversaient la tête et franchissaient ses lèvres. L'alcool y était pour quelque chose, certainement, mais ça restait une bonne chose - si on pouvait considérer ça ainsi - de voir Effy dans ce mood, et non pas affalée sur le sol, entre un joint et une bouteille.

HJ:

Effy était aussi brisée que toi et c'est peut être pour ça que tu tenais autant à votre amitié. C'était ancré en elle, elle le portait sur son visage. Alors que toi, c'était bien plus profond, au fond de ton âme. Il suffisait juste de se plonger dans tes yeux pour voir que tout ton être hurle de douleur mais, au premier abord, t'as surtout l'air d'une petite poupée, toute gentille, toute mignonne. Grosse erreur. T'es juste une putain d'épave, une putain de junkie. Tu fronces les sourcils quand elle commence à te parler de coïncidence. D'accord, t'es aussi chéper que moi, on est bien. dis-tu en riant. Au final, t'étais peut être la plus lucide des deux ce soir et ce n'était pas pour te rassurer. Ma sauveuse. dis-tu en souriant alors qu'elle te tend une clope et une gourde à moitié vide ou à moitié pleine, ça dépend de quel point de vue. Tu mis la clope entre ta bouche et sortis un briquet de ta poche pour l'allumer. Tu n'avais pas de clope non, mais un briquet, toujours. On ne sait jamais. Après avoir tirer sur la première latte, tu enleva la cigarette de ta bouche pour prendre une gorgée de vodka. Tu ne comptais pas finir le fond, t'étais déjà bien assez dans le mal. Avec un briquet et si on sacrifie le reste d'alcool si, on pourrait carrément faire un feu. dis-tu enthousiaste en tapant des mains comme une enfant. J'ai pas d'réseau, et j'crois qu'elle bosse ce soir, sinon elle serait là, enfin j'crois, à moi que j'lai pas perdue dans la forêt elle aussi. dis-tu en haussant les épaules, ne te souvenant absolument pas de ta soirée.

HJ:

Un rire saisit la jeune fille à la réponse de Sibyl, qui semblait prendre conscience de son état. Rire qui s’éternisa un peu trop, sonnant faux et peut-être même un peu flippant, témoignant que son esprit avait glissé hors de la réalité. Ouais, elle était pas dans son état normal, et c’était délicieux. Elle avait soudain envie de faire un millier de choses. Eff’ adressa un clin d’œil à son amie en lui tendant la cigarette et la flasque, pour répondre à sa phrase. La blonde au corps longiligne proposa de sacrifier le reste de l’alcool pour allumer le feu, comme proposé par l’anglaise, ce qui fit froncer les sourcils de cette dernière. « Ouais, sauf qu’on va faire comment sans alcool après ? T’as autre chose sur toi ? » demanda Effy, un peu moins enthousiaste que quelques secondes plus tôt. Elle avait pas envie d’arrêter la soirée là, surtout maintenant qu’elle avait retrouvé – ou plutôt trouvé, par pur hasard – son amie errant dans les bois. Elle avait envie de continuer, de danser, de sauter partout, de grimper aux arbres, de voir leurs ombres se mêler à la forêt à la lueur des flammes. Elle hocha la tête aux explications de Sibyl concernant Sasha, vérifiant son téléphone, qui effectivement n’avait pas de réseau. Au pire, elles iraient la chercher plus tard, d’une façon ou d’une autre. « Ou sinon… » commença la brunette en regardant autour d’elle, une flamme allumant ses iris iceberg. Elle venait d’avoir une idée, mais encore fallait-il trouver l’objet de sa pensée. Elle s’abaissa près d’un tapis de mousse au pied d’un arbre, s’accroupissant, fouillant le sol pour trouver ce qu’elle cherchait, avançant de nouveau entre les arbres comme si elle avait oublié la présence de Sibyl.

Ça te faisais du bien, de lâcher prise et d'être dans cet état du moins quand tu ne te perdais pas et que tu ne cédais pas à la panique. Bien heureusement, c'était sur ton amie que tu étais tombé et même si tout cela te semblait flou, tu commençais tranquillement à redescendre. Tu soupiras, tu n'avais pas penser au fait que vous pourriez être à sec. Tu sais, je crois que je préfère encore mourir sobre que de froid non ? demandas-tu en essayant de réfléchir. Tu arrêtas de cogiter assez vite, cela te faisait beaucoup trop mal au crane. Tu finis par t’asseoir par terre, ta tête commençait un peu trop a tourner. Ton visage s'illumina quand la jeune brune ouvrit la bouche. C'est quoi ? C'est quoi ? demandas-tu, curieuse. Tu détestais quand elle commençait à parler pour finir par se taire. C'était tellement frustrant mais si elle avait une idée, une bonne du moins, tu étais preneuse. Il n'était pas question que tu finisses la nuit ici à t'ennuyer et à compter les cailloux. Cailloux que tu finis par trouver assez drôle finalement, tu en pris un avant de le lancer sur la tête de ton amie. Tu éclatas de rire. Toi qui pensais commencer à redescendre, tu étais peut être encore bien perché finalement. Ça promettait si personne ne venait à votre rescousse. Arriveriez vous à vous sauver de vous même ?