my heart is broken because of you (caselo)

J’étais partie de chez moi, me dirigeais en direction de chez Casey, de chez la jumelle de Dani en me disant que j’y retrouverais cette dernière comme elle me l’avait dit, comme elle me l’avait promis… Je passais une main dans ma tignasse, certaines mèches rebelles vivant leurs vies, n’en faisant qu’à leur tête, mais je continuais ma route. Est-ce que Casey serait de bonne humeur ? D’après ce que j’avais compris elle avait eu une énième gueule de bois et c’était pour cette raison que Dani était allé auprès d’elle. Devais-je m’attendre à un accueil glacial comme souvent depuis plusieurs années à présent ? Comme si je n’étais qu’une étrangère, un être la gênant plus qu’autre chose sans que je ne comprenne pourquoi… Après tout nous n’étions pas en froid auparavant…

J’avais beau réfléchir à ce qu’il s’était produit, je ne voyais pas. Avais-je dit quelque chose qu’il ne fallait pas ? Avais-je réalisé une action qui lui avait déplu ? Dani m’avait dit que Casey avait toujours été ainsi, mais… pour une raison que j’ignorais, je ne me souvenais pas d’un tel caractère dans le passé… Jusqu’à cette rupture totale. Que je ne comprenais réellement pas.

Mes pensées vagabondaient un peu trop, revenaient même sur ce qu’il s’était passé il y a déjà quelque temps… Cette presque noyade… Ce moment où j’avais bien cru que je n’allais vraiment pas m’en sortir et où quelqu’un avait plongé, avait bataillé pour me sortir de là… Je lui en étais reconnaissante, même si ce moment me restait en tête depuis, me hantait…

Sauf que je ne me laissais pas abattre, je prenais sur moi, gardais la tête haute, souriais comme à l’accoutumée et ce même devant cette porte que je connaissais depuis déjà un bon moment, habituée à récupérer Dani ou à ne pas l’y trouver, à juste faire face à Casey… A ce mur de glace avec lequel je voulais pourtant renouer. Je levais la main, ce poing restant figé quelques instants dans les airs : Comment serais-je accueillie ? Fallait-il que je m’attende à des piques ou des remarques acerbes ? Bon, allez Elo’…

Ce poing s’abattit sur la porte, toquant plusieurs fois avec assez de force pour être entendue, mais de manière insuffisante si de la musique était écoutée. Et là… Là, j’attendais, sagement, que l’on vienne m’ouvrir, que quelqu’un se présente… J’espérais que cela ne durerait pas trop longtemps et cet espoir rencontra le succès, heureusement.

La copie conforme de Dani se trouvait face à moi, tout du moins si l’on omettait la couleur de cheveux… Et elle me faisait un simple signe pour me dire que je pouvais entrer avant de rebrousser chemin… Elle était sérieuse ? Même pas un « bonjour » ? J’étais donc tombée si bas que je n’y avais même plus droit ?

« - Bonjour, quand même, je ne savais pas que tu ne le disais même plus. »

Je n’avais pas résisté, c’était sorti tout seul. Parce que ce simple petit mot oublié m’avait tout de même fait mal, vexée… Ne m’acceptait-elle que parce que je sortais avec sa jumelle ? Mais elle était déjà partie s’occuper du café avant de mentionner Dani, de dire qu’elle était déjà partie car celle avec qui j’étais avec quelque chose à faire pour le label… Une nouvelle fois… Une énième fois… Comme si ça ne s’arrêtait pas…

« - T’as bu tant que ça hier ? Enfin, de ce que je vois y a eu personne d’autre dans ton lit… A moins que la personne soit partie en vitesse en voyant ta sœur venir t’épauler dans cette rude épreuve de la gueule de bois… »

Je ne la quittais pas des yeux, malgré tout, malgré ce ton froid qu’elle avait, malgré qu’elle soit occupée… Pourquoi avais-je l’impression que quelque chose clochait ? J’avais beau réfléchir, je ne voyais pas, pas directement, mon cerveau n’arrivait pas à se focaliser sur un seul élément… Et puis il y avait sa question… Si je voulais un café.

« - Je veux bien, merci. »

Je gardais ma politesse, habituelle, m’approchant d’elle tout en l’entendant continuer par la suite, me faire la remarque que je préférais peut-être rejoindre Dani ou faire tout autre chose, qu’elle n’était pas de bonne compagnie avec une gueule de bois…

« - Tu sais que ça fait des années maintenant que j’ai droit à un mur de glace face à moi que tu aies ou non la gueule de bois, alors je suis habituée maintenant. Et je préfère res… »

Mon regard se perdait sur ses mains, sur celle aux jointures blessées plus précisément. Je déglutissais, me demandais ce qu’elle avait pu faire pour que cette main soit dans cet état et je fais demi-tour, traversant les lieux tout en parlant.

« - Je présume que le matériel de soin est toujours au même endroit ! Et… Explique moi ce que tu as fichu pour que ta main soit dans cet état ! »

J’arpentais son lieu de vie, sans prêter attention à ses réponses, en cherchant juste ce dont j’avais besoin avant de retourner près d’elle, près de cet être qui tentait de mettre des distances entre nous depuis pas mal de temps maintenant.

« - Rêve pour me mettre dehors maintenant. »

Je préférais être claire dès le départ, je ne partirais pas. Je comptais bien rester, soigner cette main et… Et quoi ? Discuter avec elle ? Si c’était possible pourquoi pas… Sinon… Sinon je verrais bien. Si elle voulait me mettre dehors, elle était dans ses droits et je ne pourrais rien faire contre même si je lui disais le contraire. Je revenais auprès d’elle avec le matériel adéquat, le posant avant de la regarder dans les yeux.

« - Tu vas gentiment te laisser faire pour cette fois que ça te plaise ou non. »

Et je commençais les soins aussi délicatement que possible, afin d’éviter qu’elle n’ait mal, de la faire souffrir inutilement. J’aurais pu, vu la manière dont elle se comportait la majeure partie du temps avec moi, mais je ne le faisais pas… Je n’étais pas si sadique… Répliquer à ses phrases, il n’y avait pas de problème, c’était presque devenu un rituel au fil des ans… Mais lui faire mal, non… Cela m’était impossible, totalement… Je voulais juste pouvoir revoir, un jour, un sourire sur ses lèvres, l’entendre à nouveau rire franchement en ma compagnie ou un timbre de voix moins froid. Mais j’étais sûrement la seule des deux à le souhaiter…

Je la regardais, ne la quittais pas des yeux. Casey ressemblait autant qu’elle différait de Dani, pourtant… Pourtant j’étais certaine qu’elles pourraient aisément me tromper toutes deux si elles le souhaitaient, que même si j’observais facilement tout ce qui m’entourait… Je me ferais avoir, aisément… Et rien que de l’imaginer, de penser à l’idée qu’elles pouvaient me faire tomber dans un tel piège cela me blessait. Même si je ne le montrais pas, que je cachais mes pensées et je préférais rire de sa remarque, malgré la moue ennuyée liée à son « surnom ». Qu’est-ce que je pouvais détester ce « majesté »… Ce surnom me débectait réellement, car je ne l’étais pas. Pas du tout.

« - Tss… Tu devrais savoir que je déteste ce surnom et pas besoin de courbette ou de tapis rouge, juste un bonjour était suffisant, même un b’jour ou tout ce que tu veux. »

Je secouais la tête en la voyant faire une fausse révérence, me retenant de faire une remarque acerbe alors qu’elle roulait des yeux, retournait s’occuper de son café. Bon sang, mais qu’est-ce que je lui avais fait pour que notre relation devienne aussi… Tendue ? J’écoutais sa réponse, le fait qu’elle était sûrement arrivée à cinq verres même si elle ne s’en souvenait plus réellement. Une nouvelle moue apparue sur mon visage face à cette « révélation » devait facilement prouver que découvrir sa consommation d’alcool n’était pas réellement un plaisir… J’aurais préféré qu’elle ne boive pas autant.

Et puis elle faisait une remarque par rapport au fait que la personne ayant partagé son lit cette nuit était déjà partie. Je roulais des yeux, croisais les bras. Bien. Si elle voulait passer d’une couche à une autre c’était son choix… Mais… Pourquoi est-ce qu’une part de moi voulait « grogner » à chaque fois qu’elle parlait de ça ? Je ne devrais pas avoir cette réaction, avoir envie de la secouer… En fait, je ne devrais tout bonnement rien ressentir au fond de moi. Pourtant, c’était le contraire… Ce qui était incompréhensible.

« - Les, carrément ? J’espère que tu auras bien prit ton pied au moins. »

Mais pourquoi est-ce que je disais ça ? Sérieusement… Je voulais vraiment creuser ma tombe on dirait… Alors que… Je voulais seulement me rapprocher d’elle, pouvoir retrouver un semblant de lien avec la jeune femme me faisant face, qui prenait des tasses, qui me répondait et qui à chacune de ses phrases me brisait d’une certaine manière. Pourquoi ses paroles me faisaient-elles si mal ? Pourquoi est-ce que je regardais chacun de ses mouvements, chacune de ses mimiques ? Qu’est-ce que j’en avais à faire, bon sang ?

« - Tu es tout le temps froide, même à l’extérieur. Ce n’est donc pas seulement lié à ma présence chez toi. »

Ce qui me faisait mal… Sans que je ne comprenne. Elle qui avait pourtant été plus chaleureuse dans le passé semblait avoir perdu la moindre flammèche de chaleur. Alors je préférais filer chercher cette trousse, me concentrer sur autre chose, faire une action pouvant un minimum être utile. Parce que je ne voulais pas filer, je voulais rester auprès d’elle… Alors que j’avais toutes les raisons du monde de fuir, de prendre la porte, de ne pas me retourner. Et pourtant, mon cœur se serrait à cette idée, à l’idée de me retrouver à nouveau seule à l’extérieur…

Concentrée sur mon action, je la soignais, restais douce alors que j’avais toutes les raisons du monde de lui faire du mal, de serrer, de ne pas faire plus attention que ça. Non… chaque action était emplie de douceur, de délicatesse, je faisais ce que je pouvais avec mes maigres moyens avant qu’elle ne retire avec force sa main des miennes, qu’elle attrape le bandage… Et que mon regard montre pleinement la douleur que ce geste venait de provoquer en moi. Bien sûr qu’elle pouvait le faire elle-même pourtant… Pourtant…

« - Et c’est mal fait. Quant à ta question, tu es en droit de me mettre dehors, même de force vu que je me trouve chez toi… »

Je n’avais pas résisté. Je l’avais regardé faire à une telle vitesse que le bandage ne ressemblait à rien. Je me mordais les lèvres, ennuyée… Non… Non… Je ne voulais pas partir, je voulais juste…

« - Je sais parfaitement que tu es capable… Mais, je ne fais rien d’autre que tenter de t’aider. Pourquoi est-ce que cela t’embête ? »

Je me détournais quelques instants, embêtée, ennuyée. J’avais l’impression d’avoir ajouté un nouveau ravin entre nous deux… Un ravin qui devenait de plus en plus difficile à franchir… Mon poing se serrait alors que l’amertume me gagnait, je me sentais si seule depuis pas mal de temps, si vide… Si… Si quoi ?

Je préférais attraper le café qu’elle m’avait préparé, sirotant le liquide chaud qui passait dans ma gorge, réchauffait mon être… Était l’opposé de la femme avec qui je me trouvais actuellement. Je serrais un peu plus la tasse lorsque mes pensées repartaient en direction des événements ayant eu lieu auparavant, de cette solitude qui grandissait en moi… Depuis… Que j’avais manqué de me noyer… J’avais l’impression que Dani passait de plus en plus de temps à l’extérieur, que j’étais une gêne plus qu’autre chose pour tout le monde…

Un léger sourire, triste, apparu sur mon visage alors que mon regard se perdait dans le liquide foncé, cette boisson au goût amer et permettant d’avoir de l’énergie… Je ne buvais plus, ne réalisais plus ce qui m’entourait… Je revivais juste durant quelques instants ce jour où j’avais cru que… Je ne les reverrais plus jamais… Alors lorsque je revenais à moi, malgré la phrase de Casey qui avait suivie, malgré cette remarque à laquelle je ne répondais pas directement, je la regardais. Mon regard devant montrer un paquet d’émotions différentes. Seul un murmure quittait mes lèvres et je me fichais de si elle m’entendait ou non.

« - Et malgré tout… Je suis pourtant… Si heureuse de te rev… de te voir… »

Et puis je réalisais qu’elle avait parlé de Morri’, de son cheval, de cet être qui devait tant compter à ses yeux. Et je baissais la tête, mes yeux se perdant dans la contemplation du sol, de mes chaussures… Était-ce une manière polie de me dire « prend la porte sur le champ » ? Non… Elle devait réellement vouloir voir cet être pour lequel elle faisait tout…

« - Comment va Morri’ ? Je ne doute pas une seconde que tu lui prodigues tous les soins nécessaires… »

Et qu’elle devait y aller chaque jour, la brosser, lui parler, s’en occuper tout simplement et passer du temps en sa compagnie… Ce que je faisais en compagnie de mon furet, de ce petit être que j’avais nommé Lug… Heureusement que la boule de poils immaculée était auprès de moi la plupart du temps, sinon… Sinon ce serait encore plus dur… Et ce même si j’aimais sortir… Car il réussissait à combler ce vide en moi, à me réconforter, à me faire tout simplement du bien. Cela ne m’étonnerait pas qu’il soit occupé d’arpenter mon chez moi, de faire des bêtises en secret que je ne découvrirais qu’à mon retour… Oh, je lui ferais des réprimandes… Mais je ne lui en voudrais pas longtemps.

Alors je prenais sur moi, faisais ce que je pouvais pour ne pas lui montrer que tout mon être était encore ébranlé par un événement passé. Je me replongeais dans ma tasse, continuant de boire la boisson, me concentrant dessus afin de la terminer… Oh Elowen… Pourquoi est-ce que tu te faisais autant de mal ainsi… ? Voilà ce que j’avais en tête, inlassablement… Parce qu’il me suffisait de quelques pas pour quitter les lieux, d’un simple « au revoir » et je serais repartie, j’aurais retrouvé mon antre et Lug… Et nous serions restés à deux, le furet et moi…

Et pourtant je ne bougeais pas… Je ne répondais même pas à la question par rapport au fait que je comptais rester jusqu’à un moment inconnu. Non… J’étais perdue… Esseulée en moi-même… Et je restais avec la seule personne se comportant tel un glaçon avec moi… Et qui… Pourtant… Était bel et bien là… Même si elle tentait de me foutre dehors.

« - Enfin… Si c’est ce que tu souhaites… Je vais te laisser… »

Ma voix s’était brisée malgré moi sans que je ne m’y attende, sans que je ne puisse rien y faire alors que je posais la tasse vide. Comme si c’était le moment… Comme si ça allait faire réagir Casey… Je ne me faisais pas d'illusions, cela ne servait à rien et si c'était ce qu'elle souhaitait réellement... Peut-être valait-il réellement mieux que je la laisse ?

Douloureuses… Chacune de ses paroles l’étaient, chacun des mots qu’elle prononçait me traversait de part en part… Pourtant, je restais là, à l’écouter, à réagir de temps en temps… Je sentais mon cœur qui se serrait également, me donnait l’impression d’être lacéré même si je ne montrais rien, faisais ce que je pouvais pour le camoufler. Je ne voulais pas m’en aller, je voulais rester là, auprès d’elle… Pourtant tout ce qu’elle faisait, me disait aurait dû me donner l’envie du contraire, de me reculer, de l’envoyer bouler…

L’oublier tout simplement. Mais je n’y arrivais pas, je n’avais jamais pu et même maintenant… Non. Je l’entendais me faire les remarques, lâcher de nombreuses choses qui me donnaient envie de la secouer, de lui faire savoir que je voulais retrouver cette satanée complicité… Qui avait disparu, n’existait plus… Qu’avais-je fait pour que cela se passe ainsi ? Que cela devienne ainsi ? J’avais mal, mal de l’entendre me lâcher tout ça, de me sentir encore plus isolée au fil du temps.

Je n’étais réellement rien en réalité… Surtout si ce n’était que parce que j’étais avec Dani qu’elle me supportait comme elle le disait… Mais avant, avant… Quand je n’étais pas avec elle… Pourquoi ? Pourquoi tout ça me faisait si mal ? POURQUOI ?! J’avais envie d’hurler… Mais je retenais tout, je ne montrais à nouveau plus rien… Rien d’autre que cette facade… Alors que je faisais face à ses phrases si froides, violentes… Je…

« - Bien. »

Le seul mot qui franchissait mes lèvres suite à sa phrase par rapport au fait qu’elle me supportait seulement pour ça. J’avais mal, terriblement… De plus en plus au fil des minutes qui s’écoulaient et pourtant… Pourtant… Je ne partais pas, j’allais juste chercher cette trousse pour la soigner, je restais douce… Alors que… N’importe qui en aurait profité pour la blesser sur le moment en serrant plus fort par exemple, n’importe qui aurait même fait tout simplement demi-tour, aurait claqué la porte… Et moi…

Moi je restais là. Comme une conne probablement… Comme un être non désiré… Un chiot que l’on abandonnerait aisément sur le bas-côté… Et cette idée me faisait légèrement grimacer… Je regardais cette main qu’elle avait retiré de force, lui faisait la remarque comme quoi c’était mal fait avant d’entendre cette nouvelle réplique. Cinglante… J’étais pourtant habituée à ses remarques, ses piques, le fait qu’elle me détestait alors… alors…

Cela n’aurait jamais dû me faire si mal.

Mais c’était le cas, j’acceptais le café que je sirotais, je la voyais réagir… D’une telle manière lorsque je venais de dire que j’étais heureuse de la voir… que mon cœur continuait de se briser, un peu plus, encore un peu… A chaque seconde il semblait se réduire en miette… Sans que je ne comprenne les raisons… Sans que je me dise que c’était anormal… Sans penser une seule seconde que je rêvais de tout autre chose…

De toute façon… Ce n’était pas auprès d’elle que j’aurais un semblant de chaleur… J’aurais dû m’en douter depuis un moment, me dire que seul le froid aurait accompagné cette énième rencontre entre nous deux… Un froid qui entrait en moi de manière bien trop violente cette fois… Me gelant petit à petit… M’enfonçant également… Même si je continuais de garder ce masque, ce sourire habituel… Ce simple élément qui faisait aisément croire aux êtres m’entourant que tout allait pour le mieux.

Alors que non. J’avais arrêté de compter le nombre de fois où je partais à la galerie, non pas pour l’ouvrir, mais juste… Pour trouver un lieu familier, un lieu où je me sentais bien… Où je pouvais réellement me laisser aller. Mais qui le savait ? Qui faisait attention à ce genre de chose ? Je souriais un peu plus en l’entendant dire que Morri’ allait bien, même si le « Comme toujours » était de trop… Oh, je savais que je la faisais chier, mais tout de même…

« - Tant mieux si elle va bien… »

J’étais sincère et pourtant mon cœur continuait de me faire mal. Je me détournais finalement, disais que j’allais m’en aller… Avant que ma voix ne craque… Que je ne retienne que difficilement tout ce que je ressentais… Toutes mes peurs, cette douleur, cette solitude… Cette envie de tout simplement me mettre au chaud quelque part…

Et de nouvelles paroles… Encore plus blessantes… Comme si… Comme si je voulais de sa pitié… Comme si j’avais besoin de ça ! Je me tournais vivement dans sa direction, les larmes aux yeux, avec l’envie de la gifler, de la secouer, de lui hurler encore un peu plus dessus…

« - Mais j’en ai rien à faire de ta pitié, bordel ! »

Avant de la voir… De la retrouver dans un état bien trop fragile pour que je ne puisse rien faire. Au sol, sa respiration bien trop rapide pour être normale. D’accord qu’elle avait la gueule de bois, mais tout de même… Je n’avais pas souvenir de l’avoir déjà vue ainsi.

« - Casey ? »

Je frottais rapidement mes yeux, ma voix toujours brisée, me disant que les larmes me faisaient voir flou, que je devais… voir quelque chose d’inexistant… Sauf que non… Elle était bel et bien au sol.

« - Casey ! »

Pourquoi est-ce que je retournais sur mes pas ? Pourquoi allais-je à nouveau vers elle ? Pourquoi… Alors qu’elle avait été claire… Elle me l’avait clairement dit… Je n’étais rien de plus que la copine de sa jumelle… Rien que ça… Rien… Je traversais la pièce, la rejoignais, me baissais malgré les risques de me prendre un coup ou quoi que ce soit…

« - Qu’est-ce que tu as ? »

Oh, je m’attendais à ne pas avoir de réponse… Pourtant je m’inquiétais… Ma voix se perdant entre le timbre brisé lié à mon état initial et l’inquiétude… Etais-je tombée si bas pour m’inquiéter de quelqu’un qui n’en avait rien à foutre de moi ? Oh, allez Elowen… Secoue-toi… Tente quelque chose, nom d’un chien… Même si elle doit te faire mal…

« - Tu vas râler aussi, je présume, si je t’aide à te relever… »

Mais pourquoi je disais ça, bordel de… Rah ! Bon d’accord, j’avais légèrement mal pris toutes les piques et remarques lancées au fil du temps, mais là… Là, ce n’était pas le moment… Alors, même si elle risquait de bouger, d’essayer de m’envoyer bouler, je faisais ce que je pouvais pour l’aider à se relever… Pour une fois que soulever une tonne de cartons contenant des œuvres d’art était utile dans la vie de tous les jours… Parce que bon… Même si j’étais frêle contrairement à d’autres, j’avais tout de même un minimum de force…

« - S’il te plait… Ne fait pas n’importe quoi… Et laisse-toi faire pour une fois… »

Parce que si elle bougeait de trop, je risquais de perdre l’équilibre et l’emmener avec moi au sol… Ce qui n’était pas la meilleure idée du siècle vu son état… Pas la meilleure idée du siècle tout court…

« - Il… vaudrait mieux que tu te reposes dans le canapé… j’aurais bien dis dans ton lit, mais… »

Je ne comptais pas entrer dans sa chambre… C’était un lieu « privé » et nous n’étions plus assez proches pour ça. Alors je prenais sur moi, malgré mes propres tremblements, mon envie de craquer, tout ce qui me submergeait… Non… Il fallait que je me concentre sur elle… Tant pis si elle m’en voulait encore… Cela ne changerait pas d’habitude… Cela réduirait juste un peu plus mon cœur en pièces détachées…

Alors, difficilement, je la relevais… La forçais presque à aller dans ce satané canapé… Était-ce l’énervement lié à tout ce qu’elle m’avait balancé avant ou l’adrénaline par rapport à ma crainte lorsque je l’avais vue ainsi, je n’en savais rien… Mais j’avais réussi… N’ayant strictement aucune idée de ce qu’elle avait, je me creusais les méninges, cherchais s’il fallait que j’amène quelque chose ou non…

Parce que la voir ainsi me faisait bien plus mal que ce que j’aurais pu croire… mais je n’y prêtais pas plus attention, je prenais encore sur moi… Avec cette voix qui n’arrivait pas à reprendre du poil de la bête, que je filais chercher un gant de toilette que j’humidifiais avant de revenir, de trouver un seau que je mettais un peu plus près au cas où, de frotter son front avec le dit gant… Bon sang… J’étais pas habituée à ce genre d’état, moi…

« - Râle si tu veux… J’en ai rien à foutre… »

Je frottais rapidement mes yeux, une nouvelle fois alors qu’une larme coulait sans que je ne puisse l’arrêter… Une larme rebelle liée à toutes mes émotions… Merde…

Elle tentait de mettre de la distance, comme toujours… Et moi, j’en avais réellement décidé autrement. NON, je ne te laisserais pas espèce d’idiote qui n’était pas bien ! Alors je prenais sur moi, je mettais toute l’énergie que je possédais pour l’approcher, l’attraper, l’emmener… Même si elle bougeait, même si elle me disait qu’il fallait que je dégage, qu’il ne fallait pas que je la fasse chier… J’en avais plus rien à faire… J’en avais déjà tellement bavé auparavant, tellement eu sur la patate… Je lui parlais, la soulevais, sentais sa main qui attrapait mon bras afin qu’elle tente de se débrouiller seule…

Oh elle enchaînait dans les phrases faisant mal, ses phrases douloureuses qui me donnaient envie de la gifler à certains moments, qui me brisaient le cœur… Je savais qu’elle faisait ce qu’elle voulait, qu’elle était plus une gamine, je le savais, mais voir ses jambes trembler, son état. Non, elle pouvait courir pour que je m’en aille comme elle le souhaitait depuis le début, pour que je la laisse.

« - Ouais, ouais… T’auras qu’à me le rebalancer à la figure plus tard, de toute façon moi aussi je fais ce que je veux. »

Je continuais de prendre sur moi, mon être voulant craquer à nouveau… Non… Elowen, il faut tenir, avancer, ne pas te laisser aller face à elle, pas maintenant. De toute façon, son état est pas le meilleur, alors je restais concentrée sur son corps, celui ressemblant tant à Dani et en même temps… Différent sur certains points… Je persistais dans ce que je voulais faire, me retrouvais avec la tête de Casey sur mon épaule… Et mon cœur qui semblait s’emballer à ce simple contact alors qu’il n’aurait pas dû, pire encore lorsque j’entendis son soupir d’aise… Comme si elle était bien, se sentait bien à cet emplacement avant que sa tête ne se redresse bien trop rapidement…

« - Reste un peu tranquille, bordel… »

Je l’abandonnais sur le canapé, le temps de trouver ce dont il me fallait, de revenir vers elle… De prendre soin d’elle avec toute la délicatesse que je pouvais malgré qu’elle continue de me dire de dégager de chez elle… C’était douloureux… Je déposais un seau non loin, au cas où… Je m’attendais tellement à tout… Et je lui frottais le front, faisais ce que je pouvais… Sa voix hachée et faible me faisait mal au cœur… Pourquoi est-ce que je ressentais tout ça… Alors qu’elle me détestait ?

« - Casey. J’en ai rien à battre que tu n’en aies rien à foutre de moi, tu ne me feras pas changer d’avis par la Déesse ! »

Je remarquais ma bourde, roulant des yeux avant de me rattraper.

« - Je voulais dire parbleu… Tu me mets dans des états tellement pas croyables que je ne sais plus ce que je raconte. »

Après, peut-être n’avait elle pas entendu ou compris, ce qui m’arrangerait franchement… Je me voyais mal lui expliquer, déjà que même sa jumelle n’était pas au courant…

« - Et continue, la prochaine fois je te balance de l’eau bouillante ! »

Ce dont j’étais purement incapable… Je ne voulais pas lui faire de mal… Surtout en la voyant ainsi… SI faible, si… Non… Je ne pouvais tout simplement pas lui faire quelque chose de néfaste… Je rêvais plus de voir un sourire apparaître sur ses lèvres… De l’entendre rire à nouveau à mes côtés… Ou tout du moins « plus loin », là où je pouvais l’observer… Comme je le faisais gamine, en secret, sans me dire que c’était mal, que cela ne se faisait pas. J’appréciais ennuyer les jumelles, tenter de jouer avec elles… Même si c’était souvent peine perdue… Mais… Je me souvenais tout de même que Casey finissait par craquer, au bout d’un moment, malgré mes demandes d’enfant liées à notre différence d’âge…

Un soupir las quittait ses lèvres, sa respiration s’emballait et je m’inquiétais encore plus. Que faire ? Que pouvais-je faire de plus ? Avant de sentir l’une de ses mains agripper celle qui était libre, que je tourne la tête pour observer ce petit élément ayant décidé de tenir son homologue… Ma propre main qui me donnait l’impression de picoter à son contact qui était bien trop agréable… Je me mordais les lèvres, préférant me concentrer sur autre chose, sur elle, continuant ce que je faisais jusqu’à la voir se pencher pour remettre…

Heureusement que j’avais trouvé le seau sinon… Le sol aurait souffert et si pas le sol, c’était moi qui aurais eu droit à tout… L’odeur me titillait les narines, mais je n’y prêtais pas plus attention… Mon esprit toujours perdu sur la sensation de cette main serrant de plus en plus fort la mienne… Était-ce normal que mon cœur s’emballe ? Était-ce logique que je ne veuille pas dégager ma main ? Bon sang… Je ne savais même pas répondre à ses questions pourtant toutes simples… Et mon cœur se déchira un peu plus quand ses doigts lâchèrent les miens, qu’elle me demanda de partir à nouveau…

Suivit d’un « je t’en supplie »… Ce murmure que j’aurais pu rater… Elle qui ne suppliait jamais, que je n’avais jamais vu… faire… ce genre de demande… venait de le faire… Pour que je m’en aille… Que je la laisse… Seule… Dans cet état… Je…

« - Bon sang Casey… Je… »

Je quoi ? Je ne peux pas ? Qu’est-ce que je voulais dire ? Que je m’inquiète pour elle ? Mais ne valait-il pas mieux que je l’écoute et la laisse réellement ? Si c’était réellement ce qu’elle voulait ? Une larme coula, tombant sur elle alors que je tentais de me frotter le visage avant. Bordel… J’en avais marre de pleurer… Marre de me sentir si… faible… Je me relevais légèrement, penaude… Avant de me diriger vers la cuisine, de remplir deux verres d’eau…

Je farfouillais dans mes poches avant de poser un béryl sur le plan de travail, la pierre pour tout simplement lui souhaiter un bon rétablissement… Ce n’était sûrement pas une bonne idée étant donné qu’officiellement je n’étais pas censée connaître ce genre de chose, mais… je ne pouvais pas résister… Même si elle semblait m’en vouloir pour l’éternité, que j’en souffrirais sûrement encore…

« - De toute façon… Je ne pourrais pas rester jusque demain, même si l’envie m’en prenait… Je dois repasser à l’hôpital… »

Parce qu’ils voulaient vérifier mon état après tout ça… Une visite de routine qu’ils disaient… Mais j’avais juste lâché ça ainsi… Comme si Casey allait me demander ce qui me mettait dans tous mes états… Une main passa légèrement sur mon bras avant de passer dans mon dos… Les zones qui avaient le plus souffert face au rocher qui nous avait empêché d’être entraîné plus loin Isaiah et moi…

Je buvais le premier verre, secouant la tête, attrapant le second avant d’aller le poser non loin de Casey. Me tournant à nouveau vers elle, mon regard se perdant sur celle qui me mettait à la porte, me… réduisait un peu plus le cœur en miettes…

« - Que tu le veuilles ou non… Je t’enverrai un message tout à l’heure pour savoir comment tu te sens… »

Une nouvelle inspiration…

« - Je… vais te laisser… Même si je n’en ai pas envie, même si je m’inquiète… Prends soin de toi… »

Je me détournais à nouveau, mon cœur se serrant un peu plus encore.

« - Je t’ai laissé un verre d’eau… Fais en ce que tu veux… »

Et je me dirigeais vers la porte pour m’en aller, la laisser… Avant de faire rapidement demi-tour, d’attraper le seau pour le rincer, éviter qu’elle ait l’odeur sous le nez pour encore un bon moment, le lui remettre non loin… La frôlant au passage sans faire réellement attention… Et repartir vers cette porte, ma main se posant dessus… Sur cette porte que je n’arrivais pas à ouvrir… Bon sang… Pourquoi ne pouvais-je tout simplement pas la laisser ?