+ thanks for helping me. (venus)

Nerveuse, Prim l'était. Plus elles approchaient de Sidney, plus la respiration de la jeune femme se faisait saccadée. Son coeur battait très vite dans sa poitrine. Elle aurait voulu retourner en arrière, repartir à Bowen et ne jamais affronter ce qui se trouvait dans l'hôpital de Sidney. Mais désormais, c'était trop tard. Elle ne pouvait plus faire marche arrière; c'en était fini d'être aussi lâche. Qu'est-ce que Nate aurait pensé d'elle, si il savait ? Si il savait qu'elle n'était jamais venu le voir à l'hôpital ? Il aurait pené qu'elle l'avait oublié, et pourtant non. Chaque jour, la jeune femme pensait à lui, à eux et à ceux qu'ils auraient pu devenir ensemble. Et chaque jour, elle se faisait du mal à cause de ça. Chaque jour, depuis trois ans. Bientôt, elles furent arrivées devant l'hôpital. Une énorme boule se forma dans le ventre de la jeune femme.

Heureusement, Prim n'était pas seule. Venus était venue. Elle était assise à côté d'elle dans la voiture, et regardait droit devant elle. Puis, elle posa son regard océan sur la française. Celle-ci hocha la tête, puis elles sortirent de la voiture. Devant la porte, la jeune femme s'arrêta un instant. Nate était donc là-dedans, depuis trois ans. Ces trois ans hantaient sans cesse Prim. Elle n'arrêtait pas de songer à ce qu'ils auraient pu faire pendant tout ce temps. Prim respira un grand coup. Elle sentait la crise d'angoisse arriver. Elle saisit la main de Venus, qui se trouvait à ses côtés. "Merci d'avoir toujours été avec moi. Merci, sincèrement." déclara-t-elle à son amie. Elle repensait à tous ces moments où Venus l'avait soutenue. Rien n'était plus précieux qu'un ami.

Prim trouvait que Venus était vraiment adorable de venir la soutenir, parce qu'elle ne connaissait pas Nate et qu'elle aurait très bien pu prétexter avoir beaucoup de travail à la pâtisserie, et d'autres trucs comme ça. Mais non, elle avait répondu présente, comme toujours; c'était un véritable ange. Depuis que Prim l'avait rencontré lors de cette réunion pour les gens dont un proche avait été victime d'accidents de voiture, elle n'aurait jamais cru qu'elle deviendrait une amie. Ce jour-là, la française s'en rappelle parfaitement; cela faisait deux mois que Nate avait eu son accident, deux mois qu'il était dans le coma, et déjà les médecins commençaient à perdre espoir. Durant cette période, Prim était très fragile et ses proches avaient peur qu'elle replonge dans la drogue et l'alcool. C'est pour ça que son psychologue lui avait conseillé de se rendre à cette réunion. Mis à part sa rencontre avec Venus, ça n'avait pas servi à grand chose. De toute façon, Prim s'était juré de ne plus jamais replonger, parce que Nate n'aurait pas voulu ça. Elle devait rester forte, et c'est ce qu'elle avait fait. Et aujourd'hui, trois ans après, elle avait enfin trouver le courage d'aller rendre visite à Nate. Elle serait sans doute choquée, il avait dû changer depuis tout ce temps. Il devait être tout maigre, avec des cheveux plus longs et un teint pâle, enfin aussi pâle que peut l'être un garçon métisse.

Venus prit la main que lui tendait Prim et lui sourit. Avec elle, la française avait l'impression qu'elle pouvait déplacer des montagnes. En même temps, Venus était une fille très forte que tous les gens devraient prendre pour modèle. Après son accident, elle avait su se reconstruire et aujourd'hui, c'était une magnifique jeune femme, qui avait tout réussi, socialement et professionnellement. Les deux jeunes femmes entrèrent dans le bel hôpital. "C'est donc ici que se trouve Nate" pensa Prim. Elle frissonna à l'idée que Nate, son Nate, n'était peut-être qu'à quelques pas d'ici. L'odeur de l'hôpital lui faisait tourner la tête. Plus jeune, elle s'était un jour taillée les veines très profondément et on l'avait amenée ici. Depuis, elle détestait les hôpitaux. Ça lui rappelait la mauvaise période qu'elle avait traversée durant son adolescence. Et ça lui rappelait Nate aussi.

Bravant sa peur, Prim s'avança vers la secrétaire. "Bonjour, euh... Je cherche la chambre de Nate Hellington" demanda-t-elle. Ça lui faisait tout drôle de prononcer son nom. La secrétaire tapota le clavier de son ordinateur, et après quelques minutes, elle déclara : "Il n'est plus ici, mademoiselle. Il nous a quitté voilà une semaine". Le monde s'arrêta autour de Prim et elle se mit à courir vers la porte. Une fois dehors, elle s'effondra a terre et se mit à pleurer, comme une enfant.