Some days are just hard (Elijah)

Journée shopping. Non, Tahlia n'était pas soudainement devenue une accro à cette activité. Mais depuis qu'elle avait appris qu'un Minimoy prenait place dans son ventre, l'empêchait de dormir la nuit et la rendait malade chaque matin, la brune s'était résignée à enchaîner les magasins. Parfois, sa mère se joignait à elle. Mais aujourd'hui, cette dernière avait dû rester toute la journée au sein de la boulangerie familiale, afin de remplacer le père de Tahlia. Alors, la brune se trouvait dans ces rues, à marcher seule, à porter ces sacs remplis d'articles indispensables pour bien préparer la venue de sa fille. C'était une vraie période de transition pour l'ex-policière. En plus d'assumer une grossesse, elle devait prochainement emménager dans un petit studio qu'elle louerait à un couple d'amis pendant six mois. De quoi avoir un toit pour accueillir son bébé, renflouer son compte et lui permettre de trouver ensuite un logement plus stable. Elle espérait ensuite que ce serait sa vie qui trouverait enfin une vraie stabilité. Ces pensées tournant en boucle dans sa tête, le regard ailleurs et l'attention détournée, elle ne vit pas cet homme débouler à toute vitesse de la ruelle attenante. Afin de ne pas percuter la jeune femme, il vira au dernier moment, manqua de trébucher et fit tomber la moitié des sacs de la brune à terre. Il eut tout juste le temps de lui lâcher un "désolé", tapotant sa montre pour sûrement prouver un éventuel retard avant de se défiler au plus vite. Ce fut un juron qui s'échappa des lèvres de Tahlia, comme simple réponse. Le regard noir, elle finit cependant par s'accroupir, ramassant les articles qui étaient tombés à terre. Décidément, cette journée avait bien mal commencé...

Période de Noël oblige, j'aime parfois jouer les moutons pour acheter des choses qui pourraient faire plaisir aux gens. Enfin, je n'ai personne de bien important dans ma vie maintenant, même mon meilleur pote ne m'a pas recontacté depuis qu'il a su que j'étais trader, métier qui va à l'encontre de ses idéologies. J'ai pourtant tout organisé, une manigance pour son retour qui aurait pu lui faire plaisir mais il semblerait que j'en veuille un minimum à ce Robbie qui n'a pas dû lui transmettre les paroles que je lui ai dite pour que mon plan fonctionne à merveille. Je n'attendais pourtant que ça qu'Aksel me "sauve" de cet emploi même si je l'apprécie, même si je suis bon dans ça mais il semblerait aussi que je suis coincé dans cet optique là, derrière un bureau à téléphoner à des inconnus. Me baladant dans les rues de Bowen en quête de cadeau pour ma propre personne, une silhouette qu'il me semble avoir déjà a -apparemment- quelques soucis. Je me rapproche d'elle en l'aidant à récupérer ses sacs, me relevant face à elle avant de poser mes yeux sur ce ventre que je ne me rappelle pas avoir vu si rond. J'arque un sourcil avant de les froncer légèrement. "Félicitations?" lui dis-je sur un ton interrogateur. Ne sait-on jamais si ce môme est une erreur et qu'il fut trop tard pour avorté. "Ces sacs lui sont destinés ou vous vous êtes aussi fait plaisir?" Mon expression se détend. Si elle est si surchargée, j'espère tout de même qu'elle parvient à trouver un peu de temps pour elle. Je pose mon regard une fois de plus sur ce ventre. "Ca fait combien de temps maintenant? Combien ça faisait déjà quand on s'est rencontrés?" Ce n'est pas au bout de trois mois qu'on commence à voir les effets de la grossesse? Je ne suis pas un expert en ce sujet, ne m'en voulez pas.

Tahlia n'était pas réputée pour sa finesse, inutile de vous dire les insultes qui passaient dans son esprit alors qu'elle voyait cet homme s'éloigner, sans prendre la peine de s'arrêter. Les bonnes manières se perdaient, comme l'aurait dit sa chère grand-mère. Heureusement, chez d'autres, l'altruisme et l'entraide existaient encore. Une silhouette apparut dans son champ de vision, se baissant afin de l'aider à ramasser ses sacs. Quand Tahlia posa ses yeux verts sur cette silhouette, elle reconnut Elijah. Un sourire apparut sur ses lèvres, alors qu'elle souffla doucement : « ça va devenir une habitude de voler à ma rescousse... » La dernière fois, c'était au bar, aujourd'hui, c'était dans cette rue. Il allait vraiment finir par croire qu'elle était un chat noir... ou un véritable boulet. Alors qu'elle se redressa et que les tissus légers de sa robe vinrent de nouveau épouser son ventre rond, elle perçut le regard surpris du jeune homme sur celui-ci. Tahlia regarda ce ventre de femme enceinte, dont elle avait encore du mal à se dire que c'était bien le sien, que c'était bien elle qui vivait une grossesse. Elle haussa légèrement les épaules à ses mots. Elle avait bien entendu le ton interrogateur qui teintait ces félicitations. « C'est apparemment ce que l'on dit en premier lieu... » Et Tahlia ne savait pas si elle devait se réjouir de ces mots ou en pleurer. C'était un mélange d'émotions qui s'emparait d'elle. Elle était partagée entre la joie d'être mère, la peur, les doutes et la culpabilité. Par moment, elle se réjouissait d'avoir cet enfant. Parfois, elle espérait que ce n'était qu'une illusion. C'était paradoxal. Alors qu'elle récupéra ses sacs, elle esquissa un sourire en secouant la tête : « C'est tout pour elle. Même pas née et déjà bien gâtée. » Elle devait surtout tout préparer en un temps limité, ce n'était pas vraiment gâter sa fille, mais acheter ce qui était le plus important. Elle ramassa le dernier sac et releva la tête quand il la questionna de nouveau. Combien de temps ? Tahlia lâcha un léger rire nerveux. « Pour le bébé, cinq mois. Pour moi, deux semaines. » Elle ne faisait que répéter ces mots, ces derniers jours, si bien qu'elle avait un discours bien rôdé, si bien qu'elle s'habituait aux regards surpris et étonnés. «C'est une longue histoire, à vrai dire. » conclut-elle en souriant légèrement.

Un petit sourire esquissé en entendant sa remarque, il est vrai que j'ai tendance à me rappliquer dans ses moments de galère. "Vous allez finir par croire que je vous suis. Ce serait mal placé." continuais-je dans la plaisanterie avant de voir ce ventre rond dont je n'avais pas eu l'occasion d'apercevoir. Il est bien normal que je me pose des questions et n'ayant pas ma langue dans la poche, aimant connaître le pourquoi du comment, c'est presque une obligation qu'elle passe devant mon interrogatoire. Je fronce légèrement les sourcils en entendant son explication. Apparemment elle-même n'était pas au courant de cette grossesse. Je crois que si j'étais une femme, ce serait l'une des choses qui me terrifierait les plus. Un hochement de tête, je récupère quelques sacs histoire qu'elle se sente plus légèrement et prends une grande inspiration. "J'ai toute la journée devant moi. Il faut juste que je passe prendre un paquet de cigarettes en chemin." lui dis-je en haussant les épaules. En route, la laissant passer devant avant de me retrouver côte à côte avec elle, je la regarde en coin. "Du coup, déni de grossesse. Vous l'avez su comment? Vous savez au moins qui est le père?" lui demandais-je. Je ne suis pas au courant des nombreuses parties de jambes en l'air qu'elle aurait pu avoir, ou qu'elle n'a peut-être pas eu. J'suis juste un type qu'elle a rencontré dans un bar de base. Je la laisse me répondre, fronçant légèrement les sourcils. "Vous avez tous les bagages financiers et sécuritaires pour vous en occuper? Un logement assez grand, un boulot qui rémunère bien?" C'est bien normal de s'en soucier. "Ou vous allez la confier en famille d'accueil?" Une autre solution qui n'est pas si rare de voir de nos jours. C'est bien mieux que de l'abandonner dans une poubelle ou quelque chose du genre.

Tahlia se mit à rire face à ses mots, continuant à jouer le jeu : « Vous allez finir par croire que je suis un aimant à problèmes. Ce serait mal placé aussi. » Elle garda son sourire aux lèvres même quand il posa ses yeux sur son ventre et qu'il lâcha des félicitations qui relevaient davantage de l'interrogation. C'était une longue histoire disait-elle. Une histoire qu'il était prêt à écouter. « On va chercher votre paquet de cigarettes et après je vous offre le café, alors. » Leur dernière conversation s'était tellement bien passée qu'elle avait envie de continuer à débattre, à converser avec cet homme fort intéressant. Arrivant à sa hauteur, ils avancèrent sur le trottoir, les questions commençant à fuser de la part du jeune homme. Des questions qu'elle avait déjà affrontées pour certaines. « Je l'ai su en faisant une banale prise de sang. » Pas si banale que cela, en vérité. Mais elle ne s'attarda pas plus que cela puisque la deuxième question du jeune homme la fit sourire : « Je ne sais pas pourquoi tout le monde me demande qui est le père. C'est à croire que j'ai une vie sexuelle débridée... » De la part d'Elijah, ce n'était pas le cas, mais d'autres, plus proches, la poussaient à se mettre clairement en question. « Mais oui, je sais qui est le père. C'est mon ex, avec qui j'ai rompu, il y a quelques mois. » Le côté familial n'était donc pas stable. Et ce n'était pas tout. Elijah posa les questions pratico-pratiques. Les questions qui éveillaient tous les doutes de Tahlia. La jeune femme secoua la tête. « Il y a deux semaines, je vous aurais dit que je n'avais ni boulot, ni appartement à moi. Mais il y a eu de l'amélioration depuis. » Elle bossait au Chiki Boom, pour l'instant, même si elle n'était pas à l'abri de se faire virer. Et elle avait un petit studio en location pour 6 mois, en attendant de prendre un appartement plus grand. Mais quand il évoqua la famille d'accueil, la jeune femme se pinça les lèvres et dévia le regard. « J'y ai songé, au début, je vous l'avoue. Ce bébé, c'était une catastrophe. J'avais l'impression qu'il tombait vraiment au mauvais moment. » Elle ne voulait pas mentir et montrer à quel point cette grossesse était une merveille. « Mais à côté, ça fait des années que je rêve d'être maman, ça a pesé plus lourd dans la balance... » Et Carter n'aurait sans doute pas voulu mettre sa fille dans une famille d'accueil... « Vous avez des enfants ? » demanda-t-elle finalement.