i never needed anybody's help in any way but now these days are gone (perring)

Perry ne sait pas trop si c’est l’âge ou l’accumulation des événements ces derniers temps, mais il a de plus en plus de mal à mettre les choses de côté, à oublier le négatif et à ne penser qu’aux bons côtés. En peu de temps sa vie a été pas mal chamboulée, le semblant de stabilité qui lui plaisait bien à volé en éclat à l’arrivée de Theodore, le père biologique de Penny. A présent qu’ils se sont rencontrés, Perry a de plus en plus de mal à se faire au fait que sa fille passe du temps avec, qu’il ne soit plus son unique parent, son unique père. Après il y a eu Jackson, qui commence à prendre de plus en plus de place dans sa vie, ce qui change pas mal de choses pour le jeune homme, lui qui a presque toujours eu une vie sans attache amoureuse. Ce qui a fait tout déborder, c’est son rendez-vous avec Ruby, lorsqu’elle lui a annoncé qu’il a un enfant de huit ans, qu’il n’a jamais vu et dont il ignorait l’existence. Il a encaissé le choc, il n’en a pas trop parlé, ne sachant pas vraiment comment gérer ça. Il s’est confié à Concho, vu sa tête en rentrant à l’appartement son coloc a bien compris qu’il s’était passé un truc mais il n’a toujours rien dit aux autres, à ses filles notamment. Ne sachant pas vraiment vers qui se tourner pour partager tout ça, il a finalement pensé à Aisling. Leur relation ne va pas si mal ces derniers temps et il sait qu’avec ce qu’ils ont traversé tous les deux, elle pourra un peu le comprendre. En sonnant, il est un peu anxieux, chose dont il n’a pas vraiment l’habitude mais qui commence à faire parti de son quotidien ces derniers temps. « Salut. » dit-il, moins enjoué qu’à son habitude lorsque la jeune femme ouvre la porte. Siobhan attend derrière, de pouvoir venir faire un câlin à son père. C’est d’ailleurs ce qu’elle fait dès qu’il rentre.

Aisling ne s'attendait pas vraiment à ce que Perry se confie à elle. Pas parce qu'ils étaient en mauvais termes, ce n'était pas particulièrement le cas. Les choses s'étaient tassées entre eux, et la routine qui s'était installée avec Siobhan leur avait fait beaucoup de bien. La colère d'Aisling n'était jamais éternelle. Non, en vérité si elle était surprise, c'est parce qu'elle ne pensait pas avoir l'image d'une confidente, d'une personne à l'écoute, et encore moins de quelqu'un de bons conseils. En fait, ça avait toujours été le rôle d'Isaiah, et elle n'était pas certaine d'être à la hauteur. Mais elle pouvait bien faire un effort pour Perry, il ne fallait juste pas qu'il porte trop d'espoir à cette conversation.

Quand on frappa à la porte, Aisling descendit pour ouvrir, Siobhan sur ses talons.

-Salut !

Elle lui adressa un sourire avant de s'écarte pour le laisser entrer. La petite tête blonde sauta sur son père pour un câlin, arrachant un sourire à la jeune femme.

-Alors qu'est-ce que je te serre ?

Elle descendit le regard sur Siobhan.

-Tu as terminé tes affaires ma puce ?

Retrouver sa fille chaque semaine le met toujours en joie. Même si elle grandit et qu’elle commence à vouloir aller jouer avec ses nouveaux copains de l’école plutôt qu’avec son père, ils passent toujours pas mal de temps ensemble. L’innocence des enfants de l’âge de sa fille fait beaucoup de bien à Perry, qui a l’impression de perdre la sienne avec tous les événements qui lui tombent dessus ces derniers temps. « Je vais commencer avec de l’eau. » Il sait qu’Aisling a de la vodka ou tout autre alcool fort si jamais il a besoin mais il préfère éviter, pour l’instant en tout cas. La jeune femme demande à leur fille si elle a bien préparé toutes ses affaires, qui sont globalement constituées de doudous et des jouets du moment dont elle ne peut pas se passer plus d’une journée. La petite se met à courir vers sa chambre « Fais attention, tu as le temps t’inquiète pas ! Tu peux même jouer un peu. » Il préfère s’assurer qu’elle n’entende pas leur conversation, même si elle ne la comprendrait sûrement pas, il ne veut pas prendre le risque. Le jeune homme se dirige ensuite vers la cuisine pour s’y installer. « J’aimerais bien avoir encore l’âge de Sio, à cet âge là t’as pas de problèmes. » Il n’a jamais vraiment voulu être un adulte, accepter les responsabilités et le sérieux que cela implique. Mais en devenant père, il n’a pas vraiment eu le choix même si son côté pas prise de tête et enfantin n’est jamais loin.

Aisling esquissa un sourire à la demande de Perry et hocha simplement la tête de haut en bas. Elle n'allait pas le faire boire de force non plus. Tout le monde n'était pas obligée de gérer ses problèmes de la même façon qu'elle, soit, globalement, mal.

-Pas de soucis.

Elle se rendit jusque dans la cuisine pour attraper deux verres et y servir de l'eau avant de s'installer autour de la table où Perry la rejoignit. Elle eut un petit rire à la remarque du père de sa fille et secoua la tête de droite à gauche.

-Ce n'est pas tout à fait vrai. On a toujours des problèmes, ils ne sont juste pas à la même échelle.

Siobhan n'a pas à se demander si elle veut et peut louer ou acheter un logement. Comment gérer les finances. Comment éduquer ses enfants. Ses problèmes consistent plutôt à apprécier ou non ses instituteurs et institutrices, et ses camarades de classe.

-Qu'est-ce qui te tracasse autant ?

Perry n'étant pas du genre à se tracasser, ça devait être quelque chose de pas si anodin.

Leur fille doit bien avoir des soucis aussi, quand il était petit pour Perry la pire chose qui puisse lui arriver c’est que le nettoyeur de la piscine soit en panne et qu’il ne puisse pas aller dedans ou que le repas ne soit pas bon. Et encore, en temps qu’enfant roi il pouvait à peu près tout le temps manger ce qu’il voulait sans avoir besoin de manger des légumes à chaque repas. Cela explique sans doute pourquoi son alimentation est si peu saine, même si elle s’améliore de plus en plus. « Oui et je pense qu’avoir ses parents séparés c’est déjà pas mal comme truc à gérer pour un enfant de presque six ans. » Elle n’a jamais connu ses parents ensemble, faut dire qu’ils ne l’ont jamais franchement été comme un couple conventionnel. Ils ont toujours essayé de lui faire vivre la situation au mieux, même lorsque leurs rapports étaient tendus. Elle semble bien vivre le fait de changer toutes les semaines de maison mais Perry s’assure toujours que tout va bien. Lui ne va pas très bien justement et si par le passé il a fait peser ça sur Penny, à présent, un peu plus responsable, il préfère lui cacher les moments de moins bien. Tripotant son verre d’eau, il ne sait pas trop comment répondre à la question d’Aisling. Enfin si il sait, dans sa tête, mais dire tout ça à voix haute le fait flipper. « Je...c’est pas facile à dire….j’ai appris que j’ai un fils de genre sept ans, y’a pas longtemps. » Au moins c’est dit. Et il sait que la jeune femme n’aime pas vraiment quand il tourne autour du pot.

A sa remarque, Aisling ne sut pas comment réagir. Est-ce que c'était une attaque ? Probablement que non. Ce n'était pas comme si Perry lui avait proposé d'être en couple pour le quotidien de Siobhan. Pourquoi le prenait-elle aussi violemment alors ? Elle finit par hausser doucement les épaules.

-Je ne sais pas. Ca a toujours été comme ça pour elle, elle ne nous a jamais connu ensemble.

Mais évidemment, elle ne pouvait pas savoir exactement ce qu'il y avait dans la tête de sa fille. Et il n'était pas forcément facile de le verbaliser à son âge. Pour l'instant il lui semblait que les choses allaient bien, qu'elle aimait particulièrement être entourée, voir du monde. Elle espérait au moins qu'elle ne lui avait pas fait sentir ses moments problématiques avec son père, même si elle n'était pas toujours très douée pour gérer ses émotions.

Elle but une gorgée de son verre d'eau, et heureusement, elle l'avait déjà avalé quand il lui déclara qu'il avait... un autre enfant. Elle le regarda avec des yeux ronds, restant muette quelques secondes. Une demi-minute peut-être.

-Ah.

Elle avait du mal à réaliser vraiment la nouvelle.

-C'est vrai que tu en manquais.

Elle se mordit la lèvre. Elle n'avait pas réussi à filtrer ses premières pensées, et à cacher... son appréhension de la nouvelle ? Son étonnement sur le fait qu'il se retrouvait avec... Trois enfants ? Sans jamais avoir été en couple de sa vie, c'était tout de même un exploit quelque part ! Enfin, depuis récemment, elle était à deux, ce n'était pas tellement différent.

-Je... J'imagine que ça doit être assez... déstabilisant.

Leur fille n’a pas connu de famille normale, celle avec des parents heureux qui s’aiment au moins un temps. Ils l’ont préservé de leurs déchirements mais elle a tout de même vécu un temps avec un père habitant à l’autre bout du monde. Depuis qu’il est revenu Perry tente de lui offrir un environnement relativement normal malgré le fait qu’il ne soit pas avec Aisling. « Oui mais elle doit comprendre maintenant qu’on n’est pas vraiment la norme. » Parfois il se demande si elle en parle avec ses amis de l’école. Il n’a pas abordé la question avec elle et elle non plus donc il part du principe que tout se passe bien pour sa fille. Après un moment à fixer son verre d’eau, il se lance enfin, expliquant avoir appris l’existence d’un fils qu’il a eu il y a de nombreuses années maintenant. A la réaction de la blonde, il se dit qu’il aurait peut-être mieux fait de trouver quelqu’un d’autre à qui en parler. Il sait qu’Aisling n’est pas forcément la personne la plus délicate lorsqu’il s’agit de dire les choses mais il ne s’attendait pas à ce qu’elle lui balance à la figure qu’il en a d’autres des enfants et que ce n’est qu’un de plus à la liste. Perry sent qu’elle essaie de se rattraper ensuite. « Oui...c’est pas vraiment un truc simple à avaler. » Même s’il arrive la plupart du temps à passer au-dessus de toutes les nouvelles, ces derniers mois il commence à cumuler. « C’est pas facile d’en parler. »

hj : un rp sans la lettre j c'est pas simple il serra un peu plus bavard après

Aisling se pinçait les lèvres, n'étant pas très à l'aise avec cette discussion. Elle n'avait rien d'une attaque, mais elle ne savait pas vraiment comment prendre la chose. Elle avait l'impression d'être une mauvaise mère, qu'ils étaient en train de mettre sur la table quelque chose pour laquelle ils ne pouvaient absolument rien, ni l'un ni l'autre. A part répondre aux questions de leur fille, si jamais elle en avait un jour. Il ne serait évidemment pas évident de lui dire qu'elle n'avait pas été une enfant désirée contrairement à la plupart de ses petits camarades. Pourtant, Aisling espérait qu'elle ne doute jamais de leur amour.

-Qu'on n'est pas la norme, c'est vrai, elle doit l'avoir compris depuis un moment. Mais je ne crois pas que... ça la fasse souffrir ?

Elle haussa légèrement les épaules.

-Les choses sont bien établies entre nous, tout roule, elle sait qu'elle peut nous parler. Elle a Penny aussi. Je ne suis pas sûre que la situation la préoccupe tant que ça.

Devant son verre d'eau, Aisling ne sait pas comment prendre la nouvelle qu'il lui annonce. Ca ne la concerne pas directement, pourtant, elle se sent sur la défensive. Elle a peur de... quelque chose. Sans doute devrait-elle éviter de dire quoi que ce soit... à chaud. Surtout qu'en levant ses yeux bleus ver son interlocuteur, elle se rend bien compte qu'il n'est pas à l'aise avec le sujet, et probablement encore moins avec sa remarque. Elle finit par acquiescer d'un petit signe de tête.

-Non j'imagine que ça doit... assommer.

Elle se mordit la lèvre.

-Est-ce que... Est-ce que tu sais pourquoi elle n'a pas voulu t'en parler avant ? La mère je veux dire... Vous étiez... fâchés ?

Si ses peurs et ses incertitudes envers Siobhan ont réussi à s’apaiser, surtout suite à sa conversation avec Isaiah, les récents événements avec Penny et à présente Luke, ont réveillé quelque chose en Perry. Il doute de tout, il a peur. Il a peur de ne pas assurer, avec aucun de ses enfants, de ne pas voir qu’ils sont malheureux, de ne pas réussir à leur offrir un environnement suffisamment stable et épanouissant. Il a toujours vécu sa petite vie en prenant à la fois soin d’eux et de lui. Les semaines où Sio n’est pas chez lui, il sort plus, il voit du monde, il en profite, mais quand il est là, il passe plus de temps à l’appartement avec ses filles. Il ne laisse pas Penny sur le côté pour autant, ils ont toujours leurs petites soirées tous les deux ou avec les autres de la coloc. « Oui t’as raison...j’espère juste qu’elle nous en parlera si jamais elle a besoin. » Ils ont toujours essayé d’être ouverts et bienveillants avec leur fille, de lui faire comprendre qu’elle peut se confier à eux. Il s’en fait sans doute trop pour une enfant de cinq ans mais il n’a pas envie de passer à côté de quelque chose. Continuant sur sa lancée de confidence parentale, il lui avoue finalement l’existence de son fils, qu’il a appris il y a peu et qui lui occupe pas mal l’esprit. Aisling n’a pas toujours les mots justes mais il sait au moins qu’avec elle il peut être honnête et qu’elle le sera en retour. « C’est compliqué...je savais qu’elle était enceinte, on en avait parlé, elle voulait avorter et ça m’allait, c’était à elle de décider. Mais j’allais pas bien à ce moment-là, je l’ai laissé tombé. Je suis partie en cure, j’avais plus contact avec personne. J’ai plus eu de nouvelles jusqu’à ce que je la recroise il y a quelques mois. » Leur éloignement est un concours de circonstances malheureuses. Tout aurait pu très bien se passe si Perry ne s’était pas découvert de soi disant sentiments et que ça ne l’avait pas complètement fait vriller et commencer à sombrer. Les événements tiennent à peu de choses. IL le sait bien avec Aisling et l’arrivée surprise de leur fille dans leur vie.

Aisling acquiesça simplement d'un signe de tête. Elle aussi, elle espérait que Siobhan parlerait, mais elle se doutait qu'à cet âge ce n'était pas forcément évident. Qu'elle n'avait pas forcément envie de s'ouvrir à ses parents sur des problèmes qu'elle considérait, du haut de ses quelques années, comme trop personnels. Elle espérait que si elle n'a pas le courage d'en parler à papa et maman, peut-être qu'elle le ferait avec Isaiah, ou d'autres proches.

Perry finit par lui avouer son problème et essayer de développer, malgré que ce ne soit pas si facile pour lui d'en parler. Ce qu'elle comprenait. D'autant plus qu'elle n'était pas forcément l'oreille la plus bienveillante que soit. Où était donc Isaiah dans ces moments-là ? Elle l'écouta, calmement, attentivement, passant une main dans ses cheveux blonds.

-Et tu n'as pas essayé de prendre contact avec elle quand tu es sorti de cure ?

Elle essayait de retracer les évènements, et pour le moment, elle arrivait à comprendre que la femme en question n'ait pas prévenu Perry de l'existence de sa progéniture.

-J'imagine qu'elle s'est dit qu'à ce moment-là tu n'étais pas prêt à être père. On aurait du mal à lui donner tort...

Elle se mordit la lèvre avant de relever les yeux vers lui.

-Mais les choses sont différentes maintenant. Je le sais.

Perry n’avait aucune idée de comment gérer les choses. Il ne s’était pas attendu à une telle bombe et il devait à présent faire avec et essayer de trouver un sens à tout ça. Aisling essayait de comprendre elle aussi, lui demandant s’il a essayé de prendre contact avec elle quand il est sorti de sa cure. « Non...quand je suis revenue elle n’était plus à Bowen, enfin elle n’était plus à l’appart’ et je sais pas...j’ai pas pensé à lui envoyer un message, je crois que j’étais pas encore prêt. » Et finalement il ne l’a jamais fait. Son amitié avec Ruby s’est mal terminée, à son plus grand regret. Il aurait aimé qu’elle soit là à son retour et qu’ils redeviennent amis comme avant mais elle avait déserté Bowen. Les mots tranchants d’Aisling atteignent le jeune homme en plein cœur même s’il essaie de ne pas trop lui en tenir rigueur, sachant qu’elle garde toujours une certaine rancœur envers lui. Elle se rattrape tout de même, ajoutant que si à l’époque il n’était peut-être pas près à être père, ce n’est plus le cas maintenant. « Je sais pas...c’est elle qui m’a poussé à adopter Penny et elle voyait bien que je faisais au mieux avec elle mais après j’ai merdé, c’est clair. J’imagine qu’elle voulait pas que son enfant ait un père potentiellement toxico. » A ce moment-là il a failli perdre la garde Penny et à peu près toutes les choses qui comptaient dans sa vie. Mais grâce à quelques amis et ses parents, il a fini par être envoyé en cure, le genre de trucs hors de prix. Si ça ne réussit pas à tout le monde, lui est un exemple de réussite.

Il n'avait pas pensé à lui envoyer un message ? Pas étonnant que la mère de l'enfant ne l'ait pas spécialement recontacté après. Enfin, elle aurait pu le prévenir qu'elle le gardait, même si elle ne voulait pas de lui dans sa vie... Ou bien avait-elle fait ça parce que justement elle savait qu'il insisterait pour rester dans la vie du bébé ? Connaissant Perry aujourd'hui, c'était une évidence.

-Peut-être qu'elle a interprété ton silence comme de... l'indifférence.

La situation, à l'époque, n'était probablement pas facile pour Perry, un enfant non désiré alors qu'il avait de gros problèmes personnels... Mais pour la mère de l'enfant non plus. Voir le père disparaître en cure, ne probablement pas savoir quand est-ce qu'il rentrerait... Être dans le flou. Il était difficile de gérer un enfant dans le flou. Et sans doute avait-elle pour ambition d'être une meilleure qu'elle-même au moment de la naissance inattendue de Siobhan.

-Et bien... Oui je pense... J'imagine qu'elle l'a fait pour son enfant, mais pas contre toi. Mais... ce n'est pas pour ça que tu ne peux pas te rattraper maintenant.

Il ne fallait pas se focaliser sur le passé, ça ne ferait pas avancer Perry. Et ce n'était probablement pas pour ça qu'il avait eu encore de lui en parler. Ou bien voulait-il simplement s'ouvrir et attendre un peu pour reprendre les choses en main ? Aisling avait l'habitude de se laisser couler jusqu'à toucher le fond. Elle aurait eu du mal à lui reprocher ce genre d'attitude.

Il sait très bien qu’il n’a pas été parfait dans cette histoire, il n’est jamais parfait, Aisling peut bien en témoigner. Il aurait pu lui envoyer un message, prendre des nouvelles mais Perry ne reste jamais bloqué sur le passé, il avance et l’idée de juste apporter du soutient à son ancienne meilleure amie, savoir si tout va bien alors qu’elle était partie, ça ne lui a même pas traversé l’esprit. Les choses ne se sont clairement pas déroulées de la manière la plus idéale, chacun devant faire face à ses propres problèmes. « Oui, elle m’en a voulu de pas avoir pris de nouvelles, ça a pas dû aider. » explique-t-il avant de boire une nouvelle gorgée d’eau. S’il lui parle de tout ça, c’est surtout qu’il ne sait pas trop comment gérer les choses et qu’il ne sait pas trop à qui en parler non plus. Ce n’est pas une petite nouvelle comme ça, c’est une vraie bombe et même s’il gère ça pas trop mal d’un point de vue extérieur, à l’intérieur c’est le bazar. « J’ai envie de me rattraper mais après autant d’années, je sais pas comment faire. Je suis un inconnu pour lui, il est un peu plus vieux que quand j’ai eu Penny mais ça n’a rien à voir comme situation et j’sais pas comment gérer ça. » Avant de l’avoir lui, Penny n’avait jamais eu de père alors que Luke en a eu un pendant plusieurs années. « Et puis j’ai pas envie de le perturber non plus. »

Aisling boit une nouvelle gorgée de son verre d'eau en écoutant le réponse de Perry. Elle reposa le verre, haussant légèrement les épaules.

-On la comprend.

Elle ne voulait pas enfoncer Perry, mais elle ne voulait pas non plus faire comme si la réaction de l'ex-meilleure amie était absurde. Qu'aurait-elle fait à sa place ? Bon, elle aurait avorté, sans aucun doute possible mais... Elle aussi, elle en avait voulu à Perry quand il était retourné aux Etats-Unis, elle serait mal placée pour lancer la pierre à l'inconnue, pas si inconnue que ça, si elle savait...

Aisling n'étant pas pédopsychiatre et même, pas très douée avec les enfants et les relations sociales de façon générale, elle n'était pas certaine d'être la meilleure personne à qui en parler, et encore moins pour avoir un conseil judicieux.

-Qu'est-ce que sa mère en pense ? Est-ce qu'elle a envie que tu fasses partie de sa vie ?

Elle pianotait de ses doigts sur la table, cherchant une réponse à lui faire. Ordonnant les mots pour formuler ses pensées.

-Même s'il est déjà grand, même si vous ne vous connaissez pas, j'imagine qu'il n'est jamais trop tard... Vous aurez une relation différente que si tu avais été son père depuis le début mais tu pourrais au moins être... un espèce d'oncle sur qui il peut compter, tu vois.

Elle ne réfléchissait sans doute pas assez à l'impact de ses mots sur Perry mais, hey, Aisling n'avait jamais été connue pour avoir du tact ou être subtile.

Il sait qu’il aurait pu mieux agir mais à cette époque là sa vie était sans dessus dessous, il n’avait pas Penny depuis très longtemps et était complètement perdu dans les éventuels sentiments qu’il pouvait avoir pour sa meilleure amie. Il a enchaîné les mauvaises décisions, ne pas avoir gardé contact avec elle en est une de plus. Mais comme le dit Aisling, il ne faut pas vivre en pensant au passé, il ne pourra pas le changer, c’est trop tard. Il doit se concentrer sur le futur et c’est ce qu’il essaie de faire. La jeune femme lui demande comment Ruby se positionne par rapport à son arrivée dans la vie de leur fils et que même s’il ne pourra jamais être un père comme s’il avait été toujours là, il peut au moins s’en rapprocher, être un peu comme un oncle. Se dire qu’il ne sera peut-être jamais vu comme son père lui fait mal. « Mais j’ai pas envie d’être un oncle. » dit-il tel un enfant capricieux qui aurait préféré au glace à la vanille plutôt qu’à la fraise. « Pour l’instant on n’en a pas encore parlé avec Ruby mais j’ai envie de faire partie de sa vie maintenant, elle m’en empêchera pas. » Il ne compte pas jouer les méchants pour pouvoir voir son fils mais il ne peut pas concevoir, à présent qu’il connaît son existence, faire comme s’il n’était pas là.