back in the summer 69 - ft Milo

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back in the summer 69
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@milo putskowski & @lys r. kickett

Remuer le passé n’était jamais facile, en particulier quand une personne qui en a fait parti vous manquait atrocement. Le pire étant la période des fêtes bien sûr, et c’est ce moment là que ma grand-mère avait choisi pour m’envoyer, par le biais de ma tante, quelques vielles affaires qui avaient appartenues à mon père lorsqu’il était adolescent. Je m’étais donc retrouvée assise par terre sur le sol de mon salon, en pleine après-midi, entourée de cartons et de trucs en tout genre, le visage dégoulinant de larmes. Papa avait été mon seul parent, il avait endossé les deux rôles avec brio durant les vingt-quatre années de ma vie, après quoi il avait succombé à ce foutu crabe. Il me manquait, chaque jour, en particulier pour les jours important, comme le soir de mon expo par exemple, et l’approche de Noël ravivait la douleur. Faire un tri dans ces affaires me bouleversait un peu, même si, d’un autre côté, cela me faisait du bien. Comme un genre de catharsis. Douloureux mais nécessaire. Malgré tout, je devais me ressaisir. J’avais demandé à Milo de venir tester la guitare que j’avais dénichée dans les souvenirs d’ados de mon paternel et je ne voulais pas qu’il s’inquiète en me voyant pleurer. Il n’y avait rien de grave, j’avais simplement besoin d’évacuer. Je me tapotai légèrement les joues, comme pour me ramener à la réalité. Je rangeai les cadres photos montrant des clichés de mon père à quatorze, quinze ou seize ans, un vieil appareil photo argentique, une machine à écrire (évidemment), une collection de pins publicitaires et quelques vinyles dans un carton que je laissai ouvert dans un coin du salon. Je filai dans la cuisine et mis ma bouilloire émaillée sur le feu, pour pouvoir faire du thé pile poil au moment où j’entendis la sonnette retentir. Je collai un sourire sur mon visage et allai ouvrir à Milo qui attendait devant la porte.
— Hey ! m’écriai-je en l’enlaçant, ça me fait plaisir que tu sois venu. Entre !

T’avais longtemps fais le mort avec ton entourage. Parce que tu avais eu envie de te retrouver toi, seul et avec personne autour. Les seules personnes que tu côtoyais étaient tes colocataires, et Niels de temps à autre. Mais le reste, c’était passé à côté, parce que t’avais pas envie de faire quoi que ce soit. Ton séjour à l’hôpital, suite à ton overdose, t’avait fait beaucoup réfléchir sur ton train de vie. Alors t’avais décidé de faire un pause, pour te recentrer. Lorsque Lys t’avait envoyé un message hier soir, tu avais sauté sur l’occasion pour aller lui rendre visite. Maintenant que tu te sentais mieux, en paix avec toi-même, tu te disais que tu pouvais enfin sortir de ton cocon et surtout sortir de cette chambre. En plus, lorsque l’australienne t’avait parlé, elle t’avait parlé d’une guitare. Qui est le meilleur expert des guitares à Bowen ? Evidemment, c’est toi. Bon, on rigole hein bien sur. Alors tu lui avais donné rendez-vous dans l’après-midi. Après être préparé, tu chevauchais ton skateboard pour arriver chez la brune. Quelques minutes plus tard, tu te retrouvais devant chez elle, et tu toquais à la porte. Lorsqu’elle ouvrait, Lys te serra automatiquement dans tes bras et ça te faisait du bien. Une étreinte autre que celle de tes meilleurs amis, c’était une bonne sensation. « Lys ! Je suis content que tu m’ai envoyé un message » répondis-tu à la jeune femme. Tu entrais alors dans l’appartement, en prenant soin de laisser ta planche à l’entrée pour ne pas la faire tomber dans son appartement ou quoi. « Comment tu vas ? » demandas-tu à la jeune femme en replaçant ta casquette sur la tête.

Milo était le meilleur ami d’Azriel, j’avais appris à le connaître au fil de année et je l’appréciais beaucoup. Je le trouvais drôle, talentueux. Je le considérais à mon tour comme un ami, et quand j’avais déniché la vieille guitare de mon père, j’avais immédiatement penser à lui. A qui d’autre ? Niels ? Je doutais qu’Aelya le laisse venir gratter, seul, chez moi. Les choses s’étaient un peu aplanies depuis que j’avais assuré à ma voisine que je n’avais absolument plus aucune vue sur son mec mais…il ne fallait pas pousser mémé dans les orties quand même. En ce qui concernant Milo, je ne l’avais plus vraiment revu depuis la soirée du nouvel an où je l’avais embrassé. Enfin, ce soir-là, ca n’était pas vraiment lui que j’embrassais en réalité. Cela aurait pu être n’importe quel autre homme. Je n’avais pas de sentiments, ni même de désir pour Milo. Je le considérais vraiment comme un ami, rien de plus. Ce baiser avait été le baiser du désespoir et, au vu de la réaction de Beth après ça, le baiser de trop. Je ne savais pas trop si je devais aborder le sujet. Milo semblait faire comme si de rien n’était.
— Euh…oui, ça va, ça va…Beth me dit qu’elle dort peu avec la petite. Ca va toi ? Vous tenez le coup tous les trois ?

Tu n'avais pas vu Lys depuis la soirée du nouvel an. Soirée étrange, où vous vous étiez embrassé. Ça, c'était étrange. Mais t'avais pas eu envie d'en reparler, pas besoin. Parce que tu avais clairement compris pourquoi elle avait fait ça. Et puis lorsque ton amie t'avais proposé de venir pour gratter chez elle, tu avais sauté sur l'occasion. Jamais tu ne dirais non à gratter une belle guitare et à donner quelques conseils. Tu étais entré dans l'appartement de la brune alors qu'elle te parlait de Beth et des nuits de sa petite fille. « Oh, tu sais on s'habitue » dis-tu en riant légèrement. « Non sérieusement, on s'en sort bien tous les trois. Beth est géniale en tant que maman et nous on fait de notre mieux pour l'aider comme on peut » dis-tu avec un sourire. C'est vrai, c'était épuisant mais ça en valait la peine parce que la petite était tellement extraordinaire que même la plus grosse des fatigues ne pouvait rien palier à ça. « Bon, tu me montres ce petit bijou alors ? » dis-tu en lui faisant un clin d'oeil. Tu apprendrais à l'australienne avec grand plaisir à jouer de la guitare, ou même à lui donner tout un tas d'informations sur cette dernière. C'était la moindre des choses que tu pouvais faire.

La petite Ivy avait bousculé le quotidien du 13, en venant au monde, c’était certain. Pour autant chacun semblait y trouver son compte et son équilibre. Le sourire de Milo, quand il évoqua le bébé de Beth, en disait long. Je savais que Beth culpabilisait parfois « d’imposait » sa fille (c’était ces mots) à ses colocs mais eux étaient franchement ravis d’avoir à s’occuper d’une bouille d’ange pareille. Je les comprenais. Ivy avait su me charmer moi aussi et ce n’était pas rien de le dire. J’étais rarement émue par les nourrissons.
— Beth ne pouvait pas rêver mieux que vous deux, vous assurez dans le rôle de parrain. Et je suis d’accord Beth est une super maman. Je l’admire franchement.
Mon amie avait à peine vingt-cinq ans et un bébé était un sacré chambardement dans une vie, encore davantage lorsqu’on le faisait en célibataire. Je lui tirai mon chapeau et trouvais qu’elle se débrouillait à merveille jusque-là. Milo, tout d’un coup, se montra impatient de découvrir la guitare dont je lui avais parlé et nous changeâmes aussitôt de sujet. Je pouffai de rire puis lui indiquai de me suivre.
— Viens, elle est là.
Je slalomai à travers les cartons et les vieilles affaires de mon père que j’avais étalées dans mon salon, puis désignai une caisse de guitare plutôt reconnaissable.
— J’ai regardé un peu par rapport au modèle sur internet. Il me semble que c’est un Gibson SG. Mais vas-y. Regarde et dis moi.

Beth était devenu un modèle pour toi. Depuis qu'Ivy avait vu le jour, tu la voyais en tant que maman responsable, toujours à faire ce qu'il faut, à se soucier des gens mais aussi à vivre sa vie comme elle l'entendait. C'était un exemple à suivre. Tu adorais ces moments partagées avec elles, parce que tu te voyais responsable, enfin, adulte. Et plus de moment tu passais avec la petite, plus tu étais heureux. « On est pas des exemples, hein, mais on fait de notre mieux » dis-tu en riant légèrement. C'est vrai, avec Az, vous étiez les premiers à vouloir lui apprendre à faire des bêtises et surtout à lui apprendre à faire du skate. Qu'est-ce que ça sera lorsqu'elle sera en pleine adolescence ? Les tontons seront la pour sauver ses arrières, c'est sûr. Tu changeais rapidement de sujet en parlant de ce pourquoi tu étais venu. Lys avait une guitare de son père et elle voulait que tu jettes un coup d'oeil. Elle pouffa de rire en voyant ton impatience. Tu la suivais dans son rire parce que tu te trouvais ridicule. Mais la musique c'était toute ta vie, et dès que tu parlais de ça, tu pouvais rester sur le sujet pendant des heures. Et lorsqu'on te montrait un instrument, c'était la même chose. Après s'être frayé un chemin entre les cartons, vous arriviez vers l'instrument tant attendu. La brune te montrait son étui et tu l'ouvrais. « Whoaaaa, elle est trop belle » dis-tu en prenant la guitare en main. Tu t'assis par terre et tu commençais à gratter. Pendant que tu accordais cette dernière, tu analysais chaque détail de cette guitare. « Ouais, c'est une SG, ton père avait du goût ! » dis-tu en souriant à la jeune femme.

La découverte de cette guitare dans les vielles affaires de mon père était une vraie surprise. Il ne m’avait jamais parlé de son passif musical à tel point que je n’avais jamais pensé qu’il puisse posséder un tel instrument. Je souris en voyant la réaction de Milo au moment où il ouvrit l’étui. Je n’y connaissais rien en guitare mais je devais reconnaitre que celle-ci avait de l’allure. Je ne pouvais m’empêcher de constater, malgré tout, qu’elle avait peu servi, malgré son ancienneté. Il était donc très probable que cette guitare ait été l’une des lubies sans suite de mon père. Sans doute s’était-il rêvé rock star, avait-il payé cet instrument dans l’espoir que ces doigts de génie - même si son talent s’exerçait davantage sur un clavier, comme je le savais - fassent vibrer les cordes. Probablement s’était-il rendu à l’évidence assez tôt, mon père était un écrivain, pas un musicien. Tout cela, bien sûr, n’était que fabulation. Je ne connaissais pas, bien sûr, la véritable raison qui avait poussé mon père à s’acheté cette guitare, mais j’aimais rêvé ou m’inventer des histoires, un trait de personnalité que mon paternel m’avait transmis sans nul doute. Milo se saisit de la Gibson et ne résista pas longtemps à l’envie de la faire sonner, il semblait s’éclater. Je le regardai, avec un sourire accroché aux lèvres.
— Et dire qu’elle est restée dans un coin pendant des années !

Tu exagérais surement lorsque tu voyais la guitare, mais ça montrait que ta passion c’était la musique et que tu mourrais avec une guitare dans ta tombe. Ca c’était une obligation. Lys était entrain de te regarder observer l’instrument avec un sourire aux lèvres et toi, tu étais un enfant à qui on venait de donner un nouveau jouet qui te rendait le plus heureux du monde. Tu te mis à gratter sur quelques cordes en te rendant compte qu’elle n’était pas accordé. Alors tu l’accordais à l’oreille, sans trop de précision mais au moins pour pouvoir jouer quelques accords potables dessus. « C’est dingue ! » répondis-tu à la jeune femme en souriant. C’était une belle pièce de collection qu’elle venait de trouver. « Tu sais pas du tout jouer ? » demandas-tu en levant les yeux vers l’australienne. Tu pourrai lui apprendre, même si tu n’es pas le meilleur des profs, tu es surement celui qui s’y connait le mieux dans ce domaine. Et puis, tu n’allais pas laisser Lys garder cette guitare et lui faire prendre la poussière alors qu’elle pourrait s’en servir. Tu lui tendais l’instrument et tu lui souris. C’était une proposition d’apprentissage. Lorsqu’elle avait sorti la guitare de son étui, tu avais vu qu’il y avait quelques partitions qui étaient rangées avec cette dernière. Tu les attrapais et tu les lisais. « C’est qu’en plus de jouer, ton père composait aussi ! » dis-tu en lisant les notes qui étaient inscrites sur le papier à musique.

Mon truc à moi, c’était l’art. Le dessin, la peinture, les couleurs. Je pouvais passé, j’en était sûr, plusieurs jours sans parler, mais pas sans peindre. L’art était plus qu’une passion, plus qu’un talent, c’était ma manière de m’exprimer, ma manière de montrer le monde tel que je le voyais. Pour Milo, cela passait par la musique, pour mon père, j’avais toujours pensé que cela passait pas l’écris, mais visiblement, je découvrais, avec cette guitare un autre aspect de sa personnalité.
— Non, je ne sais pas du tout jouer.
Je n’avais même jamais tenu une guitare contre moi, jamais fais résonner la moindre corde et pourtant, quand je voyais Milo faire, cela semblait si facile. Pour lui du moins, qui avait maintenant des années de pratique. Je savais que cela n’avait rien de simple, que jouer d’un instrument demande du temps, de la patience, du travail et une oreille bien sûr. Quand Milo me tendit la Gibson, je lui souris, attrapant le manche un peu gauchement, ne sachant trop quoi faire de l’instrument. Milo se pencha sur la caisse vide et en sorti quelque feuille de papier qu’il examina avant d’affirmer que mon père n’était pas seulement joueur, mais également compositeur. J’écarquillai les yeux et attrapai les feuilles de papier pour tenter de les lire. Je ne savais pas déchiffrer une partition, mais je pouvais lire les titres et les notes manuscrite de mon père. L’encre, avec le temps, avait un peu perdu de sa couleur mais j’étais émue, malgré tout, de retrouver son écriture.
— La fleur et le roi, lus-je à voix haute, avant de relever les yeux vers Milo. C’était le titre d’une histoire qu’il me racontait quand j’étais petite. Il l’avait inventé pour moi. La fleur…enfin le lys, c’est la fleur des rois, mais…(je rigolai doucement) t’es français, je t’apprends rien.
Je marquai une pause, autorisant mes pensées à vagabonder un instant.
— Woah…j’arrive pas à croire qu’il ait composé une chanson. Pourquoi est-ce qu’il ne m’en a jamais parlé. Je veux…je l’ai jamais vu jouer de ma vie ! C’est un peu dingue, non ?

Chacun interprétait son art comme il le voulait. Pour Lys, c’était la peinture et tu trouvais qu’elle était énormément douée. Pour toi, c’étais la musique et la photographie. Chacun, vous exprimiez vos ressentis à travers votre art. La jeune femme ne savait pas du tout jouer mais tu lui tendait quand même la guitare pour qu’elle gratte un peu alors que tu fouillais dans les papiers qui se trouvaient dans la caisse de son père. Il y avait beaucoup de partitions, beaucoup de chansons mais il y avait surtout des compositions. Très peu, mais il y en avait. Tu tendais une de ces feuilles à Lys, et tu la voyais toute chose. La voir comme ça, c’était émouvant. Elle découvrait alors une phase de son passé qu’elle ne connaissait pas, comme si elle redécouvrait son père à nouveau. Tu écoutais alors de quoi parlait la chanson, et tu souris. Tu laissais échapper un rire lorsqu’elle parlait de lys, et du fait que c’était la fleur des rois. Oui, car tu savais tout ça, tu l’avais étudié alors que tu n’étais qu’au collège, en France. « Ton père était un homme surprenant, à ce que je vois ! C’est fou » dis-tu en souriant à ton amie. Tu repris la guitare et tu récupérais le papier à musique qu’elle avait entre les mains. « Si tu veux, je peux te jouer la mélodie et tu peux chanter les paroles. Que tu vois à quoi ça ressemble avec de la musique » proposas-tu à Lys. C’était un bel hommage à son père, et c’était une bonne façon de se le remémorer. Tu aurais aimé qu’on fasse la même chose si ta maman avait été doué de n’importe quel instrument ou d’un quelconque art. Alors si tu pouvais faire ça pour Lys, ça te rendrait tout autant heureux qu’elle le serait.

Mon père était, en effet, un homme surprenant, sur bien des points. Je l’avais toujours su. Alors, au fond, découvrir qu’il avait eu un passé de rock star, ou du moins de musicien du dimanche car, en effet, il n’y avait rien pour prouver son talent aujourd’hui, hormis la composition que nous avions, Milo et moi sous les yeux. Je ne pouvais m’empêcher de sourire en imaginant mon père pencher sur ces tablatures. C’était cela qui m’étonnait le plus. Qu’il ait écrit les paroles, en tant qu’écrivain qu’il était, n’avait pas réellement soulevé des interrogations. La musique, en revanche, je n’avais jamais cru que cela faisait parti de ses talents. Quand Milo me proposa de jouer les accords et de me laisser la main sur le chant, je pouffai.
— Tu as envie qu’il pleuve ? rétorquai-je en riant.
Chanter ? Je ne le faisais que sous la douche, et encore. Et puis, chanter quand on ne connaissait pas la mélodie, même si Milo allait me la faire découvrir au fur et à mesure, me paraissait compliqué. Je souris malgré tout à mon ami.
— La mélodie suffira…en plus je sais que tu crèves d’envie de jouer avec cette guitare !

C’était de bon coeur que tu avais proposé à la jeune femme de chantonner les paroles de chansons qu’avait écrit son père. Et tu riais avec elle face à sa réponse. « Il est prévu qu’il pleuve déjà, non ? » dis-tu toujours en riant. « Bon comme tu voudras » ajoutas-tu en tâtonnant les cordes de l’instrument. Oui, elle avait raison, tu avais énormément envie de jouer de cette guitare parce qu’elle était sublime et qu’elle devait faire un son d’enfer. « Tu m’as percé à jour » dis-tu en riant légèrement. Puis tu plaçais les partitions par terre, dans le bon ordre en face de toi et après mes avoir lu quelques fois dans ta tête, tu commençais à jouer. C’était pas parfait mais tu essayais de faire de ton mieux, vu que tu ne connaissais pas la mélodie. Mais tu voulais que ça soit parfait, excellent. Alors tu le jouais une deuxième fois, sans temps de pause et de façon plus fluide pour qu’elle s’imprègne de la musique. Une fois terminé, tu souriais et tu posais tes yeux sur elle. « Alors, ça t’a plus ? » demandas-tu simplement à ton amie. Tu ne savais pas si tu avais rendu justice au son que voulait transmettre le père de Lys, tu espérais avoir fait de ton mieux pour le coup. Et surtout, que ça avait plu à ton amie.

Non, vraiment, je n’étais pas douée du tout pour le chant. Même avec les paroles sous les yeux et la mélodie jouée par Milo à la guitare, j’étais capable de tomber complètement à côté. Mon ami fit ça beaucoup mieux que je ne l’aurais fait moi. Mon talent à moi, c’était de voir au delà de ce qui était visible, de ressentir et de transmettre. Quand on y songeait cela n’était pas si loin que ça de la musique, il n’y avait que le canal qui changeait au fond. Je laissai donc Milo jouer le morceau comme il me le proposa. Il le joua une première fois, pour s’approprier la tablature, puis reprit une seconde fois, avec plus d’aisance. Je l’écoutais, sans rien dire, laissant l’émotion me gagner peu à peu, puis, quand Milo fit sonner la dernière note et leva les yeux vers moi pour me demander ce que j’en avais pensé, je ne sus que lui sourire dans un premier temps, comme si l’émotion me rendait muette. Je me redressai puis me raclai la gorge pour retrouver l’usage de la parole.
— C’est…vraiment joli. Merci Milo.
Cela n’avait peut-être l’air de rien. Mais mon ami avait faire surgir du passé quelque chose qui me rattachait à mon père. C’était un cadeau inestimable, et je ne pourrais jamais l’en remercier assez.  

On cloture là ?