white christmas lies (adelaïde et son secret santa)

Si Isaiah avait aux premiers abords l’air d’être le Grincheux de Noël, tout simplement parce qu’il n’aimait pas que cette fête soit autant commercialisée, il n’enlèverait pas à cette période de l’année sa magie et sa façon de rapprocher les gens. Certes, il trouvait illogique que ce soit le mois durant lequel les gens sont le plus généreux, parce que selon lui c’était un trait qu’on aurait dû présenter à l’année longue, mais il n’allait pas s’en plaindre outre-mesure. C’était tout de même beau à voir. Quand il avait entendu parler de ce tirage au sort de Secret Santa, l’ébéniste s’était tout de suite inscrit parce qu’il voyait cela comme une opportunité d’apprendre à connaître une autre personne d’une manière plutôt unique. Le jour J, il avait pigé Adelaïde Rutkowski, qu’il connaissait parce qu’elle était la sœur de Woody et il le connaissait en raison d’Ally. C’était à peu près tout. Au moins, les recherches pour la trouver ne seraient pas bien difficiles. Déjà, il savait à quoi elle ressemblait, et il n’eut qu’à demander à quelques contacts pour avoir quelques informations supplémentaires sur la jeune femme. De cette façon, Isaiah put profiter du début du mois de décembre pour lui réserver quelques attentions, par exemple en lui laissant des mots mystérieux sur son lieu de travail ou en lui payant d’avance son café matinal à son café préféré. Puis, vint le temps de passer au prochain niveau, soit la véritable rencontre. Isaiah avait mis une amie d’Adelaïde dans le coup, en lui demandant de lui fixer rendez-vous pour un dîner sur le bateau-resto, prétextant qu’elle l’invitait pour une raison qu’il avait laissée à sa discrétion. Puis, au moment pour le bateau-mouche de quitter le quai, son amie n’y serait pas. Le plan fonctionna à la perfection et Adelaïde se retrouva seule à sa table, le bateau parti pour deux heures de croisière le long des côtes. Isaiah s’approcha d’Adelaïde. « Bonsoir ! Excuse-moi, je suis un peu embarrassé, mais je pense qu’on vient de me poser un lapin et en plus, il semble y avoir eu confusion au niveau de la réservation et apparemment, j’aurais dû prendre le service de 20 :00 plutôt que 18 :00 alors en plus, je n’ai pas de table … » Il la regarda un moment, feignant la gêne. « Je ne sais pas si tu avais prévu d’être seule ou si t’es dans la même situation que moi mais dans tous les cas, est-ce que ça t’embêterait qu’on partage la même table ? » Demanda-t-il, espérant que l’étape finale réussirait aussi.

Je fixe ma montre nerveusement, mon regard alternant entre l'aiguille des secondes et les gens qui montent à bord du bateau, en espérant voir débarquer mon amie. C'est étrange qu'elle ne soit pas encore arrivée, elle qui est d'habitude si ponctuelle. Je n'aime pas beaucoup qu'on me fasse attendre ainsi, tout le monde le sait. Surtout que le bateau ne va pas tarder à partir et que je vais me retrouver seule ici comme une idiote. J'ai déjà eu du mal à accepter de sortir ce soir mais si en plus elle me pose un lapin... Les secondes qui défilent encore et encore me semblent interminable. J'hésite à déguerpir, tant pis pour elle si elle arrive trop tard. Sauf qu'au moment où je vais pour me lever, on annonce que le bateau s'en va pour une croisière de deux heures. Deux heures ! Pendant que tous les autres passeront un moment en famille, en couple ou entre amis, je vais me retrouver à manger seule comme une pauvre malheureuse. C'est sans compter sur ce type qui vient m'aborder, un peu gêné, pour m'expliquer la situation dans laquelle il se trouve. Je le salue d'un signe de tête, l'écoute raconter ses péripéties et hausse les épaules lorsqu'il me demande si on peut partager la table. « Ah je me sens moins seule, je crois qu'on m'a posé un lapin aussi. » Je lui montre la chaise vide en face de moi. « Je vois aucun inconvénient à ce qu'on partage cette table, allez, asseyez-vous. » Je ne vais pas le laisser dans la galère et au moins, il m'évite de passer deux longues heures à pester contre mon amie en attendant de revenir sur la terre ferme. « Adelaïde. » Je lui tends la main poliment, en attendant qu'il se présente à son tour. « J'te promets pas d'être de meilleure compagnie que ton rendez-vous, mais au moins, moi, je ne pose pas de lapin. » Je lui souris, je suis à des années lumières de savoir que son rendez-vous, finalement, c'est moi.

Il avait tout de même une once de culpabilité, Isaiah, d’avoir orchestré un tel stratagème pour se retrouver en compagnie d’Adelaïde. Il se sentait mal qu’elle se soit ainsi faite délaissée par son amie, alors que ce n’était pas vraiment le cas en réalité. Ça, elle l’ignorait. Elle le saurait bien assez vite, d’ailleurs, dès qu’il n’aurait plus à porter son masque de Secret Santa, Isaiah lui avouerait tout. Il se sentait aussi un peu malhonnête par rapport à Adelaïde, de jouer ce jeu de faux semblants, mais il fallait ce qu’il fallait pour apprendre à la connaître sans qu’elle ne se doute de quoi que ce soit. Elle devait faire la même chose, Adelaïde, avec la personne qu’elle avait tirée au sort. Elle comprendrait. Tout comme elle comprenait qu’Isaiah s’était soi-disant fait poser un lapin, tout comme elle. « Je suis désolé de l’apprendre … Je sais ce que c’est. Visiblement. » Dit-il en haussant les épaules et en riant, avant de tirer la chaise qu’elle lui désignait. « Merci, c’est gentil. » Il s’assit face à elle et plongea son regard dans le sien alors qu’elle se présentait à lui. Il le savait déjà, mais elle, elle ne devait pas le savoir. Il tendit sa main et serra celle de la jeune femme. « Isaiah. » Il posa ses coudes sur la table. « Et ça, ça en dit long sur une personne. J’suis donc persuadé que tu seras de meilleure compagnie. » Il sourit. Ce n’était pas bien gentil pour l’amie d’Adelaïde qui n’avait rien demandé de ça, mais ce serait bien vite expliqué. « C’est ta première fois sur ce bateau-resto ? C’est ma première à moi, je ne m’offre généralement pas de telles soirées mais une fois ne fait pas coutume, et il faut bien se gâter de temps en temps, pas vrai ? » Sur ces mots, il ouvrit le menu, et constata à quel point c’était effectivement très cher. Heureusement qu’il jonglait un peu tout le temps entre trois-quatre petits boulots.

Dans mon malheur, j'ai quand même de la chance que cet homme se soit fait poser un lapin. C'est un peu égoïste mais, même si j'aime la solitude de temps en temps, j'aurais été tellement ridicule de dîner toute seule sur ce bateau. Il n'a pas l'air de le prendre mal, contrairement à moi. J'ai même envie d'envoyer un message bien salé à mon amie mais je me retiens. Je ne manquerai pas de lui dire deux mots la prochaine fois qu'on se verra, par contre. Lui, il prend ça à la rigolade, alors je ris quand il dit qu'il est désolé pour moi et qu'il sait ce que c'est. J'accepte de partager ma table avec lui, autant passer ce moment ensemble plutôt que chacun de notre côté, seuls. On se présente l'un à l'autre, c'est un bon début, mais je préfère le prévenir que je ne serai peut-être pas de meilleure compagnie que la personne avec qui il devait dîner initialement. Sa réponse me fait sourire. C'est drôle comme cet homme a quelque chose de réconfortant dans le regard et même dans sa façon de parler. Le genre de personne à qui on donnerait tout sans se poser de questions. C'est cool que je ne sois pas tombée sur un gros lourd. « C'est la première fois pour moi aussi. » je réponds en hochant la tête. « En règle générale je préfère les choses plus... simples. Du genre une pizza et une bière devant un bon film, tu vois ? » Je n'ai pas besoin d'une croisière et d'un repas gastronomique pour passer une bonne soirée et je n'ai pas honte d'être une personne simple. « Mais t'as raison, c'est bien de se faire plaisir, même si là, c'est un gros plaisir. » Je ris doucement. Je dis ça en même temps que j'ouvre le menu, en faisant référence aux prix exorbitants. D'ailleurs, ça se voit que je suis nulle en cuisine, il y a un tas de termes que j'ai jamais vu ni entendu, dans ce menu. Je vais donc choisir quelque chose au hasard, en espérant que ce soit bon. En même temps, vu le prix, j'espère bien avoir une explosion de saveurs en bouche. « Qu'est-ce que tu fais dans la vie ? » Je relève les yeux vers l'homme, curieuse d'en apprendre un peu plus sur lui.

Heureusement qu’Adelaïde n’était pas de ces personnes un peu fermées, un peu suspicieuses de tout le monde. Elle aurait très bien pu le rembarrer directement, refuser de partager la table avec lui pour un malaise d’une durée de deux heures. Son plan serait tombé à l’eau, à Isaiah, et c’aurait été le cas de le dire. En même temps, les deux premières semaines de décembre lui avaient permis d’apprendre à connaître un peu plus la cadette des Rutkowski et à savoir que ce ne serait pas son genre, à priori. Il ne s’était pas trompé. Ce repas à cent dollars ne serait donc pas gâché. « Je vois exactement de quoi tu parles. Je préfère largement ce genre de soirées aussi. Quoique pour ce qui est des films, mes amis te diraient que je manque cruellement de culture cinématographique. » L’artiste sourit. Il aimait le grand cinéma, il ne pouvait le nier, mais il était rare qu’il prenne le temps de s’asseoir pour visionner de ces bons films, justement. Il ne comprenait donc généralement pas les références de ses amis. Tout comme il ne comprenait pas, lui non plus, certains des plats décrits au menu. Il fronça les sourcils en consultant les plats principaux, ce à quoi il s’en tiendrait. Puis, Adelaïde lui demanda ce qu’il faisait dans la vie. Il allait devoir reprendre le dessus, parce qu’en ce moment, c’était elle qui apprenait le plus à le connaître. L’objectif était le contraire, même si Isaiah était bien conscient que ce serait par l’échange. « Oh ! Euh … J’dirais que principalement je suis ébéniste, mais je touche à pas mal de trucs, je joue de la musique, j’écris et je fais de la sculpture, mais on va dire que ce sont plutôt des passe-temps. » Après tout, il n’en retirait que très peu d’argent. Alors qu’il allait continuer la conversation, le bateau se frappa sans doute à quelques grosses vagues puisqu’il tangua plus qu’à l’habitude. Isaiah posa sa main sur leurs coupes pour le moment vides qui menaçaient tout de même de basculer au sol. « Des zones de turbulence sur la mer ! » Lança-t-il d’un rire. « Heureusement que tu serais là pour me sauver de la noyade ! » Oups. C’était une information qu’il n’avait pas encore obtenue de vive voix, ça, qu’elle était maître-nageuse. Il allait devoir patiner pour dévier l’erreur.

J'avoue que ça me soulage un peu de voir qu'on a quelques points communs. La soirée aurait été sûrement trop ennuyeuse avec quelqu'un de différent. Lui aussi, il préfère les soirées plus simples et pour ce qui est de la culture cinématographique... « Les miens te diraient sûrement la même chose. Mes connaissances en cinéma frôlent le néant. » je réponds en riant. « Perso, j'ouvre Netflix et je choisis toujours un truc au hasard. Si ça me plait, tant mieux, et sinon, je m'endors devant. » Je hausse les épaules. C'est aussi simple que ça. Je ne suis pas du genre à mettre plus de temps à choisir un film qu'à le regarder, j'ai pas vraiment la patience pour ça. Pour choisir ce que je vais manger ce soir non plus d'ailleurs, je ne compte pas rester trois heures devant ces noms de repas à rallonge. Après avoir consulté le menu à la va-vite, je demande à l'homme ce qu'il fait dans la vie et sa réponse me surprend et m'intéresse à la fois. « Wow ! Où tu trouves le temps de faire tout ça ? » J'admire les gens qui ont pleins de passions et surtout qui ont le temps pour s'y consacrer. Je n'ai pas le temps de faire d'autre commentaire que le bateau se met à tanguer. Mon premier réflexe est de me cramponner un peu à la table par surprise tandis que celui d'Isaiah est de tenir nos deux coupes. Je souris lorsqu'il parle des turbulences mais sa phrase suivante me fait plutôt froncer les sourcils. « Comment tu sais que... ? » Je le fixe pendant quelques secondes avec un air suspicieux avant de me rendre compte qu'en fait, ce n'est pas tellement difficile de connaître mon métier. « Ah bah oui... T'as lu ça dans les journaux. » Je hoche la tête. L'histoire de cet adolescent tombé dans le coma suite à une noyade, tout le monde l'a entendue à Bowen. C'est quand même étrange qu'il sache que c'est moi, j'aurais juré que mon nom n'était écrit nulle part mais je peux me tromper, je n'ai pas lu tous les articles qui en parlaient. Quoi qu'il en soit, ça me suit vraiment partout. Un peu honteuse qu'il soit au courant de ça, je détourne le regard et reste silencieuse pendant quelques instants.

C’est avec plaisir qu’Isaiah découvrait Adelaïde telle qu’elle se présentait vraiment. Pas via ses amis, pas via quelques séances de stalkage qui l’avaient quelque peu mis mal à l’aise, et pas via des informations trouvées sur les réseaux sociaux, ce qui avait franchement tout pris à Isaiah. Ce premier contact humain avec elle était un soulagement, et encore plus alors qu’il découvrait sa personnalité. Il rit lorsque la brunette affirma que si ce qu’elle choisissait au hasard ne lui plaisait pas, elle s’endormait devant. « Pour tout te dire, je ne sais même pas si j’ai Netflix à la maison. Quand on se fait une soirée cinéma, c’est ma copine qui gère ça. » Mais au moins, Aisling et lui avaient les mêmes goûts de ce côté, et il n’était pas rare qu’ils s’enfilent des documentaires, à la place. Bref, là-dessus, Isaiah nota qu’un film ou une série télévisée serait un choix risqué à offrir à Adelaïde, puisque ce n’était visiblement pas un passe-temps qui la passionnait vraiment. La jeune femme sembla étonnée de tous les petits emplois qu’occupait Isaiah. Il sourit à sa question, et sans arrogance aucune, et sans ton moralisateur, il répondit : « Tu serais surprise de tout le temps qu’on a dans une journée quand on ne scroll pas un fil d’actualité, ou qu’on ne binge-watch pas une série en ne faisant rien d’autre. Enfin, j’dis pas que c’est ton cas, hein, mais c’est comme ça que j’ai autant de temps. J’suis jamais sur mon téléphone, j’regarde pas la télé et je ne joue pas à des jeux vidéo ou des trucs du genre. Ça me laisse pas mal de temps pour … tout le reste. » Et pour vivre pleinement. « Qu’est-ce que tu aimerais faire, si t’avais un peu plus de temps pour le faire ? » Belle manière de rebondir et d’en apprendre un peu plus sur ce qui l’allumait. Mais sa tentative fut rapidement interrompue par ce bateau qui tangue, et par son faux pas qui allait peut-être révéler ses plans de Secret Santa au grand jour. La réponse d’Adelaïde surprit Isaiah, à son tour. Il la fixa, ses pensées allant à cent miles à l’heure. Puis, il comprit. Juillet de cette année, cette histoire qui avait fait la manchette des journaux locaux mais aussi cet incident dont tout le monde parlait, partout. C’était donc elle, la maître-nageuse de service lorsque cet adolescent s’était retrouvé dans le coma après s’être noyé au parc aquatique. « Je suis désolé … Je ne voulais pas … Je ne voulais pas ramener de mauvais souvenirs. » Un regard maintenant attristé, Isaiah resta un moment silencieux, tout comme elle. « Ce n’était pas ta faute, Adelaïde. Personne ne pense que c’était ta faute. » Lui dit-il, d’une voix bienveillante.

« Au moins comme ça, vous ne vous disputez pas à propos du programme. » Je lui souris. Pour ma part, n'est pas avec Fede que je risque de me disputer pour ça. En général, il me laisse toujours choisir parce que j'ai la technique pour ça, mais les jours où il est un peu plus chiant que d'habitude, je le laisse choisir et c'est tout. Nous parlons ensuite des passes-temps d'Isaiah et son explication me fait sourire parce qu'il a totalement raison. On ne prend plus le temps de rien faire puisqu'on passe notre temps devant les écrans. « Je plaide coupable ! » dis-je en levant la main lorsqu'il dit qu'il ne me vise pas forcément dans son discours. Pourtant, je suis visée par ce qu'il dit mais au moins j'en ai conscience, c'est déjà ça. Aussi étrange que cela puisse paraître, sa question me fait réfléchir. J'essaye de me souvenir des choses que j'aimais faire avant. Avant tout ça, les téléphones, les jeux, les réseaux sociaux, tout ce qui occupe la plupart de mon temps aujourd'hui. Je n'ai pas le temps de réfléchir trop longtemps à cause de cette petite secousse qui nous amène sur un sujet délicat. Celui que j'essaye à tout prix d'éviter mais qui me revient en pleine figure à chaque fois. Lorsqu'Isaiah s'excuse, je le regarde en secouant la tête pour lui faire comprendre qu'il n'a pas à s'excuser. Sa phrase suivante me fait chaud au cœur, même si je ne peux m'empêcher de penser le contraire. « Je... Je sais. Désolée, je n'ai pas vraiment envie de parler de ça. » Je me redresse un peu sur ma chaise, essayant de retrouver un peu de contenance. « Pour revenir à ta question, honnêtement, j'avoue qu'elle me donne du fil à retordre. » Je me mets à rire doucement. « Dans le sens où, je ne sais même pas ce que je ferais si j'avais plus de temps. Je n'ai pas vraiment de passion, je ne me suis jamais intéressée à quelque chose en particulier. » Ça peut paraître triste dit comme ça, et ça l'est, en vérité. Même si en y réfléchissant un peu mieux, il y a bien des choses que je pourrais faire si je me bougeais un peu. « Si je devais absolument donner une réponse, je dirais que... je prendrais des cours de cuisine, par exemple. Je dis toujours que j'aime pas cuisiner mais c'est surtout parce que j'suis nulle et que je fais tout cramer à chaque fois. » Un rire, et voilà que d'autres idées arrivent dans mon esprit. « Peut-être que je ferais aussi partie d'une association pour aider les autres, ou les animaux. J'adore les animaux. » C'est pas mal pour quelqu'un qui n'avait plus goût à rien il y a cinq minutes.

Effectivement, Aisling et Isaiah ne se disputaient que très rarement par rapport au programme à visionner. En fait, Aisling et Isaiah ne se disputaient que très rarement, point. Et lorsqu’une querelle pointait le bout de son nez, ils étaient assez rapides à désamorcer la situation. Ils s’aimaient, se respectaient et s’écoutaient. Si Aisling montait parfois rapidement sur ses grands chevaux, Isaiah l’en faisait redescendre tout aussi vite en lui montrant qu’il n’y avait pas de raison de s’emporter. « Ah non, ça, aucun risque. » Conclut Isaiah avec un sourire. De toute façon, ils ne regardaient que très peu la télévision, ce qui expliquait sans doute que l’ébéniste avait un peu plus de temps libre que d’autres. À ce propos, Adelaïde plaida coupable quant au temps qu’elle pouvait passer en compagnie des technologies. Ça le fit sourire. Il nota tout de même, intérieurement, qu’un film ou une série télévisée qui pourrait lui faire penser à elle, serait une bonne option de cadeau. Il faudrait toutefois qu’il demande conseil à des experts, puisque sa liste de séries connues n’était pas bien longue. Isaiah tenta toutefois d’apprendre plus que ça au sujet d’Adelaïde, lui demandant ce qu’elle ferait de son temps si elle en possédait davantage. La brunette réfléchit un moment, mais malheureusement l’artiste n’eut pas le temps d’obtenir une réponse en raison de cette courte secousse. Et après, il se mit les pieds dans les plats et fut davantage en mode panique et sauvetage qu’en mode secret santa. Adelaïde ne sembla pas se douter de quoi que ce soit, après tout, le sujet avait bel et bien été très médiatisé dans tout Bowen, à l’époque. « Je comprends, ne t’inquiètes pas. » Et pour tout dire, Isaiah préférait lui aussi passer à autre chose, désolé d’avoir ramené de vieux fantômes sans même le vouloir. Il ne voulait pas faire de peine à son interlocutrice, tout le contraire même. Il fut donc ravi qu’elle en revienne à sa précédente question. Sa réponse était payante. Cours de cuisine, association pour aider les autres ou les animaux, voilà qu’il découvrait les goûts et les facette d’Adelaïde. « C’est clair que quand on est mauvais à quelque chose, on n’a jamais très envie de s’y mettre. » Il sourit. « T’es plutôt dent sucrée ou dent salée ? » Il se montrait tellement curieux, mais pour le coup c’était le genre de question qu’il aurait pu poser en temps normale, même sans être en mission Noël. « J’fais parfois du bénévolat à la soupe populaire. Juste quelques heures par semaine. Tu devrais venir faire un tour à un moment, tu pourras apprendre à cuisiner un peu plus, et en plus tu pourras ensuite servir les repas à des gens qui en ont besoin. D’une pierre deux coups. » Lâcha-t-il, le regard brillant.