have yourself a merry little christmas (concho)

J’avais préparé la maison, toute la maison. J’avais décoré avec goût et attention pour Noël. Le Père-Noël, la Mère-Noël, Rudolph, Tornade, Danseur, Furie, Fringant, Comète, Cupidon, Tonnerre, Éclair, les lutins... Bref, tout le monde y était! Tout était pratiquement prêt pour l’arrivée de Conchobáhr... Il était presque autant attendu que le Père-Noël en ce 25 décembre! Pour le bien de notre fils, nous avions décidé de célébrer Noël tous ensemble, en famille. Je ne me faisais pas d’idées et j’espérais profondément que mon fils en fasse autant. Après une sieste pour mon coco, il se réveillerait et verrait enfin que le biscuit était en parti mangé par le Père-Noël, le lait bu également. Je savais qu’à son jeune âge, il n’y verrait que du feu. Avec amour, je réveillais mon petit homme pour l’inviter à mettre son pyjama de Noël, se brosser les dents avant que son père arrive. On avait prévu une soirée de films de Noël, Max et moi, un festin digne de rois ainsi que des cadeaux bien présents sous le sapin. Max les reluquait d’ailleurs fréquemment parce qu’après tout... Le Père-Noël ne l’avait pas oublié! On entendait sonner à la porte et je me déplaçais rapidement où j’ouvrais la porte. « Hey! Ça va? » Dis-je à mon ex en l’invitant à passer dans le petit jardin d’été pour l’inviter dans notre humble demeure alors que Max gambadait joyeusement en disant à quel point le Père-Noël était généreux avec lui, cette année.

J’avais passé la matinée de Noël auprès de Zelda et Lara, parce que même si celle-ci n’avait que quelques jours et qu’elle ne réalisait même pas que c’était Noël et encore moins en quoi cela consistait, nous trouvions important d’être en famille pour souligner l’événement. De toute façon, nous passions beaucoup de temps ensemble, à nous relayer le flambeau pour prendre soin de la nouvelle-née. Mais qui dit importance d’être en famille, dit importance d’aller rapidement retrouver Ally et Maxwell, aussi, pour fêter Noël. D’autant plus que Max était en âge de s’émerveiller devant une assiette de miettes de biscuit et un verre de lait vide. Ils étaient ma famille, eux aussi. Et si cette année m’avait apportée énormément de stress avec ces découvertes-surprises de paternité, en ce temps des fêtes, je réalisais que j’étais tout de même chanceux. J’essaierais de faire du mieux que je pouvais, à l’avenir, pour ne pas gâcher cette chance. Ce n’était pas facile, ce n’était pas la grande joie tout le temps, mais ces quelques journées de magie avaient su répandre un peu de poussière d’étoile sur moi. Je me présentai donc chez Ally à temps pour le festin que nous avions prévu. J’avais d’ailleurs dans mes bras les sacs avec ma contribution – autant de nourriture que de cadeaux. « Hey ! Ça va, et toi ? » Je me penchai vers Ally pour lui faire la bise, un peu gêné et malhabile, avant de la suivre au jardin d’été où Maxwell sautait partout, excité. « C’est parce qu’il voit bien qu’t’es le meilleur des garçons et que tu mérites de tout avoir ! » Lui lançais-je joyeusement, allant vers lui pour le prendre dans mes bras et le couvrir de bisous à son tour. Je le reposai au sol pour le laisser continuer à gambader. « J’ai quelques trucs à réchauffer au four pour le repas, et quelques cadeaux à ajouter sous le sapin, aussi … » Je dis la fin à voix un peu plus basse, pour ne pas réveiller encore plus la petite bête de joie.

J’étais pas au courant que Conchobáhr était le père d’un autre enfant... Et d’un certain côté, c’était mieux ainsi. Je pouvais être jalouse et possessive, même avec mon ex. Je ne savais rien et c’était mieux ainsi. Par contre, je l’avais invité pour festoyer le soir de Noël. L’homme me saluait et me retournait la politesse. « Ça va. » Après tout, c’était Noël. Je percevais un malaise néanmoins et on traversait le jardin... Le malaise se dissimulait alors que le père de notre fils lui disait qu’il était le meilleur des garçons. « Waouh, c’est tout un compliment ça! » Dis-je en caressant la petite tête rousse qui sautait dans les bras de son paternel. Concho disait qu’il avait des trucs à réchauffer et des cadeaux, je hochais la tête avec un sourire. « T’as vu, Max? Le Père-Noël est passé chez papa aussi! » M’exclamais-je vivement. Était-ce sensé être un secret? Oups. Notre petit bonhomme sautait de tous les côtés et pour ma part, je me concentrais sur son père pour le moment. « Oh, je m’en occupe. » Avais-je dis en prenant ce qui était nourriture des mains de Rosenbach. Je m’affaire dans la cuisine alors que notre fils s’amuse sous le sapin que nous avions installé. Je préparais le four en découvrant tout ce qu’il avait apporté à manger et je savais déjà que Maxwell trouverait le tout délicieux. « Ça sent trop bon. » Dis-je alors avec un sourire. J’installais quelques plats sur la table alors que Max s’y dirigeait, petit estomac sur deux pattes. « Alors, t’as eu pas mal d’invitations pour célébrer cette année? » Demandais-je au paternel.

J’allais lui en parler. Évidemment que j’allais lui en parler. Mais quand ? Je n’avais pas encore trouvé le courage de seulement même décider. Je ne pouvais pas lui larguer cette bombe avant même que la soirée ne commence, cela gâcherait l’expérience pour tout le monde, y compris Maxwell. Nous nous étions fait la promesse de ne pas nous disputer devant notre fils. Ce serait un très mauvais départ que de commencer le jour de Noël. Je parlerais de Lara à Ally après, une fois Maxwell couché, peut-être juste avant de partir, question de pouvoir filer dès que ça deviendrait trop explosif. Coward. J’allai rapidement rejoindre Maxwell qui s’émerveillait devant les cadeaux, alors que je n’avais pas encore ajouté les miens ! Alors que je chuchotai l’information à sa mère, celle-ci s’exclama d’une voix forte que le Père-Noël était aussi passé chez moi. Je ris en voyant l’enfant sauter partout. « Il aura pas besoin de sucre, lui. » Et pourtant nous avions évidemment prévu une belle bûche de Noël bien chocolatée. Ally me prit ma contribution de nourriture des mains afin de s’occuper de faire réchauffer le tout. « Merci. » Lui dis-je en la regardant s’éloigner, avant de ramener toute mon attention sur Maxwell. Je me penchai avec lui sous le sapin pour jouer avec le train qui s’y trouvait. Au compliment d’Ally, je souris, relevant la tête entre deux branches. « J’espère que ça va goûter ce que ça sent, c’est la première fois que je fais ces recettes ! » Et même si j’étais généralement assez bon cuisinier, parfois, je me trompais sur certains essais. Dès que sa mère eut posé quelques plats sur la table, Maxwell me délaissa complètement pour aller fouiner autour de la nourriture. Tiens, ça me faisait penser à moi plus jeune. Je me relevai et rejoignis Ally. « Euhm, quelques-unes, oui. Lily-Anaëlle et Nelligan m’ont invité à passer le nouvel an avec eux, je verrai si j’y vais, je veux pas trop m’imposer. » Et, surtout, j’avais Ally, Maxwell, Zelda et Lara, qui changeaient un peu la donne. « Et toi ? T’as pas eu envie de retourner à New York pour le grand décompte ? » Demandais-je avec un sourire, conscient qu’elle avait sans doute laissé des amis, là-bas. Des amis avec qui elle aurait peut-être préféré célébrer, dans cette ville où la réputation du Nouvel An n’était plus à faire.

Les secrets se cumulaient entre Conchobáhr et moi, c’était l’évidence même. Et plus ils étaient cachés, mieux notre relation se portait, étrangement... Parce que c’était parce qu’ils étaient bien cachés, que tout fonctionnait bien. Misère. Je promettais le meilleur pour Maxwell, je promettais de me mettre de côté pour ne pas le blesser, lui. Pour ma part, j’avais enduré et souffert de nombreuses années et j’étais tout de même prête à tout recommencer. Au commentaire du sucre, je ris doucement. « Oh, c’est parce qu’il en a déjà eu. » Dis-je simplement. Après tout, c’était la période festive, c’était la plus belle période de l’année et je voulais que mon fils ait tout ce qu’il y ait de mieux. L’homme espère que ce sera délicieux et je hausse les épaules. « Ça me semble bien. » Dis-je simplement en mettant les plats au four. Il me donnait des nouvelles de Lily-A et Nelligan et je ne pouvais que sourire. « C’est certain que ça doit pas être de tout repos avec Lexi. » Dis-je simplement, elle était tout de même jeune si mes souvenirs étaient bons. Concho n’avait pas eu l’habitude avec les bébés naissants et tous jeunes. « Elle est rendue à quel âge déjà? » Que je lui demande un peu perplexe concernant ma notion du temps. L’homme me retournait la question et je secouais la tête négativement. « N’importe quel New Yorkais sait que tu ne veux pas être dans les rues de Times Square lors de la nouvelle année! » Déclarais-je en pure New Yorkaise. « Je risque d’organiser un truc avec Ezekielle et Max. » Dis-je le plus simplement du monde. Je prévoyais déménager avec la blonde et le petit rouquin prochainement, mais rien n’était confirmé pour le moment alors je ne disais rien à ce sujet. Encore des secrets. « On risque de s’endormir avant même la nouvelle année... » Dis-je en riant doucement avec mon mini qui disait très fermement qu’il ne s’endormirait pas avant 2020. Ça restait à voir... Je jetais un œil au four puis vers l’homme. « Ça ne devrait pas être trop long. » Je l’analysais et je voyais des cernes se creuser, plus qu’à l’habitude. Il n’avait pas pris 10 ans en quelques jours... « T’as l’air fatigué... T’as célébré pas mal ces derniers jours? » Questionnais-je naïvement en fronçant les sourcils devant cette fatigue inhabituelle.

Mais si ces secrets étaient pour le moment bien gardés, Ally et moi savions mieux que quiconque qu’à Bowen, ça ne pourrait pas durer bien longtemps. Nous avions grandi ici, nous savions de quoi était faite cette ville. Tôt ou tard, ça exploserait entre nous. Et je n’aurais pas vraiment le choix de larguer la première bombe dans quelques heures, après le coucher de Maxwell. Un nouveau-né, ça ne se cache pas si facilement que ça, après tout. Cette nouvelle-là, je préférais qu’Ally l’apprenne de ma bouche plutôt que d’avoir à le lire à quelque part ou de l’entendre de quelqu’un d’autre. J’arquai un sourcil en apprenant que Maxwell avait déjà eu une dose de sucre alors que nous nous apprêtions à passer à table. Je n’avais toutefois pas mon mot à dire. C’était triste, j’étais son père mais j’avais tellement l’impression de ne pas pouvoir en jouer le rôle, pas encore. « Ah. » Répondis-je seulement sans m’embarquer dans quoi que ce soit d’autre. Je n’avais pas la même relation avec la nourriture qu’Ally, c’est tout. On changea rapidement de sujet pour parler des festivités, à commencer par les miennes puisque j’allais probablement passer le réveillon du Nouvel An avec Lily-Anaëlle et son mari. « Un peu plus de deux ans. Le terrible two. » J’esquissai un sourire, moi qui n’avais malheureusement pas pu le vivre auprès de Maxwell. Chanceux, certains penseront-ils, mais ce n’était pas mon avis. Je pourrais au moins me rattraper auprès de Lara. Je demandai finalement à Ally si elle n’avait pas prévu de retourner à New York pour les fêtes. « Wow, t’as ça dans le sang maintenant. » Me moquais-je alors qu’elle semblait se considérer comme une vraie New Yorkaise. Je fus triste de constater que nous n’avions même pas prévu commencer la nouvelle année ensemble, qu’encore une fois j’étais celui à part dans la famille, elle qui allait entrer en 2020 avec une de ses amies et mon fils, sans m’inviter. Je soupirai discrètement. Quel bordel, cette vie à laquelle je ne semblais même plus appartenir. Je ris toutefois quand Maxwell affirma avec conviction qu’il ne dormirait pas avant la fin du décompte, lui. « I’m sure you won’t. » Mais il le devrait, par contre. Sa routine de dodo risquait d’y passer, sinon. Mais qu’est-ce que j’en savais ? Ally prit alors le temps de me détailler du regard et remarqua la fatigue marquée sur les traits de mon visage. Je découvrais les joies de la paternité pour la toute première fois, voilà quoi. « Célébrer est pas le mot mais, yeah, I’ve been busy. On en reparlera. » Affirmais-je avec la voix comme coincée dans ma gorge. Le stress. La minuterie du four sonna alors et je m’empressai de sortir des couverts pour aider la rouquine à tout préparer.  

Les secrets et Bowen et les Writers aussi... Doux Jésus. Aucun moyen de garder un secret bien longtemps. L’homme ne semblait pas approuver l’idée que son fils ait mangé du sucre un peu plus tôt. Après tout, c’était la période de Noël. On regardait des films, on mangeait des maisons en pain d’épices décorées après les avoir construites, on s’endormait collés dans mon lit et tout était si merveilleux, si simple. Juste nous deux. Concho me rappelait quel âge avait la petite de Lily-A et Nelligan. « Le terrible two, han. » répétais-je amusée. Je m’amusais à penser à eux... Lily-Anaëlle allait y passer de par le caractère de la gamine, je me doutais que Nelligan y survivrait sans doute mieux qu’il le croyait. Le regard rêveur, la tête dans les souvenirs, j’avais un fin sourire aux lèvres alors que mon ex se moquait de moi. « Tssssk. J’te vois bien survivre à New York toi: une fraction de secondes. » Dis-je plus sur la défensive, cette fois. « Mais plus sérieusement, je me doute que tu vas prioriser Lily-Anaëlle parce que c’est ta sœur, mais tu peux passer, si tu le souhaites. » Je lui faisais un petit sourire. Max nous arrachait un sourire à tous les deux alors que son père était plus sérieux. Pour ma part, je n’ajoutais rien sachant qu’avec un enfant, les débats étaient inutiles. Je savais qu’il dormirait... Surement dans mon lit et une peluche. L’homme semblait expliquer sans réellement expliquer ce qui se passait... Je fronçais les sourcils. « Head Ahead? » demandais-je avec un sourcil qui s’arquait. Je me disais que ce devait être fermé pour un temps... Il sautait vivement sur le four, me faisant presque sursauter. On s’affairait et une fois le tout complet, on s’installait tous les trois à la table. Je servais Maxwell avec de petites portions de ce qu’il souhaitait et je le faisais pour moi-même. « Bon appétit! » Dis-je sourire aux lèvres, inconsciente de ce qui arriverait très bientôt. « T’as des nouvelles de Tahlia? » Demandais-je innocemment alors que l’image d’eux deux me revenaient en tête, suite à la lecture des Writers. Je grimaçais intérieurement à voir cette image... Mon amie qui couchait avec... avec... Avec Concho. Ça me blessait tellement plus que je ne le laissais voir. Je continuais de manger en mastiquant clairement davantage les aliments.

Je ris de bon cœur alors qu’Ally me disait que je ne survivrais sans doute pas longtemps, à New York. « Oh, je n’ai jamais dit le contraire. Je me ferais piétiner dès le premier coin de rue. » Déjà, quand j’avais quitté Bowen pour Melbourne, j’avais vécu un sacré choc. Des gens partout, des tours à bureaux, du trafic. Ça m’avait pris un sacré temps avant de pouvoir m’adapter, et revenir à Bowen avait finalement été la meilleure décision. Je n’étais pas fait pour les grandes villes, alors allez imaginer à New York, la grande ville des grandes villes. La rouquine me mentionna ensuite que je pouvais me joindre à eux pour les festivités du nouvel an, même si elle savait que je prioriserais sans doute ma sœur. De tout mon entourage, Ally était celle qui comprenait le mieux cette relation que j’avais avec Lily-Anaëlle. Elle était d’ailleurs la seule à la considérer comme ma sœur, comme je le faisais moi-même. Je souris. « J’aimerais bien. Question de fêter un peu avec Max. » Je le regardai, puis me repris : « Avec Max et toi. » Il fallait que je cesse de toujours scinder notre famille en deux. Nous étions tous les trois – enfin … c’était même un peu plus compliqué que ça, mais ça attendrait – et je devais arrêter de nous voir en solo, chacun de notre côté. Il fallait laisser ça au passé. La rousse m’interrogea sur mes airs fatigués, et je tentai de repousser la conversation à plus tard. Pour le bien de Max. « Non, non, Head Ahead c’est la période tranquille, tout va bien. » Bon, un peu moins de budget que les années antérieures, mais je m’en sortirais. Ce n’était plus le premier de mes soucis. Quand le four sonna, je me précipitai dessus, sautant sur l’occasion de changer de sujet. Nous nous installâmes à la table une fois tout prêt. « Bon appétit ! » Lançais-je joyeusement. Je manquai de m’étouffer à ma première bouchée, à la question d’Ally. « Hum … je l’ai aidée à faire ses boîtes pour son déménagement mais … après son départ je lui laisse surtout le temps de s’installer chez elle. » Je me raclai la gorge, gêné, mal à l’aise. « Et toi ? » Demandais-je, comme un gamin sur le point d’être pris la main dans le sac.

L’homme confirmait qu’il se ferait piétiner dès le premier coin de rue et ça ne te surprenait pas. Toi aussi, tu t’étais surprise à New York pour la toute première fois alors que t’étais à peine une adulte. T’avais suivi Levi inconsciemment grâce à son père. Puis après, plus t’en manquais, plus t’en voulais de tout ça. T’étais dans tes pensées pendant un petit moment et t’en sors alors qu’il te dit qu’il aimerait fêter avec Max. Ça ne te vexe pas plus que ça... Tu hochais la tête positivement avec un petit sourire. « Avec plaisir. » Confirmes-tu doucement. Tu ne comprenais pas ce que Concho tentait de faire et tu fronçais les sourcils. L’homme te disait que c’était une période plus tranquille. On s’occupait finalement des derniers détails pour notre repas et on mangeait sagement, jusqu’à ce que je questionne sur la brunette. L’homme mentionnait l’aide pour elle et il te retourne la question. Tu hausses les épaules vaguement. « Rien de bien précis. » Confies-tu alors que tu sais tout. Tu dénotes aussi le fait qu’il avait failli s’étouffer, tu esquisses un petit sourire malgré toi. Tu sais que tu l’as coincé... Tu sais à le voir que c’est vrai. Mais t’es pas là pour l’entourlouper et ruiner les fêtes de Max. Les tiennes, ça reste à voir... La suite du repas se déroulait avec des conversations superficielles et tu venais qu’à en parler. « Tu voudrais commencer à prendre Max pour quelques jours, s’il le souhaite? Les week-ends, par exemple. » Demandes-tu gentiment. Tu lui faisais une fleur là... Tu mettais ton bon côté de l’avant.

Rien de bien précis. Ça voulait à la fois tout dire et à la fois rien dire du tout. Je ne savais pas si je devais considérer qu’Ally était au courant de tout ce qui s’était passé entre Tahlia et moi, et Freja aussi peut-être tant qu’on y est. Je la toisai du regard, cherchant à lire dans son non-verbal. Ally et moi, on se connaissait depuis longtemps, d’abord comme amis, ensuite comme amants et puis amoureux. Maintenant comme des exs et des parents séparés. Nous avions donc joué tous les rôles possibles dans la vie de l’un et de l’autre. Il n’était donc pas faux de dire qu’on se connaissait presque sous toutes nos coutures. Je compris donc, en voyant son esquisse de sourire, que Tahlia s’était confiée à elle. Je me raclai la gorge, ne cherchant pas à élaborer sur la question. Après tout, si elle avait quelque chose à dire sur le sujet, elle le dirait, non ? Ce n’était pas le genre d’Ally de tourner la langue sept fois dans sa bouche. Quoique, devant notre fils … Ouais, j’allais sans doute passer un mauvais quart d’heure une fois qu’il serait endormi. Trop de trucs à se dire. Pour le reste du repas toutefois, les conversations furent tranquilles et en surface, jusqu’à ce que la rouquine me propose de prendre Max quelques jours, pendant les week-ends par exemple. Mon regard s’illumina. Elle changerait peut-être d’avis quand je lui dirais que j’avais un bébé. « Absolument ! J’aimerais vraiment, vraiment ça. » Dis-je sincère, et reconnaissant envers Ally. Je me tournai vers Max. « Hein, t’aimerais ça, bonhomme, venir passer quelques jours chez papa de temps en temps ? » Après tout, c’était lui le principal intéressé. Ça sembla lui faire plaisir, à lui aussi, alors je poursuivis le repas avec le cœur plus léger et l’impression que, peut-être, tout pourrait rentrer dans l’ordre. Après le repas, on s’installa tous les trois devant des films de Noël. Maxwell s’assoupit après un moment, et je regardai Ally. Je lui murmurai : « On peut se parler, toi et moi ? Ailleurs ? » Loin de ses petites oreilles qui pourraient être indiscrètes si on en venait à le réveiller.

N’importe qui qui te connaissait un minimum savait que ton ‘rien de bien précis’ cachait tellement de trucs... Tellement trop de trucs pour te l’admettre à toi même. Tu ne laissais rien au hasard. Tu ne savais pas que l’homme soupçonnait Tahlia de t’avoir mis la puce à l’oreille... Alors qu’en fait, tu suivais les Writers comme leurs ombres. Quelque part, ça te rassurait de lire ça. Ça ne te permettait pas de te créer de grandes attentes. T’étais plus sage comme ça. Mais reste que ça t’avait fait mal de lire ça, comme ça t’avait déjà fait mal de lire des trucs sur toi. T’en prenais et t’en laissais, mais là, t’avais mal au cœur de penser que tout se déroulait avec des amies à toi... Enfin, celles que tu considérais comme des amies. Tu déglutissais.

Alors que tu proposes au père de ton fils de le prendre de temps à autres, il s’illuminait en admettant apprécier le tout. Tu hochais la tête positivement avec un petit sourire, tu savais que ça ferait du bien à Max de connaître son père et tu avais confiance en lui. Le repas se terminait, les films de Noël s’arrêtaient pour Maxwell qui s’assoupit sagement contre moi. Je l’installais sur le fauteuil sagement en rajoutant une couverture sur ses toutes petites épaules et un coussin sous sa tête. À la question de ton ex, tu hochais la tête positivement. Tu t’avançais dans l’appartement et tu pointais la chambre à coucher. « Ce n’est pas le Ritz, ici. » Concluais-tu avec la référence new yorkaise alors que tu t’avançais dans la chambre pour t’assoir sur ton lit bien sagement. « Je t’écoute. » Lui disais-tu avec un sourire sans te douter de ce qui était sur le point de se dire.

J’haussai les sourcils lorsqu’Ally mentionna que ce n’était pas le Ritz, ici, ne comprenant pas vraiment la référence même s’il y avait bien des Ritz en Australie aussi. Je la suivis sans rien dire jusqu’à la chambre, de toute façon j’avais l’impression que si je n’ouvrais pas la bouche pour lui déballer toutes nos confidences, je l’ouvrirais pour vomir tout le respect. J’avais l’estomac à l’envers, le cœur serré, la gorge nouée. Je préférais garder le silence jusqu’à ce qu’on soit installés pour cette conversation. Je m’assis à côté d’elle sur le lit, et hochai la tête lorsqu’elle me dit qu’elle m’écoutait. Pourtant, aucun son ne sortit d’entre mes lèvres pendant de longues secondes. J’hésitais. Je cherchais mes mots ; je les cherchais trop, même. Je savais cependant fort bien qu’aucune formulation ne pourrait possiblement amortir le choc. Alors, je décidai de me lancer, à l’aveugle : « Zelda a fait un déni de grossesse et elle a accouché la semaine dernière. » Lâchais-je sans prévenir, sans préparer Ally. D’un coup, comme ça. C’était pire qu’une pénétration sans préliminaire. « C’est une petite fille. Ma fille. » Ajoutais-je, même si ce détail ne se rendrait peut-être même pas jusqu’au cerveau d’Ally, à voir comment elle me regardait. « Je trouvais important de te le dire. Avec Maxwell, tout ça. Ça changera sans doute la dynamique … » Évidemment, que ça changerait la dynamique. Et j’avais d’ailleurs peur que ce soit à mon désavantage.

Tu le voyais se tracasser et t’avais sincèrement aucune idée de quoi ça relevait. T’espérais que Maxwell n’aille pas de problèmes avec lui. Ta peau était froide, t’étais anxieuse et ta circulation sanguine n’était pas excellente dans ce contexte. Il s’installait près de toi et le silence prenait toute la place, un long moment. Zelda avait fait un déni de grossesse et elle avait accouché la semaine dernière. Tu ne faisais pas le lien immédiatement, tu savais que c’était une bonne amie à lui et tu haussais les épaules avec un petit sourire. « Félicitations à elle. » Dis-tu sans voir venir la suite. Tu souris alors que tu apprends qu’il s’agit d’une petite fille. Qu’est-ce que t’aurais voulu avoir une fille. T’en rêvais encore plus depuis que t’avais Maxwell, de lui faire une petite sœur, une amie. Par contre, au choix de ses mots tu t’arrêtais et tu fronçais les sourcils. « Ta fille? » Demandais-tu pour être certaine d’avoir bien entendu. Il poursuivait et quelque part, ton cerveau s’était arrêté entre temps pour encaisser le choc.

Ce choc...Celui de ne jamais avoir la famille parfaite. De ne plus pouvoir la désirer d’une façon X. Tu tremblais d’incertitude, puis tu tremblais de rage. Il venait de briser ton rêve à toi d’avoir une famille parfaite. Tu serrais les poings et avoir eu un parpaing entre les mains, tu le lui aurais balancé avec ton petit doigt. Tu inspires, tu expires. Tu recommences. Et encore. Mais tu y arrives pas. Tu peux pas le pardonner... Tu peux pas pardonner à ton ex d’avoir brisé ton rêve. Tes yeux se remplissent d’eau, ton cœur de jalousie. D’un côté, t’as le cœur en miettes, mais t’as l’impression qu’il se noircit d’un seul coup et qu’il s’égraine quelques secondes plus tard. Il te parle de la dynamique et tu t’assombris. « Il n’y aura pas de dynamique avec Maxwell, Conchobáhr. » Conclu-tu finalement. Mon fils n’avait pas à partager son père, pas tant que je ne l’avais pas décidé. Tu te lèves et tu fais les cent pas. « Non. » Tu refuses, tu ne veux pas. Toutefois, tu sais qu’elle est là maintenant... Le poupon changeait tout. Tu inspirais et tu expirais. Ton fils n’aurait pas à partager un père... Tu refusais catégoriquement. Toi, tu te refusais de quitter un amour imparfait qui venait de commettre l’irréparable à tes yeux. Le bateau de ton sweet american dream venait de partir alors que tu n’étais même pas à bord. Les larmes coulent sur tes joues et la méchanceté reprend le dessus. « C’est pour ça que t’as l’air d’un putain d’cadavre. » Tu respirais difficilement et pourtant, tu savais ce que tu allais lui dire pour la suite... et ça te brisait encore plus.

Je compris bien vite qu’Ally n’avait pas fait le lien entre Zelda et moi, ou plutôt entre l’enfant qu’elle venait de mettre au monde et moi. Je n’avais pas parlé en long et en large de notre relation à Ally, parce qu’après tout depuis le retour de la rouquine à Bowen, notre relation avait été quelque peu houleuse. Mais j’avais au moins cru qu’elle était assez au courant de ce qui s’était passé pour faire 1 +1. Visiblement, non. Je spécifiai donc qu’il s’agissait de ma fille, et le déclic se fit dans la tête d’Ally. Elle reprit mes mots et j’hochai la tête, après avoir déglutis difficilement. « Oui. Ma fille. » Répétais-je. On pourrait répéter ce petit manège-là encore longtemps. C’était à peu près tout ce que j’étais capable de dire, et même que plus je le disais, moins ça faisait de sens. Et pourtant, Lara était bel et bien dans ma vie depuis quelques jours. Je vis tout plein d’émotions habiter Ally, mais elle resta d’abord silencieuse. J’avais peur du moment où elle ouvrirait la bouche. Je sentais qu’en ce moment, c’était juste le volcan qui se préparer à exploser. C’est pourquoi, pour combler le silence, je parlai de la dynamique avec Maxwell, avec Lara. La réponse de la rouquine m’arrêta net dans mon élan. « Pas de dynamique ? » Demandais-je, ne voulant pas comprendre ce que je devais effectivement comprendre. Ally se leva et fit les cent pas dans sa chambre, répétant son refus. « Non quoi ? » M’impatientais-je. Elle n’allait quand même pas m’empêcher de voir mon fils, pas encore une fois. Maintenant que je savais qu’il existait, no way que je la laisserais me l’enlever. Elle affirma que c’était pour ça que j’avais l’air d’un cadavre, alors qu’elle, elle avait l’air désemparée, les larmes roulant le long de ses joues. Mon cœur se serra. « Oui … J’ai pas beaucoup dormi les dernières nuits, je … » Je quoi ? Je m’arrêtai. « Rien d’ça n’était prévu, tu sais. » Ça m’était tombé dessus, comme tout le reste. Comme tout ce qui se passait dans cette putain de vie qui volait en éclats.

On ne connaissait plus rien de l’un et de l’autre avec le temps. On n’était plus un couple, même plus des amis. On revenait au state peu glorieux de connaissances sauf qu’il était désormais le père de mon fils. Il me confirmait néanmoins que la petite était sa fille et je déglutissais. « Oh. » Disais-je alors simplement. C’était dans ces moments que c’était le plus inquiétant. « Aucune dynamique. C’est pas vrai que Maxwell va avoir un père absent qui se consacre à un autre enfant. » Tu te refroidissais. Tu fronçais les sourcils, tu te redressais. « Pars. » Déclarais-tu finalement, le ton dur. « Je ne veux pas de toi dans la vie de mon fils, il est clairement mieux sans toi. » Craches-tu durement. Tu voulais pas qu’un truc comme tes parents se répètent dans la vie de ton fils, c’était encore tôt pour dire que Maxwell le considérait comme son père. « Maintenant, tires-toi. » Dis-tu calmement en pointant la porte. Son sommeil, tu t’en foutais. Que rien de tout ça n’était prévu, tu t’en foutais aussi. « Tant mieux pour toi. Gère tes imprévus et moi j’vais gérer notre vie, la mienne et celle de Max. » Ton doigt pointait toujours sauvagement la porte. Tu refusais de le voir entrer dans vos vies à nouveau. Tu ne le permettais pas. Il ne trouverait plus la porte de ton cœur, il ne trouverait pas non plus celle au petit cœur de ton fils, petit cœur fragile qu’il avait encore.