lennox ∇ will you marry... wait, no, merry christmas my love

Leur premier Noël ensemble. Certes, l’année dernière à pareille date, quelque chose d’intense s’était déjà développé entre eux, ce soir-là où Andreas avait reçu un appel de son ex qui lui avait reviré le cœur à l’envers, ce soir-là où ils s’étaient rendus chez Andy pour qu’il puisse se vider le cœur mais surtout, surtout … c’était ce soir-là qu’ils avaient échangé leur premier baiser. Lennox avait beau y avoir coupé court parce qu’il était en couple, parce qu’il ne pouvait faire ça à Lou surtout pas alors qu’elle était profondément endormie et que ses chances d’éveil étaient si minces, il n’en demeurait pas moins que leurs sentiments l’un pour l’autre étaient indéniables. L’attirance n’avait cessé de croître à partir de ce moment-là, et les voilà qui aujourd’hui formaient un couple plus solide que jamais. Lennox arrivait à sortir en public avec lui, en tant que couple, et même si face aux regards des autres il était encore vulnérable, le notaire avait fait d’énormes progrès. À tel point qu’ils étaient maintenant capables de parler d’un futur bien concret pour eux, parce qu’ils savaient que leurs avenirs respectifs avaient une place pour l’autre. Que leurs avenirs respectifs étaient le même, en quelque sorte. Tout cela, Lennox en avait conscience, Lennox accueillait cette situation à bras ouverts, même. Mais il ne s’attendait pas à sauter à pieds joints dans ce futur aussi rapidement. Aussi rapidement qu’Andreas l’avait visiblement prévu.

C’est en faisant un peu d’ordre dans leurs tiroirs qu’il l’avait trouvée. La bague, dans son joli boitier. Lennox ne fouillait jamais très loin, dans ces tiroirs. Il se contentait de ranger le linge plié quand c’était lui qui faisait le lavage. Il déposait les bas et les caleçons dans le tiroir du haut, puis le refermait, ne cherchant jamais à découvrir chaque recoin de ce tiroir qui n’était jamais vide. Pourtant, ce soir, ayant bien du temps devant lui en attendant Andreas pour leur repas de Noël à deux, Lennox avait décidé de s’attaquer au ménage de leur chambre. De fond en comble. Et c’est pour cette raison qu’il était tombé sur le boîtier, le cœur battant la chamade en l’ouvrant pour y découvrir la bague. Un modèle bien masculin. Un anneau tout simple, en argent, ou en or blanc, Lennox n’avait pas vraiment pris le temps d’analyser. Il avait pourtant contemplé bien longtemps la bague jusqu’au point de ne plus la voir. Il était figé sur place, incapable de formuler une pensée cohérente. Sans doute parce qu’une vague de nervosité s’était affalée sur lui, lui qui ne présenterait Andreas à ses parents que demain. Allait-il, du même coup, leur annoncer qu’ils allaient se marier ? N’était-ce pas trop tôt ? N’était-ce pas irrespectueux des gens autour d’eux de se fiancer alors même que leur relation n’était pas encore tout à fait annoncée au grand jour ? N’était-ce pas complètement fou de se fiancer alors que Lennox avait encore la bague mise au doigt de Lou l’année dernière dans son propre tiroir ? Le notaire sursauta en entendant la porte d’entrée s’ouvrir. Il referma rapidement le boîtier et le fourra à sa place, au fin fond du tiroir, entre deux-trois paires de bas qu’Andreas ne mettait que rarement. Il referma le tiroir en tentant de faire le moins de bruit possible, comme si tout d’un coup ce geste lui était interdit et jamais ô grand jamais Andreas ne devait l’entendre. La voix de l’ambulancier s’éleva dans le logement, et Lennox inspira profondément avant de montrer le bout de son nez en haut des escaliers. « T’en fais pas, ça m’a permis de mettre un peu d’ordre dans l’appartement et de préparer la table et le repas. » Dit-il, la nervosité faisant presque trembler sa voix. Il n’avait pas encore tout à fait repris le contrôle de lui-même. Il descendit les escaliers pour venir trouver son homme, son esprit complètement ailleurs. Son esprit allait et venait entre ses hypothèses sur comment Andreas allait bien pouvoir lui demander mais surtout, qu’est-ce que Lennox pourrait bien répondre.

Jusqu’à maintenant, Andreas avait toujours respecté le rythme de Lennox, rythme qui était, disons-le, plutôt lent. Dans un couple normal, les sorties se font dès les premières semaines, les baisers échangés en public se font même comme si personne ne regardait. Pour Lennox et Andreas, ce n’était jamais aussi insouciant, ils n’agissaient jamais comme s’ils étaient seuls parce qu’au fond, Lennox avait constamment cette impression que tous les regards étaient braqués sur eux, plein de jugements, plein de critiques. Il l’avait rapidement fait comprendre à Andreas, qui avait dû se montrer patient, très patient. Des mois et des mois, de nombreuses soirées passées tous les deux à l’appartement, loin du monde, dans leur petite bulle. Puis, il y avait de cela peu de temps, le notaire s’était peu à peu fait à l’idée qu’ils formaient un couple, qu’il était homosexuel – ou plutôt, bisexuel – et que ça ne changerait pas, puisque son amour pour Andreas ne s’effaçait pas, au contraire, il n’était que plus fort de jour en jour. Toutefois, il n’était clairement pas au point de se marier à Andreas, même s’il l’aimait de tout son cœur, les étapes récemment franchies étaient justement trop récentes pour accélérer le processus. Il était donc surpris qu’Andreas possède cette bague, qu’il prévoit déjà ce futur-là alors que Lennox avançait encore à pas de tortue. Il ne faisait aucun doute qu’ils resteraient ensemble encore longtemps, pour toujours avec un peu de chance, après tout ils parlaient fréquemment de ce qui les attendait, de ce qu’ils feraient. Mais était-ce pour autant une justification à une demande en mariage aussi précoce ? Tout allait bien trop vite dans la tête de Lennox qui remettait tout en question et qui, à quelque part, au fond de lui, en voulait à Andreas d’avoir acheté cette bague qui venait de semer le chaos dans la tête du pauvre homme qui luttait déjà avec tant de pensées contraires. Alors quand l’ambulancier rentra, Lennox alla à sa rencontre sans pour autant lui offrir sa présence mentale. Il était ailleurs, complètement ailleurs, et un peu perdu. Il sourit faiblement au compliment de son homme sur l’odeur qui emplissait le logement. « Ça me fait plaisir. » Andy fit la moue, face à cette distance, même cette froideur, et lui demanda si tout allait bien, puisqu’il avait l’air bizarre. Lennox hésita, et quand Andreas demanda s’il voulait lui en parler, il se gratta la nuque, signe de son malaise. « C’est dans ces moments-là que je regrette de ne pas pouvoir prendre un verre pour me détendre … » Dit-il sur le ton de la plaisanterie, même si c’était raté, parce que ce genre de commentaire ne faisait que comprendre à quel point Lennox se trouvait encore parfois au bord du gouffre, voyant encore l’alcool comme son échappatoire. « J’ai pas envie de gâcher notre soirée … On l’attend depuis vraiment longtemps … » Mais s’il ne parlait pas, ne serait-elle pas encore plus gâchée lorsqu’il lui dirait non ? C’était même leur relation qu’il risquait de briser. Et ça le revirait complètement à l’envers.

S’il ne disait rien de plus, Lennox se doutait bien qu’il aurait gâché la soirée, déjà. Il avait trop parlé, et pas assez, comme le lui faisait remarquer son homme. D’une manière ou d’une autre, donc, ce Noël qu’ils attendaient impatiemment, ce premier qu’ils vivraient ensemble, en serait un raté. Comme à chaque première fois, au fond. Et c’était toujours Lennox qui jetait un froid, comme incapable de mettre de côté ses inquiétudes le temps de quelques heures, le temps de vivre pleinement son amour. En même temps, les doutes et les remises en question étaient en lui en permanence, alors dès qu’on lui en ajoutait d’autres, il explosait. C’était ce qu’il s’apprêtait à faire, même s’il n’éclatait jamais comme un volcan, même si ses détonations étaient de celles qui ne faisaient que peu de bruit, de celles qu’il fallait tendre l’oreille pour les entendre, pour les comprendre. « Je sais. Je comprends … » Bien sûr qu’il comprenait que s’il ne disait rien, Andreas se poserait des questions pendant toute la soirée, qu’il ne serait pas totalement avec lui, et avec raison. Lennox ferait pareil, et pire encore sans doute. Il hocha donc la tête et suivit le norvégien jusqu’au salon, où ils s’assurent tout près l’un de l’autre sur le canapé. Andreas passa son bras autour de Lennox qui, étonnamment, étouffait sous ce contact. Sans doute parce qu’il s’imaginait ce que ce serait lorsqu’il serait confronté à un choix devant lequel il se sentirait presque prisonnier. Pas qu’une vie aux côtés d’Andreas l’angoissait, non, il la voulait de cette vie-là. Il rêvait du jour où ils s’uniraient l’un à l’autre … mais c’était encore au stade du rêve, justement. Et il voulait rêver un peu encore, et ne pas être contraint d’aller plus vite, d’aller trop vite, au risque de se perdre, de s’essouffler. « Et moi je suis certain que tu changeras bien vite d’avis … » Dit Lennox avec un léger rictus, un rire gêné, nerveux, triste. Si Andreas disait qu’ils pourraient en parler sans gâcher quoi que ce soit, c’était parce qu’il ignorait encore ce dont il était question. Il connaissait son homme, Lennox. Il savait qu’il aimait le surprendre, qu’il aimait que leurs moments soient parfaits, et il allait bientôt le faire descendre de son nuage. « Je faisais le ménage en t’attendant, je te jure je ne fouillais pas dans tes affaires, je faisais un peu d’ordre dans tes tiroirs et … » Il releva le regard vers celui d’Andreas, dans lequel une étincelle de compréhension venait de fuser. Rien que le mot tiroir, il devait bien savoir ce qui s’y cachait. Ce que Lennox y avait trouvé. « … j’ai trouvé la bague. Et autant je t’aime à la folie, Andy, ça m’a fait flipper. Et je m’en sens affreusement coupable. » Entre autres émotions envahissantes telles que la peur, l’angoisse, la tristesse, la honte, la colère …

Après avoir tout avoué, de sa trouvaille jusqu’à son sentiment de ne pas être prêt à sauter le pas, Lennox n’aurait trop su dire s’il était soulagé ou si la culpabilité n’en était que décuplée. Il avait tellement peur de briser le cœur d’Andreas, qui avait peut-être cette grande demande toute planifiée, lui qui aimait tellement porter de telles attentions à son homme. Mais cette bague, cette éventuelle demande, c’était bien plus qu’une attention, c’était un engagement non seulement entre eux mais aussi envers la société, envers tous les autres. Parce qu’alors tout le monde saurait, tout le monde verrait, et autant Lennox faisait des efforts pour que leur relation ne soit pas vue que par leurs propres regards mais bien par celui de tous, autant il n’était pas forcément prêt à affronter tant de regards posés sur eux le jour de la cérémonie. Certes, ils auraient pu décider de faire ça à la mairie, rien qu’eux deux et un témoin, Daemon pourquoi pas … Mais il ne savait pas si c’était ce que désirait Andreas. Et il voulait donner à Andreas tout ce qu’il désirait, même si ce n’était pas toujours au moment où l’ambulancier l’aurait désiré. Bref, Lennox prit une grande inspiration quand Andreas commença à réagir, à parler, et cessa presque de respirer en l’écoutant, appréhendant le pire, prêt à lire la déception et la tristesse dans les yeux du norvégien. Pourtant, encore une fois, Andreas lui prouva qu’il était plus-que-parfait, en ne tentant que de rassurer le notaire alors que c’était ce dernier qui venait de tout foutre en l’air ses plans, plans qui n’étaient même pas prévu pour ce soir, ou pour le mois prochain. Lennox se sentait con, complètement con, d’avoir gâché une surprise qui aurait sans doute su le toucher tout autrement si ça s’était passé dans quelques mois. « Oh … je me sens vraiment très con, du coup … Enfin, je veux dire … j’ai sauté aux conclusions, j’aurais dû savoir que … que tu nous connaissais mieux que ça, que tu saurais … Je suis désolé de toujours tout remettre en question alors qu’entre nous, je devrais jamais avoir un quelconque doute, pour quoi que ce soit. Si la dernière année m’a prouvé quelque chose, c’est que pour une fois, je peux faire confiance à la vie. » Il esquissa un faible sourire, serrant la main du norvégien dans la sienne et le serra aussi un peu plus contre lui. Son visage était toutefois tourné vers le sien, pour rajouter du sérieux aux paroles qui suivirent : « Je ne veux pas que la peur que j’ai eue en trouvant la bague te fasse penser que je suis pas prêt parce que je ne t’aime pas. Je t’aime … comme je n’ai jamais aimé auparavant. Ça a quelque chose d’effrayant, c’est vrai, mais ce ne serait pas suffisant pour que je ne veuille pas sauter le pas avec toi. Je veux tout vivre avec toi. Mais notre relation comme elle est présentement me convient aussi, je n’ai pas envie de tout bousculer alors que pour une fois dans ma vie je suis … bien. »

Il s’était ouvert le cœur, sans doute plus que jamais, réalisant lui-même à quel point l’arrivée d’Andreas dans sa vie avait tout bousculé. Mais bousculer ce qui est déjà dans le désordre entraîne une certaine chance de remettre un peu d’ordre, pas vrai ? Et c’était exactement ce que le norvégien avait fait. Il avait permis à Lennox de trouver un semblant de bonheur, même s’il avait encore de mauvaises journées, même si la tristesse était encore une grande partie de lui, il savait au moins qu’il était capable de ressentir de la joie. Il avait eu des doutes, là-dessus, pendant bien longtemps. À chaque fois que Lennox avait ressenti de la joie auparavant, il se l’était interdite, il avait tout remis en question, comme s’il n’y avait pas droit, comme s’il devait se sentir coupable de ne plus vivre en symbiose avec son mal-être. Andreas lui permettait de respirer à nouveau sans que ses démons ne viennent lui compresser la cage thoracique. « Je suis vraiment désolé, pour ça. Je sais à quel point cette surprise devait être importante pour toi. Mais tu me surprendras le moment venu, j’en suis persuadé. » Il esquissa un sourire, prenant la main du norvégien dans la sienne et la portant à ses lèvres. « Et puis … elle est magnifique, cette bague. Je la porterai fièrement. » Fièrement, oui, parce qu’au moment venu, Lennox serait prêt, tout à fait prêt, et il pourrait alors la porter à son doigt sans gêne, sans honte. Heureux de pouvoir annoncer à qui le lui demanderait qu’il allait épouser l’homme le plus merveilleux du monde. « À en entendre ton ventre, je dirais qu’on devrait passer à la table. » Il eut un léger rire. « Et de toute façon, ça doit faire deux bonnes heures que j’ai cet odeur qui me chatouille les narines et m’ouvre l’appétit. J’ai bien hâte d’y goûter. » Ils se levèrent donc, se dirigeant vers le fourneau pour en sortir la pièce de viande rôtie qu’il avait fait mariner dans une délicieuse sauce légèrement sucrée, ainsi que les légumes qui gardaient leur chaleur à l’intérieur. Du frigo, il sortit une salade du jardin ainsi que de l’eau pétillante, à défaut d’avoir de vraies bulles pour célébrer. « Installe-toi, j’amène le tout. » Dit-il en voyant Andreas s’approcher. La table était de toute façon déjà montée, et il ne restait plus qu’à ce qu’il apporte tous les plats. Une fois fait, Lennox prit place à table. « Bon appétit, mon amour. Et joyeux Noël. » Tout d’un coup, tous les problèmes s’étaient envolés. C’était la touche magique d’Andy, ça.  

La demande d’Andreas aurait pu paraître assez drôle ou étrange pour d’autres, mais pour Lennox, c’était à la fois une belle attention et un réconfort. Il ne voulait pas faire traverser à Andreas un autre refus de ce genre en lui disant qu’il ne se sentait pas prêt à l’épouser, s’il le lui demandait alors qu’il ne s’en sentait pas encore tout à fait capable, vis-à-vis de lui-même ou vis-à-vis des autres. Il ne voulait pas que son homme endure un tel rejet alors qu’il se mettrait à genoux devant lui. Ça lui briserait le cœur et c’était certainement la dernière chose que Lennox désirait. Alors de savoir qu’Andreas attendrait un signe quelconque de la part de Lennox les rassurerait tous les deux. Ils sauraient alors que c’était le moment, et que ce serait parfait, parce qu’ils seraient tous les deux à la même place dans leur vie. Parce que lorsque Lennox lui ferait signe, Andreas prendrait tout le temps dont lui aurait besoin avant de le proposer, et enfin ils pourraient s’unir l’un à l’autre pour l’éternité. C’était déjà le cas, Lennox se sentait lié à Andreas pour toujours, mais c’aurait quelque chose d’un peu plus officiel, et il serait grand temps qu’ils s’aiment au grand jour, aux yeux de tous. « Ce n’est pas bête. Je suis touché que tu me le demandes, même. Je te ferai un signe, j’essaierai que ça ne porte pas à confusion. » Il eut un léger rire. Après tout, si Andreas commençait à chercher des signes dans tout ce qui traînait ou tout ce qui sortait un peu de la normale, peut-être interpréterait-il les mauvaises choses. Ça n’était pas le but non plus, de commencer une chasse aux indices de mariage. Les deux hommes passèrent finalement à table, ayant suffisamment repoussé le dîner de Noël. « Oh, tu sais … le repas était déjà prêt quand j’ai trouvé le boîtier. Je ne suis pas certain que j’aurais été capable de faire quoi que ce soit de potable en angoissant. » Avoua-t-il en riant. Quand l’angoisse prenait le contrôle sur Lennox, il entrait dans un état presque léthargique, incapable de se résonner. Mais Andreas le savait, ça. Après tout, c’était la toute première image qu’il avait eue de lui. Et il était encore là plus d’un an après. Quand ils eurent terminé le repas, leurs assiettes complètement vides, Andreas fut le premier à aborder le moment des cadeaux. Intrigué, il posa le regard sur la vidéo jouant sur le portable du norvégien, et un sourire attendri se dessina sur ses lèvres, son regard s’illuminant tout d’un coup. « Elle est adorable. Je suis prêt pour ça, plus que prêt même. Elle mettra un peu de vie ici, ça me fera un peu de compagnie lorsque tu termines plus tard que moi. » Lennox releva le regard vers Andy, les yeux brillants, et se releva juste assez pour aller attraper ses lèvres des siennes. « Merci, Andy. » Il passa sa main dans ses cheveux, toujours son sourire aux lèvres, avant de reprendre sa place et de devenir un peu plus nerveux. Comme à chaque fois qu’il offrait un cadeau, lui qui avait tellement de mal à trouver ce qu’il voulait. « À mon tour. Même si je suis un peu gêné, c’est moins bien que ton idée … » Il se leva et alla récupérer une simple enveloppe qu’il tendit à Andreas. À l’intérieur se trouvaient deux billets d’accès pour des cours de cuisine dans un institut réputé. Il esquissa un sourire, regrettant déjà son idée, alors tout de suite il tenta de se justifier : « Je sais que tu as toujours voulu t’améliorer en cuisine, et j’me suis dit que ça nous ferait une activité à faire ensemble, aussi … C’est deux fois par mois pendant trois mois … » Six cours, donc, durant lesquels ils apprendraient plusieurs techniques, plusieurs recettes. Ça leur permettrait de sortir un peu, d’avoir une activité à partager, et de rencontrer des gens aussi puisqu’il s’agissait de cours en groupe d’une dizaine de personnes.

Un léger rire s’échappa d’entre les lèvres de Lennox. « Mais non, elle ne fera que combler mon manque d’affection quand tu ne seras pas là. Dès que tu reviendras, je serai tout à toi. » Et l’animal n’aurait qu’à retourner sur son coussin pour y dormir ou s’y reposer, en autant qu’elle ferme les yeux parce qu’autrement elle verrait très certainement ses deux maîtres se retrouver, s’enlacer, s’aimer. Après ce baiser de remerciement et de joie, Andreas donna un peu plus d’informations à propos de la chienne. Rien qu’à l’entendre en parler, Lennox devinait que le norvégien était déjà tombé sous son charme, alors comment pourrait-il seulement même envisager faire un choix autre que le sien ? « On pourra en regarder d’autres, oui, mais j’ai aucun doute que ce sera Roxy qu’on prendra. J’ai comme l’impression qu’elle est parfaite pour nous. » Il esquissa un sourire. « Il faudra quand même s’assurer que l’appartement est dog proofed, on sait jamais, elle pourrait se décider à manger les pattes de table ou à déchirer les fauteuils. » Du moins, en attendant qu’elle ait été bien dressée selon ce qu’ils désiraient. Aurait-elle droit de monter à l’étage ? De se coucher sur les fauteuils ? Dormirait-elle dans une cage ou en liberté ? Tant de questions à se poser, mais Lennox avait l’impression que dès qu’il verrait la chienne, il aurait envie de lui accorder tous les droits possibles. Pourtant, il avait toujours été assez contrôlant de sa demeure bien sobre, voulant qu’on fasse attention à ses meubles, à sa vaisselle, etc. Même les touches qu’Andreas avaient emmenées avait mis du temps à se faire une place dans la tête de Lennox. Mais aujourd’hui, il appréciait la vie que cela pouvait amener. Nul doute que ce serait pareil pour Roxy, et tous les autres chiens qui s’ajouteraient ensuite. Ce fut finalement au tour de Lennox d’offrir son cadeau, ces fameux cours de cuisine en groupe. Le sous-entendu était évidemment inévitable, même si ça n’était pas du tout l’intention du notaire. « Tu sais que j’aime tout ce que tu fais. » Il rit. « Mais je me suis dit que c’était l’occasion d’avoir une activité ensemble, en plus de nous améliorer dans quelque chose. » Autant l’un que l’autre en bénéficierait. Andreas lui demanda ensuite s’il se sentait réellement prêt à se retrouver en couple avec lui, devant tout le groupe d’apprentis. Il hocha la tête. « J’y ai beaucoup songé, crois-moi, ça m’a pris du temps avant de me décider sur ce cadeau. Mais je me sens prêt, je ne veux plus qu’on s’empêche de vivre ce qu’on a à vivre. » Et comme la nouvelle année approcher, c’était le bon moment pour cette belle résolution, non ? Andreas sortit un autre cadeau, dans lequel il y avait une gourmette avec la date de leur premier baiser inscrite dessus. Un sourire attendri se dessinait sur les lèvres du trentenaire. « Pas grand-chose ? Ça représente … tout, pour moi. » La date de leur premier baiser, c’était tout pour Lennox, oui. « Merci, mon amour … » Andreas proposait pourtant déjà des options pour compléter le cadeau. Il eut un sourire amusé. « Y’a pas l’option de prendre les trois choix ? Ou j’abuserais ? »