no one like you ft. circé

Les lundis, c'est toujours assez mort au bar. Habituellement j'en profite pour faire ce que je n'ai pas le temps de faire le weekend, la plupart du temps, c'est du ménage. Ce n'est pas que le bar est nécessairement bondé les soirs de weekend, c'est plutôt que la plupart de mes habitués viennent me voir et j'en profite donc pour discuter et me servir moi aussi quelques verres. J'avais deux clients assis au coin du bar qui étaient en grande discutions depuis un bon moment. Ils prenaient toujours la même chose, donc tout ce que j'avais à faire, c'était de prendre leur bouteille de bière vide et leur en servir une nouvelle toute fraîche. C'était pas plus mal, ça me laissait le temps de faire ce que j'avais à faire. Je me suis retrouvé bien vite à n'avoir plus rien à faire. Après avoir vérifier que mes deux clients étaient servis, je me suis dirigé vers le bureau à l'arrière et j'ai sortie mon portable pour envoyer un message texte à Circé. C'est mort au bar, je m'emmerde, t'as envie de passer? Ouais, dans le genre gentleman on a vu mieux, mais moi et Circé, c'est rien de sérieux. Les deux on est un peu dans la même situation où on a pas envie d'une relation, mais on a tout de même des besoins. Je la considère comme une amie avec bénéfices, on passe de belles soirées ensembles et souvent on les finies dans le lit.

À priori, l’odeur de la carotte sauvage n’a rien de vraiment attrayant, pourtant, elle ressemble de près – à s’y m’éprendre du moins – à celle de l’ambre, qu’on aurait mélangé à de la poudre de riz. Quelque chose de marqué, mais poudré et tout de même discret. La bougie parfumée que j’avais allumée juste avant de me glisser dans mon bain, avec ma lecture en cours, embaumait la pièce et me plongeait dans un sentiment de bien-être fort appréciable. Lundi soir, la journée de travail avait été chargée, comme toujours. Je donnais toujours par monts et par vaux, entre Les Jardins de Circé et mes cosmétiques Moly qui commençaient à rencontrer un certain succès, j’avais de quoi faire. J’étais loin de m’en plaindre, bien sûr, cela me plaisait au contraire. Le tout était de savoir s’accorder des moments à soi, ce que m’avait appris ma grand-mère, notamment grâce à la pratique du chamanisme. Je savais m’accorder des moments pour me recentrer et c’était primordial avec mes activités. Je laissai l’eau refroidir, puis, couverte d’une serviette de bain je regagnai ma chambre, où je découvris le texto de Thomas, un ami cher. Un sourire se peignit sur mon visage, a priori, son lundi soir n’avait pas l’air de se dérouler comme le mien. « Sors ta meilleure bouteille de rhum, j’arrive », pianotai-je aussitôt sur mon portable, puis, au lieu de revêtir le déshabillé de soie que je m’étais préparer avant mon bain, je disparus dans ma penderie. J’en ressortis moins de dix minutes plus tard, avec une jupe longue plissée couleur lie-de-vin, légère et transparente à l’exception d’un dessous de jupe opaque qui s’arrêtait à la mi-cuisse, le tout agrémenté d’un top noir à col danseuse et manches trois-quarts. Lorsque j’arrivai au bar, moins d’une demi heure après que Thomas m’ait envoyé son message, je peignis un grand sourire sur mon visage et rejoignis mon ami qui attendait au comptoir. Arrivée à sa hauteur, je me hissai sur pointe de pied, entourai ses épaules de mon bras et vins l’embrasser au coin des lèvres.
— J’espère que tu n’as pas eu le temps de mourir d’ennui en trente minutes ? chuchotai-je à sa seule intention.

Malgré que j'appréciait mes moments solitaires, j'aimais aussi passer du bon temps en bonne compagnie. Particulièrement celle des femmes. Ces temps-ci il y en avait une que je voyais plus souvent que les autres. Circé semblait avoir les mêmes besoins que moi et rechercher exactement ce que je recherchait. Au fond c'était parfait, je savais qu'on pouvait se voir sans se prendre la tête. C'est une femme mature qui sait ce qu'elle veut et j'adore ça. Pas de chichis, pas de sous-entendus, on passe du bon temps et c'est tout. Je ne m'ennuie pas de mes jeunes années où j'avais affaire à des jeunes femmes qui préféraient se faire de faux espoirs plutôt que de parler franc jeux. Ce soir je lui écrit pour qu'elle passe faire un saut à mon bar. Je m'ennuie à mourir et j'ai l'habitude que des amis et connaissances viennent prendre un verre, seulement, en ce lundi soir, tout le monde semble être resté chez eux. Elle m'écrit aussitôt de lui garder ma meilleure bouteille de rhum. Je sais déjà exactement ce que je vais lui servir. Un appleton 12 ans qu'elle avait bien apprécié lors de sa dernière visite. Je n'ai peut-être pas les meilleurs rhums du monde derrière mon bar, mais j'ai de bonnes bouteilles. Il s'écula trente minutes avant que je vis la brune entrer. Je ne pu empêcher mon sourire de s'agrandir à sa vue. Elle se hissa sur la pointe des pieds pour m'embrasser et je l'entoura de mes bras quelques secondes. Je sentit ses lèvres au coin des miennes, ça me donnait un avant goût de ce à quoi je pouvais m'attendre pour la fin de la soirée. Si ça continuait comme ça, je fermerais le bar plus tôt qu'à l'habitude, je n'avais presque aucun client. Non, mais je t'ai gardé ça au frais. Je sortie un verre à whisky que je posa sur un sous verre avant d'y faire couler deux doigts du fameux rhum jamaïcain. Je le fit ensuite glisser vers Circé qui avait pris place sur l'un des tabouret du bar. Je ne t'ai pas dérangée dans ta soirée j'espère? Honnêtement, j'espérais l'avoir dérangée et qu'elle ait malgré tout décidé de venir me voir.

Il n’y avait vraiment pas grand monde dans le bar, ce soir, d’où ma question. J’imaginai qu’il était facile de tourner en rond lors de service aussi peu engageant. Malgré tout, mon ami gardait le sourire et m’assura qu’il n’avait pas eu le temps de s’ennuyer. Il m’avait même gardé une bouteille de rhum au frais. Un jamaïcain, voilà qui était prometteur.
— T’es le meilleur, dis-je en le regardant verser le liquide ambré dans un verre qu’il fit glisser vers moi.
Machinalement, je le pris en main et le levai pour venir sentir l’effluve alcoolisé. Les parfums étaient ronds, comme la vanille ou le caramel. Au nez déjà, il me plaisait. J’avais hâte de le gouter.
— J’étais en train de prendre un bain avec un bon livre quand j’ai reçu ton message, répondis-je quand il me chercha à savoir s'il n'avait pas trop perturbé mes plans.
C’était faux, je venais d’en sortir en fait, mais j’aimais bien l’image qu’une telle affirmation pouvait imprimer dans la tête de mon amie. Continuant sur cette lancé, je lui souris chaleureusement, avec un air un peu enjôleur.
— Mais la soirée que tu me proposais m’a semblé bien plus attrayante en réalité…

Circé venait d’égayer ma soirée, au moins si je ne faisais pas un sous, je pourrais quand même en tirer du positif et du plaisir. Je décide que je mérite bien un verre moi aussi, j'accompagne donc la belle avec un fond de rhum moi aussi. Bien que je le connaisse déjà pour l'avoir bu quelque fois auparavant, je me délecte toujours autant de son gout, les jamaïcains ont vraiment compris comment faire du bon rhum. Lorsqu'elle me dit que je suis le meilleur, je lui fais un clin d'oeil complice. Je pose mon verre sous le comptoir, ça fait plus professionnel. Circé me met de belles images en tête lorsqu'elle m'avoue qu'elle était dans le bain lors de la réception de mon message. C'est facile à imaginer quand on a déjà vu son corps nu auparavant. Il semblerait qu'elle n'était pas non plus mécontente d'échanger son moment de détente contre une soirée en ma compagnie, tant mieux alors. Tu sais j'ai un bain à l'étage si t'as envie de continuer à relaxer tout à l'heure. Histoire de pouvoir arrêter de me l'imaginer dans son bain et la voir de mes propres yeux plutôt. Ma salle sa bain était surement moins bien décorée que la sienne, mais j'ai quand même du gel moussant pour le bain et quelques chandelles qui feraient bien l'affaire. J'ai une bouteille de vin dans le frigo, c'est pas ce que vous faites vous les femmes dans un bain, boire un verre de vin? Ça semble macho, mais le sourire en coin que j'arbore montre bien à Circé que je rigole avec mes propos, même s'il y a une part de vérité.

J’étais heureuse de passer du temps avec Thomas, même si je n’avais pas prévu de sortir ce soir, j’étais contente qu’il m’ait appelée. J’avais d’avantage besoin de prendre l’air et de voir du monde que je ne voulais bien me l’avouer – certes, j’appréciais les balades solitaires en forêt, mais un peu de sociabilité ne faisait de mal à personne –, et être accueillie par un sourire de sa part et un rhum de douze ans d’âge, c’était la cerise sur le gâteau. Je trempais les lèvres dans le liquide ambré et le laissai délicieusement rouler sur ma langue savourant les parfums incroyables de la boisson jamaïcaine et le piquant de l’alcool. Mes gestes étaient lents, exprès, mes épaules un peu en avant, mes coudes appuyés sur le comptoir, j’adoptai assez rapidement une attitude de séduction. C’était presqu’automatique lorsque je voyais Thomas, c’était comme si son regard allumait instantanément un feu en moi. Il était bel homme, certes, mais au delà de ça, c’était un de mes amis les plus cher et quelqu’un que j’estimais énormément.
— Ca nous arrive, en effet, fis-je d’une voix caressante lorsqu'il plaisanta sur le fait que les femmes aimaient prendre des bains avec un verre de main à la main, et un bain avec toi est une perspective alléchante, j’admets. Même si ton canapé, ou la table de ta cuisine pourrait très bien faire l’affaire aussi…
Je ne lui parlai pas du comptoir qui nous séparait, pourtant les images qui se frayaient un chemin dans mon esprit malicieux lui attribuait une place de choix. Sans le lâcher des yeux, un sourire espiègle accroché aux lèvres, je savourai une nouvelle gorgée de mon rhum, l’air de rien.

J'oublie totalement la soirée pourris que j'ai eu ce soir en pourboire, Circé est en mode séduction et ça ne me déplais pas du tout. Ça fait environ une heure que je n'ai pas eu de nouveaux clients et les deux derniers qui restaient me paie leur facture et se lève pour partir, nous laissant seuls. Je les salues et les remercies d'être passé. En fait je les remercies surtout de partir pour que je puisse enfin profiter de ma soirée avec la jolie brune qui se trouve de l'autre côté du comptoir et qui me fait les beaux yeux depuis qu'elle est arrivée. Je regarde ses lèvres alors qu'elle prend une gorgée et je n'ai qu'une envie, prendre la place de ce rhum. Elle me dit que le bain et tentait, mais qu'elle se contenterait tout aussi bien du canapé ou de la table de la cuisine. Je range quelques petits trucs, mais le reste ça ira à demain, pour l'instant j'ai surtout envie de profiter de sa présence. Je fais le tour du bar et me dirige vers la porte d'entrée que je verrouille tout en retournant l'insigne qui affiche maintenant que le bar est fermé. Je n'ai pas l'habitude de fermer plus tôt, mais ça en vaut la peine ce soir. Je connais bien des endroits qui pourraient faire l'affaire. Je m'approche de Circé rapidement qui se lève du tabouret, elle sait déjà où je veux en venir. Je place une main derrière ses cheveux qui cache son oreille et l'autre dans le bat de son dos pour tirer son jolie corps vers le miens alors que mes lèvres se posent sur les siennes. Intuitivement, nos langues se retrouvent et s'entremêlent alors que je sens ma tête commencer à tournée, ivre de ses baisers.

J’aimais ce sourire lorsqu’il s’affichait sur le visage de Thomas, parce que je savais exactement ce qu’il voulait me dire. Le langage du corps était bien souvent suffisant entre nous, même si nous pouvions passer des heures à discuter, nous savions, par ailleurs, lire l’un en l’autre comme dans un livre ouvert. En particulier lorsqu’il s’agissait de décrypter nos désirs. Depuis le temps que nous nous fréquentions, les signes avant coureur n’avaient plus aucun secret pour nous. Les derniers clients quittèrent l’établissement, je compris que Thomas le prit comme une aubaine et quand il se dérangea pour fermer la porte à clef, je ne pus m’empêcher de sourire. On ne pouvait faire plus clair comme message. Il revint rapidement à moi et m’embrassa avec toute la passion que je lui connaissais. Aussitôt, je lui rendis son baiser, me hissant légèrement sur la pointe des pieds pour arriver à sa hauteur. Je glissai une main sur sa nuque, l’autre se frayant un chemin sous son t-shirt. Je soupirai doucement lorsque mes doigts appréhendèrent les muscles de son ventre qui me faisait toujours autant d’effet. Après un instant, je rompis lentement le baiser pour sourire à Thomas.
— Et si tu me montrais ces endroits auxquels tu penses ? murmurai-je en passant mes bras sur ses épaules.

Je n'allais surement pas continuer de gâcher ma soirée avec un bar vide, je préférais fermer plus tôt et profiter de la compagnie de la brune, le choix n'était pas difficile à faire. Je me jette sur Circé sans rien dire, de toute façon elle savait exactement vers où je m'en allais. Nos bouches se collent comme des aimants et je sens qu'elle m'enlace à son tour. Sa main passe sous mon t-shirt et glisse sur mon ventre ce qui provoque une panoplies de frissons qui parcours mon ventre à toute vitesse. Après quelques instants, elle rompt notre baiser et me souris. Je vois une petite flamme dans ses yeux lorsqu'elle me demande de lui montrer les endroits que j'aimerais bien revisiter avec elle. Un sourire malicieux se dessine sur mon visage alors que je me penche et passe mes mains sous les cuisses de Circé pour la soulever et la posé assise sur le comptoir de mon bar. Je décolle ses cuisses et ramène ses fesses plus près du rebord, histoire de la sentir contre moi. Et si on commençait par ça? Après tout ce bar est encore vierge. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, j'ai l'habitude de faire monter les demoiselles dans mon appart au dessus, mais je crois que Circé connait bien assez mon lit, on pourrait peut-être faire un peut différent. Je ne tarde pas pour reprendre possession de ses lèvres alors que ma main glisse tranquillement le long de son décolletée et de ses hanches pour finir sur sa fesse.

Thomas et moi étions visiblement sur la même longueur d’ondes ce soir. Je ne pus m’empêcher de sourire quand il me souleva pour s’asseoir sur son bar, à croire qu’il avait réellement lu dans mes pensées. Un sourire accroché au visage, je capturai les lèvres de mon amant des miennes. Mon corps se collait instinctivement à lui, tandis que mes jambes enserraient un peu plus sa taille, comme pour l’emprisonner un court instant. Je ne m’inquiétais pas outre mesure du fait que des passants curieux puissent nous voir depuis l’extérieur ; il m’était arrivé de danser nue, au beau milieu de la forêt, et puis, je n’étais pas vraiment pudique en règle générale. Par ailleurs, je considérais qu’il n’existait rien de plus beau au monde que deux corps qui s’unissaient. Deux âmes qui s’épousaient l’instant d’une étreinte charnelle avaient une beauté plus pure encore que celle d’un diamant parfaitement clair. C’était un moment de poésie simple et vibrant. Je continuai donc d’embrasser Thomas sans me soucier du reste, rien n’existait, à part lui, de toute manière. Son souffle se mêlant au mien, ses lèvres qui dévoraient les miennes, sa légère rugosité de sa barbe et ses mains qui parcourait mon cœur menaçaient de me rendre complètement folle – certains disaient que je l’étais déjà, de toute manière, alors autant prendre tous les risques possible et en tirer le meilleur plaisir. N’y tenant plus, je quittai sa bouche un court instant pour lui retirer son t-shirt que j’envoyai valdingué à l’autre bout du bar. Mes cuisses étaient nues, le tissu de ma jupe longue ayant fini par se retrousser quasiment jusqu’à ma taille, du à l’impatience et à l’esprit d’exploration de Thomas. Je souris contre ses lèvres, captant son regard tandis que mes mains passaient autour de ses épaules, puis dans son dos dont les muscles saillaient pour mon plus grand plaisir.