Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.
Sujet: collecting pictures from the flood that wrecked our home ▽ brooke Jeu 26 Déc 2019 - 17:27
collecting pictures from the flood that wrecked our home
Eve s'était rarement sentie encore plus ridicule et désemparée que ce soir. Cela faisait un mois et demi qu'elle travaillait ici. Qu'elle avait décroché un job comme costumière, travaillant dans l'ombre. Ce job lui plaisait, très certainement. Elle aimait voir, avec une pointe de jalousie, les talentueux artistes performer sur scène. Chaque fois qu'elle voyait la jeune femme à la chevelure de feu, son estomac se serrait un peu et sa gorge devenait sèche. Cette femme l'intimidait totalement. Elle disposait d'une prestance rare, une sorte de force sauvage qui se dégageait d'elle. Pas étonnant qu'elle ne soit que ça demi-sœur, elles avaient pas totalement les mêmes gênes et ça transparaissait clairement. Eve était son opposée, avec ses insécurités, son manque d'assurance et son air timide. Le silence de la blonde, il transpirait la malaise. Celui de Brooke, l'élégance et la fermeté. Lorsque Eve s'était faite engager ici, elle s'était promis d'aborder la belle rouquine. Et chaque occasion qu'elle avait vu passer, elle l'avait laissée s'en aller. Figée, le cœur battant la chamade. Pourtant c'était pour ça qu'elle était venue ici. Pour retrouver cette sœur dont elle avait appris l'existence quelques années plus tôt. Et soudainement, elle se retrouvait à se demander ce qu'elle foutait là. Certes, elle avait fui la maison, pris son indépendance. Mais elle aurait tout simplement pu retrouver le numéro de Brooke et l'appeler. Ou même juste l'aborder après sa performance, à la fermeture du cabaret. Mais non, la jeune fille tout juste majeure avait préféré se faire discrète et découvrir lentement qui était cette sœur qui ignorait totalement son existence. Chaque fois, elle avait eu envie d'aller lui parler. Elle n'avait jamais osé, poule mouillée qu'elle était. Bien trop impressionnée par ce que dégageait cette femme aux airs rebelles. Elle semblait intouchable. Elles s'étaient déjà échangé de rares mots, pour qu'Eve reprise un vêtement, ou ajoute quelques détails à son costume, comme elle le faisait pour tout le personnel du cabaret. Chaque fois, la blonde avait ouvert la bouche dans l'optique de lui révéler qui elle était. Et chaque fois, elle s'était ravisée. Pas le bon moment. C'était une bombe, qu'elle allait lâcher. Ou peut-être que Brooke n'en aurait rien à foutre. Ou peut-être qu'elle la ferait virer. Au final, Eve n'avait aucune idée d'à quoi s'attendre. Elle avait simplement observé sa sœur, de loin, apprenant à la connaître en la regardant agir, en découvrant sa façon de communiquer, de se mouvoir. Et au fur et à mesure, elle n'en avait été que plus éblouie par cette femme bien plus élégante qu'elle. Ce soir à nouveau, elle s'était fait la promesse de prendre son courage à deux mains et d'aller la voir. Elle avait préparé ses mots, comme à chaque fois. Et voilà qu'à la fin du spectacle, dans les loges, elle se trouvait devant sa porte, un haut de costume entre ses mains tremblantes. Le souffle court, elle leva la main pour frapper à la porte, se figea à nouveau. Putain, Eve, tu vas pas continuer ce manège pendant un an. Porte tes ovaires, merde. Après une grande inspiration qui eut du mal à remplir ses poumons contractés par l'appréhension, elle frappa. Entra. « Brooke ? J'ai... J'ai fait le nouveau haut que tu m'as demandé, je viens voir ce que tu en penses. » commença-t-elle d'une petite voix, restant dans l'encadrement de la porte, le vêtement entre les mains. Courage, Eve. Te débine pas cette fois, pitié.
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Sujet: Re: collecting pictures from the flood that wrecked our home ▽ brooke Ven 27 Déc 2019 - 6:33
Le show se termine avec ton numéro ce soir. C'était pas prévu, le patron a réarrangé les prestations, parce que t'es arrivée avec une heure de retard sur l'emploi du temps de la soirée. Tu dormais, une bouteille de Jacks dans les mains. Et quand t'es arrivée, gueule de bois difficile à dissimuler, c'est à la colère du patron que tu as eu à faire. « Cette histoire de romance à cinq sous va finir par nous faire couler, Brooke », qu'il t'avait hurlé par la tête. Et toi, le visage éteint, t'avais acquiescé, sans dire un mot, bien trop amorphe pour avoir une réaction quelconque. « Pis, il faudrait que t'arrêtes de te saouler avant le boulot. J'voudrais pas avoir un accident de travail sur la conscience » avait-il beuglé avant de retourner vaquer à ses occupations, visiblement irrité d'avoir perdu l'un de ses plus grands artistes. Sacha, il les tenait tous en haleine. Ils captaient l'attention du public, titillait les nerfs des spectateurs de par ses lames que lui seul savait maîtrisé, il était le clou du spectacle. Et maintenant qu'il est parti, y'a ce vide au cabaret. Et dans ta vie. T'avais laissé le patron partir, tu l'avais regardé s'éloigner sans bouger, et seulement lorsque son ombre se fit trop petite dans ton champ de vision, tu avais regagné ta loge. Yeux noircis au khôl de la veille que t'avais pas eu la force de démaquiller, tu t'étais passé un coton imbibé d'huile démaquillante sur le visage, effaçant toutes les traces de la veille sur ton visage, laissant un canevas neuf pour l'histoire de ce soir. Et t'avais laissé tes mains guider le maquillage, graviter vers des fards foncés pour recouvrir tes yeux bleus d'un sombre oeil charbonneux dont le coin intérieur était pointillé d'un tout petit diamant collé avec ton adhésif à faux-cils. Et t'avais fait ton show. Comme tous les soirs depuis qu'il était parti. T'étais monté au tissu, t'avais fait deux ou trois vrilles, deux ou trois grands-écarts suspendus et t'étais sortie de scène, dans la grâce qui te caractérisait, ta longue chevelure qui t'avait suivi alors que la porte de la loge se refermait derrière toi. Deux-heures quinze du matin, tu regardes ton reflet dans le miroir de ta loge, au travers des tâches et des empreintes qui sont marquées dans la glace. Et t'as presque honte du paquet de merde que tu y vois. Toi. Toi dans toute ta merde. Y'a rien de gracieux dans ce que tu es. Rien de beau. Tu te dégoutes. Tu te répugnes. Tu te regardes et tu n'arrives pas à l'enlever de tes souvenirs, à le supprimer de ton existence. Et merde, qu'est-ce qu'il t'a fait. Tu cales un verre de gin qu'on t'a offert en sortie de scène, d'un trait, grimace un peu, puis tu t'allumes une clope. T'en as rien à faire des règles, rien à faire que le patron déteste que l'on fume dans le Cabaret. La porte est fermée, de toute façon. Tu tires sur la cigarette, tes mains cessent de trembler, comme si t'étais en manque de nicotine, mais en fait c'est en manque de lui que t'es. Et tu tapes l'excédent dans le verre que tu viens de caler. Il est l'heure de rentrer à la maison, l'heure de retirer les paillettes et les costumes. Tes mains agrippent le bas du tissu du costume de ce soir, le passent au-dessus de ta tête dans un geste rapide. Et t'as à peine le temps d'enfiler ton pantalon à trous qu'on cogne à la porte. Putain, pas le patron. T'en peux plus de son ton condescendant et de ses remarques, tu vas pas lui dire comment baiser son mec, à lui. C'est pas fermé à clé, beugles-tu sans manière, un soutif pour seul haut. Et si tu t'attendais à voir la tronche d'un homme en colère fait apparition dans ta loge, c'est plutôt une tête blonde qui s'y dépeint. La couturière, qui reste dans l'encadrement de la porte, haut à paillettes dans les mains. Entre, lâches-tu en la regardant, retrouvant ta clope pour la porter à tes lèvres. J'ai le patron sur le dos, s'il apprend que je fume dans ma loge, il me tuera. Et les mots ne sont pas faux. T'aurais pu me le monter demain, tu sais, dis-tu sur un ton plus calme. T'étais pas obligé de rester si tard. J'crois pas que ce soit dans ton contrat. Et qu'est-ce que t'en sait, au fond, de son contrat ? Tu lui tends ton paquet de clopes. Tu fumes ?
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Sujet: Re: collecting pictures from the flood that wrecked our home ▽ brooke Ven 27 Déc 2019 - 8:08
Rien que la voix de la rouquine avait réussi à bloquer la gorge d’Eve. Mais encore une fois, c’était pas le moment de se défiler. Fallait bien qu’elle crache le morceau un jour ou l’autre, et elle avait décidé que ce serait ce soir. Ou en tout cas, elle s’était persuadée qu’elle l’avait décidé. La jeune fille entra donc, d’un pas hésitant, après l’invitation de Brooke, lui montrant le haut qu’elle avait confectionné. « Je dirai rien. » précisa-t-elle rapidement quand son interlocutrice lui parla du patron, et du fait qu’il allait sûrement péter une case s’il savait qu’elle fumait là. Eve était pas une balance. Et elle aurait surtout jamais osé. Surtout pas à Brooke. Sa demi-sœur. Putain, elle en avait oublié ce pourquoi elle était là, derrière son excuse bidon de costume. C’était pas tellement une excuse, mais plutôt un moyen utilisé pour mettre son plan à exécution. Parce que l’acrobate avait raison, elle aurait pu rentrer chez elle bien plus tôt, et le lui montrer le lendemain. Eve restait rarement très tard, mais d’un côté, elle aimait bien admirer les spectacles, depuis les coulisses. D’un autre, elle n’avait rien de mieux à faire. Certes, elle allait généralement dormir tôt, elle en avait besoin. Mais elle n’avait rien de prévu demain, elle dormirait plus tard, voilà tout, et irait au centre équestre l’après-midi, après une bonne grasse matinée. Se rendrait au cabaret ensuite. En partant du principe qu’elle y serait toujours la bienvenue, après ce soir… « Je sais. Mais j’aime bien regarder les performances, parfois, et j’étais pas fatiguée. » Mensonge, elle l’était, techniquement. Mais bien trop nerveuse que pour que son corps ressente cette fatigue. Elle aurait de toute façon eu du mal à fermer l’œil. Même si là, tout de suite, elle se rendait compte que ce n’était sans doute pas le meilleur moment choisi pour balancer la bombe qu’elle comptait lâcher à Brooke. Maintenant qu’elle pouvait observer ses traits de plus près, elle aussi semblait épuisée. Les traits tirés. Mais le regard vif, pourtant. Comme si une flamme sauvage l’animait en permanence. Ce qui ne fit qu’animer un peu plus l’appréhension de la jeunette. « Et puis, je voulais voir ton numéro. C’est vachement impressionnant. » ajouta Eve, d’un ton qui se voulait plus posé, parlant d’autre chose pour retarder l’inévitable. Pas inévitable, en soi. Mais elle se l’était promis depuis trop longtemps. Elle ouvrit la bouche, mais Brooke l’interrompit en lui proposant une cigarette. Eve rougit et secoua négativement la tête. C’était stupide, mais elle faisait partie de ces gens qui avaient un peu honte de ne pas faire partie du clan des fumeurs. Parce que la clope sociale, c’était un truc, surtout à dix-neuf ans. Ne pas faire partie de la bande, refuser les cigarettes en soirée, ne jamais aborder quelqu’un en demandant un briquet, et ne pas pouvoir en donner un si par miracle, un mec aurait eu l’étrange idée de venir l’aborder. Bref. « En fait, je suis venue te parler d’un truc. Si t’as le temps, hein. » Ben voilà, c’était pas plus compliqué que ça. Son ton avait un grain d’assurance en plus que prévu, mais on sentait les trémolos de sa voix qui n’étaient pas loin. Elle s’était rapidement ajouté une échappatoire. Faible qu’elle était. Mais c’était légitime, à cette heure, Brooke avait peut-être tout simplement envie de rentrer chez elle, pas que son idiote de sœur dont elle ignorait encore l’existence lui balance les faits.
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Sujet: Re: collecting pictures from the flood that wrecked our home ▽ brooke Sam 28 Déc 2019 - 4:52
Ta peau tachetée ne porte rien d'autre que ton jean beaucoup trop troué et un soutien-gorge de dentelle noire dont le fond est neutre comme la couleur de ta peau. T'as pas de gêne, tu ressens pas le besoin de te vêtir plus qu'il ne le faut quand la blonde entre dans ta loge, qu'elle referme la porte derrière elle, comme si elle l'avait deviné dans le message silencieux que tes yeux lui lancent. Tu peux lui dire, au fond je m'en fiche, lâches-tu en soufflant la fumée vers le plafond où il se forme un nuage charbonneux au-dessus de vos têtes. Il a qu'à me virer si ça lui chante. Mais il ne le fera pas. Parce qu'au fond, t'es une bonne artiste. Tu ramènes du monde. On parle de toi en ville, sur le web. Pas que tu veuilles te venter, pas que tu penses être meilleure que les autres. Mais à force de partager la scène avec Sacha, t'as séduit le public, t'as des clients réguliers, des gens qui viennent juste pour toi. Comme certains viennent pour le cracheur de feu ou l'illusionniste, certains viennent que pour toi. Il le fera pas. Tu le sais. Au fond, il est seulement mal baisé. Son mec ne lui fait plus autant de bien qu'avant, il relâche la pression sur toi, sur ton état qui lui rappelle surement ce à quoi il pourrait ressembler s'il se faisait larguer, lui aussi. Puis tu repenses à Sacha. Et merde. Pas encore. T'as un haut le coeur, la tête qui tourne, besoin de nicotine à nouveau, tes mains tremblent jusqu'à ce que tu reposes la cigarette entre tes lèvres, juste avant de lui balancer, à Eve, que tout aurait pu attendre demain, à la répet'. Mais elle aime regarder le show, qu'elle te lance. Et elle a le coeur solide, le corps en forme. Tu souris. T'as raison, y'a du talent ici. Tu parles pas pour toi. T'as plutôt tendance à croire que t'es une impostrice. Encore plus depuis que tu ne représentes plus avec Sacha. T'étais une voleuse de poste, avant, quand t'étais son assistante, la vulgaire remplaçante de Pia. Et, maintenant, t'es douée dans ce que tu fais, oui, tu l'as toujours été. Mais t'as pas assez d'amour propre pour dire, à voix haute, que le talent du cabaret, c'est toi. C'est prétentieux. Et si y'a bien une chose que t'es pas, malgré toute la pile de défauts que t'as, c'est bien la prétention. Il était plutôt nul ce soir, avoues-tu comme si tu parlais à une copine de longue date. J'suis pas bien là, j'fume comme une cheminée, j'bois comme un puit sans fond. Tu ries nerveusement, prenant ta tête entre tes mains. Faut vraiment que je me ressaisisse. Et tu la secoues, cette tête que tes mains serrent, les paumes contre ton front. Et j'sais pas pourquoi j'te dis tout ça. T'en as rien à chier, lâches-tu en laissant tes bras balancer le long de ton corps, la cigarette toujours entre tes doigts de la main droite. Et elle vient se fracasser dans le verre de gin qui te sert de cendrier improvisé, elle brûle jusqu'à s'éteindre. Viens, demandes-tu en tendant les bras, tu me le montres, ce haut. J'voudrais pas te tenir éveillée plus longtemps. Et tu observes le morceau de tissu bleu nuit, des paillettes qui recouvre le corset que tu lui as dessiné sur le bout d'une serviette de table comme la vision d'un rêve que t'avais eu pour le prochain numéro. Et elle, de ses mains de fée, elle l'a mis en vie. Un sourire se loge sur tes lèvres, entre les taches de rousseur que même le fond de teint n'arrive pas à camoufler alors que tu enfiles le corset, retirant ton soutien-gorge devant la costumière, sans gêne, sans honte. Tu te tournes dos à Eve, demandant silencieusement de l'aide pour lasser la pièce qu'elle a créée quand elle te dit avoir un truc à te dire. Balance. T'as pas toute la nuit. Maintenant que la lucidité te reprend, t'as surtout envie de retourner te salouer pour oublier. Et peut-être tomber endormis dans le lit de quelqu'un d'autre que toi, qui sait. T'façon, Sacha, il s'en empêche pas, hein.
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Sujet: Re: collecting pictures from the flood that wrecked our home ▽ brooke Lun 27 Jan 2020 - 2:19
La voix de Brooke lui parvenait, un peu dépitée, un peu brisée, même. Et la jeune couturière commençait à se faire une idée de l'ambiance qui régnait dans la pièce, et dans la tête de la rousse. Visiblement, elle aurait pas pu choisir pire moment pour se décider à dire ce pourquoi elle était venue à Bowen, la raison pour laquelle elle s'était faite engager au cabaret Delirium. Parce qu'elle n'avait pas énormément d'autres raisons que Brooke. À part s'éloigner de sa mère. De leur mère. Sauf qu'elle aurait pu aller n'importe où, partout ailleurs plutôt qu'ici. Mais non, elle était venue ici pour dire ces mots à la belle artiste. Belle artiste qui semblait s'enfoncer dans des abîmes de noirceur et d'alcool. Le sang battait à tout rompre aux tempes de la blonde, à la peau tachetée elle aussi, mais moins que celle de la rouquine. Elle ne savait pas quoi répondre à la jeune femme, elle n'osait pas, en vérité. Elle ne connaissait quasiment rien d'elle et elle était intimidée, encore plus devant son état d'esprit qui n'augurait rien de bon. La pression avait pris possession de son corps et Eve se disait de plus en plus que c'était une mauvaise idée. Elle n'aurait jamais dû venir ici, elle n'aurait jamais dû venir à Bowen. Tout ça pour retrouver le seul semblant de famille qu'elle pouvait espérer avoir. Au final, c'était purement égoïste, de venir imposer cette vérité à Brooke. Elle n'avait pas besoin de ça en plus, ça se voyait clairement, derrière ses paroles cyniques et son attitude blasée, ou dépitée, plutôt un mélange des deux. La blondinette restait plantée là, à attendre elle ne savait trop quoi. Elle n'arrivait même pas à sortir un son, alors c'était pas gagné. Qu'est-ce qu'elle devait avoir l'air gourde, quand même. Heureusement, l'artiste aérienne faisait une partie de la conversation toute seule, ce qui pourtant finit par mettre Eve encore plus mal à l'aise. Elle se sentait gênée de s'introduire ainsi dans l'intimité de la rouquine. « C'est faux. » lâcha doucement la jeune fille, d'une voix mal assurée, quand Brooke dit qu'elle devait en avoir rien à foutre. Non, elle ne s'en fichait pas. Mais si seulement elle savait pourquoi. Et d'ailleurs, elle ne tarderait pas à le savoir, sauf si la jeunette se dégonflait encore une fois. « Mais je veux pas t'ennuyer. » ajouta-t-elle rapidement, tentant encore une fois de se défiler. Non, c'était trop tard. Elle était là, devant elle, enfin plutôt derrière elle, dans sa loge, et cette fois elle irait jusqu'au bout. Même si son cœur battait la chamade et qu'elle avait les mains moites. Elle allait finir par défaillir. Finalement, Brooke demanda qu'elle lui montre le haut, et la jeune fille s'avança de quelques pas. Ah ouais, elle l'avait presque oublié, ce haut, ce fichu prétexte pour venir la voir. Eve présenta le vêtement, le tendant devant elle pour que la jeune femme puisse le regarder sous toutes les coutures et le prendre. Ce qu'elle fit, l'enfilant après avoir ôté son soutien-gorge, et Eve baissa les yeux, rougissant un peu, gênée. Elle avait pas envie de laisser croire qu'elle la matait. Même si putain, elle avait un corps de rêve, Eve en aurait été jalouse. Elle l'aida à nouer le corset, laçant le dos, prenant une grande inspiration avant de se jeter à l'eau. Très honnêtement, elle avait prié intérieurement, de toutes ses forces, pour que Brooke réponde qu'elle avait mieux à faire pour l'instant. Mais non. C'était le moment de vérité. Le moment où la blonde allait lui balancer cette bombe à la figure, sans prévenir. Eve avait réfléchi des centaines de fois aux mots qu'elle allait utiliser, à comment lui annoncer en douceur, sauf que y avait pas de bonne manière. Et là, tout de suite, elle était tellement stressée que ses mains tremblaient et que son cerveau mélangeait tout, elle ne savait plus par où commencer. Elle termina de lacer le corset, se reculant d'un pas, croisant le regard de la belle rouquine dans le miroir. « Je... Je connais ta mère. » commença-t-elle, la gorge nouée. Ouais, moyen comme entrée en matière, mais c'était ce qui lui était venu sur le coup. « Parce que c'est la mienne aussi. »
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Sujet: Re: collecting pictures from the flood that wrecked our home ▽ brooke Mer 4 Mar 2020 - 1:20
C'était pas de la faute d'Eve, ça n'avait rien à voir avec elle. C'était juste le mauvais moment, la mauvaise personne à arriver dans ta loge. Des semaines plus tôt, tu l'aurais sans doute accueilli avec un peu plus d'empathie. Ou pas, finalement, t'es pas vraiment la plus sympathique du cabaret. T'es même l'une des pires. C'est que t'as mauvais caractère et mis à part Sacha t'as laissé personne de tes collègues percer qui t'étais réellement. Peut-être que dans une autre vie, dans une vie où t'aurais pas été brisé par l'enfance que t'as eue, t'aurais eu plus d'amis, que t'aurais été moins infecte avec tes collègues. La blonde reste silencieuse face à toi, elle te semble presque intimidée. Tu soupires, merde t'as une coincée, une sainte-ni-touche devant les yeux, une qui veut pas dire ses opinons, qui ose pas se mouiller de peur de déranger. Ça te fait presque chier qu'elle soit si douce, si fragile, parce que tu te sens maintenant mal de lui parler comme de la merde. Eh merde, tu recommences à avoir un coeur, ça c'est signe que plus rien ne fait effet, ni l'alcool ni les drogues, il t'en faut plus, genre là, maintenant. Plus de tout ça pour engourdir tes sentiments. Et finalement tu l'entends prononcer un timide c'est faux qui te décroche un sourcilement. Elle dit que tu veux pas l'entendre, parce que ça serait te déranger, tu ris en secouant la tête. Arrête, fais pas comme si t'avais pas des choses à dire, t'empresses-tu de répondre. Vas-y, parle, presses-tu. T's envie de la secouer tellement elle est frêle et fragile dans sa coquille de protection qui tend à la garder en un seul morceau. T'as envie de lui dire, chérie, la vie c'est pas comme ça, faut se briser pour avancer. Puis, elle finit par avouer la réelle raison de sa venue, elle a un truc à te dire. Tu l'oppresses, encore, parce que t'as l'impression que sinon elle ne saura jamais comment accoucher ce qu'elle a à te dire. Tu te tournes vers le miroir, là où tu observes la pièce de costume qu'elle t'a aidé à enfiler, tu regardes chaque détail en attendant qu'elle daigne parler. Et quand elle prononce mère, tu t'arrêtes de bouger. T'es pas certaine de bien avoir entendu, pas certaine de tout avoir compris. Mère, ta mère ? Putain, ta mère, elle est morte à tes yeux, de quoi elle peut parler. Et y'a ce tueur à gages qui te vient en tête, celui que ta mère avait engagé pour te retrouver et te tuer, parce qu'elle était trop obsédée par toi, raison de son échec de vie personnel. C'est impossible, craches-tu en t'assoyant dans ta chaise, cherchant une nouvelle clope à allumer, t'as besoin de fumer, merde, t'as besoin de faire passer ça. J'ai pas de mère, c'est impossible. J'viens de l'enfer, moi, j'ai pas de parents, grimaces-tu. Tu te trompes, j'suis pas la fille que tu cherches. Parce que sinon elle voudra parler famille et liens et toi t'en veux pas du tout de tout ça. T'as dit tes conneries, maintenant casse-toi.
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Sujet: Re: collecting pictures from the flood that wrecked our home ▽ brooke Mar 17 Mar 2020 - 2:17
Pour le coup, elle se sentait aussi vulnérable qu’un chaton. Et après les paroles de Brooke, aussi vulnérable qu’un chaton qui venait de se prendre un seau d’eau glacée dans la tronche. La blonde tressaillit, sous le poids des mots cassants de son interlocutrice. Comme une réponse fatale et sans appel. Le doute s’insinua aussi en elle, si ça se trouve, la rouquine s’était trompée de personne. Non, impossible. À moins que sa mère n’ait menti. Mais la réaction de sa demi-sœur évoquait tout le ressentiment et l’amertume dirigés vers leur génitrice, raison de plus de croire qu’elle s’adressait à la bonne personne. Si elles avaient en effet la même mère, rien d’étonnant à ce que la jeune femme prenne la nouvelle aussi mal, à ce qu’elle réagisse de façon aussi revêche. Eve ne savait pas trop sur quel pied danser, et les mots de la rousse la touchaient en plein cœur. Elle n’aurait sans doute pas dû le prendre pour elle, mais toute la nervosité engrangée par ce fardeau qu’elle portait avec elle depuis longtemps et dont elle se délivrait enfin, combinée à sa sensibilité naturelle, parvenaient à miner tout le courage qu’elle avait rassemblé ce soir. La gorge serrée, d’une part à cause du stress, d’autre part à cause du profond sentiment de rejet qu’elle ressentait en cet instant, la jeune fille effectua un pas en arrière, chancelante. Elle était blessée. Déçue. Et en même temps, elle se fustigeait mentalement d’avoir espéré, quelque part, une autre réaction de la part de Brooke. Elle s’était attendue à se prendre ces paroles à la figure, à vrai dire, elle avait même imaginé bien pire. Mais les attentes ne sont pas aussi intenses que lorsqu’elles se réalisent concrètement. Bien que préparée, Eve se prenait ce rejet en pleine figure et pouvait sentir la boule grandir dans sa gorge, retenant des sanglots pitoyables. Reculant vers la porte, elle s’exhorta à retrouver un semblant d’aplomb, pour être capable de répondre quelque chose. « Je… J’y ai pas cru non plus quand je l’ai appris, quand elle me l’a dit… » commença la couturière, tentant maladroitement de rattraper les choses, de faire entendre à la jeune femme ce qu’elle avait à dire avec le plus de tact possible. Mais la nervosité et son incapacité à gérer l’émotion rendaient ses mots bien pâles. « Je t’assure que c’est vrai, je t’ai cherché pendant longtemps, tout correspond, je suis partie de chez elle, je suis venue ici pour te retrouver, je sais que c’est dur à digérer, ça l’a été pour moi aussi… » La blondinette se tut, après avoir balbutié tous les mots qui lui venaient à l’esprit pour essayer de convaincre la rouquine et apaiser sa réaction. Eve, tais-toi et sors d’ici, comme elle te l’a demandé, t’es juste en train d’envenimer les choses, c’était une mauvaise idée. Elle était incapable de franchir cette porte, pourtant. Parce que si elle le faisait, elle n’oserait plus foutre les pieds ici et perdait toute la raison de sa présence à Bowen. Elle se sentait incapable de remettre son existence en question. Elle ne voulait pas concevoir que cette demi-sœur qu’elle avait cherché pendant si longtemps la foutait dehors, sans la croire, et ne voulait pas entendre parler d’elle. À sa place, elle aurait sans doute réagi de la même façon, en moins violent. Elle aussi avait été abasourdie quand sa mère lui avait lâché cette information. Mais à cette seconde, elle ne voulait pas le voir, elle ne pouvait pas, ressentant juste la peine de ce rejet, comme une lame brûlante dans sa poitrine.
Dernière édition par Eve Buckley le Ven 3 Avr 2020 - 4:21, édité 1 fois
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Sujet: Re: collecting pictures from the flood that wrecked our home ▽ brooke Lun 23 Mar 2020 - 6:56
C'était pas Eve. Ça aurait été n'importe qui que la réaction aurait été la même. C'était d'entendre parler de sa putain de mère. Celle qui était la raison de bien des maux chez toi. Celle qui t'avait détraqué. À cause d'elle, t'étais la version la plus écoeurante de toi que tu pouvais être. T'avais pas confiance en l'amour, aux sentiments, t'étais persuadée que c'est de la bullshit, quelque d'inventer pour vendre des roses et du chocolat à la Saint-Valentin. Son abandon, ça t'a rendu amer, aigri. Folle, même si tu ne laisses personne le dire. Toi, tu le penses. T'es détraquée, t'es complètement barge. Et tout ça, c'est de sa putain de faute. Alors, ouais, quand Eve te dit qu'elle est l'oeuvre de ta mère, qu'elle a frappé une seconde fois, y'a pas des mots gentils qui sortent de ta bouche à son égard. C'est comme si t'avais son portrait en face de toi. Sauf que ton cerveau, il a tout fait pour bloquer son image. Alors, t'arrives pas à dire si elle lui ressemble. Tout ce dont tu te souviens, c'est de l'appartement, l'état dans lequel ils t'on trouvé quand la police y est entrée et l'odeur de son parfum, un mélange d'alcool et de tabac de mauvaise qualité. Et alors que tu lui as demandé de se casser, elle s'obstine à rester. Elle était pourtant plus fragile avant de laisser sortir son secret, avant de te dire qu'elle sortait du même vagin que toi. C'est comme si de parler de ta mère, ça avait rendu Eve plus courageuse. Elle s'impose, dit qu'elle aussi elle a eu du mal à y croire. Tu roules les yeux vers le ciel. « Y'a une femme qui cherche à te faire du mal, faut pas croire tout ce que les gens disent », te défends-tu en riant sarcastiquement. Mais Eve tient son point, affirme avec certitude que tout fonctionne. « Qu'est-qu'elle t'envoie chercher ? Du fric ? De la came ? J'ai rien de tout ça, j'suis fucking broke. » C'est vrai, t'as rien. Y'a la rage qui grimpe, qui menace de tout faire éclater. « Elle en avait pas assez d'engager un tueur à gages pour me tuer, faut qu'elle envoie une putain de fausse demi-soeur pour m'anéantir ? », demandes-tu à haute voix en te levant et en faisant les quatre-cents pas dans la loge. « J'sais pas à quoi tu t'attends, Eve. Mais t'aurais rien de plus de moi... »
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Sujet: Re: collecting pictures from the flood that wrecked our home ▽ brooke Mer 15 Avr 2020 - 2:59
Les paroles de Brooke lui firent l’effet d’une gifle. Soudainement, elle en vint à douter. Et si elle avait raison ? Sa mère n’était pas ce qu’il y avait de plus sain d’esprit, c’était une folle furieuse manipulatrice qui n’en avait que faire du chaos qu’elle semait autour d’elle. La jeune blonde avait dû subir le tempérament versatile et méprisable de sa génitrice durant des années, et c’était à se demander comment elle y avait survécu, à vivre dans un environnement social si toxique. Mais la jeunette était plus solide qu’elle n’y paraissait, disposant d’une résilience plutôt remarquable. C’était simplement pas ce qu’on pouvait déceler chez elle, en posant les yeux sur sa mine défaite et ses mains dont elle ne savait que faire, les tordant entre ses doigts, le regard baissé et les jambes tremblantes. Non, c’était trop gros, sa mère était peut-être une personne malsaine et dont l’éducation laissait à désirer, mais il était impossible qu’elle ait inventé Brooke. Il avait fallu quelques secondes à Eve pour reprendre ses esprits et remettre les choses à leur place dans son esprit. Comment aurait-elle pu inventer une personne qui se tenait là, devant elle ? Une rouquine du nom de Brooke qui habitait Bowen, avait vingt-huit ans et travaillait au cabaret. La coïncidence était tout bonnement impossible, et ce fut ce qui permis à la couturière de tenir bon face au regard flamboyant de l’artiste. Mais la jeune fille n’était pas au bout de ses peines, Brooke n’avait pas terminé et sa jeune sœur avait du mal à suivre ce qu’elle disait, décontenancée. Un tueur à gages ? L’envoyer chercher du fric ? Eve secoua la tête, une boule dans la gorge, incapable de sortir un son pour le moment. « Non pas du tout, je suis partie de chez moi, elle ne m’a rien envoyé chercher du tout, je te le jure. » protesta la blondinette en fronçant légèrement les sourcils, consciente du manque de poids de sa défense. En mettant les pieds dans cette ville, en décidant d’aller rejoindre cette demi-sœur dont elle n’avait appris l’existence que quelques années auparavant, la jeune fille avait foncé tête baissée, elle s’en rendait compte maintenant. Qu’est-ce qu’elle espérait, au juste ? Tomber dans les bras de son aînée, une femme qu’elle ne connaissait absolument pas, qu’elle voyait pour la première fois et qui avait pour sûr une tonne d’assurance et de jugeote en plus qu’elle ? Eve sursauta quand la jolie rousse se leva pour commencer à arpenter nerveusement la pièce. Sa dernière phrase tomba comme une sentence, qu’elle reçut comme on reçoit un poing dans l’estomac. Sous l’impact, la blonde recula instinctivement de quelques pas vers la porte. Elle pouvait sentir les larmes picoter le bord de ses paupières et sa gorge nouée se faire de plus en plus douloureuse. « Je… Je voulais juste te rejoindre, te connaître… T’es la seule famille qu’il pourrait me rester. » souffla la jeune femme d’une voix empreinte de tristesse, sa peine vibrant à travers la pièce, exposant toute la vulnérabilité de son être. C’était idiot, et elle détestait ne pas pouvoir faire preuve de plus d’aplomb. Mais elle était ainsi faite. Si Brooke ne voulait pas entendre parler d’elle, elle ne pouvait rien y faire de plus, c’était pas elle qui était en manque de liens profonds, Eve n’avait d’autre choix que d’accepter ça.
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Sujet: Re: collecting pictures from the flood that wrecked our home ▽ brooke Lun 4 Mai 2020 - 4:48
Elle est sans doute paumée, y'avait aucune autre raison possible. Paumée sans fric pour sa putain de drogue ou pour son loyer, peut-être même en cavale, comme quand elle t'avait abandonné. Elle a rien trouvé de plus original qu'une fausse soeur pour te voler et te déstabiliser au passage. Parce que le tueur à gages, c'était pas suffisant, parce que t'en étais sortie vivante et qu'il fallait à présent t'achever d'une façon ou d'une autre. Ton esprit divague vers ce jour qui reste ancré dans ta mémoire, sans même que tu le veuilles, ce jour où elle est partie, qu'elle t'as laissé toute seule au beau milieu de l'appartement bordélique, tes grands yeux bleus qui la cherchaient, tes boucles rousses déjà de l'intensité du feu qui tombait sur le haut de tes épaules. T'étais sale, complètement crasse, elle t'avait sans doute pas lavé depuis des jours, la couche pleine, les fesses qui te démangeaient. C'est comme ça que t'as commencé ta vie. Et chaque fois qu'on parle d'elle, que ce soit quand on te pose des questions sans savoir ton passé ou que délibérément on tente de ramener le sujet des blessures de ton enfance, t'as cette image de toi qui te dégoute. T'as pas envie de te souvenir de ça, chaque fois que tu penses à ton passé. Alors, c'est ton avenir que tu préfères projeter. Eve proteste, jure qu'elle est rien venue chercher, sauf toi, sauf apprendre à te connaître. « Maintenant tu me connais », souffles-tu dans la panique. « J'suis pas faite pour toi, Eve. » Ton ton est maintenant plus calme, moins sec, moins strident. « J'suis pas la soeur que tu attends. J'suis très certainement la plus chiante du cabaret. » Sa réputation parlait pour elle, les autres en avaient peur par moment, parce qu'elle ne mâchait pas ses mots, parce que tu ne passais pas par miles chemins pour dire ce que tu avais derrière la tête. « J'pourrai jamais te promettre de faire tes ongles et de parler mecs, de te donner des bons conseils. Anyway, j'sais même pas ce que le mot famille veut dire. J'ferais juste t'apporter du mal. » Tu fais comme tu fais toujours, à présent, tu t'enfouis sous cette carapace qui te fait repousser toutes personnes qui tentent d'entrer dans ta vie et qui pourraient être une menace de tout briser sur leur chemin. Tu soupires. T'as envie de la faire fuir, mais, là, à l'instant, y'a aussi un peu de curiosité qui s'installe.
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Sujet: Re: collecting pictures from the flood that wrecked our home ▽ brooke Sam 9 Mai 2020 - 0:41
Si le ton radouci de Brooke apaisait un peu sa nervosité, ses propos n’étaient néanmoins pas plus engageants. Bordel, elle allait quand même pas fondre en larmes comme une pauvre cruche devant cette femme à l’assurance apparemment inébranlable. Sa force de caractère émanait d’elle, on ne pouvait que la percevoir, allant de pair avec ses cheveux flamboyants. Eve laissa échapper un petit rire nerveux, à travers ses yeux humides, quand Brooke dit être la plus chiante du cabaret. Elle n’aurait jamais osé la qualifier ainsi. Et de toute façon, elle se fichait bien de comment était l’artiste, ce qu’elle voulait, c’était son affection, sa protection, avoir l’impression d’appartenir à une famille. Elle voulait une chance d’avoir un lien de confiance avec quelqu’un, pour une fois dans sa vie. Mais la jeune femme ne semblait pas le voir de cet œil. « De toute façon j’ai jamais d’histoire de mecs. » souffla Eve en essayant d’alléger l’atmosphère, avant de se foutre une gifle mentale. Seriously, meuf ? Dans cette situation, au vu de ce qu’elle te dit, c’est la seule réponse qui te vient à l’esprit ? Mais t’es vraiment un cas désespéré, ma pauvre. « Désolée. » s’empressa-t-elle d’ajouter en secouant la tête, contemplant ses pieds un instant avec l’envie de disparaître. Elle releva timidement les yeux, pour affronter le rejet de Brooke. Qu’est-ce qu’elle pouvait bien dire ? Si elle ne voulait pas la connaître, Eve ne serait pas celle qui l’y forcerait. Tout ce qu’elle pouvait faire c’était opiner de la tête et accepter la défaite. Accepter sa propre connerie, en fait, parce que de nouveau, elle s’était fait beaucoup trop de films dans sa tête et avait été assez bête pour penser qu’ils se réaliseraient. « Tu sais… Moi non plus, je sais pas ce que le mot famille veut dire. » souffla-t-elle à mi-voix, comme une dernière tentative pour que la rouquine change d’avis, comme si c’est argument pouvait peut-être changer quelque chose à la vision que son aînée avait d’elle. « J’ai pas de très grandes attentes, vu ce que j’ai connu jusqu’ici, alors même si t’es une mauvaise sœur, je verrai jamais la différence. » ajouta la blonde, tentant à nouveau une sorte de plaisanterie, ou quelque chose du genre. Pour le coup, même elle, elle s’impressionnait, à avoir le cran d’articuler encore quelque chose de plus ou moins valable.
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Sujet: Re: collecting pictures from the flood that wrecked our home ▽ brooke Mer 13 Mai 2020 - 23:09
C'est tout le contraire. Toi, on te voit comme la femme de feu, la femme de caractère, celle qui ne laisse rien l'ébranler, qui garde ses deux pieds bien ancrés au sol, mais au fond, c'est une carapace, un moyen de te protéger de toute la merde qui pourrait venir te détruire. C'est qu'à force de vivre des abandons, le premier par ta mère, mais les suivants par toutes ces familles d'accueil dans lesquelles tu as atterri avant qu'on te place jusqu'à ta majorité t'as comme forgé des couches et des couches de cornes au-dessus de ton coeur t'empêchant à nouveau d'être blessée. Mais si tu pleures pas devant les gens et que tu fais la meuf, quand la porte de ta caravane est fermée et que y'a personne autour, ça t'arrive de chialer, d'être tellement étouffée dans tes sanglots que t'as l'impression de plus pouvoir respirer. Alors tu joues à la caïd quand t'es en public, à la trop sûre de toi, parce que c'est plus facile de montrer cette facette que celle qui menace de se briser. Quand t'es tombé sur ce tueur à gages, en octobre passé, que t'as cru que t'as vie allait s'éteindre à cause de cette putain de mère que t'aurais préféré ne jamais avoir, t'étais fondue en larmes après t'être assuré que Sacha, t'étais encore avec lui à l'époque, dormait à poings fermés, achevé par ses cachets. Et pas devant lui, hein, parce que t'avais peur que si une personne voyait ta vulnérabilité, voyait que t'étais pas aussi forte que tu le laissais entendre, que tu voulais le laisser paraitre, qu'on allait moins t'aimer, mon t'admirer, moins te désirer. Et à force de vivre des abandons, le regard des autres sur toi était la plus belle chose que tu pouvais expérimente, partout où t'allais tu t'assurais qu'on te remarque, que tu brilles, pas pour rien que t'as choisi le monde du spectacle. Ta voix s'adoucit, tu sens la blonde fragile, au bord de se fendre en deux, t'es allée fort, tu le sais, un jour peut-être qu'elle comprendra pourquoi, si tu te décides à la laisser entrer dans ta vie. Mais même si tu ne hurles pas, t'es paroles, elles, ne sont pas si ouvertes que ton ton, t'as encore de la méfiance dans tes mots et, surtout, t'espères la faire fuir, faire en sorte de te dépeindre comme la pire des soeurs possibles comme toi t'as jamais su ce que ce mot voulait dire. Mais de tout ce que tu lui dis, ce que la blonde retient c'est les conseils sur les mecs. Tu hausses un sourcil et quand elle s'empresse de s'excuser, tu esquisses un faible sourire, on peut même entendre un petit rire s'échapper d'entre tes lèvres. Premier sourire de leur échange, Eve avait marqué un point, elle semblait adorable, même si t'oserais jamais le dire. Et elle essuyait le rejet que tu lui lançais en s'expliquant davantage, précisant qu'elle ne connaissait pas plus la définition de famille que toi. À ce moment, t'as perdu ton sourire, tu soupires en secouant la tête. « Elle t'a gardé, toi. » Ça aurait pu sonner comme une attaque, mais c'est plus un signal de détresse. C'est peut-être aussi une partie de ce qui te bloque avec elle, parce qu'elle, votre mère l'a gardé. Tu sais pas si sa vie était mieux que la tienne, clairement t'as jamais vécu ce que elle a vu, mais être trimbalée dans tous les coins de la ville à la recherche d'une famille qui ne voudra pas t'abandonner parce que t'arrivais pas à faire confiance aux étrangers, normal après avoir été abandonné à trois ans, c'était pas la joie. « Tu sais ce que tu veux, en tout cas », ajoutas-tu, une lueur d'espoir dans ton regard. « Ils sont pas nombreux, ceux qui osent me tenir tête », finis-tu par lui avouer, « j'dois dire que j'aime ça. »
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Sujet: Re: collecting pictures from the flood that wrecked our home ▽ brooke Mar 19 Mai 2020 - 18:53
Un tressaillement sur son visage, quand sa demi-sœur rétorqua qu’elle, elle n’avait pas été abandonnée. C’était vrai, et même si elle ne savait pas pourquoi, elle n’avait rien à répondre à ça. Peu importe ce qu’elle avait vécu, Eve ne pouvait décemment pas prétendre que c’était pire que ce que Brooke avait dû subir comme rejet. La blonde aurait aimé dire qu’elle aurait préféré se faire abandonner par leur mère, elle aussi, plutôt que de grandir dans cet environnement toxique et destructeur, mais elle se mordit la lèvre rien qu’à cette pensée. C’était dégueulasse de croire ça. Son enfance n’avait pas été des plus joyeuses, mais elle avait été logée et nourrie, elle avait eu un semblant de figure maternelle. Figure loin de la perfection, pas ce qu’on faisait de mieux dans le genre maman, rien de l’image protectrice et encourageante qu’avait normalement une mère. Mais elle avait eu quelqu’un, néanmoins. Et si ça ne l’avait pas aidé à prendre confiance en elle, à se sentir bien dans sa peau, et à engager des relations sociales normales, sans avoir la boule au ventre, elle en avait au moins retiré de la force et de la résilience, peut-être même une forme de courage. Son indépendance était née de cet environnement, elle avait appris à se débrouiller seule et à voler de ses propres ailes parce qu’elle n’avait pas eu le choix. Et si sa génitrice lui avait fait d’innombrables sales coups et ne l’avait pas forcément protégée, ni spécialement aimée, au moins, elle avait été présente. On ne pouvait pas en dire autant de son comportement avec Brooke. La jeunette ne se serait pas donc permis la moindre plainte quant à son expérience personnelle avec leur mère. Elle se contenta d’un hochement de tête malaisé, le regard baissé sur le sol. « Je ne sais pas pourquoi. » souffla-t-elle simplement, gênée. C’était tout ce qu’elle pouvait dire : elle ne savait pas pourquoi, effectivement, leur génitrice commune avait abandonné son aînée et l’avait gardée elle. Pas par amour parental, en tout cas. Pas pour tenter de faire mieux avec la deuxième. Ou peut-être que si, au final, qui était-elle pour savoir ce qui se déroulait dans la tête de leur droguée de mère dérangée et paumée ? Un sourire se dessina vaguement sur les lèvres de la rouquine, ce qui eut le don de rassurer un peu Eve, mais peut-être l’avait-elle imaginé. Elle fut encore plus surprise quand sa sœur reprit la parole, prononçant ce qu’elle prenait comme un compliment. Parce que c’était pas tous les jours qu’on disait à Eve qu’elle avait du cran. On ne lui disait même jamais. Ses arguments étaient ici plus un geste désespéré qu’une preuve de courage, mais elle esquissa un minuscule sourire en coin. Si ça plaisait à Brooke, elle était comblée. Bon dieu, qu’est-ce qu’elle avait envie de plaire à son aînée. De la voir l’accepter, l’aimer comme une sœur. Et elle aurait même été très fière, de pouvoir dire qu’elle avait une sœur comme Brooke. « Alors… Tu n’es pas fâchée ? » Bon, ça par contre, c’était digne d’un enfant de huit ans, comme réaction. Ça envoyait pas du lourd. Mais par là, la blondinette voulait seulement s’assurer qu’il y avait peut-être une chance, une minuscule chance, que Brooke veuille bien lui reparler, et qu’elle ne la détestait pas. Elle voulait son approbation, et son affection, si un jour c’était possible. C’était tout ce qu’elle demandait. Timidement. Une bulle d’espoir dans son petit cœur mou et fragile.
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Sujet: Re: collecting pictures from the flood that wrecked our home ▽ brooke Jeu 21 Mai 2020 - 4:46
Tu sais pas vraiment ce que tu cherches en lui balançant cette phrase qui sonne comme de la jalousie. C'est peut-être ça, au fond, de la jalousie. Mais c'est quand même vraiment con de ressentir ce genre d'émotions à l'égard de cette figure maternelle manquée. Pourquoi être jalouse d'une gamine qui n'a pas demandé de naître dans les bras d'une timbrée comme votre mère ? Pourquoi être jalouse alors que toi, t'aurais pu avoir la meilleure vie de vous deux. C'est vrai, si ta vie est merdique, c'est parce que tu l'as choisi. T'avais toutes les cartes en main pour changer ton sort, pour l'améliorer, pour rendre ta vie cent fois mieux que présentement. Mais tu l'as pas fait. Tu t'es laissé te détruire. Y'a eu ces millions de familles d'accueil qui n'ont pas voulu de la petite fille abîmée que tu étais qui t'ont enlever tout ce qui te restait de confiance dans le corps. Les Fosters, ils étaient gentils, ils auraient pu t'amener loin, parce qu'eux ils avaient décidé de te garder malgré tes bobos. Mais c'est toi qui n'a pas voulu leur laisser de chance, bien assez désabusée par le système. Seulement, avec eux, t'aurais pu avoir une idée de ce que c'est, une famille. Une vraie. Alors, non, t'as tellement pas raison de ressentir ce manque d'elle, la paumée qui t'a mis au monde. Non, t'as rien à lui envier. Mais tu le fais quand même un peu, parce que c'est facile d'envier ce que t'as jamais pu vivre. Elle l'aimait sans doute plus que toi pour la garder. Ou alors elle avait envie de se rattraper d'une quelconque manière. « On ne le saura jamais », souffles-tu. T'es plus la même Brooke que tout à l'heure. Ton ton est calme, presque émotif. T'es transformée. Tu souris même quand elle te demande si t'es fâchée. « Non », lances-tu simplement. « J'étais surprise. » Un soupire s'échappe. « Écoute, je ne pense toujours pas être une bonne image d'une soeur.. Mais je dois t'accorder ton courage et te ténacité. Pour le reste, j'sais pas, j'sais pas ce que je peux te donner de plus. »
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Sujet: Re: collecting pictures from the flood that wrecked our home ▽ brooke Mar 7 Juil 2020 - 4:20
Les flammes dans les yeux de Brooke semblaient s’être apaisées, au grand soulagement de la costumière. Sa réponse calme arracha un pincement au cœur de la blondinette, gagnée par une sorte de malaise émotionnel en même temps qu’un sentiment de rapprochement avec son aînée. C’était con de se sentir comme ça, touchée par des paroles qui ne dépeignaient pourtant rien de joyeux, et d’avoir l’impression qu’un lien invisible s’était créé entre sa demi-sœur et elle durant une brève seconde. Mais Eve ne pouvait s’en empêcher. Ce sentiment de soulagement et de peine partagée, liée par un même passé déconstruit même si différent, se termina en un apaisement plus authentique lorsque la rouquine lui répondit qu’elle n’était pas en colère. Un demi-sourire étira les lèvres de la jeune fille, sans qu’elle ne puisse le réprimer. À nouveau, c’était bête, de s’emballer pour si peu, de sentir son cœur comme libéré d’un poids. Parce qu’il restait un long chemin à faire sur la route vers la famille qu’elle s’imaginait. Mais ce petit pas, ce minuscule pas, représentait pourtant beaucoup. Brooke n’était peut-être pas la grande sœur douce et réconfortante qu’elle s’imaginait, mais ses mots, bien que modérés, lui faisaient plaisir. C’était une femme de caractère, forte et indépendante, et elle n’avait certainement pas besoin d’une petite sœur collante dans les pattes. Alors venant d’elle, sous-entendre qu’elle ne rejetait pas totalement un potentiel lien, c’était déjà beaucoup. Eve se sentait tout à coup plus légère, comme si elle pouvait mieux respirer, sans cette appréhension qui lui nouait les entrailles. Elle avait compris le message, et l’image que la belle artiste avait d’elle-même. Elle ne voulait peut-être, au fond, pas risquer de lui apporter plus de mal que de bien. Elle ne se voyait pas comme pertinente dans le rêve familial de sa cadette. Mais la blonde ne lui demandait pas grand-chose. Ses grands yeux bleus reflétaient le besoin d’affection et de validation, mais la joie se lisait sur son visage rien qu’à l’idée d’avoir une sœur, quelle qu’elle soit. Elle voulait juste une image, un lien, quelque chose de fort, qui la raccrocherait à elle-même. Elle n’attendait rien de Brooke. Juste de pouvoir faire sa connaissance et lui parler. Pouvoir se dire des choses. Partager des choses, peut-être. Tout simplement. Et elle rougissait de plaisir devant les compliments de son aînée. On ne qualifiait généralement pas Eve de courageuse ou tenace. « Tu ne dois rien me donner. Je sais ce que je veux, et tout ce que je souhaite, c’est qu’on parle un peu, qu’on puisse… Peut-être faire connaissance, si tu le veux bien. Je t’assure que j’attends rien de toi… J’ai juste envie de te connaître. » tenta d’expliquer la jeunette dans le plus grand des calmes, tâchant de ne plus trébucher sur ses mots. Elle avait du mal à lui exprimer à quel point elle se moquait qu’elle soit une bonne ou mauvaise sœur, tant qu’elle voulait bien en être une. Elle voulait pouvoir s’asseoir avec elle parfois quelques minutes et discuter de choses, n’importe quoi. Elle voulait tenter de voir naître un sourire sur les lèvres de la rouquine quand elle la croiserait, comme si elle la considérait comme une personne proche, importante. Elle avait tout simplement peur d’être rejetée, de ne pas plaire, et elle l’aurait compris. « Je… Je veux pas t’embêter plus longtemps, non plus, je sais qu’il est tard. » lança timidement la jolie blonde en faisant automatiquement un pas vers la porte. Il n’était pas si tard que ça, mais pour l’horloge interne de bébé d’Eve, qui allait souvent dormir tôt, c’était le cas. Elle ne voulait surtout pas empiéter sur le temps libre de Brooke et l’importuner plus que nécessaire, même si elle était intérieurement bien trop enthousiaste après leur conversation qui finalement, ne s’était pas si mal passée. Peut-être que c’était suffisant pour ce soir et que l’artiste souhaitait qu’on la laisse tranquille, peut-être avait-elle d’autres choses de prévu. Dans tous les cas, sa cadette ne voulait pas l’importuner, une expression timide sur le visage.
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Sujet: Re: collecting pictures from the flood that wrecked our home ▽ brooke
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