the patterns that i choose and your pieces i can keep (severus)

J’ai passé la majeure partie de ma vie à Bowen – en excluant bien-sûr mes aventures outre-mer. La grosse pomme avait généré de beaux souvenirs, mais c’était à Bowen que j’avais capturé de nombreux moments. J’avais été avec mes parents ici, j’avais été une fillette ici puis une adolescente. Une adolescente un peu malhabile avec certains rebondissements de la vie, mais là, tout allait mieux. J’avais appris à accepter la vie comme elle venait. Peut-être était-ce les fêtes, mais ces temps-ci j’étais songeuse. Je pensais à ma jeunesse, à Lily-Anaëlle, à Nelligan, à Concho et surtout à Severus Hayes-King. Mais quel homme! Il me faisait baver comme personne alors que nous étions adolescents. Lui était en couple avec une autre femme et moi, je devais contenir mon filet de bave sous ses yeux. J’devais être invisible pour lui. Bref, je suis de sortie aujourd’hui avec Maxwell. Chose promise, chose due : Le Bowen Water Park Playground. Mon troizan me faisait promettre de l’y emmener très bientôt et ce très bientôt était aujourd’hui. Installée dans les eaux basses parmi l’une des canicules de l’année, je vois Maxwell s’aventurer vers deux enfants vers une section un peu plus profonde. Je ne bouge pas trop, jusqu’à ce que je reconnaisse dans ces enfants le regard de leur père. J’ai une micro seconde de panique parce que... clairement Severus Hayes-King, you know. Je me lève et je l’ai vu un peu plus loin. « Tu ne peux pas nier que ce sont tes enfants... » Quelle approche j’ai fait! J’angoisse un peu à ce qu’il peut me dire, mais bon sang Ally, tes notions de flirt sont passées où? On dirait qu’il me fait encore autant d’effet qu’à l’époque... Eh merde.

Après avoir entendu parler de ce parc aquatique durant des heures, sans interruptions ou presque, il a bien fallu que tu craques, à un moment donné. Tes enfants sont des petits malins, ils savent exactement comment agir pour te faire plier. Alors vous voilà, tous les trois, au Bowen Water Park Playground, prêts à tester toutes les attractions que le lieu a à offrir. Stagnant dans l'eau plus profonde, tu gardes un oeil sur tes enfants, sans réellement faire attention à ce qui vous entoure. Un sourire se dessine sur tes lèvres en voyant un enfant s'approcher, sûrement pour jouer avec ton fils et fille. Les enfants sont tellement plus entreprenants et naturels que vous autres, adultes, que c'est plutôt plaisant à voir. Mais à peine as-tu pensé ces mots qu'une voix s'élève non loin de toi et t'interpelle. Tu te tournes vers la jeune femme, une rousse que tu reconnais malgré qu'il te faille quelques secondes pour remettre un nom sur ce visage. « Ally. » Dis-tu avec un large sourire. Tu tournes la tête vers tes enfants avec un regard de fierté, hochant doucement la tête. « Il paraît oui. Qu'est-ce qui m'a trahi ? » Demandes-tu afin de savoir quel trait précisément fait partie de leur héritage. « Ça fait un bail et surtout, tu as changé, mais j'suis content de te voir. Comment tu vas ? » Ajoutes-tu en prenant appui contre le mur de la piscine, passant des yeux hypnotisants d'Ally à tes enfants qui jouent un peu plus loin sans se soucier de vous.

J’ai jamais eu de la facilité à me faire des amis, j’me suis toujours greffée à un groupe ou à une personne... Fallait voir, y’avait Concho, Lily-A et moi lorsqu’on était plus jeunes puis maintenant, il n’en restait que 2 du fameux trio. J’étais scotchée sur Lily-A qui était ma meilleure amie... Puis les temps changent, les gens s’éloignent. J’ai plus personne que j’avais connu à l’âge des couches et quelque part, ça me rassurait que mon fils s’intègre aussi facilement partout où il allait. Il était adorable, Maxwell. De mon côté, je retrouvais l’homme qui me faisait craquer à l’époque du secondaire, du high school et putain que j’en ai bavé sur cet homme... S’il s’en était pas rendu compte, ça relevait du miracle. Après tout, il n’y avait pas beaucoup de rousses à l’école où nous allions qui l’observait trop longtemps – en dehors de moi, bien évidemment. L’homme me fait sourire en me demandant ce qui l’avait trahi. « Le teint parfait, les yeux aussi. Peut-être le sourire de ta plus jeune... Et l’accueil envers mon fils. » Je n’avais rien laissé au hasard. Je m’abaisse dans l’eau pour baisser ma température corporelle, c’est l’été et il fait chaud. L’homme m’accueillait comme si on s’était vus la veille et j’esquissais un sourire en entendant ses mots. Je m’appuie également contre le mur pour poursuivre la conversation ainsi que jeter un œil sur nos chérubins. « On vieillit tous, le changement vient avec. » Riais-je doucement. « Ça va. Et toi, la vie? » Questionnais-je de plus belle, plus préoccupée par lui que par moi-même, comme ça l’avait toujours été. Plus ça change, plus c'est pareil. J’avais entendu dire qu’il avait fait l’armée, mais les nouvelles étaient incomplètes.

Dire que tu n'as jamais remarqué les regards insistants d'Ally, par le passé, serait mentir mais tu prenais plutôt ça pour de l'admiration liée à votre différence d'âge. Pas vraiment pour de l'amour, en tout cas. En apprenant que la rousse a un fils, tu tournes la tête vers tes enfants et regardes le petit garçon qui les accompagne. Tout prend son sens maintenant, c'est vrai qu'il y a un air de ressemblance. « On dit souvent que Lũna est le portrait craché de sa mère alors je suis heureux d'apprendre qu'elle a au moins mon sourire. » Réponds-tu avec une certaine fierté dans le regard. « Mais ton fils te ressemble, lui aussi. Il a quel âge ? » Demandes-tu même si, vu d'ici, tu parviens à estimer plus ou moins l'âge qu'il pourrait avoir. Ton rire se joint à celui d'Ally lorsqu'elle souligne que tout le monde vieillit. En effet, tu es le premier à en avoir conscience avec la quarantaine qui approche. Mais ce n'est pas quelque chose qui t'effraie. « Ça va. Je ne suis de retour à Bowen que depuis pratiquement deux ans. J'suis étonné qu'on ne se soit pas croisé avant, d'ailleurs. » Dis-tu sans savoir que le retour d'Ally est plutôt récent. « Et j'dois avouer que la vie défile avec ces petits monstres à mes côtés. » Ajoutes-tu en riant.

J’étais aussi subtile qu’un éléphant dans un musée de porcelaine...Règle générale, je savais ce que je voulais et je faisais en sorte pour l’avoir. Toutefois, l’idée de briser des couples était bien loin de moi à l’époque – et même encore aujourd’hui. La vie était déjà tellement trop compliquée pour qu’on en rajoute. L’homme m’apprend que sa fille était le portrait craché de sa mère et j’esquissais un sourire. « C’est la moindre des choses quand on l’a portée neuf mois. » Je lui adressais un clin d’œil un peu moqueur. C’était insultant lorsqu’il ne ressemblait qu’au partenaire, même si en fait c’était une bonne preuve de fidélité. « Je suis persuadée que Lūna a d’autres de tes traits. » Je lui fais un sourire, après tout je ne voyais que la pointe de l’iceberg qu’était la gamine. Je vois qu’il est fier et je ne peux qu’esquisser un sourire. C’était tellement de fierté des enfants. « 4 ans. Ça passe si vite. » Réalisais-je en le disant, un peu déboussolée. Le moins il me ressemble, le mieux ça allait se passer. Je voyais tellement son père dans notre quotidien et ça simplifiait tellement les choses. Je l’écoute sagement et je secoue la tête alors que j’apprends qu’il est en ville depuis deux ans. « Ça ne fait que quelques mois qu’on est dans le coin. » Avouais-je avec une mine coupable. « Et je t’avoue que j’ai pas mal voyagé aussi. » Oui, pour le décès de ma mère, pour la paperasse... Je ne me mettais plus autant en valeur qu’avant, je n’attirais plus l’attention comme avant, j’étais maintenant sage. Si ce n’était que mes cheveux couleur feu qui attiraient l’attention, mes cernes se creusaient malgré moi. « Je suis persuadée que ce ne sont pas des monstres, ils semblent adorables avec Maxwell. » Dis-je le regard attendri dirigé vers notre progéniture. « Mais c’est pas faux. La vie défile tellement vite. » Soufflais-je finalement. « T’es encore dans le milieu militaire? » Je fronçais les sourcils, c’était ça si ma mémoire était bonne.

« J'espère parce que si elle était le portrait craché de sa mère, ce ne serait pas un cadeau... » Dis-tu un peu plus bas, en riant, pour que les enfants ne t'entendent pas. Tu plaisantes, évidemment, parce que tu ne dénigreras jamais la mère de tes enfants et la femme que tu as aimée pendant plus de dix ans. Tu hoches simplement la tête en guise de réponse quand Ally souligne que le temps file. C'est ce que tu te dis à chaque fois qu'un de tes enfants te prouve qu'il grandit et qu'il commence à ne plus avoir autant besoin de toi. C'est effrayant mais tu es fier, à chaque fois qu'Avery ou Lũna fait quelque chose de nouveau. Tes enfants te permettent de t'émerveiller un peu plus chaque jour et de savourer la vie plus que jamais. « Tout s'explique. » Dis-tu avec un léger sourire. « Vous viviez où avant, tous les deux ? Ou trois ? » Demandes-tu innocemment, avec presque autant de subtilité qu'Ally, quelques minutes plus tôt. Il y a certains regards qui ne trompent pas, aussi, mais tu ne préfères pas trop t'avancer. Et encore moins devant vos enfants. « Non, en réalité, je n'ai pas à me plaindre, ils sont géniaux. » Chiants par moment, mais ça reste des enfants après tout. « Oui mais j'travaille dans les bureaux, maintenant. » Tu soupires, n'appréciant pas du tout cette nouvelle facette de ton travail. Heureusement, un nouveau projet s'est mis sur ta route et rend ton quotidien bien meilleur. « Mais j'ai acheté un refuge pour animaux très récemment alors je suis plus occupé à le remettre sur pieds qu'à bosser pour l'armée. » Dis-tu en riant, les yeux brillants, à chaque fois que tu parles de ce projet.

Il lâchait un truc concernant la mère des enfants et tu gardais un demi sourire aux lèvres, songeuse. Tu n’étais pas certaine de vouloir être de celle de qui on parle ainsi, ni même Concho ne méritait ça. D’un autre côté, tu te dis bien qu’il plaisantait sans doute. Bref, tu songes à tout le reste et ça te va. L’homme poursuit en te questionnant où on vivait tous les deux – ou tous les trois. Tu esquisses un petit sourire à sa question aussi subtile qu’un éléphant dans un musée de porcelaine. « On était à New York tous les deux. » Soulignes-tu presqu’innocemment. L’homme te dit que ses enfants sont géniaux et tu gagnes des yeux doux, brillants. « J’crois qu’on pourra jamais être neutre en étant des parents. » Tu pouffes de rire doucement et tu arrêtes en apprenant qu’il travaillait dans les bureaux. « Ouch. » Dis-tu en te souvenant qu’il bougeait déjà pas mal à l’époque. L’homme te parle d’une deuxième carrière et tu l’écoutes avec attention. « Ah ouais!? C’est génial ça! » T’es vive, Ally. T’es franchement et sincèrement contente pour lui. « T’en as pour un bon moment ou ça risque d’être rapide? » Ça dépendait de l’état du refuge. Après t’as la possibilité de quasi tout défaire pour tout refaire en neuf. « Les animaux changent des vies, eux aussi. » souffles-tu en repensant à Cinnamon, du comment ton chien était essentiel à ta vie. Des leçons qu’elle apprenait à Maxwell et inversement. « C’est vraiment bien que tu prévois leur donner une deuxième chance de vivre. » Une deuxième chance, c’était presque ta vie que tu décrivais, Ally. T’étais un chien égaré dans la vie en train d’essayer de faire de ton mieux.

Alors qu'Ally t'apprend qu'elle était à New-York auparavant, avec son fils, tu écarquilles légèrement les yeux, étonné. « New-York... ça a dû te changer de Bowen. » Même si Bowen n'est pas une toute petite ville non plus, ça n'a rien de comparable avec New-York. Et tu es à peu près persuadé que les gens n'ont pas la même mentalité là-bas non plus. Tu as cette impression qu'ici, tout est plus chill. D'ailleurs, c'est ce que tu as ressenti en revenant de Sydney. Balayant très vite de la conversation ta carrière - qui n'en est plus une - dans l'armée, tu te sens beaucoup plus serein en parlant de ce refuge qui occupe la plupart de tes journée désormais. « J'en ai pour un moment mais ça ne me fait pas peur. J'suis plutôt motivé et les enfants aussi. » Même s'ils ne peuvent pas faire grand chose, ils t'aident à leur échelle. Et ça leur inculque des valeurs que tu trouves particulièrement importantes. « C'est sûr. J'ai un peu l'impression qu'ils m'ont apporté un second souffle. » Dis-tu en souriant. Ce refuge, c'est une vraie bouffée d'air frais. Grâce à lui, tu appréhendes la vie d'une autre façon et tu as retrouvé goût en quelque chose. Et depuis ton changement de carrière dans l'armée, ce n'était plus arrivé. Les seuls capables d'apporter un peu de vie dans ton regard, c'était tes enfants. Ce qui est toujours le cas, évidemment. Ce sont tes deux soleils, tes deux moteurs. « J'essaie en tout cas. On verra ce que ça donne. Tu peux passer à l'occasion, si le coeur t'en dit. » Réponds-tu en regardant la rousse du coin de l'oeil, avant de demander : « Et toi ? Toujours dans l'édition ? » Du moins, si tes souvenirs ne te font pas défaut, c'est ce dont tu te souviens.

T’as toujours été explosive, vivante. T’étais la première à sauter partout et autant que ça surprend les gens, que toi, ça ne t’étonne plus du tout. Tu comprends toute l’effervescence que tu aimes de la ville. Tu hoches la tête alors qu’il te parle du changement entre les deux et tu ris doucement. « En effet, c’est dépaysant. » Expliques-tu avec le plus de douceur du monde, même si quelque part, il ne pourrait pas comprendre. Tout est tellement plus doux, plus vacancier ici à Bowen. Le style de vie australien est clairement différent de celui en Amérique. Tu l’écoutes dans ses nouveaux projets et tu le sens motivé alors qu’il te l’exprime clairement. « J’imagine! En plus, si toute la famille prend part à la tâche, ça doit être encore mieux! » Tu rêvasses, t’aurais bien voulu avoir une famille plus nombreuse, t’aurais bien voulu avoir une vie de famille de rêve, un peu comme il l’avait. Tu rêvais d’être avec la bonne personne pour mieux t’épanouir et laisser les reliques du passé là où elles étaient. Tu l’écoutes parler des animaux et il te comprend avec le second souffle. Tu hoches la tête positivement. « Exactement. » Il mettait des mots que tu aurais pu chercher pendant des lunes. Severus t’invitait à passer si le cœur m’en disait et tu hochais encore de la tête. « Avec plaisir. Si tu as besoin d’un coup de pouce, n’hésite pas. » Dis-tu avec un sourire, ne serait-ce que pour prendre un café non-loin, lui donner un court répit, tu étais partante. Il te questionne concernant l’édition et tu bouges les jambes dans l’eau. « Ouais, depuis quelques années maintenant. J’espère pouvoir me faire transférer ici à Bowen. Je suis sur un sans solde depuis le décès de ma mère. » Expliques-tu doucement. « Mais je ne serais pas contre le fait de créer ma propre entreprise dans le domaine littéraire. » Après, tu savais que ça demandait beaucoup de travail. Tu repensais à ton ancienne galerie d’arts totalement ravagée par le séisme d’il y a quelques années et tu ne sais pas trop si t’as envie de te replonger dans une aventure similaire.

« J'veux bien croire. J'ai déjà eu un choc en revenant de Sidney alors j'imagine pas si j'étais à New-York. » Dis-tu avec un petit sourire. New-York n'a jamais été une ville qui t'ait attiré même si comme la plupart des gens sur cette Terre, tu rêves de voir Times Square et la Statue de la Liberté un jour. Mais pour l'instant, Bowen te convient parfaitement et surtout, tes enfants adorent pouvoir aller à la plage quand ils veulent, profiter des rayons du soleil et connaître une vie beaucoup plus cool. Qui ne tourne pas à mille à l'heure comme c'était le cas à Sidney. « Oui c'est sûr. On a beaucoup à apprendre des animaux finalement, même si on ne s'en rend pas toujours compte. » Et travailler dans ce refuge apporte tellement de valeurs à tes enfants que tu ne soupçonnais pas jusqu'ici. Acheter ce refuge fait sans aucun doute partie des meilleurs choix de ta vie et aujourd'hui, c'est même ce qui te maintient en vie. « On a toujours besoin d'un coup de pouce. » Affirmes-tu avec un léger sourire. Avec tout ce qu'i reste à faire au refuge, un peu d'aide supplémentaire ne serait pas de refus mais c'est surtout la présence d'Ally à tes côtés qui te fait envie. Pour rattraper le temps perdu, en quelque sorte. Mais loin de vos enfants. « Oh... je suis désolé Ally. » Dis-tu sincèrement quand la rousse t'apprend que sa mère est décédée. Néanmoins, ça n'empêche pas la jeune femme d'avoir de grands projets de vie et c'est le plus important. « Qu'est-ce qui t'en empêche ? Qu'est-ce qui te retient ? » Tu as adopté une philosophie de vie un peu différente durant ces deux dernières années et du coup, tu es du genre à penser qu'il ne faut rien regretter. Qu'il faut laisser la peur de côté pour prendre les commandes de sa vie et oser. Surtout oser. Mais tu es bien conscient que c'est plus facile à dire qu'à faire.

L’homme te confiait avoir eu un choc en revenant de Sydney et tu esquissais un sourire. C’était pas la même chose, mais c’était tout de même de passer d’une grande ville, d’une métropole à un quasi village, une petite ville où tout le monde se connaît. Le côté zen de l’Australie te sied à merveille et tu ne t’en passerais plus. D’autant plus que Maxwell se plaisait maintenant dans le coin. Severus poursuit en te disant qu’on avait pas mal à apprendre des animaux et tu hochais la tête positivement. Il avait raison, on apprenait tellement. Il admettait avoir bien besoin d’un coup de pouce et tu hochais la tête avec un sourire. « Avec plaisir. » Tu lui adressais un clin d’œil en t’étirant un peu. L’homme s’excuse et toi, tu secoues la tête négativement. « C’est pas grave. » Tu retiens une phrase du genre qu’elle l’avait bien mérité, mais le karma te ferait du mal tôt ou tard et tu le savais bien. Il te questionne de plus belle concernant ce qui t’empêchait et ce qui te retenait, tu soupirais vaguement et tu envoyais ta main trempée dans tes cheveux. « J’sais pas si j’ai envie de... retomber dans tout ça. C’est beaucoup de boulot puis Maxwell est encore tout jeune. » Tu défendais tes choix, tes hésitations. « Quand j’ai construis ma propre galerie d’arts, il y a quelques années, c’était merveilleux. J’étais seule... Mais quand le séisme est arrivé, j’étais seule aussi... » Tentes-tu d’expliquer maladroitement. « Je ne sais pas si c’est réellement ce que je veux. » Peut-être pas toute seule, du moins...

Tu peux comprendre sans difficultés les craintes d’Ally à l’idée de se lancer dans un nouveau projet. Surtout avec un enfant à charge. De ton côté, tu as beaucoup douté avant d’acheter ce refuge mais la tentation et l’envie étaient si grandes que tu as fini par céder. Et ça a été, sans conteste, le meilleur choix de ta vie. « Je comprends, c’est une grosse décision. » Réponds-tu simplement, compréhensif. « Le challenge est gros mais la finalité sera grande, elle aussi. Je suis passé par-là avant d’acheter le refuge et crois-moi, je ne regrette pas une seule seconde de l’avoir fait. J’avais peur d’être moins présent pour mes enfants mais en fait, c’est une question d’organisation. » Mais contrairement à Ally – enfin c’est ce que tu imagines – tu peux compter sur la présence de ton ex-femme pour garder les enfants quand c’est son tour. Ce qui te laisse pas mal de temps pour avancer dans le refuge malgré ton boulot à l’armée. « Tu n’as personne qui pourrait t’aider ? » Demandes-tu finalement en jetant un coup d’œil aux enfants qui jouent toujours un peu plus loin. « Ils ont l’air de bien s’entendre. » Ajoutes-tu avec un sourire aux lèvres en montrant de la tête vos enfants.