Let's go back to the start (Ciàran)

Ah le rush des fêtes de fin d'année ! On sentait l'effervescence de chacun, ce joyeux stress qui marquait les visages de peur de rater le repas, qu'il y ait un couac ou des conflits de famille, parce que le Tonton qui avait trop bu avait un peu trop ouvert sa bouche. Et au milieu de tout ce stress environnant, il y avait Tahlia. Tahlia et son ventre rond qui se sentait complètement en décalage cette année. Elle qui courait depuis deux semaines, entre son nouveau travail au Chiki Boom et les achats pour préparer la venue de sa petite fille, n'avait même pas eu le temps de se poser et d'assimiler tout ce qu'il se passait. Il avait fallu qu'elle lise ce futile message sur son Write about me pour se prendre ce revers marqué par le stress et les hormones virulentes. Les textos échangés avec Carter pour le futur prénom de leur fille, la froideur de ses mots, les pleurs incessants, cette impression d'être dépassée en étaient les parfaites conséquences. Elle passait de l'euphorie à l'abattement en un instant. Il suffisait qu'elle regarde un film de Noël avec une stupide histoire d'amour pour qu'elle pleure chaudement, alors qu'elle n'était absolument pas fleur bleue. Il fallait qu'on lui parle d'accouchement pour que son stress monte en flèche, alors qu'elle n'était pas la première ni la dernière à passer par là. En somme, elle ne se reconnaissait pas. Et plus les jours avançaient, plus la peur s'emparait d'elle. Et si elle n'était pas une bonne mère ? Et si elle ne s'en sortait pas les premiers jours, les premières semaines ? Carter ne serait pas là H24 avec elle. Il avait sa vie à côté. Il allait lui aussi garder leur fille chez lui, il devait lui aussi préparer sa venue dans sa propre maison. Les joies de la garde partagée, apparemment... C'était sur ses pensées que Tahlia, armée de ce grand ours en peluche – sur lequel elle venait de craquer – sortait du magasin après quelques achats de biberons et vêtements de naissance. Elle s'octroya un café à emporter et un muffin au chocolat - qui lui avait fait de l'œil - qu'elle paya dans le Starbucks du coin. Une fois son café en main, elle s'autorisa finalement un moment de pause à la terrasse. Elle mit ses paquets et la grosse peluche sur l'une des chaises libres et s'installa. Elle s'enfonça bien correctement sur la chaise, sa main caressant instinctivement son ventre. Et tout aussi instinctivement, elle releva la tête à l'instant même où une silhouette s'apprêtait à entrer dans l'établissement. Une silhouette qu'elle connaissait bien. Une silhouette qu'elle n'avait pas vu depuis quelques mois, malgré quelques messages échangés. Une silhouette dont la simple vue suffisait à lui serrer le cœur, sans qu'elle ne puisse l'expliquer. Ciàran. En croisant son regard, elle s'autorisa à lui adresser un simple sourire, comme si elle ne pouvait faire que cela à présent...

Vous n'aviez jamais été très fêtes de fin d'année, dans ta famille. Même lorsque tu étais plus jeune, vous ne faisiez rien d'extravagant parce que ça ne vous ressemblait tout simplement pas. Ta mère préparait un bon petit plat, comme à son habitude, et vous mangiez tous les trois, avec ton père. C'était suffisant à tes yeux. Mais aujourd'hui, depuis que Gabriel fait partie de ta vie, tu as envie qu'il puisse profiter de l'esprit de Noël comme toi, tu n'as jamais pu le faire. Même s'il fêtera seulement ses deux ans, d'ici quelques jours, tu sais qu'il est désormais capable de comprendre et de vivre la magie de Noël. Alors, pour la première fois de ta vie, tu as acheté un sapin que vous avez décoré tous les deux. Enfin plus toi que lui. Un moment père-fils que tu n'es pas prêt d'oublier. Mais au-delà du sapin de Noël, il y a également les cadeaux et pour ce petit bonhomme, il y a des tas de choses que tu as envie d'acheter. C'est comme ça que tu te retrouves dans les rues commerçantes de Bowen, à chercher le dernier cadeau sur ta liste. Après être sorti du quatrième magasin de jouets, en vain, tu décides de passer par le Starbucks pour faire une pause avant de reprendre tes recherches. Mais au moment où tu rentres, ton attention est immédiatement attirée par quelqu'un. Même sans tourner la tête, tu sais déjà de qui il s'agit. Tahlia. Pris de court alors que la brune t'adresse un sourire, tu rentres à l'intérieur du café, te dirigeant vers le bar pour passer commande. Cela fait un petit moment que vous n'avez pas parlé et tu dois bien l'avouer, tu as été plutôt déçu d'apprendre sa grossesse via les réseaux sociaux. Néanmoins, tu ne peux pas vraiment l'en blâmer car tu n'as pas réellement pris de ses nouvelles. Et ce, depuis un moment. Une fois ta commande en main, tu sors du café, te dirigeant vers la terrasse et plus précisément vers l'endroit où Tahlia est assise. Par chance, elle n'a pas pris la fuite, son gros nounours à la main, pour t'éviter. « Vous n'auriez pas pris un peu de poids, Miss Wates ? » Demandes-tu avec un sourire au coin des lèvres. Même si tu as été déçu qu'elle ne t'ait pas annoncé sa grossesse en personne, tu dois bien reconnaitre qu'être enceinte lui colle à la peau. Et qu'elle est toujours aussi radieuse même avec un ventre qui se dessine. « J'allais te demander pour m'asseoir mais je vois que tu es déjà bien accompagnée. » Plaisantes-tu en montrant la peluche du doigt, espérant que la brune t'invitera à partager un café.

Tahlia savait : il l'avait vu. Elle l'avait bien vu. Le voir passer devant elle, sans un regard, sans un sourire, déboussola la brune, qui était habituée à plus d'attention de la part de l'italien. C'était peut-être ça le problème, elle s'était habituée à quelque chose qui n'avait plus lieu d'être. Cela faisait des mois qu'ils ne s'étaient pas vus. Depuis ce baiser qui avait tout bouleversé, à vrai dire. A part quelques messages et un rendez-vous "pro" auquel Tahlia ne s'était jamais rendue, elle n'avait eu aucune nouvelle. Elle s'était simplement contentée des réseaux sociaux, même si Ciàran n'était pas le plus actif sur ces nouveaux moyens de communication. Mais en entrant dans le magasin de jouets, ce matin-même, elle avait eu une pensée pour Ciàran. Plus particulièrement pour Gabriel, dont elle savait que c'était bientôt l'anniversaire et qui allait sûrement être bien gâté par son papa. C'était drôle de se dire que, quelques minutes plus tard, elle croisait le fameux papa. Le suivant du regard jusqu'à ce qu'il disparaisse de son champ de vision, la brune secoua la tête en soupirant et reprit son téléphone en main, dans le seul but de s'occuper l'esprit. Perdue dans la lecture d'un mail assez long, elle releva le regard quand cette voix parvint à ses oreilles. En redressant la tête, le visage de Tahlia s'était déjà pourvu de ce sourire malicieux qu'elle échangeait souvent avec lui, au tout début. Elle posa ses yeux verts sur Ciàran, l'observant pendant quelques secondes avant de répondre, taquine : « Tu sais ce que c'est le mois de décembre ! Les chocolats, les petits fours, les biscuits... Cinq secondes de plaisir, cinq mois sur les hanches. » C'était tellement plus simple de partir sur des plaisanteries, plutôt que d'aborder cette grossesse imprévue. Même si elle savait qu'elle allait devoir en parler à un moment donné. « Ceci dit, un petit conseil : évite de parler poids quand tu fais la conversation à une femme. Tu as de la chance, je ne suis pas susceptible. » ajouta-t-elle en faisant référence à son entrée en matière qu'elle détournait totalement. Ce fut évidemment un rire qui vint ponctuer sa phrase. Alors qu'il reprit la parole en montrant l'ours en peluche aux côtés de Tahlia, la jeune femme posa son regard sur le jouet avant de le reporter sur Ciàran : « A vrai dire, il n'est pas très bavard. Et puis, il n'aime pas trop les muffins. » Elle montra l'énorme gâteau qu'elle avait devant elle. « Tu as peut-être quelques minutes à me consacrer afin de m'aider à manger ce gâteau ? » Sur ses mots, elle enleva même la peluche et les sacs afin de laisser champ libre à l'italien.

Complètement déboussolé, tu es incapable de t'arrêter pour discuter avec Tahlia sans avoir un minimum réfléchi à la situation. Tu ne peux définitivement pas passer devant elle et partir, comme si elle n'existait pas. Mais tu ne peux pas non plus te laisser aller avec elle comme c'était le cas par le passé. Aujourd'hui, elle est enceinte et tu imagines qu'elle s'est remise avec Carter pour fonder cette famille qu'elle voulait tant. Contrairement à toi, Tahlia n'aura pas à élever son enfant seule et c'est tout ce que tu lui souhaites. Même si l'idée que ce soit Carter à ses côtés t'agace et te rend un poil jaloux. Mais ça, c'est seulement le scénario que tu t'es dessiné dans ta tête sans savoir s'il est correct ou non. « Ou pour le coup, cinq secondes de plaisir et neuf mois dans le ventre... » Dis-tu avec un sourire au coin des lèvres en imaginant Carter, incapable de tenir plus de cinq secondes et de satisfaire la brune. Des pensées salaces qui sont peut-être déplacées, au vu de la situation. Alors, tu te reprends, bien vite : « Désolé, c'était peut-être trop. » Mais ça avait été plus fort que toi parce qu'à tes yeux, cette grossesse annonce la fin d'une potentielle histoire avec Tahlia. Même si vous êtes toujours taquins, vous souriant plus que nécessaire, tu sais que tu n'as plus aucune chance maintenant qu'elle est enceinte d'un autre. Carter passera toujours avant les autres puisqu'il est le père de son enfant. « Dans d'autres circonstances, je ne me serais pas permis. Mais tu sais très bien que tu es toujours aussi belle. » Dis-tu, sincère. Tahlia restera à tes yeux l'une des plus belles femmes que tu aies connu. Et l'une des seules capable de te déstabiliser. « Niveau bavardages, je ne pense pas être bien meilleur que lui. Mais si c'est pour rendre service, je suis ton homme. » En réalité, tu t'en moques pas mal de rendre service aux autres mais là, puisqu'il s'agit de Tahlia, et que tu pourras passer quelques minutes à ses côtés, il ne te faut pas longtemps avant d'accepter et de t'installer sur la chaise. Depuis ce baiser, vous n'avez plus eu l'occasion de vous revoir ou même de vous parler. Ces quelques échanges de sms n'ont pas été suffisants à tes yeux et tu gardes un goût d'inachevé dans la bouche malgré tout. Et puis, il y a ta relation avec Harmonie qui a explosé aussi. Tu es forcé de constater que la tempête Tahlia a fait d'énormes ravages dans ta vie mais s'il faut passer par-là pour qu'elle fasse partie de ton entourage, alors tu es prêt à en subir les conséquences. « Comment tu vas ? » Demandes-tu finalement, prêt à rattraper tout ce temps perdu.

Malgré un baiser qui avait eu énormément de conséquences pour l'un et pour l'autre, malgré des mois passés sans se voir, il fallait croire que Ciàran et Tahlia ne pouvaient pas réellement s'éloigner, ni même s'ignorer. Quand il s'était approché d'elle, la jeune femme avait retrouvé ce sourire en coin sur les lèvres, cet esprit taquin qu'il éveillait. S'amusant sur les kilos pris, la réponse de l'italien – qui aurait clairement pu être déplacée, en effet – fit sourire Tahlia, davantage quand il s'excusa. C'était bien sa répartie qu'elle aimait, cette façon de la surprendre à chaque fin de phrase. Elle aimait quand il la provoquait, quand il la déstabilisait avec chacun de ses sous-entendus. Même si là,c'était les compétences de Carter qui étaient clairement mises à mal. « Ce serait cher payé pour cinq secondes de plaisir, seulement.... » répondit-elle tout de même, histoire de rétablir la vérité. Mais ce n'était pas à Ciàran qu'elle irait vanter les compétences au lit de Carter. Ce serait bien déplacé. Alors, elle lui lança un petit conseil, sur le ton de l'humour parce qu'elle savait très bien que l'italien était doué pour parler aux femmes. Même s'il n'était pas un tombeur, comme il le lui avait déjà dit, Tahlia savait à quel point il était intéressant, quand il décidait de s'ouvrir un peu. La réponse à son conseil la prit de court, toutefois. Elle posa son regard sur lui, ne pouvant cacher que son compliment l'intimidait énormément. Dans une période où elle voyait son corps changer du tout au tout, c'était des mots qui lui permettaient de rester femme. « Merci... » murmura-t-elle, touchée. Elle aurait pu être blagueuse et détourner ses mots, mais elle avait perçu la sincérité de Ciàran. Et parce qu'il avait été sincère en lui disant cela, elle se devait de l'être aussi en montrant à quel point cela la touchait d'entendre ces mots. De les entendre de sa part, surtout. Et alors qu'il se comparait à cet ours en peluche, estimant ne pas être meilleur en bavardage, la brune lui répondit en souriant : « Ta compagnie est quand même bien plus agréable. » Mais s'il fallait à tout prix un argument, une justification à sa présence, rendre service et un muffin était de bons compromis. Même si l'un et l'autre n'avaient qu'une seule envie commune et cachée : passer quelques minutes ensemble. Alors, quand il s'installa finalement sur la chaise, la jeune femme ne put s'empêcher de lui lancer un sourire satisfait. Ça avait comme un air de déjà-vu, comme une douce nostalgie qui la submergeait. Et c'était si agréable, si réconfortant. Sa voix la fit sortir de ses pensées. Le regard rivé sur lui, elle répondit doucement : « ça va. Je veux dire, ça va beaucoup mieux. » Ciàran avait été le premier à voir sa chute. Il avait été le premier à avoir compris sa détresse. Bien avant ses parents. Bien avant ses amis. Bien avant Carter. Même s'il ne l'avait pas vu sombrer jusqu'au bord du gouffre , il avait entraperçu les débuts de la tempête Tahlia. Il en avait même eu les conséquences, même si elle ne le savait pas encore. « Il y a eu pas mal de changements ces derniers mois. J'ai déménagé. Je ne travaille plus au club... et comme tu vois, il y a quelques rondeurs en plus. » ajouta-t-elle en regardant son ventre. « Même je ne sais pas comment je vais faire quand elle sera là, j'ai envie de dire qu'elle arrive au bon moment. » murmura-t-elle, un léger sourire au bout des lèvres. Ce bébé l'avait sauvée, oui. Elle but une gorgée de sa boisson avant de demander à son tour, curieuse : « Et toi alors ? Que s'est-il passé dans la vie de Monsieur Adreani depuis la dernière fois ? » Elle lui adressa un sourire avant d'ajouter : « Je suppose que tu prépares l'anniversaire de ton bout'chou. »

Un rictus se dessine au coin de tes lèvres quand Tahlia rétablit la vérité à propos des cinq secondes de plaisir. Tu es soulagé qu'elle ne le prenne pas mal parce que c'est sorti tellement naturellement de ta bouche que tu n'as pas pensé aux conséquences. Mais c'est un peu l'histoire de ta vie ça : le manque de tact. Heureusement, Tahlia semble apprécier ton franc parler et ton humour un peu sarcastique, parfois. Quand tu complimentes la brune sur son physique toujours aussi avantageux, malgré la grossesse, tu vois bien que tes mots la touchent. Sans doute parce qu'elle est capable de lire la sincérité dans ton regard plus que n'importe qui et qu'elle sait que tu ne complimentes pas les autres à tout va. « Prends ça dans les dents. » Plaisantes-tu en regardant l'ours en peluche, un sourire aux lèvres, quand Tahlia souligne que ta présence est plus agréable que la sienne. « Tu as de la chance, je suis de bonne humeur aujourd'hui, même si les gens dans les magasins me rendent dingues. Au moins, tu n'auras pas à faire à l'horrible Ciàran. » Dis-tu, taquin, même si ce n'est pas totalement faux. Par chance, la jeune femme n'a jamais eu à faire au pire côté de ta personnalité. Mais quand tes yeux se posent dans les siens, tu es incapable d'être distant, froid et sec, comme tu peux l'être parfois. Il y a ce petit quelque chose dans le regard de Tahlia qui t'hypnotise et t'attendrit sans doute un peu aussi. Une fois installé, tu questionnes la brune, voulant rattraper le temps perdu. Tu sais que c'est impossible mais tu espères tout de même qu'autour de ses muffins, tu pourras en apprendre davantage sur son nouveau quotidien de future maman. Et on peut dire que tu es bien placé pour savoir ce qu'est une grossesse et une paternité inattendues. « J'suis heureux d'apprendre que tu as quitté cet endroit. » Dis-tu à propos du club où Tahlia travaillait auparavant. Et où elle n'avait clairement pas sa place. « Tu bosses où maintenant ? » Demandes-tu innocemment, dans le but de, peut-être, passer un jour à l'improviste. « Tout viendra naturellement, tu verras. Si j'ai été capable de le faire, ce sera un jeu d'enfant pour toi. » Parce qu'à tes yeux, Tahlia sera une merveilleuse maman et qu'elle a ça dans le sang, contrairement à toi qui n'était pas du tout prédestiné à être père. Mais c'est sûr que l'arrivée d'un enfant, ça change la vie, en bien. Surtout pour deux âmes errantes comme vous. « Pas grand chose, tu vois. Monsieur Adreani, l'homme éternellement seul. » Rétorques-tu avec un faible sourire. « Oui, je n'arrive pas à croire que Gabriel va déjà avoir deux ans. Je me suis préparé mentalement au Terrible Two mais j'suis pas sûr d'être vraiment prêt. » Ajoutes-tu alors que ton sourire revient au moment où tu parles de ton fils.

En quelques phrases, Ciàran éveillait pas mal d'émotions chez la brune. Il la faisait rire, l'amusait, la touchait, même, avec son compliment alors qu'elle savait qu'il en était si avare, d'ordinaire. Peut-être aurait-elle dû le recadrer, aussi bien sur les cinq de secondes de plaisir que sur ce compliment qui ne devrait pas lui être adressé, mais elle n'y parvenait pas. Elle retrouvait cette sensation familière, cette sensation d'être déboussolée, cette raison qui prenait la fuite quand il était dans les parages. Et elle aimait tellement cela... La brune esquissa un sourire amusé quand l'italien s'adressa à l'ours en peluche, avant de s'installer. Ses yeux rivés sur lui, elle écoutait chacun de ses mots, chacune de ses phrases avec attention. "Les magasins... quelle horreur !" s'exclama-t-elle, d'abord, avant qu'une lueur malicieuse vint éclairer ses yeux verts quand il évoqua l'horrible Ciàran. "Ah oui ? Et il est comment, cet horrible Ciàran ?" demanda-t-elle, taquine à son tour. Ciàran lui avait souvent dressé un portrait de lui-même qui ne correspondait absolument pas à l'homme qu'il avait été avec elle. Qu'il était toujours aujourd'hui, malgré leurs déboires. Elle tendit son paquet où se trouvaient ses petits muffins afin que Ciàran se serve, alors qu'elle répondait sincèrement à sa question. Il l'avait vu dans un état pitoyable. Elle tenait à montrer qu'elle remontait peu à peu la pente. Elle sourit quand il lui avoua être heureux d'apprendre qu'elle avait quitté le club. "Je le suis aussi." Avant d'ajouter, sourire aux lèvres : "Je travaille au Chiki Boom, en tant que barmaid. Si tu viens y faire un tour, un jour, je te ferais tester mes cocktails." Comment l'inviter à venir, en toute subtilité... Mais au-delà de son changement de travail, c'était aussi sa grossesse qui était la grande nouvelle. Ciàran la rassura sur ses craintes, sur ses peurs. "Venant d'un super père comme toi, ça me rassure d'entendre ça." répondit-elle d'abord, avec douceur. "Mais c'est vrai qu'entre le déni de grossesse, les préparatifs en urgence, la peur de l'accouchement ou les histoires de garde partagée avec le père, je me pose pas mal de questions. Je ne sais pas si ça sera vraiment un jeu d'enfant." L'échéance approchait et rien n'était prêt. Elle ne savait même si Carter comptait reconnaître l'enfant, s'il voulait la garder une semaine sur deux, en week-end. Elle ne savait même pas comment s'appellerait cette petite. "Je m'affole pour rien, sûrement." conclut-elle en riant. C'était au tour de Ciàran de lui parler des nouveautés dans sa vie. La brune fronça les sourcils quand il s'appela l'homme éternellement seul. "Comment ça, éternellement seul ?" Il y avait toujours Harmonie, non ? La jeune femme était persuadée que la relation entre sa cousine et Ciàran avait tenu le choc. C'était l'argument qu'elle se donnait pour expliquer le silence radio de Ciàran, ces derniers mois. Heureusement, elle vit le sourire sur ses lèvres quand il parla de Gabriel. Tahlia se mit à rire quand il évoqua le fameux Terrible Two. "Dis-toi que ce n'est que le début. Et que le Terrible thirteen, Terrible fourteen, Terrible fifteen, Terrible sixteen, Terrible seventeen seront sûrement pire que le Terrible two." Elle posa sa main sur son bras, dans un geste faussement compatissant, alors qu'elle continuait à rire. "Je suis de tout coeur avec toi..." Qu'elle ne fasse pas la maline, Tahlia, parce qu'elle aussi allait vivre ça. Plus sérieuse, elle reprit cependant : "Je suis sûre que ça va bien se passer. Ton fils est un ange." Se rappelant des magasins qu'il avait évoqué juste avant, elle demanda alors : "Tu étais en train de chercher ses cadeaux ?"

« Je ne suis pas certain que tu aies vraiment envie de le savoir... » Plaisantes-tu à propos de l'horrible Ciàran. En réalité, tu espères que Tahlia ne sera jamais confrontée à cette mauvaise facette de toi-même mais il n'y a pas trop de risques. Face à elle, tes barrières tombent sans cesse et tu es plus vulnérable qu'avec n'importe qui d'autres. Tu n'expliques pas cette emprise qu'elle a sur toi mais chaque fois que ton regard se perd dans le sien, tu te sens défaillir. C'est à la fois déroutant, puissant et interpellant. Mais pourtant, tu ne changerais pour rien au monde cette connexion qu'il y a entre vous. « Est-ce que tu vas en profiter pour essayer de me saouler ? » Demandes-tu quand Tahlia t'explique qu'elle travaille dans un endroit où elle prépare des cocktails, entre autres choses. Néanmoins, tu es heureux que la brune te propose de passer, ça fera une occasion de plus pour la revoir, sans que ça ne soit par hasard au détour d'un café. « Je passerai avec plaisir, alors. » Dis-tu avec un sourire sincère, te penchant en avant pour prendre un morceau du gâteau acheté par la jeune femme. Au-delà de ce nouveau travail, c'est un tout autre événement qui va venir chambouler la vie de Tahlia : une grossesse. Tu ne doutes pas une seule seconde qu'elle s'épanouisse dans ce nouveau rôle même si tu peux totalement comprendre ses craintes et ses doutes. Bien que tu ne le dises pas, tu es touché quand elle te qualifie de super papa, parce que tu donnes tout ce que tu peux pour rendre ton fils heureux. Lui qui n'a pas la chance d'avoir une mère comme Tahlia dans sa vie. « Non, ce sera forcément un gros chamboulement mais j'ai aucun doute concernant tes capacités. Tu vas t'en sortir, tu t'en sors toujours. » Réponds-tu avec un sourire aux lèvres, heureux de voir une "nouvelle" Tahlia devant toi. Elle qui semblait six pieds sous terre la dernière fois que vous vous êtes vus. « C'est bien de s'affoler, en quelque sorte. Cela prouve que tu es lucide et que tu te prépares à ce qui t'attends. C'est ce qui va te permettre d'être prête le jour j. » Affirmes-tu avant de prendre une autre bouchée de gâteau. A la question de Tahlia, concernant ton éternel célibat, tu soupires, n'osant pas la regarder. Parler d'Harmonie avec elle n'est pas vraiment l'idée du siècle mais tu ne peux pas changer de sujet comme ça. « Ouais, j'ai à nouveau rejoint le clan des célibataires. » Dis-tu avec un léger rire. Tu ris mais c'est plutôt un rire jaune parce que tu regrettes la façon dont ça s'est terminé avec Harmonie. Et surtout, tu regrettes de l'avoir blessée parce qu'elle ne mérite pas ça et que tu tiens à elle, malgré tout. S'il n'y avait pas eu Tahlia, tu aurais sans aucun doute pu couler des jours heureux avec la jeune Samaras. « Et toi, tu parles de garde partagée ? » Demandes-tu en relevant finalement ton regard vers elle. Cela ne veut pas dire pour autant qu'il n'y a plus rien entre Carter et elle mais au moins, tu en sauras un peu plus. Car concernant la situation amoureuse de Tahlia, tu es dans le flou le plus total. « Oh... ne me décourage pas comme ça. » Dis-tu en riant, quand Tahlia parle de toutes ces années compliquées qui t'attendent. Néanmoins, elle a raison quand elle dit que Gabriel est un ange. « Oui, cadeaux de Noël et d'anniversaire. J'fais une pierre deux coups, c'est plus simple. » Mais trouver le cadeau idéal ce n'est pas évident, par contre. « Il adore le camion de pompiers Paw Patrol mais faut croire qu'il raffole du seul jouet en rupture de stock. » Dis-tu en soupirant, un léger sourire au coin des lèvres malgré tout.

  « Je peux juste savoir comment il est... mais je n'ai pas besoin de le voir. » répondit-elle sur le même ton. Un ton qui relevait certes de la plaisanterie, mais dans lequel on discernait une pointe de curiosité. Quand ça concernait Ciàran, la soif de Tahlia n'était jamais assouvie. Elle voulait en savoir toujours plus sur lui, sur ce qu'il était, sur ce qu'il aimait, sur ce qu'il détestait. Même ses parties les plus sombres n'effrayaient pas  la brune, il suffisait de voir comment elle avait réagi en apprenant qu'il était mafieux. Elle était passée au-dessus. Et parce qu'elle était passée au-dessus, elle lança subtilement cette invitation à venir la voir au Chiki Boom. Elle se mit à rire quand il lui demanda si elle comptait le saoûler. « Evidemment ! Je meurs d'envie de te voir chanter à tue-tête sur le comptoir du bar. » répondit-elle en riant, même si elle ne savait pas quel était l'effet de l'alcool sur Ciàran. Pour elle, les boissons avaient l'effet d'un sérum de vérité. Ciàran était le premier à en avoir fait les frais, quand cette soirée avait abouti sur un baiser. Ses lèvres s'étirèrent en un sourire quand il confirma alors qu'il passerait la voir. Elle ne le disait pas, mais c'était plaisant de se dire qu'ils avaient encore l'occasion de se voir. Parlant ensuite de cette grossesse, le jeune homme eut les mots qu'il fallait, des mots qu'elle écoutait avec attention parce qu'il était lui-même papa. Et il croyait réellement en Tahlia. Tu vas t'en sortir, tu t'en sors toujours. La jeune femme posa un regard touché sur lui quand elle entendit ces mots. Il ne pouvait pas savoir à quel point c'était bon d'entendre cela, surtout quand on savait l'enfer qu'elle avait traversé. Tout n'était pas encore gagné, mais elle avait envie d'être positive. « Merci Ciàran. » souffla-t-elle avec un sourire. Et alors qu'elle parlait d'affolement, il réussit de nouveau à lui montrer que c'était normal. Que ça la préparait au jour J. « Tu crois vraiment qu'il est possible d'être prête pour un tel événement ? Je veux dire, c'est l'inconnu total et c'est sûrement ce qui fait le plus peur. » Pour une femme qui aimait avoir le contrôle – mais qui ne contrôlait jamais rien -, avoir un enfant en devenait la meilleure thérapie. Mais au fond, Tahlia savait qu'elle allait devoir se faire confiance. Son corps de femme allait savoir quoi faire. Son instinct maternel prendrait la suite quand ce bébé sera dans ses bras. Attrapant un bout de gâteau qu'elle mangea doucement, la brune arqua ensuite un sourcil quand il évoqua sa solitude. Harmonie. Sujet sensible. Elle fit une légère grimace quand elle apprit qu'il avait rejoint le clan des célibataires. Entendre son rire, qu'elle savait forcé, lui fit sûrement le plus de mal. Il semblait touché par la situation. « Je suis désolée. » commença-t-elle d'abord. Désolée, non pas pour ce baiser qu'elle avait tant aimé, mais pour les retombées qu'il avait eu, pour ces histoires gâchées. « Elle... elle te manque ? » se permit-elle de demander. Elle ne savait pas comment réagir à vrai dire, parce qu'il y avait cette flamme qui était toujours là, cette attirance incontrôlable, cette connexion inexplicable qui la poussaient à se contenter du célibat de Ciàran. Et d'un autre, elle savait qu'il était attachée à sa cousine et que l'histoire entre Ciàran et Harmonie aurait pu fonctionner. Parce que Harmonie était parfaite pour lui. C'était donc le chaos dans son esprit déjà bien torturé. Torturé par cette rupture qu'elle avait connu aussi et sur laquelle il la questionna. C'était à son tour d'en parler, elle ne pouvait pas se dérober. « Oui... avec Carter, on a rompu peu après cette soirée au bar. » avoua-t-elle en croisant son regard. « On ne se parlait plus... du moins, jusqu'à ce que je découvre cette grossesse. » Même s'il disait être là pour l'aider, même s'il était présent pour elles, elle avait toujours la terrible impression de lui infliger cela. C'était à se demander si un jour, elle ferait dans la simplicité. Parlant ensuite de Gabriel, Tahlia retrouva le sourire quand elle lui lâcha toutes les années bien pires que les deux ans. « Il faut bien que quelqu'un en parle et te prépare à la terrible adolescence. » répondit-elle en souriant. Elle hocha la tête quand il dit qu'il avait fait d'une pierre deux coups en achetant les cadeaux de Noël et ceux pour son anniversaire. En revanche, il y avait un manque sur la liste. « Paw Patrol, ce sont les petits chiens, non ? » Oui, Tahlia commençait à se mettre à la page. « Il me semble avoir vu des camions de pompiers dans le petit magasin où j'ai acheté mon ours. C'est celui au bout de la rue, près de la pâtisserie. » Ce n'est pas un magasin de jouets à proprement parler, mais il y avait un petit rayonnage de jouets d'enfant. « Tu veux qu'on aille y jeter un œil ? »

Tu secoues la tête à la négative, gardant un petit sourire au coin des lèvres malgré tout. « Je préfère garder ça pour moi, j'aurais trop peur que tu me détestes après ça. » De ton côté, tu es prêt à découvrir tous les côtés de Tahlia, même les plus sombres et quelque chose te dit que pour elle, c'est la même chose. Dans vos regards, on peut voir que vous cherchez sans cesse à en apprendre plus sur l'autre comme si vous n'étiez jamais rassasiés. Malheureusement pour la brune, elle ne risque jamais de te voir chanter à tue-tête sur le comptoir du bar. Tu n'aimes pas boire de l'alcool à en être malade ou à ne plus contrôler tes actes. C'est encore ton côté maniaque du contrôle qui veut ça sans doute. « J'suis désolé de te décevoir mais ça n'arrivera pas. » Dis-tu avec un léger sourire. Les seules fois où tu chantes c'est pour Gabriel et encore ça n'a pas dû arriver si souvent que ça depuis sa naissance. « En réalité, je tiens plutôt bien l'alcool. » Et pourtant, tu bois plus souvent de l'alcool fort que de la bière parce que tu préfères, tout simplement. Mais tu connais tes limites et tu sais quand t'arrêter. Tu n'as dû être ivre qu'une fois ou deux dans ta vie et c'était quand tu étais complètement perdu, en pleine dérive. Comme à la mort de ta mère par exemple. Depuis, tu te contentes de quelques verres et c'est suffisant. Et puisque tu es père à présent, tu n'as plus vraiment le droit de passer la journée dans le fauteuil après une grosse gueule de bois. Tahlia endossera bientôt son rôle de parent, elle aussi, et ne pourra plus avoir autant de liberté qu'aujourd'hui. Mais en contrepartie, elle gagnera tellement d'autres choses. Tu ne doutes pas qu'elle endosse son rôle de maman à merveille et tu n'hésites pas à lui faire savoir. Tu veux qu'elle puisse se faire confiance et qu'elle appréhende l'arrivée de son bébé de la meilleure des façons : sereinement. Malheureusement, comme la brune le dit si bien, c'est compliqué d'être totalement prêt pour un tel événement. « Prête à cent pour cent, non. Mais je pense qu'en te préparent un maximum, tu appréhenderas moins le jour j. » Réponds-tu simplement. Néanmoins, tu ne peux pas comparer vos deux situations puisque contrairement à Tahlia, tu n'as pas dû mettre ton fils au monde. Après quelques minutes, votre conversation dévie sur un sujet beaucoup moins réjouissant : ta rupture avec Harmonie. Tu fronces les sourcils en entendant la question de l'ex-policière, hésitant entre être sincère ou préserver la légèreté de votre échange. Tu sais que si tu avoues à Tahlia qu'Harmonie te manque ça risque de lui faire un petit quelque chose, comme c'est le cas pour toi lorsqu'elle parle de Carter. Et pourtant, tu n'as pas envie de mentir. Tu es du genre à toujours privilégier l'honnêteté. « Oui... notre relation était simple, légère et une vraie bouffée d'air frais dans mon quotidien. » Pour toutes ces raisons, Harmonie te manque, vraiment. Mais en même temps, tu sais que ce que tu ressens pour Tahlia posera toujours problème entre vous parce que ces sentiments que tu éprouves ne peuvent pas s'envoler en un claquement de doigts. « Je suis désolé. » Dis-tu à ton tour quand la brune t'apprend qu'elle a rompu avec Carter. « Comment il prend la nouvelle ? » Ce n'est pas facile, tu es bien placé pour le savoir. Mais une fois qu'on a accepté l'évidence, on est fin prêt à être heureux et à goûter au bonheur d'être parent. Finalement, c'est Gabriel qui ramène un peu de légèreté et de joie dans votre conversation et plus précisément ses cadeaux d'anniversaire et de Noël. Tu hoches la tête quand elle te questionne sur Paw Patrol et écarquilles légèrement les yeux alors qu'elle t'apprend avoir vu le fameux camion de pompiers dans une boutique pas loin d'ici. « Sérieux ? » Demandes-tu, déjà prêt à aller voir. « Oui, avec plaisir. Franchement, si je le trouve, je t'en dois une. Gabriel va être tellement heureux. » Ajoutes-tu en souriant plus largement et en te mettant debout. Afin d'aider Tahlia, tu attrapes le gros nounours posé sur la chaise et le cales sous ton bras, prêt à décoller d'ici.

« Parce que tu crois que je pourrais te détester ? » demanda-t-elle, le sourire aux lèvres. Pourtant, on sentait le ton sérieux derrière cette question d'apparence si légère. Tahlia savait que Ciàran était mafieux, et pourtant, elle était encore là. C'était à croire que rien n'arriverait à l'éloigner réellement de lui et c'était bien ce qui l'effrayait. Parlant de le saoûler au Chiki Boom, elle parla de danse sur le comptoir, même si honnêtement ce n'était pas le portrait qu'elle s'imaginait de lui, étant ivre. Elle commençait à connaître Ciàran et son obsession du contrôle. Elle fut presque heureuse de voir à quel point il lui était familier, quand il lui affirma qu'il tenait bien l'alcool. « Maître de soi-même dans toutes les situations. » dit-elle dans un murmure. Il se connaissait suffisamment, pour savoir jusqu'où étaient ses limites. Tahlia en était fascinée, elle qui avait encore du mal à se connaître. Sans doute cela changera-t-il quand elle deviendra maman, quand sa vie prendra enfin tout son sens. Mais pour l'instant, cela était encore abstrait et Tahlia était davantage en proie à l'affolement. Elle remercia la sincérité de Ciàran qui confirma qu'elle ne pourra jamais être prête à 100%. Elle avait souvent affaire à des mamans qui semblaient avoir oublié les douleurs de l'accouchement. Comme si, une fois que l'on tenait son bébé dans les bras, on oubliait tout le reste. Elle hocha doucement la tête, en répondant : « Il faut juste avoir le temps de s'y préparer, en fait. » Et c'était là que cela posait souci. Tahlia avait appris tardivement sa grossesse et tout s'enchaînait depuis. Elle n'avait pas 9 mois pour se préparer. La moitié s'était déjà écoulée, sans qu'elle le sache. Il ne restait plus qu'à espérer que sa fille pointe son nez à terme. Tahlia reprit un morceau de muffin, apportant cette touche sucrée qui lui donnait le courage de parler d'un sujet plus compliqué : la relation de Ciàran avec Harmonie. Et parce qu'elle avait toujours osé mettre le doigt sur les questions indélicates – mais nécessaires – elle demanda si elle lui manquait. L'italien aurait très bien pu arrondir les angles, pour ne pas blesser Tahlia, mais ils n'étaient pas comme cela. Ils étaient honnêtes en toutes circonstances. Et ce fut avec honnêteté qu'il lui avoua que sa cousine lui manquait. Tahlia hocha la tête, sentant étrangement son cœur se serrer. Peut-être qu'elle aussi, elle aurait pu lui offrir une relation légère et sans prise de tête. Mais malgré l'amertume qui s'emparait d'elle, il y avait un sentiment bien plus fort qui émergeait : l'envie de voir Ciàran heureux. Alors, elle répliqua dans un souffle : « Fais tout pour la récupérer, alors. » Que c'était douloureux de dire cela. Douloureux de parler ensuite de sa propre rupture et de ce sentiment de solitude. Ciàran lui demanda comment Carter prenait la nouvelle. « Je sais qu'il veut la reconnaître, mais après je suis incapable de te dire comment il prend réellement la chose. On n'échange plus beaucoup. » Là où le très proche ami aurait dit ce qu'il avait sur le cœur, l'ex se renfermait totalemen. Elle savait qtu'il avait été heureux en voyant l'échographie, mais c'était peut-être juste la magie de l'instant. « Ce n'était sûrement pas dans ses projets d'avoir un enfant aussi rapidement, avec une ex, qui plus est. » Carter avait été marié. Il était fait pour les belles relations, les relations sérieuses. Il était fait pour être avec une femme avec qui il aurait des projets de vie. Et elle, elle avait débarqué avec son gros ventre... Fort heureusement, et avant qu'elle ne lâche ses émotions, ils parlèrent de Gabriel et de son anniversaire qui approchait. C'était tellement adorable de voir Ciàran si impliqué, avec l'envie de trouver LE cadeau parfait pour son fils. Un cadeau qui, finalement, finirait peut-être bien par atterrir dans les mains du petit Adreani. Il fut surpris d'apprendre que Tahlia avait vu le fameux camion des Paw Patrols. Il se leva, déjà prêt à aller dans la boutique. Il prit d'ailleurs le gros nounours de Tahlia, alors que cette dernière se levait avec la grâce digne des femmes enceintes. « Croisons les doigts pour qu'il y en ait encore, surtout ! » Prenant la première rue, Tahlia pressa le pas comme si cela allait les aider à avoir le fameux Graal. Le fameux Graal qui leur sauta aux yeux à l'instant où ils franchirent la porte de la boutique. Il n'en restait qu'un. Tahlia s'avança jusqu'au rayon et tendit le dernier camion à Ciàran. « ça doit être ça. » Et plus taquine, elle ajouta : « Tu m'en dois donc une. » A vrai dire, elle s'en fichait qu'il lui en devait une. « Gabriel va être ravi. » Et c'était bien cela qui l'intéressait le plus. Alors qu'ils se dirigeaient vers la caisse, le regard de Tahlia s'arrêta sur une table à langer. Une table à langer avec tout un tas de tiroirs qui irait très bien dans son petit studio, où elle devait optimiser l'espace. « Ohhhh c'est exactement ce qu'il me faut ! » s'exclama-t-elle en se rapprochant et en essayant le modèle d'exposition. Puis alors qu'elle posa son regard sur Ciàran, elle éclata de rire :  « S'extasier devant une table à langer, ça fait aussi partie de l'attitude des futurs parents ? Dire qu'il y a quelques semaines, je m'extasiais encore sur de la lingerie. On peut vite changer... » Quelle horreur ! Elle devenait mère avant femme. Mais plus sérieuse, elle demanda : « Si je la prends aujourd'hui, est-ce que ça te dérangerait de m'aider à la mettre dans le coffre de la voiture ? » Venant de Tahlia, c'était difficile de demander de l'aide. Mais elle savait qu'elle serait incapable de porter une telle charge.

Tu finiras bien par décevoir Tahlia un jour ou l'autre. Tu finiras bien par la pousser à te détester parce que c'est toujours ce qui arrive quand tu tiens à quelqu'un. Il y a toujours un moment où tu laisses ton instinct protecteur prendre le dessus et te porter préjudice. Alors oui, un jour ou l'autre, la brune finira bien par te détester. Même si jusqu'ici, tu fais tout pour que ça n'arrive pas car tu as beaucoup de mal à imaginer une vie où Tahlia n'est pas. « Oui, ça arrivera bien un jour, comme tous les autres avant toi. » La plupart des gens ne te voient pas d'un bon oeil et quelque part, c'est sûrement justifié. On ne peut pas dire que tu mènes une vie des plus simples et des plus saines. Pourtant, la brune semble s'être accommodée de cette vie puisqu'aujourd'hui, elle connait tes plus lourds secrets et est toujours à tes côtés. Sans doute te connait-elle bien mieux que la plupart des gens. Elle le prouve d'ailleurs en mettant en avant ce côté maniaque du contrôle qu'elle semble aussi avoir accepté. Tu hoches simplement la tête pour toute réponse, un léger sourire au coin des lèvres. Il faut juste avoir le temps de s'y préparer, en fait. Le maximum de temps possible, oui. Toi non plus, tu n'avais pas accueilli Gabriel dans les meilleures conditions et pourtant, ça ne t'avait pas empêché d'adopter ton rôle de père en faisant du mieux que tu le pouvais. C'est le plus important après tout, le reste suivra. « Voilà. Mais je pense que pour une femme c'est différent. Tu auras porté ton enfant pendant neuf mois alors forcément, tu auras un lien unique avec lui qui te permettra de savoir quoi faire. » Dis-tu, tentant de rassurer la brune comme tu le peux. Au moins Tahlia tu peux essayer de l'aider, de la rassurer, ce qui n'est pas le cas d'Harmonie dont tu as brisé le coeur. Tu n'es pas certain qu'elle te pardonne un jour et que tu retrouves sa confiance mais ça vaut sûrement la peine d'essayer. Pourtant, face à Tahlia, alors qu'elle te pousse à tout faire pour récupérer sa cousine, tu ne peux t'empêcher de penser également à elle. Renouer avec Harmonie c'est prendre le risque que celle-ci te demande de ne plus revoir Tahlia. Et la question c'est : en es-tu réellement capable ? Sûrement pas. Cette femme, tu l'as dans la peau. Tu le sens à chaque fois que ton regard se noie dans le sien. « Je devrais, oui. » Réponds-tu, laissant planer le doute sur tes intentions. « Oh tu sais, ce n'était pas dans mes projets d'avoir un enfant avec ma meilleure amie. Pourtant, aujourd'hui, je suis le plus heureux des hommes d'avoir mon fils à mes côtés. » Le seul point négatif dans l'histoire c'est qu'ils ne communiquent pas beaucoup et qu'il faudra bien, pourtant, lorsque le bébé sera là. Mais bon ils ont encore quelques mois devant eux pour remédier à cela. « Je pense que les choses se mettront en place naturellement. » Dis-tu sans être réellement sûr de ce que tu avances. Alors que Tahlia t'apprend que le fameux camion de pompiers que tu cherches se trouve peut-être encore dans une boutique pas très loin d'ici, tu te lèves, prêt à décamper d'ici pour aller le chercher. S'il s'y trouve toujours, Gabriel sera tellement heureux en le voyant sous le sapin. Une fois arrivés dans la boutique, vous cherchez tous les deux après ce fameux camion et c'est finalement la brune qui le trouve en premier. « Je t'en dois une. » Dis-tu en souriant plus largement, attrapant le camion de pompiers avant de te diriger vers la caisse. « Tu vas rendre un petit garçon tellement heureux. » Réponds-tu sans ajouter pour autant qu'elle fait également de toi un père heureux. Pas loin de la caisse, Tahlia aperçoit une table à langer qui semble être tout ce dont elle a besoin. Tu ris lorsqu'elle souligne que c'est nouveau pour elle de s'extasier devant de tels objets alors qu'il y a quelques semaines encore elle s'extasiait sur de la lingerie. « Oui, ça fait partie de nos attributions. » Rétorques-tu en riant. « Mais ne t'en fais pas, ça ne nous empêche pas de nous extasier sur le reste. » Et le simple fait d'imaginer Tahlia s'extasier devant de la lingerie te pousse à détourner le regard pour ne pas laisser courir celui-ci sur le corps de la brune. Ce n'est pas la première fois que tu fantasmes sur elle mais aujourd'hui, les choses sont un peu différentes. Et surtout, aujourd'hui, tu ne sais pas si elle éprouve toujours le même ressenti à ton égard. « Je peux même t'aider à monter le meuble si tu veux. J'suis devenu un expert en la matière. » A force, c'est devenu un jeu d'enfants pour toi. Finalement, tu attrapes le carton contenant la table à langer pour le porter jusqu'à la caisse, donnant le gros nounours à Tahlia par manque de bras. Là-bas, tu paies le tout avant que Tahlia n'ait le temps de protester. « T'as pas le droit de râler, c'est mon cadeau pour la naissance de ton bébé. » Dis-tu avec un petit sourire au coin des lèvres en sortant de la boutique, prenant la direction de ta voiture.

HJ:

Ciàran était persuadé qu'elle finirait par le détester. Ce que Tahlia ne comprenait pas. Ce qu'elle n'admettait pas. Elle se fichait de ses mauvais côtés – on avait tous des défauts – et l'italien ne semblait pas se rendre compte à quel point elle acceptait beaucoup de choses venant de lui. Elle avait volé des preuves pour lui, elle avait accepté son secret, elle avait rompu avec un homme formidable parce que Ciàran l'avait complètement ensorcelée. « Qu'est-ce qui te fait dire que je ferai comme les autres ? » Elle n'avait pas la prétention d'être différente, loin de là, mais Tahlia était une coriace. Elle n'abandonnait pas les personnes qu'elle voulait dans sa vie. C'était bien souvent ces personnes qui l'abandonnaient. Finalement, ils avaient le même problème, Ciàran et Tahlia : ils étaient trop protecteurs et cela leur portait souvent préjudice. Mais cela serait peut-être différent l'un face à l'autre. La brune commençait à mettre le doigt sur des parties de sa personnalité qui ne sautaient pas directement aux yeux, comme ce besoin de tout contrôler. Le sourire qu'il eut sur le bout des lèvres fut la plus belle confirmation. Elle avait tapé dans le mille. Parlant ensuite de sa grossesse et de ses craintes, Ciàran fut l'un des rares à savoir la rassurer. Sans doute parce qu'il avait vécu la même expérience. Si ce n'était que lui, il n'avait pas porté son fils pendant 9 mois. Tahlia avait une longueur d'avance de ce côté-là. « Le fameux instinct maternel, non ? » dit-elle en souriant. Elle en entendait parler de cet instinct. C'était d'ailleurs lui qui l'avait poussé à ne pas prendre sa cocaïne alors qu'elle en mourrait d'envie. Mais elle avait pensé à son bébé, à son bien-être avant le sien. Son café en main, la discussion prit cependant une tournure moins légère. Harmonie. Ce n'était pas le sujet le plus réjouissant, mais c'était une étape obligatoire.  Tahlia était partagée entre l'attirance qu'elle avait pour l'italien, cette envie de l'avoir auprès d'elle malgré tout et ce besoin de le savoir heureux. Harmonie l'avait rendu heureux. Pour cette raison, Tahlia devait prendre sur elle-même, s'effacer peut-être au profit de la jeune Samaras. Elle le poussait à mettre les bouchées doubles pour récupérer sa cousine, mais son regard, lui, trahissait son véritable état d'esprit. S'il retournait près d'Harmonie, Tahlia savait qu'elle ne le verrait plus. Et cela faisait mal. Elle s'était habituée à ces rencontres hasardeuses. Elle s'était habituée à ces regards qu'ils échangeaient, à ces sourires. Elle s'était habituée à se retrouver en lui, dans ses mots, dans ses comportements, avec ce sentiment libérateur d'être enfin comprise par quelqu'un. Elle s'était habituée à lui et à chaque fois qu'elle le retrouvait, elle s'en rendait terriblement compte. « Oui, tu devrais. » finit-elle par ajouter, presque désabusée, avant de reposer son regard sur lui quand il évoqua son expérience personnelle. Il était vrai que faire un enfant avec sa meilleure amie n'était pas un projet de vie auquel on pensait. Mais c'était attendrissant de voir à quel point Ciàran avait accepté son rôle de père. « J'espère que ce sera la même chose pour Carter, qu'il s'épanouisse dans son rôle de père. » A défaut de s'être épanoui dans le rôle du petit ami de Tahlia. Elle hocha doucement la tête quand il lui confia que tout se mettra en place naturellement. Elle n'en était pas certaine, mais elle esquissa un léger sourire pour se donner espoir. Mais heureusement, la recherche du cadeau parfait pour Gabriel mit fin à l'instant confidence. Ça redonna  même un peu d'énergie quand Tahlia lui avoua avoir vu le fameux cadeau de pompiers. Avec entrain, ils se dirigèrent jusqu'à la petite boutique où, effectivement, il restait encore un exemplaire de ce jouet. L'air victorieuse, la brune lui tendit le cadeau, toute fière. « Si je rends un petit garçon heureux, ça ne peut que me rendre heureuse. » Ciàran savait que Tahlia avait une grande affection pour Gabriel. La seule fois où elle l'avait vu, elle avait accroché avec ce petit bout. Et à chaque fois qu'elle voyait Ciàran ou qu'elle échangeait des messages avec lui, il y avait toujours une question pour le petit Adreani. Alors qu'ils se dirigeaient vers la caisse, Tahlia s'arrêta et s'extasia devant une table à langer. Quelle situation cocasse pour celle qui s'extasiait quelques semaines auparavant sur de la lingerie. Et quand Ciàran la rassura sur le fait que c'était normal, Tahlia poussa un long soupir exagéré : « C'est dramatique. » Mais elle releva le regard sur lui quand il ajouta qu'ils pouvaient toujours s'extasier sur le reste. « J'espère bien... » souffla-t-elle en l'observant un peu trop longuement. Elle avait l'exemple parfait devant elle, de celui qui la retournait complètement. Elle secoua la tête en détournant le regard, mais on voyait un petit sourire s'afficher subtilement sur ses lèvres. Alors qu'il lui proposa aussi de monter le meuble, elle le taquina :  « ça, c'est à force de regarder Bob le bricoleur ? » Elle s'y connaissait de plus en plus en programmes enfantins. « Mais je demande à voir tes talents. » ajouta-t-elle, malicieuse. Soucieux de l'aider, il finit par porter le carton de la table à langer. Tahlia récupéra le nounours et l'aida aussi avec le camion de Gabriel. Mais quand ils passèrent à la caisse et que Tahlia fouillait dans son sac pour prendre sa carte, elle se rendit compte que Ciàran avait tout pris. Alors qu'elle ouvrit la bouche pour rétorquer, il lui coupa la parole pour lui dire de ne pas râler. Il la connaissait trop bien. « Non mais c'est trop, Ciàran, je ne peux pas accepter ! » C'était un très beau cadeau. Mais quand l'italien avait une idée en tête, il ne l'avait pas ailleurs. Il sortit de la boutique, pour se diriger vers sa voiture, bien vite suivie par Tahlia qui, effectivement, râlait gentiment. Quand il posa le carton dans sa voiture, la brune se plaça face à lui et reprit : « C'est vraiment gentil de ta part, mais tu n'aurais pas dû. » Pourtant, elle se hissa sur la pointe des pieds et déposa un baiser sur sa joue, pas très loin du coin de ses lèvres. « Merci Ciàran. » murmura-t-elle, le regard brillant. Evidemment que cela la touchait. « Ta proposition de monter le meuble tient toujours ? » demanda-t-elle avant d'avoir l'approbation. Ils convinrent de se rejoindre à l'appartement de Tahlia, puisque chacun était venu avec leur voiture.

Tahlia fut la première arrivée. Restant près de son véhicule, elle attendit patiemment Ciàran. Elle avait déjà ses affaires en main, mais elle lui prit  aussi le camion de pompiers afin qu'elle lui fasse le paquet cadeau. Puis elle l'invita à la suivre, entrant dans cette immeuble et se rendant au premier étage. Elle ouvrit la porte de son domicile qui donnait sur un petit studio, dont Tahlia avait tenté d'optimiser l'espace. « Bienvenue chez moi ! » dit-elle joyeusement. Le voir ici, dans son environnement, c'était étrangement grisant. « Ne regarde pas trop le bazar, entre le déménagement et l'arrivée de la petite, j'ai toujours de nouveaux meubles par-ci, par-là. » Mais c'était surtout l'espace qui manquait, et avant qu'il ne dise quoique ce soit, elle ajouta : « C'est temporaire. Je cherche déjà quelque chose de plus grand. » Ni le bébé, ni elle n'avait de chambres. Et si elle avait réussi à faire un coin nuit pour sa fille, celui de Tahlia se résumait à ce canapé-lit. Mais elle se contentait de peu. « Qu'est-ce que tu veux boire avant de se mettre au boulot ? J'ai du café, du thé, du jus de fruits. » Et alors qu'elle se dirigeait vers le placard pour prendre tasses et verres, elle passa à côté d'un petit meuble où trônait un paquet cadeau. Tahlia s'arrêta et le prit en main avant de regarder Ciàran : « La dernière fois, je suis partie prendre des cadeaux pour mon petit cousin. Et quand j'ai vu ça, j'ai pensé à Gabriel. J'avais l'espoir de te croiser pour que tu puisses lui offrir. » Il était évident que Tahlia ait une petite attention pour le fils de Ciàran. « Bon par contre, toi, tu risques de me maudire. » Dit-elle malicieusement. Le cadeau n'était autre qu'une mallette de loisirs créatifs pour les enfants de deux ans, avec crayons, feutres et la super peinture pour les doigts qu'il allait sûrement mettre partout.  

Spoiler:

« Je ne sais pas mais je me connais, je finirai bien par te faire fuir. » Rétorques-tu avec un demi-sourire. Tu espères que les choses seront différentes avec Tahlia mais la vérité c'est que tu as du mal à garder les gens dans ta vie. A chaque fois, tu fais quelque chose ou dis quelque chose qui finit par les blesser et les faire fuir. Alors, même si tu espères le contraire, tu ne penses pas que la brune fera partie des exceptions. Néanmoins, pour l'instant, ce n'est pas le cas alors autant profiter de tous ces petits instants qui s'offrent à vous. Comme actuellement, alors que Tahlia te fait part de ses peurs et de ses doutes. Cela représente beaucoup à tes yeux car même après ces quelques mois passés loin l'un de l'autre, tu es heureux de voir que vous n'avez pas perdu votre complicité ni cette facilité à se confier l'un à l'autre. Il n'y a qu'avec la brune que c'est si évident, si simple. « C'est ça. Mais j'peux pas vraiment t'assurer que ça soit vrai, malheureusement. » Parce que tu n'avais pas eu cette chance d'avoir des réflexes innés. Toi, tu as dû chercher les réponses par toi-même, tout seul. Cela n'a pas toujours été simple mais tu es d'autant plus fier d'avoir accompli tout ça. Et d'y être arrivé par tes propres moyens. Malheureusement, on ne peut pas en dire autant de ta vie amoureuse. Rien n'est simple, à tes yeux, quand il s'agit des sentiments, de l'amour. Encore une fois, tu finis toujours par blesser les gens qui tiennent à toi et ce, même si tu les mets en garde. Tu t'étais promis de ne pas reproduire ce schéma avec Harmonie mais tu n'as pas été capable de tenir cette promesse. Et pour ça, tu te détestes. Alors oui, tu devrais sans doute tout faire pour essayer de la reconquérir mais en voyant Tahlia devant toi, aujourd'hui, tu sais que les choses ne sont pas si simples. Tu sais que ce que tu ressens quand l'ex-policière te sourit, n'est pas anodin. Tu sais que ce genre de ressenti posera forcément problème avec Harmonie. Alors à quoi bon essayer de recoller les morceaux quand tu n'es même pas certain de ce que tu veux réellement ? « Je n'en doute pas vraiment, un enfant, ça change une vie. » Affirmes-tu. Cela a été le cas pour toi alors que pour beaucoup, tu étais une cause perdue. Alors pour Carter, ça risque d'être encore plus évident. Enfin, tu dis ça, mais tu ne le connais pas des masses. Tu as déjà passé quelques soirées à ses côtés mais vous n'avez jamais été réellement proches. La seule chose que vous partagez, finalement, c'est des sentiments pour la même femme. Après ces quelques minutes confidences, c'est le cadeau d'anniversaire de Gabriel qui vous ramène sur un terrain plus léger. Grâce à Tahlia, tu trouves ce fameux camion de pompiers dont ton fils rêve tant et grâce auquel il sera heureux. « Un petit garçon et un père heureux. Si c'est pas beau ça. » Ajoutes-tu avec un léger sourire en te dirigeant vers la caisse. Alors que la brune s'extasie sur une table à langer, tu ne peux t'empêcher de rire en l'entendant dire à quel point c'est dramatique ce retournement de situation. Il y a quelques mois encore, ses centres d'intérêts étaient tout autres. Par chance, ça n'effacera pas pour autant son amour pour la lingerie, cela le fera simplement passer au second plan. Tu ne manques pas de remarquer son regard qui glisse sur toi et ce petit sourire qui se dessine au coin de ses lèvres. Pour faire écho au sien, un petit rictus apparaît sur tes lèvres, heureux de voir que tu ne la laisses toujours pas indifférente. Heureux de voir que malgré la distance et le temps, les choses n'ont pas tout à fait changé entre vous. « Même pas, Gabriel n'est pas encore scotché aux écrans. Heureusement. » Plaisantes-tu. « C'est à force d'avoir assemblé des meubles pour lui et surtout des jouets. Tu seras étonnée de voir à quel point certains jouets pour enfants sont de vrais casse-têtes. » Tu ne comptes plus le nombre d'heures perdues sur des jouets avec lesquels Gabriel a dû jouer deux fois tout au plus. Mais vu le nombre de jeux qu'il possède, ce n'est pas étonnant qu'il ne puisse pas jouer avec tous. Enfin arrivés à la caisse, tu te précipites pour payer la fameuse table à langer de Tahlia, profitant de l'occasion pour lui offrir son cadeau de naissance en avance. Au moins, tu es sûr de lui offrir quelque chose de réellement utile. Et puis, à chaque fois qu'elle changera son bébé, elle aura peut-être une petite pensée pour toi comme ça. « Ce n'est pas grand chose et surtout, ça me fait plaisir. » Dis-tu en prenant le carton dans les mains pour le porter à la voiture de la jeune femme. Alors que Tahlia dépose un baiser au coin de tes lèvres, tu ne peux pas t'empêcher d'effleurer sa joue du bout des doigts, cherchant naturellement le contact avec elle. Puis, après ce baiser bien trop court à tes yeux, tu hoches la tête à la question de la brune. Evidemment que tu es toujours prêt à l'aider. Reprenant tous les deux la route, il ne te faut pas très longtemps pour rejoindre Tahlia près de chez elle. Tu te gares dans sa rue avant de sortir de ta voiture et de la rejoindre près de la sienne. Portant le gros carton de la table à langer, tu entres enfin dans le nouvel appartement ou plutôt studio de la jeune femme. C'est petit, oui, mais en même temps, tu peux voir la petite touche que la jeune femme a apportée aux lieux. « Ne t'en fais pas, je ne te juge pas. L'arrivée d'un bébé, ça chamboule tout. » Réponds-tu avec un sourire sincère, déposant le carton pas très loin du salon qui s'avère être également la chambre. « Malgré tout c'est sympa. J'y vois ta petite touche. » Affirmes-tu pour la rassurer et parce que c'est vrai. « Un café ce sera très bien, merci. » Alors que tu balaies la pièce du regard, tes yeux s'arrêtent sur le petit coin bébé que Tahlia a préparé et tu ne peux pas t'empêcher de sourire en voyant les petits aménagements faits par-ci par-là. Tu te rappelles encore du jour où tu as peint et organisé la chambre de Gabriel. Quel chamboulement. « Tahl', il ne fallait pas. » Dis-tu en souriant, prenant le paquet qu'elle te tend dans les mains. Tu ris en l'entendant te prévenir que tu ne risques pas tellement d'apprécier et davantage encore en voyant cette petite mallette de créations. « Si jamais il faut laver mes murs, je t'appellerai. » Rétorques-tu avant d'ajouter, « Merci pour lui. Gabriel va adorer. C'est vraiment dommage que tu n'aies pas pu lui donner toi-même. » Tes yeux se glissent dans les siens alors que tu fais un pas en avant et reportes une mèche de cheveux brune derrière son oreille. Cette proximité te donne juste envie de joindre à nouveau tes lèvres aux siennes mais tu n'es pas certain que ce soit une bonne idée. Il doit y avoir assez de questions dans la vie actuelle de Tahlia pour que tu en rajoutes.

HJ:

« On verra. » avait-elle fini par dire, presque têtue, quand il avait répliqué qu'il la ferait fuir. Ils avaient beau évoquer des sujets plus ou moins houleux, des mauvaises parties de Ciàran, de sa capacité à faire fuir les gens ou tout simplement de sa cousine Harmonie, il y avait tout de même quelque chose de rassurant dans cette conversation : Ciàran et Tahlia se parlaient. Malgré l'éloignement et leurs propres soucis, il y avait toujours cette facilité à se confier l'un à l'autre. Ce petit truc en plus était toujours là, bien vivace, et cela déroutait Tahlia autant que cela la réconfortait. Elle avait tellement perdu cette année qu'elle ne supporterait d'ajouter Ciàran à la longue liste. Alors, elle prenait chacun de ses conseils, buvait ses paroles, le regardait sans détourner le regard, comme si elle se rendait compte de la chance qu'elle avait de l'avoir face à elle aujourd'hui, alors qu'il aurait très bien pu passer son chemin sans s'arrêter. Le jouet pour Gabriel tomba à pic dans la volonté de la brune de prolonger ce moment en sa compagnie. Quand Ciàran eut le jouet en main, Tahlia se sentit heureuse pour lui, pour son fils qu'il allait gâter comme il se doit. « Le père et le fils heureux, j'ai tout gagné. » répondit-elle en souriant, quand il affirma qu'elle avait rendu les deux heureux, aujourd'hui. Et alors qu'elle s'était arrêtée devant cette table à langer, partant sur un débat sur ses nouveaux centres d'intérêt, bien loin de son amour pour la lingerie fine, Tahlia ne put s'empêcher de regarder un peu trop longuement Ciàran. Et il l'avait compris, le bougre ! Elle détourna rapidement le regard, à la fois gênée, à la fois amusée, tentant de détourner la conversation sur son habilité à monter des meubles. Elle se mit à rire quand il parla des jouets casse-tête : « Je te crois totalement ! J'ai déjà du mal à monter les jouets Kinder... Je suis foutue. » Elle le suivit jusqu'à la caisse où Ciàran paya le tout, malgré les mots de Tahlia. Ça lui faisait plaisir. Le regard ému, la brune souffla : « Merci. » Mais ce ne fut que quelques minutes plus tard qu'elle le remercia correctement en déposant ce baiser au coin des lèvres. L'italien établit rapidement le contact en posant ses doigts sur sa joue dans un frôlement qui électrisa totalement Tahlia. L'influence qu'il avait sur elle était tout simplement dingue... mais si agréable. Et le sourire qu'elle affichait en témoignait pleinement. Acceptant de monter ce meuble, ils se donnèrent rendez-vous chez Tahlia, où ils se rejoignirent après quelques minutes. Elle l'invita à entrer dans l'appartement, se justifiant rapidement sur ce studio bien trop petit. Elle craignait tellement d'être cataloguée comme une mère qui n'avait pas les moyens d'élever son enfant, alors que ce studio était juste une transition. Mais Ciàran l'avait bien compris. « Oui, c'est vrai, ça chamboule tout. » affirma-t-elle, le regard reconnaissant. Elle esquissa un sourire quand il parla de sa petite touche. « J'essaye de m'approprier quelque peu les lieux et de faire les choses bien. » Histoire de se sentir chez soi pendant ces quelques petits mois... Elle s'éloigna du jeune homme afin de lui préparer un café et pendant que la boisson chaude se préparait, elle revint vers lui avec ce cadeau pour Gabriel. Et alors qu'il lui répliquait qu'il ne fallait pas, elle répondit, malicieuse, en écho à ses paroles dites plus tôt dans la journée : « ça me fait plaisir. ». Quand il découvrit la fameuse mallette, il la prévint de suite qu'il l'appellerait s'il fallait nettoyer ses murs. « Je nettoierai tous les murs de ta maison, s'il le faut. » dit-elle en riant, afin de montrer qu'elle assumait ce cadeau empoisonné et parce que ce serait toujours un plaisir de le voir davantage. Elle hocha doucement la tête quand Ciàran trouva cela dommage qu'elle n'ait pas pu le donner en main propre à son fils. « Oui c'est dommage, mais le principal, c'est qu'il ait ce cadeau. Même s'il ne doit absolument pas se souvenir de moi. » Tout ce qu'il s'était passé avait poussé Ciàran à imposer une distance entre son fils et Tahlia. Elle l'avait pleinement compris. Peut-être auront-ils d'autres occasions de se croiser. Elle l'espérait sincèrement. Quand Ciàran réduisit la distance en un pas, Tahlia releva la tête et soutint son regard. Elle pencha légèrement le visage sur le côté quand il replaça l'une de ses mèches de cheveux. Encore un simple geste qui la poussait à vouloir plus... Et elle avait l'impression que lui aussi voulait plus. Il avait ce regard si intense, ce regard duquel elle n'arrivait pas à se détacher. Qui l'envoûtait totalement. Elle savait qu'elle devrait s'éloigner, prétextait que le café était prêt. Elle savait que tout se compliquerait si elle restait aussi près de lui. Mais elle aimait cette complexité. Elle aimait être désarçonnée par cet homme qui faisait chavirer sa raison. Et sa raison semblait être bien loin quand ses lèvres soufflèrent doucement : « Tu crois que c'est mal si je dis que là, maintenant, j'ai juste envie de t'embrasser ? »

Spoiler: